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Le Point, 2 juin
L’antisionisme, une haine « autorisée »
Vladimir Jankélévitch, auteur de « L’Imprescriptible », a compris très tôt que l’antisionisme deviendrait le paravent de l’antisémitisme.

Full text :
Qu’inspirerait à Vladimir Jankélévitch la tragédie d’Israël, de l’horreur du 7 Octobre à un enlisement dans le traquenard du Hamas qui l’isole sur la scène internationale ? La question restera sans réponse. Mais son œuvre, variation légère et profonde sur les thèmes de l’irréversible et de l’inachevé, éclaire les tourments de la conscience juive.
La Seconde Guerre mondiale constitue un traumatisme fondateur dans la vie de cet intellectuel issu d’une famille russe ashkénaze, révoqué de l’enseignement public par le régime de Vichy. La Shoah, crime commis contre l’humanité mais dirigé contre un seul peuple, sera pour lui inexpiable : « Lorsqu’un acte nie l’essence de l’homme en tant qu’homme, la prescription qui tendrait à l’absoudre au nom de la morale contredit elle-même la morale », écrit-il dans L’Imprescriptible (1965). Jankélévitch, devenu professeur de philosophie morale à la Sorbonne, vivra à jamais dans la hantise des souffrances qui lui ont été épargnées : « Cette agonie durera jusqu’à la fin du monde. »
« L’alibi le plus redoutable »
Selon lui, l’antisémitisme, irréductiblement singulier, diffère du racisme non par sa gravité, mais par sa nature : le Juif n’ayant pas de traits physiques reconnaissables, cette aversion est « la peur de l’imperceptiblement autre ». Soutien à la fois indéfectible et critique de l’État d’Israël, il décèle très tôt le retour insidieux de la haine antijuive sous le déguisement de l’antisionisme. Après la guerre des Six-Jours, en 1971, il ironise sur ses nouveaux oripeaux : « L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les Juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. » Il complète cette analyse, en 1975, dans une lettre publiée par la revue Informations juives :« L’antisionisme est actuellement [l’]alibi le plus redoutable, [le] camouflage le plus dangereux [de l’antisémitisme]. C’est l’aubaine inespérée, l’introuvable prétexte, la motivation providentielle ! Avoir le droit, et même le devoir, de haïr les Juifs dans l’incarnation que représente et résume Israël, il fallait y penser ! Tel est le trait de génie de la perversité antisémite : il permet de rassembler, de justifier tous les instincts nazis, et (ce qui est un comble) leur donne une légitimation “démocratique”. » Une intuition visionnaire.
Chez ce penseur du déchirement, Israël représente la « conscience du monde d’aujourd’hui », une dette contractée par les autres pays « pour tout ce qu’ils n’ont pas fait ; pour tout ce qu’ils auraient dû faire ». Mais ce pays porte aussi une formidable promesse. Aux yeux de cet homme de gauche, Israël ne saurait être un État-nation comme les autres, au risque de verser dans le nationalisme et l’impérialisme. Il doit plutôt demeurer une sorte de « patrie mystique », une « Terre promise éternellement compromise ». Loin de plaider pour une fixation de tous les Juifs à l’intérieur de ses frontières, Jankélévitch voit dans leur dispersion à travers le monde une « sollicitation à chercher toujours ailleurs, toujours au-delà ». Israël deviendra, à cette condition, le modèle d’une « tension créatrice », rompant les barrières nationalistes pour faire place à des « confins ouverts », analyse la professeure de philosophie Enrica Lisciani-Petrini dans la revue Cités. Car c’est du mouvement, réel comme symbolique, que viendra le salut du peuple juif. « Ce qu’il faut opposer à la vocation minoritaire, c’est la haine de la fatalité », assure-t-il. Pour Jankélévitch, le futur n’est pas nécessairement la répétition du passé. Une profession de foi d’une saisissante actualité.
À la (re)découverte de Jankélévitch
Un éternel enfant à la voix fluette et à la raie blanchie de notable de province, qui distille ses aphorismes devant des étudiants sous le charme. Un homme tout à la fois anxieux et malicieux pour qui la « musique est la forme la plus proche de la pensée ».
Un penseur rétif aux embrigadements, dont la droiture intellectuelle et morale nous manque aujourd’hui.
Ainsi apparaît Vladimir Jankélévitch dans le documentaire de Fabrice Gardel et Mathieu Weschler, Penser la vie, diffusé le 2 juin sur la chaîne LCP. Y témoigne, entre autres intervenants, Françoise Schwab, éditrice des œuvres posthumes du philosophe. Rencontrée par Le Point, elle nous parle encore avec émotion de son « maître et ami », quarante ans après sa disparition : ses dîners hebdomadaires quai aux Fleurs, sur l’île de la Cité, son rituel du thé à 17 heures, son pas pressé quand il rentrait chez lui pour écrire.
Et dans ses souvenirs passe un peu de la mélancolie élégante du penseur : « Rien ne le rendait plus triste que les occasions manquées et les adieux… »
Parmi les autres projets de cette femme infatigable et au rire cristallin, une réédition de sa correspondance, Une vie en toutes lettres (1995, Liana Lévi), dans les mois à venir, avec une préface inédite.
La biographe de « Janké » (Vladimir Jankélévitch. Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi, Albin Michel, 2023), coordonnatrice, avec Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau et Jean-François Rey, d’un Cahier de L’Herne (L’Herne, 2023), envisage aussi de réunir sous forme de CD les entretiens qu’il a donnés sur le thème de la musique.
Elle prévoit enfin de publier quelques lettres, des « coups de gueule » jusque-là restés dans ses tiroirs § S. D.
https://www.lepoint.fr/postillon/l-antisionisme-une-haine-autorisee-01-06-2025-2590994_3961.php
Neue Zürcher Zeitung, 27 mai
Die Hölle von Stalingrad war die Tragödie einer Armee – und ist mit der Shoah verflochten
Die Schlacht von Stalingrad im Winter 1942/43 war ein geschichtlicher Wendepunkt: Sie störte die nationalsozialistische Tötungsmaschinerie und brachte sie letztlich zum Einhalt.
Full text :
Dem Kriegsberichterstatter Wassili Grossman schien es, als wäre ihm ein Messer in den Leib gerammt worden – so beschrieb er den Anblick der Landkarte im August 1942, die zeigte, wie deutsche Angriffe tiefe Schneisen in die sowjetischen Stellungen in Russlands Süden geschlagen hatten. Es war das zweite Kriegsjahr, vierzehn Monate nach Beginn des deutschen Überfalls auf die Sowjetunion. Die Rote Armee hatte in der Anfangsphase des Krieges mehr als fünf Millionen Soldaten verloren. Mit Millionen von neu mobilisierten Rekruten gelang es ihr im Dezember 1941, die auf Moskau vordrängenden deutschen Armeen zurückzuschlagen. Nun suchten die Deutschen mit ihrer zweiten Sommeroffensive dem Feind den vernichtenden Schlag zu versetzen.
Die Operation hatte am 28. Juni mit einem Grossangriff an der russisch-ukrainischen Südfront begonnen und sollte Deutschland in den Besitz von Rohstoffquellen bringen, die Hitler für kriegsentscheidend hielt – die Kohlegebiete vom Donbass und die Ölfelder von Grosny und Baku. Die motorisierten deutschen Truppen kamen rasch voran. Ihre Zangenbewegungen griffen jedoch meist ins Leere, weil sich die Divisionen der Roten Armee rasch zurückzogen und sich so vor der Einschliessung retten konnten.
Im Glauben, dass sich die gegnerischen Truppen bereits auflösten, spaltete Hitler seine angreifenden Verbände in zwei Teile auf. Die Heeresgruppe A sollte geradewegs auf den Kaukasus zustossen, die Heeresgruppe B nach Nordosten abdrehen und Flankensicherung üben. Die Speerspitze in der Heeresgruppe B bildete die 6. Armee von Generaloberst Friedrich Paulus. Unterstützt von italienischen und rumänischen Verbänden, erhielt sie den Auftrag, die Industriestadt Stalingrad an der Wolga zu erobern.
Hitler ging es nicht nur darum, Stalingrad als sowjetische Waffenschmiede auszuschalten und die Wolga zu kontrollieren. Er baute auch auf den psychologischen Schlag, den die Eroberung der Stadt versetzen würde, die den Namen des sowjetischen Diktators trug. Als politischer Kommissar in der Roten Armee hatte Joseph Stalin im russischen Bürgerkrieg erfolgreich die Verteidigung der damals Zarizyn genannten Stadt geleitet und sie zu einem «roten Verdun» erklärt, das sich niemals den konterrevolutionären Angreifern ergeben würde.
1925 wurde Zarizyn in Stalingrad umbenannt und zu einer modernen Industriestadt ausgebaut. Seinen Angriff auf die Stadt stilisierte Hitler nun zu einem Entscheidungskampf zwischen Nationalsozialismus und Bolschewismus. Am 20. August, drei Tage bevor die ersten deutschen Panzer die Vororte von Stalingrad erreichten, notierte Joseph Goebbels in seinem Tagebuch, dass der «Führer» die Stadt «besonders auf Nummer genommen» habe: «Es soll hier kein Stein auf dem anderen bleiben.» Hitler vermutete ferner «eine Million Bolschewiken» in der Stadt, die ebenfalls vernichtet werden sollten. Die Schätzung war übertrieben. Die mit Flüchtlingen aus der Ukraine überlaufene Stadt zählte 650 000 Bewohner, 20 000 von ihnen waren Kommunisten.
«Die Stadt muss gehalten werden. Schluss!»
Die sowjetische Führung versuchte mit allen Mitteln die vorrückenden deutschen Panzerverbände zu stoppen. Als Rostow am Don einige Wochen vorher fast kampflos in deutsche Hände gefallen war, hatte Stalin den Befehl Nr. 227, «Keinen Schritt zurück», erlassen. Er tadelte die Rote Armee – ihr Rückzug sei schändlich, das sowjetische Land sei nicht unendlich gross, der Angriff der Deutschen müsse endlich gestoppt werden.
Jeder, der fortan ohne ausdrücklichen Befehl vor dem Feind zurückweiche, sei ein «Vaterlandsverräter» und müsse an Ort und Stelle erschossen werden, befahl Stalin. In Stalingrad, 400 Kilometer östlich von Rostow, sollte dieser drakonische Befehl zur Anwendung kommen. Stalingrad erstreckte sich wie ein Band 40 Kilometer längs des Westufers der Wolga. «Keinen Schritt zurück» bedeutete für die Verteidiger der Stadt, dass es für sie hinter der Wolga keine Rückzugszone gab.
Die grössten Schlachten der Geschichte
In der Geschichte Europas wurden unzählige Schlachten geschlagen. Sie forderten Millionen von Toten und brachten unermessliches Leid über die Menschen. – Eine Serie von Essays befasst sich mit grossen Schlachten und fragt, wie diese die Geschichte bestimmten. Mit diesem Text beschliessen wir die Artikelfolge.
Während die 4. Deutsche Luftflotte ein Flächenbombardement begann, das weite Teile der Stadt in Schutt und Asche legte, untersagte Stalin den Einwohnern, Stalingrad zu verlassen. «Wohin jetzt noch evakuieren? Die Stadt muss gehalten werden. Schluss!», erklärte er. «Und schlug mit der Faust auf den Tisch.» So beschrieb ein Beobachter die Reaktion des Diktators auf das Ersuchen der Stadtoberen. Erst zwei Tage nach Beginn der deutschen Bombardierung wurde das Evakuierungsverbot für Frauen und Kinder aufgehoben. 40 000 Einwohner kamen bei den zwei Wochen anhaltenden Luftangriffen ums Leben.
Dann traten die deutschen Truppen zum Sturm an. Am 14. September brach ein Regiment in der Innenstadt zur Wolga durch. In den Strassen- und Häuserkämpfen der darauffolgenden Wochen wurden die sowjetischen Verteidiger bis ans Flussufer zurückgedrängt. Die im Steilufer eingegrabene 62. Armee hielt bald nur noch mehrere Brückenköpfe. Sie wurde über den Fluss mit Nachschub an Soldaten und Waffen versorgt. Die Deutschen verfügten über die Lufthoheit und belegten die Wolga mit Beschuss.
Trotzdem gelang es den Angreifern auch im weiteren Verlauf nicht, Stalingrad vollständig in Besitz zu nehmen. Deutsche Beobachter suchten nach Erklärungen für den unerwarteten Widerstand der Sowjets. Eine SS-Zeitung widmete dieser Frage ihren Leitartikel vom 29. Oktober 1942. Er trug den Titel «Das ist der Unterschied».
«Mama, wohin bringen die dich?»
Hätten Briten oder Amerikaner die Stadt verteidigt, so das Blatt, wäre Stalingrad binnen kurzem erobert worden. «Ein Mensch, er mag perfide sein wie ein britischer Kolonialschlächter oder verkommen wie ein Gangster aus der Chicagoer Unterwelt, untersteht im Kampf immer noch menschlichen Gesetzen», hiess es da. «Ein Mensch kämpft, solange sein Tun einen erkennbaren Sinn hat.» Nicht so aber der Rotarmist, schloss der Autor des Artikels.
Als Vertreter eines «niederen, dumpfen Menschentums» sei der Rotarmist nicht imstande, «den Sinn des Lebens zu erkennen und das Leben zu schätzen». Von den «jüdischen Kommissaren» in der Führung der Roten Armee zur primitiven Kampfmaschine geformt, wüte sich der Sowjetsoldat, «einmal losgelassen, auf seine Weise in den Tod hinein, fragt nicht nach Sinn und Ziel».
Wassili Grossman, der im September nach Stalingrad eingeflogen war, beschrieb die Schlacht ganz anders. Als Kriegsberichterstatter in den Reihen der 62. Armee, die sich in den Ruinen der Stadt verschanzt hatte, zeichnete Grossman ein hautnahes Bild von den Rotarmisten, mit denen er zwischen den Kampfeinsätzen ausführlich sprach. Er schilderte sie als einfache Menschen mit derber Sprache, aber einem ausgeprägten Bewusstsein dafür, dass sie in Stalingrad ihre Heimat und ihre menschliche Freiheit gegen den Rassenhochmut und die kaltblütige Grausamkeit der Deutschen verteidigten.
Einer von diesen Soldaten war der sibirische Buchhalter Wassili Saizew. Die 284. Schützendivision, in der er diente, wurde am 21. September nach Stalingrad gebracht. Wenig später schon hatte Saizew sich einen Namen als einer der besten Scharfschützen in der Stadt gemacht. Befragt danach, was ihn motiviere, Dutzende von deutschen Soldaten zu töten, verwies Saizew auf die Gewalt der Deutschen, der er aus seinem Unterstand nur tatenlos habe zusehen können.
Im Fabrikbezirk sah er einmal, wie deutsche Soldaten eine Frau wegschleppten, wohl um sie zu vergewaltigen, während ein kleiner Junge verzweifelt schrie: «Mama, wohin bringen die dich?» Saizew fuhr fort: «Oder man sieht, wie im Park an den Bäumen die jungen Mädchen hängen, sie waren noch Kinder – hat das etwa keine Wirkung? Das hat eine ungeheure Wirkung.»
Feigheit vor dem Feind
Grossman idealisierte die Rote Armee nicht. Seine Aufzeichnungen machen deutlich, dass die Standhaftigkeit der sowjetischen Soldaten auch Stalins Befehl 227 geschuldet war. Grossman sprach mit Generalleutnant Wassili Tschuikow, dem Kommandeur der 62. Armee, der freimütig bekannte, am 14. September, als die Stadt in die Hände der Deutschen zu fallen schien, vor den angetretenen Soldaten eines Regiments deren Kommandeur und Kommissar erschossen zu haben. Sie hatten ohne Befehl ihren Gefechtsstand verlassen.
Kurz darauf erschoss Tschuikow zwei Brigadekommandeure und die Kommissare, die an das östliche Wolga-Ufer geflohen waren. Diese Exekutionen, so Tschuikow, hätten sofortige Wirkung gezeigt. Grossman wurde auch Zeuge von standrechtlichen Erschiessungen einfacher Soldaten, denen Feigheit vor dem Feind vorgeworfen worden war. Und doch bot diese drakonische Gewalt in seinen Augen keine hinreichende Erklärung für den hartnäckigen sowjetischen Widerstand.
Interne sowjetische Polizeiakten bestätigen Grossmans Beobachtung. Anders als es zahlreiche Darstellungen suggerieren, darunter der Spielfilm «Enemy at the Gates» (2001), dessen Protagonist der fiktive Scharfschütze Wassili Saizew ist, töteten die im Rücken der sowjetischen Front eingesetzten Polizeieinheiten die vor dem Gegner zurückweichenden Rotarmisten nicht wahllos. Die Repressionen in den sowjetischen Truppen waren geringer als oft angenommen. Nicht weil die sowjetische Armeeführung human war, sondern weil sie den Soldaten als kriegswichtige Ressource schützen wollte.
Die sowjetische Gegenoffensive kam für die Deutschen völlig unerwartet. Den Plan hatten Stalins Generäle bereits im September ausgearbeitet: ein von zwei Armeegruppen durchgeführtes tiefes Umfassungsmanöver, deren koordinierte Vorstösse die Soldaten der Wehrmacht und ihrer Verbündeten umzingeln sollten.
Der deutschen Feindaufklärung entging der sowjetische Aufmarsch nicht, doch massen die Nachrichtendienste ihm keine besondere Bedeutung bei, weil sie die Kriegsreserven der Sowjetunion für erschöpft hielten. Mehr als eine Million sowjetische Soldaten beteiligten sich an den Angriffen, die am 19. November 1942 begannen und binnen fünf Tagen zur Einkesselung der 6. Armee führten.
«Drum haltet aus, der Führer haut uns raus!»
Der Kommandeur der 6. Armee, Friedrich Paulus, erwog einen Ausbruch seiner eingeschlossenen Truppen. Hitler stellte sich dem entgegen und ordnete an, die «Festung Stalingrad» um jeden Preis zu halten. Eine Luftbrücke sollte die eingekesselten Soldaten mit Nahrung und Munition versorgen. Paulus gehorchte und kabelte an seine eingeschlossenen Soldaten: «Drum haltet aus, der Führer haut uns raus!»
Schlechte Witterung und heftiger sowjetischer Beschuss führten dazu, dass die Versorgung des Stalingrader Kessels aus der Luft lückenhaft blieb. Die anfangs über 300 000 Soldaten im Kessel hatten bald zu wenig Munition und litten an Nahrungsknappheit. Im Dezember versuchten Einheiten der Heeresgruppe A unter Generalfeldmarschall Erich von Manstein, den Ring um Stalingrad von aussen zu sprengen.
Zeitgleich startete die Rote Armee eine Gegenoffensive mit dem Ziel, Rostow zurückzuerobern. Damit sollte die gesamte Heeresgruppe einschliesslich der 400 000 im Kaukasus stationierten Truppen abgeschnitten werden. Manstein brach den Entsetzungsversuch ab und zog die Kaukasusarmee eilends ab. Sie blieb vor der drohenden Einschnürung bewahrt.
Hitler widersetzte sich weiterhin allen Ersuchen seiner Generäle, das Leben ihrer Soldaten in Stalingrad zu schützen. Ein von den Sowjets Anfang Januar unterbreiteter Vorschlag zur ehrenhaften Kapitulation der deutschen Truppen musste zurückgewiesen werden. Als infernalisches Artilleriefeuer aus 7000 Kanonen und Raketenwerfern am 9. Januar die sowjetische Operation «Ring» einleitete, konnten die deutschen Verteidiger, die nicht nur zunehmend an Hunger litten, sondern denen auch Treibstoff und Munition ausgingen, dem Angriff wenig entgegensetzen.
Ende Januar war der Kessel bis auf das Stadtinnere von Stalingrad zusammengeschmolzen. In den Morgenstunden des 31. Januar hatten sowjetische Soldaten der 64. Armee den «Platz der Gefallenen Kämpfer» umstellt. Ein deutscher Offizier gab sich ihnen als Unterhändler zu erkennen und bot Kapitulationsverhandlungen an. Mehrere Rotarmisten wurden in den Keller eskortiert, wo sie auf den versammelten Armeestab der 6. Armee trafen.
In einem der schmutzigen Kellerräume erblickten sie Paulus. Der Armeekommandeur, den Hitler am Vortag noch zum Generalfeldmarschall befördert hatte, lag unrasiert und apathisch auf einer Pritsche. Er war Hitlers impliziter Aufforderung zum Selbstmord nicht nachgekommen, es hiess, ein deutscher Generalfeldmarschall begebe sich niemals in Gefangenschaft. Seinen Offizieren gegenüber erklärte sich Paulus zur Privatperson und signalisierte damit, dass sie an seiner statt die Kapitulation regeln sollten. Mehrere Stunden später legten die deutschen Soldaten im südlichen Stadtzentrum ihre Waffen nieder. In der Traktorenfabrik weiter nördlich wurde noch bis zum 2. Februar gekämpft.
«Totaler Krieg»
113 000 deutsche und rumänische Überlebende gerieten in sowjetische Gefangenschaft, viele von ihnen verletzt oder stark geschwächt. Insgesamt kostete die Schlacht und die ihr nachfolgende Gefangenschaft fast 300 000 deutschen Soldaten das Leben. Auf der Gegenseite verloren bei der Verteidigung von Stalingrad und der sich ihr anschliessenden Offensive nach konservativen Schätzungen knapp 500 000 Rotarmisten das Leben. Möglicherweise lag die Zahl der Toten noch viel höher.
Die nationalsozialistischen Machthaber antworteten auf den Untergang der 6. Armee mit vermehrter Propaganda und Massenmobilisierung. Nach einer dreitägigen Staatstrauer wandte sich der Propagandaminister Joseph Goebbels an die verunsicherte Nation. In der vollbesetzten Arena des Berliner Sportpalasts, in der verwundete Soldaten von der Ostfront in den ersten Reihen sassen, rief Goebbels alle Deutschen zum «totalen Krieg» auf.
Goebbels machte klar, wem dieser Krieg galt: nicht nur den anstürmenden Sowjetdivisionen, sondern auch den dicht hinter ihnen folgenden «jüdischen Liquidationskommandos», das heisst den Kommissaren in der Roten Armee, die angeblich vorhatten, Millionen von Deutschen mit Genickschuss umzubringen. Das «Judentum» sei der Aggressor in diesem Kampf, so Goebbels, und gegen diese jüdische Bedrohung werde Deutschland mit den «radikalsten Gegenmassnahmen» antworten. Nur so könnten Deutschland und Europa in diesem Existenzkampf bestehen.
Der unverhohlene Aufruf, die Ermordung der Juden noch energischer voranzutreiben, wurde von der aufgepeitschten Menge im Sportpalast mit frenetischem Beifall begrüsst. Goebbels’ Appell wurde weit über die Mauern des Berliner Sportpalastes hinausgetragen. Angehörige von in Stalingrad vermissten Soldaten schrieben Kettenbriefe an die Familien anderer «Stalingrader», in denen sie alle Deutschen dazu aufforderten, sich an den «sechs bis sieben Millionen Juden in unseren Händen» zu rächen, sollten Moskaus «jüdische Machthaber unseren gefangenen Soldaten Schaden zufügen». Das von den Nationalsozialisten beschworene Fanal von Stalingrad zeigte Wirkung. Der Krieg tobte zwei Jahre weiter. Mit noch grösserer Intensität.
Die Verflechtungen zwischen Stalingrad und der Shoah sind in der Nachkriegszeit vielfach übersehen worden. In der westdeutschen Forschung hielt sich lange Zeit das Bild einer von Hitler im Stich gelassenen, aufrechten 6. Armee. Stalingrad wurde häufig als eine deutsche Tragödie geschildert, deren drei Akte eine erfolgreiche Fernsehproduktion in drei Folgen sendete: «Der Angriff, der Kessel, der Untergang».
«Jude kaputt!»
Erst die Initiatoren der vielbeachteten Ausstellung über die «Verbrechen der Wehrmacht», die ab 1995 durch deutsche Städte tourte, lenkten den Blick auf die «Blutspur der 6. Armee». Einheiten dieser Armee hatten dem Massenmord von Juden in der Schlucht von Babi Jar bei Kiew im September 1941 zugearbeitet. Wenig später hatte der erste Oberbefehlshaber der 6. Armee, Generalfeldmarschall Walter von Reichenau, in einem Befehl das «jüdische Untermenschentum» als den deutschen Hauptfeind «im Ostraum» ausgemacht.
Um ihrer «geschichtlichen Aufgabe» gerecht zu werden, «das deutsche Volk von der asiatisch-jüdischen Gefahr ein für alle Mal zu befreien», müssten seine Soldaten auch Aktionen durchführen, «die über das hergebrachte einseitige Soldatentum hinausgehen». Dass der deutsche Vorstoss auf Stalingrad auch mit der Einsetzung von Besatzungsbehörden einherging, die in Stalingrad Kommandanturen errichteten, Kommunisten und Juden erschossen und die Deportation der Zivilbevölkerung in die Wege leiteten, ist bis heute wenig bekannt.
Dabei hatte Wassili Grossman diese Zusammenhänge bereits im Krieg deutlich benannt. Im Januar 1944 erreichte er mit Einheiten der Ersten Ukrainischen Front das Schtetl Berditschew westlich von Kiew. Grossman war Jude und Berditschew sein Geburtsort. Im Sommer 1941 wollte er seine Mutter noch aus Berditschew evakuieren lassen, doch die Deutschen kamen ihm zuvor. Seitdem hatte er nichts mehr von ihr gehört.
In Berditschew wurde Grossmans Ahnung, dass seine Mutter nicht mehr lebte, zur Gewissheit. Die wenigen jüdischen Überlebenden, mit denen er sprach, schilderten die schrecklichen Ereignisse. Mit den Rufen «Jude kaputt!» waren die Soldaten der 6. Armee in die Stadt einmarschiert, dann vertrieben sie die jüdischen Einwohner in ein eingezäuntes Ghetto. Am 15. September 1941 wurden 12 000 von ihnen ausserhalb der Stadt erschossen. Weiteren «Aktionen» fielen fast alle Juden von Berditschew zum Opfer.
Am 21. Juli 1944 überschritt die Rote Armee die Grenze nach Polen, wenige Tage später erreichte sie Treblinka. Das gewaltige Vernichtungslager war auf Geheiss des SS-Führers Heinrich Himmler zerstört worden, damit den Sowjets keine Beweise für die Massenverbrechen der Deutschen in die Hände fielen. Doch Grossman, der zu den ersten Rotarmisten gehörte, die das überwucherte Lagergelände betraten, machte sich sofort an die dokumentarische Arbeit.
Himmler reist nach Treblinka
Aufbauend auf forensischen Untersuchungen und Gesprächen mit den wenigen Überlebenden und anderen Augenzeugen, entstand sein verstörender Bericht über die Todesmaschinerie: «Die Hölle von Treblinka». Grossmans Bericht enthielt vielfache Hinweise auf Stalingrad. Treblinka, so betonte er, habe die meisten Opfer im Herbst 1942 verschlungen, als Hitler Europa beherrschte und um den Besitz von Stalingrad kämpfte.
«Die ganze Welt schweigt», schrieb Grossmann im Bericht, niedergedrückt und geknechtet von der braunen Räuberbande, die die Macht an sich gerissen hat. London ist still und New York auch. Und nur irgendwo, viele tausend Kilometer weit, donnert an einem fernen Wolga-Ufer die Sowjetartillerie.» Der Verweis auf London und New York enthielt eine deutliche Kritik an die Westalliierten, die ihr im Juni 1942 gegebenes Versprechen, eine zweite Front in Europa zu bilden, erst zwei Jahre später mit der Landung in der Normandie einlösten.
Der von der Roten Armee weitgehend allein errungene Sieg bei Stalingrad, so die Schlussaussage von Grossmans Essay, markierte den Ausgangspunkt der Befreiung der Menschheit vom Faschismus. Von einem gefangen genommenen Wachmann erfuhr Grossman, dass Himmler im Februar 1943 nach Treblinka gekommen war und angeordnet hatte, alle Opfer zu exhumieren und zu verbrennen. Was mochte den SS-Chef zu dieser Tat bewogen haben, fragte sich Grossman und gab sich selbst die Antwort: «Es gab nur einen Grund, den Sieg der Roten Armee bei Stalingrad.»
Die Schlacht von Stalingrad war ein geschichtlicher Wendepunkt: Sie störte die nationalsozialistische Tötungsmaschinerie und brachte sie letztlich zum Einhalt. Doch auch als Vielvölkerschlacht nimmt Stalingrad eine Sonderstellung ein. Auf der Seite der Wehrmacht standen Italiener, Rumänen, Ungarn und Kroaten, während in der Roten Armee Russen, Ukrainer, Weissrussen, Tataren, Kasachen und Soldaten vieler anderer Völkerschaften Seite an Seite kämpften.
Die deutschen Militärs und nach ihnen viele deutsche Historiker beschwerten sich immer wieder über die schlechten Verbündeten der Wehrmacht, deren mangelhafter Kampfgeist die Einschliessung der 6. Armee herbeigeführt habe. In Verhören mit Offizieren der Roten Armee klagten kriegsgefangene Rumänen, Ungarn und Österreicher ihrerseits über den Rassendünkel der Deutschen.
Unweit der Grenze zu Asien gelegen, eignet sich die 1961 in Wolgograd umbenannte Stadt Stalingrad als Fluchtpunkt für eine übergreifende europaweite Erinnerung an den Zweiten Weltkrieg. Nur stellt sich heute die Frage, ob und wann genügend Europäer sich dieser Bedeutung bewusst werden.
Jochen Hellbeck ist Historiker und lehrt an der Rutgers University, New Jersey, osteuropäische Geschichte. Soeben ist im S.-Fischer-Verlag sein Buch «Ein Krieg wie kein anderer. Der deutsche Vernichtungskrieg gegen die Sowjetunion. Eine Revision» erschienen.
Le Figaro, 26 mai
Jean Sévillia : « La tragédie d’Hiroshima, un basculement dans l’histoire de l’humanité »
Il y a quatre-vingts ans, le 6 août 1945, l’arme atomique était utilisée pour la première fois.
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Lancé en 1942 à la demande du président américain, Franklin Roosevelt, le projet Manhattan est placé en 1943 sous la direction du physicien Robert Oppenheimer, qui installe un laboratoire à Los Alamos, au Nouveau-Mexique. Objectif : fabriquer une bombe atomique. Plusieurs technologies sont à l’étude : la bombe au plutonium, plus sûre mais plus complexe à réaliser, et la bombe à l’uranium, plus instable, dont le transport est difficile. Le 12 avril 1945, Roosevelt meurt, et c’est le vice-président, Harry S. Truman, qui lui succède. C’est ici que commence le récit de Chris Wallace et Mitch Weiss, deux journalistes américains qui racontent, dans un récit bâti selon un compte à rebours, les 116 jours qui mèneront au 6 août 1945, où la bombe fut utilisée pour la première fois.
Bas du formulaire
Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie capitule. Si la guerre est terminée en Europe, l’empire du Soleil-Levant ne désarme pas car le premier ministre Suzuki, favorable à la reddition de son pays, subit la pression de l’état-major de l’armée impériale. Pour les Américains, envahir l’archipel nippon aurait un coût humain considérable. Afin de contraindre le Japon à capituler, Truman décide par conséquent de recourir à l’arme atomique. Le 28 mai, Oppenheimer reçoit l’ordre de tester la bombe avant la conférence qui réunira Truman, Churchill et Staline à Potsdam, en Allemagne, à partir du 17 juillet. La veille, le 16 juillet, le premier champignon atomique s’est élevé à 12 000 mètres d’altitude dans le ciel du Nouveau-Mexique. Essai réussi qui permet au président américain d’annoncer à ses alliés que l’arme atomique est prête. Le 28 juillet, le Japon rejette l’ultimatum élaboré à Potsdam.
Le 6 août 1945, le bombardier B 29 Enola Gay largue à 10 kilomètres d’altitude une bombe à l’uranium de 4 tonnes, surnommée « Little Boy ». Elle explose à 600 mètres au-dessus de Hiroshima : la ville est anéantie, tandis que 70 000 à 80 000 de ses habitants sont tués immédiatement et 70 000 autres blessés. Après le largage d’une seconde bombe sur Nagasaki le 9 août, l’empereur Hirohito annoncera, le 15 août, la capitulation du Japon. Mais à cause de l’arme atomique, la guerre avait basculé dans une autre dimension. Cette arme risque-t-elle de resservir ? La question est terrifiante. Elle le reste.
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 24 mai
Börne-Preis für Dan Diner: „Eine Katastrophe baut sich auf, deren Eintritt ich immer befürchtet hatte“
Er ist in Israel und Deutschland aufgewachsen und hat über beide Länder geschrieben: Ein Gespräch mit dem Historiker und diesjährigen Börne-Preisträger Dan Diner über die Schwäche des einen und das Dilemma des anderen Landes.
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Herr Diner, Sie haben Ihre ersten Lebensjahre in Israel verbracht und sind mit Ihren Eltern als Achtjähriger ins Deutschland der Fünfzigerjahre gekommen. Später haben Sie in beiden Ländern gelebt. Wie hat sich die Atmosphäre aus Wirtschaftswunder und Verdrängung damals angefühlt?
Manches bewertet man erst, wenn man den Blick zurück wagt, ein Kind nimmt anders wahr. Aber in Frankfurt war jedes zweite oder dritte Grundstück ein Trümmergrundstück. Kinder haben sich täglich in dieser zertrümmerten Vergangenheit bewegt und mit dem Sammeln von Altmetall Geld für Süßigkeiten verdient. Die eigentliche Hürde war die Schule. Ich kam erst in der dritten Klasse dazu, konnte kein Deutsch und war nicht blond. Jeder neue Lehrer, der das Klassenzimmer betrat, starrte mich an. Und im Klassenbuch sah er gleich, dass ich weder katholisch noch evangelisch war. Ich habe also schon damals Fragen der Zugehörigkeit – des Auffallens, des Fremdseins – vorreflektiert: Es gab zwar noch keine Begriffe für sie, aber sie waren täglich spürbar. Dass ich Lederhosen haben wollte wie meine Mitschüler, fanden meine Eltern befremdlich. Mit heutigen Begriffen würde man vielleicht sagen: Die kurze Lederhose verlieh einem Kind die Aura der Zugehörigkeit.
Wie hat sich Ihr Jüdischsein in der Kindheit bemerkbar gemacht?
Schwer zu sagen. Ich kam ja nicht mit dem Bewusstsein des Jüdischseins, sondern des Israelischseins nach Deutschland. Das ist ein großer Unterschied. Meine Sehnsucht bezog sich auf Sand, Hitze, Hunde, Kakteen und auf ein festes Gefühl der Zugehörigkeit. Dieses Gefühl hat mich auch geschützt, denn ich kam von einem bestimmten, genau definierten Ort.
Hatten Sie das Gefühl, dass Israel noch da ist, auch wenn Sie woanders sind?
Unbedingt. Mit all den Attributen, die für das Israelische – damals hätte man gesagt: das Hebräische – standen. Es war ja ein kulturelles Element, das weit über die Sprache hinausging. Es war stark säkular geprägt und bezog sich auf die dortige Erfahrungswelt der Vierziger- und Fünfzigerjahre. Ich habe in Frankfurt also in zwei verschiedenen Welten gelebt, und das war mir täglich bewusst. Was mir ebenfalls bewusst war: der Mehltau, der auf allem lag. Für diesen zeittypischen Mehltau habe ich ein besonderes Sensorium entwickelt.
Wenn Sie heute auf fast siebzig Jahre Verstehensgeschichte mit Deutschland zurückblicken, was sehen Sie da?
Ich würde meine Erfahrung mit Deutschland – halten Sie sich fest – als Geschenk ansehen. Sie hat mir die Möglichkeit gegeben, in eine Anatomie hineinzuschauen, als hätte sich das Objekt geöffnet wie ein Körper, dessen feinste Verästelungen ich studieren konnte. Bitte verstehen Sie dieses etwas seelenlose Bild nicht falsch. Mir bedeutet es viel, dass dieser Gegenstand – ein Land, eine Kultur – völlig offen da liegt und verstanden wurde. Insofern hat sich auch eine Sympathie für das Objekt entwickelt, während mir zugleich klar ist: Dazugehören kann ich nicht.
Daher Ihr besonderes Interesse an der deutschen Geschichte.
Ja, ich bin fasziniert von der deutschen Geschichte, besonders von den Jahren 1930 bis 1933. Fragen von Zufall und Kontingenz. Der 30. Januar 1933: Hitler und Hugenberg auf dem Weg zu Hindenburg, zankend. Was für ein Drama! Was die Gegenwart betrifft, öffnen sich übrigens wieder Konstellationen, die typischer für das 19. als für das 20. Jahrhundert waren. Vergessen wir nicht, dass die europäische Einigung mit der Absicht begann, die Rüstungskapazitäten Deutschlands und Frankreichs zu neutralisieren. Es war im Ursprung eine sicherheitspolitische Maßnahme, deren nächster Schritt die Europäische Verteidigungsgemeinschaft sein sollte – zu der es dann nicht kam. Die Bundesrepublik war ein reiner Institutionenstaat. Wer hätte das nach 1945 gedacht? Es war geradezu ideal, man stand irgendwie zwischen der Schweiz und den Vereinigten Staaten. Aber kann das so weitergehen? Wenn das Europäische nicht hält . . .
. . . fallen wir dann wieder auf das Deutsche zurück?
Richtig. Das ist die große Frage. Deutschland und Frankreich: Geht das zusammen oder nicht? Ist Deutschland jetzt für Europa zu groß?
