V.2. Islam, islamisme & antisémitisme

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Le Point, 26 mars

L’ensauvagement antisémite en France : une violence décomplexée et persistante

L’agression antisémite contre le rabbin d’Orléans souligne la persistance et la gravité de l’antisémitisme en France depuis 2000 et une recrudescence depuis le 7 octobre 2023.

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Après la violente agression antisémite dont a été victime Arié Engelberg, le rabbin d’Orléans, ce samedi 22 mars, alors qu’il sortait de la synagogue en présence de son fils, plusieurs questions continuent de se poser. Le suspect, un adolescent âgé de 16 ans, a été interpellé et placé en garde à vue. L’enquête précisera les circonstances de l’agression. Il semblerait que ce jeune homme soit connu sous au moins trois identités, une marocaine et deux palestiniennes, selon une source du dossier rapportée par Le Monde.

Cette agression s’ajoute aux nombreux actes antisémites qui ont été comptabilisés depuis l’année 2000. Pour mettre en perspective historique les données collectées, il est essentiel de rappeler que même si l’antisémitisme a redoublé de violence depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas, la France subit une vague déferlante d’antisémitisme depuis l’année 2000. Les chiffres collectés permettent de mesurer dans la durée cette prégnance d’un antisémitisme décomplexé.

D’octobre 2000 à fin 2022, la France a enregistré 13 091 actes antisémites. En ajoutant les chiffres de 2023 (1 676) et 2024 (1 570), le total s’élève à 16 337 actes, une quantité considérable sur cette période de vingt-quatre ans. Ce chiffre alarmant démontre que l’antisémitisme n’est pas un phénomène récent mais une réalité profondément ancrée dans la société française depuis plus de deux décennies. Par ailleurs, une corrélation récurrente apparaît entre les pics d’actes antisémites en France et les périodes de tension au Moyen-Orient, particulièrement visible dans les années 2000, 2002, 2004, 2009, 2012, 2014, 2019, 2023 et 2024.

Jusque dans les écoles

Dans les écoles, 400 actes antisémites ont été signalés dans les établissements scolaires au cours de l’année scolaire 2022-2023. Cependant, après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, une forte augmentation des actes antisémites a été observée. Pour la période allant de décembre 2023 à mars 2024, 650 actes antisémites ont été signalés dans les écoles, selon Nicole Belloubet, alors ministre de l’Éducation nationale. Au premier trimestre 2024-2025, 477 actes ont été recensés par le ministère. Publiée le 6 mars 2025 pour le Crif et la Fondation Jean-Jaurès, révèle que 51 % des élèves ont déjà entendu dire du mal des juifs, souvent par leurs camarades, mais aussi parfois par des membres du personnel scolaire ou leur famille. Un quart des adolescents considèrent certains clichés antisémites comme acceptables. Par exemple, le stéréotype « un juif, c’est riche » est souvent cité comme l’un des plus acceptés, avec 17 % des élèves estimant qu’il est acceptable, et jusqu’à 24 % dans les établissements en REP/REP+ (réseau d’éducation prioritaire). Selon l’Ifop, 16 % des élèves refuseraient de nouer certaines relations amicales ou sentimentales avec des élèves de religion juive.

Radiographie de l’antisémitisme en France

L’enquête Ifop, en collaboration avec l’American Jewish Committee (AJC) et Fondapol, publiée en octobre 2024, fournit une radiographie de l’antisémitisme en France. Voici les résultats principaux :

– 76 % des Français estiment que l’antisémitisme est une force importante en France, soit une augmentation de 12 points par rapport à 2022 ;

– 57 % des Français attribuent l’antisémitisme à la haine d’Israël, soulignant le lien entre les actions d’Israël et la perception des juifs ;

– 70 % des Français de confession ou de culture juive ont été victimes d’actes antisémites, incluant des agressions verbales, physiques, des actes de vandalisme, et des moqueries ; à Israël, contre 21 % de la population générale ;

– Si près d’un tiers des musulmans se retrouve dans des groupes sans préjugés antisémites, soulignant l’hétérogénéité des opinions au sein de cette population, l’étude de l’Ifop révèle une progression significative des préjugés antisémites parmi la population musulmane. Par exemple, 59 % des musulmans pensent que les juifs ont trop de pouvoir dans les médias (+ 5 points par rapport à 2022), 55 % estiment qu’ils ont trop de pouvoir en politique (+ 13 points) et 56 % croient que les Juifs utilisent leur statut de victime du génocide nazi pour leur avantage. 22 % des musulmans en France ont de la sympathie pour le Hamas, ce qui peut influencer leur perception des Juifs.

Des préjugés aux deux extrêmes

LFI est régulièrement accusée de tolérer des préjugés antisémites au sein de ses rangs et Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, est régulièrement accusé d’antisémitisme en raison de déclarations particulièrement ambiguës et de stéréotypes contestés. Or, un sondage Ipsos, publié le 21 novembre 2024, révèle que 55 % des sympathisants de LFI adhèrent à au moins six préjugés antisémites, ce qui représente une augmentation par rapport à 2020 où ce chiffre était de 38 %. 25 % des sympathisants de LFI ont de la sympathie pour le Hamas, et 40 % refusent de le qualifier d’organisation terroriste. 20 % des sympathisants de LFI estiment que le départ des Juifs de France est souhaitable.

Au RN, malgré son histoire marquée par l’antisémitisme, le parti de Marine Le Pen tente de se réinventer en adoptant une posture pro-Israël et en se présentant comme un défenseur des communautés juives contre l’extrémisme islamiste. Cependant, 52 % des sympathisants du RN adhèrent à au moins six préjugés antisémites. Ce chiffre a diminué par rapport à des études antérieures.

Une étude de la Fondation Jean-Jaurès en 2018 a montré que 36 % des sympathisants du RN croient en un « complot sioniste à l’échelle mondiale ». Une autre étude de la Fondapol en 2022 a indiqué que 39 % de l’électorat de Marine Le Pen est convaincu que « les juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et de la finance ». 15 % des sympathisants du RN estiment que le départ des Juifs de France est souhaitable.

Violence sans retenue

Ces chiffres sont sans appel. Alors, devons-nous continuer de parler d’un antisémitisme d’atmosphère ? Devons-nous utiliser une autre qualification en parlant d’antisémitisme décomplexé ? Ou devons-nous parler de judéophobie, un terme intéressant, vulgarisé par le philosophe Pierre-André Taguieff et qui désigne une peur irrationnelle et persistante envers les juifs ou le judaïsme, ou qui est utilisée pour décrire des formes modernes de haine antijuive, notamment liées à l’antisionisme radical et à l’islamisation ?

L’agression d’Orléans a été filmée par l’agresseur. Et celle-ci me paraît mettre en lumière la gravité et la brutalité de l’antisémitisme actuel. Mais s’il fallait utiliser un terme pour décrire cette situation, je choisirai et parlerai d’ensauvagement antisémite. Car l’ensauvagement implique une violence sans retenue, où les agresseurs semblent libérés de toute contrainte morale ou sociale. En l’état, avec l’agression du rabbin et d’autres faits similaires depuis tant d’années, il s’agit bien d’un ensauvagement antisémite qui dévaste notre pays.

* Marc Knobel est historien, chercheur associé à l’Institut Jonathas de Bruxelles. Il est notamment l’auteur de Cyberhaine. Propagande, antisémitisme sur Internet (Hermann, 238 p., 24 €).

https://www.lepoint.fr/debats/l-ensauvagement-antisemite-en-france-une-violence-decomplexee-et-persistante-25-03-2025-2585653_2.php


Le Figaro, 25 mars

Marseille face à l’inquiétante progression de l’islamisme

DÉCRYPTAGE – Près de la moitié des mosquées de la ville sont contrôlées par des tenants de l’islam radical qui jouent un rôle important sur la recrudescence de la pratique religieuse notable depuis 2020.

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Le procès, ce mardi, de l’imam de la mosquée des Bleuets pour apologie du terrorisme doit être replacé à la fois dans le contexte marseillais et dans l’histoire de l’islamisme local.

Dieu seul le sait

Le contexte est bien connu. Une source policière parisienne confie au Figaro que sur 62 mosquées recensées à Marseille, 25, soit quelque 40 %, sont contrôlées par diverses obédiences islamistes : « salafisme », « frérisme », dans la mouvance des Frères musulmans, « salafo-frérisme » ou encore « tabligh », du nom de ce mouvement prosélyte et fondamentaliste né en Inde.

À cette toile de fond s’ajoute une évolution constatée par les services de l’État. Avec notamment, dans les cinq dernières années, une forte hausse de la pratique religieuse, notamment de la prière du vendredi, qui a connu une hausse de 50 % du nombre de fidèles. Dans le même temps, le nombre d’écoles musulmanes a progressé de 30 %.

Discours religieux et identitaire

Selon un spécialiste, ce phénomène de « réislamisation » touchant notamment les jeunes s’accompagne d’un discours religieux et identitaire et d’un alignement sur un islam « rigoriste et intolérant, proche du salafisme ».

En matière de séparatisme, d’autres phénomènes, que l’on retrouve ailleurs en France, sont examinés avec vigilance par l’État. Dans le milieu du sport, par exemple, avec l’apparition de salles réservées aux hommes ou aux femmes et une forte prégnance confessionnelle dans des associations centrées sur les sports de combat. Mais aussi en matière de commerces, avec une fermeture massive des échoppes le vendredi, même quand elles ne sont pas tenues par des personnes de confession musulmane.

À noter, à l’inverse, au cours de la même période, une baisse des signalements d’individus radicalisés par des familles, amis ou institutions. Dans les Bouches-du-Rhône, on est ainsi passé de 136 cas signalés en 2020 à 42 cas en 2024, soit un recul de quelque 70 %, peut-être lié, note un expert, à la baisse relative du nombre d’attentats entre 2021 et 2024.

Nouvelle génération d’islamistes

L’« affaire des Bleuets » est aussi une bonne illustration de l’évolution de l’islamisme local. Smaïn Bendjilali est surveillé depuis de nombreuses années et son profil inquiète les services de l’État car il illustre une nouvelle génération d’islamistes. Relativement jeune (il est né le 4 juillet 1981 à Marseille), s’exprimant bien, ce fan affiché de l’OM se revendique d’une certaine modernité islamiste et marseillaise. Il personnifierait le double discours des « barbus », avec l’alternance de propos modérés pour éviter de tomber sous le coup de la loi et d’un discours réactionnaire et critiquant les valeurs de la République.

Très présent sur la toile et les réseaux sociaux, influent auprès des jeunes, il affirme aussi ses préoccupations sociales avec, au milieu de la misère ambiante, la création autour de sa mosquée des quartiers nord d’un petit écosystème confessionnel (des pompes funèbres aux assurances en passant par agences de voyages, école coranique, aide aux SDF, transports pour handicapés…). Il affiche aussi son hostilité à la drogue même si la condamnation en février de l’un de ses fils pour trafic de drogue, dont l’imam affirme avoir tout ignoré, fait pour le moins désordre.

L’héritage d’un imam algérien expulsé en 2018

Figure de proue de la nouvelle génération islamiste, celui qui est surnommé « l’imam Ismaïl » a ainsi pris le relais de la vieille garde personnifiée par un homme dont il fut proche : El Hadi Doudi. Cet imam salafiste algérien, proche du FIS et de djihadistes, était arrivé à Marseille en 1981. Dans le viseur des services de renseignements pour ses propos extrémistes, il avait exercé son influence sur un ensemble de mosquées dans les Bouches-du-Rhône, dans le Vaucluse et ailleurs en France.

En janvier 2017, le préfet de police Laurent Nuñez avait fermé une de ces mosquées à Aix-en-Provence. En décembre de la même année, le préfet de police Olivier de Mazières fermait la mosquée de l’imam Doudi, expulsé en 2018 alors qu’au même moment son disciple Bendjilali s’apprêtait à prendre le contrôle des Bleuets.

L’action engagée contre ce dernier par le préfet de police Colliex prouve donc qu’à Marseille l’État a de la suite dans les idées. Comme le prouvera son successeur, Georges-François Leclerc, par ailleurs préfet de région, qui a notamment lutté contre la mouvance frériste nordiste quand il était en poste à Lille.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/marseille-face-a-l-inquietante-progression-de-l-islamisme-20250324


Le Figaro, 24 mars

«Il a dit : ’Est-ce que vous êtes juifs ?, puis il a craché», témoigne le rabbin agressé à Orléans

Arié Engelberg, le rabbin agressé samedi à Orléans alors qu’il rentrait de la synagogue en compagnie de son fils, a détaillé les faits auprès de BFMTV.

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Victime d’une agression antisémite, samedi 22 mars dans l’après-midi, alors qu’il rentrait de la synagogue en compagnie de son fils de 9 ans, le rabbin d’Orléans Arié Engelberg s’est confié ce dimanche soir à BFMTV«Grâce à Dieu je vais bien. Mon fils va de mieux en mieux», a-t-il d’abord tenu à rassurer. Avant de raconter la scène dans le détail. «Un jeune homme nous a vus de loin, j’ai vu dans son regard qu’il voulait nous interpeller», explique le religieux. Il a d’abord cru que l’individu allait simplement «crier des propos militants». Mais le jeune homme a sorti son téléphone et s’est filmé «en mode selfie». Puis il a interpellé le rabbin : «Est-ce que vous êtes juifs ?». L’intéressé a répondu «oui»«Il a ensuite dit : ’Tous les juifs sont des fils de p***’, puis il a craché», se souvient Arié Engelberg.

Le jeune homme a ensuite réitéré ses insultes et craché de nouveau. «À cet instant, je me suis dit que si je n’agissais pas, cette vidéo allait faire le tour du monde, cette vidéo où l’on voit un rabbin, un juif, un citoyen français, marcher avec son fils, se faire insulter pour sa religion, se faire cracher dessus et ne rien faire. J’ai donc décidé d’agir et de repousser son téléphone», raconte le religieux. Ensuite, «il y a eu des coups. Je me suis protégé et j’ai essayé d’en porter aussi». En se baissant pour ramasser sa kippa, tombée au sol lors de l’attaque, le rabbin s’est vu ceinturer les bras et mordre au niveau du dos. Finalement, un commerçant est arrivé en criant et les deux hommes ont été séparés.

«C’était juste une question de temps»

Ensuite, le rabbin se souvient de deux voitures qui se sont immédiatement arrêtées, et dont les occupants ont «signifié qu’ils pouvaient témoigner»«Il y avait de tout», selon le religieux, «des Français, des personnes de couleur noire, des Maghrébins». Ce sont ces derniers qui ont appelé la police. «Je tiens à féliciter les forces de l’ordre, qui ont été d’une grande efficacité, tout en respectant mes conditions religieuses, le jour de shabbat», a salué Arié Engelberg. Il regrette avoir «senti arriver» cette attaque. «Moi, en tant que rabbin, c’était juste une question de temps avant de subir une agression antisémite», soupire-t-il. «Mais ça ne va rien changer, je continuerai à marcher avec fierté, à exprimer mon judaïsme avec fierté».

C’est d’ailleurs ce qu’il a dit à son fils après les faits : «Après l’agression, je lui ai dit qu’il ne fallait pas baisser la tête, même si on prend des coups». D’après lui, «cela fait déjà plusieurs mois, depuis le 7 octobre, qu’il ressent l’insécurit黫Dernièrement, il nous a dit clairement qu’il avait un peu peur de marcher dans la rue». Pourtant, jusqu’à présent, la ville avait été plutôt épargnée par les actes antisémites, a expliqué dimanche le président de la communauté israélite de la ville, André Druon, depuis la synagogue où, hasard du calendrier, se tenait dimanche l’assemblée générale de la communauté.

Une enquête a été ouverte pour «violences volontaires commises en raison de l’appartenance réelle ou supposée de la victime à une religion», a déclaré la procureure de la République d’Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren. Un adolescent, soupçonné de l’agression, a été interpellé samedi soir, a-t-elle ajouté. Toutefois, «l’identité de la personne gardée à vue n’est pas établie de manière certaine à ce stade et est en cours de vérification», a précisé la procureure. Selon une source proche du dossier, le suspect, âgé de 16 ans et inconnu des services de renseignement, a été interpellé samedi vers 21H45 et placé en garde à vue. Il a été identifié par la victime et est connu sous au moins trois identités, une marocaine et deux palestiniennes, selon une autre source proche du dossier.

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/il-a-dit-est-ce-que-vous-etes-juifs-puis-il-a-crache-temoigne-le-rabbin-agresse-a-orleans-20250323


The Economist, March 8

Free to blaspheme? A thorny debate in Britain around the definition of “Islamophobia”

The government asks a new working group to grapple with the issue

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On the first day of Ramadan, February 28th, the government announced a new working group to provide a “definition of anti-Muslim hatred/Islamophobia”. The group, to be chaired by Dominic Grieve, a former Conservative attorney-general, is likely to find itself wading into controversy. This comes at a time when Britain has been attacked by America’s vice-president, J.D. Vance, for backsliding on free speech. Now some worry that “Islamophobia” is being used to shield Islam from criticism, under the banner of protecting Muslims from discrimination.

Defining such things is tricky (even though the definition will be used only to provide guidance and will not become law). The Labour Party nearly tore itself apart over the definition of antisemitism. As for Islamophobia, in 2018 an influential report by the All-Party Parliamentary Group on British Muslims (APPG) described it as “a type of racism that targets expressions of Muslimness or perceived Muslimness”. It provided a list of examples including, for instance, claiming there is “a demographic ‘threat’ posed by Muslims”.

Islam is not a race, however, and critics (including the Tory leader, Kemi Badenoch) suspect the over-broad definition reflects an attempt to stifle legal criticism of Islam. “In the last five years the conflation of criticism with bigotry, and the use of the term ‘Islamophobia’ to attack people with whom you disagree, have become both more prevalent and more menacing,” said a paper by Policy Exchange, a right-leaning think-tank, last year. In its foreword Sajid Javid, a former home secretary, suggested “this definition would risk creating a blasphemy law via the backdoor”.  Such critics say the phrase “anti-Muslim hatred” should be used instead.

The Conservative government did not adopt the APPG’s definition but, in 2019, the Labour Party did. So did 52 local councils in England. This has led to a “chilling effect” on free speech, says Martyn Frampton of Queen Mary University of London, a co-author of the Policy Exchange report.

In 2020 the Labour Party suspended Sir Trevor Phillips, a former head of the equality watchdog, for, among other things, saying in a speech that Muslims “see the world differently from the rest of us”. Professor Steven Greer of Bristol University was accused in 2020 by the university’s Islamic Society of being Islamophobic when he included factual statements in his classes such as: “Islam spread rapidly through war, conquest, trade and conversion.” He was exonerated, but the university, which had adopted the APPG definition, failed to openly support him.

Few deny that Britain has a problem of anti-Muslim hatred. The Muslim Council of Britain welcomed the working group at a time of an “alarming rise of hate crimes” against Muslims. It said it supports the APPG definition, noting that opposition to it often comes from “groups with a documented history of hostility towards British Muslims”. But some worry about efforts to dismiss as “Islamophobic” any reference to the Muslim identity of those who commit certain serious crimes. Sir Ken McCallum, the head of MI5, said in 2024 that 75% of its counter-terrorist work is dealing with Islamist terrorism. (Muslims make up 6.5% of the population of England and Wales.) “How can we deal with any of these problems if we cannot discuss the Muslim identity of the suspects for fear of being called racist?” asks Mr Frampton.

The Equality Act already protects people from discrimination on the basis of religion. With the working group, Labour may hope to placate disaffected Muslim voters. The government says its definition must be compatible with free speech, including the right to “insult religions and/or the beliefs and practices of adherents”. That is eminently reasonable—as is Mr Grieve. He faces a difficult task.■

https://www.economist.com/britain/2025/03/06/a-thorny-debate-in-britain-around-the-definition-of-islamophobia


Neue Zürcher Zeitung, 3. März

Gegen den weltweiten Siegeszug des Jihadismus hilft keine Beschwichtigung

Der Islamismus betrifft nicht nur Frankreich und Israel. Der Umgang mit religiös motivierter Gewalt und Intoleranz ist bis heute erschreckend naiv.

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Kaum eine Woche vergeht, in der nicht von islamistischen Attentaten zu lesen wäre. Im elsässischen Mülhausen geht ein ausreisepflichtiger Algerier mit einem Messer und einem Schraubenzieher auf die Besucher eines Wochenmarktes los. Ein 69-jähriger Passant, der sich dem Angreifer in den Weg stellt, stirbt. Der Schlachtruf des Täters: «Allahu akbar.» In Frankreich gab es in den letzten Jahren Dutzende solcher Vorfälle.

2020 enthauptete ein Tschetschene einen Lehrer auf offener Strasse, weil dieser sich des «Verbrechens» schuldig gemacht hatte, in der Schule eine Diskussion über Meinungsfreiheit zu führen. Der Attentäter bezeichnete den französischen Staatspräsidenten als Anführer einer Nation von ungläubigen Höllenhunden. Das Verbrechen erinnerte an die Gewalt des Islamischen Staates, von der sich die Al-Azhar-Universität, die mächtigste Stimme des sunnitischen Islam, erst nach langem Schweigen distanzierte.

Statt gegen Islamismus demonstriert man lieber gegen rechts

Heute, nur fünf Jahre später, ist der Jihadismus auch in Deutschland nicht mehr zu übersehen. Im bayrischen Aschaffenburg ist ein ausreisepflichtiger Afghane mit einem Küchenmesser auf einen zweijährigen Jungen losgegangen. Der Junge erlag seinen Verletzungen ebenso rasch wie der Passant, der die Kindergartengruppe mit seinem Eingreifen vor weiteren Angriffen bewahrte. In München raste ein afghanischer Asylbewerber mit dem Auto in eine Demonstration der Gewerkschaft Verdi, tötete dabei eine junge Mutter und ihre zweijährige Tochter und verletzte mindestens 37 weitere Menschen schwer.

Im österreichischen Villach stach ein dreiundzwanzigjähriger Syrer wahllos auf Menschen ein, ein Jugendlicher starb. Seither geht das Bild des «lachenden Täters» (Klaus Theweleit) um die Welt. Er hebt seinen Finger zum Tauhid-Gruss, um seine Verbundenheit mit dem Islamischen Staat zu demonstrieren – und seine Absicht, noch mehr Ungläubige zu töten. Ausschnitte einer Chronik der Gewalt im Zeitraum weniger Monate. Trotzdem ist es in Europa eher ruhig. Viele Politiker scheinen die Gefahr, die von islamistischen Ideologien ausgeht, noch immer nicht erkannt zu haben.

Schon der Verweis auf die Rückständigkeit islamisch geprägter Regionen – Geschlechterapartheid, Vergeltungsjustiz, Judenhass oder der Primat der Tradition vor der Mündigkeit des Individuums – rufen häufig empörte Reaktionen hervor. Statt das Ideal mit der Realität abzugleichen und den islamischen Terror zu kritisieren, bevorzugt man geschichtsvergessene Demonstrationen «gegen rechts». Selbst dass palästinensische Terroristen am 7. Oktober 2023 jüdische Mädchen und Frauen vergewaltigten und ganze Familien massakrierten, hat daran nichts geändert.

Deutscher Staat fördert Extremismus

In der arabisch-muslimischen Welt sind Intoleranz und Terror Alltag für religiöse Minderheiten. Tausend Sikhs leben noch, faktisch rechtlos, in Afghanistan. Es waren einmal Hunderttausend. Vor hundert Jahren waren noch zwanzig Prozent der Bevölkerung im Nahen Osten Christen. Vier Prozent sind geblieben. In Nigeria sind Millionen Menschen auf der Flucht vor islamistischen Terrorgruppen. Dörfer werden niedergebrannt, Kinder entführt, Frauen gesteinigt. In Burkina Faso befinden sich mehr als eine halbe Million Menschen auf der Flucht vor islamistischen Terror, zweitausend Bürger sind im Jahr zuvor getötet worden.

Man sagt, es seien Einzeltäter, der Terrorismus sei nicht mit dem Islamismus und dieser nicht mit dem Islam gleichzusetzen. Die Unterscheidung ist wichtig. Aber man wünschte sich, dass aus den islamischen Gemeinschaften mehr Protest zu hören wäre. Warum kommen zu einer Demonstration gegen den Terror nur wenige hundert statt der angekündigten zehntausend Muslime?

Wie viele Gewaltverbrechen müssen zusammenkommen, damit ein Muster erkannt wird? Es ist bekannt, dass die Messerstecher und Schlächter in Moscheen radikalisiert werden, dass der politische Islam, namentlich die Muslimbruderschaft, in Europa weitreichende Strukturen aufgebaut hat. Sie verbreiten einen fundamentalistischen Islam.

Gefördert werden diese Strukturen in Deutschland von Bundesministerien und von zahlreichen Stiftungen. Das Bündnis Claim etwa hat 2020 und 2021 insgesamt 960 000 Euro vom Bundesfamilienministerium erhalten. Es arbeitet mit dem Politikwissenschafter Farid Hafez zusammen, der die radikal antisemitischen Ideologen der Muslimbruderschaft in seinen Schriften als demokratische Denker darstellt.

Einschüchterung mit Islamophobievorwürfen

Man kennt den Schlachtruf der Muslimbrüder: Der Jihad ist unser Weg. Es ist ihr Ziel, in Europa islamische Gottesstaaten zur errichten. Man weiss, dass sie Juden dämonisieren und den jüdischen Staat Israel vernichten wollen; dass ihre Vordenker die Todesstrafe für Homosexuelle und Ehebrecher befürworten und alle, die dem Islam abtrünnig werden, nach ihrer Vorstellung getötet werden müssen. Dabei muss man sich bewusst sein: Die Muslimbruderschaft gilt im Vergleich zum Salafismus als gemässigt.

Laut einem französischen Geheimdienstbericht werden 150 Gemeinden in Frankreich von Islamisten kontrolliert. Eine Strassenschlacht zwischen Tschetschenen und Maghrebinern in Dijon legte im Juni 2020 ein ganzes Stadtviertel lahm. Die Polizei war überfordert, geschlichtet wurde der Streit von einem Imam der Muslimbruderschaft.

In Deutschland berief Horst Seehofer zur gleichen Zeit einen «Expertenkreis Muslimfeindlichkeit» ein, in dem Apologeten und Kooperationspartner reaktionärer Bruderschaften vertreten sind. Und die jeden, der Kritik an Unterdrückung, Verfolgung und Brutalität im Namen Gottes äussert, mit dem Vorwurf der Islamophobie einzuschüchtern versuchen.

Man liest vom weltweiten Vormarsch eines fundamentalistischen Islam, der aus arabischen Staaten mit Petrodollars finanziert wird, hört von Politikern in Indonesien, die wegen behaupteter Blasphemie im Gefängnis sitzen, von Homosexuellen, die in sieben islamischen Staaten mit dem Tod bestraft werden, von Regimekritikern, die der islamische Staat Iran erhängen lässt und die anders als Alexei Nawalny nicht auf die Solidarität europäischer Regierungen hoffen dürfen. Man erfährt von niedergebrannten Schulen und Kirchen in Niger, Tschad oder im Sudan, von Hunderttausenden Mauretaniern, die noch heute in arabischer Sklaverei leben, weil Allah das angeblich so will. Gleichzeitig wird entgegen jeder Empirie das Märchen erzählt, dass die gesamte westliche Welt von einem tiefsitzenden, blinden Hass auf den Islam besessen sei.

