Chronologie des événements

30 novembre – 6 décembre 2020 :

Dans le cadre de la préparation de l’édition 2021 de la Semaine de l’égalité, deux enseignants de l’IEP de Grenoble et une dizaine d’étudiants s’inscrivent dans un groupe de travail. Après un vote entre les étudiants l’intitulé de la journée thématique a été fixé ainsi : « Racisme, islamophobie, antisémitisme ». En raison du confinement, le travail doit avoir lieu par visioconférence. Alors que le groupe se réunit plusieurs fois sur une plateforme vidéo, Klaus Kinzler, PRAG d’allemand de l’IEP de Grenoble, non invité aux réunions, et une collègue historienne de l’Institut, invitée, elle, aux réunions, échangent une dizaine de mails où ils expriment leurs différends sur l’intitulé de la journée thématique à préparer. Les étudiants du groupe sont en copie des mails mais n’interviendront pas dans l’échange entre les deux enseignants.

Vers le 4 décembre 2020 :

Au courant de cette semaine où K. Kinzler, non officiellement, mais de facto, est exclu du groupe de travail, les membres étudiants déclarant que les propos tenus par celui-ci dans les mails échangés avec Mme X. les ont mis « mal à l’aise », « blessés » et que, de ce fait, ils étaient « incapables » de travailler avec lui. Une médiation de la Chargée de mission « Vie étudiants » entre K. Kinzler et les membres du groupe rest vaine.

Le 7 décembre 2020 :

Suite à la « véhémence du ton employé utilisé par K. Kinzler dans ses mails », la collègue historienne se met en congé maladie ; elle alerte ses collègues du laboratoire Pacte des « agressions » dont elle aurait été victime.

8 décembre 2020 :

La directrice de Pacte, laboratoire de sciences sociales, publie, au nom du directoire, un « communiqué officiel » daté du 7 décembre où K. Kinzler est accusé d’« une forme de harcèlement » et d’« atteinte morale violente » à l’encontre de sa collègue historienne

Semaine du 8 décembre 2020 :

La collègue X. alerte la Déléguée à l’égalité et à la lutte contre les discriminations sur le comportement de K. Kinzler, qu’elle qualifie de discriminatoire et raciste

15 décembre 2020 :

K. Kinzler répond aux accusations de Pacte dans un mail adressé à son directoire

Semaine du 15 décembre 2020 :

K. Kinzler contacte à son tour la Déléguée à l’égalité et à la lutte contre les discriminations en lui envoyant l’intégralité de l’échange de mails entre lui et sa collègue. Celle-ci lui confirme par téléphone qu’elle n’y trouve aucune trace de propos « discriminatoires » dans ses mails ; elle affirme également que ses propos ne dépassent pas les limites que fixent la loi ou la jurisprudence à la liberté d’expression garantie par la constitution.

7 janvier 2021 :

Les étudiants de l’Union Syndicale Sciences Po Grenoble (US) publient sur Facebook un post au titre « Avertissement: Islamophobie ». Les auteurs y fustigent, sans le nommer, les propos « intolérables » et « abjectes » tenus par K. Kinzler lors de l’échange de mails avec sa collègue en décembre. Ils ajoutent un long texte où, sur la base des mails de K. Kinzler, ils statuent à plusieurs reprises que celui-ci est « islamophobe » et que ses idées appartiennent à « l’extrême droite ». Quelques allusions rapprochent ses idées du « discours antisémite et anticommuniste de l’extrême droite de l’entre-deux-guerres »

22 février 2021 :

Sur Facebook, la campagne de diffamation de l’Union syndicale contre K. Kinzler est élargie à V. Tournier, maître de conférences à l’IEP, sous le titre « Appel à témoignages » Le post commence ainsi : « Etant donné les problèmes d’islamophobie de certains enseignants de l’IEP… ».