Wenn wir sehen, dass Bundeskanzler Merz die Franzosen, Briten und Polen mit Deutschland an einen Tisch bringt, um eine Kerngruppe der großen europäischen Nationen zu bilden und schneller zu einer gemeinsamen Haltung zu finden: Das ist doch kein schlechtes Zeichen.
Überhaupt nicht. Die Frage ist, ob es reicht. Es geht ja nicht darum, ob man es will oder nicht. Ich bin sicher, dass alle es wollen. Aber ein Blick auf die Landkarte zeigt, dass Deutschland der Nachbar fast aller Länder im europäischen Kerngebiet ist, und wenn es Europa nicht gelingt, eine Neuauflage der EVG, der Europäischen Verteidigungsgemeinschaft, zu bewirken, dann steht Deutschland als sehr großes Land in der Mitte und hat viele Optionen.
Entspringen Ihre Sätze einem aus der deutschen Geschichte rührenden Unbehagen? Oder muss man nicht auch hier mit der Zaghaftigkeit deutscher Politiker rechnen, wenn es darum geht, sicherheitspolitische Verantwortung zu übernehmen und so etwas wie Stärke zu zeigen?
Ja, aber es ist eine selbst auferlegte Zaghaftigkeit. Sie ist ja auch nicht falsch. Es war wohl anlässlich der Unterzeichnung des Vertrags der Montanunion, da sagte Konrad Adenauer: „Ein deutscher Bundeskanzler hat sich vor der Bundesflagge einmal und vor der französischen Trikolore dreimal zu verbeugen.“ Das war die alte Bundesrepublik. Und es ging erst einmal um Kohle und Stahl.
Dieses Denken und Fühlen ist inzwischen vom Rhein an die Elbe verlagert worden.
Ja, die Teilung Deutschlands ist jetzt von einer geopolitischen zu einer Mentalitätsfrage geworden. In gewissem Sinn ist die gesamte DDR-Bevölkerung ab 1989 in die Bundesrepublik eingewandert, ohne dabei den Ort zu verlassen, an dem sie sich befand. Denken Sie an den Satz: „Entweder die D-Mark kommt zu uns, oder wir kommen zur D-Mark.“ Dabei geht es um alles, was in der Währung seinen Ausdruck findet, nämlich auch die Institutionen. Es waren Menschen, die nicht das vorweisen konnten, was andere im Westen hatten: Vermögen, Erbschaften und ähnliche Anwartschaften. Deutschland ist das einzige Land, dessen Teilstaat zum ehemaligen Ostblock gehörte – also geteilt war, zwei politische Systeme kannte und zwei verschiedene Mentalitäten ausgebildet hat. Das ist in allen anderen vormaligen kommunistischen Staaten nicht der Fall. Eine Trennung, wie es sie in Deutschland gibt, erinnert einen eher an die Spaltung in den USA durch den Amerikanischen Bürgerkrieg. Auch der wirkt noch viele Generationen später nach. Wir stehen also vor der Frage: Ist Deutschland in der Lage, sich politisch kleiner zu halten, als es ist, um europafähig zu sein? Oder wird es erklären: Wir haben keine Zeit, wir müssen uns beeilen. Darauf scheint Putin ja zu warten.
Was würde Deutschland in Ihren Augen denn tun, wenn es sich beeilen wollte?
Das lässt sich im Einzelnen nicht vorhersagen. Aber es ist ein großes Land und weltweit die drittgrößte Wirtschaftsmacht.
Man merkt davon nur so wenig.
Ja, weil Sie hier leben! Aber wenn Sie von außen schauen, bekommen Sie einen Blick dafür. Blicken Sie mal von Schweden aus, dann sehen Sie ein gewaltiges Land sich zwischen Skandinavien und dem Mittelmeer erstrecken, und das ist Deutschland.
Weckt das bei Ihnen Unbehagen?
Es gibt Dinge, die sich nicht verändern lassen, darunter die Geographie. Militärgeschichtlich gesehen, waren die langen inneren Linien das Drama der deutschen Mittellage. Wenn Sie das Heer nicht zwischen zwei Fronten aufspalten wollen, müssen Sie auf Geschwindigkeit setzen. Diese wiederum zieht zwangsläufig eine umso größere Gewaltanwendung nach sich. Denken Sie an den alten preußischen Satz: „Kriegsräson geht vor Kriegsmanier.“ Hoffen wir, dass diese Konstellation nicht wiederkehrt. So gesehen, glänzt die alte Bundesrepublik in immer hellerem Licht.
Sie meinen jetzt Adenauer bis Kohl.
In der Rückschau ist das unglaublich. Die Bundesrepublik war kein nationales Gemeinwesen, sondern reine Gesellschaft. Die Explosion der Soziologie als eine Art Leitwissenschaft fand nicht grundlos in der Bundesrepublik statt. Insofern blicke ich mit Trauer zurück und schätze mich glücklich, diese Zeit erlebt zu haben.
In Ihren frühen Schriften nehmen Sie dem jüdischen Staat gegenüber eine überaus kritische Haltung ein. Wie hat sich Ihr Blick auf Israel in den letzten fünfzig Jahren gewandelt? Was ist gleich geblieben?
Das Frühere hatte mit der Dominanz der Kategorien in der damaligen Geschichtsschreibung zu tun. In jenem Fall die Kombination von Karl Marx und Carl Schmitt. Es ging um die Herausstellung des absoluten Gegensatzes im Konflikt als einer alles bestimmenden Konstellation – was ja auch nicht ganz falsch ist.
Ihr Blick hat dadurch eine gewisse Kälte.
Weil ich die Begriffe in reiner Form gelten ließ. Mein späteres Buch „Der andere Krieg“ hat einer gewissen Weichheit – und der Rolle der lebendigen Geschichte – wieder mehr Raum gewährt.
Das Studium der Geschichte hat Sie zu größerer Wärme und einem größeren Verständnis der Handelnden geführt?
Absolut. Doch Verstehen bedeutet nicht Abwiegelung. Man sollte eine Position anstreben, die es erlaubt, darüber nachzudenken: Was ist in der Realität möglich? Und was nicht? Begriffe leben nicht.
Was sehen Sie, wenn Sie im Mai 2025 auf den Konflikt im Nahen Osten schauen?
Ich sehe, wie sich eine Katastrophe aufbaut, deren Eintritt ich immer befürchtet hatte. Die radikalsten Tendenzen setzen sich durch. Israel ist ein gespaltenes Land – gespalten, was die Frage seiner Legitimität und damit des politischen Handelns angeht. Für die gegenwärtigen Machthaber geht es eher um die „Erlösung des Landes“, also ein politisch-theologisches Prinzip. Deswegen spielt für sie etwa das Schicksal der Entführten keine Rolle. Die Geiseln müssen notfalls geopfert werden. Die andere Seite rückt die Menschen in den Vordergrund, sie ist bereit, auf Anteile des Landes zu verzichten. Diese Spaltung ist in allen Bereichen der israelischen Gesellschaft zu erkennen – bei Dominanz der politisch-theologischen Orientierung, die in Israel „messianisch“ genannt wird.
Mit anderen Worten, Sie sehen schwarz.
Allein schon die demographische Konstellation lässt einen pessimistisch in die Zukunft blicken. Es ist eine Paradoxie, die alles bestimmt. Die jüdischen Israelis sind regional eine Minderheit, die aber als Mehrheit agiert. Die arabischen Palästinenser mögen im Staate Israel eine Minderheit sein, sind jedoch durch die regionale ethnisch-kulturelle Anbindung an die arabische Welt Mehrheit. Dies geht mit Verkehrungen von Schwäche und Stärke einher. Die israelischen Juden sind aktuell stark, aber historisch schwach, die arabischen Palästinenser aktuell schwach, aber historisch stark. Dementsprechend empfinden und handeln sie. Auch wenn die Israelis überlegen sind, haben sie ein hohes Bewusstsein von Schwäche. Es ist der Schwache, der ein Übermaß an Gewalt anwendet. Minderheiten, die sich am Rande der Vernichtung stehend empfinden, kämpfen mit der entsprechenden überbordenden Gewaltbereitschaft.
Was kann Israel tun, um die Hamas zu besiegen?
Mit militärischen Mitteln allein geht es offenbar nicht. Die Hamas hat sich ins Zentrum eines palästinensischen Nationalismus eingefräst. Man kann sie schwer chirurgisch sauber ausreißen. Dann müsste man alles andere mitzerstören, was ja geschieht – mit allen moralischen Kosten, die an der äußeren Legitimität des Gemeinwesens nagen und es international isolieren. Ohne eine politische Perspektive für Israel und Palästina ergibt das Kämpfen keinen Sinn – oder man beabsichtigt, „mit den Philistern zu sterben“.
Öffnet das, was in Gaza geschieht, dem Antisemitismus die Tore?
Ich habe mit der Anwendung des Begriffs Probleme. Ich kann ihn nicht definieren, aber ich erkenne ihn, wenn er mir begegnet. Judenhass erscheint in Legierungen. Insofern plädiere ich im Prinzip dafür, zwischen dem Konflikt und antisemitischen Phänomenen zu unterscheiden, auch wenn dies schwerfällt. Und auch wenn sie sich verschränken. Die Unterscheidung ist auch kulturell und herkunftsbedingt. Juden in der Diaspora empfinden eher Antisemitismus. Israelis sind empfänglicher für das Elend des Konflikts. Wer als Besatzungssoldat in den Dörfern der Westbank patrouilliert, empfindet Scham angesichts palästinensischer Kinderaugen.
Was ruft die Gewalt in Gaza hervor?
Bei mir Scham und Schande. Analytisch werden andere Begriffe gefragt. Im Prinzip handelt es sich nicht um einen Konflikt zwischen Militär und Militär, sondern zwischen Bevölkerung und Bevölkerung. Die eine ist besser organisiert und bewaffnet, die andere irregulär und terroristisch. Solche Konflikte sind besonders grausam. Hinzu tritt der Umstand, dass die israelische Regierung durch Siedlungspolitik ständig auf eine Verschärfung des Konflikts drängt. Und man darf nicht vergessen, dass die andere Seite auch nicht aus Waisenknaben besteht, was Gewaltanwendung angeht. Ihre Kampfform ist das Massaker, wenn man sie lässt – wie am 7. Oktober 2023 geschehen.
Was Sie jetzt entwickelt haben, lässt sich kaum in eine Handlungsanweisung an die Kriegsparteien übersetzen. Haben Sie wenigstens einen Rat für die Deutschen?
Das Problem für Deutsche besteht darin, dass sie tief im Inneren empfinden: Was im Nahen Osten passiert, hat viel mit ihnen selbst zu tun. Ohne sie wäre es vermutlich nicht zur Gründung Israels gekommen. 1948, das Gründungsjahr des Staates, war eine direkte Reaktion auf 1945 und was diesem Jahr vorausging. Ohne die Nazis und nach dem Abflauen der antisemitischen Ausschreitungen der Dreißigerjahre in Polen wäre die Einwanderung abgeebbt. Die Briten hatten bereits Ende der Dreißigerjahre eine konstitutionelle Versammlung für Palästina vorbereitet, und dies bei Gewährung einer jüdisch-kollektiven Existenz im Lande. Aber es ist nun einmal gekommen, wie es gekommen ist. Der Holocaust wurde verbrochen, und der Staat Israel ist gegründet worden.
In den letzten Jahrzehnten hat sich im Diskurs über Israel, den Westen und die sogenannte Dritte Welt in weiten Teilen der Öffentlichkeit die Perspektive des Postkolonialismus durchgesetzt. Darin wird Israel als „Siedlerkolonie“ beschrieben, die sich ins Herz der islamischen Ökumene vorgeschoben habe. Wie blicken Sie auf diese Deutung?
Das ist eine lange und komplizierte Geschichte mit persönlichen und theoretischen Bildern. Dazu möchte ich Ihnen eine Geschichte erzählen: Bevor meine Eltern mit mir als Kleinkind aus München, wo ich geboren wurde, nach Israel einwanderten, waren wir etwa zwei Jahre in Paris. Wir haben in der Nähe vom Trocadéro gewohnt, und ich spielte immer unten in dem Park am Eiffelturm. Da waren Kinder, die mit Murmeln spielten. Ich war zwei, drei Jahre alt, sie waren ein paar Jahre älter. Sie warfen diese wunderschönen Glasmurmeln in ein Loch, und ich bin einfach hin und habe sie mir rausgeholt, worauf sie mir Schläge androhten. Da trat ein Junge aus dem Maghreb aus der Gruppe, stellte sich vor mich und drückte mir drei, vier Murmeln in die Hand, und die Sache war erledigt. Ich habe das nie vergessen. Algerien spielte für mich eine wichtige Rolle, schon bevor ich Gillo Pontecorvos Film „Schlacht um Algier“ in den Sechzigerjahren gesehen habe. Irgendwie hatte ich mich immer mit beiden Seiten identifiziert, mit der FLN und mit den Pieds noirs – mit Camus, wenn Sie so wollen. Und ich wollte nicht, dass mit den israelischen Juden das passiert, was mit den Algerien-Franzosen geschehen ist.
Was bedeutet das für die heutige Diskussion über den Nahostkonflikt?
Natürlich haben Juden Palästina von außen her besiedelt, so wie zuvor alte jüdische Gemeinden in Palästina bestanden. Juden sind aus dem nahen Osteuropa wie aus dem islamischen Orient eingewandert. Und ja, auf Kosten beziehungsweise zum Nachteil der Araber Palästinas. Es bestanden Elemente einer Kolonisation wie auch des Imperialismus. Also sehr hybride Elemente von Zugehörigkeit und Nichtzugehörigkeit zum Ort. Koloniales, Nichtkoloniales und gar Antikoloniales mischten sich. Ein Ort von Flüchtlingen und Vertriebenen, die andere zu Flüchtlingen und Vertriebenen gemacht haben. Alles wäre zur Ruhe gekommen, hätte die Siedlung nach 1967 die alten Gespenster nicht wieder zum Leben erweckt. Meine Haltung zu Algerien ist heute: Es hätte Umstände geben müssen, unter denen die Pieds noirs hätten bleiben können. Und ich möchte, dass Wege gefunden werden, damit die israelischen Juden als Kollektiv in Israel leben können, im Rahmen von Staatlichkeit. Aber es gibt noch ein Problem – und hier kommen wir in den Bereich der politischen Theologie –, das den Antisemitismus berührt, obwohl es aus dem Kontext des klassischen Antijudaismus stammt. Der Holocaust war eine absolute Vernichtung von Menschen, ein absoluter Genozid. Oder um mit Hannah Arendt zu sprechen: ein Verbrechen gegen die Menschheit, verübt am jüdischen Volk. Also eine negative Erzählung. Dieser absolute Genozid hebt die Juden heraus und rührt an eine sehr tiefe Schicht des jüdisch-christlichen Gegensatzes, nämlich die Frage des Auserwähltseins. Damit treten wir in einen Zusammenhang ein, von dem wir meinten, dass er längst abgelegt sei. Aber wir stellen fest, dass er zu emotionalen Reaktionen führt, die wir sonst kaum erklären können. In der Diskussion um Achille Mbembe etwa hieß es: Das ist ein Schwarzer, Afrikaner, er argumentiert universell. Aber der Mann ist Dominikaner! Das ist ihm doch viel näher, in jeder Hinsicht. Wir haben es mit sehr alten Mustern zu tun, die in einer anderen Gestalt wiederkehren.
Wie kann man von der Katastrophe des Holocaust einer Generation erzählen, die wenig liest und im Netz allen möglichen Lügen und Fiktionen ausgesetzt ist?
Es gibt keine Möglichkeit, aus der Gesamtheit der Geschichte eine Erklärung für das zu ziehen, was da geschehen ist. Das epistemische Verständnis, der biographische Schmerz, alles das, was zu einer derartigen Erzählung gehört – ob das überhaupt erlebbar ist, weiß ich nicht.
Wir müssen mit der Popularisierung und Sentimentalisierung des Themas leben?
Ja. Und in dem Augenblick wird das Ganze natürlich falsch. Beim Holocaust geht es ja nicht nur um Leiden. Es geht um die Aufhebung von Zweckrationalität, um deren Annullierung. Die Nazis haben Arbeit nicht als Mittel der Ausbeutung, sondern als Mordinstrument eingesetzt, zum eigenen Schaden, könnte man sagen. Das kann man an den Judenräten in den Ghettos ablesen, an der Wahrnehmung von Menschen, die glaubten, noch reagieren zu können auf das, was geschah. Aber es gab keine angemessene Reaktion. Was immer sie taten, alle Wege führten in den Tod. Als Friedrich Pollock nach dem Krieg erfuhr, was passiert war, sagte er zu seinen Frankfurter Freunden in Kalifornien: „Ich glaube, mit unseren Kategorien stimmt etwas nicht.“ Aus Max Horkheimers Tagebuchnotizen, mit denen ich mich in den Achtzigerjahren beschäftigt habe, konnte man ersehen, wie der Marxist in ihm angesichts des Geschehens regelrecht abstirbt. Der Begriff des Zivilisationsbruchs, den ich damals geprägt habe, entstand in diesem Lektürezusammenhang.
Was ist das Buch, das Sie noch nicht geschrieben haben?
Eine Rechts-Anthropologie von Massentötungen – und eine Art von Autobiographie. Dabei fällt mir eine Geschichte ein: Ich bin ja bis zum neunten Lebensjahr in Israel aufgewachsen. Wir Kinder waren grausam, wie Kinder eben sind. Da gab es einen merkwürdigen älteren Herrn, der selbst in der Hitze mit Anzug und Hut ziellos auf der Straße herumlief. Uns kam er merkwürdig vor. In der Seitentasche des Anzugs steckte eine Zeitung, deren Kopf man sah. Wir haben ihm nachgerufen, ihn geärgert, gar mit Steinen nach ihm geworfen, aber er hat nur hilflos seinen Mund bewegt. Er konnte nicht sprechen. Allmählich haben wir verstanden, dass der Mann taubstumm war. Er war der Sohn eines berühmten Wächters der frühen Ansiedler, der schon Ende des neunzehnten Jahrhunderts nach Israel gekommen war, Avraham Schapira. Der Sohn hieß Mendele. Sein Vater, in dessen Haus meine Mutter Hebräisch für Einwanderer unterrichtete, hatte ihn in den Zwanzigerjahren nach Berlin geschickt, um dort die Taubstummensprache zu erlernen, auf Deutsch. Wir Kinder haben die gotische Schrift im Kopf der Zeitung gesehen und ihn deshalb als Deutschen, als Nazifreund verspottet. Die Zeitung war die F.A.Z.
The Wall Street Journal, 22 mai
‘The Third Reich of Dreams’ Review: Nightmare of History
As the Nazi regime took hold in Germany, a Jewish journalist in Berlin collected accounts of the dream lives of others—and smuggled them out of the country.
Full text :
One night in 1933, after Hitler had taken power, a Jewish journalist in Berlin awoke from uneasy dreams, drenched in sweat. “The thought occurred to me,” she later wrote, “that I might not be the only one among thousands upon thousands to be condemned to such dreams by the dictatorship. The things that filled my dreams must fill theirs, too—breathless flight across fields, hiding at the top of towers of dizzying height, cowering down below in graves, everywhere the Storm Troopers at my heels.”
Thus began an extraordinary clandestine project. For the next six years, Charlotte Beradt canvased some 300 Germans from various walks of life. What she uncovered was a slow colonization of the unconscious, as the Third Reich’s persecutions and propaganda seeped into the last refuge of the private self. She secretly transcribed their dreams, hid her notes in bookbindings and smuggled them out in letters to friends overseas. Her method was not scientific; she did not conduct controlled interviews. She simply listened, with the urgency of someone who knew she might not have much time.
By the time she fled Germany in 1939, Beradt had smuggled out a unique archive of inner life under tyranny. After the war, in New York, she shaped these oneiric fragments into a potent volume, “The Third Reich of Dreams.” A new English edition, translated with crisp clarity by Damion Searls, revives this long-overlooked classic.
First published in Germany in 1966, Beradt’s book is at once a nocturnal oral history, a collection of parables worthy of Kafka and a revelatory account of despotism internalized. The dreams it anthologizes are not symptoms of personal neuroses or early childhood experiences. “They trace,” Beradt writes, “the internal effects of external political events as minutely as a seismograph.” Her close friend Hannah Arendt, in “The Origins of Totalitarianism” (1951), mapped the machinery of ideological domination. Beradt’s own book registers—more subtly than any political analysis could—how that domination infiltrates the topography of the mind.
Among the recurring motifs in these dreams, startling in their brevity and force, are the fear of surveillance and the abolition of privacy. One man dreams that “the walls of my room, of my whole apartment, suddenly disappeared.” A housewife dreams that the tiled stove in her living room—normally associated with the warmth of home—begins repeating “everything we’d said against the regime.”
Another dreamer gets caught in a thoughtcrime during a performance of Mozart’s “The Magic Flute” (1791): “After the line ‘That is the devil, certainly,’ a squad of policemen marched in and headed straight toward me, their footsteps ringing out loud and clear. They had discovered by using some kind of machine that I had thought about Hitler when I heard the word ‘devil.’” Several Germans described to Beradt dreams in which dreaming itself had been outlawed. Conjured long before the dystopian novel “Nineteen Eighty-Four” (1949), such dreams seem like Orwellian fables distilled.
And yet these are not simply dreams about terror; they are, as the German historian Reinhart Koselleck noted, “dreams dreamed in terror.” The distinction matters. Beradt’s collection does not merely catalog the fears of the moment, it records pre-emptive acquiescence signaling an erosion of resistance. A man drafts a letter of protest, but instead of sending it, he feebly places a blank sheet in the envelope. A woman discovers that street signs have vanished, replaced by posters proclaiming a government ban on 20 words. The first word is “Lord.” The last is “I.” Another dreams simply: “I don’t have to always say No anymore.” As Beradt comments: “Freedom is a burden, unfreedom comes as a relief.”
Consider the factory owner who dreams that he is commanded to give the Nazi salute before his employees under Goebbels’s impassive gaze. It takes him an agonizing half hour to raise his arm, “millimeter by millimeter,” before Goebbels coldly tells him, “I don’t want your salute,” and turns away. The owner is left frozen in humiliation. The dream recurs for months. Eventually, in one iteration, his spine breaks under the strain. “A perfect parable,” Beradt glosses, “for the creation of the submissive totalitarian subject.”
And what of the German Jews? Theirs, Beradt notes, are “dreams of people who had been rudely awakened from the dream of assimilation.” They dream of exclusion, of exile, of realization too late. They envision sealed borders, neighbors indifferent and distant, and homelands irretrievably lost.
Beradt’s closest predecessor may be Victor Klemperer, whose “The Language of the Third Reich” (1947) chronicled how Nazi terminology distorted reality and how ordinary people unconsciously echoed the phrasing of their oppressors. But in Beradt’s record, we see what it means when even dreams—the final barricade behind which the individual might retreat—no longer remain uncontaminated.
“The only private individuals left in Germany,” boasted the Nazi official Robert Ley, “are people sleeping.” Beradt suggests that Ley “underestimated the dictatorship’s powers.” By annihilating the boundary between private and political, a state can make even sleep subject to its dominion.
“We are such stuff as dreams are made on,” says Shakespeare’s Prospero. Beradt’s nocturnal diaries, vivid snapshots of collective unease, belong to a specific time and place. Her book’s involuntary testimonies are dictated, so to speak, by a particular dictatorship. But in our own moment of renewed anxiety about authoritarian impulses worldwide, they make us wonder: What happens when the dreams are no longer fully our own? The least we can do is read this singular document with our eyes wide open.
Mr. Balint is the author of “Bruno Schulz: An Artist, a Murder, and the Hijacking of History.”
Focus, 21 mai
„Liebe Deutsche, ihr werdet lange auf Euch allein gestellt sein“
Erst die Fehler der Linken haben Donald Trump groß gemacht, sagt der Historiker Mark Lilla. Ein Gespräch über die Folgen dieser Präsidentschaft für die USA und die Welt.
Full text :
Sie sind Professor für Ideengeschichte, aber haben Sie schon mal an eine Karriere als Hellseher gedacht?
Nicht wirklich, auch wenn man mir im Netz schon den ein oder anderen prophetischen Spitznamen verpasst hat.
Wir fragen deshalb, weil Sie bereits 2016 ziemlich genau die Gründe für Donald Trumps Wahlsieg im November 2024 benannt haben. Damals schrieben Sie: Die Linke habe das Land gespalten und das Gefühl für ein gemeinsames „Wir“ zerstört, weil man sich zu sehr auf Identitätsfragen wie Rasse, Geschlecht oder sexuelle Orientierung fokussiere. Dadurch würden sich viele Wähler nicht mehr angesprochen fühlen.
Was ich 2016 nicht geahnt habe: Wie sehr sich die gesellschaftliche Spaltung in den USA noch einmal vergrößern würde. Das habe ich so nicht vorhergesehen.
Präsident Donald Trump in Abu Dhabi, United Arab Emirates
Bevor wir weiter über Identitätspolitik sprechen: Wie haben Sie die ersten Monate von Donald Trumps zweiter Amtszeit wahrgenommen?
Ganz unabhängig davon, ob man Trump nun liebt oder hasst, finde ich es durchaus beeindruckend, wie schnell er gehandelt hat. Während der Regierungszeit von Joe Biden hieß es immer, alles sei kompliziert und man könne zum Beispiel an der Grenze nicht einfach so für Ordnung sorgen. Aber Trump hat Truppen an die Grenze geschickt. Und ich glaube, das ist eine Erfahrung, die den Amerikanern im Gedächtnis bleiben wird. Jahrelang, wenn nicht jahrzehntelang, haben sie immer gehört, wie schwierig manche Entscheidungen seien und wie diffizil es sei, gewisse Dinge anzugehen. Donald Trump hat gezeigt, dass es sehr viele Machthebel gibt, die man nach einer Wahl bewegen kann.
Tatsächlich sagen im Augenblick viele republikanische Wähler in Umfragen: Endlich jemand, der regiert; endlich jemand, der entscheidet und handelt. Dabei ist dieser Präsident, wenn man auf die Fakten schaut, gar nicht so erfolgreich – siehe die Aktienmärkte, siehe die Inflation, siehe die wirtschaftliche Unsicherheit, die viele Unternehmen stört. Warum lässt Trumps Anhänger das alles kalt?
Weil die Auswirkungen immer noch nicht für alle spürbar sind. 90 Prozent der Amerikaner verfolgen keine Nachrichten. Sie haben keine Ahnung, welche Konsequenzen die Entscheidungen des Präsidenten im Detail haben werden. Gleichzeitig müssen jetzt erst einmal die Gerichte klären, was Trump tun darf und was nicht. Viele strittige Themen liegen bei den Richtern. Das heißt: Noch funktioniert unser System der Checks and Balances. Und das erklärt dann auch, warum es keine Massendemonstrationen auf den Straßen gibt.
Was folgt daraus für die Demokraten?
Es genügt nicht, die vermeintlich richtigen Werte zu vertreten und die vermeintlich berechtigten Anliegen zu unterstützen. Eine Regierung ist dann erfolgreich, wenn sich darauf konzentriert, dass die Dinge funktionieren. Das Problem der Demokraten ist, dass die Partei mit drei Themen belastet ist, die die Konzentration auf das Wesentliche behindern.
Und zwar?
Über das Thema Einwanderung und Grenze haben wir bereits gesprochen. Dazu kommt das Thema DEI, also die vielen Programme und Regelungen zur Förderung von Minderheiten. Diese beiden Themen hat Donald Trump weggefegt. Das dritte Thema ist die Sexualität von Kindern, ihr Geschlecht. Eigentlich müssten die Demokraten sagen: Wir haben zur Frage des Geschlechts bei Kindern nichts beizutragen, das überlassen wir alles den Eltern. Reden wir besser über das, was den Menschen wirklich wichtig ist. Aber das geschieht nicht.
Warum nicht?
Seit der Präsidentschaft Roosevelts hatte die demokratische Linke in Amerika immer eine Vorstellung, eine Art Grundidee davon, wofür eine Regierung, wofür die Partei da sein sollte. Man hat sich für Sozialprogramme, höhere Steuern und Umweltschutz eingesetzt. Und irgendwann hatte man all das erreicht. Damit begann das Problem. Denn mehr Pfeile im Köcher hatte man nicht. Also hat die Linke begonnen, sich um Dinge zu kümmern, bei denen es scheinbar nur darum ging, die richtige Position zu beziehen. Die Wähler aber haben sich verwundert gefragt: Ist das wirklich eure Priorität? Glaubt ihr wirklich, dass mich das interessiert?
Warum haben die Demokraten diese Signale nicht erkannt?
Man hat geglaubt, die richtige Position zu beziehen, sei schon Handeln genug. Aber das ist es nicht. Nur eine Position zu beziehen, heißt nicht, dass man in den Augen der Wähler auch handelt. Dazu muss man schon auch etwas tun.
Also ist Donald Trump eigentlich ein Produkt der Linken?
Wenn man seinem Feind die entscheidenden Waffen in die Hand gibt, ist man immer selbst schuld.
Was überrascht Sie an Donald Trump?
Lassen Sie es mich so sagen: Seine Eitelkeit und seine Kleinlichkeit waren es jedenfalls nicht. Er ist ein sehr kleiner Geist in einem sehr großen Amt. Überrascht haben mich eher J. D. Vance und Marco
Rubio. Ich hatte die Hoffnung, dass J. D. Vance später einmal, als Nachfolger von Trump, die MAGA-Bewegung wieder mehr in die Mitte führen könne. Immerhin war er lange Zeit eher Trump-skeptisch. Und ich hielt es tatsächlich für möglich, dass nach dieser Präsidentschaft der wahre Vance wieder zum Vorschein kommt. Aber das wird wohl nicht passieren. Dazu ist er inzwischen ein viel zu überzeugter Trump-Anhänger.
Und Außenminister Rubio? Auch er galt vor seiner Berufung ja als eher moderat.
Marco Rubio weiß wohl selbst nicht mehr, woran er noch glauben soll oder was er da gerade macht. In meinen Augen hat der Präsident ihn entmachtet und alle wichtigen außenpolitischen Aufgaben an Steve Witkoff delegiert, Trumps Sondergesandten. Und so ist der Außenminister jetzt nur noch einer unter vielen Mitgliedern des Kabinettes, die bei ihren Sitzungen mit Trump am großen Tisch des Kabinettssaals sitzen und vor laufender Kamera dem Präsidenten huldigen, wie großartig doch diese Amtszeit sei.
Sind Donald Trump und sein Regierungsstil nur eine Episode – oder wird die MAGA-Bewegung die Vereinigten Staaten dauerhaft verändern?
Das hängt entscheidend vom Kongress und vom Obersten Gerichtshof ab. Beim Kongress wird interessant sein, ob die Abgeordneten nach der Regierungszeit von Trump wieder eigenständiger agieren und ob zum Beispiel der Senat seine Rolle als Gestaltungskraft innerhalb unseres Systems
annimmt und wieder ausfüllt.
Und die Justiz?
Donald Trump hat in seiner ersten Amtszeit sehr hart daran gearbeitet, den Obersten Gerichtshof mit eigenen Richtern zu besetzen. Aber noch handeln diese Richter nicht immer so, wie es sich der Präsident vielleicht wünschen würde. Es sind konservative Richter, doch sie sitzen dem Präsidenten nicht auf dem Schoß. Entscheidend wird sein, ob das so bleibt.
Was am Erfolg von Trump ist selbst Ihnen immer noch unerklärlich?
Ich rätsele mehr über seine Wähler als über ihn. Da gibt es tatsächlich einiges, das ich immer noch nicht verstehe – etwa die kultartige Bindung an Trump. Aber ich kann Ihnen zumindest den Versuch einer Erklärung anbieten…
Legen Sie los!
Das zentrale Motiv scheint mir die Erfahrung von Ungewissheit zu sein. Darüber schreibe ich auch in meinem neuen Buch. Tief in uns Menschen gibt es eine große Sehnsucht nach Nichtwissen. Wir alle haben gute Gründe, bestimmte Dinge nicht wissen zu wollen. Eine Trapezkünstlerin zum Beispiel wird sich nie die versicherungsmathematischen Berechnungen für ihren Berufsstand anschauen, das würde sie nur verunsichern. Nun aber werden die Menschen über das Internet tagtäglich mit Informationen überschwemmt, sie können diesem Wissen – oder besser gesagt: dem scheinbaren Wissen – gar nicht entgehen. Das führt zum unangenehmen Gefühl, nicht mehr beurteilen zu können, was richtig ist und was falsch, was wichtig ist und was nicht. In dieser Situation hilft jeder, der einem die Dinge vereinfacht und auf den man sich scheinbar verlassen kann. Die Ungewissheit der Bürger ist ein wichtiger Erfolgsfaktor der Populisten.
Deutschland ist politisch nicht so gespalten wie die USA, Großbritannien oder Frankreich,
aber die Gräben zwischen Links und Rechts sind auch bei uns tiefer denn je. Was muss eine neue Regierung in so einer Situation tun?
Was Populisten überall auf der Welt so attraktiv macht, ist, dass sie Dinge vereinfachen und die animalischen Instinkte der Menschen ausnutzen. In gewisser Weise muss eine konservative Regierung da Klarheit und Verlässlichkeit ausstrahlen. Sie muss sich klar von links abgrenzen, damit die Wähler nicht den Eindruck haben, konservativ sei nur eine mildere Variante von links. Und sie muss den Bürgern glaubhaft vermitteln, dass man sich auf sie verlassen kann. In einer Zeit, die so sehr von Unsicherheit und vom Wandel geprägt ist, dürfte eine Partei der Stabilität für sehr viele sehr interessant sein.
Das war jetzt innenpolitische Teil der Antwort. Aber wie sollte die neue deutsche Regierung mit den USA umgehen, was wird aus dem tranatlantischen Verhältnis?
Sie wollen unbedingt, dass Mark Lilla den Deutschen sagt, was sie tun sollen? Na gut. Ich sage: Ihr werdet Euch nie wieder auf uns verlassen können! Auch nach der Amtszeit von Donald Trump. In den USA ist eine ganze Generation von Diplomaten und Außenpolitikern abgetreten, und unter den Republikanern sehe ich niemanden, der in ihre Fußstapfen treten könnte. Es dürfte für die USA nach dieser Präsidentschaft ohnehin sehr schwer werden, wieder in eine glaubwürdige Rolle als Verbündeter und verlässlicher Partner hineinzuwachsen. Und gleichzeitig werden sich die Amerikanerinnen und Amerikaner daran gewöhnt haben, dass man ihnen unter Trump jahrelang gesagt hat, Europa habe sich auf Kosten der USA bereichert und müsse selbst für sich sorgen. Auch das wird die Bereitschaft zum Bündnis nicht gerade fordern. Also, es tut mir leid, liebe Deutsche, aber ihr werdet eine lange Zeit auf Euch allein gestellt sein.
Mark Lilla ist einer der prominentesten Kritiker der Identitätspolitik der amerikanischen Linken. Er ist Professor für Ideengeschichte an der Columbia University in New York.
Neue Zürcher Zeitung, 15 mai
Deutsche Geschichte ist nicht nur, was sich in Deutschland abgespielt hat: David Blackbourn korrigiert alte Mythen
Geschichte macht meistens an den Staatsgrenzen halt. Zu Unrecht, findet David Blackbourn. Für sein Buch «Die Deutschen in der Welt» hat der britische Historiker einen universalen Ansatz gewählt.
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Zwischen Selbst- und Fremdwahrnehmung klafft oft eine Lücke. Das gilt nicht nur für individuelle, sondern auch für nationale Biografien. Der in den USA lehrende britische Historiker David Blackbourn arbeitet seit über vierzig Jahren daran, durch den Blick des Fremden «Mythen deutscher Geschichtsschreibung» zu korrigieren, wie der Titel eines seiner Bücher heisst. Auch im neuen Buch «Die Deutschen in der Welt» verspricht er, solche Lücken aufzudecken.
Mit seinem Projekt einer fünfhundert Jahre umfassenden deutschen Globalgeschichte schreibt Blackbourn gegen ein Verdikt Peter Sloterdijks an, das er als Selbsttäuschung entlarven will. Sloterdijk mahnte einmal, von einer deutschen Universalgeschichte sollten Historiker «höflich schweigen», weil es diese nämlich nicht gebe – im Unterschied zur spanischen, französischen oder britischen Globalgeschichte. Und zwar deshalb, weil es nie ein deutsches Weltreich gegeben habe.
Sloterdijks Appell gilt, wie Blackbourn zeigen will, nur, solange der Blick des Historikers national verengt bleibt. Öffnet er sich dagegen für individuelle Lebensläufe, wird deutlich, dass Deutsche am Projekt der Globalisierung nicht nur beteiligt, sondern massgebend waren. Anhand von Tagebüchern, Reiseberichten, Briefen und anderen persönlichen Quellen zeichnet Blackbourn die Lebenswege deutscher Söldner, Missionare, Kaufleute und Forscher nach, die seit dem 16. Jahrhundert die Welt zu der Welt gemacht haben, die sie heute ist.
«Pfahl im Fleisch der Welt»
Die eigentliche Brisanz seiner Untersuchungen verbirgt Blackbourn in dem Teil seines Buches, der dem 19. und dem 20. Jahrhundert gewidmet ist. Hier greift er unter anderem die These vom deutschen Sonderweg zur Nation auf, die er bereits in den 1980er Jahren im Gegensatz zur Mehrheit der deutschen Historikerzunft für unhaltbar erklärt hatte.