Wenn das so wäre: Warum suchen dann Millionen Migranten aus islamischen Staaten in Europa Schutz? Was ist dran an der These, dass Attentäter erst vom Islamhass der westlichen Gesellschaft zum Morden gedrängt würden, wenn in der islamischen Welt noch mehr gemordet wird? Warum wird im Kampf um Wählerstimmen von «Migrationsproblemen», «psychischen Konflikten» und «Abschiebungen im grossen Stil» (Olaf Scholz) schwadroniert, während man über den politischen Islam nicht reden will?

Traumatisierte Flüchtlinge aus der Ukraine gehen nicht wahllos mit Küchenmessern auf Passanten los. Schon jetzt ist zu befürchten, dass es bei einer strengeren Asylpolitik die falschen treffen wird, dass man jene ausweist, die gesetzestreu und zuverlässig bei den Behörden erscheinen oder am Arbeitsplatz verhaftet werden können. Eine solche Asylpolitik ist unmenschlich, weil sie die schutzbedürftigen Opfer abschiebt und die Islamisten verschont.

Papst Franziskus hat Verständnis für Mörder

Auch nach den jüngsten Attentaten heisst es wieder: «Wir lassen uns nicht einschüchtern.» Wirklich? Die höchste Stimme der katholischen Welt äusserte Verständnis, als Islamisten die Redaktion von «Charlie Hebdo» massakrierten. Er würde auch einer Person ins Gesicht schlagen, die seine Mutter beleidigt, sagte Papst Franziskus. Kann er nicht zwischen einer Ohrfeige und einer Mordtat unterscheiden?

Die Opfer des Terrors sind nicht nur Christen, Juden, Buddhisten, Atheisten und Agnostiker. Es geht auch um Muslime, die in repressiven Milieus ihrer Freiheit benommen sind, um Frauen, die ein rechtloses Leben als maskiertes Verfügungsobjekt männlicher Lust führen, um Schwule und Lesben, die auch in Deutschland von selbsternannten «Ehrenmännern» gejagt werden, um Menschen, die ihren Glauben verlieren und dafür mit dem Tod bestraft werden sollen.

Erinnern wir uns, dass der Brüsseler Imam, der Salman Rushdie in Schutz nahm, dafür sein Leben lassen musste, dass Rushdies japanischer Übersetzer ermordet wurde und der norwegische, der italienische und der türkische Übersetzer Mordanschläge überlebten, die 37 Todesopfer forderten. Damals, in den neunziger Jahren, hatte der politische Islam seinen Vormarsch erst richtig begonnen, gestützt von einer postkolonialen Ideologie, die auch den blutigsten Terror und die schlimmste Repression als kulturelle Eigenheit verharmlost.

Religionskritik ist, wo sie nicht in säkulare Selbstgewissheit umschlägt, eine noble Form des Zweifels, die jeder ernstzunehmenden Religion eigen sein sollte, weil sie aus Prinzip mit dem Unerkennbaren zu tun hat. Es geht nicht, wie in Ungarn, um die taktische Beschwörung eines christlichen Abendlands. Es geht nicht um die Verdammung von Muslimen, die ihren Glauben friedlich leben. Es geht auch nicht darum, den westlichen Individualismus zum letzten Horizont zu verklären. Aber wo sich die Rückkehr der Religion als blutiger Obskurantismus präsentiert, sollte für jeden Menschen eine Grenze verlaufen.

Sara Rukaj ist 1992 in Wien geboren, lebt in Frankfurt und beschäftigt sich als Publizistin mit Antisemitismus, Feminismus und Ideologiekritik.

https://www.nzz.ch/feuilleton/grinsende-moerder-islamistischer-terror-villach-muelhausen-hamas-muslimbruderschaft-aschaffenburg-ld.1872732


Le Figaro, 3 mars

Michel Onfray : «Pour l’islamo-gauchisme, l’ennemi est l’homme blanc judéo-chrétien et sa culture trois fois millénaire»

ENTRETIEN – Dans son nouveau livre, L’Autre Collaboration (Plon), Michel Onfray revient aux sources intellectuelles de l’antisémitisme de la gauche radicale.

Full text :   https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/03/2-mars-4.pdf

Link: https://www.lefigaro.fr/vox/politique/michel-onfray-pour-l-islamo-gauchisme-l-ennemi-est-l-homme-blanc-judeo-chretien-et-sa-culture-trois-fois-millenaire-20250227


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 1. März

Ramadan beginnt: Der Islam in Deutschland wird sichtbarer

In der Nacht von Freitag auf Samstag beginnt der muslimische Fastenmonat. Den Ramadan feiern viele Muslime inzwischen ein bisschen anders als früher. So etwas wie Ramadankalender gab es früher nicht.

Excerpts:  

Wenn an diesem Freitagabend die Sonne untergeht, beginnt für Familie Sipahi eine besondere Zeit. Die sieben Jahre alte Tochter kann es kaum abwarten. „Wir haben zu Hause einen Ramadan-Kalender, und ich freue mich, dass ich Überraschungen kriege“, sagt Zeyneb Hafsa Sipahi.

Ihre Eltern basteln den Kalender meistens selbst, befüllen Säckchen mit Süßigkeiten und Spielzeug, manchmal gibt es auch einen Koranvers. In Supermärkten kann man seit wenigen Jahren aber auch fertige Kalender kaufen.

Der Islam ist nicht nur dort sichtbarer geworden. Der Familienvater Sami Sipahi drückt es so aus: „In Deutschland hat sich eine ganz eigene Ramadankultur entwickelt.“ Seit vier Generationen formt sie sich immer weiter aus. Den Ramadan-Kalender bezeichnet Sami Sipahi als „klassisch deutsch-muslimisches Phänomen“.

Heute gibt es in Städten wie Köln und Frankfurt zum Ramadan sogar festliche Straßenbeleuchtung, Moscheegemeinden empfangen Politiker zum Fastenbrechen, dem Iftar. Und beispielsweise in Nordrhein-Westfalen, wo die Sipahis leben, ist es schon Tradition, dass auch der Ministerpräsident zum Iftar-Empfang einlädt. Ein neues deutsch-muslimisches Lebensgefühl.

In Sami Sipahis Kindheit gab es noch keine Ramadan-Kalender. Aber seine Schwester erinnert sich, dass sie mal ei­nen Adventskalender hatte. Weihnachten und Ostern bekamen Sami Sipahi, seine Schwester und sein Bruder sogar Geschenke von den Nachbarn. Der 35 Jahre alte Familienvater ist mit der Gleichzeitigkeit christlicher und mus­limischer Traditionen aufgewachsen. Genauso wie seine Kinder heute.

Seine Frau hat einen Weg gefunden, den Kindern zu vermitteln, wie sie die verschiedenen Feste deuten können. „Ich erkläre das meinen Kindern immer so“, sagt Meryem Sipahi: „Wenn du Geburtstag hast, ist es wie Ramadan. Und wenn du auf eine andere Geburtstagsfeier gehst, ist es wie Weihnachten. Es ist eine Feier von jemand anderem, aber du kannst teilhaben und dich darauf freuen.“ (…)

Etwa zwei Drittel der Mus­lime in Deutschland fasten komplett (56 Prozent) oder teilweise (20 Prozent), wie die Studie „Muslimisches Leben in Deutschland“ aus dem Jahr 2020 zeigt. Die Mehrheit der christlichen Personen ohne Migrationshintergrund hingegen befolgt laut der Studie keine Fastenvorschriften (82 Prozent). (…)

Den Gemeinschaftscharakter des Fastens betont auch der Soziologe Rauf Ceylan vom Institut für Islamische Theologie an der Universität Osnabrück. „Das Fasten ist nicht rein individuell, es ist vor allem ein soziales Ereignis. Man möchte mitfasten und am Abend gemeinsam das Fasten brechen“, sagt er. (…)

Der Soziologe Rauf Ceylan sagt: „Das große Metathema ist, dass Religion sich wandelt.“ Alle Weltreligionen seien nicht in ihrer Ursprungsregion hängen geblieben, sondern hätten sich gewandelt und angepasst. „Religionen sind dynamisch und nicht statisch.“

Am Ende des Ramadans, also am 30. März, gibt es ein großes Fest. Sami Sipahi wird zum Ramadanfest mit Frau und Kindern zu den Großeltern nach Herford fahren, wo auch seine Schwester und sein Bruder mit Familie sein werden. Auf das Festgebet am Morgen in der Moschee und das Familienfrühstück freuen sich schon alle.

https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/wie-muslime-in-deutschland-den-ramadan-feiern-110324914.html


Le Figaro, 27 février

Attaques au couteau, à la voiture-bélier… Cette stratégie islamiste des «mille entailles» qui veut mettre la France à genoux

ANALYSE – À Mulhouse, à Apt ou à Munich, les agresseurs islamistes multiplient les attaques au couteau ou à la voiture-bélier. Des assauts qui découlent d’une stratégie militaire éprouvée, mettant à mal les théories du «loup solitaire» et du «déséquilibré».

Extraits:  

Un méticuleux travail de sape, bien mieux organisé qu’il n’y paraît. Après une relative accalmie ces dernières années, la « menace djihadiste » a fait son « retour » en France, et plus globalement en Europe, depuis la « fin 2023 »a statué il y a quelques jours le procureur national antiterroriste, Olivier Christen. Selon nos informations, au 1er décembre 2024, le Parquet national antiterroriste avait ouvert 59 procédures « en matière de contentieux djihadistes », soit 87 % du total des procédures ouvertes. Ce chiffre était de 48 en 2021, de 41 en 2022 et de 38 en 2023. Après des années de baisse consécutive, cette hausse brutale est due, notamment, à la propagande relayée par les sphères islamistes.

« Cette diffusion de propagande a un impact très fort sur des personnes qui ne seront jamais en contact avec les organisations terroristes, ou en tout cas pas nécessairement », a souligné Olivier Christen. Ces individus vont, à partir de ces documents de propagande que relaient abondamment les prédicateurs sur les réseaux sociaux et les messageries cryptées, « se convaincre d’une nécessité de passage à l’acte et utiliser les modes (d’action) promus par ces organisations ».

Quelles méthodes promeuvent l’État islamique ou al-Qaida, pour ne citer qu’elles ? Afin de mener la guerre contre les « infidèles » sur leur propre territoire et pousser à la création d’un « califat mondial », ces organisations terroristes prônent une doctrine éprouvée, que les observateurs militaires surnomment stratégie des « mille entailles ». Elle n’a rien de nouveau : elle aurait notamment été utilisée par le renseignement pakistanais contre l’Inde, dans les années 1970, et d’aucuns assurent que l’Ukraine a mis en place cette tactique contre la Russie depuis 2022. Elle fait globalement le lit des insurrections de par le monde, dans des situations qui les opposent à des armées d’État ou à des groupes paramilitaires puissants. « Cette technique, c’est David contre Goliath, le petit contre le grand. Et, dans ce type de combat, tous les coups sont permis », note auprès du Figaro une source experte du terrorisme.

« Qu’est-ce que c’est, la stratégie des “mille entailles” ? Si vous êtes un nain, que vous voulez tuer un géant et que vous n’avez pas d’arme massive, il faut le faire saigner mille fois. Il faut lui faire mille petites coupures, et ces mille petites coupures vont le piquer, vont l’agacer, et puis petit à petit vont lui faire mal, et puis petit à petit il va s’affaiblir, et puis un jour il va tomber à genoux », résume l’avocat Thibault de Montbrial. Ainsi, les Ukrainiens, moins nombreux que les soldats russes, vont privilégier les frappes localisées de drone pour cibler sans se découvrir ; les cartels de la drogue en Amérique latine, comme Tren de Aragua, vont multiplier les courtes fusillades contre la police pour marquer leur territoire ; les djihadistes, quant à eux, vont mener des séries de petites attaques pour montrer qu’ils peuvent frapper partout, et à toute heure.

Dans les sphères islamistes, la doctrine est mise en exergue pour la première fois par Abou Moussab al-Souri, aujourd’hui considéré comme l’inspirateur du djihadisme international tel qu’on le connaît. Dès février 1982, alors qu’il est âgé de 24 ans, le Syrien participe à l’insurrection de la ville de Hama (Syrie), fomenté par des Frères musulmans. Après s’être exilé en France, puis en Espagne, et après avoir rejoint Oussama Ben Laden en tant que prédicateur et stratège, il écrit un Appel à la résistance islamique mondiale, long de 1 600 pages. « Plutôt que de frapper les États-Unis, il préconise des attaques individuelles aveugles et sanglantes (…) en Europe, qui serait selon lui le “ventre mou” de l’Occident, et tout particulièrement en France, qui compte le plus important pourcentage de musulmans en Europe occidentale », rappelle le docteur en sciences politiques Arnaud Lacheret. Aujourd’hui, le sort d’al-Souri est méconnu, depuis sa capture par la CIA en 2005. (…)

Depuis, le terrorisme « à bas coût » a explosé dans le monde entier. Dès le 20 décembre 2014 à Joué-lès-Tours, un individu pénètre dans un commissariat et agresse au couteau plusieurs policiers sous les cris d’« Allah akbar ». S’ensuivront d’innombrables attentats similaires, à Magnanville, contre le père Hamel, au Carrousel du Louvre, à Levallois-Perret, contre Arnaud Beltrame, sur le marché de Noël de Strasbourg, à la prison de Condé-sur-Sarthe, à la préfecture de police de Paris, dans un parc de Villejuif, à Romans-sur-Isère, à Colombes, contre Samuel Paty, dans un lycée d’Arras, près du pont Bir-Hakeim, à Apt ou à Mulhouse, il y a quelques jours. La liste est loin d’être exhaustive.

Les autres pays d’Europe ne sont pas épargnés, ne serait-ce qu’en Allemagne, avec l’attaque de Solingen, en juillet 2024, et de Munich jeudi 13 février, ou en Autriche, où un adolescent de 14 ans a été poignardé à mort par un Syrien il y a quelques jours. « Les grandes opérations planifiées et spectaculaires sont beaucoup plus rares que les attaques simples. La sophistication entraîne un risque de repérage ou d’échec pour les terroristes », explique Marc Hecker, chercheur à l’Ifri, spécialisé sur les questions de terrorisme et de radicalisation.

Comme le note une étude des chercheurs Xavier Crettiez et Romain Sèze, portant sur 350 individus détenus pour des faits de terrorisme, le profil du djihadiste type varie peu. Il s’agit d’un jeune homme urbain, demandeur d’asile, immigré ou descendant d’immigrés, pratiquant l’islam au moins « ponctuellement », ayant souvent un « passé de délinquant » mais présentant peu, voire pas, de « vulnérabilité psychologique »« Seuls 8 % des acteurs se sont vus diagnostiquer des troubles psychiatriques et 16 % des fragilités psychologiques moyennes ou fortes. Aucun élément n’incite à penser l’existence d’une prévalence de troubles psychologiques qui disposeraient à l’engagement djihadiste », peut-on lireEt de préciser que « les violences politiques, comme dans d’autres familles combattantes, n’attirent que peu d’individus fragiles et atteints de troubles mentaux ».

Car la stratégie des « mille entailles », et le djihadisme plus globalement, ne sont pas seulement idéologiques, discriminants et barbares, mais bel et bien politiques. L’objectif est de faire « lentement saigner le corps social », souligne Marc Hecker. Le but est de « répandre la peur au sein des populations occidentales, afin de les faire douter du sérieux de leurs forces de sécurité et de leurs responsables politiques », reprend notre source experte du terrorisme. « Ces petites attaques, dont certaines passent inaperçues, surtout lorsqu’elles ne provoquent pas un lourd bilan humain, ont pour dessein de mettre en évidence la vulnérabilité et l’isolement relatifs des civils, et ainsi d’“entailler” le contrat social, conclu entre les citoyens et leur État », censé les protéger. (…)

De fait, experts et observateurs ont de plus en plus de mal à croire à la thèse du « déséquilibré » ou du « loup solitaire », souvent soutenue par les assaillants face aux enquêteurs – même s’il existe évidemment des individus souffrant de troubles psychiatriques parmi ceux-là. (…)

En février 2024, un agresseur malien a blessé trois passants au hasard gare de Lyon, avec une arme blanche. Sa garde à vue avait un temps été levée, car « incompatible » avec son état psychologique, et il avait finalement été mis en examen pour « tentatives d’assassinat et violences avec armes aggravées ». Pourtant, les enquêteurs avaient découvert un compte TikTok à son nom, où il écrivait en description d’une vidéo datée du 2 décembre 2023 : « Dans trois mois, qu’Allah m’accueille dans son paradis. »

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/attaques-au-couteau-a-la-voiture-belier-cette-strategie-islamiste-des-mille-entailles-qui-veut-mettre-la-france-a-genoux-20250226


Le Point, 25 février

Au procès des otages de Daech, parler pour les fantômes

Les parties civiles étrangères, anciens otages et proches de victimes ont livré devant la cour d’assises des témoignages déchirants.

Article entier :

Ce sont des journées éprouvantes, au procès dit des otages de Daech. Des journées longues, des journées denses, où la cour d’assises spécialement composée entend les parties civiles étrangères : des Espagnols, des Américains, des Britanniques, une Suédoise, un Danois, un Syrien, une Belgo-Péruvienne, un Italien.

Il y a là tous les âges, toutes les langues. Il y a les très calmes, les faux calmes, ceux qui vibrent de colère. Il y a ce que les anciens captifs parviennent à dire de ce qu’ils ont subi et il y a les silences, les creux, les interstices : les mots qui se dérobent, l’ombre des absents.

« Hello papa, j’espère que tout va bien en Turquie, moi je suis occupée par la préparation de mes examens. » « Hello papa, appelle-moi quand tu peux. Je t’aime. » « Hello papa, est-ce que tu es sur le terrain ? Mon premier examen s’est bien passé… je crois. Je t’aime. » « Hello papa, j’espère que tu n’es pas fâché contre moi. Si c’est le cas, je suis désolée. Appelle-moi, je t’aime. » « Papa, j’ai besoin de toi, j’ai passé une journée horrible, tu me manques. » « Papa, je suis désolée, appelle-moi. » « Papa, j’ai besoin de toi. » « Papa, est-ce que tu es là ? » « Papa, tu me fais peur. » « Où es-tu, papa ? »

Bethany Haines a 27 ans. Elle était adolescente lorsque son père, l’humanitaire David Haines, a été enlevé en Syrie le 12 mars 2013. À la barre, elle lit « l’avalanche de messages » qu’elle lui a envoyés alors et qu’il n’a jamais reçus : elle a appris qu’il était aux mains de l’État islamique trois semaines après son enlèvement.

« À chaque fois que je ferme les yeux, je vois la tête coupée de mon père »

Dans les mois qui ont suivi, il y a eu des moments d’espoir, dit-elle, et des moments d’abattement. La famille a reçu une demande de rançon, 100 millions de dollars : une somme « déraisonnable », a-t-on expliqué à Bethany, et qui valait condamnation. « Le 13 septembre, raconte la jeune femme, j’ai été réveillée par la police, qui est venue sonner chez moi, avec ma mère. Ils m’ont dit que la vidéo de sa décapitation avait été mise en ligne. Je n’ai pas pu admettre cette information, j’ai demandé à tout le monde de rentrer chez soi ; j’avais besoin d’une dernière nuit avec mon père. »

Bethany Haines a aujourd’hui un petit garçon. « Il me demande pourquoi il ne peut pas voir son grand-père. Pourquoi sa maman, parfois, n’arrive pas à sortir de son lit. Pourquoi elle a des cicatrices sur les bras. À chaque fois que je ferme les yeux, je vois la tête coupée de mon père, posée sur le dos de son corps sans vie. »

L’Italien Federico Motka, 42 ans, était le binôme de David Haines pour l’ONG Acted ; ils ont été arrêtés ensemble alors qu’ils rentraient en Turquie après une première mission en Syrie. Federico Motka n’aime pas parler de sentiments en public. Avant l’audience, il a prévenu son conseil qu’il s’en tiendrait aux faits. Mais les faits, eux non plus, ne se laissent pas aisément décrire.

La « box », par exemple. Cette cellule de deux mètres sur quatre dans laquelle David Haines et lui sont retenus durant leurs premiers mois de captivité, soumis à la violence de leurs geôliers britanniques : les « Beatles », dirigés par Mohammed Emwazi, dit « Jihadi John ».

« Son objectif affiché était de recréer ce qu’il croyait être les conditions de Guantanamo. Il n’y avait aucun répit. C’étaient des décharges électriques, de l’eau bouillante sur les mains. Un jour, ils nous ont plongé la tête dans un seau d’eau, en nous demandant si c’était ça, le waterboarding. Une autre fois, ils nous ont basculés au-dessus des toilettes avec de l’eau qui nous arrivait dans le nez, la bouche. Puis la même chose, mais la tête couverte par un pull. J’ai été pris de panique, je n’arrivais plus à respirer, je sentais mes poumons se remplir d’eau. »

« Une chose allongée sur un lit »

Le même traitement est infligé aux deux journalistes qui les ont rejoints : l’Américain James Foley, le Britannique John Cantlie. « Les “Beatles” organisaient des combats de boxe entre nous, celui qui perdait avait droit au supplice de l’eau. Ils étaient comme des enfants, qui s’excitent les uns les autres dans la surenchère. Plus tard, ils nous ont attribué des numéros. »

Les « Beatles » frappent de préférence sur les muscles jusqu’à, dit Federico Motka, les « réduire en pulpe ». « Je regardais le corps de David : il était bleu, entièrement bleu ». David Haines perd beaucoup de poids, et tombe gravement malade : il se met à vomir du sang, à l’hiver ses geôliers doivent le mettre sous perfusion tant il est affaibli. « C’était la personne en qui j’avais le plus confiance, dit Federico Motka. Il réussissait à m’apaiser, il avait cette capacité à faire croire à chacun qu’il était le centre unique de son intérêt. Chaque jour, il prenait un moment pour parler dans sa tête à ses filles. »

Après trois mois aux mains des « Beatles », lorsque les otages rejoignent les quatre journalistes français dans l’hôpital ophtalmologique d’Alep, ils sont brisés. « On n’était plus qu’une petite fraction de ce que nous avions été. » « Des cadavres vivants », décrit, mercredi, le photographe Édouard Elias. Des spectres maigrissimes et terrifiés, qui se tournent contre le mur dès que quelqu’un entre dans leur cellule. Dans un coin, poursuit Édouard Elias, il y a « une chose allongée sur un lit avec des blessures incroyables, un tas de chair humaine » : le jeune journaliste danois Daniel Rye Ottosen.

« C’est moi qui ai le contrôle »

Lui a été retenu treize mois en otage. Il ne parlait ni le français ni l’arabe, il ne comprenait pas qui étaient ses ravisseurs et sans doute a-t-il subi plus de violences et d’humiliations encore que les autres. À la barre, vendredi 21 février, il parle pudiquement de semaines « intenses », et de tortures continues : des coups de taser dans les côtes, le matraquage de ses pieds nus, la soif.

On le suspend par les bras dans un couloir, pendant vingt-quatre heures ; l’ancien gymnaste qu’il est parvient en se balançant de gauche à droite à enrouler sa jambe autour du pied d’une table et à la traîner sous lui pour s’y hisser, puis à passer autour de son cou la chaîne qui retient ses poignets.

immense, une forme de paix intérieure. Je me suis dit : “Maintenant, c’est moi qui ai le contrôle, je peux tout arrêter.” J’ai pensé à ma famille, à ma petite amie ; je me suis dit que je n’aurais jamais d’enfants mais qu’au moins ils ne recevraient pas une vidéo de moi en train de me faire égorger. »

Avant qu’il n’ait pu se tuer, ses geôliers le détachent. Plus tard, il parvient à s’évader, deux heures seulement ; après qu’il a été retrouvé, le calvaire empire. Ses menottes sont si serrées qu’elles lui entament la chair jusqu’à l’os. Devant la cour, Daniel Rye Ottosen tente de décrire cela. La souffrance, la peur, la faim. Et puis les petites phrases menaçantes et sournoises que lui chantonne un de leurs geôliers francophones – cet « Abu Amar » que les otages français identifient comme Mehdi Nemmouche. « J’ai appris, ces dix dernières années, que les traumas psychologiques étaient bien plus difficiles à soigner que les blessures physiques. »

« Maintenant, tu vas faire le chien »

Guantanamo, c’est l’obsession des geôliers. « Faire encore pire que Guantanamo, créer le Guantanamo de l’État islamique : des fils de pute sont venus de partout dans le monde pour le construire », dit le Syrien Radwan Safar Jalany – qui s’excuse presque aussitôt de sa vulgarité.

Il était le compagnon de la jeune Américaine Kayla Mueller, arrêtée avec lui au cours d’une mission humanitaire. Les geôles d’Alep étaient, dit-il, pires encore que celles de Bachar el-Assad, qu’il avait connues dans les premiers temps de la révolution syrienne. « Le responsable de la prison venait nous trouver avec son fils de 10 ans, je l’ai entendu demander aux prisonniers d’imiter des bruits d’animaux ; il adorait humilier les gens. Il disait : “Allez, maintenant tu vas faire le chien qui est content, maintenant tu vas imiter un animal triste.” C’était tout un art. »

Radwan Safar Jalany avait supplié Kayla Mueller d’affirmer qu’ils étaient mariés, s’ils étaient arrêtés. Elle n’est pas parvenue à mentir. À la fin de l’année 2014, la jeune femme est remise à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique, qui l’aurait violée à de nombreuses reprises avant de la tuer. Elle est l’un des nombreux fantômes du procès de Paris.

« Une battante, une fille pleine d’énergie », disent Patricia Chavez Media et Frida Brannstorm Saide, otages de Médecins sans frontières qui ont partagé sa cellule pendant six semaines. Lorsque les deux Européennes ont été libérées, Kayla Mueller leur a remis une lettre d’adieu à ses parents. Ses codétenues avaient caché des petits mots dans la pièce qu’elles partageaient, pour lui donner du courage.

« Une vague qui me prend et me cloue au sol »

« Chaque fois qu’il y avait une libération, ils nous faisaient croire que ce serait notre tour aussi : ils nous mettaient dans une voiture, nous faisaient faire un petit tour et nous ramenaient », raconte Federico Motka. Le premier otage libéré est un Espagnol, Marcos Marginedas Izquierdo, 57 ans aujourd’hui. Il raconte à la barre sa détention, comment il a caché à ses ravisseurs qu’il était séropositif – et Mehdi Nemmouche, dans le box, s’agite à cet instant, le regard plus noir que jamais.