3 mars 2021 :

K. Kinzler monte un dossier sur l’affaire et l’envoie à la DRH de Sciences Po Grenoble. La responsable lui répond que la direction de Sciences Po vient d’alerter le Rectorat du risque que peuvent comporter les post de l’Union syndicale, et que des mesures de renforcement de la protection sur site ont été prises. 

4 mars 2021, tôt le matin :

Des affiches sont collées à l’entrée de Sciences Po Grenoble : “Des fascistes dans nos amphis. Kinzler et Tournier démission. L’islamophobie tue.” L’antenne locale de l’UNEF relaie les photos des affiches sur Twitter mais en déclinera plus tard toute responsabilité,. La presse nationale s’intéresse à l’affaire, deux articles lui sont consacrés dès le 4 mars au soir, par Le Figaro et Marianne (voir Revue de presse)

7 mai 2021 :

Publication du rapport de l’IGESR sur la « Situation de l’IEP de Grenoble en mars 2021 »

25 novembre 2021 :

Relaxe pour les étudiants de l’Union syndicale par la commission de discipline « dépaysée » à l’Université Clermont-Auvergne

3 décembre 2021 :

Dans un courrier envoyé aux personnels de l’IEP de Grenoble, a direction signale qu’elle ne compte pas faire appel de la relaxe des étudiants de l’Union syndicale

14 décembre 2021 :

Par arrêté (voir documents officiels), la directrice de l’IEP décide la suspension de K. Kinzler pour quatre mois à partir du 16 décembre 2021 pour propos diffamatoires dans la presse; conformément à ce que la loi exige, elle annonce un conseil de discipline à son encontre “dans les meilleurs délais”

2 mars 2022:

K. Kinzler publie aux éditions du Rocher son livre L’Islamogauchisme ne m’a pas tué. Un enseignant défend la liberté d’expression.

15 avril 2022:

Fin de la suspension de K. Kinzler. Contrairement à ce que la loi exige, aucun conseil de discipline n’a été convoqué à son encontre.

21 juillet 2022:

Avant les vacances d’été, la directrice de l’IEP fait comprendre à K. Kinzler qu’étant donné ses “agissements” dans le cadre de la crise de l’Institut, agissements qui auraient “mis en danger l’avenir de centaines d’étudiants dont le diplôme risque d’être dévalorisé”, lui fait comprendre il est hors de question qu’il reprenne l’enseignement en septembre. En réponse à la remarque de K. Kinzler que son statut de titulaire de son poste lui donne le droit de reprendre son service s’il le souhaite, on lui répond que c’est à la direction de décider de son service. Ce service constituera finalement en une “mission” (voir “Lettre de mission” à destination de Klaus Kinzler signée par la directrice de l’IEPG et par l’administrateur général de Institut national de polytechnique de Grenoble (INPG) du 21 juillet 2022).

Cette mission demande à K. Kinzler, pour la fin du mois d’août 2023, de rendre un “rapport” consacré aux “orientations stratégiques des deux établissements à l’égard des universités allemandes”.

6 octobre 2022:

A sa demande, K. Kinzler rencontre les deux chercheurs chargés d’encadrer sa mission, l’un issu de l’IEPG, l’autre de l’INPG. Pour dissiper d’emblée toute illusion que sa mission puisse signifier autre chose qu’une placardisation pure et simple, on précise à K. Kinzler, oralement et sans rire, que “toute prise de contact personnelle avec de potentiels partenaires universitaires allemands n’est pas souhaitable”. K. Kinzler, médusé, demande des explication. Réponse on ne peut plus claire: “Tout peut se faire par une recherche approfondie sur les sites internet des universités allemandes”. Ne voulant fâcher personne, K. Kinzler se tait. En quittant la réunion, il se demande pourquoi la directrice de l’IEPG lui a alloué, en juillet, la somme de 600 euros pour ses déplacements en Allemagne. S’agit-il d’un cadeau pour lui permettre un voyage à la Fête de la Bière de Munich – pour y noyer ses frustrations face à ce qu’on doit bien appeler un acte de Cancel Culture?