Mit einer «Leitmethode des Vergleichs» will Blackbourn zeigen, dass die Entstehung der deutschen Nation kein Sonder- oder Einzelfall ist. Deutschland sei zwar, hält er fest, eine von oben und militärisch geschaffene Nation. Aber trotzdem sei sie nicht von vornherein dazu prädestiniert gewesen, zum «Pfahl im Fleisch der Welt» zu werden, wie Thomas Mann einmal geschrieben hat. Griechenland, Italien oder Rumänien seien von der Entstehung her einen ähnlichen Weg gegangen, ohne für andere Staaten zur Provokation und Bedrohung zu werden.
Vergleichend nähert sich Blackbourn auch dem Nationalsozialismus an. Hier begibt er sich bewusst auf das Feld des bis heute schwelenden Historikerstreites, in dem sich seit dem Beginn 1986 das Lager der Relationisten und das der Singularisten gegenüberstehen. Während Letztere in kontextualisierenden Erklärungsansätzen die Gefahr einer Relativierung nationalsozialistischer Taten wittern, halten Erstere ein Verstehen des Holocausts ohne vergleichende Einordnung für unmöglich.
Von Windhoek nach Auschwitz?
Das Ergebnis von Blackbourns Annäherung ist die Empfehlung, den nationalsozialistisch regierten deutschen Staat als das anzuerkennen, als was er sich selbst verstand: ein Reich. Das «nationalsozialistische Reich» weise alle wesentlichen Merkmale eines solchen Gebildes auf: Zusammenarbeit mit lokalen Kollaborateuren, Ausbeutung von Ressourcen, rassisches Überlegenheitsgefühl und Anwendung von Gewalt.
Der einzige wesentliche Unterschied zwischen kolonialen Expansionen etwa des britischen und des amerikanischen Imperiums sowie dem nationalsozialistischen Reich besteht für Blackbourn im Ort, an dem sie stattfanden. Unter Verweis auf Hannah Arendt und postkoloniale Denker wie Frantz Fanon oder Aimé Césaire schreibt er, die Nationalsozialisten hätten den Juden und Slawen in Europa nur das angetan, was die europäischen Nationen, einschliesslich des wilhelminischen Kaiserreichs, in den afrikanischen, arabischen, asiatischen und indischen Kolonien seit langem praktiziert hätten.
Die Frage, ob ein direkter Weg von Windhoek nach Auschwitz führe, will Blackbourn nicht einfach bejahen. Er weist allerdings darauf hin, wie stark sich die nationalsozialistischen Phantasien von der Erweiterung des Lebensraums im Repertoire kolonialen Denkens bedienten. Heinrich Himmler bezeichnete die Ostgebiete mehrfach als das «Kalifornien Europas», und der Generalgouverneur des besetzten Polens, Hans Frank, verglich die Slawen mit Indianern und sah im Protektorat «eine Art Tunis».
Rituelle Beschwörungen
Blackbourn hält es sachlich für falsch, die Verbrechen des Nationalsozialismus von den übrigen Verbrechen der Menschheitsgeschichte zu isolieren. Denn diese Trennung dient seiner Ansicht nach genau jenen, die das Unrecht der Nazis zur Bagatellisierung ihrer eigenen kolonialen Untaten nutzen wollen. Exemplarisch zitiert Blackbourn Churchills Satz, der Holocaust sei «das wahrscheinlich grösste und schrecklichste Verbrechen der Weltgeschichte», als «bemerkenswerte Feststellung aus dem Munde eines Politikers, der sich gern als Historiker betrachtete», hier aber offensichtlich als Anwalt des britischen Empire gesprochen habe.
Blackbourn ist sich bewusst, wie viel Zündstoff für geschichtspolitische Debatten in seinem Buch schlummert. Das zeigt sich allein schon daran, dass er seinen Hunderte von Seiten langen Ritt durch die deutsche Weltgeschichte mit einer Erinnerung an eine Warnung von Hans Magnus Enzensberger beschliesst: Den deutschen Geschichtsdebatten wohne stets die Gefahr inne, zu «bloss rituellen Beschwörungen» zu verkommen. Dies, findet Blackbourn, drohe heute universell zu werden.
Blackbourn schleudert kräftige Bannsprüche gegen solche Debatten. Das macht sein Buch zu einer anregenden Lektüre, auch wenn man nicht alle seine Einschätzungen teilt. Lohnend ist sein Buch vor allem wegen der «Kühle und Distanz» des Blicks, den Herfried Münkler ausdrücklich gelobt hat. Dazu kommt Blackbourns Talent, Geschichte nicht nur zu analysieren, sondern vor allem auch zu erzählen, das ihn von den meisten seiner deutsch schreibenden Kollegen unterscheidet.
David Blackbourn: Die Deutschen in der Welt. Siedler, Händler, Philosophen: Eine globale Geschichte vom Mittelalter bis heute. Deutsche Verlags-Anstalt. München 2025, 1008 S., Fr. 58.90.
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 15 mai
Historiker Moshe Zimmermann: „Der Zionismus kann den Weg wiederfinden“
Vor sechzig Jahren nahmen Israel und die Bundesrepublik diplomatische Beziehungen auf. Ein Gespräch mit dem Historiker Moshe Zimmermann über den Blick beider Länder aufeinander, Antisemitismus und den HSV.
Full text :
Das Wichtigste vorneweg, Professor Zimmermann: Sie sind bekennender HSV-Fan. Was sagen Sie zum Wiederaufstieg in die Bundesliga?
Ich war bis zuletzt pessimistisch. Denn wir wissen ja: Der HSV ist Meister darin, den Aufstieg im letzten Moment zu vergeigen. Aber jetzt haben wir es endlich geschafft!
Sie stammen aus einer alteingesessenen Hamburger Familie. Sind Sie so zum HSV gekommen?
Ich wusste von meinem Vater, dass er Anhänger der Hamburger Fußballmannschaft war. Das war noch in den Zwanzigerjahren, in seiner Kindheit. Er war ein begeisterter Fan vom Mittelstürmer „Tull“ Harder. Als ich 1972 nach Hamburg kam, um meine Doktorarbeit zu schreiben, war mein Institutsleiter auch HSV-Fan. Wir sind gemeinsam zum Fußball gegangen, und so wurde ich ein treuer HSV-Fan. Ich habe erst später erfahren, wer Harder war. Er trat der SS bei und wurde Kommandant eines KZ.
Ihre Eltern haben Deutschland Ende der Dreißigerjahre verlassen. Sie haben mit Ihnen nie Deutsch gesprochen, stimmt das?
Zu Hause sprach man nur Hebräisch. Zur deutschen Sprache kam ich erst als Student. Gleichzeitig haben meine Eltern sich weiter sehr für deutsche Literatur interessiert. Was bringt ein Flüchtling aus Deutschland schon mit nach Palästina? Selbstverständlich alle möglichen gesammelten Werke. Zu Hause, das war für sie die deutsche Literatur. Als ich sechs Jahre alt war, kaufte mein Vater mir ein Buch: Gebrüder Grimm – auf Hebräisch selbstverständlich. Ich kann mich daran erinnern, es hat mich sehr gelangweilt, und mein Vater war enttäuscht. Wir Kinder sind aber mit Erich Kästner aufgewachsen und auch mit anderen Schriftstellern, die übersetzt wurden. Auch wenn man den direkten Weg der deutschen Sprache blockiert hat, kam alles auf anderem Weg wie eine Flut aus der deutschen Vergangenheit.
Am heutigen Montag ist der sechzigste Jahrestag der Aufnahme diplomatischer Beziehungen zwischen Israel und der Bundesrepublik. Wie würden Sie das Verhältnis heute beschreiben?
In Israel ist die Bevölkerung recht deutschlandfreundlich. An der Hebräischen Universität werden seit vielen Jahren Meinungsumfragen durchgeführt. Man sieht, wie die Sicht immer besser wurde. Man hat eine große Sympathie für Deutschland, weil es als israelfreundlich eingestuft wird. In Deutschland ist es andersherum: Die öffentliche Meinung ist eher skeptisch, distanziert, sehr oft negativ. Die politische Klasse in Deutschland wiederum zeigt sich unbeirrt israelfreundlich. Egal, was wir hier an Verbrechen verüben.
Benutzen deutsche Politiker Israel mitunter als Projektionsfläche?
Eine nahezu blinde Unterstützung Israels ist ein Mittel, sich zu profilieren und klarzumachen: Wie unterscheiden wir uns vom „alten Deutschland“?
Vor allem bei rechtspopulistischen Bewegungen in Europa beobachtet man eine wachsende Nähe zur ebenfalls rechten israelischen Regierung.
Israel hat eine Alibifunktion: Indem sie Israel unterstützt, erbringt etwa die AfD vermeintlich einen Beweis, dass sie keine Partei von Antisemiten ist. Immer wenn im Bundestag eine Debatte läuft über 75 Jahre Israel oder so, stehen die Leute von der AfD auf und loben Israel für seine Standhaftigkeit und für seine Position gegenüber der arabischen oder muslimischen Welt. Und dann, nach zwei Sätzen, geht es zum eigentlichen Thema: „Wir“ in Deutschland müssen auch mehr gegen die muslimische, gegen die arabische Einwanderung unternehmen. Das ist eine unheilige Allianz, die entstanden ist, vor allem zwischen der extremen Rechten in Israel, inklusive den Siedlern, und der extremen Rechten in Europa.
Die radikale Rechte instrumentalisiert Israel für ihren Kampf gegen den Islam?
Ja. Und die israelische Politik nutzt das ebenfalls aus. Die Tendenz, mit der radikalen Rechten in Europa oder in Amerika zusammenzuarbeiten, ist ein Resultat davon. Kritik von Demokraten und Liberalen wird umgekehrt schnell als antisemitisch bezeichnet. Dieser Zynismus ist etwas, was mich als Historiker sehr betrübt, weil der Begriff Antisemitismus missbraucht wird. Und weil der Kampf gegen den Antisemitismus und darüber hinaus gegen Rassismus überhaupt darunter leidet. Am Ende wissen die Leute nicht, worum es geht. Auch die Schoa als „Erinnerungskapital“ wird auf dieser Weise verspielt.
Glauben Sie, dass das irgendwann kippen könnte? Welche Folgen hätte das?
Das ist eine sehr realistische Gefahr. Die Schere zwischen öffentlicher Meinung und politischen Deklarationen zu Israel klafft immer weiter auf. Irgendwann wird sich der Spieß umdrehen. Aber dann wird es nicht gegen die israelische Regierung oder gegen die israelische Rechte gehen. Alle Israelis werden darunter leiden, auch die Leute, die hier gegen die Regierung demonstrieren. Und ebenso Juden im Ausland.
Dabei ist eigentlich gerade eine zunehmende Entfremdung zwischen Juden in aller Welt und Israel zu erkennen, oder?
Vor allem in der angelsächsischen Welt gibt es immer mehr junge Juden, die sich nicht mit diesem Israel identifizieren können. Die Gefahr besteht, dass sie sich irgendwann von dem Thema abkoppeln. Dann bliebe Israel nur die Unterstützung der rechtsorientierten, zumeist orthodoxen Juden. Das ist eine Gefahr nicht nur für den Zionismus und für den Staat Israel, sondern auch für die Diasporajuden.
Warum eine Gefahr?
Weil Juden pauschal mit dieser israelischen Art von Judentum identifiziert werden. Dabei wollen die meisten das gar nicht. Aber auch Israel sagt immer wieder: Wir sind die Alleinvertreter des Judentums. Wenn man diesen Anspruch nicht ablehnt, sind auch die Politiker gezwungen, immer „für Israel“ zu sein, egal, wie Israels Politik agiert. Denn Israel ist für sie identisch mit der israelischen Regierung und, noch entscheidender, mit Juden, und man darf nicht „gegen Juden“ sein.
Das klingt fast, als machten Sie Israel für Antisemitismus verantwortlich.
Antisemitismus ist die Verantwortung der Antisemiten, nicht die ihrer Zielscheibe. Man ist erzogen oder sozialisiert auf der Grundlage von Vorurteilen, die man Antisemitismus nennt. Dieser Antisemitismus kann im sozialen oder politischen Geschehen Anhaltspunkte finden, die ihn aktivieren. Und die Politik von Israel leistet im Moment Antisemiten Schützenhilfe. Es ist leicht, seine Vorurteile zu „bestätigen“, wenn man auf diese israelische Politik blickt.
Können Sie ein Beispiel nennen?
Antisemitismus ist beispielsweise, wenn man Juden allgemein vorwirft, sie seien blutrünstig oder hätten eine Neigung, Kinder zu töten. In dem Moment, wo so viele Kinder in Gaza sterben, gibt es für Antisemiten eben eine vermeintliche Bestätigung für ihre antijüdischen Vorurteile. Der Zionismus ist nicht für Antisemitismus verantwortlich. Der Zionismus ist ursprünglich eine Antwort auf Antisemitismus. Aber wenn Zionisten sich auf eine bestimmte Art und Weise verhalten und damit die vermeintliche Bestätigung für Vorurteile von Antisemitismus geben, dann haben wir eine Situation, in der Zionismus für die Verbreitung von Antisemitismus mitverantwortlich gemacht werden kann.
Sie haben geschrieben, dass in Israel seit 1967 ein „biblischer Romantizismus“ um sich greife und der Zionismus dadurch immer stärker ethnozentrisch werde.
Wir befinden uns in einem Zeitalter, in dem der Liberalismus und der liberale Nationalismus am Aufgeben sind. Auch der deutsche Nationalismus begann liberal: die Nation auf der Grundlage von Selbstbestimmung, von Offenheit, von Antikonservatismus. Und mit der Zeit haben diese ethnozentrischen, später rassistischen Elemente sich immer mehr etabliert – am stärksten bei den Nazis. Das ist etwas, was mir vor den Augen schwebt. Und deswegen bin ich sehr vorsichtig in Bezug auf den israelischen Nationalismus. Diese romantischen, irrationalen, ethnozentrischen Elemente spielen immer eine größere Rolle. Es geht immer stärker um: Wir oder die anderen. Da gibt es keinen Raum für die Rechte von Minderheiten wie auch für ein Nebeneinander.
Der 7. Oktober hat dieses Phänomen deutlich massiver und offener gemacht.
Ja, aber die Tendenz war schon vorher sichtbar. Seit 1967, und dann vor allem nach dem Scheitern des Oslo-Friedensprozesses ist sie immer stärker geworden. Meine Reaktion nach dem 7. Oktober war: Jetzt haben wir endlich die Möglichkeit, eine reformierte Palästinensische Autonomiebehörde zurück nach Gaza zu bringen, um die Hamas zu ersetzen und die Zweistaatenlösung voranbringen zu können. Die Reaktion der israelischen Entscheidungsträger und der Mehrheit in der Bevölkerung war anders. Die Extremisten in der Regierung machen kein Hehl daraus: Sie streben die Besetzung und Räumung von Gaza an und bekämpfen die Autonomiebehörde genauso wie die Hamas. Und dabei spielen dann eben diese Vorstellungen aus der nationalen Romantik die größte Rolle, etwa vom Heiligen Land oder vom auserwählten Volk.
Ihr letztes Buch trägt den Untertitel: „Israel am Scheideweg“. Ist Israel immer noch am Scheideweg oder schon jenseits davon?
Wir bewegen uns zurzeit tiefer in die Katastrophe, aber es gibt noch immer den Weg, der aus der Sackgasse führen kann. Der Zionismus kann den Weg wiederfinden und in eine andere Richtung gehen: Zusammenarbeit mit der Umwelt, mit den Palästinensern. Man ist geneigt, zu sagen, wenn der Zionismus sich so verhält wie im Moment, dann ist er gescheitert. Aber ich bin HSV-Fan: Die Hoffnung stirbt zuletzt.
Wie wohl fühlen Sie sich in Israel?
Mein Verhältnis gegenüber Israel von heute ist sehr gespalten, das habe ich auch mehrmals geschrieben. Auch in der heutigen Situation möchte ich nicht aufgeben. Als Großvater fragt man sich jedoch: Wie sieht es für die Enkelkinder aus? Mein ältester Enkel ist 17 Jahre alt. In einem Jahr geht es zum Militär. Dass er in den besetzten Gebieten dient, ist für mich eine Horrorvorstellung.
Der Historiker Moshe Zimmermann wurde 1943 in Jerusalem geboren. Von 1986 bis 2012 war er an der dortigen Hebräischen Universität Professor für neuere Geschichte und Leiter des Richard-Koebner-Minerva-Zentrums für Deutsche Geschichte. Zuletzt erschien von ihm „Niemals Frieden? Israel am Scheideweg“ (Ullstein, 2024).
The Economist, Book Review, 13 mai
Rise of nations : How golden ages really start—and end
The greatest civilisations of the past 3,000 years were the opposite of MAGA
Full text :
Peak Human. By Johan Norberg. Atlantic Books; 400 pages; $32.99 and £22
The way to start a “golden age” is to erect big, beautiful barriers to keep out foreign goods and people. That, at least, is the view of the most powerful man on the planet. Johan Norberg, a Swedish historian, makes the opposite case. In “Peak Human”, Mr Norberg charts the rise and fall of golden ages around the world over the past three millennia, ranging from Athens to the Anglosphere via the Abbasid caliphate. He finds that the polities that outshone their peers did so because they were more open: to trade, to strangers and to ideas that discomfited the mighty. When they closed up again, they lost their shine.
Consider the Song dynasty in China, which lasted from 960 to 1279AD. Song emperors were much keener on the rule of law than their predecessors, who tended to rule by whim. To enforce predictable rules, they hired lots of officials via meritocratic exams. The first Song emperor enacted the “unconventional policy reform” of “[not] killing officials who disagreed with him”.
Peasants were granted property rights and allowed to move around, rather than being tied to a lord’s land. Farm output more than doubled, and the extra food supported much larger cities. In the 1100s Kaifeng, the capital, had 65 times the population of London. Canals made domestic trade easier. International trade followed. Merchants started issuing paper money, six centuries before Europeans did, and the government embraced this brilliant idea—so much easier than carrying heavy strings of copper coins.
“Crowded cities set the stage for an unparalleled exchange of ideas, goods [and] services,” notes Mr Norberg. Artisans devised new industrial processes, such as burning coal to smelt iron. The invention of movable type in the 1040s allowed the printing of books so cheap that one philosopher griped that people would stop learning the classics by heart. By 1200 Song China had the world’s richest economy, a merchant navy with “the potential to discover the world” and a habit of tinkering that could have brought on an industrial revolution centuries before Europe’s. But then the Mongols arrived.
The popular image of Genghis Khan and his mounted hordes sweeping across the world slaughtering and burning is accurate as far as it goes. However, the Mongol dynasty took pains to preserve its predecessor’s technological marvels—even if it did not add much to them. It was only when the Ming emperors took over in 1368 that China really turned in on itself.
Free movement within the country was ended. Free exchange gave way to forced labour. Foreign trade was made punishable by death, and even the construction of ocean-worthy ships was banned. Pining for the good old days, a Ming emperor brought back the fashions of 500 years before. Men caught with the wrong hairstyle were castrated, along with their barbers. Largely thanks to reactionary Ming policies, Chinese incomes fell by half between 1080 and 1400. The country did not recover its mojo until it opened up again in the late 20th century.
Some of the golden ages Mr Norberg describes will be familiar to readers, but he adds fresh details and provocative arguments. Athens was not just the birthplace of democracy; it grew rich because it was, by ancient standards, liberal. Tariffs were only 2%. Foreigners were welcome: a Syrian ex-slave became one of the richest men in town. On a measure devised by the Fraser Institute, a Canadian think-tank, ancient Athenians enjoyed more economic freedom than citizens of any modern nation, narrowly beating Hong Kong and Singapore. (Such freedom did not apply to women or slaves; a caveat that applies to all golden ages until relatively recently.)
Rome grew strong by cultivating alliances and granting citizenship to conquered peoples. It learned voraciously from those it vanquished—Greek slaves taught Roman children about logic, philosophy and drama. During Rome’s golden age, one set of laws governed a gigantic empire, markets were relatively free and 400,000km of roads sped goods from vessel to villa. As a gobsmacked Greek orator put it: to see all the world’s products, either travel the world or come to Rome.
The emperor Augustus introduced a flat poll tax and a modest wealth tax. Extra income from hard work or innovation suddenly faced a marginal tax rate of zero. Small wonder Augustan Rome grew as rich as Britain and France were 1,500 years later.
Mike Johnson, the Republican speaker of America’s House of Representatives, thinks Rome collapsed because of “rampant homosexual behaviour”. Mr Norberg offers a more convincing explanation. Bad luck—plagues and barbarian attacks—was compounded by policy blunders.
Cash-strapped emperors debased the coinage, reducing its silver content. This caused wild inflation. Price controls were then slapped on everything “from sandals to lions”. Trade atrophied.
Intellectual freedom gave way to dogma, with the persecution first of Christians and then by Christians. Finally, Rome was too weak to resist the barbarian onslaught. Revisionists say the Dark Ages that followed were not so bad. Archaeological evidence, such as a sudden fall in the number of cargo-ship wrecks, suggests they were “the biggest social regression in history”.
Mr Norberg deftly punctures popular misconceptions. The zealots of Islamic State revere the Abbasid caliphate, but would have hated its tolerance. The Italian Renaissance, which modern nationalists such as Viktor Orban see as evidence of European and Christian cultural superiority, began as a revolt against Christian orthodoxy and in imitation of pagan cultures. Despite what you read in Blake and Dickens, Britain’s Industrial Revolution was not miserable for the workers: a study of diaries shows the only group consistently dissatisfied was poets and writers.
Could a history book be more timely? Of all the golden ages, the greatest is here and now. Of all the progress of the past 10,000 years in raising human living standards, half has occurred since 1990. Openness went global after the collapse of the Soviet Union. But now it is in rapid retreat, as a multilateral trade war looms and ever more states suppress free inquiry.
Previous golden ages all ended like Rome’s did, jinxed by a mix of bad luck and bad leadership. Many thriving societies isolated themselves or suffered a “Socrates moment”, silencing their most rational voices. “Peak Human” does not mention Donald Trump; it was written before he was re-elected. America’s president will not read it, but others should. The current age of globalisation could still, perhaps, be saved. As Mr Norberg argues: “Failure is not a fate but a choice.” ■
https://www.economist.com/culture/2025/05/01/how-golden-ages-really-start-and-end
The Wall Street Journal, 12 mai
How World War II Became the Hottest Book Craze…for Kids
Publishers are racing to churn out more historical novels about bombings, spies and young resistance fighters
Full text:
An auditorium of eager kids in Washington, Okla., were on the edge of their seats a few weeks ago as author Jennifer A. Nielsen told them about Lidia Durr Zakrzewski, a teenager who joined the Polish resistance during World War II. She served as the real-life model for the young heroine in Nielsen’s 2024 novel “Uprising.”
To the middle-grade audience, Nielsen was akin to a rock star, and she is a bit of one in the publishing world too. The types of books she often writes—historical novels about bombings, spies and young resistance fighters in World War II—have become some of the hottest novels with young readers starting around age 8.
Scholastic, one of the country’s leading children’s book publishers, is asking agents for more World War II fiction, even as the rest of the kids’ fiction market stagnates. At its book fairs, the publisher sees elementary and middle-school students darting over to the WWII bookcases, nabbing titles before they sell out. Books by authors like Nielsen and Alan Gratz have hit bestseller lists.
With tales of heroism and spycraft, battle scenes and bravery, Gratz and a coterie of other writers have tapped into many of the same themes that draw kids to the Harry Potter and Percy Jackson series. Instead of dragons, wizards and gods, there are Nazis and young resistance fighters.
In Nielsen’s thriller “Rescue,” 12-year-old Meg Kenyon becomes part of a dangerous mission through Nazi-occupied France. In Adam Gidwitz’s recent novel “Max in the Land of Lies,” 13-year-old Max Bretzfeld returns to Nazi Germany as a British spy. And in Alan Gratz’s “Heroes,” two friends live through the Japanese attack on Pearl Harbor.
“There is insatiable interest,” said Aimee Friedman, an editorial director at Scholastic and editor of one of the genre’s top authors, Gratz. The publisher looks for hot new titles and genres at its school fairs, she said, and quickly saw that kids wanted more: “World War II books are at the top of the list.”
There isn’t a specific category of sales data for kids books about World War II overall. But print book sales of kids’ titles focused on the Holocaust, part of the World War II canon, rose 13% since 2023, to 350,000 copies last year, according to book tracker Circana BookScan. Kids’ fiction otherwise declined 1% during that time, as they continue to struggle with reading in the wake of Covid school shutdowns.
Gratz’s “Prisoner B-3087,” published in 2013, about a boy who survived a series of concentration camps, is based on the true story of survivor Jack Gruener. It wasn’t long before Gratz realized he’d hit a nerve. “I got more fan mail than from my 10 previous books put together,” he said.
He would go on to write “Grenade,” about an Okinawan boy caught up in the American invasion of his home island, and “Allies,” inspired by real events at D-Day. His novel “Resist” is a companion to “Allies.” It is on the New York Times bestseller list for children’s middle-grade hardcovers dated May 18.
On the nonfiction front, Anne Frank’s “The Diary of a Young Girl” has been read in schools for decades. Earlier popular fiction includes Lois Lowry’s 1989 novel “Number the Stars,” about the Danish resistance, and Markus Zusak’s 2006 novel “The Book Thief,” about a girl in Nazi Germany who steals books to save them from being burned.
“The conflicts of World War II have endured as a lens of the human condition,” said Julie Strauss-Gabel, president and publisher of Dutton Children’s Books and Gidwitz’s editor.
Nielsen, 53, visits dozens of schools nationwide each year from her home in Utah. Her favorite audiences include kids skeptical that stories about events that took place more than 80 years ago could possibly be interesting.
“They can’t believe it really happened and involved somebody their own age,” she said. “They are the ultimate stories about good versus evil.” Nielsen, whose novels “Resistance” and “Uprising” are bestsellers, added, “There is no middle ground.”
Laura Cheek, a librarian who invited Nielsen to speak in April in Washington, Okla., said getting kids interested in reading has been a challenge—but Nielsen seems to have found a way in.
“Even middle-school boys who don’t pay attention to anything were sitting there big-eyed and mouths open,” she said. Nielsen had a whiteboard laying out her plans for future book ideas and encouraged those in attendance to create their own stories.
“It was a very cool experience,” said Stella Cheek, an 11-year-old sixth-grader in the audience. (The two Cheeks aren’t related.)
“When I think of World War II, I first think of the Holocaust, but this broadened my understanding,” she added. Cheek had earlier read “Uprising” after coming across it in her school library. “It wasn’t about a Jewish girl, but a girl living in Poland when her country was taken over. It helped me understand how World War II affected everybody, not just Jewish people.”
Stella’s brother Huxley, a 14-year-old eighth-grader who also saw Nielsen speak, was already familiar with World War II historical fiction. As a seventh-grader, he’d read Gratz’s 2017 bestselling novel “Refugee,” about three kids—a Jewish boy fleeing the Nazis, a Cuban girl fleeing Communism, and a Syrian boy fleeing war at home—who each make perilous journeys in search of safety.
Huxley said the stories can be disturbing, but he believes it’s important to learn about them. “Hitler was obviously terrible,” he said. “We should be allowed to know what happened so that we don’t make the same mistakes.”
The hardcover edition of “Refugee” spent more than 280 weeks on the New York Times’s children’s middle-grade bestseller list and today has nearly 1.6 million copies in print.
Parents sometimes worry that the subject matter is too frightening for their kids, but advocates for the books say they provide a compelling opportunity to teach history.
“I tell them that these books aren’t so dark that their kids can’t read them,” said Valerie Koehler, owner of the Blue Willow Bookshop in Houston.
“For kids, it’s all about word-of-mouth,” said Sharon Hearn, founder of Children’s Book World in Los Angeles. Hot titles getting talked about include the 2024 book “The Bletchley Riddle,” by Ruta Sepetys and Steve Sheinkin, about two siblings caught up in the drama of World War II.
Lariat Hale, a 12-year-old sixth-grader, got tipped off to Nielsen’s “Uprising” by a friend last year.
She has since read four or five of Nielsen’s other historical titles, and attended the author’s school event last month. “I liked that some of her books are based on true stories, and that she brings her characters alive with words,” Hale said.
Gratz used to make frequent school visits. These days he hosts a live, online book chat every month during the school year from his home in Portland, Ore.
He thinks young readers are drawn to his stories because they appreciate fairness and are attuned to the idea of standing up for what’s right.
“This was a war we needed to fight to stop the Nazis,” Gratz said. “They were the world’s bully. Middle graders understand that.”
Gratz’s latest event drew about 3,000 students from 30 states and three Canadian provinces.
He began it by admitting that, in some regards, he had been a bit of a disappointment. Born and raised in Knoxville, Tenn., Gratz, 53 years old, came from a football family, but instead of going into sports, he took up writing.
As a third-grader, he said, he wrote his own newspaper, stuffing it in nearby mailboxes. Two years later, he wrote his first book, “Real Kids Don’t Eat Spinach,” an advice guide about what foods to eat (pizza and french fries) and to avoid (spinach), movies to watch (“Star Wars” and “Indiana Jones”) and fashion tips (shorts and T-shirts). Today Gratz has published more than 20 books.
Scholastic is bankrolling a major advertising and marketing campaign for Gratz’s next novel, “War Games,” which publishes Oct. 7. Set during the 1936 Berlin Olympics, the novel tells the story of a female gymnast who sees firsthand how the Nazis have seized power in Germany, laying the groundwork for World War II.
The author will go on a 10-city tour with major ticketed events—an opportunity typically reserved only for big stars. The publisher has ordered an initial printing of 200,000 copies, an impressive number for a middle-grade title.
“The modern world comes at kids on their phones, on their computers, on their televisions and in the form of active-shooter drills at school,” Gratz said. “They have refugees as classmates. They don’t have the luxury of only thinking about school, home and the neighborhood. These books help them look at the world.”
Neue Zürcher Zeitung, 11 mai
Russland feierte sich in der Geschichte seiner Kriege gern als «Befreiungsmacht». Die «befreiten» Staaten sahen das anders
Zur Durchsetzung der Weltrevolution setzte die Sowjetunion ungeniert Gewalt ein. Was sie nicht daran hinderte, ständig das Wort «Frieden» im Mund zu führen. Sie stand in der alten russischen Tradition, sich als Vollstrecker einer historischen Mission zu sehen. Auch Putin teilt sie.
Full text:
Ist Russland eine aggressive Nation? Vier Tage vor dem russischen Überfall auf die Ukraine behauptete der Kremlsprecher Dmitri Peskow, ohne mit der Wimper zu zucken, Russland habe «während seiner ganzen Geschichte nie jemanden angegriffen». Und nachdem die Wirklichkeit Peskows Beschwichtigungen bereits Lügen gestraft hatte, predigte der russische Patriarch Kirill im Mai 2022: «Wir wollen mit niemandem Krieg haben. Russland hat nie jemanden angegriffen. Das ist erstaunlich, wenn ein grosses und mächtiges Land nie jemanden angreift, sondern nur seine Grenzen verteidigt.»
Man könnte Peskows und Kirills Aussagen als billige Propagandalügen abtun. Allerdings bedienen die beiden Putin-Marionetten ein Stereotyp, das in der russischen Gesellschaft weit verbreitet ist. Die Wurzeln des Mythos der «Friedensmacht Russland» reichen weit in die Sowjetzeit hinein. Der Lyriker Jewgeni Jewtuschenko, der in den sechziger Jahren ganze Fussballstadien füllte, gab in seinem Gedicht «Wollen die Russen Krieg?» einer breiten Überzeugung eine Stimme, als er dichtete: «Fragt die toten Soldaten, die unter den Birken liegen, und ihre Söhne werden sagen, ob die Russen Krieg wollen.»
Sowjetische Geschichtslehrbücher rechtfertigten den Hitler-Stalin-Pakt mit der paradoxen Formel «Kampf um den Frieden»: Der Winterkrieg gegen Finnland diente der sowjetischen Selbstverteidigung. Die Okkupation der in der Zwischenkriegszeit unabhängigen Staaten Osteuropas wurde als «Befreiung von den Nazis» gefeiert.
Dieselben Narrative finden sich mit leichten Akzentverschiebungen in einem offiziellen Geschichtsbuch aus dem Jahr 2024. Im Zuge der schleichenden Rehabilitierung Stalins im putinistischen Russland ist hier ausschliesslich vom Molotow-Ribbentrop-Pakt die Rede, der im Übrigen nur eine Fortsetzung früherer deutscher Nichtangriffspakte mit Polen, England oder Frankreich darstelle. Die Sowjetunion sei «gezwungen» gewesen, Finnland anzugreifen. Das Verhältnis zwischen den sozialistischen Ländern und Moskau sei nach dem Krieg zwar «nicht immer optimal» gewesen, aber «im Ganzen» habe man «eine einheitliche Front in der internationalen Arena» gebildet.
Hobbyhistoriker Medwedew
Mittlerweile arbeitet der Kreml an zwei weiteren Geschichtsmythen: dem «angelsächsischen Faschismus» und dem «Genozid am sowjetischen Volk». Der eifrigste Propagator des «angelsächsischen Faschismus» ist der ehemalige Präsident Dmitri Medwedew, der vor einem Jahr in einem Text auf der Website des russischen Sicherheitsrats seinen Lesern weismachen wollte, dass Grossbritannien und die USA den deutschen Nationalsozialismus herangezüchtet, finanziert und schliesslich auch exkulpiert hätten, um der Sowjetunion zu schaden.
Unter Medwedews Belegen findet sich eine angebliche Coca-Cola-Werbung für die Olympischen Spiele 1936 in Berlin: «Ein Volk, ein Reich, ein Getrank (sic!), Coke ist es.» In Tat und Wahrheit handelt es sich dabei um ein Kunstprojekt aus dem Jahr 2004 – dieser Umstand ist dem Hobbyhistoriker Medwedew entgangen. Der «Genozid am sowjetischen Volk» ist seit 2020 Gegenstand zahlreicher russischer Gerichtsverfahren und wurde 2023 auch von Putin in einer Rede erwähnt. In dieser Argumentationsfigur wird die in der Tat hohe Zahl an zivilen Kriegsopfern in der Sowjetbevölkerung zu einem Völkermord umgedeutet – damit wird letztlich der Holocaust relativiert.
Entgegen den Beteuerungen des Kremlsprechers Peskow und des Patriarchen Kirill ist die Liste von russischen Angriffskriegen lang und reicht weit in die Vergangenheit zurück. Dabei lässt sich eine Reihe von Mustern beobachten, die auch für den Überfall Russlands auf die Ukraine konstitutiv sind: Die Entscheidungsträger umgaben sich mit einem engen Kreis von nationalistischen Ideologen, sie waren von einem imperialen Expansionsdrang beseelt, der Waffengang wurde religiös legitimiert, die eigene Stärke auf der internationalen Bühne wurde überschätzt, die ablehnende Reaktion der Bevölkerung in den eroberten Gebieten kam überraschend.
Seit der Regierungszeit Katharinas der Grossen bis zum Ersten Weltkrieg war die Eroberung Konstantinopels (russisch Zargrad) eines der wichtigsten ideologischen Ziele Russlands. Auch der Romanautor Dostojewski war überzeugt, dass «das Goldene Horn eines Tages uns zufallen» würde. Die russische Kontrolle über die Dardanellen trieb noch die letzte zaristische Regierung an, und sogar im April 1917, schon nach der Abdankung von Nikolas II., bestätigte Pawel Miljukow, der glücklose Aussenminister der provisorischen Regierung, dieses Kriegsziel. Katharina hatte ein «griechisches Projekt» entworfen. Sie wollte am Bosporus einen von Russland abhängigen byzantinischen Pufferstaat errichten und dort ihren Enkel regieren lassen – er wurde mit dieser Absicht auf den griechischen Namen Konstantin getauft.
Der Traum der Grossmutter
Schon Katharinas Annexion der Krim im Jahr 1783 war Teil des «griechischen Projekts» – die beiden wichtigsten Städte auf der Krim tragen bis heute die griechischen Namen Sewastopol und Simferopol. Zar Nikolaus I. versuchte im Krimkrieg (1853–1856), den imperialen Traum seiner Grossmutter militärisch umzusetzen. Er sprach vom «kranken Mann am Bosporus» und vertraute darauf, dass die christlichen Monarchien ihm im Krieg gegen die Türken freie Hand liessen. Allerdings sahen Grossbritannien und Frankreich ihre eigenen Interessen durch eine drohende russische Dominanz im Schwarzen Meer so sehr bedroht, dass sie sich sogar als historische Erzfeinde gegen Russland verbündeten.
Der Kriegsverlauf erwies sich als katastrophal für die russische Armee. Der österreichische Kaiser Franz Joseph, dem Nikolai noch fünf Jahre zuvor geholfen hatte, den ungarischen Aufstand niederzuschlagen, zwang den Zaren zum Rückzug aus dem Balkan. Der Krieg verlagerte sich auf die Krim, wo sich sogar Sewastopol geschlagen geben musste. Der Krieg endete mit einer Niederlage Russlands. Der fatale Feldzug hatte Russland über eine halbe Million Tote gekostet.
Nach der Ermordung des österreichischen Thronfolgers Franz Ferdinand 1914 in Sarajevo zögerte Nikolaus II. lange mit der Kriegsentscheidung. Schliesslich gab er aber der nationalistischen Stimmung der Öffentlichkeit nach, die auf keinen Fall das orthodoxe Brudervolk der Serben dem Rivalen Österreich ausliefern wollte. Durch die komplizierte Bündnismechanik wurden das deutsche Kaiserreich und das russische Imperium zu erbitterten Feinden, obwohl sich die beiden verwandten Monarchen mit «Nicky» und «Willy» ansprachen.