L’Espagnol dit aussi les jours qui ont suivi sa libération. Son angoisse pour Steven Sorloff notamment, son « meilleur ami de détention ». « Lorsqu’il a été exécuté, je n’ai même pas eu le courage d’appeler ses parents, tant je me sentais coupable d’avoir survécu. Au moment où j’allais partir, la personne qui apparaît sur les vidéos de décapitation a dit à James Foley : “Touche Marcos, il est plus près de la liberté que tu ne le seras jamais.” J’ai compris, à ce moment-là, que les Américains et les Britanniques n’auraient pas la même chance que nous. »

Aux États-Unis, dans un bureau un peu triste, les parents de l’humanitaire Peter Kassig témoignent en visioconférence. Le père a une petite moustache blanche et s’efforce de ne pas pleurer ; la mère montre à la caméra les dépliants d’une association où la photo de son fils figure à côté de celle de Gandhi et de Martin Luther King.

« On dit que le temps guérit, c’est un mensonge, dit le père. Il y a des moments où l’énormité de tout ça devient une vague qui me prend et me cloue au sol. » Leur fils avait le même âge que les accusés, il s’était converti à l’islam avant son enlèvement ; les parents de Peter Kassig font demander aux trois hommes dans le box s’ils ont un mot à dire. Rien.

Les journées sont éprouvantes, les journées sont longues : Me Francis Vuillemin, conseil de Mehdi Nemmouche, réclame vendredi au président Laurent Raviot de pouvoir interroger le dernier témoin avant l’accusation et les parties civiles. Au nom de « l’égalité des armes », et pour ne pas s’adresser à une partie civile trop épuisée par le tour ordinaire des questions.

Le président refuse, l’avocat s’exaspère, s’emporte et menace : puisque c’est ainsi, Mehdi Nemmouche ne parlera pas quand viendra son interrogatoire : « Il y a des parties civiles qui seront très tristes la semaine prochaine, je vous le dis. » Dans la salle, la fille de David Haines tient ouverts devant elle les épais carnets où elle consigne ce qui se dit à l’audience ; ses grands yeux ne cillent pas.

https://www.lepoint.fr/societe/au-proces-des-otages-de-daech-parler-pour-les-fantomes-22-02-2025-2583074_23.php


Neue Zürcher Zeitung, 25. Februar

Bundesanwaltschaft übernimmt Ermittlungen zu Angriff beim Holocaust-Mahnmal – Tatverdächtiger soll IS-Anhänger sein

Bundesanwaltschaft übernimmt Ermittlungen zu Angriff beim Holocaust-Mahnmal – Tatverdächtiger soll IS-Anhänger sein

Full text :  

phg. Die Bundesanwaltschaft hat die Ermittlungen im Fall des Messerangriffs am Holocaust-Mahnmal in Berlin übernommen. Dem syrischen Tatverdächtigen wird versuchter Mord vorgeworfen. Der Beschuldigte teile die Ideologie der terroristischen Vereinigung «Islamischer Staat» (IS), heisst es in einer Medienmitteilung des Generalbundesanwalts.

Am frühen Abend des 21. Februar soll der Beschuldigte im Stelenfeld des Denkmals für die ermordeten Juden Europas in Berlin-Mitte eine Person mit einem Messer hinterrücks angegriffen haben und verletzte sie lebensgefährlich. Dabei hat er laut Bundesanwaltschaft aus einer radikal-islamistischen und antisemitischen Überzeugung heraus gehandelt, die sich gegen die freiheitliche Gesellschaftsform in Deutschland richtet. Die Tat sei damit geeignet, die innere Sicherheit der Bundesrepublik zu beeinträchtigen.

Beim tatverdächtigen Mann handelt es sich um einen 19 Jahre alten Asylbewerber aus Syrien. Er befindet sich in Untersuchungshaft.

https://www.nzz.ch/international/deutschland-die-neusten-meldungen-ld.1872487


The Jerusalem Post, February 24

Qatar’s grip on education is causing an explosion of campus antisemitism – opinion

The conversation surrounding foreign influence in education must shift from passive concern to active resistance before it is too late.

Full text :  

For months, I have followed the disturbing rise of antisemitism in US universities, especially after Hamas’s brutal attack on Israel on October 7. But nothing prepared me for the jaw-dropping moment I experienced while watching a recent Al Jazeera podcast.

Khaled Al-Hroub, a professor at Northwestern University in Qatar, spoke not as an academic but as a mouthpiece for Hamas, painting the terrorist group as a symbol of resilience. His rhetoric was not just disturbing – it was dangerous.

This wasn’t an isolated case of radical bias. It was a symptom of a larger, well-funded infiltration by Qatar, which has spent billions to manipulate American academia, indoctrinate students, and turn campuses into breeding grounds for hate.

When I tuned in to the Al Jazeera podcast, I expected an analysis of the war in Gaza. Instead, I found outright propaganda. Hroub, supposedly an academic, openly glorified Hamas. He wasn’t alone – professors at Georgetown, Harvard, and other prestigious universities have been caught pushing similar narratives.

How can American universities allow their faculty to justify terrorism? Because many of them are funded – bought – by Qatar, a country with a vested interest in spreading extremist ideology. The more research I did, the clearer the pattern became: Qatar is using America’s elite schools as vehicles for propaganda, erasing the line between education and indoctrination.

Qatar has poured over $6 billion into US universities in the past decade, making it the single largest foreign donor in American academia. Prestigious institutions like Harvard, Georgetown, and Northwestern have eagerly accepted these funds, establishing satellite campuses in Doha and injecting Qatari influence directly into their programs. What does Qatar get in return? Influence, power, and the ability to manipulate curricula, reward pro-Qatar faculty, and silence dissenting voices.

Georgetown University’s Qatar campus has been exposed for promoting narratives sympathetic to the Muslim Brotherhood, the ideological parent of Hamas. Harvard has seen its Middle Eastern studies programs shaped by Qatari funding, conveniently ignoring radical Islamic terrorism and Qatar’s own human rights abuses.

At Northwestern University’s Doha campus, Hroub serves as a direct pipeline for Al Jazeera’s propaganda machine, legitimizing terrorist sympathizers under the guise of academia.

Qatar’s grip on education is causing an explosion of campus antisemitism

If you want to know why antisemitism has exploded on US campuses, look no further than Qatar’s grip on education. The wave of pro-Hamas demonstrations following October 7, 2023 wasn’t spontaneous – it was the result of years of systematic brainwashing.

From Ivy League universities to small liberal arts colleges, students have taken to the streets chanting “From the river to the sea,” a call for the eradication of Israel. Professors openly defend Hamas, while Jewish students face harassment and violence.

This is not an accident; it is the direct consequence of allowing a hostile foreign power to dictate the educational narrative. But the damage isn’t just limited to universities. Qatar’s influence stretches into K-12 schools through the Qatar Foundation International, which funds Arabic-language programs across the US. While language education is important, QFI uses it as a Trojan horse to introduce anti-Western, pro-Islamist perspectives to American children.

Watching from Morocco, I have seen firsthand how Qatar’s propaganda extends far beyond the US. Through Al Jazeera, Doha exports its toxic ideology to a global audience, controlling narratives and fueling extremist rhetoric.

IT’S NOT just about Hamas. Qatar is a hub for radical Islamism, hosting terrorists and funding organizations that destabilize entire regions. Its influence in academia is just one piece of a larger strategy to reshape global thought in favor of its own agenda.

From the Middle East to North Africa, Qatar’s media empire and educational influence have shaped perceptions, often distorting facts to fit a narrative that supports Islamist movements and erodes Western values. The extent of this manipulation has been vastly underestimated, and the repercussions are now visible on university campuses worldwide.

The good news is that people are finally paying attention. A bipartisan bill in the US Congress aims to ban American universities from accepting money from countries that fund terrorism. If passed, this could be a crucial step in restoring academic integrity and protecting students from foreign manipulation.

Investigative reports have exposed Qatar’s deep web of influence. These revelations are sparking calls for transparency in university funding and greater scrutiny of foreign donations. Universities that claim to uphold academic freedom must be held accountable for their financial ties to foreign regimes that openly undermine the very values they profess to teach.

Beyond the legislative response, a cultural battle must be fought. The glorification of Hamas and the spread of antisemitism in academia cannot simply be attributed to freedom of speech; it is a direct result of a sustained and deliberate effort to radicalize young minds.

University administrators have turned a blind eye, allowing radical professors to indoctrinate students under the guise of scholarly debate. The silence of academic institutions in the face of blatant hate speech and support for terrorist groups exposes a moral crisis within the education system. 

If the funding sources of these institutions remain unchecked, the radicalization of future generations will continue unabated, and the consequences will not be confined to the classroom.

The danger of Qatar’s influence on US education is an urgent national security threat. Universities are selling out to a foreign regime that funds terrorism, spreads hate, and fosters antisemitism. This is not just an issue of free speech; it is about protecting the integrity of American academia and the safety of students.

The next time you hear a professor justifying Hamas or see students glorifying terrorism, ask yourself: Who is funding this? Who is behind it? The answer will likely lead straight to Qatar. This isn’t just an education crisis – it’s a fight for America’s future.

Qatar’s success in infiltrating US education is a direct consequence of negligence at multiple levels. The government has failed to enforce stricter regulations on foreign funding in universities, allowing billions to flow in unchecked. Academic institutions, enticed by lucrative financial incentives, have willingly compromised their intellectual independence.

Meanwhile, the public remains largely unaware of the extent to which foreign influence has shaped discourse in American education. The battle against foreign infiltration in academia will not be won solely through legislative measures; it requires public awareness and institutional courage to resist the allure of easy funding at the cost of national integrity.

The conversation surrounding foreign influence in education must shift from passive concern to active resistance before it is too late.

The writer, a Middle East Forum fellow, is a policy analyst and writer based in Morocco.

https://www.jpost.com/opinion/article-843424


Le Figaro, 23 février

Attentat de Mulhouse : quand l’assaillant Brahim A. comparaissait pour appel au djihad en 2023

L’auteur de l’attaque terroriste à Mulhouse ce samedi avait déjà comparu après la publication d’une vidéo sur son compte Facebook appelant les musulmans à «combattre les mécréants». Il avait écopé de 6 mois de prison ferme et d’une interdiction de territoire français pour dix ans.

Article intégral :      

Le 5 novembre 2023, la France est encore sous le choc de l’attentat d’Arras, survenu le 13 octobre, où un jeune, au cri d’«Allah Akbar», poignarde un professeur, Dominique Bernard. Brahim A., 37 ans, clandestin de nationalité algérienne résident à Mulhouse depuis 2014, prend son téléphone, sort dans la rue et se filme en lançant un appel au djihad. Selon le journal L’Alsace , l’Algérien appelle, face caméra, les musulmans «à se battre pour la Palestine, à prendre les armes et à combattre les mécréants». Il publie sa vidéo sur Facebook et, le soir même, se rend à la mosquée voisine pour en faire la «promotion»«invitant le plus grand nombre à le suivre», selon le procureur de la République de Mulhouse, qui le jugera pour ces propos en comparution immédiate.

Car après cette vidéo, sa famille elle-même, selon nos confrères du journal local, aurait alerté le commissariat. Brahim A. est interpellé chez lui. Sous son oreiller, un couteau est retrouvé près d’un coran. En comparution immédiate, le prévenu s’est défendu de toute responsabilité. «Je me suis mal exprimé. Je ne me suis pas rendu compte de mes propos mais ce n’était pas un appel au djihad guerrier !», a-t-il assuré. Le tribunal de Mulhouse le condamne pourtant à six mois de prison ferme et à l’interdiction de territoire français durant dix ans. Deux ans plus tard, toujours en France, le même Brahim A., sous OQTF, sort un couteau et un tournevis en marge d’une manifestation à Mulhouse et, au cri d’«Allah Akbar»tue une personne et blesse au moins cinq policiers, dont deux grièvement.

Dans le compte rendu de l’audience de décembre 2023 racontée par L’Alsace, l’Algérien affirme qu’il n’avait pas mesuré ses propos : «J’étais en colère, en rupture de soins», arguait-il, expliquant être isolé socialement, sans compagne ni enfant. L’homme présente-t-il des troubles psychiatriques ?L’analyse, à l’époque, avait attesté que le prévenu n’avait «aucune anomalie mentale» et «était conscient de ce qu’il faisait», rapporte le journal local. Après l’attaque de Mulhouse pourtant, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a déclaré que le suspect avait «un profil schizophrène».

Toujours est-il que fin 2023, alors que la France est sous alerte terroriste maximale après les attentats du 7 octobre en Israël perpétrés par le Hamas, le procureur de la République a estimé ces excuses insuffisantes. «Je ne sais pas si vous êtes un loup solitaire ou un agent dormant. Mais je sais que ce que vous avez fait est condamnable. Vous n’avez plus rien à faire en France» a-t-il déclaré avant de requérir une peine de six mois et une interdiction définitive de territoire. Le tribunal a également demandé ce jour-là son inscription au Fijait, le fichier des auteurs d’infractions terroristes.

Après avoir purgé sa peine – dont il a été libéré cinquante jours avant la fin – Brahim A. a été placé sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) et affecté dans un centre de rétention administrative. À dix reprises, les services français ont demandé un laissez-passer consulaire aux autorités algériennes pour l’expulser dans son pays d’origine. Dix fois, Alger a refusé. Samedi soir, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a incriminé l’Algérie pour son manque de coopération.

En attendant le bon vouloir d’Alger, il est assigné à résidence avec obligation journalière de pointer au commissariat. Le profil dangereux de Brahim A. était connu des services de renseignement. Il était «fiché au FSPRT», le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, selon le procureur de Mulhouse, Nicolas Heitz. Selon le ministère de l’Intérieur, un expert judiciaire avait détecté un profil schizophrène chez le suspect.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/attentat-de-mulhouse-quand-l-assaillant-brahim-a-comparaissait-pour-appel-au-djihad-en-2023-20250222


Süddeutsche Zeitung, 23. Februar

Messerangriff am Holocaust-Mahnmal in Berlin:„Es war sein Ziel, Juden zu töten“

Nach dem Messerangriff am Holocaust-Mahnmal gehen die Ermittler von einem antisemitischen Motiv des mutmaßlichen Täters aus. Zudem sei ein Nachahmungseffekt nach den Messerattacken der vergangenen Wochen nicht auszuschließen.

Extraits:  

Er hat sich nicht versteckt, hat wohl auch nicht gebrüllt, wirkte dem ersten Eindruck nach kooperativ und klar im Kopf. Offenbar wollte der Tatverdächtige festgenommen werden, womöglich damit auch im ganzen Land bekannt werden, als Attentäter. Mit blutverschmierten Händen und Kleidern lief ein 19 Jahre alter Syrer nach Angaben der Berliner Generalstaatsanwaltschaft am Freitagabend auf Polizeibeamte am Denkmal für die ermordeten Juden Europas zu.

In dem Stelenfeld mitten in Berlin war drei Stunden zuvor ein Tourist aus Spanien mit einem Jagdmesser lebensgefährlich verletzt worden. Er sei der Täter, soll der junge Mann der Polizei zu Protokoll gegeben haben, ganz ruhig. Er habe Juden töten wollen.

Einen Tag vor der Bundestagswahl wird damit die Reihe blutiger Messerattacken länger, die in Deutschland für Entsetzen und erhebliche politische Verwerfungen sorgen. (…)

Opfer der jüngsten Attacke am Berliner Holocaust-Mahnmal war nach Angaben der Generalstaatsanwaltschaft Berlin ein 30 Jahre alter Spanier, der das Stelenfeld besichtigen wollte. Der Tatverdächtige soll den Mann von hinten angegriffen und ihm ein 20 Zentimeter langes Jagdmesser über die Kehle gezogen haben. Der Spanier kam schwer verletzt ins Krankenhaus, überlebte nach einer Notoperation und künstlichem Koma. (…)

Die Berliner Staatsanwaltschaft geht von einem antisemitischen Tatmotiv aus – und von einer gezielten Anreise des Tatverdächtigen zu dem symbolträchtigen Stelenfeld aus Beton, mit dem in Berlin an Millionen ermordete Juden in der Zeit des Nationalsozialismus erinnert wird. Der Tatverdächtige kam 2023 als unbegleiteter minderjähriger Flüchtling aus Syrien nach Deutschland und lebte mit regulärem Flüchtlingsstatus in Leipzig. Nach eigener Aussage habe er sich bewusst entschieden, nach Berlin zu fahren, weil ihm das Holocaust-Mahnmal als geeigneter Ort für eine solche Tat erschienen sei, sagte der Sprecher der Berliner Staatsanwaltschaft, Sebastian Büchner. „Es war sein Ziel, Juden zu töten.“ Erkennbar sei nach ersten Vernehmungen auch ein Zusammenhang zum Nahostkonflikt geworden.

Hinweise auf eine Mitgliedschaft in einer islamistischen Gruppierung hingegen konnten Ermittler zunächst nicht feststellen. Im Gepäck des Syrers sollen sich neben der Tatwaffe zwar ein Koran, ein Zettel mit Koran-Suren und ein Gebetsteppich befunden haben. Dennoch sehe es bislang eher nach einem Einzeltäter aus, der in den letzten Wochen allein zu seinem Entschluss gekommen sei. (…)

Der Polizei in Sachsen ist der Tatverdächtige nach eigenen Angaben zwar bekannt wegen verschiedener einfacher Straftaten „der allgemeinen Kriminalität“, nicht aber wegen politisch motivierter Straftaten. Einen „Staatsschutzbezug“ habe es bisher nicht gegeben, der Verdächtige sei auch kein Mehrfach- oder Intensivstraftäter.  Auch ausreisepflichtig war der Syrer nicht, er wurde vom Bundesamt für Migration und Flüchtlinge demnach nach der Genfer Flüchtlingskonvention anerkannt. Ob eine psychische Erkrankung vorliegt, ist noch zu klären. (…)

In Berlin löste der Fall heftige Reaktionen aus, aber auch Gesten der Hilflosigkeit. (…)

https://www.sueddeutsche.de/politik/messerangriff-berlin-holocaust-mahnmal-antisemitismus-li.3207095


Le Point, 22 février

« Un islamiste peut-il se convertir à la démocratie ? »

CHRONIQUE. Le libérateur et chef de guerre islamiste Al-Joulani est devenu Ahmed al-Chareh, président de la Syrie. S’accrochant à un espoir de normalisation, l’Occident prend le risque d’être floué.

Extraits:

Un islamiste devient « sexy » sur la scène internationale. Dans un podcast anglais bien en vue (« The Rest Is Politics »), mené par un duo original (l’un de gauche, l’autre de droite), c’est cette fois Ahmed al-Chareh, le président syrien, qui défile. Échange calme, questions sur sa vie, sa femme, ses enfants, ses années d’armes et sa success story jusqu’au palais de Bachar. Voici le résumé de l’émission sur son site : « Comment Ahmed al-Chareh est-il passé du statut de combattant d’Al-Qaïda emprisonné à celui de leader de la Syrie ? Quel est l’impact psychologique d’une vie secrète pendant plus de vingt ans ? Quel est l’avenir de la Syrie ?  »

C’est peu neuf, un peu attendu : l’Occident aime ces parcours de rebelles qui deviennent des histoires de réussite. Aujourd’hui, c’est le président syrien, ancien radical régional de la galaxie islamiste armée (Abou Mohammed al-Joulani de son nom de guerre) qui arrache des soupirs d’admiration méfiante. Qu’est-ce qu’on lui trouve ? Est-il devenu une sorte de Che Guevara assagi ? Un exemple retentissant de la déradicalisation ? Est-ce l’attrait pour le « barbare » aux limites de l’empire ? La question reste ouverte. Les deux journalistes britanniques semblaient plutôt sympathiques, curieux, vraiment attirés et intrigués. À l’image de l’Occident tout entier. Aujourd’hui, Ahmed al-Chareh est très demandé. I est invité dans de nombreuses capitales ; on se bouscule aux portes de son palais ; on rêve de faire des selfies avec lui.

Il y a bien des explications : on cherche un allié après un Bachar el-Assad réduit au statut de serf par Poutine, on aspire de nouveau à une relation stable avec un pays pivot redevenu fréquentable. Jusqu’à ressentir peut-être du soulagement : n’a-t-on pas longtemps désespéré de la Syrie ? N’a-t-on pas haussé les épaules d’impuissance ou d’indifférence quand les Syriens étaient asphyxiés au gaz sarin et dépecés vivants par les hommes de main de la famille Assad ? Aujourd’hui, Ahmed al-Chareh cultive l’humilité et la retenue, ce qui apaise les esprits. Il donne bonne conscience peut-être.

Pourtant, on peut soupçonner un autre soulagement « occidental », du moins chez certains. L’actuel président de la Syrie donne l’illusion d’une réponse à la question qui hante l’Occident depuis trois décennies : peut-on déradicaliser un islamiste ? Par quel moyen : avec des centres de rééducation culturelle ? par l’assimilation ? en faisant preuve de tolérance face à ses excès ? avec de la patience ? par l’économie ou le militaire ?

Le « Che » de Damas multiplie les entretiens et slalome entre les sollicitations. C’est sa bataille de l’« image », et il semble avoir trouvé le ton. On est passé des vidéos farcies de harangues sanguinaires de Daech promouvant un califat de bouchers à une explication presque « new age » de l’islamisme d’État. D’ailleurs, dans ce podcast britannique, la question de la polygamie (marqueur majeur de l’islamisme) n’est pas passée sous silence. « Je n’ai qu’une seule épouse », répond Ahmed al-Chareh. Et il gagne un sourire de ses interlocuteurs.

Al-Chareh, ci-devant le chef de guerre Abou Mohammed al-Joulani, est donc devenu un islamiste fréquentable. Se pose alors l’alternative : faut-il le condamner pour son allégeance « passée » à Al-Qaïda ou l’accueillir au nom de la rédemption politique et morale ? Lui faire confiance, attendre que le temps fasse son effet ? Un ancien chef de guerre islamiste peut-il être un interlocuteur crédible et fiable pour établir une relation politique ? Autant de questions qui agitent les chancelleries occidentales.

Et une autre question s’impose aussitôt : quelle distance le chef de Damas pourra-t-il maintenir avec sa famille politique d’origine dans la région ? L’ennemi d’un islamiste au pouvoir est toujours un autre islamiste qui n’a pas encore accédé au pouvoir. À un certain moment, ce jeu d’équilibre entre les enjeux géopolitiques internationaux et les enjeux régionaux, entre les valeurs occidentales de la démocratie et un prétendu islamisme modéré pourrait bien se rompre.

On garde en tête l’exemple tunisien : après que le parti islamiste tunisien Ennahda eut accédé au pouvoir à Tunis à la suite de la chute de Ben Ali, ses pires adversaires furent ses anciens alliés, ceux qui étaient restés dans le champ de la radicalité exaltante. Car si l’on mène le djihad avec radicalité, l’accession au pouvoir oblige, si l’on ne veut pas finir isolés comme les talibans, à des concessions.

L’Occident, tenté par la mondanité, le soulagement ou la simple curiosité, invite partout le nouveau chef de Damas. Derrière ses raisons, cependant, persiste la question qui n’a pas reçu de réponse convaincante : un islamiste peut-il être guéri et se convertir à la démocratie ? Il n’y a pas de bonne réponse. Cet espoir auquel s’accroche l’Occident peut brouiller la réflexion…

https://www.lepoint.fr/editos-du-point/kamel-daoud-un-islamiste-peut-il-se-convertir-a-la-democratie-21-02-2025-2582963_32.php


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 20. Februar

Ninve Ermagan : Berichte über Attentate: Wir sind die Opfer des Islamismus

Wer sich weigert, islamistischen Terror beim Namen zu nennen, verhöhnt die Opfer. Aus Angst vor dem Vorwurf des Rassismus zu schweigen bestärkt die Täter. Es geht nicht um Narrative, sondern um Wahrheit.

Full text :  

Schon wieder ein Anschlag. Schon wieder ein mutmaßlich islamistisches Motiv. Schon wieder ein Täter, der als Asylbewerber Schutz suchte. Diese Muster wiederholen sich – und mit ihnen die Debatten. Es tut weh, diese Frage auszusprechen: Wie kann es sein, dass jemand, der hier Zuflucht fand, zur Bedrohung für dieses Land wird? Es schmerzt, zu sagen, dass die Täter Asylbewerber sind. Noch mehr schmerzt die Erkenntnis, dass ihre Opfer noch leben könnten, wenn die Täter abgeschoben worden wären. Doch während die demokratische Mitte vorrangig die Fremdenfeindlichkeit der AfD beklagt, bleibt eine wesentliche Debatte aus: die über die Ideologie hinter diesen Taten.

Islamismus ist keine Randnotiz. Es ist eine totalitäre, gewaltverherrlichende Anschauung, die nicht relativiert, sondern bekämpft werden muss. Viele glauben, es genüge, sich demonstrativ gegen die AfD zu positionieren, um moralisch auf der richtigen Seite zu stehen – und damit alle Pflichten eines guten Bürgers erfüllt zu haben. Doch das reicht nicht. Als Migrantin, als Assyrerin, als orientalische Christin weiß ich: Die Bedrohung kommt aus vielen Richtungen. Und islamistischer Extremismus ist nicht nur ein Problem für westliche Mehrheitsgesellschaften – er ist vor allem ein Problem für diejenigen, die ihm entkommen wollten.

In unseren Herkunftsländern gibt es für Menschen wie mich keine Freiheit. Islamisch-autoritäre Regime unterdrücken Minderheiten, entrechten sie und degradieren sie zu Menschen zweiter Klasse. Islamisten machen Jagd auf jeden, der nicht in ihr fanatisches Weltbild passt. Ich bin mit Geschichten aufgewachsen, in denen Kirchen bombardiert, Christen massakriert, Busse überfallen und Träger einer Kreuzkette brutal geköpft wurden. Wir sind die Opfer des Islamismus – und wir zucken auf, wenn Islamisten auch in Deutschland Fuß fassen. Ein geflüchteter assyrisch-christlicher Freund hat mittlerweile Angst, hier in die Kirche zu gehen. Er hat seine Eltern und Geschwister durch Anschläge im Irak verloren. Mittlerweile will er nach Griechenland fliehen – er glaubt, dort sei es sicherer.

Dieses Trauma endet nicht mit der Flucht. Daraus entsteht ein Hass, der tief sitzt. So ist es für viele Orientchristen ein Tabubruch, eine Beziehung mit einem Muslim zu führen. Als eine Bekannte von mir es wagte, wurde sie von ihrer Familie verstoßen. Auch als ihr Freund zum Christentum konvertieren wollte, entgegnete man ihr: „Sein Blut ist schon verdreckt.“ Ich war eine der wenigen, die auf ihre Hochzeit ging, und versuchte vergeblich, auf die männlichen Familienmitglieder einzureden. Keine Chance. Die Fronten sind verhärtet.

Statt eine ehrliche Debatte über das Problem des islamistischen Terrors zu führen, ist das Klima vergiftet. Rechte Hetzer erklären alle Migranten zur Bedrohung. Linke Kreise tun das Gegenteil: Sie relativieren, leugnen und verharmlosen den Terror. Ein Beispiel: Ein Reel der Influencerin Ariana Baborie hat über 100.000 Likes – darin vergleicht sie islamistische Anschläge mit schweren, aber unpolitischen Gewalttaten von Deutschen. Doch dieser Vergleich ist nicht nur falsch, sondern gefährlich. Es ist purer Whataboutism. Es ist pure Verhöhnung der Opfer. Denn es gibt einen entscheidenden Unterschied: In Villach, München, Solingen und Mannheim liegt ein extremistisches Motiv vor. Extremistische Gewalt ist mehr als Kriminalität – sie ist eine ideologische Waffe gegen unsere Gesellschaft – im Gegensatz zu individueller Gewalt, die meist persönliche Gründe hat. Wann verstehen diese Menschen endlich, dass man Gewalt nicht gegeneinander ausspielen kann?

Seit dem Hamas-Angriff auf Israel am 7. Oktober 2023 nimmt der dschihadistische Terror zu. Der Terrorismusexperte Peter R. Neumann erklärt, dass die größte Terrorgefahr in Deutschland wieder vom Islamismus ausgehe, denn Anschlagsversuche seien um ein Vielfaches angestiegen. Dennoch empören sich manche mehr über diejenigen, die darauf hinweisen, als über die Täter selbst. Viele in meinem Umfeld teilen zum Anschlag in München nichts – außer das Statement der Familie des Opfers, die darum bittet, die Tat nicht für Fremdenfeindlichkeit zu instrumentalisieren.

Das ist richtig, aber reicht das? In deutschen Großstädten demonstrierten Zehntausende gegen die AfD und die „Normalisierung rechter Positionen“. Kein Wort zu den islamistischen Morden der vergangenen Wochen. Warum nicht beides? Ich kann gegen die AfD sein und trotzdem religiösen Extremismus verurteilen. Ja, natürlich muss der xenophoben Hetze der AfD widersprochen werden. Natürlich müssen wir über Sinn und Unsinn von Abschiebungen sprechen, die oft die Falschen treffen – etwa Eziden, die vor dem IS geflohen sind. Gefährlich wird es, „wenn euch die Kritik des religiösen Extremismus mehr stört als der religiöse Extremismus“, warnt die ezidische Journalistin Düzen Tekkal. Denn dann „helft ihr nur denjenigen, die uns unterdrücken“.

All das belastet mich enorm – vor allem weil ich feststellen muss, dass ich mit meiner Haltung in der Medienbranche oft allein dastehe. Einmal meinte eine Kollegin zu mir: „Warum sollten wir über Mannheim berichten? Nur weil der Täter ein Afghane war?“ Ich saß dort, wie erstarrt, und wollte am liebsten losweinen. Ein Polizist wurde vor aller Augen von einem IS-Sympathisanten ermordet. Wer wollte, konnte es im Livestream mitverfolgen. In dem Moment verstand ich, dass meine verfolgten Landsleute und all jene, die Opfer des Islamismus sind, für diese Menschen keine Rolle spielen – weil die Täter nicht ins gewünschte Narrativ passen.

Das zeigt auch das Beispiel des irakischen Christen Salwan Momika: Als er im August 2023 in Schweden öffentlich einen Koran verbrannte, sorgte das weltweit für heftige Reaktionen. Westliche Medien sahen die Grenzen der Meinungsfreiheit überschritten, Schweden stand unter internationalem Druck, solche Aktionen per Gesetz zu untersagen, schreibt der Autor Hamed Abdel-Samad in der NZZ. Doch als Momika im Januar in seiner Wohnung erschossen wurde, sei das in den Nachrichten nur als Randnotiz wahrgenommen worden, so Abdel-Samad.

Sie schweigen, weil sie Angst vor Rassismusvorwürfen haben. Doch Schweigen schützt niemanden – es ist eine Einladung zur Wiederholung. Bei all den Gewalttaten frage ich mich: Wo ist ihre rote Linie? Wie viele Opfer, wie viel Terror? Wir analysieren, relativieren und zerteilen, bis der Kern des Problems verschwindet. Wir verharmlosen so lange, bis wir nicht einmal mehr merken, wie wir die Opfer verhöhnen. Unsere größte Angst ist nicht der Terror. Es ist, der AfD in die Hände zu spielen. Genau dieses Duckmäusertum stärkt am Ende jene Kräfte, die wir eigentlich bekämpfen wollen.

https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/medien/berichte-ueber-attentate-islamismus-ist-keine-randnotiz-110304996.html


Le Figaro, 14 février

«Ne fais pas comme les mécréants» : ces islamistes qui exigent de ne pas fêter les anniversaires, le Nouvel an ou la Saint-Valentin

ENQUÊTE – De nombreux Français d’origine maghrébine sont sous la pression de musulmans intégristes, qui considèrent que célébrer les fêtes «occidentales» relève notamment du «shirk», un péché mortel en islam.

Extraits:

Zineb* est une jeune Française d’origine algérienne, âgée de 27 ans. Comme tous les jeunes de son âge, elle voulait, pour ses 25 ans, marquer le coup. Elle avait ainsi prévu d’organiser une grande fête d’anniversaire, et donc de privatiser une petite salle de réception de sa commune, en région parisienne. Elle voulait y accueillir ses amis et sa famille proche, autour d’un buffet et d’une piste de danse. C’était la première fois qu’elle avait l’idée de réunir ses parents, son frère, sa sœur et ses amis dans un même endroit.

Zineb a toujours vécu dans une famille musulmane dite «modérée», ne consommant pas de porc, allant à la mosquée lorsque c’est possible, mais ne sombrant jamais dans l’obscurantisme ou les interdictions qu’elle juge «stupides». Elle n’a également jamais porté le voile, sauf en de rares événements, lors d’enterrements par exemple, comme elle l’affirme au Figaro. Alors, au cours d’un repas réunissant une dizaine de membres de sa famille, elle profite de l’occasion pour évoquer son projet. Mais ce dernier ne s’avère pas au goût de tout le monde: l’un de ses cousins, qu’elle voit en de rares occasions, commence à lui faire un «rappel  sur l’islam»«Fêter son anniversaire, ça n’a rien de musulman», lui martèle-t-il. «Il m’a dit devant mes parents que je ne devais pas faire “comme tous ces mécréants”, et que selon lui, faire une fête de cet acabit impliquait tout un tas de “péchés“ qui allaient me mener “à ma perte”», nous confie-t-elle. Parmi ces péchés, la présence de femmes en présence d’hommes et la diffusion de musiques «satanistes».

«J’aurais dû m’en douter, puisque à chaque fois que je voyais ce cousin, il me listait les vertus du voile, et en quoi Allah allait me sauver s’il me voyait avec. “C’est une question de pudeur”, soit disant», poursuit Zineb. Depuis cet incident, la jeune femme limite «au maximum» ses interactions avec lui. «Le coup de la fête, c’était la goutte d’eau. C’est la famille, donc ce n’est pas toujours facile, mais je m’arrange pour ne pas être là quand je sais qu’il est invité à certains dîners ou réunions…» Elle n’en a jamais été proche, mais l’influence de son cousin sur la famille est telle qu’elle a décidé de ne pas privatiser de salle des fêtes pour ses 25 ans: elle y a préféré la discrétion d’un restaurant entre amis, sans aucun membre de sa famille à sa table, «pour éviter les on-dit». (…)

Les témoignages de Zineb et Sofiane sont les plus marquants d’une longue liste parvenue au Figaro. Sarah*, quadragénaire divorcée qui fêtait Noël avec ses enfants, s’est vue menacée par son propre père d’être «reniée» après qu’il a appris la nouvelle. Mehdi, qui a retrouvé dans sa trentaine un ami d’enfance après l’avoir perdu de vue, a essuyé ses critiques lorsqu’il lui a proposé de fêter le nouvel an avec lui. En France, de très nombreuses personnes d’origine maghrébine se voient aujourd’hui mises sous pression par des proches, des amis, voire de simples connaissances s’étant radicalisées ces dernières années. Ceux-là leur reprochent de célébrer les fêtes dites «occidentales», qu’elles soient religieuses ou d’origine païenne, comme le Nouvel an, la Saint-Valentin, Noël, Halloween et même les anniversaires.

Ainsice n’est pas un hasard si, à Noël dernier, le joueur de football Mohammed Salah, qui avait publié une photo de lui et sa famille en pyjama devant un sapin, a été la cible de centaines d’insultes sur les réseaux sociaux. «Malgré tous les avertissements, tu continues à être dans cette posture. Qu’Allah te garde. Désormais, je vais me désabonner de toutes tes plateformes et te bloquer. Tu es une honte!», a écrit un internaute sous sa publication, toujours visible aujourd’hui. «Crains Allah. Ni l’argent ni les enfants ne te profiteront le jour du jugement», en écrit un autre.

Pour comprendre ce nouveau phénomène de haine, qui déchire familles et communautés, explorons, dans un premier temps, Internet. Lorsque l’on demande à n’importe quel navigateur de recherche si l’on peut fêter Noël, le nouvel an, la Saint-Valentin ou son anniversaire en tant que musulman, une multitude de blogs se disant spécialisé dans l’étude des textes coraniques assurent que… non, c’est impossible, car l’islam l’interdit.

C’est par exemple le cas du site «Zawaj Sounnah», la «1ere plateforme de rencontre 100% halal», qui se dit être un «service d’intermédiaire qui aide les musulmans francophones à se marier de manière légiférée»«Il ne fait aucun doute que fêter la Saint-Valentin est haram», peut-on lire sur une page dédiée. Pour le prouver, le site affirme que la Saint-Valentin prend sa source dans les Lupercales, des fêtes romaines lors desquelles les «prêtres luperques allaient sacrifier un bouc» puis «découpaient des lanières dans la peau de la bête sacrifiée pour fouetter au passage les femmes rencontrées pour les rendre fécondes». Le site poursuit en assurant que «lorsque le musulman célèbre la Saint-Valentin, cela implique qu’il cautionne: la croyance en une autre divinité qu’Allah; le fait d’attribuer des pouvoirs qui n’appartiennent qu’à Allah à des créatures; et la pratique de rituels s’apparentant à la sorcellerie». (…)

Concernant le nouvel an, au-delà de dizaines de vidéos TikTok qui martèlent qu’il est «interdit de fêter le réveillon du 31 décembre dans la religion musulmane» (des vidéos consultées et «likées» des dizaines de milliers de fois), un autre blog, intitulé 3ilmchar3i.net, assure qu’«il est interdit au musulman de répondre à l’invitation à cette occasion (…) Il est également interdit aux musulmans d’imiter les infidèles en célébrant leurs fêtes, en échangeant des cadeaux, en distribuant des bonbons ou des repas ou en abandonnant le travail et d’autres actes semblables.»

Un autre blog, islam.ms, indique qu’«en islam, on ne célèbre pas les fêtes des non-musulmans». L’argument était déjà revenu dans la bouche du chanteur populaire Maître Gims, en 2022. Dans une vidéo diffusée sur ses réseaux, il avait dit: «Nouvel an, laissez-moi avec ça, vous savez que je n’ai jamais répondu à ça. Les muslims, ce ne sont pas nos trucs à nous. Ce n’est pas méchant. Mais restons forts sur nos valeurs (…) Est-ce que les compagnons (du prophète), ils ont fêté le Nouvel An?». (…)

L’argument, communautaire, est profondément séparatiste, comme le note auprès du Figaro l’islamologue Razika Adnani, autrice de Sortir de l’islamisme (éditions Erick Bonnier, décembre 2024). «Pendant les fêtes, les musulmans fondamentalistes et extrémistes s’activent pour empêcher les musulmans et les Français d’origine maghrébine de vivre des moments de joie comme n’importe quel autre citoyen», commence-t-elle. «Ils estiment que les “vrais” musulmans n’ont pas à s’assimiler aux “mécréants”, et que c’est à eux d’imposer leur culture à autrui.» S’ils s’assimilent, alors ils sortent de l’«oumma», soit la communauté que forme l’ensemble des musulmans à travers le monde.

Pour affirmer cela, les islamistes se fondent sur un «hadith» (une action du prophète de l’islam rapportée par un «transmetteur»). D’après ce hadith, rapporté par Abou Dawoud au 9e siècle après Jésus Christ, Mahomet aurait insisté sur le fait que «celui qui imite un peuple en fait partie. Ainsi, celui, parmi les musulmans, qui imite les mécréants en ce qui leur est spécifique (…) admet leur apparence, leur attitude, et le fait de faire partie d’eux». Un hadith qui, comme souvent, peut être interprété de différentes façons selon sa traduction. «La peur du “qu’en-dira-t-on” et la crainte d’être un “mauvais musulman” est ce qui motive nos proches de nous traiter ainsi», estime d’ailleurs Sofiane. «La phrase qui revenait souvent c’est “Regarde, il se prend pour un français, la honte”… On déshonore et on fait honte à la “oumma” en se comportant ainsi.» (…)

Comme le souligne Laurène Renaut, doctorante en sciences du langage à l’université de Cergy-Pontoise, dans une étude intitulée «Radicalisation djihadiste et discours victimaires sur les réseaux sociaux, de la victime au bourreau», les islamistes, qui multiplient les publications sur les réseaux sociaux, attirent les musulmans et les Français d’origine maghrébine dans leurs filets en prônant un «idéal islamique blessé».

«Se présentant comme victimes de discriminations quotidiennes, les profils dénoncent les inégalités dont ils font l’objet (…) notamment dans les écoles, devant la justice mais aussi dans l’espace public avec le port de la burqa qui cristallise le ressentiment», peut-on lire. Ces prédicateurs vont ainsi convaincre leurs proies de rejeter les lois nationales afin de s’«unir» dans l’«oumma», en rappelant les «méfaits» de la France et de l’Occident lors de l’ancienne colonisation algérienne ou durant les conflits successifs à Gaza. Puisque «victimes», les islamistes ne peuvent concevoir que l’on puisse «s’allier à l’oppresseur» – d’où ce rejet grandissant des fêtes occidentales.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/ne-fais-pas-comme-les-mecreants-ces-islamistes-qui-exigent-de-ne-pas-feter-les-anniversaires-le-nouvel-an-ou-la-saint-valentin-20250213


Le Point, 8 février

Kamel Daoud : « Pourquoi l’exécution de Momika est un tournant »

CHRONIQUE. Le réfugié irakien et activiste anti-islam Salwan Momika a été assassiné en Suède. Une mise en garde pour les dissidents politiques ou confessionnels, qui n’ont plus de sanctuaire.

Extraits:

Il est possible que l’Occident soit semblable à l’Ukraine : une cause juste avec des moyens de victoire limités. De la même façon, la Palestine représente une cause juste (libération ou droit à une terre) pour le monde arabe, mais elle est animée par une théorie erronée et profondément enracinée (la judéophobie plutôt que la justice).

Alors, qu’en est-il cette semaine ? De l’Occident qui ne sait plus se défendre, ni même défendre ceux qui s’y réfugient pour fuir l’oppression. Pour cause : les élites locales culpabilisantes, le passif colonial brandi comme une menace de casier judiciaire, la neurasthénie en effet collatéral du confort de la civilisation, ou encore les idiots utiles et la perte de puissance au nom de la repentance. Tout cela, nous le savons déjà : ceux qui reprochent à la France son impuissance sur le cas Sansal, par exemple, évitent d’admettre que le verdict vaut pour l’Occident démocratique en général. C’est d’ailleurs ce qui explique, en partie, l’élection de Trump. Il incarne l’idiot de Faulkner dans Le Bruit et la Fureur, mais aussi la puissance du passage à l’acte, le « muscle » et l’action. Il fait rêver d’un retour de la force.

Mais un autre constat plus alarmant s’impose avec un événement survenu ces derniers jours en Suède : l’Occident ne peut même plus protéger un dissident, même hystérique, issu du monde dit musulman et qui en est venu à dénoncer, dans l’outrage calculé, l’islamisme international comme menace pour tous, le tout avec les mises en scène d’autodafé perçues comme outrageantes par des croyants.

À Stockholm, un homme vient d’être exécuté à la manière d’un contrat de mafia. Ironie du sort, ce fut quelques heures seulement avant que la justice suédoise ne le poursuive pour incitation à la haine. Apparemment, ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd : les tueurs à gages avaient anticipé les desiderata de la justice de cette démocratie. Voilà qui est fait : un homme qui avait choisi d’entrer dans la « viralité médiatique » en brûlant un livre sacré s’est retrouvé pris au piège de notre époque toxique. D’un côté, il y a ceux qui se sentent offensés dans leurs convictions et qui approuvent la terreur. De l’autre, il y a ceux qui pensent qu’un discours incitant à la haine met en péril la démocratie. Solution du problème ? Une condamnation pour incitation à la haine, donc, anticipée par un verdict de mort, exécuté.

On observe une immense jubilation sur les réseaux sociaux, dans certains milieux fascistes et islamistes. L’ennemi de Dieu a été rattrapé par la justice des gens qui se prennent pour lui. (…)

« En quoi ça te concerne ? » avait lancé, juste avant de mourir après une attaque au couteau, un migrant clandestin algérien, venu d’Algérie boire un verre de vin à Bordeaux en contemplant un miroir d’eau. C’était il y a quelques mois en France, le jour d’une fête musulmane. Le jeune Algérien fut poignardé par un Afghan qui lui reprochait un outrage : avoir bu du vin un jour de fête sacrée.

On peut être partagé quant à la valeur de l’autodafé, malvenu ou bien calculé, de Salwan Momika en Suède pour provoquer des réactions. Il n’en reste pas moins que le message des exécuteurs est puissant, dangereux et effrayant. Ceux qui ont enfin goûté à la liberté occidentale, après avoir échappé aux régimes totalitaires confessionnels qui se sont établis au Sud, le savent désormais. Ils en tirent la conclusion dans un profond silence.

Mais où aller pour profiter pleinement de cette liberté ?

Car, si certains estiment que l’autodafé de cet Irakien est offensant et inutile, d’autres y voient un acte de liberté, un spectacle de soi. Les réactions dans l’univers des réseaux sociaux, reflet grossier des opinions dominantes, ne sont cependant plus à ce débat sur l’usage des libertés et le respect des croyances. Aujourd’hui, le message des assassins est clair : « On frappera partout ! » C’est un tournant. Les dissidents des confessions dominantes ont désormais compris ce que les dissidents russes savent déjà : la distinction entre les pays d’exil et les pays d’asile n’est parfois qu’une question de théorie.

https://www.lepoint.fr/editos-du-point/les-lecons-de-l-execution-de-salwan-momika-07-02-2025-2581767_32.php


Le Point, 7 février, article payant    

Peggy Sastre : Jusqu’où ira la complaisance avec l’islamisme ?

ÉDITO. L’exécution pour blasphème, en Suède, de Salwan Momika ou le débat sur les burkinis en Suisse renforcent la lassitude face à l’aveuglement et aux têtes qui se baissent.

Extraits:

Il y a des coïncidences qui ressemblent à des carambolages. Mercredi 29 janvier, une semaine après la décision du Grand Conseil genevois de ne pas interdire le burkini dans les piscines publiques, la chaîne Léman Bleu consacrait son émission Le PoinG à cette nouvelle polémique helvète. Parmi les invités, Carole Fumeaux, secrétaire générale de la Licra-Genève, allait y défendre une position « nuancée », prônant dialogue et libre choix, tout en récusant les amalgames entre burkini et islamisme radical.

Environ six minutes après le début de l’émission, elle tint ce langage qu’on pourrait facilement croire pondu par une IA fainéante à laquelle on aurait commandé « ouvre-moi un robinet d’eau tiède se croyant humaniste ». Jugez plutôt :

« Pour résumer, moi, je pense qu’il s’agit ici d’une forme de panique morale. Effectivement, on peut poser la question, en voyant deux mondes qui se font face, reprendre cette thématique du choc des civilisations, ou bien peut-être plutôt considérer l’altérité comme une possibilité de construire son identité, non pas dans le rejet de l’autre mais dans une interrogation de soi-même par rapport à ce qui nous est proposé. Donc on essaye plutôt d’échapper à cette mise en problème, de dépassionner le débat, parce que, là derrière, il y a la construction de ce qui s’appelle un peu le folk devil. Et quand il y a ce diable populaire qui est construit, on sait quelles portes sont ouvertes. Et c’est justement ces portes-là qu’on aimerait laisser fermées pour le bien-être du vivre-ensemble. »

Ici fut la collision. Car c’est juste après avoir entendu cela, alors que j’étais déjà en train de me demander quel genre de construction de mon identité, quel genre d’interrogation sur moi-même il m’était possible de tirer d’une « proposition » idéologique me considérant comme un être inférieur dont les cheveux découverts sont un appel au viol que j’aurais mérité, oui, c’est précisément à ce moment-là qu’une autre information me percuta la cervelle.

Celle de l’exécution, dans la banlieue de Stockholm, de Salwan Momika, ce réfugié irakien âgé de 38 ans, chrétien, qui, en juin 2023, s’était posté devant la principale mosquée de la capitale suédoise avec un ami pour piétiner un exemplaire du Coran et y mettre le feu.

Là, voyez-vous, l’envie de rigoler m’a subitement quittée. D’autant plus que Momika n’avait pas seulement été tué chez lui et sans doute en plein direct sur son compte TikTok aux 165 000 abonnés, j’apprenais qu’il s’était fait dessouder pile-poil la veille du jour où un tribunal suédois s’apprêtait à le juger pour « incitation à la haine ethnique ». (…)

Nous voilà quasiment trente-six ans après la première fatwa contre Salman Rushdie et les victimes de l’islamisme se comptent par milliers dans nos contrées prétendument libres. Elles sont d’ailleurs devenues n’importe qui – littéralement, tout le monde. Des foules sur des marchés, à des terrasses, des gens sans nom ou qu’il faut se lever tôt pour connaître. Parmi cette liste de noms trop longue, celui de Daoud Bouach, Algérien poignardé au printemps dernier pour avoir bu du rosé à Bordeaux.

La grammaire aussi, elle dégoûte. « Poignardé pour » : comme s’il y avait une cause à l’effet, un coup qu’on aurait dû forcément voir venir. Ce sont tous ces articles bâtonnés nous avisant que Salwan Momika a été fusillé chez lui parce qu’il était un « profanateur » de Coran et qu’il avait « déclenché » des « manifestations de colère ». Comme s’il y avait là une juste rétribution, une logique qui ne serait pas celle de la capitulation. De la trouille et du silence forcé. Des têtes qui se baissent pour ne pas risquer la décapitation pour sacrilège.

Tout ce que la madame de la Licra-Genève souhaiterait que je prenne comme une fertile occasion de m’interroger sur moi-même, aveugle et sourde qu’elle est à ces diables non pas construits mais bien réels nous grignotant, jour après jour, ce qui fait que la vie mérite d’être vécue ; surtout quand on sait qu’il n’y en aura pas d’autre à nous attendre, à nous ouvrir ses portes après la mort.

https://www.lepoint.fr/editos-du-point/assassinat-de-salwan-momika-jusqu-ou-ira-la-complaisance-avec-l-islamisme-07-02-2025-2581754_32.php


Neue Zürcher Zeitung, 3. Februar, nur für Abonnenten     

Salwan Momika protestierte mit Koranverbrennungen. Seine Ermordung zeigt: Noch nie lebten Islamkritiker in Europa so gefährlich wie heute

2023 verbrannte Salwan Momika in Schweden einen Koran. Die Frage sei, wie wir künftig mit solchen Taten umgingen, schreibt der Politikwissenschafter Hamed Abdel-Samad. Ein Kniefall vor den Fanatikern sei nicht die Antwort.

Extraits:

Als der Iraker Salwan Momika im August 2023 in Schweden einen Koran verbrannte, löste er in der islamischen Welt einen Sturm der Entrüstung aus. Westliche Medien berichteten ausführlich, Schweden geriet unter Druck, solche Aktionen gesetzlich zu verbieten, Feuilletonisten warnten vor den Folgen. Doch als Momika am Donnerstag während eines Tiktok-Livestreams in seiner Wohnung in der Stadt Södertälje erschossen wurde, blieb sein Tod eine Fussnote in den Nachrichten.

Diese Diskrepanz wirft eine beunruhigende Frage auf: Warum erregt die Verbrennung eines Buches mehr Aufmerksamkeit als der Tod eines Menschen? In der arabischen Welt wurde die Ermordung Momikas teilweise mit Jubel oder Schadenfreude aufgenommen. Die wenigen, die die Tat verurteilten, stellten Täter und Opfer auf eine Stufe. Momika habe sich durch seine Provokationen selbst schuldig gemacht, hiess es. Er habe die Gefühle der Muslime verletzt und sei deshalb genauso radikal wie sein Mörder.

Der Vorwurf, religiöse Gefühle verletzt zu haben, ist mir nicht fremd. Seit mehr als elf Jahren lebe ich unter Polizeischutz, unzählige Morddrohungen haben mich begleitet. Ähnlich erging es Salman Rushdie nach der Veröffentlichung seiner «Satanischen Verse». 33 Jahre lang lebte er im Untergrund, bis er 2022 während einer Lesung in New York beinahe mit mehreren Messerstichen getötet wurde. Auch in Mannheim überlebte im vergangenen Jahr ein Islamkritiker nur knapp ein Attentat.

Das sind keine Einzelfälle. Sie sind Teil eines bedrohlichen Musters: Noch nie war es für Islamkritiker in Europa so gefährlich wie heute. Vielleicht, weil unsere ach so progressive Identitätspolitik es zugelassen hat, dass religiöse Gefühle mehr zählen als Meinungsfreiheit. Vielleicht, weil einige hundert Seiten Papier – oder das, was sie symbolisieren – für die Diversity-Apostel mehr wert sind als ein Menschenleben.

Im August 2023 kontaktierte mich Salwan Momika. Er bat mich, seine Aktionen in säkularen arabischen Kreisen zu unterstützen. Ich lehnte ab. «Man kann Bücher kritisieren», sagte ich ihm, «aber man sollte sie nicht verbrennen.» Ich fragte ihn, was er mit seiner Aktion bezwecke. Seine Antwort war ebenso entschlossen wie naiv: Er wolle den Koran in Schweden verbieten lassen.

Ich warnte ihn. «Du berufst dich auf die offene Gesellschaft», sagte ich, «aber du sprichst den Muslimen das gleiche Recht auf Religionsausübung ab. Kritik sollte eine Kommunikationsstrategie sein, nicht ein Abbruch der Kommunikation.» Schliesslich sagte ich ihm: «Keine Idee, keine Sache der Welt ist es wert, dafür zu sterben.» Doch Momika blieb unerbittlich. «Ich bin bereit, für meine Freiheit zu sterben», antwortete er.

Er wollte beweisen, dass der Koran zum Terror aufruft. Tragischerweise gelang ihm das nur durch seinen eigenen Tod. Doch auch sein Mörder handelte mit heiligem Furor – und steht nicht stellvertretend für alle Muslime. (…)

In den Kommentarspalten unter den Nachrichten über Momikas Ermordung finden sich Schadenfreude und Beschwichtigung. Viele Muslime feierten die Tat als Sieg des Islams und als Niederlage seiner Feinde. «Möge sein Tod eine Warnung für all jene sein, die glauben, ihr Leben im ungläubigen Westen sei ausserhalb der Reichweite von Allahs Gesetzen», schreibt einer.