Kurz nach Kriegsausbruch scharte sich die Duma hinter den Zaren und sprach in einer Erklärung von einem «heiligen Krieg gegen den Feind des Slawentums». Allerdings geriet der russische Feldzug im österreichischen Galizien zum nationalitätenpolitischen Fiasko.
Die russischen Besetzer erblickten in den Ukrainern «Kleinrussen», die es in den Schoss der grossrussischen Nation zurückzuführen galt. Ukrainisch wurde in den örtlichen Schulen als Unterrichtssprache durch das Russische ersetzt. Die ukrainischen Aktivisten in Galizien bildeten eine Freiwilligeneinheit von 2500 «Sitscher Schützen», die auf der Seite ihres «Vaters» Franz Joseph gegen die Russen kämpfte. Im 19. Jahrhundert war die ukrainische Kultur in der Habsburgermonarchie auf weniger Hindernisse als im Zarenreich gestossen. Der Erste Weltkrieg führte nicht nur zum Ende der Autokratie, sondern auch zur Einbusse weiter Territorien im Westen, wo die neuen Staaten Finnland, Polen, Estland, Lettland und Litauen entstanden.
Das Afghanistan-Debakel
1979 marschierte die Rote Armee in Afghanistan ein. Die Sowjetunion unterstützte damit die kommunistischen Herrscher in Kabul, die sich ein Jahr zuvor an die Macht geputscht hatten. Die Kremlführung ging zunächst davon aus, dass es sich beim Einmarsch um eine kurze Intervention wie in der Tschechoslowakei 1968 handeln würde. Allerdings kämpften die Mujahedin erbittert gegen die sowjetischen Besetzer. Unter den von den USA finanzierten Kämpfern befand sich damals auch Usama bin Ladin. In Afghanistan erlebte die Sowjetunion ihr Vietnam. Erst während der Perestroika zog sich die Rote Armee aus Afghanistan zurück. Die Opferzahl unter der Zivilbevölkerung betrug wahrscheinlich mehr als eine Million, die Sowjetunion verlor 115 000 Soldaten.
Russland war und ist eine expansionistische Macht, die nicht vor dem Einsatz militärischer Mittel zurückschreckt. Wladimir Putin sieht sich als Vollstrecker einer historischen Mission, die alle russischen Länder wieder unter Moskauer Kontrolle bringen soll. Dabei geht es nicht nur um die heisse Eroberung der Ukraine, sondern auch um die kalte Übernahme Weissrusslands und die verdeckte Kontrolle Georgiens und der Moldau.
Le Point, 10 mai
De Gaulle salue la paix, Pétain nie tout : deux voix distinctes au cœur du 8 mai 1945
Dans une ambiance de fête et de retrouvailles, on se bat encore à Dunkerque et Saint-Nazaire, mais c’est déjà l’heure des comptes et des procès.

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« Un rêve inimaginable a été accompli : le drapeau français flotte à Stuttgart et à Ulm, aux côtés des bannières glorieuses de nos frères américains et anglais. Que leurs sacrifices et celui des nombreux soldats de l’Armée Rouge soient à jamais gravés dans les mémoires et les cœurs des écoliers de France » , écrit, ce 8 mai 1945, François Mauriac dans Le Figaro.
Mais l’écrivain, moins lyrique, s’adresse aussi déjà à ces Français qui avaient fait le choix de Pétain et du régime de Vichy, auxquels il tend une main miséricordieuse : « Réjouissez-vous avec nous et avec tous les peuples délivrés d’une servitude monstrueuse. Frémissez de joie maintenant que l’Europe, réduite en esclavage par des assassins et des tortionnaires, est redevenue le foyer des hommes libres et que nos yeux ont été le témoin de la manifestation de la justice. » Albert Camus, dans les colonnes de Combat, développe au même moment une vision plus sévère de la justice.
« Je ne comprends pas, je tombe des nues »
Pétain, principal protagoniste de cette France compromise avec l’ennemi, est incarcéré au fort de Montrouge depuis qu’il est rentré en France, le 27 avril, via Vallorbe et la Suisse, désireux de se justifier et de se faire entendre par la justice. Le 30 avril, la Haute Cour, par le truchement de Pierre Bouchardon, président de la commission d’instruction, est venu lui signifier ses chefs d’accusation, à savoir atteinte à la sûreté intérieure de l’État et intelligence avec l’ennemi.
Le 6 mai, le médecin-capitaine Racine, qui lui a été affecté, a dressé un premier bilan du détenu, âgé de 89 ans : l’état physique est satisfaisant, mais le moral est au plus bas. Pétain ne veut pas comprendre les accusations dont il est l’objet. Son retour a retardé à l’été le début de son procès, mais le 8 mai, il n’a toujours pas d’avocat pour le défendre.
Vincent de Moro-Giafferi a été refusé par sa femme Annie, car il avait été l’avocat du tueur en série Henri Landru. La seconde option, Me Georges-Antoine Chresteil, n’aboutit pas, car celui-ci se récuse, sous le prétexte qu’il vient de défendre devant la même Haute Cour l’amiral Jean-Pierre Esteva.
Ce 8 mai, Pétain est soumis dans sa cellule au feu roulant des questions du juge Bouchardon qui l’interroge sur le vote des pleins pouvoirs du 10 juillet 1940, le procès de Riom, la collaboration avec les Allemands, la contribution à l’économie de guerre nazie, les persécutions antisémites, l’ordre donné de combattre dans l’Empire colonial contre les Français Libres et les Alliés…
Deux heures et demie où Pétain se défend tel un gâteux, manifestant des errements dans sa pensée, sa mémoire, sa chronologie. « Je ne comprends pas, je tombe des nues », déclare-t-il. « Tout cela s’est passé à mon insu », ajoute le maréchal. Il va même jusqu’à prétendre qu’on a surpris sa signature ou qu’on l’a imitée.
Il se défausse sur son inexpérience – « Je n’étais pas parlementaire » –, sur les Allemands – « Comment aurais-je fui ? » – ou sur les Anglo-Saxons qu’il accuse d’avoir tardé à intervenir. Quand il aura trouvé enfin des défenseurs, rappelle Bénédicte Vergez-Chaignon dans sa biographie de Pétain, « il récusera sur leur conseil cet interrogatoire du 8 mai », où il prétendra avoir été « ému et distrait par la victoire ». Son procès s’ouvrira en juillet 1945.
« La guerre est gagnée ! »
Cette journée de réjouissances marque aussi le retour des prisonniers politiques d’Oranienbourg ou d’Itter, le château autrichien où les Américains, le 5 mai, ont libéré une partie du personnel de la IIIe République (Édouard Daladier, Paul Reynaud, Léon Jouhaux, Albert Sarraut, les généraux Mangin et Gamelin).
D’Oranienburg, revient, rapatrié en avion jusqu’au Bourget, l’ancien ministre Yvon Delbos dont L’Aurore écrit : « L’ancien ministre radical des Affaires étrangères apparaît épuisé par les longs mois de captivité, passés pour la plupart dans des cellules. » Le 10 mai, il sera reçu par de Gaulle, avec Reynaud, Sarraut, Jouhaux. Léon Blum, lui, ne reviendra de Buchenwald que le 14 mai.
Si la veille, le 7 mai, la poche de Lorient s’est rendue – mais la reddition officielle n’aura lieu que le 10 mai –, on se bat encore le 8 à La Rochelle, où à 4 heures du matin un régiment de spahis et un escadron de chars font leur entrée dans la ville. C’est seulement à 23 h 45 que l’amiral Schirlitz remet la ville aux autorités françaises.À
La base de la Pallice sera investie le lendemain. Le 8 mai au soir, deux villes françaises sont encore aux mains des Allemands : Dunkerque et Saint-Nazaire. La première capitule le 9 mai, l’amiral allemand rendant la ville au général tchèque Liska, qui a combattu aux côtés des Anglais – les Français ne récupéreront la cité que le 21 mai –, tandis que la seconde, commandée par le général Junckt, résistera jusqu’au 11 mai.
Et de Gaulle ? Le 8 mai, comme ses homologues anglais et américain, il prononce à 15 heures le discours radiodiffusé officiel annonçant la paix, prenant bien soin de souligner le rôle de la France et dans le combat et dans les protocoles de paix : « La guerre est gagnée ! Voici la victoire ! C’est la victoire des Nations unies et c’est la victoire de la France ! L’ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l’Ouest et de l’Est [inexactitude sur le second point, puisqu’il faudra attendre le 9 mai à 0 h 01]. Le commandement français était présent et partie à l’acte de capitulation. »
Puis il se rend à l’Arc de Triomphe pour déposer une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, une manière pour lui de marquer la fin d’une guerre de 30 ans qui a débuté en 1914. Il est rejoint et submergé par une foule immense et improvisée. Pas de descente des Champs-Élysées comme le 25 août 1944, pour la Libération, mais un « Te Deum », entendu dans une cathédrale de Notre-Dame plus apaisée que l’année précédente.
The Economist, 9 mai
The liberation of Dachau was not a moment of celebration, says Dan Stone
The historian on commemorating the shock and horror of concentration camps, 80 years on
Full text:
THE GREAT journalist Martha Gellhorn was in Dachau when the German army surrendered unconditionally to the Allies. “It was a suitable place to be,” she wrote. “For surely this war was made to abolish Dachau and all the other places like Dachau and everything that Dachau stands for. To abolish it forever. That these cemetery prisons existed is the crime and shame of the German people.”
Gellhorn, sadly, was wrong: the second world war did not prevent the re-emergence of “cemetery prisons” or, as they are normally called, concentration camps. Whether in colonial settings such as Kenya or Indochina, in communist countries from the Soviet Union to China to North Korea, or in Latin American dictatorships, concentration camps have continued to scar the world.
Yet however much the Nazi camps may be said to have contemporary relevance, the specificity of that regime continues to shock us, and what the liberating armies uncovered in the spring of 1945 continues to defy the imagination.
Dachau was the first of the Nazi concentration camps to be created, in 1933. In the 12 years of its existence, it changed a great deal in terms of inmate numbers and composition; but as the main training centre for SS guards, it was never anything less than brutal. When the US Army arrived at Dachau on April 29th 1945, there were 67,665 registered inmates, 12,067 of them Hungarian, and 22,000 were Jews. More than half were held in the main camp and the rest in one of around 100 sub-camps, such as Allach and Kaufering, that had been created in the war’s late stages. Dachau was the “exemplary” concentration camp, crucial for building the Nazis’ “racial community” by holding those who were excluded from it and, by its very existence, threatening others to stay in line.
It was not a “Holocaust” camp; it was neither created to be nor eventually used as a place where Jews or other victims of the Nazis were sent to be murdered. Nevertheless, it was certainly a murderous place, particularly at the end of the war, when Jews and other inmates were sent there on death marches as camps farther east were evacuated in the face of the Red Army’s advance. Some 40,000 inmates died at Dachau, almost half of them in the last four months of the camp’s existence. The Americans discovered more than 30 rail cars filled with corpses. By that point, Dachau had become, like Belsen, more or less indistinguishable from a death camp.
It was thus hardly surprising that after the initial euphoria at the Americans’ arrival—a joy that only the more physically able inmates could partake in, anyway—the survivors experienced intense feelings of guilt, fear and, above all, loneliness. Ephraim Poremba, a Polish Jew who was liberated at Allach, said that the American soldiers “looked at us as though we had landed from Mars”. One soldier, James Creasman, recalled that he and his colleagues “could not believe what they saw…Riflemen, accustomed to witnessing death, had no stomach for rooms stacked almost ceiling-high with tangled human bodies adjoining the cremation furnaces, looking like some maniac’s woodpile.”
At a ceremony in Munich in June 1945, Zalman Grinberg, spokesman for the liberated Jews in the American zone of occupied Germany, said to the 1,700 Jewish survivors present: “It seems to us that for the time being mankind does not comprehend what we have gone through and what we have experienced…And it seems to us, neither shall we be understood in the future. We unlearned to laugh, we cannot cry any more, we do not comprehend our freedom yet, because we are still among our dead comrades.” Clearly, for most of the survivors, this was not a moment of celebration.
Such commemorations have continued down the decades, each time, of course, with fewer survivors. In the early post-war period, with the Bavarian authorities reluctant to face the reality of Dachau’s recent past, they were organised by survivor associations from various countries. These groups had to press for some years for a memorial site to be opened at Dachau. Today their struggles are too often forgotten; it is hard to imagine how Nico Rost, a Dutch survivor, felt when he visited the former camp in 1955, and found almost no information explaining the history of the concentration camp. Instead, a kindergarten had been set up in the former infirmary and a butcher’s shop occupied the building where inmates had been subjected to malaria, ice-water and high-altitude experiments.
Over the years, commemoration, reflecting social attitudes in Germany, has shifted from emphasising the resistance to the Nazis to accepting that a majority of the population supported—or at least did not resist—Nazi rule. Dachau today, like the other former camp memorial sites, is at the forefront of reminding Germans, in the face of the rise of the far-right Alternative for Germany party, of the evils of fascism. The presence of these authentic sites as museums serves both to keep the memory of the Nazi past alive, and as a warning for the future.
The emotions surrounding the liberation are perhaps best summed up by Marcus Smith, an American army doctor at Dachau: “An incredible sight, a stench that is beyond experience. Horror-stricken, outraged, we react with disbelief…I shut my eyes. This cannot be the 20th century, I think. I try to remember the redeeming attributes of man. None comes to mind.” ■
Dan Stone is Professor of Modern History at Royal Holloway, University of London, and author of “The Liberation of the Camps” (2015) and “The Holocaust: An Unfinished History” (2023).
The Economist, 8 mai
Archive 1945 : How The Economist reported on the final year of the second world war, week by week
Full text: https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/05/8-mai-3.pdf
Link: https://www.economist.com/interactive/archive-1945#may-2
The Economist, 8 mai
The downfall of the Reich : Adolf Hitler’s ignominious death proves the self-defeating, destructive nature of dictatorship, writes Richard Evans
The historian says attempts to restrain tyrants are often futile: for them it’s all or nothing

Full text:
AT AROUND 2.30 in the afternoon on April 30th 1945, Adolf Hitler sat on the sofa in his private study in the air-raid bunker below the Reich Chancellery in Berlin, put a loaded pistol to his right temple and pulled the trigger. Entering the room around ten minutes later, his personal valet, Heinz Linge, accompanied by his private secretary and head of the Party Chancellery, Martin Bormann, found Hitler slumped, blood dripping from his face onto the sofa and the floor. The corpse of the Nazi leader’s long-time companion, the much younger Eva Braun, lay slumped next to him, giving off a strong smell of bitter almonds, a sure sign that she had taken a fatal dose of prussic acid.
The day before their joint suicide, the pair had married in a brief civil ceremony during which, following a requirement he himself had decreed, they had been obliged to declare formally that they were of “Aryan” descent. Following the dictator’s instructions, Linge wrapped the bodies in blankets and, assisted by Hitler’s personal adjutant, Otto Günsche, his chauffeur Erich Kempka and three SS men, carried them up into the Reich Chancellery garden, doused them with petrol, specially prepared for the event, and set them alight. Amid the deafening noise of the area’s continuing, intense bombardment by the artillery of the Red Army, the bodies were utterly consumed, leaving only a small quantity of charred remains.
When Soviet troops arrived on May 2nd, they found two dental bridges and a lower jaw bone. Nine days later these were shown to Fritz Echtmann, a dental technician who had worked for Hitler’s dentist. Echtmann consulted his records and identified the bridges as belonging respectively to Hitler and his new wife, while the jaw bone was verified as belonging to Hitler. Shortly before this, on May 8th, the remaining military leaders of the “Great German Reich” had signed a document declaring their formal and unconditional surrender to the Allies.
Hitler had left no one in any doubt about his intention to commit suicide in the event of defeat. He had indeed considered killing himself on at least two previous occasions when things had gone badly wrong, after the failed “beer-hall putsch” of November 1923, and after the suicide of his half-niece and lover, Geli Raubal, in September 1931. He was, he had said, a gambler who would always go for broke: the only alternatives he would contemplate were total victory or total defeat.
Ever since the failure of his final military offensive in the west, in the Battle of the Bulge, at the beginning of 1945, Hitler had intimated to his entourage that he did not want to stay alive to face the wrath of his enemies, not least because of the fate of his fellow-fascist dictator and one-time inspiration, Benito Mussolini, at the hands of Italian partisans: they had shot him and his companion, Clara Petacci, on April 28th and strung their bodies up from a petrol-station gantry on the outskirts of Milan to be abused, spat on and pelted with rubbish by a hostile crowd. Hitler had rejected all attempts to persuade him to flee: “A captain goes down with his ship,” he had said.
Hitler left behind him a country in ruins. Shortly before his death, he had dictated to his secretary a “political testament”, in which he had given vent once more to the antisemitic conspiracy theory that had consumed him ever since his entry into politics at the end of the first world war. In the paranoid fantasy world his mind inhabited, the Jews were the force behind all his enemies, behind both international capitalism and communism, and behind the strategic bombing campaign that had devastated Germany’s towns and cities and caused hundreds of thousands of German deaths. They too, he said in his testament, had had to pay the price, “even if in a more humane way”, a veiled reference to the gas chambers of Auschwitz and other extermination camps that revealed his shocking indifference to the inhumanity of the actual genocide itself.
Hitler’s squalid and ignominious death pointed up the essentially self-defeating and ruinous nature of dictatorship. The Nazis had become Germany’s largest political party in 1932-33 by peddling simplistic solutions to the Weimar Republic’s many problems, from economic failure to international humiliation. In speech after speech, Hitler had promised to restore full employment by ending the Depression, to revise the Treaty of Versailles that in 1919 had taken territory and resources away from Germany, and to unify the country after years of internal bickering and indecisiveness. Only rule by a single “leader” could make Germany great again.
Such promises had a strong appeal to the conservative political, administrative, business and military elites who had resented the fall of the Kaiser and the coming of full democracy to Germany after the country’s defeat in 1918. The roots of democratic political culture were shallow and the willingness of the majority of the population to defend the Weimar Constitution was weak. Mainstream conservatives co-opted Hitler into power in 1933 in the mistaken belief they could manipulate him. They were quickly outmanoeuvred by the Nazis and the most radical and extreme dictatorship of modern times came into being, with disastrous consequences. “Bad men”, as John Stuart Mill, a 19th-century English philosopher, said, “need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing.”
Most Germans realised long before Hitler’s self-immolation that the dictatorship had brought nothing but death and destruction. There was never any revival of Nazism after 1945. Hitler rightly became one of the most widely reviled figures of modern history. His example stands as a warning against dictatorship that all would do well to heed. ■
Sir Richard Evans is Regius Professor Emeritus of History at Cambridge University and the author of “Hitler’s People: The Faces of the Third Reich” (Penguin: 2024).
L’Express, 7 mai
Timothy Ryback, historien spécialiste de Hitler : “Même reclus dans son bunker, il attendait encore un miracle”
Grand entretien. L’éminent chercheur américain explique comment le protectionnisme défendu par Adolf Hitler n’a été qu’un prélude à la guerre militaire qu’il allait bientôt mener contre le reste du monde. Et révèle plusieurs facettes méconnues du dirigeant nazi.
Full text:
Lundi 30 avril 1945. Au terme d’une guerre marquée par une barbarie et une destruction sans précédents, Adolf Hitler se donnait la mort dans son bunker berlinois. Quatre-vingts ans plus tard, sa figure continue de nourrir les travaux de nombreux historiens. Timothy Ryback fait partie de ceux-là. Ancien enseignant-chercheur à l’université Harvard, auteur de quatre ouvrages consacrés au sujet – dont Takeover. Hitler’s Final Rise to Power (“La prise de pouvoir. L’ascension finale de Hitler”, 2024, non traduit) et Dans la bibliothèque privée de Hitler (Cherche-Midi, 2009) -, ce spécialiste de la Shoah est convaincu que bien des facettes de l’ancien dictateur nazi restent encore à explorer. Dernier sujet d’étude : sa politique économique. Une plongée dans les tarifs douaniers du IIIe Reich – Hitler voulait “libérer” le peuple allemand du joug de l’ordre mondial mondialisé -, résonnant étrangement avec les débats actuels. “Le nationalisme belliqueux n’est jamais une bonne chose”, prévient Timothy Ryback, l’un des derniers historiens à avoir interrogé Traudl Junge, la secrétaire personnelle d’Adolf Hitler, présente lors du dernier déjeuner du Führer, juste avant son suicide. Entretien.
L’Express : En quoi les droits de douane imposés par Hitler en 1933 à ses voisins – notamment les pays scandinaves et les Pays-Bas – permettent-ils de mieux comprendre la guerre commercialelancée par Donald Trump?
Timothy Ryback : Ce que je dirais, tout d’abord, c’est que l’histoire ne se répète jamais. L’Amérique n’est pas sur le point de devenir un quatrième Reich. Et en tant qu’historien, je ne tracerai jamais de ligne directe entre une figure historique et une figure politique contemporaine. Cela dit, si l’on devait identifier des parallèles, notamment sur la politique tarifaire, je dirais qu’il s’agit dans les deux cas d’une nation qui décide de se détourner du monde, de se replier sur elle-même pour servir ses propres intérêts en premier : “America First”, dit Trump. Le programme de Hitler, en somme, c’était : “Germany First.” Il accusait les “criminels de novembre” – ces responsables de 1918 qui avaient accepté l’armistice et fondé la République de Weimar – d’être responsables de tous les maux de l’Allemagne. Il rejetait la démocratie et voulait essentiellement effacer tout cela pour rendre à l’Allemagne sa grandeur passée.
Ce que je trouve aussi important, et que j’ai découvert au fil de mes recherches sur Hitler, c’est que, pendant longtemps, toute analyse de l’Allemagne nazie était dominée par un seul sujet : la Shoah. Toute réflexion revenait inévitablement à cette question centrale : comment un pays aussi civilisé que l’Allemagne a-t-il pu basculer ainsi? Evoquer Hitler, c’était parler de sa haine des Juifs, des mécanismes de l’extermination, du chemin qui y a mené. Ce qui est fascinant, c’est qu’au-delà des horreurs de la Shoah – qui ne doivent bien sûr jamais être minimisées -, l’attention se porte désormais davantage sur les attaques de Hitler contre la démocratie. Soudainement, on découvre chez lui des facettes auxquelles nous n’aurions jamais prêté attention auparavant. Par exemple, l’une des premières cibles de Hitler dans le domaine économique fut Hans Luther, le président de la Reichsbank, la Banque centrale allemande, que Hitler a réussi à limoger peu de temps après son arrivée au pouvoir [NDLR : Donald Trump a récemment envisagé de destituer Jerome Powell, président de la Fed, avant d’y renoncer]. Autre illustration : l’idée récemment évoquée aux Etats-Unis de créer une médaille honorifique de la maternité pour les mères ayant six enfants ou plus : c’est directement calqué sur une politique centrale du régime nazi!
Vous soulignez qu’en janvier 1933, au moment où Hitler fut nommé chancelier, l’économie montrait pourtant des signes de reprise après la catastrophe du krach de 1929…
Quand on pense à la République de Weimar, l’image qui vient spontanément à l’esprit est celle de brouettes débordantes de reichsmarks pour acheter une simple miche de pain. Mais cette scène renvoie à la crise hyperinflationniste de 1923. Ce qu’on oublie souvent, c’est qu’à partir du milieu des années 1920, l’économie allemande avait amorcé un redressement. A cette époque, le parti nazi était quasiment inexistant sur le plan électoral.
Ce n’est qu’avec le krach de 1929, qui a touché le monde entier, qu’on a vu la montée en puissance soudaine du Parti nazi, mais aussi du Parti communiste. Le centre politique, lui, s’est effondré, incapable de répondre à la détresse sociale – un travailleur sur trois était au chômage. En quête de réponses, les électeurs se sont tournés vers les extrêmes. Et les données électorales le montrent : des électeurs passaient directement du Parti communiste au Parti national-socialiste, sans passer par le centre.
Vous soulignez le manque de connaissances économiques d’Hitler…
Ce qu’il avait néanmoins parfaitement compris, c’est que, au bout du compte, la politique primait sur l’économie. Et surtout, il convient de garder à l’esprit l’existence d’un agenda caché. Car malgré tout le tumulte autour des droits de douane, de la répression de la presse, de la pression exercée sur les gouvernements régionaux ou encore de la centralisation des ministères au profit du Reich, la véritable priorité de Hitler, son obsession, c’était le réarmement de l’Allemagne. Le jour même où il annonçait sa guerre commerciale contre les importations scandinaves, il réunissait son cabinet à 17 heures pour leur dire que la seule chose qui comptait vraiment, c’était de rebâtir la puissance militaire allemande.
En quoi l’annonce des droits de douane par Hitler a-t-elle contribué à affaiblir l’économie allemande?
Ce que l’on observait alors, c’est que l’Allemagne était étroitement dépendante de ses échanges commerciaux avec ses voisins. Et cela, plusieurs figures du monde économique l’ont rappelé à Hitler. Une lettre de l’Association allemande de l’industrie et du commerce, cosignée par Eduard Hamm, ancien ministre de l’Economie, disait en substance : “Vous tentez de restreindre les importations, mais nos exportations sont en réalité quatre fois supérieures à nos importations. Et nous avons besoin de bonnes relations avec nos voisins.” Autrement dit, le protectionnisme prôné par Hitler menaçait une économie qui, comme vous l’avez souligné, était pourtant en train de se redresser après le krach de 1929.
Cette inquiétude transparaissait dans la presse, dans les discours politiques, dans les milieux d’affaires : partout, on répétait “pas d’expérimentations économiques”, “pas d’aventurisme” ,car les indicateurs étaient en train de s’améliorer. Kurt von Schleicher, le chancelier que Hitler allait remplacer, l’avait d’ailleurs affirmé à Hindenburg, président du Reich : “Donnez-moi six mois. L’économie se redresse, le chômage recule.” Au même moment, le soutien électoral des nazis s’érodait : les élections fédérales de 1932 avaient marqué leur apogée, avec 37 % des voix. Lors des élections de novembre, ils perdirent deux millions de suffrages. Le parti perdait des adhérents, et il commençait même à se fracturer en interne. Si Schleicher était resté en poste quelques mois de plus, l’économie aurait probablement poursuivi son redressement, et la dynamique nazie aurait continué de s’essouffler. Le parti n’aurait sans doute pas disparu, mais serait sans doute revenu à son niveau “naturel”, autour de 18 à 20 %. A ce moment-là, le parti nazi était véritablement en crise. Mais Hitler a su manipuler le jeu politique au point de reconfigurer l’économie selon ses propres objectifs, en la plaçant progressivement en mode “économie de guerre”. Il a bien sûr lancé le réarmement, mais aussi des programmes de travaux publics, dont le plus emblématique reste la construction des autoroutes, conçue comme un levier de relance économique.
Trump n’est pas Hitler. Mais tous deux, dès leur arrivée au pouvoir, ont instauré des droits de douane, contesté les engagements internationaux et remis en cause l’ordre constitutionnel. Voyez-vous des similitudes dans leur manière d’exercer le pouvoir?
La question que l’on doit se poser est donc la suivante : à partir de quel moment une guerre commerciale devient-elle une guerre armée? Que se passe-t-il quand on arrête de négocier pour commencer à confronter? C’est une stratégie de l’escalade plutôt que celle du compromis. Et je pense que c’est cette logique-là qui nous a finalement conduits à la Seconde Guerre mondiale. Le nationalisme belliqueux n’est jamais une bonne chose.
Les nazis, et Hitler en particulier, avaient très bien compris les rouages de la démocratie. Ils savaient que la démocratie repose sur le consensus pour fonctionner. La stratégie nazie a été de polariser la société, de vider le centre, et de rendre impossible tout compromis ou dialogue entre les camps opposés. Une fois cela fait, le système démocratique s’effondre de lui-même. Et je pense que cette posture actuelle de l’administration américaine, ce refus constant de compromis, ce besoin d’enfoncer le clou à chaque fois, c’est exactement ce que Hitler faisait. Il ne négociait jamais. Il intimidait ou anéantissait toute opposition, qu’elle vienne de ses propres rangs, ou de l’extérieur. En l’occurrence, je pense qu’il y a effectivement matière à s’inquiéter. Winston Churchill disait – c’est l’une de mes citations favorites – : “On peut toujours compter sur les Américains pour faire ce qu’il faut, mais seulement après avoir essayé toutes les autres options.” Cela me semble résumer à merveille la politique étrangère des Etats-Unis.
C’est-à-dire?
En tant qu’Américain, je reste convaincu que, même dans les pires fiascos, comme la guerre au Vietnam par exemple, certaines interventions, malgré des erreurs d’analyse ou de stratégie reposaient sur une croyance sincère : essayer de rendre le monde meilleur. Mais aujourd’hui, il semble que les Etats-Unis aient abandonné cette aspiration à améliorer le monde. Le mot d’ordre est devenu : “America First”, peu importe le sort des autres. Qu’importe que l’on ait été allié ou non. La seule question semble être : “Est-ce que cela sert nos intérêts?”. Et je pense que cela dépasse la responsabilité d’une seule personne. C’est l’expression d’un changement de posture collectif, d’une nation qui renonce à des valeurs fondamentales qu’elle avait portées pendant des siècles. C’est exactement ce qui s’est produit en Allemagne sous Hitler. Quant à savoir ce qu’il adviendra des Etats-Unis, l’Histoire le dira.
Le 30 avril prochain marquera le 80e anniversaire de sa mort. Comment expliquez que son ombre plane toujours sur nos sociétés occidentales?
Je pense que c’est lié à la nature profondément singulière de ce moment dans l’histoire du XXe siècle – et même, peut-être, dans celle de l’humanité. A chaque retour sur cette période, on découvre un angle nouveau, une résonance différente. Quand on regarde l’historiographie, dans les années 1950 et 1960, on se focalisait surtout sur la Seconde Guerre mondiale, le militarisme allemand, les batailles, les stratégies militaires.
Ce n’est qu’à partir des années 1970, surtout en Allemagne, que la question de la Shoah a véritablement émergé comme clé de lecture principale. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à étudier le Troisième Reich à travers ses politiques racistes et antisémites avec cette grande question en toile de fond : comment une société aussi avancée a-t-elle pu en arriver là? Cela a donné lieu à des débats majeurs, notamment entre les “fonctionnalistes”, qui voyaient dans la Shoah une dérive monstrueuse de la modernité industrielle, et les “intentionnalistes”, qui estimaient que Hitler avait dès le début, la volonté délibérée d’exterminer les Juifs.
Et aujourd’hui?
Depuis surtout 2016, le nom de Hitler refait surface dans le débat public, y compris dans les propos de certains anciens membres de l’administration Trump. Lors de la dernière campagne présidentielle, certains l’ont qualifié de fasciste, évoquant sa prétendue fascination pour l’ancien chancelier allemand. Et soudain, on découvre une autre dimension de Hitler, moins explorée jusque-là : sa vision de la démocratie, et les mécanismes précis par lesquels il a d’abord paralysé, puis démantelé les structures et processus démocratiques en s’appuyant… sur leurs propres règles. Dans un épisode resté célèbre, Hitler, convoqué en 1930 devant la Cour constitutionnelle, aurait déclaré : “L’article premier de notre Constitution dit que le gouvernement est l’expression de la volonté du peuple. Une fois devenu chancelier, je modèlerai le gouvernement comme je le jugerai bon”. Le juge, surpris, lui aurait alors demandé si cela se ferait uniquement par des moyens constitutionnels. Ce à quoi Hitler a répondu : “Jawohl” (tout à fait). Et il a effectivement mis ce plan à exécution, étape par étape, en restant à l’intérieur même du cadre démocratique.
De nombreux ouvrages ont été consacrés à Hitler. Subsiste-t-il une part de mystère autour du personnage?
On a sous-estimé à quel point Hitler manquait de confiance en lui sur le plan personnel. ll ne faut pas oublier qu’il venait d’une région reculée d’Autriche, qu’il s’exprimait avec un fort accent autrichien, et que son parcours scolaire s’était interrompu à l’âge de 16 ans. Même une fois chancelier, il avait toujours cela à l’esprit. Le fait qu’il ait lu un livre chaque soir tout au long de sa vie adulte était une manière de compenser ce manque d’éducation. On ne pense pas spontanément à Hitler comme à un homme rongé par le doute. Pourtant, selon moi, ses nombreuses insécurités ont très certainement nourri les haines qui ont structuré son idéologie et guidé son action.
Le temps qui passe, les récits accumulés autour de sa vie et les tentatives d’explication des crimes qu’il a commis ne contribuent-ils pas à lui conférer une épaisseur intellectuelle qu’il n’avait pas réellement?
En effet. Hitler disait lui-même : “Quand quelqu’un donne, il doit prendre. Moi, je prends ce dont j’ai besoin dans les livres.” Lorsque j’ai interrogé, au début des années 2000, les derniers survivants de son entourage, tous s’accordaient à dire que Hitler était constamment entouré de livres. Le matin, au petit-déjeuner, il discutait des livres qu’il avait lus la veille au soir. Environ 1 200 volumes issus de sa bibliothèque personnelle sont aujourd’hui conservés à la Library of Congress (Bibliothèque du Congrès américain), certains annotés de sa main. De tels détails peuvent faire croire à une réelle profondeur intellectuelle.
Mais en réalité, Hitler n’avait qu’une éducation très limitée. Il ne lisait pas Nietzsche ou Schopenhauer comme un intellectuel ou un universitaire l’aurait fait. Il lisait des condensés, des résumés simplifiés, dont il extrayait simplement les phrases qui l’arrangeaient. Donc, la profondeur du mal qu’il a perpétré est incroyablement grande, mais la compréhension qu’il avait de ce qu’il faisait était très superficielle. Je dirais que les mots justes pour le qualifier sont “vicieux” et “superficiel”, plutôt que “profond” et “maléfique”, comme on pourrait l’attribuer à une vision schopenhauerienne, wagnérienne ou nietzschéenne des choses. Ce qu’on voit chez Hitler, c’est une forme de méchanceté mesquine, brutale, sans raffinement.
Vous avez notamment interrogé Traudl Junge, sa secrétaire particulière. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans son témoignage?
Ce qui m’a frappé, et c’est devenu une conviction au fil de mes recherches, c’est un aspect peu exploré de la personnalité de Hitler : son intérêt profond pour la spiritualité et l’occultisme. En travaillant sur son ancienne bibliothèque, j’ai découvert, dans plusieurs collections, notamment à la Library of Congress et à l’université Brown, un nombre surprenant de livres portant sur des sujets ésotériques ou mystiques, comme un exemplaire des prophéties de Nostradamus publié en 1919, que Hitler possédait déjà en 1920 ou 1921, au commencement de sa carrière politique. Ces livres se trouvaient encore avec lui dans le bunker de Berlin, en 1945, au moment de sa mort. Ce sont donc des ouvrages qu’il a conservés pendant plus de vingt ans, jusqu’à la fin!
Traudl Junge, aujourd’hui disparue, avait été sa secrétaire personnelle durant les dix-huit derniers mois de sa vie. Elle faisait partie des quatre personnes présentes lors du tout dernier déjeuner de Hitler, quelques heures avant son suicide. Elle était donc l’une des dernières à l’avoir côtoyé de près. En lui montrant des photocopies de ces ouvrages annotés de la main de Hitler, elle m’a confirmé qu’il s’agissait bien de son écriture et que ces sujets-là l’obsédaient réellement. Elle m’a dit qu’il croyait sincèrement à l’existence de forces supérieures. Il faut se rappeler que Hitler avait survécu à une vingtaine de tentatives d’assassinat, dont celle de juillet 1944, où une valise piégée avait explosé juste à côté de lui lors d’une réunion. Il était sorti indemne de l’attentat, ses vêtements encore fumants, persuadé d’être protégé par une mission divine. Dans ses discours, il évoquait régulièrement cette “Providence”, qu’il appelait Vorsehung (“destin manifeste”), et disait être guidé par elle.
Qu’est-ce que Traudl Junge vous a raconté sur l’état d’esprit de Hitler dans les derniers jours ?
Hitler répétait souvent et l’avait déjà dit en janvier 1933, lorsqu’il avait été nommé chancelier, qu’à chaque fois qu’il pensait que tout était perdu, un événement inattendu survenait pour le sauver. Il l’avait confié au chancelier sortant Kurt von Schleicher : son parti était à l’agonie, ruiné financièrement, et pourtant, il avait été nommé chancelier. Ian Kershaw, l’un de ses plus grands biographes, résumait les choses ainsi : Hitler semblait avoir “la chance du diable”. Il était toujours sauvé au dernier moment. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler croyait vraiment qu’il y aurait, à la fin, un retournement de situation qui sauverait l’Allemagne. Et puis, il y a eu la mort de Roosevelt en avril 1945. Hitler l’a interprétée comme un signe. Pour lui, c’était le miracle attendu. Il espérait que les Américains se retireraient de la guerre, qu’ils changeraient de camp, qu’il y aurait un réalignement politique. Même reclus dans son bunker, Hitler attendait encore un miracle. Mais cela ne s’est pas produit. Et c’est à ce moment-là, m’a confié Traudl Junge, que Hitler est entré dans une profonde dépression. Tous autour de lui tentaient de le convaincre de fuir Berlin – il existait encore des voies d’évacuation. Il aurait pu poursuivre la lutte ailleurs. Mais il avait, au fond, abandonné. Elle m’a décrit ce dernier déjeuner, pris dans le silence, quelques heures avant son suicide : il était affalé sur son assiette, prostré, et tout le monde savait que c’était la fin. Et lui aussi le savait. Traudl Junge pensait qu’il cherchait à comprendre une force supérieure à l’oeuvre dans l’univers, quelque chose d’inscrit dans les lois physiques du monde. Il croyait qu’une force supérieure l’avait guidé tout au long de sa vie et de sa carrière. Je crois sincèrement qu’il pensait être destiné à accomplir ce qu’il a fait.