Andere warnen vor den Folgen. «Dieser Mord schadet den Muslimen weltweit», heisst es in einem Kommentar. «Rechtsextreme werden die Tat ausnutzen, um Gesetze gegen Muslime zu verabschieden.» Der Autor schliesst mit den Worten: «Der Mörder ist genauso extrem wie der Mann, der den Koran verbrannt hat. Beide sind Feinde der Muslime.»

Doch selbst dieser Kommentar offenbart zwei Probleme: Erstens jubeln einige Muslime nach jedem Anschlag eines radikalen Muslims, während andere den Islam und die Muslime als die eigentlichen Opfer darstellen. Für sie ist ein Terroranschlag nicht deshalb schlecht, weil er unmenschlich ist, sondern weil er dem Ansehen des Islams schadet. Zweitens werden Täter und Opfer, Kritik und Gewalt gleichgesetzt. Dabei hat Momika nie zur Gewalt gegen Muslime aufgerufen. Er hatte radikale Ideen, aber er hat sie im Rahmen des Rechtsstaates geäussert.

Die Frage ist, wie wir in Zukunft mit solchen Taten umgehen. Soll jede Koranverbrennung – und jede Kritik am Koran – verboten werden, um Terroristen nicht zu provozieren? Würden sich Terroristen damit zufriedengeben oder auch moderate Kritiker und Islam-Reformer ins Visier nehmen? Wie viel Macht darf der Koran noch haben?

Eine Szene aus meiner Kindheit in einer ägyptischen Dorfschule Ende der siebziger Jahre hat mir die Macht des Korans eindrücklich vor Augen geführt. Ein Schüler warf die Tasche eines anderen Schülers auf den Boden. Als der Besitzer sich beschwerte und sagte, in der Tasche sei das Religionsbuch, wurde der Lehrer wütend. Er schlug dem «Sünder» mit einem Bambusstock auf die Hände, dann auf die nackten Füsse und trat ihm mehrmals in den Hintern, bis der Junge zu Boden fiel. Als er wieder aufstand, zwang ihn der Lehrer, sich nicht bei dem anderen Schüler, sondern beim Religionsbuch zu entschuldigen. «In diesem Buch stehen die Worte Gottes», schrie er. «Sie müssen respektiert werden!»

Der Schüler küsste zitternd das Buch und bat weinend um Vergebung. Dieses Tribunal sollte uns zeigen, dass ein Exemplar eines millionenfach gedruckten Buches mehr wert ist als das Wohlergehen eines Schülers. Diese Haltung prägt viele Muslime bis heute. Der Koran ist für sie nicht nur Verfassung, sondern auch Hüter ihrer Identität und Existenz. (…)

Ich habe immer betont, dass die Lösung in den Händen der Muslime selbst liegt. Anstatt 7 Milliarden Nichtmuslimen die Kritik am Koran zu verbieten – was nahezu unmöglich ist –, sollten sie lernen, mit Religionskritik, auch mit unfairer Kritik, gelassener umzugehen. Die Lösung kann nie sein, dass die Kritiker verstummen.

Hamed Abdel-Samad ist deutsch-ägyptischer Politikwissenschafter und Buchautor. 2024 erschien sein Buch «Der Preis der Freiheit. Eine Warnung an den Westen» beim DTV-Verlag, München.

https://www.nzz.ch/feuilleton/chronik-eines-angekuendigten-todes-die-ermordung-von-salwan-momika-ist-teil-eines-bedrohlichen-musters-noch-nie-war-es-fuer-islamkritiker-in-europa-so-gefaehrlich-wie-heute-ld.1868972


Neue Zürcher Zeitung, 31. Januar, nur für Abonnenten     

Wer Vollschleier trägt, darf nicht Auto fahren – das Grundrecht auf Religionsfreiheit muss zurücktreten

Eine junge Ostdeutsche, die zum Islam übergetreten ist, klagte gegen das Land Berlin auf eine Ausnahmegenehmigung und unterlag. Der Prozess wird von einem Islamverein finanziert, der bis zum Bundesverfassungsgericht gehen will.

Extraits:

Schon um den Gerichtssaal als Klägerin vollverschleiert zu betreten, brauchte Nancy A. eine besondere Erlaubnis des Gerichts. Um ihre Identität nachzuweisen, hebt sie an diesem Montag den Schleier nur für die Richterin in einem separaten Raum. Die 33-jährige Frau aus Ostberlin ist 2016 zum Islam übergetreten. Sie verlässt ihre Wohnung nur im Nikab und hält dies für ihre religiöse Pflicht.

Sie fährt auch verschleiert Auto, doch das ist in Deutschland verboten. Mehrfach wurde sie geblitzt. Das Bussgeld wurde stets nur für den Verkehrsverstoss erhoben, wie sie freimütig zugibt, nicht für das Tragen des Schleiers. Sie klagt, weil sie eine Ausnahmegenehmigung möchte, um mit Gesichtsschleier fahren zu dürfen. Die zuständige Behörde hatte das abgelehnt. Das Gericht lehnt ebenfalls ab.

Der Prozess wird finanziert von der Föderalen Islamischen Union (FIU), einem Verein aus Hannover, der als salafistisch galt und in mehreren Bundesländern vom Verfassungsschutz beobachtet wurde. (…)

Nancy A. hat drei Kinder und einen Job in einer Flüchtlingsunterkunft, zu dem sie mit dem Auto fahren will. Zunächst hatte sie nach ihrem Übertritt zum Islam nur das Kopftuch getragen, aber der religiöse Lehrer habe sie davon überzeugt, dass dies nicht ausreiche. «Der Sheikh hat es mir so beigebracht, und ich fand es überzeugend», sagt sie vor dem Verwaltungsgericht in Berlin. Der weibliche Körper habe «Aura», das bedeute Scham, und diese erfasse auch das Gesicht. Von ihr sind nur die Augen zu sehen.

In der Verhandlung stehen kleinere Fragen auf dem Programm und grössere. Hat man mit dem Schleier Rundumsicht? Ist man zu identifizieren, falls man geblitzt wird? Und ist nicht das Grundrecht auf Religionsausübung schrankenlos in Deutschland gewährleistet, was es sehr schwer macht, es einzuschränken? Braucht es dafür ein Gesetz, oder reicht die Strassenverkehrsordnung? (…)

Kirschbaum rechnet zwar damit, dass die Klage abgewiesen wird, stellt aber dennoch mehr als ein Dutzend Beweisanträge. Das Gericht könne ja selbst einmal mit Nikab Auto fahren, schlägt er vor, als Augenscheinsbeweis. Dann würden die Richterinnen schon sehen, dass die Sicht nicht eingeschränkt sei.

Die Kammer weist den Antrag zurück, da es dem Gericht nicht zugemutet werden könne, einen Rechtsbruch zu begehen. Kirschbaum stellt als neuen Antrag, das Gericht könne auf einem privaten Übungsplatz mit Schleier Auto fahren, etwa beim ADAC. Die Richterin Heike Grigoleit weist auch diesen Antrag ab.

Am Nachmittag wird das Urteil verkündet, Klageabweisung. Das Gericht stellt allein auf die Erkennbarkeit der Person ab. Das Verhüllungsverbot gewährleiste eine effektive Verfolgung von Rechtsverstössen im Strassenverkehr, indem es die Identifikation der Verkehrsteilnehmer ermögliche, etwa im Rahmen von automatisierten Verkehrskontrollen. (…)

Die Sache wird sicher in die nächste Instanz gehen, das wäre das Oberverwaltungsgericht Berlin-Brandenburg. Am Ende will Rathkamp die Frage bis vor das Bundesverfassungsgericht bringen. Dafür muss er nicht mehr lange warten, denn andere Oberverwaltungsgerichte (OVG) haben zuvor schon genauso entschieden wie jetzt Berlin. Das OVG Münster hat in einem ähnlichen Fall kein Rechtsmittel zugelassen. Dagegen hat die dortige Klägerin Nichtzulassungsbeschwerde erhoben. Falls diese scheitert, wäre der Weg für eine Verfassungsbeschwerde frei.

In Karlsruhe war Rathkamp schon einmal erfolgreich. Im April 2020 erhob er eine Verfassungsbeschwerde gegen das pauschale Verbot von Gottesdiensten innerhalb der niedersächsischen Corona-Verordnung und erwirkte die Möglichkeit, das Freitagsgebet in der Moschee durchzuführen. Der Gerichtsbeschluss unterstrich die Bedeutung der Religionsfreiheit. Darauf hofft Rathkamp nun auch in dem jüngsten Fall.

https://www.nzz.ch/international/gesichtsverhuellung-beim-fahren-keine-ausnahme-wegen-religionsfreiheit-fuer-islam-ld.1868200


Le Figaro, 30 janvier, article payant

Suède : le réfugié irakien Salwan Momika, brûleur de Coran, tué par balles en banlieue de Stockholm

Le profanateur de coran Salwan Momika, dont les actions avaient déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023, a été tué par balles en banlieue de Stockholm, ont indiqué des médias suédois jeudi, la police confirmant un mort par balles mercredi soir.

Extraits:

Un tribunal de Stockholm qui devait rendre son jugement jeudi sur les accusations d’incitation à la haine ethnique portées contre Salwan Momika, a indiqué avoir reporté sa décision car «l’un des accusés est décédé».

https://www.lefigaro.fr/international/suede-le-profanateur-de-coran-momika-tue-par-balles-en-banlieue-de-stockholm-20250130


Le Figaro, 28 janvier, article payant

«Semer l’horreur dans la masse des kouffars»: en France, ces récents coups de filets qui prouvent la persistance de la menace islamiste

INFO LE FIGARO – Le 21 janvier, deux adolescents ont été interpellés à Talence et Pau. Ils étaient en contact avec un terroriste ayant voulu frapper pendant les JO. Le même jour, les sœurs de Slimane Khalfaoui, vétéran du djihad vivant en Syrie, ont été placées en garde à vue pour financement du terrorisme.

Extraits:

Un avenir islamiste préoccupant et un passé djihadiste qui ne s’éteint pas. Voilà comment l’on pourrait résumer les coups de filet policiers réalisés le 21 janvier, qui prouvent une nouvelle fois que l’État maintient sa vigilance face au terrorisme islamiste.

L’avenir préoccupant, c’est celui de ces mineurs engagés dans le djihadisme. Et particulièrement des mineurs appartenant à ce que les services de renseignements, dont la DGSI, chef de file de la lutte antiterroriste, dénomment « la communauté nord-caucasienne ». Sans oublier ses ramifications orientales. Mardi 21 janvier, une jeune fille née en 2008 et un garçon né en 2007 ont été interpellés respectivement à Talence (Gironde) et à Pau (Pyrénées-Atlantiques). L’adolescent, né en Russie et de nationalité portugaise, serait issu d’une famille d’origine tchétchène. Les deux suspects ont été présentés à un juge d’instruction antiterroriste en vue d’une mise en examen. La jeune fille, pour non-dénonciation d’un crime terroriste, et le jeune garçon, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle.

Les deux suspects adhéraient à l’idéologie de l’État islamique. Actifs sur la toile, ils y tenaient des discours violents, souhaitant « semer l’horreur dans la masse des kouffars » avec une kalachnikov avant d’attendre l’arrivée des forces de l’ordre et de livrer un dernier combat. Cette version d’un Fort Chabrol à la sauce islamiste est devenue un triste classique depuis plusieurs années. Les suspects se vantaient aussi : « En cinq minutes on peut mettre à terre au minimum 100 kouffars. »

Au-delà de ces déclarations inquiétantes, les deux étaient surtout en contact avec un autre Tchétchène, âgé de 18 ans, interpellé par la DGSI le 22 mai à Saint-Étienne. Mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle, le suspect était en contact, via des messageries chiffrées, avec des djihadistes à l’étranger, possiblement liés à l’État islamique au Khorasan, la branche afghane de l’EI très active depuis 2022. Son projet présumé, dont il nie la réalité : s’en prendre aux épreuves olympiques de football au stade Geoffroy-Guichard. Il aurait prévu de s’en prendre aux « kouffars » installés dans les cafés et buvettes autour du stade avant d’affronter les forces de l’ordre et de mourir en martyr.

Les interpellations du 21 janvier soulignent la prégnance de ces réseaux de mineurs et également de ces jeunes Caucasiens perméables à la propagande de l’État islamique. Sur les neuf attentats déjoués en 2024, deux ont été fomentés par de jeunes Tchétchènes (…).

Outre ces réseaux de mineurs radicalisés, les autorités sont également vigilantes face à ce qu’un expert décrit comme « la continuité des réseaux syro-irakiens ». (…)

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/semer-l-horreur-dans-la-masse-des-kouffars-en-france-ces-recents-coups-de-filets-qui-prouvent-la-persistance-de-la-menace-islamiste-20250126


Le Point, 27 janvier, article payant    

Kamel Daoud : « Dictature ou islamisme, la malédiction du monde arabe »

CHRONIQUE. En Syrie comme ailleurs, la « démocratie arabe » semble introuvable. Une impasse qui résulte de la faillite des élites autochtones, et non d’une faute de l’Occident.

Article intégral : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/27-janvier-2.pdf

Link : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/kamel-daoud-dictature-ou-islamisme-la-malediction-du-monde-arabe-27-01-2025-2580843_32.php


Le Point, 20 janvier, article payant   

Le pacte algérien, entre chantage et schizophrénie

CHRONIQUE. Fatiha Agag-Boudjahlat analyse le « piège trinitaire » qui enferme les enfants d’immigrés algériens et partage sa propre expérience.

Lire l’article intégral: https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/19-janvier.pdf

Link: https://www.lepoint.fr/debats/le-pacte-algerien-entre-chantage-et-schizophrenie-18-01-2025-2580266_2.php


Le Point, 18 janvier, article payant    

Peggy Sastre : Comment les « idiots utiles » de la gauche radicale ont permis l’ascension du Hamas

Michaël Prazan dévoile l’envers du mouvement terroriste islamiste, soutenu par les « idiots utiles » d’une certaine gauche occidentale.

Extraits :

Il y a les essais qui documentent et il y a ceux qui marquent. La Vérité sur le Hamas et ses « idiots utiles », que l’historien, documentariste et journaliste Michaël Prazan fait paraître ce 15 janvier aux Éditions de l’Observatoire, est de cette trempe. Un ouvrage incisif qui ne se contente pas d’exposer les mécanismes d’une idéologie destructrice, mais dévoile et dénonce les complicités et aveuglements qui lui permettent de prospérer.

Pas des dérapages, pas le fruit chaotique et spontané d’une barbarie opportuniste, mais bien la traduction d’une stratégie pensée, calculée et exécutée dans un cadre dépassant de loin le théâtre de la guerre. La conséquence directe d’une idéologie structurée, ancienne et méthodique dont les racines plongent, certes, dans une histoire complexe, mais aussi et surtout dans une partition historique et sociale adroitement orchestrée.

Michaël Prazan connaît Gaza. Il y était voilà près de quinze ans, et son séjour a été essentiel pour appréhender l’organisation et la domination du Hamas. « Les lieux sont toujours une source précieuse d’information et de compréhension », nous explique-t-il. Prazan sait comment cette enclave, exiguë et surpeuplée, est devenue au fil des années le reflet d’une organisation politique ayant réussi à imposer son pouvoir par la force, la terreur et l’endoctrinement. Il y a rencontré des figures majeures du Hamas, notamment l’un de ses fondateurs, ainsi que le futur chef du Jihad islamique. Il nous révèle des individus tout à fait conscients de leurs agissements et les raisons qui les animent : « Ce sont des stratèges qui savent très bien ce qu’ils font, de même que les conséquences de leurs actes », confirme-t-il. (…)

Stricto sensu, le Hamas n’est d’ailleurs même pas un mouvement nationaliste palestinien. Il est avant tout l’expression d’une théologie politique voyant dans la Palestine un waqf, une terre sacrée appartenant à l’ensemble des musulmans, pas à un peuple spécifique. Cette dimension religieuse rend toute concession impossible. Pour le Hamas, négocier ou céder un morceau de terre n’est pas seulement une trahison, c’est une hérésie. Avec son cocktail de termes religieux et d’exhortations belliqueuses, difficile de faire plus éloquent que la rhétorique des leaders du Hamas que Prazan expose et décortique. On y entend, sans la moindre ambiguïté, que le Hamas ne mène pas une guerre pour un territoire mais une lutte existentielle pour une vision du monde.

C’est à ce titre qu’il n’y aura jamais de paix, que des « trêves ». Comme le précisait à Prazan son ami Hassan Balawi, cadre de second rang du Fatah et ancien chef de la communication du ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, devenu l’un de ses ambassadeurs à l’Unesco et au Parlement européen : « Pour les islamistes, Israël représente une nouvelle croisade. Les croisades ont duré deux cents ans, et, pendant ces deux siècles, des dirigeants islamistes tels que Saladin faisaient, de temps à autre, des “trêves” avec les rois chrétiens. Après un certain temps,les dirigeants musulmans repartaient au combat. » Et Prazan de commenter : « Les croisades sont la principale référence historique des Frères musulmans. Peu importe le temps qu’il faut : seul compte, en bout de course, le fait de parvenir à ses fins. »

Parmi les autres passages fondamentaux du livre, l’analyse de l’endoctrinement, en particulier chez les plus jeunes. Gaza, où près de la moitié de la population a moins de 18 ans, est un terrain fertile pour la propagande du Hamas, que Prazan restitue avec une force tragique. Comme ces programmes télévisés diffusés par Al-Aqsa TV avec leurs personnages costumés appelant au meurtre des Juifs comme d’autres récitent une comptine.

« Il est presque impossible de rencontrer quelqu’un qui conteste le pouvoir du Hamas », constate aujourd’hui Prazan. L’absence quasi totale d’opposition à Gaza s’explique non seulement par la répression brutale exercée par le mouvement, mais aussi par des décennies de lavage de cerveau.

À Gaza, une génération entière a grandi sous le joug du Hamas, sans connaître d’autre réalité politique ou idéologique. (…)

Mais l’emprise du Hamas ne se limite pas au Proche-Orient, et les islamistes peuvent compter sur un réseau de soutien propageant leurs idées bien au-delà de ses frontières. « L’entrisme des organisations fréristes diffuse un discours de victimisation à même de convaincre les nouvelles formes prises par l’antiracisme, déplore Prazan. Il y a un aveuglement volontaire, notamment d’extrême gauche, qui semble obstruer ou évacuer la réalité pour des motifs idéologiques et électoralistes. »

Le tout s’enracine dans un phénomène historique : depuis les années 1980, la cause palestinienne est devenue un marqueur essentiel du militantisme étudiant à gauche. Avec l’effondrement du communisme, le pro-palestinisme a pris le relais comme dernier grand identifiant idéologique : un mouvement que galvanisent une méconnaissance des réalités et une opposition systématique à Israël, érigé en symbole d’oppression.

Comme le résume Prazan : « Ajoutons à cela l’ignorance – qui renvoie à la baisse du niveau scolaire qui affecte les lycéens ou les étudiants, mais aussi un certain nombre d’enseignants –, l’hystérie et la violence des réseaux sociaux, le développement des théories complotistes, l’explosion de l’antisémitisme qui, depuis le 7 Octobre, s’exprime désormais sans aucun garde-fou, la disparition des communautés juives de banlieue, depuis, en gros, les années 2000-2005, qui a renvoyé les Juifs à toutes sortes de fantasmagories, et la perte de repères qui touche les nouvelles générations sur ce qui fonde le pacte républicain, la pulsion ou la séduction révolutionnaire qui identifie la violence islamiste à un adjuvant capable de renverser le capitalisme, le dévoiement du mot “résistance” ou le romantisme supposé de la violence révolutionnaire en général, palestinienne en particulier, et vous aurez là les éléments du combo explosif qui a façonné ce à quoi nous avons assisté au cours de l’année écoulée. » Sans compter que « certains acteurs sont motivés par un antisémitisme de moins en moins masqué, ou par intérêt, sachant que certains d’entre eux sont en lien avec des pays, notamment des émirats perméables à l’idéologie des Frères musulmans. »

À ce titre, le livre de Michaël Prazan n’est pas qu’une dissection du Hamas. Il interroge aussi les failles des démocraties occidentales, gangrenées par la peur, l’autocensure et les compromissions. Une dérive que l’assassinat de Samuel Paty aura tragiquement illustrée, avec l’intimidation islamiste parvenant à imposer le silence dans des sphères pourtant censées incarner la liberté d’expression. Une complaisance qui, pour Prazan, équivaut à une trahison morale. Comme si, en relativisant certains actes, en refusant de nommer clairement le mal et en faisant petit à petit de la barbarie un « moyen de lutte » acceptable, nos sociétés consentaient à leur autodestruction.

https://www.lepoint.fr/monde/comment-les-idiots-utiles-de-la-gauche-radicale-ont-permis-l-ascension-du-hamas-17-01-2025-2580201_24.php


Neue Zürcher Zeitung, 17 janvier, article payant     

Islam und Demokratie – die muslimische Welt befindet sich in einer Sackgasse

Nach dem Sturz von Asad stellt sich die Frage, wie es in Syrien weitergehen soll. Die Zersplitterung des Landes in Volksgruppen würde einen demokratischen Föderalismus nahelegen. Die Vergangenheit indes zeigt, dass Islam und Demokratie kaum zusammengehen.

Extraits :

Der amerikanische Orientalist Bernard Lewis stellte 1993 eine faszinierende Paradoxie fest: Unter allen nichtwestlichen Zivilisationen hätte eigentlich der Islam die besten Voraussetzungen für eine demokratische Entwicklung gehabt. Durch das gemeinsame jüdisch-christliche und griechisch-römische Erbe stand der Islam dem Westen kulturell näher als jeder andere Kulturraum. Doch die politische Realität zeichnet ein völlig anderes Bild – eines, das bis heute von autoritären Regimen und demokratischen Defiziten geprägt ist.

Der Widerspruch zwischen Potenzial und Wirklichkeit entspringt theologischen und politischen Gegensätzen. Zentral ist der Konflikt zweier Souveränitätskonzepte: Der demokratischen Volkssouveränität steht die göttliche Souveränität («hakimiya») gegenüber.

Während in der Demokratie das Volk die letzte Quelle der Legitimität darstellt, beharrt die islamische Tradition auf der absoluten Souveränität Gottes. Wenn Gott der einzige legitime Souverän ist, wie können dann Menschen Gesetze erlassen, die möglicherweise von der Scharia abweichen?

Noch problematischer wird es bei der Frage der individuellen Rechte und Freiheiten, worin sich ein fundamentaler philosophischer Gegensatz offenbart. Die liberale Demokratie, tief geprägt vom Erbe der Aufklärung, basiert auf der Idee der Autonomie und der unveräusserlichen Rechte des Einzelnen. Diese waren als inhärent und universal verstanden. Die islamische Tradition steht dazu in scharfem Kontrast. Sie kennt zwar durchaus Rechte und Pflichten, leitet diese aber aus dem göttlichen Gesetz ab – sie sind nicht «natürlich» oder «unveräusserlich», sondern von Gott gewährt und an religiöse Bedingungen geknüpft.

Der praktische Umgang mit individuellen Rechten in islamisch geprägten Gesellschaften zeigt die tiefe Kluft zu demokratischen Werten besonders deutlich. So weigerte sich Ahmed al-Sharaa, der als neuer Machthaber die demokratische Zukunft Syriens mitgestalten soll, der deutschen Aussenministerin Baerbock die Hand zu geben. Er folgt darin einem Hadith, gemäss dem es «besser ist, mit einer eisernen Nadel in den Kopf gestochen zu werden, als eine Frau zu berühren, die ihm nicht erlaubt ist».

Es wird sich erst zeigen müssen, wie die politische Entwicklung in Syrien nach Asads Sturz verläuft. Erfahrungsgemäss sehen viele islamische Bewegungen die Demokratie bestenfalls als taktisches Instrument zur Machtergreifung, nicht aber als ein System, das im rationalen Diskurs durch «zwanglosen Zwang des besseren Arguments» (Habermas) erst feststellt, was als richtig oder falsch gelten soll. (…)

Exemplarisch zeigt sich diese Problematik bei Yusuf al-Karadawi, einem der bedeutendsten und einflussreichsten islamischen Rechtsgelehrten. Sein Versuch, islamische Regierungsführung mit demokratischen Prinzipien zu versöhnen, scheitert an einem fundamentalen Widerspruch: Indem er fordert, dass alle Gesetze mit der Scharia vereinbar sein müssen und nicht gewählte religiöse Gelehrte als letzte Autorität über demokratische Entscheidungen wachen sollen, höhlt er den Kern der Demokratie von innen aus. Seine Betonung der göttlichen Souveränität als ultimativer Quelle der Legitimität schafft faktisch ein Vetorecht religiöser Autoritäten über den Volkswillen.

Interessanterweise scheint Karadawi trotzdem kaum Angst vor dem Volkswillen zu haben – und das aus gutem Grund: In mehrheitlich muslimischen Gesellschaften gibt es kaum Beispiele dafür, dass der Volkswille religiöse Prinzipien grundsätzlich infrage gestellt hätte. Im Gegenteil: Die wenigen bedeutenden Reformen, die religiös legitimierte Praktiken einschränkten – etwa die Abschaffung der Sklaverei oder die Stärkung von Frauenrechten (wie im marokkanischen Familiengesetzbuch Mudawana) –, wurden meist autoritär von oben durchgesetzt, oft gegen erheblichen Widerstand der Bevölkerung. Hätte das demokratische Mehrheitsprinzip gegolten, wären solche Reformen kaum durchsetzbar gewesen.

Dies verweist auf ein Dilemma: Die liberale Demokratie steht vor der paradoxen Situation, dass ihre Grundwerte – individuelle Freiheitsrechte, Minderheitenschutz, Rechtsstaatlichkeit – durch demokratische Mehrheitsentscheidungen selbst gefährdet werden können. Dies zeigt sich weltweit im Aufstieg illiberaler Demokratien und populistischer Bewegungen, die demokratische Mittel nutzen, um antiliberale Ziele zu verfolgen. Der Schutz dieser liberalen Werte scheint am Ende nur noch durch nichtdemokratische Mechanismen möglich – sei es durch konstitutionelle Schranken oder Verfassungsgerichte. (…)

Die von Lewis beobachtete Paradoxie bleibt also weiter bestehen: Trotz vielversprechenden historischen Voraussetzungen erweist sich die Etablierung stabiler demokratischer Systeme in der islamischen Welt als ausserordentlich schwierig.

Welche Optionen hat also die islamische Welt? Drei Entwicklungspfade kristallisieren sich heraus: Zum einen besteht die Möglichkeit einer islamischen illiberalen Demokratie, in der das Volk zwar seine Führung wählen und abwählen kann, diese aber strikt an das göttliche Gesetz gebunden bleibt. In einem solchen System werden Minderheiten nicht als gleichberechtigte Bürger, sondern als «Dhimmis» – geduldete, aber minderwertige Subjekte – behandelt.

Eine zweite Option sind undemokratische, nationalistische Regime – ob in säkularer, religiöser oder hybrider Form. Man denke an die Baathisten oder an die Kemalisten. Solche Systeme vermögen zwar eine gewisse Religionsfreiheit zu garantieren, definieren aber die Zugehörigkeit zur Nation oft ethnisch exklusiv. Sie managen das Spannungsverhältnis zwischen Religion und Moderne durch autoritäre Kontrolle, ohne echte demokratische Partizipation zuzulassen.

Die dritte Möglichkeit verkörpern liberal-demokratische Kräfte, wie sie sich vor allem in Tunesien und Teilen der türkischen Zivilgesellschaft entwickelt haben. Auch in Marokko gibt es, trotz der dominanten Rolle des Königs, eine wachsende säkulare Bewegung, die erfolgreich für Reformen eintritt. Für sie ist Volkssouveränität zwar wichtig, aber nicht absolut – sie muss durch verfassungsrechtliche Garantien individueller Rechte begrenzt werden.

Diese drei Optionen zeigen die Sackgasse, in der die islamische Welt heute steckt: Zwischen antidemokratischen Islamisten, pseudosäkularen Autokraten und einer verschwindend kleinen liberalen intellektuellen Elite fehlt der eigentliche Motor der Demokratie – eine aufgeklärte liberale Mittelschicht.

Der Arabische Frühling hat diese Schwäche dramatisch offengelegt. (…)

Ist damit das Schicksal der Demokratie in der islamischen Welt besiegelt? Die Zukunft nicht nur in Syrien, sondern in vielen Ländern der Region bleibt ungewiss. Wer dennoch Hoffnung schöpft, tut dies in dem Glauben, dass die Geschichte einer teleologischen Logik folgt und die freiheitliche Synthese von Demokratie und Islamismus näher liegt, als die Gegenwart vermuten lässt.

Kacem El Ghazzali ist ein marokkanisch-schweizerischer Essayist und Vertreter des Center for Inquiry (CFI) beim Uno-Menschenrechtsrat. Das CFI setzt sich weltweit für säkularen Humanismus ein.

https://www.nzz.ch/meinung/islam-und-demokratie-die-muslimische-welt-befindet-sich-in-einer-sackgasse-ld.1865230


L’Express, 16 janvier, article payant    

Scandale des “grooming gangs” au Royaume-Uni : le rôle trouble des tribunaux islamiques

Europe. Alors qu’Elon Musk a déterré cette terrible affaire de viols collectifs de jeunes filles par des Pakistanais, plusieurs voix dénoncent la lâcheté des autorités locales, qui se sont tues au nom de l’utopie multiculturelle.

Extraits :

Les dénonciations aussi fausses qu’hystériques d’Elon Musk sur X, accusant le Premier ministre britannique, Keir Starmer, d’avoir été “complice de viols massifs et tout cela pour quelques votes de plus”, ont remis en lumière l’affaire ancienne des “grooming gangs” dont les leçons, si elles ont été en grande partie tirées, interrogent cependant sur les égarements du multiculturalisme à l’anglaise. Des égarements alimentant toujours davantage le populisme d’extrême droite.

Rappelons tout d’abord les faits hors norme qui secouèrent le Royaume-Uni au début des années 2010. En 2003, Ann Cryer, députée travailliste de Keighley dans le West Yorkshire, lance un cri d’alarme. Alertée par des parents apeurés, elle dénonce alors les agissements d’hommes d’origine pakistanaise à la sortie de deux écoles locales. Ceux-ci ciblent les filles de 12-14 ans, blanches et de la classe ouvrière. Leur modus operandi est toujours le même. Ils flattent les jeunes adolescentes, leur offrent des cadeaux, leur font faire des tours dans des voitures de sport, et petit à petit les entraînent dans l’alcool et la drogue. Puis ils deviennent leur “boyfriend” avant de les forcer à avoir des relations sexuelles avec leurs “amis”, parfois 25 hommes dans la même soirée.

C’est ce que l’on appelle le “grooming”, un euphémisme pour désigner un processus de domination et manipulation émotionnelle sur une personne vulnérable dans le but de sa soumission et de son exploitation sexuelle. En France, on parlerait de proxénétisme aggravé et de réseau pédophile. La députée Ann Cryer saisit les services de la police locale et de protection des mineurs mais ses signalements répétés ne sont pas suivis d’effets. Pire, elle doit sécuriser son domicile et les bureaux de sa permanence à la suite de menaces : on la traite de raciste et d’islamophobe, et l’aile gauche de son propre parti l’accuse de mettre en danger “la cohésion culturelle” de sa circonscription. Un comble.

Il faudra qu’un journaliste d’investigation, Andrew Norfolk du quotidien The Times , commence à enquêter pour que la vérité éclate au grand jour. “Je vais être honnête, j’aurais franchement préféré que cette histoire ne soit pas vraie,” dit-il aujourd’hui. “Elle me mettait terriblement mal à l’aise. La suggestion que des hommes d’une minorité ethnique commettent des crimes sexuels sur des enfants blancs allait inévitablement alimenter les fantasmes de l’extrême droite.”  (…)

Après trois mois de consultation des archives judiciaires, Norfolk découvre qu’entre 1997 et 2010, 17 affaires de “grooming” et d’abus sexuels dans 13 villes différentes du nord de l’Angleterre ont été jugées et sur les 56 hommes déclarés coupables, 53 sont des musulmans d’origine pakistanaise. Norfolk demande à parler à la police locale, aux services sociaux et au ministère de l’Intérieur : tous refusent de lui répondre. Même l’organisme caritatif de protection des enfants, Barnardo’s ne consent pas à le recevoir. Ce sont les victimes et les familles qui raconteront leur histoire à Andrew Norfolk. (…)

Du côté judiciaire, des enseignements ont été tirés. “Cela a pris trois ans mais les résultats sont là, estime Andrew Norfolk. Les différentes autorités, de la police à la justice, ont coordonné leurs efforts et entrepris des formations spécifiques au sein de leur personnel pour détecter les cas d’abus sexuels contre les enfants, à la fois au sein des familles, des institutions, mais également dans les cas de gangs organisés. Le nombre de poursuites a augmenté de façon significative.” Keir Starmer, alors procureur général, n’a d’ailleurs rien à se reprocher, contrairement aux insinuations d’Elon Musk sur X. (…)

Conseils locaux de la charia

Reste une question sur laquelle personne n’a osé se pencher, dit aujourd’hui Andrew Norfolk : “la raison de l’existence” de ces “grooming gangs” ethniques. Selon lui, tant que l’on ne prendra pas en considération la culture religieuse de ces proxénètes pédophiles, l’action de la centaine de sharia councils au Royaume-Uni et leur impact sur les relations hommes-femmes, et l’existence des mariages forcés et interfamiliaux au sein de ces communautés, on ne pourra pas traiter le mal à la racine. Et tant que cet effort n’est pas fait, l’extrême droite, de Nigel Farage en passant par l’activiste Tommy Robinson et son soutien Elon Musk, s’engouffrera dans la brèche.

Fait peu connu en France, le Royaume-Uni dispose de plus d’une centaine de “conseils locaux de la charia”, tribunaux islamiques informels autorisés en 1982 par le gouvernement de Margaret Thatcher afin, comme le dira la Dame de Fer, de “permettre à la communauté musulmane d’administrer ses propres affaires.” Officiellement, ce ne sont pas des tribunaux mais, dans la réalité, des arbitrages légaux peuvent y être rendus, notamment en matière de divorces et d’héritages, deux domaines dans lesquels les droits des femmes et des filles y sont largement bafoués. Ces arbitrages viennent se substituer au droit de la famille pour tous ceux qui ne sont mariés que religieusement, comme c’est le cas de nombreux musulmans. Contrairement à la France, où seul le mariage civil est valide, outre-Manche, le mariage religieux a la même valeur légale. L’époux peut divorcer en quelques mots prononcés devant ces instances islamiques, tandis que l’épouse qui demande le divorce doit passer plusieurs fois devant ses juges et les payer pour leurs services. La divorcée perd souvent la garde de ses enfants et ne reçoit aucune pension.

Autre domaine de jurisprudence islamique : les héritages. (…)

“Il existe une petite minorité d’hommes pakistanais qui estiment que les filles blanches sont des cibles légitimes”, estime l’ancienne ministre conservatrice Sayeeda Warsi qui a grandi dans la communauté pakistanaise du Yorkshire. Et de poursuivre : “Pour eux, les femmes sont des citoyens de seconde classe et probablement que les femmes blanches sont même des citoyens de troisième classe. On ne pourra pas résoudre le problème si on n’est pas prêt à voir les choses en face.” Elle est une des rares voix à se prononcer de façon aussi claire.

Pour l’éditorialiste Matthew Syed, de mère galloise et de père pakistanais, “les autorités publiques ont failli dans leur mission en laissant des minorités ethniques et des clans vivre dans l’isolement au lieu de s’intégrer dans la communauté nationale.” Et le journaliste de poser la question : “quelles sont les conséquences de notre lâcheté, et de la moralité sacrifiée sur l’autel de l’utopie multiculturelle? La destruction du bon sens. C’est comme cela que des proto-fascistes comme Tommy Robinson, aidés par Elon Musk, deviennent les idoles de la droite […] tandis que la surenchère ultra-progressiste fournit encore plus de munitions aux démagogues. Un cercle de plus en plus vicieux.”

https://www.lexpress.fr/monde/europe/scandale-des-grooming-gangs-au-royaume-uni-le-role-trouble-des-tribunaux-islamiques-7F6WEUFMTJCWXDR7633EZF6NYA/


Le Figaro, 15 janvier, article payant

Persécution des chrétiens dans le monde: l’Algérie ne tolère plus les conversions au christianisme

DÉCRYPTAGE – Toutes les églises protestantes évangéliques du pays sont désormais fermées, s’inquiète l’association Portes ouvertes dans son «Index mondial de persécution des chrétiens».

Extraits :

Inquiétées depuis des années, « les 47 églises protestantes chrétiennes évangéliques d’Algérie  sont fermées ou sous scellés. Le pasteur Youssef Ourahmane, vice-président de l’Église protestante d’Algérie (EPA), a même été condamné le 2 mai 2024 à un an de prison ferme pour avoir célébré un culte “non autorisé” », expliquait, mardi à Paris, Guillaume Guennec, l’un des responsables de l’association protestante Portes ouvertes, lors de la présentation du dernier « Index mondial de persécution des chrétiens », publié chaque année depuis 1993.

En 2019, le pasteur Ourahmane était venu à Paris pour tirer la sonnette d’alarme. Depuis, les choses ont empiré pour les 60.800 chrétiens évangéliques algériens, sans compter les 42.900 pentecôtistes. En mai dernier, 4 des 47 églises de l’EPA étaient encore ouvertes, aucune n’est accessible à présent selon Portes ouvertes : « C’est la fin d’une exception, commente Guillaume Guennec. L’Algérie était le seul pays de cette région du nord de l’Afrique où des chrétiens convertis pouvaient se réunir dans leurs propres églises. »

Mais il précise : « Il y a deux situations très différentes pour les chrétiens. Les églises catholiques sont tranquilles parce que seuls les expatriés les fréquentent, ils sont 7000. Mais les églises protestantes, constituées par des Algériens convertis de l’islam, ne sont plus tolérées. Les protestants évangéliques doivent désormais fonctionner en mode clandestin en raison d’un tour de vis très sévère des autorités. » Le pasteur Ourahmane n’est d’ailleurs pas le seul à être inquiété, « une vingtaine de chrétiens convertis sont actuellement aux prises avec la justice ». Dans le classement mondial publié par Portes ouvertes, la Corée du Nord occupe toujours le premier rang. (…)

Plus globalement, ces dix dernières années ont vu, selon les indicateurs de cet observatoire, la persécution des chrétiens dans le monde augmenter de 25 % ; 380 millions de chrétiens seraient ainsi confrontés à de « fortes persécutions ou discriminations en raison de leur foi » dans 78 pays. Soit « 1 chrétien sur 7 dans le monde ».

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/persecution-des-chretiens-dans-le-monde-l-algerie-ne-tolere-plus-les-conversions-au-christianisme-20250115


Le Figaro, 12 janvier, article payant

«Les “sale Blanche”, c’est monnaie courante» : à Vénissieux, l’exaspération et l’impuissance face aux dérives du communautarisme islamiste

REPORTAGE – Des riverains déplorent la ghettoïsation de ce bastion communiste de la banlieue lyonnaise, où l’insécurité grandit sur fond de trafic de drogue et de mutation des commerces à marche forcée.

Voir article intégral ici : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/12-janvier.pdf

Link : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-sale-blanche-c-est-monnaie-courante-a-venissieux-l-exasperation-et-l-impuissance-face-aux-derives-du-communautarisme-


The Economist, 11 janvier, article payant      

Free speech in France : Ten years after the Charlie Hebdo attack, satire is under siege

Public support is waning for the right to offend

Extraits :

On the morning of January 7th 2015 two men, Chérif and Saïd Kouachi, stormed the offices of Charlie Hebdo, a French satirical newspaper. Armed with Kalashnikovs, the pair murdered 12 people, including eight editorial staff, in less than two minutes. The perpetrators, who were linked to al-Qaeda, did not pick Charlie Hebdo by chance. For years the irreverent newspaper had poked fun at religion, including Islam. It was the start of the worst-ever year of Islamist terrorist attacks in Paris, which killed nearly 150 people.

A decade on, Charlie Hebdo is unbowed and unrepentant, turning out a weekly as tasteless, silly and provocative as ever. But the paper now operates from a secure and undisclosed location. Laurent Sourisseau, a cartoonist known as Riss, survived the massacre and took over the editorship after the attack. Radical Islamists have called for his death, and he lives under police protection. The Economist met him at an unmarked third-party office.

Nothing has since been quite the same for Charlie Hebdo. Yet the paper has nurtured a new generation of cartoonists and published every week since that awful winter morning. Its circulation today is some 50,000—over 25% higher than before the attack. “We think about it all the time, but we don’t talk about it all the time,” says Riss. “You can’t be crushed by this history.” (…)

The merit of drawings, says Riss, is that they are a “simple visual language, understood by everyone, to speak about difficult things”. Founded in 1970, Charlie Hebdo spares nothing and no one. Its caricatures range from the irreligious (the Prophet Muhammad displaying his pimply bottom) to the political (Marine Le Pen shaving her pubic hair). The paper regularly irks the regimes in Iran and Turkey, either for mocking their leaders or for joking about Islam. (…)

In secular France, the law forbids hate speech or incitement to violence but protects blasphemy. Yet Charlie Hebdo is still controversial in its home country. Mediapart, a left-wing newspaper, recently denounced a caricature of the conflict between secular France and hard-line Islamism, which Charlie Hebdo represented as a woman wearing a burqa and a bearded man. It was, said Mediapart, a “sinister” form of Islamophobia lifted straight from the far-right playbook. (Charlie Hebdo dismisses such charges as absurd.)

Today French support for the defiant Charlie Hebdo spirit—known as “Je suis Charlie”—seems more fragile. It was strong in 2020 after Samuel Paty, a school teacher, was decapitated by a terrorist. (He had shown pupils caricatures of Muhammad in a class about free speech.) Yet by 2023 only 58% of the French told a poll “Je suis Charlie”, down from 71% in 2016.

This may reflect a general trend in the West of growing intolerance for causing offence. American stand-up comics including Dave Chappelle have criticised censorious attitudes towards satire. “We can’t say anything anymore!” laments a character in a cartoon in the latest issue of Nouvel Obs, a French magazine; “You can’t say that!” replies his companion. In 2019, after a caricature of Binyamin Netanyahu, Israel’s prime minister, prompted an outcry, the New York Times stopped publishing political cartoons. On January 3rd a cartoonist resigned from the Washington Post after the paper rejected her depiction of its owner, Jeff Bezos, and other bosses kneeling before a statue of Donald Trump.

Self-censorship, rather than the law, now tempers satire. Plantu, a cartoonist at Le Monde, has argued that dessinateurs “no longer [have] the same freedom”. Riss suggests that Charlie Hebdo is “not extraordinarily provocative”, but seems so because “the margin of tolerance” is narrowing. Ten years on, the paper’s voice is gross but precious. “We’re doing exactly the same thing we did before,” Riss insists. “But around us people are much more timid.” ■

https://www.economist.com/culture/2025/01/04/ten-years-after-the-charlie-hebdo-attack-satire-is-under-siege


Le Monde, 11 janvier, article payant

Dominique Avon, historien : « Les savants musulmans ont fait du prophète de l’islam une personnalité intouchable »

Il y a dix ans, « Charlie Hebdo » était victime d’un attentat après avoir publié une caricature de Mahomet. Dominique Avon analyse, dans une tribune au « Monde », l’extrême sensibilité musulmane face la question du « blasphème » : « Les Européens redécouvrent une modalité du rapport au religieux qu’ils pensaient inscrite dans un passé révolu. »

Extraits :

Le 11 janvier 2015, plus de cinquante chefs d’Etat ou de gouvernement, incluant des musulmans, défilaient à Paris parmi des centaines de milliers de personnes, quatre jours après les attentats contre Charlie Hebdo. (…)

Une analyse fixée sur l’actualité ne permet pas de saisir ce qui se joue en amont de ces réactions, qui illustrent le jeu ambivalent de dirigeants musulmans vis-à-vis du blasphème. La question du blasphème ou de l’insulte à l’encontre d’une religion s’inscrit dans la durée. Du milieu des années 1960 à la fin du XXe siècle, en Indonésie, au Pakistan, en Egypte, aux Maldives, à Brunei et dans d’autres Etats, des législateurs ont criminalisé toute atteinte à l’islam – et parfois à d’autres religions – ou voté le durcissement des peines. (…)

En 1996, le code pénal unifié de la Ligue des Etats arabes spécifie que tout « blasphémateur » musulman devient un « apostat » passible de la peine demort, sauf en cas de repentir « dans un délai de trois jours ». Bien qu’adopté de manière unanime, ce code n’a pas été transposé dans les droits nationaux. Mais ces mesures, illustrant le jeu des dirigeants avec la religion, ont été justifiées par les responsables des écoles juridiques musulmanes qui ont fixé de strictes limites à l’expression, en recourant aux notions d’isâ’a (« offense »),d’izdirâ’ (« mépris »),de qadhf (« accusation, rejet »).

Si les savants musulmans ont souligné l’humaine condition du prophète de l’islam, leur enseignement a conduit à en faire une personnalité intouchable, sacralisation susceptible de s’étendre aux membres de sa famille ainsi qu’au premier cercle de ses compagnons. Dans une biographie primée par la Ligue islamique mondiale, l’Indien Safiur Rahman Mubarakpuri (1943-2006) relate que le prophète Muhammad [Mahomet] avait lui-même approuvé l’assassinat du poète juif Ka’b Al-Ashraf, qui « s’employa[it] à satiriser l’envoyé de Dieu et les musulmans ». Et la peine capitale figure parmi les sanctions de traités qui servent toujours de références en sciences islamiques – des désaccords portant sur les modalités d’application.

En 1989, Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques [Christian Bourgois, 1989], ainsi que les traducteurs et éditeurs de son roman sont la cible d’une fatwa de l’ayatollah Khomeyni, le livre étant accusé de s’être inspiré d’un récit – disputé – de la tradition, selon lequel Muhammad aurait autorisé les Mecquois à s’incliner devant trois divinités, avant de se rétracter.

La parole du Guide suprême iranien provoque alors une onde de choc. Les milieux européens, nord-américains ou océaniens redécouvrent une modalité du rapport au sacré religieux qu’ils pensaient inscrite dans un passé révolu : la dernière condamnation à mort pour blasphème remonte à 1697en Ecosse, à 1766 en France. (…)

Mais au nom du respect de « cultures » considérées comme hermétiques et figées, des acteurs se mobilisent contre ces processus qui travaillent toutes les sociétés. Au début des années 2000, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) formule, tous les ans, une demande pour que les Nations unies reconnaissent un délit de « diffamation des religions », arguant du risque de tensions intercommunautaires.

Au sein du Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU, un consensus est trouvé en 2011 autour de la « lutte contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs (…) visant certaines personnes en raison de leur religion ». Les formes d’expression susceptibles d’être jugées insultantes à l’encontre de personnes doivent ainsi être limitées, pas celles touchant les systèmes de croyance. (…)

Le compromis onusien de 2011 vole en éclats en 2023, lorsque le Pakistan parvient à faire voter une résolution soumise au CDH demandant « aux Etats d’adopter des lois, politiques et cadres répressifs » face aux « actes et appels à la haine religieuse ». La Chine, Cuba, l’Afrique du Sud ou encore l’Ukraine votent alors en faveur de ce texte, au contraire des membres de l’Union européenne.

En d’autres termes, que signifie refuser de « dénigrer les religions » quand on transmet soi-même des textes qui présentent l’altérité religieuse comme le signe d’une « falsification »,d’une « mécréance » ou d’un « obscurantisme » ? Le sujet traverse plusieurs conflits contemporains, au sein desquels des acteurs de toutes religions puisent dans un tel répertoire pour justifier des positions identitaires ou politiques au détriment du pluralisme.

Dominique Avon est directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, dans la section sciences religieuses. Il a notamment écrit « La Liberté de conscience. Histoire d’une notion et d’un droit » (Presses universitaires de Rennes, 2020).

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2025/01/10/dominique-avon-historien-les-savants-musulmans-ont-fait-du-prophete-de-l-islam-une-personnalite-intouchable_6490565_6038514.html


Frankfurter Allgemeine Zeitung, Opinion, 27 décembre, article payant        

Anschlag in Magdeburg: Warum durfte jemand wie Taleb Al A. im Land bleiben?

Die Wurzel des Übels liegt nicht bei einem falsch stehenden Polizeifahrzeug. Wir müssen uns endlich den Versäumnissen der letzten Jahrzehnte stellen – dazu zählt auch in diesem Fall der Umgang mit der Migration.

Article intégral:

Es ist sicherlich richtig und notwendig, dass nach dem Anschlag in Magdeburg sowohl das Sicherheitskonzept des Weihnachtsmarkts als auch die Polizeiarbeit überprüft werden. Natürlich muss aufgeklärt werden, an welcher Stelle es vor Ort Fehler gegeben hat, die die Todesfahrt ermöglicht haben. (…)

Allerdings wäre es viel zu kurz gegriffen, die Schuld allein bei einem fehlerhaften Sicherheitskonzept oder einem falsch stehenden Polizeifahrzeug zu suchen. Dort liegt nicht die Wurzel dieses Übels. Wir müssen uns vielmehr mit der Frage auseinandersetzen, warum derartige Sicherheitsvorkehrungen überhaupt notwendig geworden sind und es zum Alltag gehört, Feste schützen zu müssen. Das darf man nicht einfach hinnehmen.

Vielmehr müssen wir uns endlich den Versäumnissen der letzten Jahrzehnte stellen – und dazu zählt auch in diesem Fall wieder einmal der Umgang mit der Migration. Taleb Al A. mag kein Islamist gewesen sein, aber er war jemand, der den Behörden bekannt war, der immer wieder negativ auffiel. Warum also durfte jemand wie er im Land bleiben?

https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/anschlag-in-magdeburg-polizei-sicherheit-und-ursachen-110196476.html


Neue Zürcher Zeitung, 26 décembre, article payant     

Terrorattacken von Muslimen: Sie wollen die Freiheit zerstören, von der sie überfordert sind

Viele Attentäter im Westen verbindet das gleiche Motiv: Hass auf eine liberale Gesellschaft, deren Freizügigkeit sie nicht ertragen.

Extraits:

Die Bilder gleichen sich auf schreckliche Weise. Als der aus Saudiarabien stammende Taleb A. am Freitagabend mit einem Mietwagen über den Magdeburger Weihnachtsmarkt raste und möglichst viele Menschen umbringen wollte, folgte er einem leider allzu bekannten Muster. Weihnachtsmärkte sind jenseits religiöser Vorstellungen ein Ort der Geselligkeit und Ausgelassenheit. Als Manifestationen einer Gesellschaft, der die Freiräume des Feierns wichtig sind, stellen sie für die Feinde dieser Gesellschaft offenkundig eine unerträgliche Provokation dar. (…)

Die Aufzählung ähnlicher terroristischer Angriffe liesse sich beliebig verlängern. Stets reproduzieren sie ein vergleichbares Schema. Ein junger Mann radikalisiert sich in seinem Hass auf die westliche Gesellschaft und attackiert sie dort, wo sie ihm am unerträglichsten erscheint: in ihrem Gebrauch der Freiheitsrechte. Das ist umso grotesker, als diese Attentäter ihre Herkunftsländer auch darum verlassen haben, um im Westen Zuflucht und Freiheit zu finden.

Was Menschen aus totalitären Staaten dabei häufig nicht durchschauen: Die Freiheit kann mitunter eine fast unerträgliche Zumutung darstellen. Die Meinungsfreiheit deckt vieles, was für religiöse Menschen hart an die Schmerzgrenze geht. Die Fatwa eines muslimischen Religionsgelehrten hat keine Rechtskraft in demokratischen Gesellschaften. Und die Freiheit des Einzelnen gehört zu den höchsten und am besten geschützten Rechtsgütern im Westen. Wer sie einschränken will, hat hohe juristische Hürden zu überwinden. (…)

Attentäter scheinen ein ausgeprägtes Sensorium für jene Bereiche zu entwickeln, in denen die demokratischen Gesellschaften am heftigsten getroffen werden können. Wenn Freiheitsrechte auch einen hohen juristischen Schutz geniessen, so kann man sie in der Wirklichkeit leicht und wirkungsvoll auf die Probe stellen. Denn die Gesellschaft ist gerade im Gebrauch ihrer Freiheit am verletzlichsten. Der Staat kann sie zwar im Grundsatz garantieren, er kann sie aber nicht umfassend schützen, ohne den gesellschaftlichen Grundkonsens auf ihre Unantastbarkeit zu tangieren. Wird er dazu gezwungen, steht er vor dem Paradox, die Freiheit einschränken zu müssen, um sie schützen zu können.

Darin liegt die grösste Herausforderung für die vom Terror betroffenen Gesellschaften. (…)

Das Kalkül [der Attentäter] wird von der Vorstellung befeuert, liberale Gesellschaften seien ausgerechnet in jenen Grundsätzen am verwundbarsten, die für jeden Fundamentalisten die grösstmögliche Zumutung darstellen. In ihrem fanatischen Eifer möchten sie die verhassten Gesellschaften in jene Unfreiheit zwingen, der sie in ihren Herkunftsländern entflohen sind. Damit wäre das Gastland als ein Regime des Unrechts entlarvt und der Hass berechtigt.