Vous expliquez avoir adopté une approche différente de celle d’autres historiens pour analyser Hitler. En quoi consiste-t-elle?
Le rôle de l’historien est d’expliquer comment on est passé d’un point A à un point B dans l’histoire. Et pour cela, on s’appuie sur le recul historique : on écarte tout le “bruit de fond” pour ne retenir que les faits les plus pertinents, ceux qui semblent donner du sens à une trajectoire à un personnage ou à un événement. Le problème, c’est que cela peut finir par créer une forme d’inévitabilité historique. Ce que j’ai essayé de faire ces dernières années, c’est exactement l’inverse. J’ai mis de côté tout ce que je pensais savoir sur Hitler, et j’ai revécu les événements, jour après jour, uniquement à partir de ce que les gens savaient à ce moment-là – y compris Hitler lui-même. Je lis les journaux de l’époque, les journaux intimes, les comptes rendus de réunions… et surtout, je garde le “bruit” ambiant que la plupart des historiens filtrent habituellement. Et ce qu’on obtient alors, c’est une image très différente du personnage et de son parcours. Mon interprétation de la trajectoire de Hitler revient à cette expression que j’évoquais : “la chance du diable”. Il y a eu tellement de moments dans sa carrière où il aurait dû échouer : où il aurait pu être assassiné, où il aurait dû être arrêté, ou tout simplement où les choses auraient dû s’effondrer pour lui. Mais à chaque fois, d’une manière ou d’une autre, les circonstances tournaient en sa faveur.
Et quand on regarde les choses sous cet angle, Hitler semble moins être une incarnation absolue du mal, et davantage un homme rusé, calculateur, qui tâtonne, se trompe. Le Hitler que je vois aujourd’hui, à travers ce travail, est un homme beaucoup plus chaotique, désorganisé, imprévisible. Il restait certes obstinément fixé sur ses objectifs, mais les événements ont, encore et encore, joué en sa faveur. Et c’est peut-être cela qui rend son ascension aussi troublante.
L’Express, 1 mai
Norbert Frei : “Après la guerre, les Allemands se sont considérés comme les véritables victimes de Hitler”
Idées et débats. L’illustre historien allemand raconte comment son pays a entrepris, non sans difficulté, l’autocritique de son passé nazi après la guerre, avant que ce processus ne soit remis en cause par l’extrême droite.
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Il y a 80 ans, le 30 avril 1945, Adolf Hitler se suicidait, quelques jours avant la capitulation de l’Allemagne nazie. Le IIIe Reich s’effondrait après douze ans d’existence. L’Allemagne, administrée par les forces alliées, devait alors se reconstruire et faire face à son lourd passé. Depuis, la mémoire du nazisme a évolué au fil des générations d’Allemands, exposées à des récits différents selon qu’elles vivaient en Allemagne de l’Est ou de l’Ouest. Pour l’historien Norbert Frei, spécialiste de la mémoire du nazisme et de la Shoah, le pays s’est attelé depuis les années 1980 à mettre en place une “culture du souvenir” fortement ancrée dans la société et la politique, marquée par l’autocritique de son passé nazi.
Mais depuis quelques années, celle-ci perd en puissance, explique ce professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’université d’Iéna. Selon une étude publiée en avril dernier par la Fondation Mémoire, Responsabilité et Avenir (EVZ), 38,1 % des résidents allemands souhaitent “tirer un trait sur le passé national-socialiste de l’Allemagne”, notamment pour se consacrer aux problèmes actuels. 37,2 % pensent le contraire. Cette culture de la mémoire est notamment remise en cause par le parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD), qui a réalisé une percée historique lors des dernières élections au Bundestag. “Manifestement, pour une partie des Allemands, le souvenir du naufrage démocratique de 1933 a perdu de son effet dissuasif”, observe Norbert Frei. Entretien.
L’Express : Quel rapport la société allemande a-t-elle entretenu avec son passé nazi dans les années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale?
Norbert Frei : En Allemagne de l’Ouest, le livre d’Alexander et Margarete Mitscherlich publié en 1967, Die Unfähigkeit zu trauern(Le deuil impossible,Payot) a participé à l’idée selon laquelle les Allemands avaient refoulé leur passé juste après la guerre. Mais il a souvent été mal interprété. Ce que les Mitscherlich avaient en réalité bien perçu, c’est qu’après la guerre, les Allemands étaient effectivement en deuil. Seulement, ils ne pleuraient pas les victimes des crimes nazis, ni leurs anciens voisins juifs, mais leurs propres victimes : celles des bombardements, de l’exil et des expulsions. Dans la société “post-national-socialiste” des années 1950, c’est allé si loin qu’une grande partie des Allemands n’ayant pas activement participé au régime nazi se sont considérés comme les véritables victimes de Hitler. A leurs yeux, le Führer avait trompé le peuple.
Comme l’ont constaté avec consternation plusieurs correspondants de guerre américains, à entendre certains Allemands, il semblait qu’il n’y avait jamais eu de nazis dans leur entourage, pas plus, d’ailleurs, que de juifs.
Comment cette confrontation au passé nazi a-t-elle évolué au fil des générations allemandes?
Dans les années 1950, seule une minorité d’Allemands a entrepris l’autocritique de son passé nazi. Cela commence à évoluer à la fin de la décennie lorsque les Allemands nés dans les années 1930 – qui n’étaient encore que des enfants pendant la guerre – ont commencé à s’inviter dans le discours public. Puis est venu le tour de la génération née autour de 1945, celle des “soixante-huitards”. A l’université, ils se sont soudainement interrogés sur ce que leurs professeurs avaient dit, fait ou écrit sous le IIIe Reich. Toutefois, au plus fort des contestations de 1968, le passé nazi sous sa forme concrète n’a presque plus intéressé personne : les sujets de discussion se concentraient alors sur le capitalisme ou encore l’impérialisme.
Les choses ont évolué au cours des années 1970. Beaucoup de jeunes Allemands ont commencé à s’intéresser de plus près au passé : de là est né le mouvement des Geschichtswerkstätten (les “ateliers d’Histoire”), qui explore l’histoire locale et du quotidien. La diffusion de la série télévisée américaine Holocauste en 1979 a constitué un tournant important. La recherche sur la Shoah, et en particulier sur les responsables des crimes, s’est ensuite intensifiée, notamment grâce à l’ouverture des archives en Europe de l’Est dans les années 1990.
Comment cette période de l’histoire a-t-elle été enseignée dans les écoles allemandes et comment l’est-elle aujourd’hui?
Faisant moi-même partie de la génération des “baby-boomers”, j’ai eu la chance d’avoir un excellent professeur d’histoire. Dès la fin des années 1960, nous avons étudié en profondeur le national-socialisme. Mais ce n’était pas le cas partout, surtout lorsqu’il s’agissait de professeurs âgés. On peut considérer que l’époque nazie est enseignée véritablement avec minutie depuis les années 1980.
A partir des années 1990, de nombreux survivants de la Shoah ont commencé à témoigner dans les écoles – une opportunité qui touche aujourd’hui naturellement à sa fin avec le temps qui passe. Parallèlement, les mémoriaux des camps de concentration sont beaucoup mieux équipés et s’accompagnent de nombreuses initiatives, musées historiques et autres lieux de mémoire. Par exemple, le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe à Berlin, avec son centre d’information. S’y ajoutent des livres, des films, et depuis récemment des rencontres virtuelles avec des témoins de l’époque. En tout cas, les générations futures ne manquent pas de possibilités pour s’informer et s’instruire sur le passé.
L’Allemagne a été coupée en deux après la guerre et des contrastes politiques et sociaux subsistent encore aujourd’hui, 35 ans après la réunification. Y avait-il une différence entre l’Allemagne de l’Est (RDA) et celle de l’Ouest (RFA) dans la manière d’aborder le nazisme?
La RDA a, dès le départ, appliqué la doctrine de l’antifascisme. C’est-à-dire qu’elle a mis en avant la résistance communiste contre le national-socialisme et affirmé que la “question du passé” était résolue par la victoire du socialisme. Cette position a également été défendue dans les mémoriaux nationaux des camps de Buchenwald, Sachsenhausen et Ravensbrück, situés en RDA. Dans les années 1970, alors que cette approche du national-socialisme se figeait de plus en plus dans une approche idéologique en RDA, la RFA développait, au contraire, une confrontation de plus en plus vive avec son passé. Ironiquement, celle-ci a été en partie stimulée par les critiques venues de RDA à l’encontre d’une élite ouest-allemande accusée d’avoir participé au régime nazi. Ce qui devait initialement servir de propagande toxique contre la RFA a finalement permis de lever le voile sur ce passé nazi.
Ces différences dans la manière dont les deux Allemagnes d’après-guerre ont vécu leur passé continuent d’avoir des répercussions aujourd’hui. Et ce, bien que la réunification de l’Allemagne remonte à 35 ans, soit presque autant que le temps écoulé entre la chute du IIIe Reich et la fin de la RDA.
L’Allemagne a longtemps été épargnée par le populisme de droite et, vue de l’étranger, cette singularité a souvent été attribuée à son histoire nationale. Pourtant, en 2017, le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) est entré au Bundestag, avant de réaliser un score historique lors des dernières élections parlementaires. Comment expliquer cette évolution?
En 2018, j’ai publié, avec trois jeunes collègues, un livre qui traite de l’histoire du néonazisme et du radicalisme d’extrême droite en Allemagne depuis 1945*. Nous l’avons rédigé peu après l’entrée au Bundestag d’un parti populiste de droite – en partie ouvertement d’extrême droite : l’AfD. Cela marquait à nos yeux la fin de “l’exception allemande”. Jusqu’alors, cette exception était notamment assurée par la règle électorale imposant un seuil de 5 % des voix pour obtenir des sièges au Bundestag. Règle qui, en 1969, avait empêché de peu le parti d’extrême droite NPD d’entrer au Parlement.
Les élections de 2017 ont montré que l’Allemagne n’était plus épargnée par la vague mondiale de mépris populiste envers la démocratie. Manifestement, pour une partie des Allemands, le souvenir du naufrage démocratique de 1933 a perdu de son effet dissuasif. Peut-être même que cet effet n’a jamais vraiment existé chez certains, et que l’AfD a été à leurs yeux une option qui faisait jusque là défaut dans le paysage politique allemand.
Vous avez mis en garde en 2018 contre un “tournant de la politique mémorielle”. Cette culture mémorielle est-elle menacée par l’AfD, dont la cheffe de file Alice Weidel a affirmé qu’Adolf Hitler était communiste?
La volonté de la population allemande de mener une réflexion autocritique sur son passé nazi a été intense à partir du milieu des années 1980 et ce, pendant environ deux décennies. Mais aujourd’hui, cette dynamique s’essouffle. Il y a quelques années, on pouvait affirmer que la confrontation avec le passé nazi faisait partie de l’identité politico-culturelle des Allemands, mais je ne dirais plus cela de manière aussi générale.
Il y a bien sûr toujours eu des critiques de la part de l’extrême droite sur le “culte de la culpabilité”, mais elles se sont multipliées ces dernières années. Et l’AfD exploite avec succès le ressentiment envers la culture du souvenir. L’effrayant appel à un “tournant à 180 degrés de la politique mémorielle” [NDLR : formulé en 2017 par Björn Höcke (AfD)] en est une illustration. À l’ère du buzz permanent dans les médias et sur les réseaux sociaux, de tels slogans et ressentiments se propagent bien plus rapidement qu’à une époque où l’opinion publique était encore façonnée par des médias critiques et éclairés. Malheureusement, cette confusion permanente entre mensonge et vérité ne se limite plus à la seule question du national-socialisme.
*Zur rechten Zeit. Wider die Rückkehr des Nationalismus (“Au bon moment. Contre le retour du nationalisme”, non traduit, 2019).
The Wall Street Journal, 1 mai
Capitalism Won the Vietnam War
The dominos didn’t topple far or for long, but America still bears costs at home.
Full text:
Ho Chi Minh City, Vietnam
This week will see another Liberation Day—in Vietnam. I walked along the parade route leading to the former Presidential Palace, now Reunification Palace. Artillery guns are lined up along the Saigon River to celebrate the victory on April 30, 1975—50 years ago Wednesday.
In America we remember it differently. As Saigon fell, Operation Frequent Wind evacuated 7,000 Americans and locals. Helicopters ran in 10-minute intervals to the USS Okinawa and other ships in the Seventh Fleet. The last helicopter out—the famous photo you may remember is from the Pittman apartment building the day before—left the U.S. Embassy around 8 a.m., evacuating the last of a Marine Guard.
Later that day, North Vietnamese troops in a Soviet tank, and, with a hint of the future, an identical Chinese knockoff, busted through the gates and liberated the palace, ending the war. It’s well beyond my pay grade to relitigate the Vietnam War, but there are so many lessons.
The first was the damage to America’s national self-esteem. We lost. This was best exemplified in the 1981 movie “Stripes,” with Bill Murray’s character, Winger, saying, “We’re soldiers. But we’re American soldiers! We’ve been kicking ass for 200 years! We’re 10 and 1!” Ouch.
This loss of confidence hung over the rest of the 1970s until a raging bull market erased some of the glum. But not all. There is still a lingering anti-American psychosis. A July 2024 Gallup poll found only 41% of respondents were “extremely proud” to be American, near 2020’s all-time low.
Vietnam War protesters (“better red than dead”) are finally aging out of relevance. Think John Kerry, Joan Baez, Jane Fonda. Left in their wake are a liberal media, leftist academia and woke culture. This is changing, albeit slowly. Who will drive sentiment now? TikTok influencers? Help us all.
How we fight wars is radically different. The military draft is long gone, replaced by an all-volunteer army. Success is no longer measured via body counts or tonnage. An estimated 90% of the 7.5 million tons of bombs dropped during the Vietnam War likely missed their target. GPS-guided weapons and cruise missiles have become amazingly accurate, starting with Operation Desert Storm in Iraq. War is now asymmetrical with cellphone-triggered roadside bombs in Iraq and grenades dropped via cheap drones in Ukraine. Even in victory, the postwar is often lost—see Afghanistan.
A major rationale for the Vietnam War was the domino theory—that saving South Vietnam was necessary to halt the spread of communism in the region. That ended up both right and wrong. Hundreds of thousands of South Vietnamese were killed after the war ended or put in re-education camps. More than 1.5 million mostly educated Cambodians were killed by the Communist Khmer Rouge’s Pol Pot in the killing fields between 1975-79.
But while today’s Vietnamese government calls itself communist, with hammer-and-sickle flags still flying, Vietnam’s state ownership of everything ended in 1986. The dominos didn’t topple far or for long. Capitalism now rules, and Vietnam is modernizing. The 81-story glass and steel Landmark 81 building sits on a former U.S. Army logistics base. Though I did see fish heads cut off and dishes washed in the street. Vietnam still has a way to go.
Vietnam, with a population of more than 100 million, has tons of factories. Average manufacturing wages are $2 an hour, vs. $6 in China and $29 in the U.S. Everyone in Vietnam seems to have a scooter and a smartphone with WhatsApp—increased living standards as they move up to higher valued layers of our horizontal empire.
The government does own and control mobile-phone services, with plans as cheap as $4 a month. But service is slow and spotty, a generation behind ours—classic capitalism with communist characteristics. Many in Vietnam, unprovoked, told me their biggest worry is “China swallowing up Vietnam.” Another set of dominos?
Our media is different now. The Viet Cong’s Tet Offensive in January 1968 was fierce but eventually repelled. After a visit a month later, CBS anchorman Walter Cronkite expressed his doubts about the war: “The only rational way out then will be to negotiate, not as victors.” That helped sour public opinion, as expressed in an apocryphal quote often attributed to Lyndon B. Johnson: “If I’ve lost Cronkite, I’ve lost Middle America.” Heroic Hollywood war movies like the “Sands of Iwo Jima” and “The Guns of Navarone” gave way to the anxiety-ridden “Deer Hunter” and “Apocalypse Now.”
Looking back, we won the Tet battle but lost the media and eventually the needless and brutal war. But 50 years later, Vietnam’s economy is mostly capitalist. For one-tenth of our wages, they gladly manufacture American designs—clothes and sneakers (including half of Nike’s shoes) and even Apple AirPods and iPads—in exchange for pieces of paper with Benjamin Franklin’s picture on them. With utmost respect to the 58,220 U.S. troops and countless civilians lost during the Vietnam War, I’d say we won.
Neue Zürcher Zeitung, 30 avril
Fort aus Deutschland, um das Leben zu retten: Die Emigration aus dem «Dritten Reich» war eine der grössten Fluchtbewegungen des 20. Jahrhunderts
Thomas Mann, Ernst Toller und Sigmund Freud mussten fliehen, als die Nazis die Macht übernahmen. Zusammen mit Hunderttausenden von Juden und Regimegegnern. Wolfgang Benz will ein Gesamtbild der Emigration aus Hitlerdeutschland geben.

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In seinem neuesten Buch zum Thema Exil bietet Wolfgang Benz eine Gesamtdarstellung. Er will drei Themen in einem Gesamtbild zusammenführen: die Flucht der Juden, die Deutschland verliessen, um ihr Leben zu retten, die Emigration der politischen Opponenten des NS-Regimes und den Exodus führender Vertreter von Kultur und Wissenschaft. Das ist kein einfaches Unterfangen. Benz bekennt denn auch schon im Vorwort, dass dies bedeute, «auf jeden Anschein von Vollständigkeit zu verzichten».
Beim Verzicht auf Vollständigkeit geht der Autor sehr beherzt vor. So wird die grosse Emigrationswelle meist jüdischer Filmschaffender, die entscheidend zum Aufstieg der Filmmetropole Hollywood beigetragen hat, mit keinem Wort erwähnt. Bei der Literatur konzentriert Benz sich auf den Moskauer Schriftstellerkongress 1934, zweifellos ein interessantes Ereignis. Auch das Exilland Mexiko wird gewürdigt. Aber die USA, die für Schriftsteller der wichtigste Fluchtort waren, werden vergleichsweise stiefmütterlich behandelt.
Auf Ernst Toller und Thomas Mann, zentrale Figuren der literarischen Emigrantenszene in New York, geht der Autor eher beiläufig ein. Wenig Licht fällt auch auf die Emigration von Wissenschaftern, etwa Ernst Fraenkel und anderen, die nach dem Krieg nach Deutschland zurückkehrten und dort das Fach Politikwissenschaft etablierten. Das Institut für Sozialforschung, das an der Columbia University eine Heimat fand, wird nur gerade einmal erwähnt.
Hetzkampagnen
Das Buch folgt einem anderen Strukturprinzip. Nach einem längeren Rückblick auf die Emigration im Ersten Weltkrieg, dessen Notwendigkeit sich nicht unbedingt erschliesst, folgt ein Kapitel über die Flucht vor den siegreichen Nationalsozialisten. Hier finden sich sehr überraschende Thesen. Benz schreibt beispielsweise: «Der Nobelpreisträger Thomas Mann floh nicht aus Deutschland, wurde auch nicht vertrieben.» Weiter heisst es, die Nationalsozialisten hätten ihn «gerne als Aushängeschild deutscher Kultur im ‹Dritten Reich› behalten».
Das Gegenteil ist richtig. Nach seinem Vortrag zum 50. Todestag von Richard Wagner am 13. Februar 1933 gab es eine intensive Hetzkampagne gegen den wegen seiner «kosmopolitisch-demokratischen Auffassung» ohnehin unbeliebten Schriftsteller. Die Bayerische Politische Polizei erliess einen Haftbefehl gegen Thomas Mann, dem er nur entging, weil er aus dem Ausland, wo er auf Vortragsreise war, nicht zurückkehrte. Im Übrigen stammte seine Frau Katia aus einer berühmten jüdischen Familie, die von den Nationalsozialisten verfolgt wurde. Schon deshalb gab es zur Emigration keine Alternative.
Ähnlich merkwürdig sind die Ausführungen zu Sigmund Freud und Ernst Toller, die ihre Heimat nicht verliessen, um anderswo in Ruhe weiterzuarbeiten oder aus «Überdruss am Vaterland», wie Benz schreibt. Sondern um als Juden ihr Leben zu retten. Den vier Schwestern Freuds gelang die Ausreise nicht, sie alle wurden 1942/43 von den Nationalsozialisten ermordet. Das Gleiche gilt für die Geschwister von Ernst Toller. Der Autor erwähnt das nicht – warum auch immer.
Ausgrenzung
Es folgt ein Überblick über nationalsozialistische «Judenpolitik» 1933 bis 1938, also von der «Machtergreifung» bis zur «Reichskristallnacht». Die Minderheit der jüdischen Deutschen wurde immer brutaler ausgegrenzt. Die NS-Regierung förderte einerseits die Auswanderung nach Palästina und schröpfte andererseits die Ausreisewilligen durch die «Reichsfluchtsteuer». Dazu kamen andere Abgaben und der Zwang, Häuser, Geschäfte und Wertsachen weit unter ihrem realen Wert zu veräussern. Untersagt wurde die Auswanderung erst im Oktober 1941. Bis dahin war es mehr als 350 000 Menschen, fast zwei Dritteln der jüdischen Deutschen, gelungen, Deutschland zu verlassen.
Ein Kernstück des Buches sind die «Orte des Exils», eine Topografie der Emigration. Hier wird deutlich, dass viele Emigranten immer wieder von neuem die Koffer packen mussten, denn die Schergen der Nationalsozialisten waren ihnen stets auf den Fersen. Nicht wenige Emigranten waren ins Saargebiet ausgereist, das nach dem Ende des Ersten Weltkriegs unter internationaler Verwaltung stand, nach einer Volksabstimmung am 1. März 1935 allerdings wieder zum Deutschen Reich gehörte.
Österreich bot nur bis zum Einmarsch der deutschen Wehrmacht im März 1938 eine sichere Zuflucht. Die demokratische Tschechoslowakei war eine sehr wichtige Station für viele Emigranten, doch der Staat wurde 1938/39 zerschlagen. Auch viele andere Länder, wie Frankreich, die Niederlande, Dänemark oder Norwegen, boten nach Kriegsausbruch und der Besetzung durch die Deutschen keinen Schutz mehr. Viele Flüchtlinge, die sich schon in Sicherheit geglaubt hatten, fielen der Gestapo in die Hände. Andere erkämpften sich unter unendlichen Mühen Schiffspassagen in ferne Länder.
Lager auf Zypern
Ibibobo und Buenos Aires, Sydney und Melbourne sind Orte, die Benz in seiner reizvollen Topografie vorstellt. Auffallend ist allerdings, dass mit Stockholm der neben London wichtigste Ort des politischen Exils auf seiner Landkarte fehlt. Hier versammelten sich Sozialisten verschiedener Couleur und machten Pläne für eine Neuordnung Europas nach dem Krieg. Die bedeutendsten Vertreter dieser Kreise waren Willy Brandt und Bruno Kreisky, die nach ihrer Rückkehr aus dem Exil international geachtete Regierungschefs in Deutschland beziehungsweise Österreich wurden.
Ein eigenes Kapitel ist den Kindertransporten 1938/39 gewidmet, die zumeist nach Grossbritannien führten und durch die etwa 10 000 jüdische Kinder gerettet wurden. Ein anderes Kapitel gilt der sogenannten Alijah Bet, der illegalen Einwanderung in das von den Briten rigoros abgeschirmte Palästina. Diese Einwanderungsversuche scheiterten sehr oft. Viele jüdische Flüchtlinge fanden sich in britischen Konzentrationslagern auf Zypern wieder oder wurden nach Europa zurückgeschickt, was nicht selten ihre Ermordung zur Folge hatte.
Wolfgang Benz schildert zahlreiche Einzelschicksale anschaulich und illustriert so die verschiedenen Facetten der Emigration auf eindrückliche Art. Man liest das Buch deshalb mit Gewinn, auch wenn das Gesamtbild die eine oder andere Leerstelle aufweist.
Wolfgang Benz: Exil. Geschichte einer Vertreibung 1933–1945. C.-H.-Beck-Verlag, München 2025. 416 S., Fr. 49.90.
https://www.nzz.ch/feuilleton/emigration-aus-hitlers-deutschland-ld.1881482
The Jerusalem Post, 26 avril
At Auschwitz-Birkenau, the Jewish Holocaust story is pushed to the margins – opinion
Eighty years after the Holocaust, the memory of Jewish suffering at Auschwitz is increasingly shaped by controlled narratives, highlighting the need to preserve the truth of the atrocity.
Full text:
Eighty years after the end of World War II, Holocaust remembrance has become less about history and more about narrative – who shapes it, who tells it, and who gets to decide what it means.
Last fall, I traveled to Poland as part of a German-funded research project focused on Holocaust-era film and photography. Our work explores how visual materials from the time – films and photos of fragments of atrocities – have been appropriated over the past 80 years in different countries, in movies, in museums, and inmemorials. But at Auschwitz and Birkenau, what stood out wasn’t just what we saw. It was what we didn’t hear.
At Auschwitz, you cannot enter without a guide. Ours, a Polish woman, would accompany us for two days. The tour was conducted in German and tailored to our group.
Before stepping inside the gates, she pointed to the iron sign that reads “Arbeit macht frei” (“Work sets you free”) and drew our attention to the inverted letter “b” in “Arbeit.” It was, she explained, a deliberate act of resistance by Jan Liwacz, a Polish prisoner and blacksmith who forged the sign.
This was our symbolic entry to the site: Auschwitz framed not through its victims, but through subtle Polish defiance.
The tour unfolded as an uninterrupted monologue lasting nearly five hours. The guide covered the camp’s establishment, the categories of prisoners, the architecture of imprisonment, methods of torture, and escape attempts. The suffering was detailed, but curiously neutral in tone. At one point, we passed photographs of victims, hung along a corridor wall. “Were these Jewish victims?” I asked. “There are also Jews among them,” she replied – and continued.
This was not omission by accident. It was omission by design. The narrative was meticulously curated for a German audience – rich in logistical detail, sparse in emotional resonance. What was presented to us was a story of a camp system, of administrative brutality, of war and repression. But not of genocide.
When I asked whether all tours followed this structure, the guide explained that Israeli groups are treated differently. Only their tours are guided by Israelis, and they focus more on the emotional weight of the Holocaust, more on the victims. “It’s much more sensitive,” she said. “Much more emotional. The rest have the same tour.” The implication was clear: the Holocaust, depending on who you are, is either a tragedy to be mourned or a history to be managed.
Inside Block 27, the pavilion curated by Yad Vashem, a different atmosphere briefly surfaced. Screens played raw footage from across Europe: starving bodies, forced labor, executions. But again, no context. No captions. No explanation. Just image after image in succession. We were told the site itself doesn’t provide information, only guides do. Without a guide, a visitor sees horror without meaning. With the wrong guide, they may walk away with a version of history in which Jewish suffering is just one of many threads.
Control the narrative
The next day at Birkenau, our guide referred to the site as “the largest Jewish cemetery in the world.” This time, the narrative leaned more explicitly into extermination. Yet again, it felt cautious, curated. At one point, she told us: “The content is transmitted to us from above and we fulfill these expectations. There is not much information available at the sites, so the visitor depends on us to tell the story. Only we are responsible for the narrative. We want to control the narrative.”
That sentence stayed with me. Control the narrative.
As she spoke, a group of Israeli teens walked past, waving flags and wearing kippot. Their guide called out to them in Hebrew. They, too, were on a guided tour but were confined to their path, their version, their time slot. We were all walking the same grounds, but experiencing different Holocausts.
Eighty years after the Holocaust, the memory of the Jewish tragedy on Polish soil has been placed in a kind of historical ghetto – confined, isolated, surrounded by narratives not its own. The images are there. The names are there. But the voices of the victims are growing fainter, replaced by curated scripts and neutral tones.
As the last survivors pass away, what remains must not be a hollowed-out version of history, not a timeline of camps and train tracks, but the truth of what happened: the targeted, systematic annihilation of six million Jews. The lessons of that horror must be specific before they can be universal.
In Auschwitz today, there is still one Jew who opens the synagogue every morning and prays alone. Most of the time, he is the only one there. His quiet act is not just one of faith, it is a final act of resistance. Against forgetting. Against silence. Against someone else telling our story.
The writer is a researcher at the European Forum at Hebrew University, supported by the German Research Foundation (DFG), which funds the development of an application to track the usage of historical footage and conduct archeological research of historical footage and photos from the Holocaust.
https://www.jpost.com/opinion/article-851251
Le Point, 17 avril
50 ans du génocide cambodgien : « Les premiers jours, 2 millions de personnes ont été chassées »
ENTRETIEN. Il y a cinquante ans débutait au Cambodge le régime génocidaire des Khmers rouges. Dans quelles circonstances ? Comment fut-il perçu en France ? L’éclairage de Jean-François Bouvet.
Full text:
Jean-François Bouvet connaît bien le Cambodge. Notamment cette période charnière entre 1970 et 1975 où le pays a progressivement basculé dans le chaos et l’horreur génocidaire. Il lui a consacré, en 2018, un ouvrage singulier, Havre de guerre, Phnom Penh, Cambodge (Fayard), récit sur les correspondants de guerre européens et américains dont il retrace le travail, les habitudes, dont il décrit aussi les repaires hôteliers, tel le Royal au sein de la capitale.
Ce 17 avril, il y a 50 ans que les Khmers rouges, au bout d’un long travail de sape, se sont emparés de cette ville, et bientôt de tout le Cambodge, treize jours avant que les Américains ne quittent définitivement le Vietnam voisin. Si ce dernier événement a été plus largement raconté, les prémices de l’arrivée des Khmers rouges, leurs alliés, leurs mobiles, leur idéologie, la manière aussi dont leur victoire fut perçue en France, sont bien plus méconnues.
Le Point : Qui sont ces Khmers rouges qui prennent le pouvoir le 17 avril 1975 ?
Jean-François Bouvet : Les Khmers constituent l’ethnie dominante du Cambodge. Le terme de Khmers rouges est dû au prince Norodom Sihanouk qui désigne ainsi, dès les années 1960, les communistes du pays. On pourrait qualifier ce mouvement d’ultra-maoïste radical : Pol Pot, qui se rend à Pékin en 1965-1966, est inspiré par le Grand Bond en avant de 1958, suivi par la Révolution culturelle de 1966. Il fait sienne la doctrine selon laquelle la révolution doit venir d’en bas. Les Khmers rouges vont diviser la population en trois catégories : le peuple ancien, celui des campagnes, préservé de la contamination bourgeoise, le peuple nouveau, urbain et corrompu, qu’il faut purifier, voire éradiquer s’il résiste, il y a enfin les déchus, les fonctionnaires et officiers ayant servi la République khmère entre 1970 et 1975, qui seront éliminés.
La doctrine khmère rouge repose aussi sur une pureté nationaliste, voire xénophobe et raciste, qui conduira à l’élimination des Vietnamiens du Cambodge, ainsi que des musulmans Chams. Elle est l’expression d’un pays jadis bien plus étendu, pris en tenaille entre la Thaïlande à l’ouest et le Vietnam à l’est ; c’est cette vision obsidionale qui, dès les premières années, conduira ce pouvoir à agresser militairement le puissant Vietnam réunifié, avant de subir une écrasante défaite en janvier 1979. Même au pouvoir, Pol Pot demeurera longtemps auréolé de mystère (on parle de l’Angkar, l’Organisation). Secret et pureté (peur de la contamination étrangère) sont les piliers des Khmers rouges, résume l’historienne Soko Phay.
Quels sont les appuis des Khmers rouges ?
La Chine soutient politiquement et militairement les Khmers rouges, en particulier après la chute de Phnom Penh, où elle envoie dès les premiers jours des conseillers politiques. Une partie des dirigeants khmers rouges a été formée en France. Plus que de Pol Pot qui y a reçu une formation en radioélectricité, parlons de Khieu Samphan, l’un des principaux idéologues du régime, qui a soutenu à Paris une thèse en économie, prônant l’autarcie complète du Cambodge. Dans les années 1960, cet ex-protectorat français, devenu indépendant en 1953, jouit d’une certaine prospérité. Il est dirigé par Norodom Sihanouk, installé par Paris comme souverain avant de devenir chef de l’État, à la tête d’un régime démocratique très autoritaire.
Vis-à-vis de la guerre du Vietnam voisine, Sihanouk parvient jusqu’en 1970 à tenir un non-alignement que va faire voler en éclats le passage sur le territoire cambodgien de la piste Ho Chi Minh utilisée par les Nord-Vietnamiens pour ravitailler leurs frères communistes du Vietcong au sud. Sihanouk est alors renversé pour s’être montré trop tolérant envers les Vietnamiens, remplacé par une République dirigée par Lon Nol soutenu par les USA. Les Américains bombardent la piste et pénètrent en 1970 au Cambodge pour y éliminer les sanctuaires vietcongs. Par un effet de domino, les Vietnamiens vont alors renforcer leur présence dans le pays en faisant alliance avec les Khmers rouges pour se débarrasser de Lon Nol et des Américains. Les Khmers rouges occupent alors rapidement les campagnes, mais sans parvenir à conquérir les villes.
Qu’est-ce qui provoque la chute du régime républicain de Lon Nol en 1975 ?
L’arrêt en 1973 des bombardements aériens américains sur les forces communistes au Cambodge est un coup dur pour la République khmère, dont l’armée est gangrenée par la corruption de nombre de ses officiers. À la fin de l’offensive khmère rouge de la saison sèche, en avril 1975, la motivation est au plus bas : la facilité avec laquelle les rebelles investissent Phnom Penh en témoigne. Les premiers à investir la capitale au matin du 17 avril ne sont pas des Khmers rouges : ce sont des étudiants du Mouvement national, qui profitent de la vacance du pouvoir. Très vite, les soldats fraternisent avec ces rebelles peu agressifs, en brandissant le drapeau blanc. Cet étrange quiproquo donne une image rassurante des Khmers rouges, lesquels – les vrais – arrivent un peu plus tard. Et le ton change.
Avec leurs véhicules munis de haut-parleurs, ils sillonnent la capitale en prétendant que les Américains vont la bombarder et qu’il faut l’évacuer pour trois jours. Imaginez : 700 000 habitants plus 1,3 million de réfugiés. C’est un piège. Dès les premiers jours, les Khmers rouges chassent ces 2 millions de personnes. Ils déportent dans les campagnes une population dont ils sont incapables d’assurer l’approvisionnement. D’où un exode hallucinant, même les blessés sont poussés le long des avenues sur leurs lits d’hôpital. Les villes moyennes subiront le même sort, car c’est la ville en tant que telle, berceau de tous les vices, qui doit être purgée. Le Cambodge va devenir pour trois ans, huit mois, vingt jours un gigantesque camp de travail à ciel ouvert.
Comment cette prise de Phnom Penh est-elle relayée par les médias français ?
Le Figaro, d’abord factuel, perçoit vite l’horreur du régime et dénonce les massacres. Le Monde, seul journal français à avoir, avec l’AFP, un correspondant à Phnom Penh, minimise, en la personne de Patrice De Beer, les premiers témoignages de tueries. Le jeune journaliste distille une vision angélique des Khmers rouges, arguant qu’on ne peut juger cette révolution balbutiante sur ces débuts. Le desk Asie du Monde est dirigé par Jacques Decornoy, homme brillant mais influencé par l’image policée qu’offre la représentation parisienne des Khmers rouges, très lié aussi à Noam Chomsky qui qualifiera l’élimination de 1,7 million de personnes de « génocide éclairé ».
Le Monde initie son mea culpa en février 1976, avec deux articles du missionnaire François Ponchaud, qui a su décrypter la dialectique de la radio des Khmers rouges. Sous le titre « Cambodge, neuf mois après », tout est dit de la triste réalité. Deux mois plus tard, le rédacteur en chef André Fontaine lui emboîte le pas. Au Nouvel Observateur, Jean Lacouture fait preuve de cécité : le transfert de 2 millions de personnes sera qualifié sous sa plume « d’audacieuse transfusion de peuples ». Il reconnaîtra ses erreurs. Le 18 avril, lendemain de la chute de la capitale, Libération titre « Sept jours de fête pour une libération ». Très vite, un journaliste d’inspiration maoïste, Patrick Ruel, alias Patrick Sabatier, s’enflamme pour cette révolution venue du peuple. Ruel finira par s’excuser de son aveuglement. Quant à L’Humanité, tant que les Khmers rouges n’attaquent pas le Vietnam soutenu par l’URSS, tout va bien ; mais l’exacerbation des tensions à partir de 1977 incite le journal communiste à condamner le régime de Pol Pot.
Le 17 avril a-t-il été ou est-il un jour commémoré ?
Au Cambodge, le 17 avril est d’abord marqué par les fêtes du Nouvel An khmer. La chute de Phnom Penh est surtout commémorée dans la diaspora. Hun Sen, l’homme fort du Cambodge entre 1985 et 2023, est un ancien Khmer rouge ; il n’a guère incité à cette commémoration. Une autre date, le 20 mai, a été retenue comme Jour de la mémoire, sur le mode de la déploration des victimes. Mais c’est l’anniversaire de la chute du régime Khmers rouges, le 7 janvier 1979, qui est devenu jour férié.
Aujourd’hui, où 70 % de la population a moins de 25 ans, cette période figure au programme des lycées, le centre de torture S-21 est visité par la jeune génération, les archives des Khmers rouges et de leurs procès sont largement mises à disposition. Le virage a été amorcé en 2006 avec la mise en place du Tribunal international ; parmi les trois condamnés à perpétuité, seul Khieu Samphan est encore en vie. Signe des temps, le dernier film de Rithy Panh, Rendez-vous avec Pol Pot, a connu un large succès auquel les nombreux likes sur TikTok ne sont pas étrangers.