Vor zwei Jahren hat der französische Schriftsteller Michel Houellebecq unter dem Eindruck islamistischer Gewalttaten in einem wütenden Rundumschlag vor einem Bürgerkrieg in Frankreich gewarnt. (…)

https://www.nzz.ch/feuilleton/magdeburg-der-attentaeter-ertrug-die-westliche-freiheit-nicht-ld.1863811


Le Point, 24 décembre, article payant    

Magdebourg : les nouvelles révélations sur l’auteur de la tuerie embarrassent les autorités

L’Arabie saoudite avait mis l’Allemagne en garde contre Taleb al-Abdulmohsen, le psychiatre qui a foncé, vendredi 20 décembre, sur le marché de Noël de la ville, en faisant 5 morts et plus de 200 blessés.

Extraits:

Les questions pleuvent depuis la tragédie de Magdebourg, vendredi 20 décembre. Connu de la police et des services de renseignements, pourquoi Taleb al-Abdulmohsen n’a-t-il pas été appréhendé ? Pourquoi les autorités se sont-elles contentées de voir là un homme un peu désaxé, « ne passant dans aucun schéma » (selon la police et la ministre de l’Intérieur), mais inoffensif et pourquoi ont-elles refusé de le ficher comme extrémiste ?

Pourquoi n’ont-ils pas tenu compte des avertissements répétés de l’Arabie saoudite qui, dès 2013, mettait l’Allemagne en garde contre son ressortissant ? Le comportement agressif et les messages d’une violence extrême proférés sur les réseaux sociaux n’auraient-ils pas dû mettre la puce à l’oreille de la police ? (…)

Difficile d’établir que les indices multiples laissés par Taleb al-Abdulmohsen aient pu annoncer un passage à l’acte aussi violent. À moult reprises, et jusque très récemment, il a eu de démêlés avec la police et d’autres organismes publics. Dès 2014, il avait été condamné pour avoir proféré des menaces d’attentat. En 2013, son comportement était signalé comme suspect.

Quand la directrice de la Chambre de l’ordre des médecins du Land de Mecklembourg-Poméranie lui réclame, pour l’homologuer, les documents certifiants qu’il a réussi ses examens de psychiatrie, il se met dans une colère noire. Il promet des conséquences « à portée internationale » et fait allusion à l’attentat du marathon de Boston en avril 2013.

Le 22 avril 2014, le tribunal de Rosock le condamne pour troubles de l’ordre public et profération de menaces criminelles. Son approbation de psychiatre est néanmoins délivrée à cet homme manifestement fragile psychiquement. Ses collègues, au sein de l’institution où il travaillait avant l’attentat, l’avaient surnommé « le docteur Google » parce « qu’il consultait Internet avant de poser un diagnostic ».

Plus grave encore, l’Arabie saoudite avait plusieurs fois mis les autorités en garde contre ce citoyen dont Riyad réclamait l’extradition. Dès 2023, l’Arabie saoudite avait signalé que Taleb al-Abdulmohsen, arrivé en 2006 en Allemagne, et qui avait obtenu un permis de séjour définitif en 2016, représentait un « danger concret ». Des alertes que les services de sécurité allemands avaient ignorées. (…)

Sur les réseaux sociaux et dans les médias – interviews dans le Frankrfurter Allgemeine Zeitung, le grand journal conservateur et à la BBC –, il se répandait depuis des années en insultes et menaces d’abord anti-islamistes – « Je suis le plus farouche critique de l’islam au monde » – puis contre le gouvernement allemand : Angela Merkel devrait être condamnée à mort pour avoir ouvert la porte de son pays aux réfugiés musulmans en 2006 dans le but d’islamiser l’Allemagne et l’Europe tout entière.

Depuis quelques mois ses messages étaient de plus en plus féroces. Dans une interview réalisée le 12 décembre par vidéo depuis sa chambre de l’hôtel Maritime de Magdebourg, il disait son admiration pour Elon Musk et le théoricien américain du complot Alex Jones. Il reprochait une fois encore à l’Allemagne de laisser entrer des « terroristes syriens », tout en tentant de « détruire les anciens musulmans saoudiens que la police allemande poursuit comme le faisait jadis le National-socialisme ».

Pressentait-il que sa fin était proche ? Ses messages sont alors de plus en plus étranges. En mai dernier, il écrivait sur X qu’il s’attendait à mourir cette année et qu’il chercherait à rétablir la justice, quel que soit le prix à payer. Un testament a été retrouvé dans la BMW que Taleb al-Abdulmohsen avait louée deux semaines avant de foncer dans la foule. Persuadé qu’il serait tué par les forces de l’ordre, il léguait la totalité de ses biens à la Croix-Rouge allemande, sans toutefois expliquer les motifs de l’acte qu’il s’apprêtait à commettre.

https://www.lepoint.fr/monde/magdebourg-les-nouvelles-revelations-sur-l-auteur-de-la-tuerie-embarrassent-les-autorites-24-12-2024-2578644_24.php


Le Monde, 23 décembre, article payant

Pour le patron du renseignement territorial, « les deux risques majeurs pour la cohésion nationale sont le narcotrafic et le séparatisme islamiste »

Bertrand Chamoulaud, qui dirige la direction nationale du renseignement territorial, s’inquiète, dans un entretien au « Monde », des conséquences du conflit israélo-palestinien en France, de l’entrisme des Frères musulmans et de l’influence délétère du narcotrafic.

Extraits:

Héritière des anciens Renseignements généraux, la direction nationale du renseignement territorial (DNRT) compte 3 000 agents chargés de recueillir, de centraliser et d’analyser des renseignements sur l’ensemble du territoire national – à l’exception du ressort de la Préfecture de police de Paris – dans les domaines institutionnel, économique et social, ainsi que sur tout ce qui a trait à l’ordre public. Cette direction est responsable de la lutte contre les extrémismes violents. Son responsable, Bertrand Chamoulaud, revient sur les différentes menaces qui pèsent sur la société française, de l’islamisme au narcotrafic.

Quelles sont les répercussions du conflit israélo-palestinien sur la société française ?

Il faudra du temps pour les mesurer. Toutefois, le conflit israélo-palestinien a bien évidemment eu une incidence, puisque notre pays compte des représentants des communautés juive et musulmane, avec pour autre particularité que la région est ancrée dans l’histoire de France et dans son passé colonial.

Après l’attaque du 7 octobre 2023 et la riposte de l’armée israélienne, deux types de mobilisation ont eu lieu. D’un côté, des rassemblements plutôt politiques de soutien aux Palestiniens ont été pris en charge par des syndicats, des partis et des associations. Il n’y a pas eu de rajeunissement massif et nous n’avons pas non plus noté d’implication forte des représentants de la communauté musulmane ni d’emballement des quartiers de banlieue. L’éventuelle participation de l’ultragauche, qui aurait pu profiter de ces manifestations pour commettre des exactions, constituait également un risque. Cela n’a pas été le cas, mais nous avons tout de même assisté à des manifestations un peu plus violentes dans certaines villes, comme Montpellier. (…)

Il s’est passé aussi ce que nous avions craint, à savoir une montée des actes antisémites, avec des agressions physiques, des menaces visant des locaux et des commerces confessionnels, des insultes, notamment sur les réseaux sociaux. Le niveau de ces violences a culminé avec l’attentat contre la synagogue de La Grande-Motte [dans l’Hérault, le 24 août], durant lequel un individu a tenté d’incendier le bâtiment. Avec plus de 1 300 actes entre le 1er janvier et le 31 octobre 2024, le nombre d’atteintes antisémites a respectivement augmenté de 36 % et de 270 % par rapport aux mêmes périodes en 2023 et 2022.

Les actes antimusulmans, même s’ils sont plus difficiles à répertorier, n’ont pas explosé : le chiffre reste stable, voire en baisse, avec 143 actes recensés du 1er janvier au 31 octobre 2024 contre 242 pour l’ensemble de l’année 2023.Si la violence a été mieux contenue en France qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne, nous avons noté une libération délétère de la parole et une tension, une inquiétude qui est loin d’être terminée. La situation globale reste donc préoccupante. (…)

Quelle frange de l’islamisme mobilise votre attention en France ? Les Frères musulmans, les salafistes ?

Sur le long terme, ceux qui nous inquiètent le plus sont les Frères musulmans. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau [démissionnaire depuis le 5 décembre], avait d’ailleurs évoqué l’islam politique comme menace majeure. 

Plusieurs types de structures représentent une menace, avec des finalités différentes. Si le courant salafiste tente d’imposer une vision rigoriste des règles de vie, les défenseurs du courant frériste ont un projet plus construit. La lutte contre les Frères musulmans est plus délicate car ils diffusent leurs idées par l’entrisme et au moyen d’un discours très lisse. Ce courant ne préconise pas le recours à la violence pour parvenir à ses fins, mais la finalité est très claire : faire à terme de la France et de l’Europe un califat en imposant la charia.

(…) leur entrisme touche tous les milieux : le sport, la santé, l’éducation, etc. Et, lorsque l’Etat veut rappeler les règles de la République en expulsant des imams, en gelant des avoirs ou en fermant des mosquées, vous entendez des voix qui fustigent l’islamophobie. Un terme d’ailleurs inventé par les Frères musulmans et revendiqué par le Collectif contre l’islamophobie en France [CCIF]. Le collectif a été dissous en 2020, car il assimilait la lutte contre le terrorisme à un combat contre la religion musulmane. Le risque est que certains musulmans modérés adhèrent à ce discours victimaire, en particulier parmi les 100 000 fidèles qui fréquentent des mosquées tenues par les Frères musulmans.

Ces derniers déploient une stratégie bien définie, qui repose également sur des bases arrière, comme la Belgique, où le CCIF s’est relocalisé : tout cela se fait sans exactions, sans violence. Ils procèdent par des petites avancées sur le voile, sur le refus de la mixité, sur les vêtements dits « islamiques », etc. (…)

Quel est l’effet du narcotrafic sur le tissu social ?

Le premier effet, c’est qu’il crée une économie parallèle. Vous avez des gens qui gagnent de l’argent, ne payent pas d’impôts et sont hors des circuits économiques officiels. Dans cette économie parallèle, vous avez toute une hiérarchie sociale, allant des guetteurs (« choufs ») aux chefs de réseau. Mais si cet argent est facile, il est fragile. C’est une activité à risque qui génère beaucoup de violence pour le contrôle des territoires. Les acteurs de cette violence sont de plus en plus jeunes et passent à l’acte de plus en plus facilement. L’activité s’est également internationalisée : des gangs originaires des Balkans sont commandités par des narcotrafiquants pour mener des expéditions punitives. Tous les territoires sont touchés, les drogues se sont banalisées. L’engagement des forces de l’ordre face au narcotrafic est exemplaire, mais il doit être accompagné d’une politique sanitaire.

L’autre risque, c’est l’atteinte à la cohésion nationale. Vous avez un risque croissant de corruption, que ce soit des élus, des fonctionnaires ou de la justice. Cela entraîne des distorsions dans de nombreux domaines. Aujourd’hui, les deux risques majeurs pour la cohésion nationale sont le narcotrafic et le séparatisme islamiste. (…)

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/12/23/pour-le-patron-du-renseignement-territorial-les-deux-risques-majeurs-pour-la-cohesion-nationale-sont-le-narcotrafic-et-le-separatisme-islamiste_6463074_3224.html


The Economist, 23 décembre, article payant      

Murder in Magdeburg : A horrific Christmas attack in Germany is weirder than expected

The far right tries to exploit a Saudi anti-Islamist’s murder spree

Voir « Article du Jour » !

PDF : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2024/12/23-decembre.pdf

Link: https://www.economist.com/europe/2024/12/22/a-horrific-christmas-attack-in-germany-is-weirder-than-expected


New York Times, 22 décembre, article payant   

Detention Is Ordered for Suspect in Christmas Market Killings in Germany

The authorities said they were struggling to understand the motives for the attack with a car in the eastern city of Magdeburg, in which a 9-year-old boy was among the five victims.

Extraits:

A judge on Sunday ordered a man suspected of killing five people by driving a car into a crowd at a Christmas market in Germany to remain in detention as the authorities worked to understand the motives behind an attack that has stunned the country.

The victims in the assault on the market, which took place in the eastern city of Magdeburg on Friday night, were a 9-year-old boy and four women aged 45 to 75, the Magdeburg police said in a statement on Sunday.

More than 200 others were wounded, 41 of them seriously, in the attack that shattered the peace of Germany’s Christmas season, which is celebrated in hundreds of outdoor markets round the country.

The suspect, identified as Taleb A. in keeping with German privacy laws, was questioned on Saturday, security officials said. The authorities have described him as a 50-year-old Saudi doctor who had been living in Germany for nearly two decades. (…)

Officials said that they were still trying to understand why the attacker had decided to rent the car, an S.U.V., and drive it into the crowded Christmas market in an old square in front of Magdeburg’s city hall.

Holger Munch, head of Germany’s domestic security agency, the Federal Criminal Office, said that the authorities had been aware of the suspect and had received a warning about him from Saudi Arabia in November 2023. But he said that the tip-off “was so unspecific” that the German authorities did not treat it as a signal that the man was plotting an attack. (…)

The state police in Saxony-Anhalt, which includes Magdeburg, said that they had opened an investigation after that warning and had questioned the Saudi doctor but had then closed the inquiry. The authorities said that he had not fitted their profile of an Islamic extremist and that they did not categorize him as a potential threat. (…)

In social media posts, the doctor had criticized Germany for what he called the authorities’ tolerance of radical Islam, according to German news media. A security official, who spoke on the condition of anonymity because of the sensitivity of the matter, said that those reports were accurate.

The doctor also expressed support on social media for the anti-immigrant Alternative for Germany party and reposted comments by the group’s leaders warning of the threat of Islamic law’s being imposed in Germany.

https://www.nytimes.com/2024/12/22/world/europe/germany-christmas-market-attack.html


Le Point, 22 décembre, article payant    

Attaque en Allemagne : Tarib A., un suspect islamophobe et germanophobe

La façade, à première vue, lisse de l’homme qui a foncé dans la foule du marché de Noël de Magdebourg vendredi est en train de se craqueler. Apparaît un homme agressif et obsédé par l’islam.

Extraits:

50 ans, médecin psychiatre, en situation régulière en Allemagne, voisin aimable… Le profil de Taleb A., l’homme qui a foncé à bord de sa BMW-bélier dans la foule de flâneurs au marché de Noël de Magdebourg vendredi, est pour le moins atypique. Il ne ressemble en rien aux jeunes islamistes fanatisés auteurs d’autres attentats perpétrés en Allemagne ces dernières années. La piste d’un attentat terroriste semble être écartée et, en l’état actuel de l’enquête, aucun motif clair ne peut être avancé. Le procureur et la police ont déclaré être en mesure d’affirmer que le suspect avait agi seul.

À première vue, Taleb A. était un homme sans histoire. Arrivé en 2006, il obtient en 2016 un statut de réfugié et un permis de séjour à durée illimitée. La procédure est beaucoup plus rapide que d’habitude et ne prend que quatre mois. Selon la Magdeburger Volkstimme, le journal local de Magdebourg, Taleb A. travaillait en tant que psychiatre dans un centre d’internement pour délinquants dans la petite ville de Bernbourg, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale de la Saxe-Anhalt. Il se serait mis en arrêt maladie durant les deux semaines précédant le massacre et aurait séjourné à deux reprises à l’hôtel Maritime de Magdebourg, peut-être pour prendre ses marques et préparer l’attentat.

« Une chose est sûre, il est islamophobe », a fait savoir la ministre de la Justice, Nancy Faeser, tandis que le suspect mis en garde à vue est toujours interrogé. (…)

Taleb A. est un homme bavard, pressé de partager le fond de sa pensée. C’est ce que l’on peut déduire de ses nombreuses prises de position dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il est en effet facile de retrouver sa trace sur différentes plateformes où il ne cesse de dénoncer les « dangers » de l’islamisation de l’Allemagne et de l’Europe. « Je suis le critique de l’islam le plus agressif de l’histoire », poste celui qui s’est donné pour mission d’aider les femmes saoudiennes à quitter le pays pour obtenir l’asile à l’étranger. (…)

Ses tweets outranciers laissent à penser que Taleb A. a une personnalité instable. Il y a deux semaines encore, il réclamait sur X la peine de mort pour Angela Merkel. La chancelière s’était, à ses yeux, rendue coupable de l’islamisation de l’Europe. (…) Il est l’auteur d’un livre au titre cryptique, Réfutation créatrice de l’islam, qu’il n’a jamais réussi à faire publier. (…)

Le profil d’un homme se sentant persécuté semble se dessiner de plus en plus distinctement. Il apparaît au fil de ses messages sur les réseaux sociaux que Taleb A. se sent de moins en moins à l’aise en Allemagne et développe même une véritable aversion pour le pays qui l’a accueilli. Dans un tweet sur X posté au mois d’août, il menace : « Si l’Allemagne veut la guerre, elle l’aura. » Un message prémonitoire.

Dans une interview publiée quelques jours avant l’attentat sur un site américain critique face à l’islam, il tient des propos qui pourraient expliquer sa radicalisation. Il s’en prend très violemment aux autorités allemandes et prétend qu’elles poursuivent les demandeurs d’asile originaires d’Arabie saoudite. Il les compare à la Gestapo. Il reproche à l’Allemagne d’accorder le droit d’asile à presque tous les demandeurs d’asile d’origine syrienne et, parmi eux, à de nombreux islamistes. (…)

D’autres informations inquiétantes qui n’ont pas été confirmées par les autorités fusent de partout depuis vendredi soir. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, Taleb A. aurait été condamné en 2013, avant même qu’il ne dépose sa demande d’asile, par le tribunal de Rostock pour avoir troublé l’ordre public en proférant des menaces. L’Arabie saoudite aurait mis les autorités allemandes en garde contre Taleb A. à plusieurs reprises.

https://www.lepoint.fr/monde/attaque-en-allemagne-tarib-a-un-suspect-islamophobe-et-germanophobe-21-12-2024-2578508_24.php


Wall Street Journal, 22 décembre, article payant      

Suspect in German Christmas Market Ramming Had One Main Enemy: Islam

The 50-year-old psychiatrist is a well-known anti-Islam activist who seems to have felt increasingly persecuted by Germany

Extraits:

When a driver rammed a car through a festive Christmas market in the German city of Magdeburg shortly after 7 p.m. on Friday, leaving five dead and more than 200 wounded, the country seemed to be facing a repeat of its worst Islamist terrorist attack in recent history. 

Yet the suspect’s profile that began to emerge hours after the drama painted a surprising portrait—that of a Saudi exile and vocal anti-Islam activist—leaving a perplexed Germany unsure about what lessons should be drawn from the drama.

The attack had come just a day after a Christian service in Berlin commemorating the victims of an Islamist attack on Dec. 19, 2016, when a Tunisian man who had pledged allegiance to Islamic State had driven a truck through a Christmas market in the capital, leaving 13 dead. (…)

Hours after the attack, authorities said the suspect, detained by police on the spot, was a 50-year-old Saudi national who had been in the country since 2006 and was working as a psychiatrist in Bernburg, just south of Magdeburg, the capital of the eastern German state of Saxony-Anhalt.

The man’s nationality, age, and profession were a poor match for the profile of suspected Islamist attackers in the country in recent years, who were mostly young, recent arrivals from countries such as Syria and Afghanistan, some of them with a history of petty crime. (…)

“At this stage, it looks like the background for the act could be some dissatisfaction with the treatment of Saudi refugees in Germany,” said Horst Walter Nopens, chief prosecutor in Magdeburg.

The suspect was being questioned by investigators and had made a statement about his motives that still needs to be fully assessed, Nopens added. (…)

Taleb Al Abdulmohsen, the suspect, had fled Saudi Arabia because he rejected Islam, a crime in the Middle-Eastern kingdom, which enforces a strict version of Islamic law, a security official said. 

Born in a minority Shia village in the majority Sunni country, Abdulmohsen was known beyond the small Saudi community in Germany as a vocal anti-Islam activist and campaigner for women’s rights. His profile on social-media platform X had more than 43,000 followers before the attack. 

He ran a website, wearesaudis.net, offering advice for Saudi and other prospective asylum seekers, especially those who wished to distance themselves from Islam, explaining how to navigate Western asylum systems.

“I’m the most aggressive critic of Islam in history. If you don’t believe me, ask the Arabs,” he said in a lengthy 2019 interview with the conservative Frankfurter Allgemeine Zeitung daily. (…)

His X profile shows that around the time of the attack in Magdeburg, Abdulmohsen reposted that and other self-made videos and audio recordings in which he claimed that he was being censored and persecuted by Germany, which he said had committed “deliberate crimes” against Saudi refugees like himself. He claimed that German police enforcing “socialist laws” had sent a “man with a knife” to steal data from his home, and said Berlin was responsible for the death of Socrates, the ancient Greek philosopher. (…)

Some of his earlier comments were supportive of the anti-immigration AfD party, and he weighed in on U.S. politics too, criticizing Democrats for allegedly rejecting America’s Christian heritage. The banner of his X profile showed an automatic weapon emblazoned with a U.S. flag.

“After 25 years in this ‘business’, you’d think nothing would surprise you,” Peter Neumann, a lecturer at King’s College London and a terror export, wrote on X. “A 50-year old Saudi ex-Muslim who lives in eastern Germany, loves the AfD and wants to punish Germany for its tolerance towards Islamists—I really didn’t have that on my radar.” (…)

In recent months, Abdulmohsen appeared to become increasingly outraged and focused on what he described as his persecution by German authorities. Abdulmohsen claimed in posts that Berlin was pursuing a policy of “Islamization.” 

His X profile proclaimed “Germany chases female Saudi asylum seekers, inside and outside Germany, to destroy their lives.” And on his website, he called on women not to apply for asylum in Germany because Berlin authorities were bent on turning Germany into an Islamic country—a known far-right conspiracy. Several German rights activists posted on X that they had blocked or were ignoring him after he became increasingly erratic in his comments and messages. (…)

The suspect’s atypical profile could explain why authorities didn’t have him in their sights despite repeatedly warning about a high danger of Islamist attacks this year. (…)

https://www.wsj.com/world/europe/suspect-in-christmas-market-ramming-had-one-main-enemy-islam-6363d708?mod=hp_lead_pos9


New York Times, 21 décembre, libre accès

German Officials Search for Motive in Christmas Market Attack

At least four people were killed and more than 200 others injured after a driver rammed an SUV into a crowded Christmas market in eastern Germany.

Extraits:

German authorities on Saturday were searching for a motive that they said led a driver to plow an SUV into a crowd at a Christmas market set up in a narrow alley in the eastern city of Magdeburg on Friday evening, killing at least four people and injuring more than 200 others. (…)

The authorities said the driver of the SUV was a 50-year-old citizen of Saudi Arabia who had lived in Germany for decades on a visa that granted him permanent residency. The news provided more fuel for the polarizing debates over uncontrolled immigration that have swept Germany in recent years and as the country faces snap elections in February.

The police searched an apartment in a town 25 miles south of Magdeburg where the doctor was reported to have lived and worked as a psychotherapist. The man first came to Germany in 2006, the authorities said.

https://www.nytimes.com/2024/12/21/world/europe/germany-christm


Le Figaro, 21 décembre, article payant

Londres, «capitale européenne de la charia»

Selon une enquête du Times, quelque 85 «cours de la charia» régiraient les mariages – pour certains polygames –, les divorces ou les successions, créant une justice «privatisée» défavorable aux femmes.

Extraits:

Londres serait devenue la « capitale européenne » des tribunaux de la charia, selon une grande enquête du Times. Ces « conseils de la charia » seraient aujourd’hui au nombre de 85 dans le pays et cette justice serait souvent préférée à celle de l’État. Le quotidien montre aussi que la polygamie est normalisée dans de larges pans de la société britannique.

Dans ces « conseils de la charia », les hommes peuvent simplement mettre un terme à leur mariage en prononçant trois fois le mot « divorce ». La polygamie est un fait ouvertement acquis. Les journalistes ont ainsi testé une application mobile conçue pour la rédaction de « testaments islamiques ». Les hommes peuvent indiquer combien ils ont de femmes, avec un choix allant de 1 à 4. Cette application, approuvée par une « cour de la charia, donne aux filles le droit à moitié moins d’héritage que les garçons.

Alors que la première de ces « cours de la charia » est apparue en 1982, elles seraient aujourd’hui au nombre de 85, réparties dans tout le pays. Elles sont composées d’érudits islamiques et opèrent comme des institutions informelles, régissant les mariages et autres actes de la vie familiale. Quelque 100.000 mariages auraient déjà été enregistrés devant ces cours, la plupart n’étant pas déclarés aux autorités civiles. Ces cours britanniques attireraient de plus en plus de musulmans européens et même nord-américains. (…)

Des parlementaires s’alarment de cette contre-société s’installant au sein des villes anglaises. Ancienne infirmière, universitaire et membre de la Chambre des Lords, Caroline Cox estime ainsi que ces cours de la charia forment un « système alternatif quasi-juridique en plein développement ». Elle a porté un projet de loi visant à protéger les femmes contre les discriminations fondées sur la religion. Quand elle était ministre de l’Intérieur, l’ancienne première ministre conservatrice Theresa May avait commandé une étude indépendante sur le sujet. Celle-ci avait suggéré la création d’un régulateur gouvernemental afin d’encadrer ces conseils avec un code de pratique. Le gouvernement conservateur avait rejeté la proposition, estimant qu’une telle réglementation risquait de légitimer les conseils de la charia comme une alternative à la loi britannique. (…)

Directeur de la National Secular Society, Stephen Evans se dit « préoccupé par le glissement vers une justice privatisée et des systèmes juridiques parallèles au Royaume-Uni, qui sapent le principe d’une loi unique pour tous, et par l’impact négatif que cela a sur les droits des femmes et des enfants ». Au Times, un porte-parole de Downing Street a déclaré que « la charia ne peut en aucun cas faire partie du droit en Angleterre et au Pays de Galles et la norme veut que les couples se marient dans le cadre d’un mariage légalement reconnu, qui apporte protection, sécurité et soutien ».

Au printemps dernier, un sondage réalisé par le groupe de réflexion Henry Jackson Society avait déjà suscité une certaine émotion. Seul un musulman britannique sur quatre estimait réels les meurtres et les viols commis par le Hamas le 7 octobre. L’étude montrait aussi que 32% des musulmans interrogés considèrent comme « souhaitable » l’instauration de la charia au Royaume-Uni d’ici à 20 ans, 45% préférant ne pas se prononcer. Une large majorité des sondés (63%) souhaitait aussi l’implantation de salles de prières dans les lieux non-religieux, comme les entreprises ou les écoles.

https://www.lefigaro.fr/international/la-grande-bretagne-capitale-europeenne-de-la-charia-20241220


Le Figaro, 21 décembre, article payant

Terrorisme djihadiste : les mineurs toujours plus nombreux à fomenter des attentats

DÉCRYPTAGE – Selon des chiffres du parquet national antiterroriste transmis au Figaro, les mises en examen d’adolescents ayant projeté une attaque terroriste ont de nouveau augmenté en 2024.