The Economist, Book Review, 15 avril
Don’t stop believin’ : Why you should believe in God. Or Allah. (But not Baal)
Ross Douthat believes everyone should believe. Readers may have doubts
Believe: Why Everyone Should Be Religious. By Ross Douthat. Zondervan; 240 pages; $29.99 and £20
Full text:
Have you ever wondered about the problem of evil? The question of why, if God is all-good and all-powerful, then bad things happen in the world? Why disease? Why famine? Why golf? If so, you are in good company: the problem of evil vexed St Augustine, preoccupied St Thomas Aquinas and worried Thomas Malthus.
But do not worry about them. Because Ross Douthat, a columnist at the New York Times and Catholic convert, has also thought about the problem of evil, and he is not that bothered by it. He thinks it is “ridiculous” to dismiss ancient religions over some “moral intuition” about whether suffering should exist. So that’s fine then. Don’t bother with Augustine. Put away Aquinas. Just read Mr Douthat.
Mr Douthat does not stop there. He tackles other problems that have hitherto been considered thorny and briskly answers them, such as: the question of who made the universe (God, he thinks); who created the laws of physics (God again); and why things behave in a weird way at the quantum level (you’ve guessed it).
The title of Mr Douthat’s book is “Believe: Why Everyone Should Be Religious” and its 200-odd pages are written in a similarly imperative tone. Reading it feels a bit like being cornered by a Christian at a party, for he wants not merely your attention but your soul. And he really does want it: the abandonment of organised religions is, he says, “the late-modern world’s great mistake”. Not the first or second world wars, nuclear weapons or even zip-off hiking trousers—but religious decline.
To persuade you of this, Mr Douthat canters across 20-odd centuries of theology, philosophy and science. Though dogmatic about religion, he is surprisingly undogmatic about which one: almost any old god who’s still around will do. He seems to follow a kind of divine Darwinism in which “The more popular, enduring and successful world religions are more likely than others to be true.” This is bad news for Zeus and Baal, but great news for his God.
None of this is quite how Thomas Cranmer, the first Protestant Archbishop of Canterbury, would have put it. But then religion-lite is all the rage: the widening god-shaped hole in American life (only 62% of Americans called themselves Christian in 2024, according to figures from the Pew Research Centre; a drop of nine percentage points from a decade before) is being filled by god-shaped things. Ayaan Hirsi Ali, a writer and former Muslim-turned-atheist, wrote that she had now turned to Christianity less because she had found Jesus than because she found “life without any spiritual solace unendurable”. This is not eternal-life Christianity but lifestyle Christianity: a way to bring comfort to a comfortless world.
This Christian book often teeters on the unchristian in tone. Mr Douthat refers sardonically to the “brilliant arguments” of atheists; accuses the (meticulously polite) Richard Dawkins of “crow[ing]” and puts ideas with which he disagrees in Slightly Snarky Capitals—so you read about “Official Knowledge” and the kind of “Serious Modern Person Who Doesn’t Believe in Magical Nonsense”. Which may give you a Serious Urge to Throw This Book Across the Room.
Whether you chuck it will depend on whether Mr Douthat persuades you to, like his title, “Believe”. Though if you do, it is worth remembering that you will still disbelieve, too. As Dr Dawkins points out, “We are all atheists about most of the gods that humanity has ever believed in. Some of us just go one god further.” ■
https://www.economist.com/culture/2025/04/10/why-you-should-believe-in-god-or-allah-but-not-baal
Le Figaro, 9 avril
Répression franquiste durant la guerre d’Espagne : un travail historique inédit met à mal la version officielle
CHRONIQUE – Une étude de 2023, désormais traduite en français, explore les dossiers des condamnés à mort sous Franco. Et donne de sa répression un visage bien différent de sa légende.
Full text:
« Vae victis. » Cette réplique du chef gaulois Brennus, en 390 av. J.-C., lors de sa prise de Rome, est passée à la postérité comme un des principes universels de la guerre. Deux mots pour résumer les innombrables maux endurés par ceux qui se retrouvent, après leur défaite, dans le camp des perdants. « Malheur aux vaincus » dont le sort n’est plus que d’endurer les représailles du vainqueur, sa justice expéditive et parfois ostentatoire, et de payer souvent de leur vie leur engagement « du mauvais côté ».
Les victimes du franquisme font à ce titre figure d’emblèmes. En avril 1939, après la victoire militaire des « rebelles » nationalistes sur les combattants républicains, ces derniers furent massivement arrêtés, emprisonnés dans des conditions très dures, voire « franchement inhumaines », selon le cardinal Vicente Enrique y Tarancón, jugés de façon hâtive par un tribunal militaire ignorant du droit, et exécutés dans des proportions spectaculaires : jusqu’à une date assez récente, les victimes de la répression officielle franquiste étaient estimées entre 150 000 et 200 000 personnes.
En 2023, paraissait toutefois en Espagne une étude qui remettait absolument en cause non seulement ces chiffres, mais la façon dont fut menée la procédure : La represión de la posguerra. Penas de muerte por hechos cometidos durante la Guerra Civil (Ed. Actas). La traduction française vient d’en être publiée aux éditions de l’Artilleur : La Répression dans l’Espagne de Franco, 1939-1975.
Son auteur, le journaliste Miguel Platón, est le premier et le seul à ce jour à avoir dépouillé dans leur intégralité, aux archives militaires d’Avila, des documents découverts en 2010 : les dossiers des condamnations à mort constitués à partir du 1er octobre 1939. Ils mettaient en cause quelque 20.000 personnes pour leur comportement pendant la guerre civile. Les conclusions qu’il en tire pulvérisent la version officielle qui qualifie la justice franquiste d’aveugle et d’impitoyable.
«Crimes de sang»
Numériquement, d’abord : l’étude de Platón établit que les 200.000 victimes présumées exécutées sur ordre de Franco furent en réalité 14.000 à 15.000 sur la totalité des 30.000 condamnations à mort prononcées, depuis le 1er avril 1939, à une écrasante majorité pour des crimes de sang commis en dehors du front militaire.
Il attire l’attention de son lecteur, plus encore, sur la notion même de victime, employée aujourd’hui dans un sens unilatéral qu’il conteste : « D’une manière générale, il est absurde de considérer tous les exécutés de l’après-guerre comme des “victimes du franquisme” ». Car « les vraies victimes étaient celles que les condamnés avaient tuées, torturées, violées ou volées. Il s’agissait de victimes, au sens politique, de la gauche révolutionnaire qui régnait dans la zone républicaine ».
Le viol, le vol et l’assassinat sous le prétexte du fascisme étaient notre pain quotidien
Enrique García Torres, lieutenant procureur à Valence en 1936
La répression à l’arrière, durant la guerre, avait été lourde des deux côtés. On estime les victimes civiles des républicains entre 45.000 et 50.000 personnes sur un territoire de plus en plus petit, exécutées du fait de leurs opinions droitières, de leur foi chrétienne ou de leur position sociale. Le témoignage de l’avocat Enrique García Torres, alors lieutenant procureur à Valence, laisse imaginer ce que furent ces « crimes de sang » et le chaos de ces années de guerre.
À propos de la mi-août 1936, un mois après son déclenchement, il écrivait : « La fonction des juges s’est vue réduite à recevoir les photographies et les rapports de centaines de cadavres trouvés à la périphérie de la ville (…). Le viol, le vol et l’assassinat sous le prétexte du fascisme étaient notre pain quotidien (…) ; personne n’était tranquille dans son usine, son atelier, son magasin ou sa ferme (…). On n’était même pas tranquille dans les centres officiels (…) ; personne ne commandait ». Pas même les tribunaux révolutionnaires n’arrivaient à empêcher les exactions des escadrons d’assassins qui hantaient villes et campagnes.
Couverture légale
La réciproque était-elle vraie dans le camp d’en face ? Oui, précise Platón, le camp nationaliste, et la Phalange notamment, se rendit lui aussi responsable de crimes sur des gens de gauche, tués ou condamnés sans avoir commis de crime grave. Les cours martiales pratiquèrent des meurtres sous une prétendue couverture légale. On estime les victimes des nationaux entre 50 000 et 55 000, sur un territoire de plus en plus grand.
Mais de tous ces cas d’assassinats politiques, tous bords confondus, le degré de cruauté entre « rebelles » de la zone dite nationale et révolutionnaires de la zone républicaine était sans commune mesure, avec des viols par centaines, des manifestations de sauvagerie et de cruauté indescriptibles de la part de ces derniers, n’épargnant pas même les enfants, et prenant pour cibles de leurs plus grandes horreurs les religieux et religieuses (6733 d’entre eux furent assassinés, leurs corps souvent atrocement mutilés – coupés en morceaux, yeux arrachés, crâne défoncé au marteau – et également profanés).
Après la guerre, la répression des crimes suivit une procédure qui n’était, en principe du moins, ni aveugle ni expéditive. La principale critique qu’on puisse lui adresser est que cette « justice des vainqueurs » avait amnistié, par la loi du 23 septembre 1939, tous les délits commis par « des personnes attachées aux “idéaux du Mouvement national” ». Qui échappaient donc à toute forme de justice, alors que les « rouges » devaient répondre de leurs actes.
Pour les instances franquistes, une personne du camp républicain convaincue d’avoir perpétré un meurtre, de l’avoir encouragé ou matériellement rendu possible encourait la peine de mort. Son cas était examiné par une cour martiale, puis révisé par des auditeurs successifs de la région militaire concernée, puis du service Conseil et justice du ministère des Armées. Leur rapport était transmis à Franco, auquel revenait le choix de gracier le condamné ou de confirmer son exécution, avec la mention de l’« Enterado » (informé).
Enquêtes approfondies
Quels éléments pouvaient éviter à un condamné la peine de mort ? Un doute sérieux sur son implication réelle dans le crime de sang dont il était accusé, une attitude bienveillante envers des personnes de droite ou des religieux, l’avis favorable de gens de son village ou de son quartier sur son comportement social, la détresse dans laquelle se trouvait sa famille…
Les auditeurs devaient mener une enquête approfondie, pouvant durer des mois, à la recherche de témoignages et de preuves. Il y eut hélas des exceptions, quelques centaines de cas d’aveux extorqués sous la torture, de procédures bâclées. Mais dans la majorité des cas cités, les auditeurs faisaient preuve de rigueur dans la recherche de la justice, demandant des témoignages supplémentaires en faveur de l’accusé, et dans la perspective de pardon et de réconciliation nationale énoncée par Franco.
Une anecdote citée par Platón illustre la difficulté de la position des juges : apprenant de la bouche d’un auditeur que l’assassin présumé de son fils avait été gracié faute de preuves, un vieil homme s’était mis à hurler sur la place de son village qu’il allait se faire vengeance lui-même, qu’il allait tuer l’intéressé et que personne ne pourrait l’arrêter.
Cas complexes
À lire les dizaines de cas instruits dans les dossiers, on est frappé par la complexité des cas jugés, des histoires dramatiques, des choix guidés quoi qu’il en soit par la nécessité (tel le recours en grâce de ce paysan de 40 ans reconnaissant avoir été trompé « par la lecture d’une presse infâme et les discours de faux apôtres, dans l’atmosphère de faim et de pauvreté à laquelle [l]’avaient réduit des salaires dérisoires »).
Le brouillard de certaines situations saute aux yeux, et il n’avait pas échappé aux auditeurs de justice qui, soupçonnant dans telle ou telle dénonciation un contentieux et un règlement de compte, se montraient précautionneux dans le crédit qu’ils leur accordaient. Ils appliquaient généralement le bénéfice du doute en faveur de l’accusé, préconisant la grâce quand la culpabilité était incertaine.
Le statut d’ennemi politique, si opérant à gauche, y compris dans ses propres rangs (André Marty, chef des Brigades internationales, se vantait d’avoir fusillé des centaines de brigadistes au motif qu’ils n’étaient pas de vrais communistes…), cette divergence idéologique n’avait pas, aux yeux des juges franquistes, le même poids : avoir été un homme politique engagé contre la cause nationale, comme ce fut le cas de l’écrivain et consul général Cipriano Rivas Cherif, beau-frère du leader de la gauche, Manuel Azaña, ou un caricaturiste virulent et anticlérical ou bien encore un franc-maçon, ne vous désignait pas comme condamné à mort.
La comparaison avec les tribunaux révolutionnaires de la France de 1793, de la Russie de 1917 ou de la Chine maoïste laisse songeur… Et les marques d’humanité et de solidarité qui, à tous les niveaux de la société, poussèrent des Espagnols du camp national à témoigner en faveur d’autres Espagnols du camp républicain pour demander leur grâce montrent que toute grandeur n’avait pas déserté l’âme humaine, en ces sombres années.
Ainsi la sœur de José Antonio Primo de Rivera écrivit-elle aux auditeurs pour demander la grâce du directeur de la prison où son frère avait été assassiné, et qui l’avait traité avec humanité. Elle lui fut accordée. La veuve d’un officier abattu par un de ses hommes écrivit à la femme d’un de ceux qui en étaient accusés, lui manifestant sa compassion et s’engageant à prier pour elle et sa famille. Miguel Platón commente sobrement ces marques de pardon, si opposées aux mesquineries et aux malveillances de cette guerre fratricide, pour souligner que la réconciliation entre les frères ennemis avait commencé bien plus tôt qu’on ne le dit.
Dans 51,4 % des cas, le chef de l’État espagnol commua les peines de mort en années de prison, dont les condamnés purgèrent en réalité moins du quart : le 25 janvier 1940, Franco avait en effet publié une ordonnance qui réduisait considérablement les peines prononcées depuis juillet 1936. Un condamné à trente ans de prison était libéré au bout de six ans. À partir de 1939, les prisonniers purent racheter leur peine en travaillant, et percevoir un salaire au profit de leur famille. On peine à trouver pareils exemples au paradis soviétique que le clan républicain, PSOE en tête, avait tenté d’installer en Espagne, prônant, dès 1934, « la plus grande violence pour remplacer le capitalisme », le « chaos social », et la guerre.
La Répression dans l’Espagne de Franco, 1939-1975, de Miguel Platón, L’Artilleur, 432 pages 23 € L’Artilleur
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 8 avril
Nazi-Athleten im Wintersport: Vom Blockwart bis zum SS-Mann
Gleich 48 deutsche Athleten der Winterspiele 1928 bis einschließlich 1936 gehörten Hitlers Partei an, neun der SS. Wie Willy Bogner Senior und Konsorten mit hemmungslosen Lügen die Entnazifizierung überstanden.
Full text:
„Lutz“, „Axel“, „Salchow“. Diese Bezeichnungen für Sprünge im Eiskunstlauf sind in vielen Wintersportnationen geläufig. Nicht so der „Rittberger“, der sich als Name nur in manchen Ländern durchgesetzt hat, obwohl auch hier ein Pionier aus der frühen Zeit des Sports und der Erfinder des Elements der Namenspate ist: Werner Rittberger, elf Mal deutscher Meister und von 1910 bis 1912 dreimal Zweiter der WM hinter dem Schweden Ulrich Salchow. Nach dem Zweiten Weltkrieg lebte Rittberger in Krefeld, wo die nach ihm benannte, 1963 gebaute Eishalle, 2024 abgerissen wurde.
Rittberger ist einer der wenigen deutschen Wintersportler aus der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts, der heute noch bekannt ist. Das mag auch daran liegen, dass sich die Deutschen damals nicht unbedingt als Supermacht auf Schnee und Eis präsentierten. 1928 gewann die deutsche Mannschaft in St. Moritz von 41 vergebenen Medaillen eine: Bronze. 1932 in Lake Placid gab es zwei von 42, erst 1936 stieg das deutsche Team mit drei Goldmedaillen und drei silbernen in die Spitze auf.
Dennoch kann diese relativ spärliche Ausbeute die fast vollständige Amnesie beim Blick auf den Wintersport im Nationalsozialismus nicht erklären. Soweit zu ersehen, war bislang nur von vier deutschen Teilnehmern an den Spielen eine Mitgliedschaft in der NSDAP bekannt, dazu noch bei drei Sportlern ihre Zugehörigkeit zur SS: Willy Bogner und die beiden Erstplatzierten der Alpinen Kombination von 1936, Franz Pfnür und Gustav Lantschner, gehörten der sogenannten „Schutzstaffel“ an. Beim aus Estland stammenden Skilangläufer Juku Pent verwechselten Autoren der Website „Olympedia“ dessen Zugehörigkeit zur Waffen-SS mit einer Parteimitgliedschaft.
Blockhelfer Rittberger, SS-Mann Bogner
Nach Recherchen der F.A.Z. gehörten in der Ära von 1928 bis 1936 allerdings mindestens 48 Sportler der NSDAP an und neun der SS an. Bislang nicht publik war der Beitritt Rittbergers in Hitlers Partei im Jahr 1937. Die Rückseite seines parteistatistischen Fragebogens von 1939 enthüllt eine tiefere Verstrickung: Rittberger diente als Blockhelfer der Partei. Eine Entnazifizierungsakte zu ihm ließ sich nicht finden. Der „Rittberger“ wird wohl im Repertoire bleiben, obwohl im Angelsächsischen vom „loop (jump)“, vom Schleifensprung, die Rede ist.
Noch bekannter ist der Name Bogner. Die Erfolge von Vater und Sohn als Skirennläufer stehen im Schatten des Modeunternehmens Willy Bogner GmbH, von 1936 bis einschließlich der Winterspiele 2014 Ausrüster deutscher Olympia-Mannschaften. Die Vergangenheit von Bogner senior, SS-Mitglied, stand dem nicht im Wege.
Im Juli 2024 bemühte sich die Bogner GmbH um eine Imagepflege: Der Wikipedia-Artikel zum SS-Mann Bogner wurde überarbeitet, sein Offiziersrang, SS-Untersturmführer, entfernt. Die Firma hatte bei dieser Gelegenheit zu Recht aus dem Artikel eine Aussage entfernt, die durch die genannte Quelle nicht gedeckt war.
Als aber auch eine Fußnote mit der falschen Seitenzahl hinter dem „Untersturmführer“ auftauchte, verschwand mit der Korrektur die Rangangabe. „In Bezug auf die entsprechende Fundstelle hätte in der Tat noch eine weitergehende Prüfung der gesamten Quelle unsererseits erfolgen sollen“, teilte das Unternehmen auf Anfrage mit: „Bogner beabsichtigt in keiner Weise, die Vergangenheit von Willy Bogner Senior zu verschleiern.“
War Bogner ein überzeugter Nazi oder nur ein skrupelloser Opportunist? Seine Einlassungen bei der Entnazifizierung können nicht der Wahrheit entsprechen. Denn er datiert den angeblich allein des Sports wegen vollzogenen Eintritt in die SS-Skimannschaft, durch den er automatisch SS-Mitglied geworden sein soll, auf den Winter 1933/34. Nachdem auf ihn Druck ausgeübt worden sein soll. In Wahrheit trat er zum 13. April 1933 der SS bei. Einige der Persilscheine, die ihm ausgestellt wurden, enthalten zudem ersichtlich unwahre Passagen.
Unstrittig ist, dass Bogner den sozialdemokratischen Reichstagsabgeordneten Josef Felder nach dessen Inhaftierung im KZ Dachau beschäftigte und dass Felder seine Befreiung dort 1936 Bogners Wirken zuschrieb. Auch überzeugte Nationalsozialisten hielten aus allerlei Gründen ihre schützende Hand über einzelne Verfolgte.
Dass Bogner die Beförderungen bei der SS seinen Erfolgen im Sport zuschrieb, mag zutreffen oder nicht. Bei anderen Sportlern sind solche Fälle nachweisbar. Nur ein unbereinigter Nachlass könnte Auskunft über Bogners Gedanken geben, aber der relativ frühe Beitritt in die SS und der Offiziersrang bleiben als Belastung stehen.
Dass sich die Balken bogen
Wie hemmungslos bei diesen Entnazifizierungen gelogen wurde, belegt Georg Gyssling. Sein zweifelhafter Ruhm beruht gewiss nicht auf dem letzten Platz im Bobwettbewerb der Winterspiele von Lake Placid 1932, sondern auf seinem Wirken als deutscher Konsul in Los Angeles in den Dreißigerjahren.
Er versuchte, die Filmfirmen Hollywoods einzuschüchtern, falls sie negative Darstellungen Deutschlands auf die Leinwand bringen wollten. Gyssling gehörte zu den lediglich fünf Teilnehmern an Winterspielen, die vor 1933 der NSDAP beitraten. Seine gut dokumentierte Rolle im NS-System hinderte ihn nicht daran, bei seiner Entnazifizierung zu lügen, dass sich die Balken bogen.
Gyssling behauptete, dass gute Bekannte für ihn eine Rückdatierung seines Eintritts in die Partei von 1933 auf 1931 erreichten. Nachweisbar unwahr. Und obwohl seine Kampagnen in Hollywood Proteste auslösten, behauptete Gyssling nach dem Krieg dreist: „Am Stillen Ozean, also auf der entgegengesetzten Seite der Weltkugel, hatte ich mit dem Nationalsozialismus nichts zu tun.“
Er bestritt jegliche Parteiarbeit und stellte sich als Freund der Emigranten dar, der nach seiner Rückkehr nach Deutschland 1941 von der Gestapo verfolgt worden sei. Der Lohn des ehemaligen Bobfahrers für seine Münchhausen-Erzählungen im Januar 1948: die Einstufung als Entlasteter.
Nicht ganz so glimpflich ging die Sache für Alfred Heinrich aus, der zum Eishockeyteam gehörte. Die Mannschaft gewann 1932 Bronze, was angesichts von nur vier teilnehmenden Nationen nicht als besondere Heldentat in die Sportgeschichte einging. Heinrich hatte sich zum 1. August 1931 der NSDAP und zum 1. Dezember 1931 der SA angeschlossen.
Seine Entlastung wurde nicht nur 1946, sondern auch 1949 nochmals abgelehnt, zu einem Zeitpunkt, als fast jeder Nazi durchgewunken wurde. Heinrich nutzte auch ein Feldurteil des Reichskriegsgerichts nichts, laut dem er im Oktober 1943 wegen Wehrkraftzersetzung zu drei Jahren Gefängnis verurteilt worden war.
Weil die Teams für die Winterspiele sehr klein waren, lassen sich keine Aussagen über die NS-Belastung einzelner Sportarten machen, klar ist nur: Eine Mitgliedschaft in der Partei oder anderen Organisationen war in keiner Weise notwendig, um mitmachen zu dürfen, die Spiele 1936 in Garmisch-Partenkirchen eingeschlossen.
Für alle Wintersportler kommt man mit Blick auf die Parteimitgliedschaft unter den Männern auf einen nur geringfügig über dem Durchschnitt der Gesamtbevölkerung liegenden Wert, wobei allerdings wie bei den Sommersportlern jüngere Athleten das Bild schönen. In beiden Gruppen sind nur etwa ein Viertel der männlichen Teilnehmer unter den Geburtsjahrgängen der Zwanzigerjahre Parteimitglieder. Unter diesen erwähnenswert ist die einzige weibliche Parteigenossin, die Skirennläuferin Mirl Buchner. Sie wird 1948 die erste „Sportlerin des Jahres“, vier Jahre später gewinnt sie bei den Winterspielen in Oslo drei Medaillen.
Langläufer Pellkofer als Zellenleiter
Die Anbiederung an das NS-System konnte jungen Athleten aus kleinen Wintersportgemeinden Türen zur Welt öffnen. Dass der Olympiasieger Franz Pfnür aus Berchtesgaden anscheinend kaum in der Lage war, einen Satz unfallfrei auf Papier zu bringen, bedeutet nicht, dass er – von einem Tee-Empfang bei Hitler überwältigt – naiv in NSDAP und SS eintrat.
Zwischen beiden Ereignissen lagen 14 Monate. Pfnür wurde 1937 Skilehrer an der Reichsschule für Leibesübungen des Reichsnährstandes auf Burg Neuhaus und verstrickte sich so samt der SS-Mitgliedschaft in das NS-System. Wenn wiederum dem Nordischen Kombinierer Fidel Wagner aus Oberstaufen bei einer Verurteilung wegen Meineids zugute gehalten wurde, dass er „Opfer der ihm geistig überlegenen Mitangeklagten“ geworden war, so entschuldigt das gewiss nicht Wagners SA-Mitgliedschaft seit Oktober 1930.
Auch andere Parteigenossen beließen es nicht bei der einfachen Mitgliedschaft, sondern traten als Blockwarte wie der Eishockeyspieler Alfred Steinke und der Bobfahrer Albert Brehme in Erscheinung. Der Skilangläufer Fritz Pellkofer, in Bayrischzell gerne erinnert als Mitglied des „Bayrischzeller Kleeblatts“, kam einen Rang weiter, er brachte es zum Zellenleiter der NSDAP.
„Stets ein Vorbild für unsere Jugend“
Zum „Kleeblatt“, das die kleine Alpengemeinde bei den Spielen 1928 repräsentierte, gehörten noch Hans Bauer, der von 1929 bis 1930 einige Monate Parteigenosse war, sowie der Nordische Kombinierer Gustav Müller. Der gefiel sich als NSDAP-Blockwart, SA-Rottenführer und Oberscharführer der Waffen-SS, ein Musterbeispiel eines nationalsozialistischen Sportlers, der im Krieg mit Willy Bogner in Nordfinnland eingesetzt wurde.
Alfred Heinrich, dessen Entnazifizierung so ungünstig verlief, hätte sich ob der Einstufung Müllers als Mitläufer 1948 die Augen gerieben. Andere tun es bis heute. Wenn sie lesen, wie der Skiclub Bayrischzell auf seiner Internetseite so schwärmt: dass „unser Meistertrio Gustl Müller, Hans Bauer und Fritz Pellkofer (…) dem Namen Bayrischzell, überall wohin es kam, Ehre (machte/d. Red.) und stets ein Vorbild für unsere Jugend war“.
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 5 avril
Warum wird die DDR immer schöner?
Der Historiker Stefan Wolle hat fast zwanzig Jahre das DDR-Museum in Berlin geleitet. Der untergegangene Staat werde in der Erinnerung vieler mit jedem Tag schöner, an dem es ihn nicht mehr gibt, sagt er.
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Wenn etwas schon weit weg ist, kann es wieder sehr nah kommen. So nah, dass es ganz anders aussieht als zuvor. Diese Erfahrung hat Stefan Wolle gemacht. Der Historiker hat zahlreiche Bücher und Artikel über die DDR geschrieben und fast zwei Jahrzehnte das DDR-Museum in Berlin geleitet. Heute staunt er darüber, welche eigenartige Renaissance der untergegangene ostdeutsche Staat erlebt. „Wir erleben gegenwärtig eine große Welle positiver Erinnerung an die DDR“, sagt der 74 Jahre alte Wolle bei einem Treffen im DDR-Museum in Berlin. Das vermeintlich Schöne an der DDR werde immer mehr betont und habe inzwischen eine kulturelle Dominanz erlangt. „Mit jedem Jahr, in dem wir uns von ihr entfernen, wird die DDR schöner.“
Mittlerweile existierten zwei gegensätzliche Versionen der DDR. Zum einen die böse Diktatur mit Stasi, Selbstschussanlagen an der Grenze und Toten an der Mauer. Zum anderen die DDR-Version, die in der Erinnerung entstanden sei. In ihr sind die Menschen netter und freundlicher gewesen, es ging weniger um Besitz, dafür spielten Familie und Freunde eine größere Rolle – eine verlorene, gemütlichere Welt. „Einem empirischen Befund hält dieses Bild in keinem Punkt stand“, findet Wolle. Doch gehe es um ein Gefühl. Mit Fakten über Tote an der Mauer, Insassen der DDR-Gefängnisse oder die Wirtschaftszahlen des Arbeiter-und-Bauern-Staates könne man dem nicht beikommen.
Erstmal an positive Gefühle anknüpfen
Das private DDR-Museum am Spreeufer am Dom in Berlins Mitte befindet sich in einer ähnlich widersprüchlichen Situation. Denn das Museum lebt von Erinnerung und Wiederbegegnung. Dort gibt es Räume wie in einer DDR-Plattenbauwohnung mit den typischen Möbeln, Küchengeräten oder den Figuren aus dem DDR-Kinderfernsehen. Wolles Herangehensweise ist es, an positive Gefühle anzuknüpfen und erst im zweiten Schritt das Problematische des Systems zu thematisieren. Grafiken und Texte in der DDR-Wohnung versuchen das zu leisten. Die meisten hat Wolle selbst geschrieben, oft mit einem ironischen Unterton, der nicht allen Besuchern gefällt.
Der Ansatz hatte zunächst die ehemaligen Bewohner der DDR im Auge. Doch die Besucher des Museums, mehr als eine halbe Million im Jahr, haben sich gewandelt. Es kommen nicht nur viele, die in der alten Bundesrepublik aufgewachsen sind, sondern auch immer mehr Nachgeborene, die von der deutschen Teilung wenig wissen. Zudem ist das DDR-Museum ein Touristenmagnet. „Die ausländischen Touristen sind meist unvoreingenommen, interessieren sich für einen Staat, der untergegangen ist, und wie es dort so war“, sagt Wolle. Heute geht es auch darum, Grundwissen zu vermitteln, angefangen von den vier Besatzungszonen über den Aufbau der Mauer bis hin zur Rolle von SED und Stasi. Selbst die deutschen Schüler wissen meist wenig über die DDR. „Für manche war Walter Ulbricht der erste Bundeskanzler, und Hitler hat die Mauer gebaut“, sagt Wolle und muss dann selbst über sich lachen. Das Klagen der Älteren über die unwissende Jugend sei eben ein Klassiker.
Wolles Eltern waren überzeugte Kommunisten, doch er selbst verlor früh den Glauben an die sozialistische Sache. Wie viele Kinder von Funktionären und Intellektuellen des DDR-Staates hatte er Schwierigkeiten, sich einzufügen, da er die Desillusionierung der Eltern und Großeltern erlebte, die eigentlich den besseren deutschen Staat aufbauen wollten. Weil ihn zwei Kommilitoninnen denunzierten, musste er sich 1972 ein Jahr lang als Hilfsarbeiter in der Produktion bewähren, bevor er sein Geschichtsstudium an der Berliner Humboldt-Universität fortsetzen konnte.
Der persönliche Wendepunkt lag für ihn schon davor: der Prager Frühling 1968, als die Sowjetunion und ihre Bruderstaaten, darunter die DDR, in die Tschechoslowakei einmarschierten und die Demokratiebewegung niederschlugen. „Da brach für mich alles zusammen, sehr schnell und radikal. Das hat sich auch nie wieder kitten lassen.“ Als die Mauer fiel, hatte Wolle sich von der Idee, dass es durch Reformen eine eigenständige, demokratische DDR geben könnte, schon längst getrennt. „Allerdings ohne Triumphgefühl, eher mit einer leichten Wehmut im Herzen.“
„Frag Dr. Wolle“
Der Historiker wurde nach der Wiedervereinigung zum Aufklärer in Sachen DDR. Seine Videos auf Youtube mit dem Titel „Frag Dr. Wolle“ haben zehn Millionen Klicks erreicht. In etwa drei Minuten langen unspektakulären Clips spricht Wolle, stets im gleichen hellbeigen Sakko und blauen Hemd gekleidet, über Jeans in der DDR, die Freuden des Westpakets, die DDR-Küche („viel und fettig“) oder das Leben in der Platte, aber auch über ernste Themen wie rechtsextreme Skins in der DDR, Selbsttötungen oder die Auflösung der Stasi. Auch in seinem Ruhestand will Wolle weiter Filme drehen.
Eine seiner liebsten „Frag Dr. Wolle“-Folgen dreht sich um die Kinderbücher der DDR. Davon gab es viele schöne, oft waren es Märchenbücher, wie in allen sozialistischen Staaten. Als Kinderbuchautoren konnten Schriftsteller den Anforderungen entkommen, im Kanon des sozialistischen Realismus zu schreiben.
Der Antifaschismus der DDR sei echt gewesen, sagt Wolle – und zugleich instrumentalisiert worden. Dabei sei manches entstanden, was gut gemacht gewesen sei. Kürzlich hat sich Wolle noch einmal den Film „Nackt unter Wölfen“ von Frank Beyer aus dem Jahr 1963 angeschaut, der vom Widerstand im Konzentrationslager Buchenwald zwischen Februar und April 1945 handelt. Die Rolle der Kommunisten wird dabei einseitig heroisiert. „Ich weiß natürlich heute sehr genau, wo die Geschichte verfälscht wurde. Aber ich muss gestehen, ich konnte mich dem Sog dieses Filmes nicht entziehen.“
Aus einer verordneten Freundschaft wird eine Mentalität
In der heutigen politischen Landschaft im Osten sieht Wolle solche Prägungen durch die DDR weiter am Wirken. Etwa bei den Ost-Wählern des BSW, das seien oft ältere Frauen, „Omas für den Frieden“. „Die kämpfen sehr oft auch um ihre eigene Biographie“, seien etwa als Lehrerin oder Pionierleiterin ins System involviert gewesen. Manches sei vielleicht auch in ihren Augen in der DDR nicht in Ordnung gewesen. „Aber jetzt sagen sie: Wir waren trotzdem ein Friedenstaat und haben den Frieden gesichert, auch am 13. August 1961 mit dem Mauerbau.“ Auch die Liebe zu Russland und der Sowjetunion spiele eine besondere Rolle im Osten. Neben der romantisierenden Russlandverklärung, die älter und auch in Westdeutschland weit verbreitet sei, komme die verordnete Freundschaft der DDR mit der Sowjetunion im Osten hinzu. „Man staunt, wie tief solche Mentalitäten prägen.“ Der Antiamerikanismus sei die Kehrseite der Medaille.
Wolle tut sich schwer, den großen Erfolg der AfD im Osten zu erklären. Er sieht ein „mentalitätsgeschichtliches Kontinuum“, wenn es um die Frage der Migration geht. In der abgeschotteten DDR habe es kaum Ausländer gegeben. Als dann die Vertragsarbeiter aus Angola, Mosambik oder Kuba gekommen seien, seien sie in den Provinzstädten der DDR oft angepöbelt worden. Man habe sie nicht in die Kneipe oder Disco gelassen, es habe viele schwere Schlägereien gegeben, weil man fürchtete, sie könnten sich an deutsche Frauen heranmachen. Die SED-Führung habe von diesen Ausschreitungen nur wenig mitbekommen.
Noch wichtiger für den Erfolg der AfD im Osten ist in Wolles Augen etwas anderes: Trotz. Fernsehen und Rundfunk, aber auch viele Internet-Medien würden von vielen in Ostdeutschland als Sprachrohre des Westens begriffen. „Was da abends in der Tagesschau kommt, das ist immer noch der Westsender.“ Und die mediale Ablehnung der AfD führe dann bei vielen zu einer Trotzreaktion. „Die sagen: Wir lassen uns von Berlin, vom Westen nichts vorschreiben und wählen die jetzt gerade“, sagt der Historiker, der sich als treues SPD-Mitglied bezeichnet.
Wolle selbst kann dem Ost-Trotz nichts abgewinnen. Er ist begeistert, wenn er heute in seine Heimatstadt Halle an der Saale kommt. „Das war 1989 ein Ort im Verfall, alles war dreckig und kaputt. Nach vierzig Jahren Sozialismus sah es aus wie nach einem Krieg.“ Heute sei Halle eine schöne, liebenswerte Stadt. Das Gleiche empfindet er, wenn er in kleine Städte in Thüringen, Sachsen oder Sachsen-Anhalt fährt, überall seien die Fassaden renoviert, gebe es Läden, Cafés und Restaurants. Das Land sei nicht mehr wiederzuerkennen nach 35 Jahren, weil viele Millionen aus dem Westen geflossen seien. Viele ältere Ostdeutsche bezögen hohe Renten, führen dreimal im Jahr in den Auslandsurlaub und hätten zwei große Autos vor der Tür des renovierten Hauses stehen. „Und gleichzeitig lamentieren sie herum, sie lebten in einer abgehängten Region.“ Das Gejammere geht Wolle auf die Nerven.
Und deshalb würde er, wenn er einen Wunsch frei hätte, gern einen sozialistischen Erlebnispark errichten für alle, die der DDR noch nachtrauern. „Da kann man dann eine Woche so leben, wie es in der DDR wirklich gewesen ist.“ An Mauer und Stacheldraht würde natürlich niemand erschossen. „Aber man müsste sich morgens beim Bäcker anstellen, dann beim Fleischer, und Obst und Gemüse gibt es nicht. Außerdem würde ein IM-Bericht für die Stasi geschrieben über das eigene Fehlverhalten“, sagt Stefan Wolle – und stutzt. Wahrscheinlich, so überlegt er, gäbe es viele Freiwillige, die das ausprobieren würden, weil sie ja wüssten, dass nach einer Woche alles vorbei ist. Das sei eben der Unterschied: „Wir wussten damals nicht, wann es endet. Und wie es endet.“
Frankfurter Allgemeine Zeitung, Buchbesprechung, 2 avril
Militärgeschichte: Stell Dir vor, es ist Krieg, und keiner verteidigt das Land
Der Krieg war immer schon ein Mittel der Politik, und deutsche Generäle verstanden wenig von Ökonomie: Stig Förster zeichnet die Militärgeschichte Deutschlands vom sechzehnten Jahrhundert bis zur Gegenwart nach.
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Im März 1992 äußerte sich der ehemalige amerikanische Präsident Richard Nixon in einem Interview zur Lage Russlands. Der Westen, heiße es, habe den Kalten Krieg gewonnen, sagte Nixon, aber das sei nur halb wahr. Denn jetzt stünden die Ideen der Freiheit in Russland auf der Probe, und wenn sie sie nicht bestünden, werde es einen Rückfall geben – „nicht in den Kommunismus, sondern in einen neuen Despotismus, der eine tödliche Bedrohung für den Rest der Welt darstellen würde, denn er wäre mit dem Virus des russischen Imperialismus infiziert“. Zudem würden sich auch die Hardliner in China daran ein Beispiel nehmen und die weitere Demokratisierung ihres Landes stoppen.
Elf Jahre später, im Mai 2003, erließ der damalige Bundesverteidigungsminister Peter Struck eine Reihe von Richtlinien für die Bundeswehr, die Konsequenzen aus den Erfahrungen der NATO- und UNO-Einsätze auf dem Balkan und in Afghanistan ziehen sollten. Sie sahen die Neuaufteilung der Streitkräfte in eine zentrale „Eingreif-“ und eine zusätzliche „Stabilisierungstruppe“ vor, denen „Unterstützungskräfte“ zur Seite gestellt werden sollten. Von Landesverteidigung war in dem Papier keine Rede mehr. Im Jahr darauf endete Wladimir Putins erste Amtszeit als russischer Präsident.
Weitere zehn Jahre später besetzten Putins Truppen die Krim, und in der Ostukraine begann der militärische Aufstand der prorussischen Separatisten. Anschließend dauerte es nur noch acht Jahre, bis die russische Armee zum Vernichtungsschlag gegen die Ukraine ausholte. In dem seither stattfindenden Eroberungskrieg werden Putins Truppen von China logistisch unterstützt. Nixons Prophezeiung ist Wirklichkeit geworden.
Einordnung den politischen Rahmen
Der Historiker Stig Förster zitiert die Aussagen des amerikanischen Ex-Präsidenten und die folgenden Ereignisse in seiner Studie zur deutschen Militärgeschichte als Beleg dafür, wie stark militärische und politische Geschichtsschreibung ineinander verflochten sind. Und er hat recht: Militärgeschichte lässt sich nicht sinnvoll betreiben, ohne den politischen Kontext zu berücksichtigen, in dem bewaffnete Konflikte stattfinden; und die Historiographie der Staaten und Gesellschaften ist, zumindest in der Darstellung von Krisenzeiten, auf militärisches Fachwissen dringend angewiesen.
Stig Förster: „Deutsche Militärgeschichte“. Von der frühen Neuzeit bis zur Gegenwart.C.H. Beck Verlag
All das war lange Zeit in Deutschland nicht selbstverständlich. Unter akademischen Historikern galt es, zumal nach 1945, als unschicklich, sich mit Kriegen, Schlachten und Taktiken zu befassen, während die Praktiker des Militärischen, Generäle, Stabsoffiziere und Frontsoldaten, mit ihren Memoiren und strategischen Szenarien lieber unter sich blieben. Hans Delbrücks Versuch, mit seiner ab 1900 erschienenen „Geschichte der Kriegskunst im Rahmen der politischen Geschichte“ eine Brücke zwischen den Disziplinen zu schlagen, wurde von beiden Seiten abgeblockt.
Erst mit der Gründung des Militärgeschichtlichen Forschungsamts der Bundeswehr im Jahr 1957 kam Bewegung in die erstarrten Fronten. Seither gibt es nicht nur eine offizielle bundesrepublikanische Kriegsgeschichtsschreibung – die in dem von 1979 bis 2008 publizierten dreizehnbändigen Werk „Das Deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg“ gipfelte –, sondern auch einen festen Kreis von Historikern, die sich wie ihre Kollegen in anderen Ländern der Militärgeschichte widmen.
Schon die zweite Darstellung der deutschen Militärgeschichte
Zu ihnen gehört in vorderster Reihe der in Berlin geborene und bis zu seiner Emeritierung 2016 in Bern lehrende Stig Förster. Förster hat als Wissenschaftler und als Herausgeber der Schriftenreihe „Krieg in der Geschichte“ eine ganze Generation von Militär- und Globalhistorikern ausgebildet, und als Mitglied im Beirat des inzwischen in „Zentrum für Militärgeschichte und Sozialwissenschaften“ umbenannten Forschungsamts nimmt er nach wie vor Einfluss auf dessen Ausrichtung. Eine „Deutsche Militärgeschichte“ aus Försters Feder war deshalb, als Konsequenz einer lebenslangen Forschertätigkeit, fast unvermeidlich.
Die Überraschung – für Förster mag es eine Enttäuschung sein – liegt darin, dass es nicht die Erste ihrer Art ist. Vor zwei Jahren hat der britische Historiker Peter Wilson eine ähnlich breit angelegte Studie zum deutschen Militär seit 1500 vorgelegt. Wilsons „Eisen und Blut“, so der Titel des Buches, ließ viele Fragen offen, steckte aber den zeitlichen Rahmen ab, in dem sich auch Försters Darstellung bewegt.
Siebzig Seiten für den Dreißigjährigen Krieg, nur sieben für Clausewitz
Peter Wilson hatte eine klare These: Er wollte die deutsche Geschichte vom Stigma des „Sonderwegs“ befreien, das ihr in der Forschung noch immer anhaftet, und konzentrierte sich deshalb besonders, wenn auch nicht sonderlich überzeugend, auf die Entwicklung des habsburgischen Militärs. Stig Förster verfolgt keine vergleichbare Strategie. Ihm geht es, wie zuvor Hans Delbrück, vor allem um die Einordnung kriegerischer Ereignisse in ihren politischen Rahmen. Deshalb nimmt in seinem Buch die Geschichte des deutschen Staates und seiner Vorläufer im Vergleich zu den eigentlich militärischen Aspekten den weitaus größeren Raum ein.
„Taktik, Waffen und Soldaten“ des Absolutismus werden auf nur fünf, die kriegstechnischen Innovationen des Revolutionszeitalters auf vier, die clausewitzschen Schriften zur Theorie des Krieges auf sieben Seiten abgehandelt. Der Dreißigjährige Krieg, das wichtigste militärische Ereignis der europäischen frühen Neuzeit, wird von Förster auf siebzig Seiten gewürdigt, ohne dass der durch ihn beschleunigte Wechsel von der Haufen- zur Linientaktik, der mit der Einführung des Steinschlossgewehrs möglich wurde, und das damit verbundene Aufkommen stehender Heere in ihrer zeitlichen Abfolge deutlich erkennbar würden.
Bis zuletzt wurden die meisten Armeen von Adligen geführt
Diese Unschärfe muss kein Schaden sein. Am Ende war das, was die Kabinette beschlossen, seinerzeit wichtiger als alles in den Kabinettskriegen Erkämpfte. Aber ein gewisses Manko bedeutet die allzu laxe Behandlung militärischer Detailfragen eben doch. So spricht Förster ausführlich über die Arbeit des preußischen Generalstabs, der im Kaiserreich zum „Großen Generalstab“ avancierte, doch die Entstehung dieser Strategiebehörde in der nachfriderizianischen Übergangszeit bleibt bei ihm im Dunkeln. Dabei könnte man anhand der Professionalisierung der Kriegsplanungen eine ganze Sozialgeschichte des deutschen Militärs vom Barock bis zum Zweiten Weltkrieg erzählen – auch wenn die Armeen mit Pickelhaube und Stahlhelm bis zuletzt meist von Adligen geführt wurden. Doch die Generäle Jodl und Keitel, die 1945 die bedingungslose Kapitulation des Dritten Reiches unterzeichneten und später in Nürnberg hingerichtet wurden, waren nicht zufällig bürgerlicher Herkunft.
Der Schwerpunkt von Försters Buch liegt auf dem zwanzigsten Jahrhundert. Dabei vereint seine Darstellung alle Vorzüge und Nachteile einer Gesamtschau, sie ist klar, wo sie die großen Linien nachzeichnet, und unsicher in den kleinen Strichen, etwa bei der Beschreibung des wirtschaftlichen Chaos, das die De-facto-Militärdiktatur Hindenburgs und Ludendorffs ab 1916 im kriegsmüden deutschen Kaiserreich anrichtete, oder bei der Analyse der Mangelökonomie und der bröckelnden Fronten von Hitlers Wehrmacht nach Stalingrad und El Alamein.
„Wer noch einmal ein Gewehr in die Hand nimmt, dem soll die Hand abfallen“
Hier verlässt sich Förster zu sehr auf Bernd Wegners These von der „Choreographie des Untergangs“, die dem tagtäglichen Wirrwarr des untergehenden Naziregimes einen festen Plan unterschiebt, während er in den Skizzen zum alliierten Bombenkrieg der moralisierenden Perspektive Jörg Friedrichs folgt, ohne auf die ökonomischen Aspekte der gescheiterten Reichsluftverteidigung einzugehen. Dabei gibt es genügend Studien – zuletzt Richard Overys „Weltenbrand“ –, die den Anteil rüstungspolitischer Fehlentscheidungen an Hitlers Niederlage betonen. Die uniformierten Entscheidungsträger waren unternehmerische Amateure – auch das ein deutsches Leitmotiv.
„Wer noch einmal ein Gewehr in die Hand nimmt, dem soll die Hand abfallen.“ So sprach der spätere Bundesverteidigungsminister Franz Josef Strauß im Nachkriegsjahr 1947. Wir wissen, was kam, und wir ahnen dunkel, was kommen wird. Die misslungenen oder geglückten Pläne für den Angriff im Westen, von Schlieffens Super-Cannae bis Mansteins Sichelschnitt, denen Stig Förster einen guten Teil seiner mehr als eintausend Textseiten widmet, sind Geschichte, aber die Planungen des Kalten Krieges für die Vorwärtsverteidigung an Elbe und Oder und die Rückzugslinie am Rhein könnten bald wieder auf den Tischen der zuständigen Generäle liegen.
Militärgeschichte hat Konjunktur, und Försters Buch kommt zur rechten Zeit. Nur darf man es nicht als Gebrauchsanweisung für die Gegenwart lesen. Der Autor hat sein Manuskript vor der Wahl Donald Trumps zum amerikanischen Präsidenten abgeschlossen, was der „Deutschen Militärgeschichte“ selbst einen historischen Zug verleiht. Das ändert nichts daran, dass ihre großen Linien stimmen und Nixons Prophetie bestehen bleibt. Doch die feinen Striche malt die Zeitgeschichte in jedem Augenblick neu.
Stig Förster: „Deutsche Militärgeschichte“. Von der frühen Neuzeit bis zur Gegenwart. C.H. Beck Verlag, München 2025. 1294 S., Abb., geb., 49,90 €.
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 26. März
Jubiläum in Russland: Unsere 25 Jahre mit Putin
Am 26. März 2000 wurde Wladimir Putin Präsident. Von Anfang an herrschte er durch Krieg und Terror. Deutschland schaute weg. Blindheit war ja auch profitabel.
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Vor 25 Jahren begann unsere Geschichte mit Wladimir Putin. Sie hätte anders beginnen und anders verlaufen können. Schon an jenem 26. März 2000, als die Menschen in Russland ihn zum ersten Mal zum Präsidenten wählten, hätte man in Deutschland erkennen können, wer dieser Mann ist. Aber kaum jemand erkannte es.
Im August 1999 hatte der scheidende Präsident Boris Jelzin den damals noch fast unbekannten Chef des Geheimdienstes FSB zu seinem Ministerpräsidenten und damit de facto zu seinem Erben gemacht. Gleich zeigte Putin jene Züge, welche die meisten Deutschen dann über Jahrzehnte übersahen. Er flog im Jagdbomber nach Tschetschenien und steigerte den Eroberungskrieg, den Russland dort seit Generationen führt, zu einer Orgie des Terrors.
Unter seiner politischen Führung geriet der Einmarsch der Russen in der Hauptstadt Grosny am Neujahrstag 2000 zum Blutbad, und im Frühjahr meldete Amnesty International, Russland betreibe in der Region 20 Foltergefängnisse. Zehntausende starben bei wahllosen Bombenangriffen. Putin hatte gesagt, man werde die „Terroristen“ auf dem „Scheißhaus“ kaltmachen, und viele Russen liebten ihn dafür. Bei der Präsidentenwahl drei Monate später bekam er schon im ersten Wahlgang 53 Prozent.
Der Tschetschenienkrieg ging dann noch bis 2009 weiter, aber Deutschland schaute nicht hin. Das Institut Allensbach meldete 2001, 43 Prozent der Befragten hätten eine gute Meinung von Putin. 2008 marschierte Russland in Georgien ein, und einen Monat später fanden 55 Prozent der Deutschen das bilaterale Verhältnis „gut“ oder „sehr gut“.
2014, nach dem ersten Überfall auf die Ukraine, brach Putins Beliebtheit in Deutschland dann zwar ein, aber die Deutschen verhielten sich immer noch jahrelang so, als ginge sie das alles nichts an. Noch 2019 sagten 91 Prozent dem Institut Forsa, sie hätten „keine Angst vor Russland“.
„Wie konnte das passieren?“
Als Putin dann im Februar 2022 zum Vernichtungsschlag gegen die Ukraine ausholte, fielen viele aus allen Wolken. „Der Überfall erschüttert mich“, sagte Bundespräsident Frank-Walter Steinmeier. Christoph Heusgen, über viele Jahre der außenpolitische Berater von Bundeskanzlerin Angela Merkel, fragte fassungslos: „Wie konnte das passieren?“
Es konnte passieren, weil spektakuläre Ereignisse der Zeitgeschichte und Wirtschaftsinteressen immer wieder den deutschen Blick auf Putin verstellten. Das erste solche Ereignis war der dschihadistische Angriff auf das World Trade Center in New York am 11. September 2001.
In Deutschland rückte der Kampf gegen den islamistischen Terror ins Zentrum, und von Putins Terror in Tschetschenien sprach kaum noch jemand. Einige Rebellen dort waren ja schließlich auch Islamisten. Ihre Verbrechen reichten an Putins Verbrechen zwar nicht heran, dienten aber jetzt zu seiner Rechtfertigung.
In Deutschland zeigte sich das schon 16 Tage nach „9/11“. Putin sprach im Bundestag. Er sprach Deutsch, er sprach von Goethe, Schiller und Kant, und er rief: „Der Kalte Krieg ist vorbei!“ Zugleich stellte er Russland als Beschützer dar – als „reale Barriere“ im Kampf gegen fundamentalistischen Terror. Als dann Amerika und seine Verbündeten Afghanistan besetzten, unterstützte Putin das im UN-Sicherheitsrat.
Ein paar Monate später lud der Fernsehmoderator Alfred Biolek ihn und Bundeskanzler Gerhard Schröder auf die Bühne. Es war ein Fest. Biolek eröffnete Putin, er habe mit „preußischen“ Tugenden die Herzen der Deutschen erobert. Schröder bemerkte, Putin könne ausgezeichnet Witze erzählen.
Für Russland, gegen die USA
Der nächste Schub für Putins Beliebtheit kam im Jahr darauf. Amerika schickte sich unter George W. Bush an, den Irak zu überfallen. Sein Außenminister Colin Powell zückte zwar im Weltsicherheitsrat eine Phiole mit weißem Pulver und deutete an, sie enthalte „einen Teelöffel“ des Bakteriums Anthrax, mit dem der Irak die Welt bedrohe.
Aber viele Europäer kauften die Horrorstory nicht. Auch in Deutschland wandte ein großer Teil der Öffentlichkeit sich gegen die USA. Schröder stellte sich an die Spitze des Widerspruchs und gewann die Bundestagswahl 2002. Umfragen zeigten etwas später, dass aus deutscher Sicht der Hauptschurke jener Zeit der amerikanische Präsident war.
Putin, der Amerikas Irak-Invasion ebenfalls ablehnte, erschien damals zusammen mit Frankreichs Präsident Jacques Chirac als Verbündeter in einer gerechten Sache. Er machte wieder Punkte, Deutschland schien ihm nichts übel zu nehmen. Auch die ersten Giftattentate auf prominente Gegner nahm man hin. Dazu gehörte der Anschlag, der den ukrainischen Präsidentschaftskandidaten Wiktor Juschtschenko 2004 dauerhaft entstellte, und der tödliche Einsatz des Nukleargifts Polonium gegen den Putin-Kritiker Alexander Litwinenko in London.
Es lohnte sich ja auch, die Augen zu schließen. Putin hatte im Bundestag Profite versprochen, und tatsächlich stiegen in den 14 Jahren zwischen seinem Amtsantritt und seinem ersten Angriff auf die Ukraine die deutschen Exporte nach Russland auf das Fünffache. Mit Schröder vereinbarte Putin 2005 die Gasleitung Nord Stream durch die Ostsee und schuf durch billiges Gas eine der Grundlagen für Deutschlands Stabilität in den Jahren Angela Merkels.
Deren Außenminister Steinmeier folgte damals einem Konzept namens „Annäherung durch Verflechtung“: Russland sollte durch Gewinne domestiziert werden. Das Konzept zeigte seine Wirkungslosigkeit spätestens 2008, als Russland in Georgien einfiel, aber Deutschland machte weiter, als sei nichts. 2011 floss am Ostseeboden das erste russische Gas nach Deutschland.
Putins Verbrechen ließen die Deutschen lange kalt
Der erste Überfall auf die Ukraine hat die Zuneigung der Deutschen zu Putin dann allerdings erschüttert. 2015, als seine Luftwaffe dann außerdem noch begann, an der Seite des Diktators Baschar al-Assad syrische Zivilisten in Krankenhäusern und Wohnblocks so grausam zu bombardieren wie seinerzeit in Grosny, lagen seine Sympathiewerte in Deutschland nur noch bei acht Prozent. Der Anschlag auf den früheren russischen Agenten Sergej Skripal, bei dem in der englischen Stadt Salisbury das Nervengift Nowitschok zum Einsatz kam, tat ein Übriges.
Die deutschen Herzen pochten jetzt zwar nicht mehr für Putin, aber seine Verbrechen ließen sie weiter bemerkenswert kühl. Kurz nach dem Attentat von Salisbury ergab eine Forsa-Umfrage, dass viele Deutsche beim Stichwort Russland zwar an Kultur, Wodka und Gastfreundlichkeit dachten, aber nur je sechs Prozent an die Ukraine oder an Nowitschok.
In der Politik führte diese blinde Gelassenheit zu Jahren der Zweideutigkeit. Einerseits stellte Merkel sich nach dem ersten Überfall auf die Ukraine an die Spitze der Länder, die Putin mit Sanktionen begegnen wollten. Damals trug sie auch den NATO-Beschluss mit, künftig zwei Prozent der Wirtschaftsleistung für die Verteidigung aufzuwenden.
Andererseits ist dieser Beschluss in den acht Jahren bis zum Großüberfall von 2022 nie verwirklicht worden, und wenn die NATO Manöver hielt, warnte Steinmeier vor „Säbelrasseln und Kriegsgeheul“. Merkel wiederum konnte sich immer allgemeinen Beifalls sicher sein, wenn sie Waffen für den Verteidigungskampf der Ukraine strikt ablehnte.
Die Deutschen taten weiter, als hätten sie nichts bemerkt
Russland war eben nach wie vor profitabel. Der deutsche Export war nach der Krim-Invasion zwar eingebrochen, aber danach erholte er sich wieder. Außerdem wurde Deutschland immer abhängiger von russischer Energie. Nord Stream pumpte billiges Gas nach Deutschland, und im September 2015, als Russland in Syrien eingriff, wurde sogar noch ein zweiter Strang beschlossen.
Das deutsche Wirtschaftsmodell brauchte jetzt russisches Gas wie die Luft zum Atmen, und es zeigte sich, dass Steinmeiers und Merkels Verflechtungspolitik dem eigenen Land weit engere Fesseln angelegt hatte als Russland. Merkels Berater Heusgen hat später jedenfalls bekannt, durch diese Gaspolitik habe man sich „eine Blöße“ gegeben.
Wie sehr diese Abhängigkeit die Bereitschaft der Deutschen zum Hinschauen schwächte, zeigte sich auch in den Umfragen nach der Krim-Invasion. Die Deutschen mochten Putin jetzt zwar nicht mehr, aber 2016, als die Bombardements in Syrien ihrem Höhepunkt zustrebten, lehnten trotzdem 56 Prozent Sanktionen gegen
Möglicherweise kann ein fundamentales Missverständnis die Kurzsichtigkeit dieser Jahrzehnte erklären. Die Deutschen hatten lange Zeit Michail Gorbatschow und Boris Jelzin im Sinn, wenn sie an Russland dachten: die Männer, die Deutschlands Einheit ermöglicht und Russlands Truppen abgezogen hatten. Russland erschien als Land im Übergang zur Freiheit, und Putins Brutalität wurde als abklingendes Symptom einer Kinderkrankheit missverstanden.
In Wahrheit aber sind Terror und Krieg nie abklingende Symptome, sondern von Anfang an Grundelemente von Putins Herrschaft gewesen. Schon sein erster Wahltriumph mitten in den Schrecken des Tschetschenienkrieges muss ihm gezeigt haben, dass Aggression und Eroberung sich für russische Führer lohnen.
Später hat sich das immer wieder bestätigt. Die Kurve seiner Beliebtheit schoss dann steil hoch, wenn er irgendwo einen Einmarsch befahl oder jemanden vernichten ließ – nach dem Krieg in Georgien 2008 ebenso wie nach der Annexion der Krim und den Bomben auf Syrien. Der letzte scharfe Anstieg kam 2022, als Russland die Ukraine überfiel. Dass Putins Eroberungen für seine Entourage außerdem ungemein profitabel waren, kam hinzu.
Manche haben ihre Fehlwahrnehmung später erkannt
In Deutschland wurde die Aggression allerdings lange nicht als konstituierendes Element des Systems Putin erkannt. Die Großmanöver, die 2021 den Überfall auf die Ukraine vorbereiteten, wurden ebenso wenig ernst genommen wie sein Aufsatz vom Juni desselben Jahres, in dem er die Ukraine zum Bestandteil eines mythischen „dreieinigen“ Russlands erklärte. Merkel blieb bei ihrer Linie, und Scholz beendete das Genehmigungsverfahren für Nord Stream 2 nur zwei Tage vor dem Überfall vom 24. Februar 2022.
Manche haben ihre Fehlwahrnehmung später erkannt. Steinmeier, mittlerweile Bundespräsident, antwortete 2022 auf die Frage, ob er den Krieg habe kommen sehen, mit einem schlichten „Nein“. Er habe gehofft, dass Putin „den totalen politischen, wirtschaftlichen, moralischen Ruin seines Landes“ nicht für einen „imperialen Wahn“ riskieren werde. Auch ich lag damals falsch. Ende 2021 schrieb ich in der F.A.S., Putin sei „kein Stalin“, der Millionen Soldaten opfere.
Viele Deutsche, von Scholz bis zum CDU-Ministerpräsidenten Michael Kretschmer, behandelten Putins Russland aber auch nach 2022 nicht wie einen Raubstaat, dessen Hauptressource der Krieg ist. Sie klammerten sich an die Illusion, Putin könne durch Friedfertigkeit friedfertig gemacht werden. Auf der Linken hallte dabei die Überzeugung der Anti-Vietnamkrieg-Generation nach, Russland habe ja recht, wenn es sich von einem aggressiven Westen bedroht fühle. Steinmeier jedenfalls hat einmal gesagt, früher habe er „tatsächlich geglaubt, Moskau könnte Angst vor der Erweiterung der NATO haben“.
Da lag die Folgerung nahe, man müsse Putin diese Angst nur nehmen, dann werde er zu der Entspannung zurückkehren, auf welche die SPD immer gesetzt hatte. Es lag nahe, der Ukraine zwar Leopard-2-Panzer zu liefern, aber eben nur 18 Stück, keinen mehr, keinen weniger. Und es lag nahe, dass Scholz niemals über die Lippen brachte, Russland müsse den Krieg verlieren. Zuletzt ist seine Koalition dann auch daran gescheitert, dass er Putin als Gefahr nicht ernst nahm.
Statt der Ukraine wirksam zu helfen, machte er die Hilfe zum Spielball von Koalitionsrankünen, als sei sie ein Thema dritten Ranges. Für den Kanzler war die „Verflechtung“, durch die Deutschland Putin immer binden wollte, am Ende zur Verstrickung geworden.
Le Figaro, 16 mars
Extermination des Juifs : le récit de l’épouvantable secret nazi, par Stéphane Courtois
RÉCIT – L’extermination des Juifs par le IIIe Reich ne fut connue que tardivement par les Alliés. Et pour cause : elle procéda d’une stratégie du secret, appuyée sur la désinformation et le camouflage.
Full text : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/03/15-mars-1.pdf
Neue Zürcher Zeitung, 4. März
Thomas Mann bezeichnete Hitler als «kümmerlichen Erzschwindler»: Aus Kalifornien redete er seinen Landsleuten in Nazideutschland ins Gewissen
Im amerikanischen Exil führte Thomas Mann einen publizistischen Kampf gegen das «Dritte Reich»: Die Rundfunkreden «Deutsche Hörer!» sind brillante Hasspredigten – und Podcasts avant la lettre.

Full text : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/03/8-mars-3.pdf
Le Point, 3 mars
Pourquoi Hegel a-t-il dit que « rien de grand n’a été accompli dans le monde sans passion » ?
LA PHILO EN 200 CITATIONS. Alexandre, César, Napoléon… Pour Hegel, l’individu passionné est monomaniaque et met toute son âme au service d’un seul objectif. Au risque de se brûler les ailes
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Cette phrase fait partie des citations les plus célèbres de l’histoire de la philosophie. Mais une telle renommée s’accompagne de bien des malentendus. Sortie de son contexte, elle fait de Hegel le chantre romantique de la passion, contre le rationalisme étriqué des Lumières et la morale austère du christianisme. En réalité, pour lui, la passion n’est ni bonne ni mauvaise. Ce n’est pas son contenu, variable, qui l’intéresse, mais sa forme, qui est celle d’une totalisation hiérarchisée des désirs de l’individu : dans la passion, il met « tout l’intérêt vivant de son esprit, de son talent, de son caractère, de sa jouissance, dans un contenu »(Encyclopédie des sciences philosophiques). C’est dans cette puissance d’unification que réside la valeur de la passion : l’individu passionné est monomaniaque, il met toute son âme au service d’un seul but.
Ainsi comprise, la passion n’est pas le contraire de l’action mais sa condition : elle seule permet à l’homme de mobiliser son intérêt propre dans la réalisation d’un but, quand bien même celui-ci aurait une portée universelle. Là où une « moralité morte » exige que le sujet soit dépassionné afin que son action soit moralement pure, il faut savoir reconnaître le rôle fécond de la passion dans l’organisation de la vie pulsionnelle de l’individu, sa contribution essentielle à la « vitalité du sujet ». La passion met en ordre la diversité anarchique de nos désirs, elle hiérarchise nos pulsions en les soumettant à un but unifié, préparant ainsi la vie psychique à un type d’unification supérieur, celui de la raison.
Ce qui vaut pour l’homme ordinaire vaut a fortiori pour les grands : un Alexandre, un César, un Napoléon n’ont pu agir dans l’histoire qu’en étant habités par une passion majeure, celle de la conquête, par exemple. Mais ce qui fait agir est aussi ce qui maintient le sujet dans le clair-obscur de la semi-conscience de ses actes : l’homme passionné n’a qu’une perception confuse de la portée de ce qu’il est en train de réaliser. Tel est le paradoxe de la passion dans l’histoire : elle est ce qui rend possibles les grands événements historiques, mais elle est aussi ce qui confronte l’homme à l’opacité irréductible du sens de son agir.
Qui était Georg Wilhelm Friedrich Hegel ?
Il est issu d’une famille plutôt modeste du Wurtemberg. Après avoir étudié au séminaire protestant de Tübingen, où il s’enthousiasme pour les idées de la Révolution française, il multiplie les postes de précepteur avant de devenir enfin professeur de philosophie, à Iéna, puis à Berlin. En rupture avec Kant, son système philosophique prétend atteindre le savoir absolu par la réconciliation de la pensée avec la réalité. Pour lui, le devenir s’explique par un mouvement purement conceptuel porté par la dynamique des opposés. Hegel s’impose comme la figure majeure de l’idéalisme allemand. Parmi ses œuvres majeures : Phénoménologie de l’esprit (1807) et Science de la logique (1812-1816).
Le Point, 1 mars
Dérapage budgétaire : et si on tirait des leçons de la chute de l’Ancien Régime
CHRONIQUE. Pour l’économiste Charles Serfaty, les palabres actuelles sur le déficit des retraites rappellent les vaines querelles de la période pré-révolutionnaire.
Full text :
La Cour des comptes vient de publier un rapport, à la demande du Premier ministre, pour calculer l’ampleur du déficit des régimes de retraite. Elle rappelle que les pensions sont financées par les cotisations des actifs, mais aussi par des « contributions d’équilibre », lesquelles ne s’inscriraient pas toutes dans la logique du système par répartition. Ces « contributions d’équilibre » sont-elles justifiées ? La Cour des comptes n’a pas voulu trancher la question, ce qui est dommage, car une réponse claire aurait permis d’établir si oui ou non il faut s’attaquer au système de retraites pour faire baisser le déficit du pays.
Ce débat embrouillé en rappelle un autre. Celui portant sur le déficit public dans la décennie 1780, quand la France essayait de se sortir d’une crise de la dette sans faire défaut. Le royaume sortait alors victorieux de la guerre d’indépendance des États-Unis contre l’Angleterre, dans laquelle la marine française, fort coûteuse à entretenir, avait brillé.
Mais ce conflit lointain avait été financé à crédit. L’homme qui avait réuni les sommes était le Directeur général du trésor royal, Jacques Necker (1732-1804). Nommé en 1776, ce banquier suisse et protestant avait réussi à financer l’effort de guerre sans augmenter les impôts, par l’émission de rentes viagères contractées à des taux acceptables (entre 5 et 8 %). Six ans après le défaut de 1770 sous Louis XV, il s’agissait d’une prouesse.
Jacques Necker, une sorte d’Elon Musk avant l’heure ?
Comment l’avait-il accompli ? En coupant dans les dépenses du royaume pour rétablir la confiance des créditeurs. Sorte d’Elon Musk avant l’heure, Necker avait réduit les effectifs de l’administration, renégocié les contrats de l’État avec les fermiers généraux qui prélevaient l’impôt, et diminué les émoluments des officiers – y compris les siens, car, richissime, il servait le royaume gratuitement.
Il publia aussi, en janvier 1781, un « Compte-rendu au roi », présentant les comptes prévisionnels de l’année à venir. Il espérait que la transparence sur les comptes publics réduirait les taux d’emprunt, à la manière de ce qui s’était passé en Angleterre. L’ouvrage fut vendu à 100 000 exemplaires. Un grand succès, sachant que le pays était deux fois moins peuplé qu’aujourd’hui et que chaque exemplaire était commercialisé trois livres tournois, soit l’équivalent de plus de 500 euros.
Le « Compte-rendu au roi » était un véritable traité politique : Necker y suggérait que tous les futurs ministres chargés des deniers du royaume devraient présenter tous les cinq ans le budget royal au public. « Mon successeur aura moins de peine, parce que j’ai formé ce qui n’existait point, c’est-à-dire des tableaux complets et appuyés des éléments nécessaires pour connaître facilement tous les détails de la situation de Finances », écrivait-il.
Pour l’année 1781, il annonçait triomphalement un excédent budgétaire : « L’état actuel des finances est tel que malgré le déficit en 1776, malgré les dépenses immenses de la guerre et malgré les intérêts des emprunts faits pour y subvenir, les revenus ordinaires de Votre Majesté excèdent dans ce moment ses dépenses ordinaires de dix millions deux cent mille livres. » Le mot important ici est « ordinaire ». Necker avait en effet sciemment exclu de ses calculs les revenus et dépenses « extraordinaires », liés à la guerre d’Amérique. Par cette présentation comptable, il entendait montrer que, moyennant un effort supplémentaire, l’État pourrait, en temps de paix, rembourser les intérêts de la dette accumulée pendant la guerre.
Le roi ne voulait pas couper dans les dépenses
En dépit de ses efforts, Necker fut renvoyé quelques mois plus tard. En cause : ses critiques, sous le couvert de formules polies, du roi et de sa cour. Si Necker vantait la modération de Louis XVI dans les dépenses de sa « Maison Royale », il n’en rappelait pas moins qu’elles s’élevaient à 25,7 millions de livres tournois, soit environ 15 milliards d’euros d’aujourd’hui en proportion du PIB, et qu’il était souhaitable de les réduire davantage. S’il faisait également mine de louer la politique royale en matière de pensions accordées à des particuliers, notamment aristocrates, il rappelait que le règlement devait être « constamment et généralement suivi », et donc que les exceptions devaient cesser. Enfin, il faisait figurer les pensions tout en haut de la liste publique des dépenses de l’État ! Il faut ici rappeler que, prises ensemble, pensions et « Maison Royale » représentaient presque 1 % du PIB du pays à l’époque.
Pour le remplacer, Louis XVI nomma tour à tour Jean-François Joly de Fleury, Henri Lefèvre d’Ormesson, puis Charles-Alexandre de Calonne. La situation budgétaire demeurait très fragile. Les dépenses comptabilisées comme étant « extraordinaires » avaient amené l’État à accumuler des dettes qui allaient durablement peser sur le budget.
Les successeurs de Necker menèrent une politique dépensière, n’hésitant pas à revenir sur la supposée austérité du banquier suisse. Nommé Contrôleur général des finances en novembre 1783, Calonne dit même vouloir « éloigner à jamais l’idée de ces remèdes empiriques et violents dont il ne faut même pas rappeler le souvenir ». Néanmoins, la réalité finit par s’imposer à lui en 1785, quand les taux avaient augmenté au point de créer une crise budgétaire.
La présentation budgétaire trompeuse de Calonne
Pour sa défense, Calonne avait alors chargé Necker, arguant que ce dernier aurait présenté la situation budgétaire de 1781 de manière trompeuse. À l’en croire, le déficit ordinaire avait été nettement plus élevé que prévu, et Necker n’aurait pas dû exclure de son calcul les « dépenses extraordinaires ». Mais l’ancien ministre protestant, qui avait soigneusement conservé ses archives, répondit immédiatement aux critiques, défendant vigoureusement son « Compte-rendu » – ce qui amena Calonne à publier une réponse à sa réponse. Les arguments des deux belligérants furent imprimés pour prendre l’opinion publique à parti. Ils finirent par provoquer la disgrâce de Calonne et le retour aux affaires de Necker en 1787.
Calonne et Necker avaient tellement bien réussi à embrouiller le débat que même les historiens d’aujourd’hui ont été emportés dans la confusion : on trouve encore, dans des articles académiques récents, des avis et des chiffres contradictoires sur la question de l’équilibre budgétaire en 1781. Fallait-il ou non mettre à part les « dépenses extraordinaires », comme de nos jours certains veulent présenter à part les « contributions exceptionnelles » de l’État ? La réalité de la fin de l’Ancien Régime était pourtant simple : avec une dette considérable et des taux d’intérêt élevés, il n’était pas envisageable de rembourser les emprunts de la guerre des États-Unis sans dégager de substantielles économies.
Une interprétation trop optimiste de la situation budgétaire du pays par le roi et sa cour a précipité l’Ancien Régime dans sa dernière crise budgétaire. Louis XVI, pour sortir de cette impasse, convoqua les États généraux… Et l’on sait comment cela se termina pour lui.
Neue Zürcher Zeitung, 25. Februar
Interview: «Auf Tiktok ist die DDR ein Paradies», sagt die ostdeutsche Autorin Ines Geipel
Der Osten war ein halbes Jahrhundert lang Diktaturen ausgesetzt. Die Prägung durch NS-Regime und DDR-Herrschaft sei nie aufgearbeitet worden, sagt Ines Geipel. Für Parteien wie die AfD ist das ein fruchtbarer Boden – gerade jetzt, da Deutschland wählt.
Full text: https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/25-fevrier-3.pdf
Link https://www.nzz.ch/nzz-am-sonntag/report-und-debatte/auf-tiktok-ist-die-ddr-ein-paradies-ld.1870583
Neue Zürcher Zeitung, 22. Februar
Silke Maier-Witt war am Mord an Hanns Martin Schleyer beteiligt. In der DDR wurde die Terroristin mit offenen Armen empfangen
Ab 1977 war Silke Maier-Witt Mitglied der RAF. Zwei Jahre später stieg sie aus und tauchte unter. Jetzt zieht sie Bilanz.
Extraits:
Am 7. April 1977 wird Generalbundesanwalt Siegfried Buback erschossen. In Karlsruhe, kurz nach neun Uhr morgens, auf dem Weg zur Arbeit. Als sein Dienstwagen an einem Rotlicht halten muss, fährt von rechts ein Motorrad heran. Die Person auf dem Soziussitz schiesst auf das Auto, Buback wird getroffen und stirbt wenige Minuten später. Zur Tat bekennt sich das «Kommando Ulrike Meinhof» der Rote-Armee-Fraktion. In einem Bekennerschreiben wird Buback vorgeworfen, für den Freitod der RAF-Terroristen Ulrike Meinhof, Holger Meins und Siegfried Hausner verantwortlich zu sein. Buback hatte Einzelhaft für sie angeordnet. Die Terroristen reden von «Isolationsfolter».
Buback ist das elfte Opfer der RAF. Seit Anfang der siebziger Jahre führt die Terrorbande einen Krieg. Gegen den deutschen Staat, die Institutionen, die Justiz. Gegen den «internationalen Imperialismus», sagen die Terroristen. Was das genau heisst, bleibt nebulös. Aber sie kennen keine Skrupel. Dass sie Menschen töten, ist ihnen egal. Beim Attentat in Karlsruhe kommt auch Bubacks Fahrer ums Leben. Der Polizeibeamte, der ihn begleitet, wird durch mehrere Schüsse schwer verletzt und stirbt ein paar Tage später im Krankenhaus.