Extraits:

«Ils sont d’autant plus dangereux que, de par leur jeune âge, ils répandent leurs idées dans leurs collèges ou lycées, et parviennent à influencer des cerveaux encore immatures», témoigne auprès du Figaro un spécialiste du terrorisme. Les mineurs djihadistes sont de plus en plus nombreux, et leurs projets représentent désormais une part non négligeable de la totalité des infractions terroristes annuellement recensées, a-t-on appris auprès duparquet national antiterroriste ce vendredi 20 décembre.

Sur l’année 2024, 18 mineurs ont été mis en examen pour «projet terroriste», nous indique-t-on. Ils étaient 15 en 2023, contre «seulement» 2 en 2022 et 4 en 2021. Le parquet antiterroriste avait ouvert, au 1er décembre, 59 procédures «en matière de contentieux djihadiste», soit une «hausse de 55%»: il y en avait 48 en 2021, 41 en 2022 et 38 en 2023. 

Les faits d’apologie du terrorisme sont les plus fréquents. (…)

Le point commun de ces mineurs? Leur «fragilité», ont reconnu avocats, parquets et policiers dans nombre de ces dossiers. Celui de Montbéliard était en «dérive», a assuré son avocat auprès du média local Lyon Capitale. Le procureur avait d’ailleurs noté une «altération du discernement» lors de son procès. Le mineur de Mont-Saint-Martin a lui assuré devant les enquêteurs avoir fait une «grosse bêtise». Il n’aurait d’ailleurs aucun lien avec la mouvance islamiste. De par leur jeune âge et ces justifications, la justice peine à condamner ces mineurs à de lourdes sanctions, se contentant d’infliger dans les affaires précitées des «stages de déradicalisation», des «suivis psychologiques», des «interdictions d’aller sur Internet», voire des «obligations d’aller à l’école»… (…)

Malgré leur jeune âge, les mineurs impliqués reprennent déjà dans leurs discours tous les éléments de langage des organisations djihadistes. Et pour cause: ils se radicalisent en ligne, où pullulent les documents de propagande, les vidéos de «rappels islamiques» et les contenus «victimaires»

Car comme le souligne Laurène Renaut, doctorante en sciences du langage à l’université de Cergy-Pontoise, dans une étude intitulée «Radicalisation djihadiste et discours victimaires sur les réseaux sociaux, de la victime au bourreau», les sympathisants djihadistes, qui contactent parfois leurs proies sur les réseaux sociaux, attirent les mineurs dans leurs filets en prônant un «idéal islamique bless黫Se présentant comme victimes de discriminations quotidiennes, les profils dénoncent les inégalités dont ils font l’objet (…) notamment dans les écoles, devant la justice mais aussi dans l’espace public avec le port de la burqa qui cristallise le ressentiment»

En se fondant sur l’ancienne colonisation algérienne, l’interdiction de l’abaya à l’école, ou sur le conflit à Gaza, les idéologues parviennent à convaincre leurs jeunes cibles qu’elles doivent s’«unir» autour de la «oumma», la communauté musulmane, et les incitent ensuite à «renverser la vapeur»«La figure de victime, qui s’inscrit dans une quête de reconnaissance statutaire» se heurte à «l’impossibilité d’obtenir une réparation symbolique», poursuit Laurène Renaut. Et d’ajouter: «Du sentiment d’être victime d’une injustice qui n’est en outre pas reconnue comme telle, découle une propension au désir de vengeance», qui sera dirigée contre l’Occident. La figure du «martyr» est ainsi vendue aux jeunes, qui, en se décrivant comme tel, deviennent des héros.

Ce n’est donc pas un hasard si un adolescent de 16 ans, interpellé en juin dernier et qui fomentait un projet d’attaque à La Défense pendant les Jeux Olympiques, a dit vouloir dans des messages sur Telegram vouloir «mourir en martyr au nom du Califat islamique». (…)

Des projets en pagaille, ciblant toujours le prétendu «oppresseur», et facilement partagés via les multiples messageries en ligne existantes. Les jeunes se distinguent de par leur «grande aisance dans l’utilisation des applications de messageries cryptées», note une source sécuritaire et peuvent «échanger en anglais», ce qui participe à «faire tomber les frontières». Des éléments qui laissent à penser que la menace djihadiste, qui reste «très élevée» neuf ans après les attentats de 2015 selon le Pnat, va continuer de se répandre.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/terrorisme-djihadiste-les-mineurs-toujours-plus-nombreux-a-fomenter-des-attentats-20241221


as-market-attack.html


Le Figaro, 21 décembre, libre accès

Assassinat de Samuel Paty : 13 et 15 ans de réclusion criminelle pour les auteurs de la «campagne de haine» contre le professeur décapité

Le verdict, allant souvent au-delà des réquisitions, est tombé après sept semaines de débat. Les amis du terroriste ont été condamnés à 16 ans de réclusion criminelle pour complicité.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/assassinat-de-samuel-paty-les-deux-amis-du-tueur-islamiste-reconnus-coupables-20241220

Le Point, 13 décembre, article payant   

Hugo Micheron : « Il n’y a pas de djihadistes modérés »

Chercheur à Sciences Po, le spécialiste du djihadisme analyse les forces et les dynamiques à l’œuvre enSyrie après la chute d’Assad.

Extraits:

(…) Quelques semaines plus tard, la riposte israélienne avait lieu au Liban ; la Russie, l’Iran et le Hezbollah devaient repositionner certaines troupes hors de Syrie, permettant ainsi au groupe djihadiste HTC de mener une incroyable offensive et de renverser le régime de Bachar el-Assad.

Enseignant-chercheur à Sciences Po, Hugo Micheron connaît bien cette milice et son leader, Abou Mohammed al-Joulani. Il nous invite à nous méfier de sa prétendue conversion en guerrier libérateur de la Syrie.

Le Point : Après avoir survécu à de nombreuses crises et tragédies, le régime Assad s’est effondré. Que vous inspirent ces jours historiques ?

Hugo Micheron : C’est la fin d’un régime haï en Syrie, qui est responsable d’une guerre civile ayant fait 400 000 morts et 11 millions de déplacés en interne et en externe. Un régime qui aurait probablement perdu la guerre civile sans l’intervention de l’Iran et de la Russie. La Syrie était de facto un condominium russo-iranien, c’est-à-dire un régime ayant perdu sa souveraineté. Il s’est effondré en quelques jours, mais il était en sursis depuis dix ans. Cela rappelle le scénario afghan. À Kaboul, le régime était soutenu par une puissance extérieure, en l’occurrence les États-Unis, et semblait solide. Il a été renversé sous les coups de boutoir des talibans, un groupe qui, par certains aspects, rappelle la coalition menée par HTC.

Comment qualifier Abou Mohammed al-Joulani, le nouvel homme fort de la Syrie ?

Il est trop tôt pour dire ce qu’il est devenu. Il suffit de regarder son « pedigree ». C’est un Syrien, né dans une famille plutôt aisée. Il rejoint le djihad en Irak en 2003 et se retrouve dans une prison tenue par les Américains, où il est en contact avec tous ceux qui deviendront l’état-major de Daech.

Entre 2011 et 2012, il est envoyé en Syrie par le chef de l’État islamique d’Irak et futur chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, avec qui il se brouille, avant de monter son propre groupe autonome, le front Al-Nosra, rien de moins que la filiale d’Al-Qaïda en Syrie.

Il mène alors une politique de syrianisation du djihad, très différente des pratiques de Daech. Il est plus politique que l’État islamique et ne recourt pas à l’ultra-violence. Il s’est d’abord cassé les dents contre le régime soutenu par l’Iran et la Russie. Mais quand il a vu le soutien au régime diminuer, il a repris la route, avec de l’équipement fourni par la Turquie et son soutien direct ou indirect, et il a rempli son premier objectif : faire tomber Bachar et s’emparer de Damas. (…)

Al-Joulani s’est un peu taillé la barbe et il a troqué l’habit du cheikh pour celui du chef militaire. Mais il faut se méfier, il est très doué pour la politique et a bien compris les signaux qu’il fallait envoyer sur la scène internationale, notamment aux Occidentaux. Un peu comme les talibans qui avaient promis aux Américains et aux médias occidentaux qu’ils avaient changé. On voit aujourd’hui qu’il n’en est rien. (…)

Je vois deux grands scénarios se dessiner : soit la Syrie devient comme la Libye – l’opposition se fragmente en plusieurs fiefs et le pays connaît une sorte de guerre civile prolongée –, soit elle suit l’exemple irakien après la chute de Saddam Hussein : le pouvoir est stabilisé par une puissance étrangère. En Irak, c’est l’Iran qui était à la manœuvre. En Syrie, c’est la Turquie qui pourrait structurer le nouveau régime. (…)

Faut-il prendre Al-Joulani au sérieux quand il dit avoir renoncé au djihad global et au terrorisme ?

Il a peut-être renoncé à la dimension globalisante du djihad d’Al-Qaïda à des fins tactiques. Ça ne veut pas dire qu’il a renoncé à l’intégralité du corpus idéologique djihadiste. (…)

Quand il dit avoir renoncé au djihad global, Al-Joulani nous dit : « Ne vous en faites pas, laissez-moi faire, je vais stabiliser la région. » Le problème, c’est qu’il n’y a pas de djihadistes modérés. Cela n’existe pas. (…)

Son groupe administrait déjà la région d’Idlib, où il appliquait la charia. Va-t-il étendre la loi islamique à l’ensemble du pays ?

Al-Joulani est un tacticien qui pense sur le court, le moyen et le long terme. À Idlib, le régime repose sur une interprétation extrêmement rigoriste de la charia, comme le font les salafo-djihadistes. L’espace public est régi par la morale religieuse, même si, contrairement à Daech, il existe une forme de tolérance envers les chrétiens et les minorités religieuses.

HTC n’a pas mis en place d’exécutions publiques filmées, mais c’est un régime extrêmement brutal et qui n’a aucune considération pour un gouvernement non religieux. L’idée qu’il puisse y avoir des lois qui émanent d’une justice humaine est pour lui une hérésie. Le paysage d’Idlib sous le régime de HTC montre un rigorisme qui n’avait jamais existé auparavant dans la région.

On est sur des bases qui ne sont pas celles de l’islam traditionnel syrien. Il ne faut pas être naïf. Al-Joulani est un très bon politique, mais son projet est religieux, il n’y a aucun doute. (…)

https://www.lepoint.fr/monde/chute-d-assad-et-apres-entretien-avec-hugo-micheron-specialiste-du-moyen-orient-11-12-2024-2577750_24.php


Le Figaro, 13 décembre, article payant

Marguerite Stern, poursuivie en justice pour ses propos sur l’islam: «Je m’en prends à l’immigration, c’est le crime suprême»

Coauteur d’une enquête sur le «transactivisme» qui lui a valu des menaces de mort, l’ex-Femen est poursuivie par SOS-Racisme pour avoir souligné la surreprésentation des hommes d’origine africaine ou maghrébine chez les agresseurs de femmes.

Extraits:

Les cheveux de Marguerite Stern ne sont plus bleus et elle ne manifeste plus seins à l’air pour défendre ses idées mais, à 35 ans, l’ex-Femen se bat toujours contre tout ce qui entrave les libertés en général et la liberté d’expression en particulier. Elle en revendique une conception radicale, qui la fait « regretter » que le Conseil d’État ait validé l’interdiction de la conférence de Rima Hassan à Sciences Po, mais qui lui vaut, aussi, d’être traînée en justice par SOS-Racisme.

Son crime : avoir affirmé le 16 juillet 2023 sur la chaîne YouTube du média Frontières que « proportionnellement, les personnes issues de l’immigration […] africaine et moyen-orientale […], en majorité musulmane mais pas uniquement […] agressent plus les femmes que les Français de culture française ».

Dans ce long entretien, Marguerite Stern aggrave son cas en s’interrogeant sur le caractère « inné ou acquis » de ce qu’elle appelle la «masculinité toxique» aussi bien chez « les Blancs, les Français de souche », que chez « les hommes de culture et issus de l’immigration africaine et moyen-orientale. Pourquoi sont-ils plus violents avec les femmes ?, interroge-t-elle. Est-ce une question de nature ? Houlala, si on dit ça… Pour moi, aucune question génétique n’est interdite, ajoute-t-elle. Est-ce une question de culture ? On peut se poser la question mais par contre, je n’ai pas la réponse. »

« Je sais qu’on va me traiter de raciste », dit-elle au cours de l’interview qu’elle accorde à Erik Tegnér, journaliste et directeur de la publication de Frontières. Ça n’a pas raté : le Parquet les a renvoyés tous les deux devant le tribunal pour « injures publiques en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la religion ou la race », alors que les statistiques sur les agressions contre les femmes confortent l’analyse de Marguerite Stern. (…)

Marguerite Stern « ne regrette rien ». Sauf, peut-être, qu’il ne se trouve toujours personne à gauche pour la défendre, comme lorsqu’elle a été menacée de mort après la publication de Transmania : enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre  (de Dora Moutot et Marguerite Stern, éditions Magnus, 398 pages, 21€). « Là, je m’en prends à l’immigration, c’est le crime suprême », soupire-t-elle. (…)

Marguerite Stern assume de dire qu’« il y a une religion qui pose problème en France, c’est l’islam », tout en faisant « la distinction entre l’islam et les musulmans » : « Je ne considère pas du tout que tous les musulmans soient un danger pour la France », insiste-t-elle. La jeune femme, née en Auvergne dans un milieu modeste, a vécu à Marseille, à la Belle de Mai, quartier dont la population est issue à une majorité écrasante de l’immigration extra-européenne, et aussi à Belleville, à Paris. Quand elle affirme « je ne supporte plus de voir des femmes et même des petites filles voilées », elle parle d’expérience. Voilà qui ne devrait pas arranger son cas, d’autant que le mois dernier, elle a présenté ses « excuses aux catholiques »  pour avoir « abîmé une partie de la France » en pénétrant en hurlant dans Notre-Dame, il y a plus de dix ans.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/marguerite-stern-poursuivie-en-justice-pour-ses-propos-sur-l-islam-je-m-en-prends-a-l-immigration-c-est-le-crime-supreme-20241212


Le Point, 11 décembre, article payant    

De l’utilité du « traître » dans le monde arabo-musulman

CHRONIQUE. Que faut-il entendre lorsqu’on dit que Kamel Daoud, Boualem Sansal ou tout autre écrivain arabe, est un traître ? Tentatives de réponses…

Extraits:

Rester attaché (dans tous les sens du terme) aux « siens », c’est-à-dire continuer à s’identifier et à être identifié à sa communauté d’origine, ou rompre avec eux sont deux attitudes aux conséquences radicalement différentes.

Dans le premier cas, le lien est vécu par tous sur le mode du cela va de soi. Pas de problème majeur. La séparation, qu’elle soit choisie ou imposée par les circonstances, sera perçue, quant à elle, comme un reniement, une infidélité.

Cette dernière configuration, très fréquente (mais sans exclusivité) dans le monde arabo-musulman, a toujours existé mais aujourd’hui elle se déploie sans limite avec pour effet très concret de conduire le « traître » à une mort possible.

Traître. C’est le mot précis et précieux qui permet de comprendre ce qu’il en coûte, non pas de s’écarter de la norme nationale ou confessionnelle, mais de faire un usage public de son esprit lorsque l’on doute, s’interroge, refuse ou accepte, ironise ou critique. Ce qualificatif de traître est mobilisé sans interruption et avec une violence inouïe, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, par des dévots de toutes sortes : gardiens de la pureté ethnico-nationale et missionnaires en charge d’une obligation divine, celle de la préservation de l’authenticité religieuse.

Ce sont, d’ailleurs, souvent les mêmes. Traître, Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024 « qui a vendu son âme à la France ». Traîtresse, Fadila Maaroufi, cofondatrice et directrice du Café laïque Bruxelles / Paris et Prix international de la laïcité en novembre 2024 (« Crois moi que le prix du sang tu va (sic) le payer pour ton soutien au génocide en cours à Gaza », message reçu en novembre 2024). Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, lui, est interpellé par la police le samedi 16 novembre à Alger, quelques minutes après sa sortie de l’aéroport, alors qu’il revenait de France. Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature en 1988, qui survivra à une tentative d’assassinat en 1994 par deux islamistes, un « vendu aux sionistes », parce qu’il est l’un des rares intellectuels égyptiens et arabes à avoir approuvé les accords de paix entre l’Égypte et Israël en 1979, tout en se déclarant solidaire des Palestiniens. La liste est encore longue.

Que faut-il entendre lorsqu’on dit que Kamel Daoud, ou tout autre écrivain arabe, est un traître ? Le traître est celui qui est passé dans l’autre « camp ». Il est censé quitter un lieu pour aller dans un autre et ce faisant, il sort de chez lui pour entrer chez les autres. Ainsi, il manque délibérément à sa nation et à sa religion. En un mot, il abandonne lâchement les « siens ». Il renie et se renie. Il est félon et perfide. Les mots le disent sans ambiguïté : « vendu », « collabo », « harki », « colonisé », « islamophobe », etc. En terre d’immigration : « Arabe de service », « nègre de maison », « traître à ta race », etc.

Mais un traître est-il pour autant un ennemi ? Non. Il y a, à ce propos, une confusion politique. Ce sont deux catégories, pratiques et théoriques, fort différentes. Le traître n’est pas un ennemi et celui-ci n’est pas un traître. Le traître est un être moralement abject puisqu’il a « lâché » les siens ; l’ennemi est lui une entité hostile. Une hostilité violente.

En cela, l’ennemi est un concept politique qui renvoie à la mort, la guerre, et à l’attitude belliciste. Il est toujours perçu comme dangereux et franchement mauvais. C’est, pour reprendre l’expression de Carl Schmitt, un « ennemi existentiel » qui a pour effet de conditionner mon identité nationale et religieuse ; de renforcer mon attachement et mon appartenance aux miens, de dire ce que nous sommes « vraiment ».

Le traître, lui, ne conditionne rien. C’est pour cela que l’insulte qu’on lui adresse est toujours ad hominem ; la disqualification vise la personne en tant que telle. Tristan Garcia a parfaitement raison de dire (Le Monde, 13 novembre 2024) que « […] notre esprit ne donnera pas naissance à un ennemi si l’on n’en tire pas une idée, sans elle pas d’ennemi ». Et l’ennemi premier, issu d’une idée obsessionnelle, c’est « l’occident dépravé colonialiste ». Voilà pourquoi, le chemin est encore long, très long qui aboutira à ce que les intellectuels arabes critiques n’aient plus à choisir entre le cercueil ou l’exil.

*Smaïn Laacher est sociologue, professeur émérite à l’université de Strasbourg et directeur de l’Observatoire du fait migratoire et de l’asile de la Fondation Jean-Jaurès. Dernière parution : L’Immigration à l’épreuve de la nation, L’Aube, 2024.

https://www.lepoint.fr/debats/de-l-utilite-du-traitre-dans-le-monde-arabo-musulman-11-12-2024-2577672_2.php


Le Figaro, 6 décembre, libre accès

Samuel Paty accusé d’islamophobie : un «doctorant» de la Sorbonne visé par une plainte pour apologie du terrorisme

Mickaëlle Paty, la sœur du professeur assassiné par un terroriste tchétchène, a déposé plainte après lapublication d’un message dans lequel était écrit «Patty (sic) était probablement un islamophobe laïc».

Extraits:

Le calvaire qu’ont subi les proches de Samuel Paty n’est donc pas terminé. Mickaëlle Paty, sœur du professeur assassiné par un terroriste islamiste tchétchène le 16 octobre 2020, a déposé plainte contre un «doctorant à la Sorbonne», Pierre Jacquel, qui a accusé l’enseignant d’«islamophobie» dans une publication datant du 3 décembre dernier. «Sans islamophobie, ce drame ne serait jamais arrivé. Patty (sic) était probablement un islamophobe laïc, mais si un musulman le dit, on parlerait d’apologie du terrorisme. Le père de famille musulman (Brahim Chnina , NDLR) fait le coupable idéal, et ce procès va encore alimenter l’islamophobie», avait-il écrit. (…)

Dans une publication sur X, l’avocate de Mickaëlle Paty, Carine Chaix, a annoncé ce jeudi 5 décembre un dépôt de plainte pour apologie du terrorisme à l’encontre du «doctorant de la Sorbonne». Cette plainte a été effectuée au nom de la sœur de l’enseignant assassiné et de l’association Défense des Serviteurs de la République – créée en 2023 pour défendre la liberté d’expression et protéger les agents publics, les élus et les citoyens engagés contre les menaces (…).

«Ces propos salissent volontairement la mémoire de Samuel Paty en le traitant d’islamophobe qui a bien cherché ce qui lui est arrivé et visent à justifier sa décapitation en raison de sa prétendue islamophobie», peut-on lire dans le communiqué de l’avocate. «Si cet individu ne va pas jusqu’à glorifier explicitement l’acte terroriste, il tend à le justifier en lui donnant comme seule source l’islamophobie prétendue de Samuel Paty, des profs “laïcs” et plus généralement de notre société. Il ose ainsi affirmer que c’est “l’islamophobie de la société et de nombreux profs laïcs qui sont la racine du terrorisme», poursuit Me Carine Chaix. (…)

De son côté, l’homme qui se présente comme «doctorant de la Sorbonne» a réagi dans une publication sur X. «Il est triste de voir la liberté d’expression et la justice instrumentalisées», a-t-il écrit. «Expliquer une cause A par un facteur B n’est pas de l’apologie du terrorisme, même si l’explication ne vous plait pas. Comme d’habitude, je me bats pour ce qui est juste, qu’importe les adversaires. Lutter contre l’islamophobie est à la fois un acte moral, participer à diffuser des connaissances scientifiques, et aider à éviter de nouveaux drames.» Et de conclure : «En attendant, la lutte contre l’islamophobie est un combat qui me comptera toujours comme allié.»

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/samuel-paty-accuse-d-islamophobie-un-doctorant-de-la-sorbonne-vise-par-une-plainte-pour-apologie-du-terrorisme-20241205


Le Figaro, 6 décembre, article payant

Les confessions d’un black bloc repenti: «Le plus grave, c’est la soumission à l’islamisme»

TÉMOIGNAGE – Il a consacré vingt-cinq années à la cause de l’extrême gauche en rejoignant les groupuscules de black blocs. Il a été violent, il a pillé, il a cassé, convaincu de combattre le capitalisme. La dérive idéologique et les renoncements face à l’islamisme ont eu raison de son engagement. Il raconte ce passé sulfureux qu’il assume.

Extraits:

Le rendez-vous a lieu entre les murs feutrés d’un bar situé dans un endroit discret de la capitale. Il arrive tout de noir vêtu, comme il en a eu longtemps l’habitude, et frigorifié par le trajet parcouru à vélo sous les intempéries. Il apparaît aussi sincère qu’ému. La conversation commence presque comme une confession, celle d’un homme qui se repent de son passé. Vingt-cinq années en tout. Cela représente la majeure partie de sa vie d’adulte chargée de violence. Gaspard *, âgé d’une quarantaine d’années aujourd’hui, a fait partie des black blocs, ces groupuscules d’extrême gauche excessivement violents et très mobiles connus pour leurs saccages. Ces individus encagoulés et vêtus de noir investissent des manifestations pour brûler les magasins et les biens publics en marge des rassemblements. Mais ils sont surtout tristement connus pour affronter les forces de l’ordre à coups de jets de pierres et autres armes par destination. (…)

Gaspard, lui, n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Il a grandi en banlieue au cœur d’une cité. Son engagement pour la cause anticapitaliste, il le décrit lui-même comme sincère et hérité d’un milieu familial à la conscience politique très enracinée à gauche. « Je n’ai connu que ça. Je suis tombé dans l’extrême gauche quand j’étais tout petit. » (…)

Biberonné à ces valeurs, l’adolescent grandit convaincu de la nécessité de s’inscrire dans la lutte contre l’oppresseur capitaliste. Il tâtonne au début, ne sachant comment intégrer cette nébuleuse qu’il ne connaît pas très bien. Il commence par le graffiti en vandalisant des murs ou des devantures, puis il accompagne quelques-uns de ces militants pour saccager des distributeurs de billets de banque. À la fin, il se retrouve encagoulé dans les manifestations. « Le glissement s’est fait tout doucement d’une action à l’autre, explique-t-il. Ça s’est mis en place lorsque j’ai eu 14 ans et que je commençais à être un peu plus structuré idéologiquement et politiquement. J’étais un black bloc et ma mission consistait dorénavant à me concentrer sur la destruction des symboles du capitalisme ou à créer des TAZ (Temporary Autonomous Zones) en occupant des lieux. J’ai fait ça pendant vingt-cinq ans, et j’étais sincèrement convaincu de la justesse de mon engagement. »

Depuis près d’un an, Gaspard s’est retiré de ce milieu. Il se décrit comme réveillé brutalement d’un état de torpeur, comme s’il avait été sous l’emprise d’une secte. (…) « Au lendemain du 7 octobre et des attaques du Hamas en Israël, je me suis pris un mur en pleine figure, celui de l’antisémitisme qui s’est exprimé. Le plus grave, c’est la soumission à l’islamisme. Ces gens sont dans une vision romanesque du djihad avec les yeux qui brillent de fascination. Ils sont dingues. Les entendre dire que ces actes de barbarie s’apparentaient à ceux de la Résistance, c’était intolérable. » (…)

Le choc est tel que son seul retrait de cette nébuleuse violente d’extrême gauche ne suffit pas. Il ressent le besoin de faire un travail d’introspection pour se reconstruire. Il ne s’agit pas pour Gaspard de renier son passé. Au contraire, il le regarde en face pour mieux avancer. (…)

« Un black bloc, s’il part avec un sac Vuitton sous le bras, c’est pour y mettre le feu, filmer la scène et la poster sur les réseaux sociaux. Les hommes en noir, affirme-t-il, pillent, mais avec un code d’honneur. Il faut que le vol serve à la cause. (…) »

Derrière ces scènes de chaos et de violence retransmises en boucle par les chaînes d’information lors des débordements en marge des manifestations, Gaspard décrit une mécanique bien huilée, une méthodologie et même une discipline. Après avoir cassé, frappé, saccagé et mis le feu, les casseurs obéissent aux meneurs lorsque ceux-ci décident que l’opération est terminée. Le message passe par un cri de ralliement qu’eux seuls reconnaissent. « À ce moment, tout le monde se débarrasse de ses vêtements pour ne pas être reconnu par la police ou piégé par les traces de paintball balancé par les flics pour marquer les casseurs. On brûle tout. On marche tranquillement pour se retrouver, comme si de rien n’était, à côté des mecs de la CGT avec leurs merguez» Transgression ultime dans son chemin vers la rédemption et le rejet de cette idéologie d’extrême gauche, Gaspard a créé une entreprise. Il est devenu, comme il le dit avec humour, « un affreux capitaliste » et assume pleinement sa décision de rompre. « L’extrême gauche, LFI en tête, a fait tomber les digues de la laïcité en s’alliant avec les islamistes. Ces mecs sont un danger pour le pays. Je ne leur pardonnerai jamais cette trahison. »

* Le prénom a été changé.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-confessions-d-un-black-bloc-repenti-


Articles du 4 décembre au 3 juin 2024


Articles d’avant le 3 juin 2024