An dem Tag, an dem Siegfried Buback ermordet wird, wird Silke Maier-Witt Mitglied der RAF. Sie ist siebenundzwanzig Jahre alt und schon seit zwei Jahren mit den «Illegalen» in Kontakt. Sie arbeitet für sie: erledigt Botendienste, Transporte, kundschaftet sichere Grenzübergänge aus. Auch am 7. April 1977 hat sie einen Auftrag. Sie muss eine Nachricht überbringen. Am frühen Morgen macht sie sich in Stuttgart auf den Weg nach Amsterdam. (…)
«Die müssen sich auf mich verlassen können», schreibt sie in ihren Memoiren, die unter dem Titel «Ich dachte, bis dahin bin ich tot» erschienen sind. Klingt da, fast fünfzig Jahre später, noch immer Stolz auf gut gemachte Arbeit durch? Vielleicht, doch die Bilanz, die die heute Fünfundsiebzigjährige zieht, ist illusionslos. Silke Maier-Witt schildert ihren Weg in die RAF und ihr Leben nach dem Leben als Terroristin nüchtern.
Zwei Jahre lebt sie im Untergrund. Dann steigt sie aus und lebt in der DDR. Nach dem Untergang der DDR wird sie festgenommen, verurteilt und kommt in Haft, aus der sie nach fünf Jahren vorzeitig entlassen wird, weil sie von der Kronzeugenregelung Gebrauch macht. Wieder in Freiheit, beendet sie ihr Psychologiestudium, findet wegen ihrer Vergangenheit nur schwer eine Stelle und arbeitet schliesslich bis zur Pensionierung für ein Friedensprojekt auf dem Balkan. Heute lebt sie in Mazedonien.
Silke Maier-Witts Erzählung ist manchmal erstaunlich detailliert, so dass man Einblick erhält in den Maschinenraum der RAF. Man spürt etwas von der zwischen überheblicher Selbstsicherheit und Paranoia schwankenden Stimmung, in der die damaligen Köpfe, Brigitte Mohnhaupt, Peter-Jürgen Boock und Sieglinde Hofmann, sogenannte «Aktionen» planten. Dazwischen werden die Schilderungen allerdings auch wieder schwammig. Besonders da, wo heute noch Fragen offen sind. (…)
Zunächst musste sie Informationen sammeln, über Personen aus der deutschen Wirtschaft und Politik. Dass eine Entführung geplant gewesen sei, sei ihr bald klar gewesen, erzählt sie. Nur wer entführt werden solle, habe sie erst im letzten Augenblick erfahren. Nach Schleyers Erschiessung allerdings, am Morgen des 18. Oktobers 1977, war es Maier-Witt, die bei der Redaktion der französischen Tageszeitung «Libération» anrief und das Statement der Entführer verlas.
«Wir haben nach 43 Tagen Hanns Martin Schleyers klägliche und korrupte Existenz beendet», lautete der erste Satz der Erklärung. Und an den damaligen Bundeskanzler gerichtet: «Herr Schmidt, der in seinem Machtkalkül von Anfang an mit Schleyers Tod spekulierte, kann ihn in der Rue Charles Péguy in Mülhausen in einem grünen Audi 100 mit Bad Homburger Kennzeichen abholen. Für unseren Schmerz und unsere Wut über die Massaker in Mogadiscio und Stammheim ist sein Tod bedeutungslos.»
Aus den Zeilen spricht eine Kälte, ein Zynismus der Gewalt, der einen noch heute erschauern lässt. Damals habe sie nicht viel über die Erklärung nachgedacht, schreibt Maier-Witt. Ihre Gefühle habe sie ausgeschaltet: «Ich habe wie eine Soldatin funktioniert.» Wenn sie heute an diese Worte denke, schäme sie sich. Vierzig Jahre nach dem Anschlag, im Herbst 2017, trifft sie sich mit Schleyers Sohn Jörg. Sie hat um das Gespräch gebeten. Eine Fernsehdokumentation habe den Anstoss dazu gegeben, sagt sie. Sie möchte sich entschuldigen, persönlich.
Das Treffen verläuft freundlich, aber angespannt. Und für Jörg Schleyer enttäuschend. Wurde sein Vater gequält, gedemütigt? Wie sind die letzten Stunden vor seinem Tod verlaufen? Wusste er, dass er getötet wird? Wie wurde er hingerichtet? Die Fragen bleiben auch nach dem Gespräch offen. Er habe Maier-Witts Entschuldigung angenommen, sagte Schleyer später. Vergeben könne er ihr nicht. «Das ist mehr, als ich erwarten konnte», schreibt sie. «Ich selbst bin froh, dass dieses Treffen stattgefunden hat. Nach so langer Zeit musste ich diesen Schritt tun.»

Über die zweite Generation der RAF erfährt man aus Silke Maier-Witts Buch nicht viel Neues. (…)
Eine Waffe bekam sie jedenfalls und musste lernen, damit umzugehen. Davon erzählt sie mit einer Mischung aus Teilnahmslosigkeit und Entsetzen: «Ich nehme diese tödliche Waffe in die Hand und tue so, als sei das selbstverständlich.» Peter-Jürgen Boock, der Waffenexperte, instruiert sie. Sie ist sich bewusst, dass sie sich bereit erklärt zu töten, wenn es nötig ist: «Wann ist das nötig?», schreibt sie im Rückblick: «Ich denke nicht darüber nach, und es wird auch nicht darüber gesprochen.» Schon nach dem Schleyer-Mord fällt es Silke Maier-Witt schwer, die «Aktionen» vor sich selbst zu rechtfertigen.
Nach dem Überfall in Zürich steigt sie aus. Und da beginnen die interessantesten Teile des Buchs: Maier-Witt geht mit anderen RAF-Aussteigern in die DDR und wird von Parteikadern und Stasi mit offenen Armen empfangen. Als VIP gewissermassen. Man gibt ihr eine neue Identität, zweimal sogar, weil sie einmal aufzufliegen droht. Sie bekommt eine Wohnung, eine Stelle und lässt sich von der Stasi als inoffizielle Mitarbeiterin anwerben. Sie versteht sich allerdings nicht als «klassischen Spitzel», was immer das heisst. Sogar in die SED tritt sie ein.
Die Zeit in der DDR habe ihr geholfen, Distanz zur RAF zu gewinnen, schreibt sie: «Nach und nach wurde mir klar, wie sinnlos die Politik der RAF war.» Immer wieder stellt sie sich die Fragen: Warum? Wie konnte ich? Was war mit mir los? Sie versucht sich darüber klarzuwerden, wie sie zur Terroristin wurde: «Die wichtigste Frage, die mich bis heute umtreibt: Wie genau ist der Prozess abgelaufen, an dessen Ende ich mich freiwillig einer Gruppe anschloss, die das Töten von Menschen für politische Ziele in Kauf nahm?»
Eine klare Antwort findet sie nicht. Nur Bruchstücke einer Erklärung: die schwierige Kindheit und Jugend in einer lieblosen Familie. Sie möchte Anerkennung finden, aufgehoben sein, irgendwo dazugehören. Aus diesem Wunsch heraus beginnt sie Anfang der siebziger Jahre für die Strafverteidiger der RAF zu arbeiten. Leitet Kassiber der Gefangenen von Stuttgart Stammheim von den Anwälten an die RAF-Mitglieder weiter, die sich versteckt halten. Bis sie selbst zur Terroristin wird. Und auf Fahndungslisten landet. (…)
Als Silke Maier-Witt am 7. April 1977 in Amsterdam eintrifft, kommen ihre Verbindungsleute zu spät. Aber sie sind gut gelaunt. Nach dem Buback-Attentat – sie sprechen von der «erfolgreichen Aktion» – hätten sie sich erst versichern wollen, dass ihre Leute in Sicherheit seien. «Natürlich weiss ich, wer Buback ist», erinnert sich Maier-Witt im Buch an den Augenblick: «Bin ich entsetzt? Will ich genauer wissen, wie die Aktion gelaufen ist? Nein. Er ist verantwortlich für den Tod von Holger Meins, Siegfried Hausner und Ulrike Meinhof, sagt die RAF. Und was sage ich? Ich nehme ihn hin, diesen Mord.»
Le Point, 21 février
Munich, l’ultime avertissement pour l’Europe
ÉDITO. À l’instar de Staline à Yalta, Donald Trump et Vladimir Poutine ont entrepris, lors de la conférence de Munich, de redessiner la carte du continent pour reconstituer l’empire soviétique.
Par Nicolas Baverez
Full text:
« L’histoire ne se répète pas, elle bégaie », aurait lancé Marx devant le coup d’État en forme de 18 Brumaire de Louis Bonaparte, futur Napoléon III. Ainsi en va-t-il des conférences internationales réunies à Munich pour traiter de la sécurité de l’Europe et du monde.
Le 30 septembre 1938 furent signés par Hitler, Daladier et Chamberlain, sous la médiation de Mussolini et en l’absence d’Edvard Benes, les accords qui actèrent le démembrement de la Tchécoslovaquie. Loin d’éviter la guerre, la trahison de Prague par la France et le Royaume-Uni la précipita, ouvrant la voie au pacte germano-soviétique du 23 août 1939 – qui comportait un protocole secret effectuant le partage de l’Europe entre le Reich hitlérien et l’URSS stalinienne –, à l’invasion de la Pologne et au deuxième conflit mondial.
Capitulation sans condition
Les 14 et 15 février 2025, les représentants des États-Unis ont dévoilé aux dirigeants européens l’offre faite par Donald Trump à Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre d’Ukraine, sans consultation préalable de Kiev ni de leurs alliés : arrêt des hostilités en échange de l’annexion par la Russie de 20 % du territoire ukrainien ; interdiction faite à l’Ukraine d’adhérer à l’Otan ; départ du président Volodymyr Zelensky à l’issue de nouvelles élections ; absence de garantie des États-Unis concernant le respect de l’accord et la sécurité de l’Ukraine ; réassurance de l’Ukraine par les seules troupes européennes en dehors de l’article 5 du traité de l’Otan – ce qui revient à l’interdire puisque 100 000 à 150 000 hommes seraient requis pour dissuader une nouvelle agression des 600 000 à 700 000 soldats russes qui occupent le sol ukrainien.
Comme en 1938 face à Hitler, il s’agit donc d’une capitulation sans condition face à Vladimir Poutine, dont l’intégralité des revendications se trouve satisfaite avant même l’ouverture des négociations. Et ce, alors que son armée, en trois ans de guerre, s’est révélée incapable d’emporter la décision et que la Russie se trouve dans une impasse stratégique.
Quatre-vingts ans après la conférence de Yalta, qui vit Staline berner Roosevelt, à la veille de sa mort, en plaçant sous l’influence exclusive de l’Armée rouge l’Europe centrale et orientale en échange de son entrée en guerre contre le Japon – dont le seul effet fut l’annexion des îles Kouriles par l’URSS –, Vladimir Poutine a ainsi su flatter l’ego démesuré de Donald Trump pour obtenir un blanc-seing dans son projet de redessiner la carte de l’Europe pour reconstituer l’empire soviétique.
Faire payer le prix de l’aide
Non contente de livrer l’Ukraine à la Russie, l’administration Trump a prétendu, avec un cynisme digne d’un État voyou, lui faire payer le prix de l’aide qui lui a été apportée dans le passé par la prise de contrôle de ses terres rares – accord léonin qui a été rejeté à juste titre par Volodymyr Zelensky.
Dans le même temps, à Munich, le vice-président J. D. Vance, après avoir rappelé que les États-Unis entendent désormais cesser de se concentrer sur l’Europe pour donner la priorité à la défense de leur frontière et à la menace de la Chine, a fait siennes les thèses de Vladimir Poutine, de l’extrême droite, en dénonçant la décadence et les failles de la démocratie en Europe, qui n’écouterait pas ses peuples et menacerait la liberté d’expression.
Ceci alors que l’administration Trump viole ouvertement la Constitution des États-Unis en accaparant les pouvoirs du Congrès et en vassalisant la justice, tout en organisant un coup d’État numérique avec la prise de contrôle par Elon Musk et ses équipes des systèmes de paiements du Trésor et de gestion des fonctionnaires fédéraux ainsi que des données qu’ils contiennent.
Esprit de résistance
La conférence de Munich acte ainsi le basculement de l’histoire du XXIe siècle et constitue un ultime avertissement pour l’Europe. Les États-Unis, qui sauvèrent par trois fois la démocratie au XXe siècle en 1918, 1945 et 1989, constituent désormais une menace pour la liberté politique, dès lors qu’ils partagent les principes des empires autoritaires envers lesquels ils se montrent aussi complaisants qu’ils traitent de manière impitoyable leurs alliés – à preuve la hausse des droits de douane fixée à 25 % pour le Canada mais limitée à 10 % pour la Chine.
L’Otan, qui fut l’alliance stratégique la plus durable et la plus efficace de l’Histoire, se trouve privée de crédibilité et de contenu. À l’inverse, l’art de la guerre fait la démonstration de sa supériorité sur l’art du deal : Vladimir Poutine, à la tête d’une Russie surarmée dont la guerre est le principe, a obtenu la reconnaissance de ses ambitions impériales, ce qui rend inévitables de nouvelles agressions.
Pour l’Europe, il est temps de faire prévaloir l’esprit de résistance sur l’esprit de capitulation. La probabilité d’une guerre généralisée sera en effet d’autant plus forte qu’elle fera étalage de sa faiblesse. Elle doit se réarmer de toute urgence, alors que ses dépenses militaires restent inférieures à celles de la Russie (457 contre 462 milliards de dollars en termes réels), mais aussi repenser sa sécurité de manière autonome autour d’un directoire formé de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Pologne, de l’Italie et de l’Espagne.
Accélérer son réarmement
Il lui revient également, à l’image de Volodymyr Zelensky face à la tentative de prédation des ressources en matières premières de l’Ukraine, de montrer une extrême fermeté pour défendre ses intérêts et ses valeurs face à l’administration Trump, qu’il s’agisse de commerce, de technologie, d’énergie ou de sécurité, et de repenser sa posture stratégique pour se libérer de sa dépendance suicidaire à l’égard de Washington.
Pour la France également, la conférence de Munich représente un électrochoc qui l’oblige, face à la montée des menaces, à accélérer son réarmement, y compris sur le plan nucléaire, et à effectuer la modernisation de son modèle d’armée qu’Emmanuel Macron n’a cessé de reporter.
En 1938, Winston Churchill avait frappé Chamberlain, au lendemain des accords de Munich, d’une sentence aussi sévère que prémonitoire : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. » En 2025, après la nouvelle capitulation de Munich, les États-Unis ont la honte, mais c’est l’Europe qui aura la guerre.
Neue Zürcher Zeitung, 19. Februar
Nein, Frau Baerbock, die DDR war kein feministisches Paradies
Im Wahlkampf preist die Grünen-Politikerin die angebliche Gleichberechtigung in der DDR. Dabei verbarg sich hinter der Fassade sozialistischer Gleichheitsrhetorik eine Gesellschaft, die Frauen vor allem als Produktionseinheiten und Gebärmaschinen missbrauchte.
Extraits:
(…) Doch dieser kurze, heftige Wahlkampf hat auch einige Tiefpunkte hervorgebracht. (…)
Ein weiterer, weniger beachteter, aber nicht minder verstörender Moment ereignete sich kürzlich in der brandenburgischen Uckermark. Dort verstieg sich Annalena Baerbock zu einer Aussage, die man nur als zynische Geschichtsverklärung bezeichnen kann. Was die Gleichberechtigung von Frauen und Männern angehe, hätte man nach der Wende «einiges aus der DDR-Zeit für Gesamtdeutschland lernen müssen», behauptete die Grünen-Politikerin.
Was folgte, war der altbekannte, fast reflexhafte Verweis auf die höhere Frauenerwerbsquote in der DDR – eine statistische Wahrheit, die zur moralischen Lüge verkommt, sobald man den Kontext betrachtet. Denn das sozialistische Deutschland war nicht nur ein repressiver Unrechtsstaat, sondern auch ein System chronischen wirtschaftlichen Versagens. Die Betriebe, unfähig mit westlicher Effizienz und Innovation zu konkurrieren, griffen nach dem einzigen Strohhalm, der ihnen blieb: der massenhaften Ausbeutung billiger Arbeitskraft.
Die von Baerbock gepriesene Ganztagsbetreuung war dabei nie ein Triumph der Emanzipation, sondern lediglich ein zynisches Werkzeug zur Maximierung der Arbeitskraft. Hinter der Fassade sozialistischer Gleichheitsrhetorik verbarg sich eine Gesellschaft, die Frauen als Produktionseinheiten und Gebärmaschinen missbrauchte. Das Politbüro hingegen, jener innerste Zirkel der Macht, blieb über vier Jahrzehnte hinweg ein reiner Männerklub.
Zur Realität der DDR-Frauenpolitik gehört auch der Umgang mit den Vertragsarbeiterinnen: Das Regime holte sie zu Tausenden ins Land und liess sie zu Niedriglöhnen in oft gesundheitsgefährdenden Jobs arbeiten. Bei Schwangerschaften stellte der vermeintliche Arbeiter- und Bauernstaat sie dann vor die Wahl: Abschiebung oder Abtreibung.
Noch deutlicher offenbarte sich die Frauenverachtung des Regimes in den berüchtigten «Tripperburgen». Was wiederum ein hässlicher, verharmlosender Begriff des Volksmundes für das ist, was sie wirklich waren: Umerziehungslager, in denen Zehntausende Frauen und Mädchen, manche nicht mal dem Kindesalter entwachsen, systematisch gebrochen wurden. Ihr «Verbrechen»? Sie wagten es, von einem selbstbestimmten, emanzipierten Leben zu träumen oder sich in «falsche» Partner zu verlieben.
Sollte Baerbock von all dem tatsächlich nichts gewusst haben, böte sich heute übrigens eine Gelegenheit zur Aufklärung: In Potsdam diskutieren Historiker und Experten bei einem Fachgespräch ausführlich über den systematischen sexuellen Missbrauch von Frauen und Mädchen in der DDR.
Dass ausgerechnet Baerbock, die sich als Vorreiterin einer «feministischen Politik» inszeniert, diese Kapitel der DDR-Geschichte mit einem Federstrich beiseitewischt, ist mehr als nur ein weiterer Wahlkampf-Fauxpas. Es ist symptomatisch für eine beunruhigende Entwicklung: die schleichende Verharmlosung des DDR-Unrechts in der politischen Debatte.
Dabei gäbe es tatsächlich viel zu tun, um Frauen eine bessere Partizipation am Arbeitsmarkt zu ermöglichen. Der Ausbau (privater) Kinderbetreuung, die Beseitigung steuerlicher Fehlanreize wie des Ehegattensplittings und die Entlastung von Familien durch niedrigere Abgaben wären echte Schritte zu mehr Chancengleichheit. Stattdessen hat sich Baerbock dazu entschlossen, ein Unrechtsregime zu verklären. Doch von einem System, das Frauen systematisch ihrer Würde beraubte, lässt sich nichts lernen.
Le Point, 17 février
16 février 1899 : le jour où le président Félix Faure succombe à une fellation
Le président de la République avait l’habitude de recevoir sa maîtresse Marguerite Steinheil à l’Élysée pour diverses gâteries.
Article intégral :
Élu président de la République depuis quatre ans, Félix Faure entretient une maîtresse comme tout bon Français de sexe mâle. Il s’agit de Marguerite Steinheil, une jeune femme mariée de 26 ans qui change d’amant comme de chapeau. Son mari, le peintre Steinheil, n’y trouve rien à redire, lui-même poursuit ses propres amours. Au contraire même, il adoube cet amant présidentiel puisque cela lui vaut plusieurs commandes officielles.
Félix Faure a pris l’habitude de faire venir sa maîtresse au palais de l’Élysée à chaque fois qu’il a besoin d’une séance de relaxation. Le 16 février 1899, il fait porter un mot à sa Marguerite Steinheil pour lui dire qu’il la recevra avec plaisir à 17 heures, après ses dernières obligations. Quand l’heure arrive, le président, âgé de 58 ans, prend une petite précaution. Il avale un excitant. L’huissier peut enfin faire entrer la ravissante Mme Steinheil dans le salon bleu. Il n’y a pas de temps à perdre. Elle ouvre son corsage.
« J’étouffe ! »
Marguerite va droit au but. Restant silencieuse, elle sent soudain la main de son amant se crisper sur sa tête. Elle s’apprête à interrompre sa prestation quand il se met à crier : « J’étouffe ! J’étouffe ! Je n’y vois plus ! » Elle le libère, se relève, le voit s’effondrer, s’affole. Elle sonne les domestiques, avant de s’enfuir par un escalier dérobé, sans même prendre le temps de se rhabiller entièrement. Parvenue dans la rue de Marigny, Marguerite hèle un fiacre, le torse encore nu sous sa jaquette.
Pendant ce temps, les employés de l’Élysée découvrent le président allongé en pleine crise sur le divan. Le médecin qui accourt est impuissant à le sauver. Vers 10 heures, il meurt d’une congestion cérébrale, comme on dit à l’époque. Lorsque le prêtre mandé pour lui administrer les derniers sacrements se présente, quelques heures plus tard, il demande à un garde du palais : « Le président a-t-il encore sa connaissance ? », s’attirant la réponse mythique : « Non, elle vient de s’enfuir par l’escalier de service. »
La nouvelle de la mort de Félix Faure se répand rapidement. Le Journal du peuple écrit qu’il est mort d’avoir trop « sacrifié à Vénus ». Tout Paris comprend l’allusion. Les journalistes, apprenant que le président est décédé durant une fellation prodiguée par sa maîtresse, surnomment celle-ci « la Pompe funèbre ». Le sobriquet fait fureur. Cette réputation attire même à la belle de nouveaux amants, parmi lesquels Aristide Briand et le roi du Cambodge.
La fin de Marguerite est moins glorieuse que son entrée dans le monde. Le 30 mai 1908, elle est retrouvée ligotée et bâillonnée dans son lit. Son époux a été étranglé et sa mère est morte d’une crise cardiaque. Soupçonnée d’être l’instigatrice du crime de son mari, elle est cependant acquittée. Elle épousera ultérieurement un baron anglais et s’éteindra à 85 ans, on ne l’invente pas… dans le Sussex.
Neue Zürcher Zeitung, 7. Februar, nur für Abonnenten
Die andere «Rattenlinie» – wie Nazi-Kriegsverbrecher im Nahen Osten Zuflucht fanden
Im Zweiten Weltkrieg führten die Nationalsozialisten und die Araber denselben Kampf: die Ausrottung der Juden. Die arabisch-deutsche Zusammenarbeit hielt nach dem Krieg an.
Article intégral : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/7-fevrier-3.pdf
Le Figaro, 29 janvier, libre accès
Commémorations d’Auschwitz : 46 % des Français âgés de 18 à 29 ans n’ont pas entendu parler de l’Holocauste
Un sondage réalisé pour l’ONG «Conference on Jewish Material Claims Against Germany» révèle les lacunes de nombreux Européens et Américains à propos de la Shoah, notamment parmi les jeunes adultes.
Extraits:
Alors que le monde commémore les 80 ans de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau ce lundi 27 janvier, un sondage réalisé par organisation à but non lucratif Conference on Jewish Material Claims Against Germany et publié jeudi dernier révèlent les lacunes considérables au sujet de la Shoah de nombreux Européens et Américains, notamment parmi les jeunes adultes. Ainsi, 22% des Français n’ont jamais entendu parler du mot «Holocauste» ou «Shoah», une proportion qui monte à 46% chez les jeunes Français âgés de 18 à 29 ans. La différence est spectaculaire avec les autres pays étudiés (Pologne, Hongrie, États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne Autriche, Roumanie) : dans ces pays, seuls de 2% à 6% des personnes interrogées répondent par la négative à cette question (et de 1 à 15% chez les jeunes adultes).
À la question de savoir nommer au moins un camp de concentration ou d’extermination, la France figure là encore parmi les mauvais élèves, à égalité avec le Royaume-Uni : 26% des personnes interrogées ne peuvent citer aucun nom. Mais le pire vient cette fois des États-Unis, où cette proportion monte à 48%. De manière notable dans tous les pays, Auschwitz-Birkenau est le camp le plus connu (de 44% à 86%), tandis que tous les autres répertoriés enregistrent des taux de connaissance faibles de l’ordre de 1% à 20% – à quelques exceptions qui s’expliquent par la proximité géographique : 64% des Autrichiens connaissent Mauthausen et 36% des Allemands connaissent Dachau.
Les chiffres de la Shoah «exagérés», pour 33% des jeunes adultes français
Le bilan de la Shoah est également très mal connu des habitants des pays étudiés. À l’exception – et de peu – de l’Allemagne où 51% des personnes interrogées savent que six millions de Juifs ont été tués, partout ailleurs, une majorité (de 52% à 66%) pense que le bilan est moindre. Et là encore, l’Hexagone figure parmi les mauvais élèves (64%, juste derrière la Roumanie). De 18% (Allemagne) à 28% (Roumanie) des sondés pensent par ailleurs que le bilan de l’Holocauste a été inférieur ou égal à deux millions de victimes. (…)
Eurotopics, January 28
What is the message from Auschwitz today?
Today marks the 80th anniversary of the liberation of the Auschwitz concentration and extermination camp. Only gradually did the world realise the true extent of the Nazis’ crimes. Auschwitz, where the Nazis murdered at least 1.1 million people, came to epitomise the Holocaust. Delegations from 55 countries are attending today’s commemorative ceremony in Poland at which former prisoners will also speak. Europe’s press reflects.
Full text:
A challenge for the school system
Teachers must be better prepared to deal with the topic, Libération demands:
“In Europe, where only ten percent of the world’s Jews now live – compared to 60 percent in 1939 – antisemites are more on the offensive than ever, invigorated by the massacre in Israel on 7 October and the immediate reflex to blame the Jews for the terrible consequences for the Palestinians. Teachers are often ill-prepared to tackle the subject in class, because there is a lack of training and the questions are numerous. … The aim of today’s commemoration is above all to draw lessons from Auschwitz for the present.”
De Morgen (BE) / 27 January 2025
When modern technology meets primitive instincts
In De Morgen, historian Rolf Falter is appalled by the combination of base instincts and efficiency:
“The lesson of Auschwitz is that as soon as you choose violence and war, you unleash our most primitive instincts. These are then inevitably reinforced with all the technology and knowledge at the disposal of modern civilisation. In the end, you only create murder and destruction on an unimaginable scale. Auschwitz was, crudely put, unthinkable without the context of a highly developed society. That is, in every respect, a terrible realisation.”
The Guardian (GB) / 26 January 2025
Fascist rhetoric is flourishing
Remembering the Holocaust is more important today than ever, The Guardian admonishes:
“The far right is on the rise across Europe, including in Germany. Last Monday the world’s richest man, Elon Musk, gave what were widely seen to be two Nazi salutes as he celebrated the US presidential inauguration. … President Trump himself has adopted fascist rhetoric in railing against ‘vermin’ and accusing immigrants of ‘poisoning the blood’ of the country. Antisemitism and other forms of bigotry never vanished. Now they flourish. True believers are emboldened; others go along with them from ambition or indifference. ‘Functionaries’, suggested [the author] Primo Levi – another survivor of the death camp – are more numerous and therefore more dangerous than monsters.”
Der Tagesspiegel (DE) / 26 January 2025
Jews as a seismograph of social development
The treatment of Jewish people is a measure of how democracy is faring, Der Tagesspiegel argues:
“There is good reason to wonder whether age-old resentments have not survived to this day: the ongoing perception of Jews as alien. This is how it increasingly seems to the Jews of Germany today. Fear is growing in their communities. Our willingness to account for how things stand shows to what extent our society accepts plurality and diversity, embraces equality and refrains from pinning labels on others. Can we create unity by excluding others? Seen in this light, the Jews are a seismograph of our social development.”
Onet.pl (PL) / 27 January 2025
Criticism of Israel often antisemitism
Agnieszka Markiewicz and Simone Rodan-Benzaquen from the American Jewish Committee write on Onet.pl:
“It is the Jewish state that is the ultimate guarantor of ‘never again’. However, this role has frequently made Israel a target of today’s antisemitism, which is often disguised as criticism of the political process. The International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) defines antisemitism as, among other things, ‘the denial of the right of the Jewish people to self-determination, for example by claiming that the existence of the state of Israel is a racist endeavour’. … The denial of the right of the Jewish people to self-determination, the de-legitimisation of their state and the distortion of the memory of the Holocaust aimed at denigrating Israel are forms of antisemitism that must be universally condemned.”
Kristeligt Dagblad (DK) / 27 January 2025
Never stop remembering
The danger of a new Holocaust has not been banished, Kristeligt Dagblad warns:
“From 1933 to 1945, death was the ‘master from Germany’, but death, conceived as barbarism and evil, cannot be ascribed to a single nationality or ideology. There have been many other genocides throughout history, but the Nazi version is the clearest warning of what can happen when evil is given free rein. We must do all we can to remember this and never allow it to happen again.”
Le Monde, 27 janvier, article payant
Tal Bruttmann : « Les images des camps nazis ne disent pas ce qu’on leur fait dire »
Entretien : Spécialiste de la Shoah, l’historien explique dans un entretien au « Monde », accordé à l’occasion des 80 ans de l’ouverture du camp d’Auschwitz, que nous entretenons toujours une vision faussée du génocide, déformée par les images prises par les Alliés, qui ne rendent pas compte de sa réalité complexe.
Extraits:
L’historien Tal Bruttmann est notamment l’auteur du livre de référence Auschwitz, qui vient d’être réédité (La Découverte, « Repères », 124 pages, 11 euros, numérique 8,50 euros), et d’Un album d’Auschwitz. Comment les nazis ont photographié leurs crimes (Seuil, 2023), écrit avec les historiens allemands Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller. Une exposition inspirée de ce livre vient de s’ouvrir au Mémorial de la Shoah, à Paris, dont il est, avec Christoph Kreutzmüller, le commissaire scientifique. Il revient, pour Le Monde, sur ce que les Alliés ont découvert le 27 janvier 1945 en arrivant à Auschwitz, et sur les images qui, depuis, incarnent la mémoire des camps nazis et de la Shoah.
Les historiens ne parlent pas de « libération » des camps par les Alliés, entre janvier et mai 1945, mais plutôt de « découverte » ou d’« ouverture ». Pour quelle raison ?
Tout simplement parce que « libération » laisse entendre que les camps ont été des objectifs tactiques ou stratégiques pour les armées alliées, alors que ça n’a jamais été le cas. On libère un lieu en venant combattre, par exemple, les troupes qui l’assiègent ou qui l’occupent. Ce n’est pas du tout ce qui se passe avec les camps. Le seul objectif des Alliés était de vaincre le IIIe Reich. Mais il se trouve qu’ils sont tombés sur des camps au gré de leur avancée, notamment vers Berlin.
Auschwitz est emblématique à cet égard. L’Armée rouge a pris Cracovie quelques jours plus tôt, et la route qui mène vers l’ouest passe par Auschwitz. Quand, le 27 janvier 1945, elle atteint successivement Monowitz (Auschwitz III), Auschwitz I et Birkenau (Auschwitz II), quelques SS sont encore là, ce qui provoque des escarmouches. Des prisonniers s’y trouvent aussi mais, la plupart ayant été évacués durant les dernières semaines, ils sont peu nombreux au regard de l’immensité du complexe : environ 7 000, disséminés dans la quarantaine de camps qui composent Auschwitz.
Les Soviétiques les prennent tout de suite en charge, mais l’essentiel des troupes repart vite. Elles ont « découvert » Auschwitz au sens littéral : elles sont tombées dessus. Et elles l’ont « ouvert », et se sont occupées des rescapés, dont on peut dire, pour le coup, qu’elles les ont « libérés ». Mais parler de « libération » du camp, au sens strict, n’a pas de sens.
D’autant qu’à partir de novembre 1944 les nazis ont commencé à démanteler les chambres à gaz, dont il ne reste que des ruines fin janvier. Les Soviétiques arrivent trop tard pour libérer l’Auschwitz réel, c’est-à-dire la machine de mort mise en place en 1942, où autour de 1 100 000 personnes sont mortes, dont près de 900 000 juifs assassinés immédiatement à leur arrivée. Que comprennent-ils, dès lors, à ce qu’ils voient ?
C’est toute la difficulté. Un lieu ne parle pas par lui-même. Surtout un lieu comme Auschwitz, qui est d’une grande complexité, par sa taille et le cumul de ses fonctions, entre les camps de concentration et le centre de mise à mort. Début février, les Soviétiques commencent à filmer. Mais qu’ont-ils à montrer ? Des rescapés et des symboles, les barbelés, les pylônes. Ils ne peuvent pas filmer les morts, dont les traces ne sont pas visibles. Ils ne comprennent pas la Shoah en tant que telle. Ils sont impressionnés, comme on peut l’être aujourd’hui, par ces camps qui s’étendent à perte de vue. Mais plus il y a d’espace, plus il y a de personnes maintenues en vie, même si c’est dans des conditions atroces. Les chambres à gaz, c’étaient des têtes d’épingle dans cette immensité. Il n’y a pas besoin de grands espaces pour tuer les gens.
Les images qu’ils filment à ce moment-là ont-elles contribué à faire connaître les camps ?
Assez peu, en fait. Les images qui ont constitué notre imaginaire du système concentrationnaire nazi sont celles du printemps 1945, quand les armées alliées découvrent les autres camps, Mauthausen, Buchenwald ou Ravensbrück. Ce sont les photographies que nous connaissons tous : des rescapés décharnés derrière des barbelés, des cadavres amoncelés. Mais elles ne disent pas ce qu’on leur fait dire.
Notamment parce que beaucoup de juifs sont présents quand les Alliés arrivent, alors que leur présence ne correspond à aucune norme nazie. Les juifs n’étaient pas dirigés vers le système concentrationnaire, ils étaient assassinés dans des fosses, ou envoyés dans les centres de mise à mort, ou encore, pour une petite partie d’entre eux, utilisés dans le travail forcé – avant tout à Auschwitz –, jusqu’à la mort. A partir de l’été 1944, on a commencé à les transférer vers les camps de concentration, qui avaient de plus en plus besoin de main-d’œuvre, alors que le Reich, assailli de tous côtés, se lançait dans une guerre totale. Et donc, au moment où les Alliés arrivent, les juifs se sont en quelque sorte répandus dans l’ensemble du système concentrationnaire, où, jusque-là, ils n’avaient pas de place.
Les contemporains en ont tiré la conclusion que les juifs ont été envoyés dans les camps de concentration, et cela reste en partie le cas aujourd’hui, parce que ces images continuent de marquer nos imaginaires. Nous croyons voir la Shoah en les regardant, alors qu’elles montrent l’exception. Les juifs qui y apparaissent, ces gens décharnés, ces figures – pour nous – de l’horreur nazie, sont ceux qui ont échappé à l’assassinat de masse. Les morts n’existent plus, littéralement. Ils sont enfouis, ou en cendres. On ne les retrouve pas. On ne les photographie pas. Et pourtant, ce vide, c’est la réalité de la Shoah.
Ces images si mal comprises n’ont toutefois pas empêché que l’on reconstitue le processus de destruction. Ont-elles vraiment été un obstacle à la compréhension de la Shoah ?
Non, bien sûr, mais elles ont facilité la tâche à tous ceux qui ont cherché, et qui cherchent encore, à minimiser la spécificité de l’assassinat systématique des juifs. C’est vrai aussi pour les Tziganes, qui ont subi une politique de destruction, sous d’autres modalités, mais aussi systématique. Quand on les montre dans les camps de concentration, au milieu des autres déportés – politiques, « asociaux », homosexuels… –, ces manipulateurs peuvent dire : « Pourquoi n’y en a-t-il que pour eux ? Ce n’étaient pas les seules victimes ! » Mais, justement, les juifs et les Tziganes n’étaient pas destinés à ces camps-là, ils étaient destinés à être assassinés. Ces images créent de la confusion, dont certains se servent à dessein. (…)
New York Times, 15 janvier, article payant
A House at Auschwitz Opens Its Doors to a Chilling Past
The home of the death camp’s wartime commandant, Rudolf Höss, which was the subject of the Oscar-winning movie “The Zone of Interest,” will soon welcome visitors.
Extraits :
The mother lived for 42 years in a three-story house overlooking a former gas chamber and a gallows at Auschwitz, sometimes losing sleep at the thought of what had happened on the other side of her garden wall.
But the house in Oswiecim, southern Poland, once the home of the death camp’s wartime commandant, Rudolf Höss, was “a great place to raise children,” said Grazyna Jurczak, 62, a widow who raised two sons there.
The home, the subject of the Oscar-winning movie “The Zone of Interest,” had “safety, silence, a beautiful garden,” easy access to a river across the road and, in winter, space for an ice-skating rink for her two boys, she said.
Alone in the house after her husband died, she finally decided to leave. One reason, she said, was that she was disturbed by people who, after watching “The Zone of Interest,” were tramping through her garden, peering through her windows and reminding her of her home’s connection to the Holocaust.
Last summer, Ms. Jurczak agreed to sell the home to the Counter Extremism Project, a New York-based group that wants to open the house to visitors. She moved out in August, and in October the New York group completed its acquisition of the home and an adjacent house built after the war. (…)
Now the house, at 88 Legionow Street, just outside the camp’s perimeter fence, is being prepared to receive visits by the public for the first time, as part of commemorations for the 80th anniversary of the Soviet Army’s liberation of Auschwitz. (…)
A mezuzah, a parchment containing biblical verses, has been attached to the front door frame to honor Jewish tradition — and repudiate the fanaticism of its former occupant, the Auschwitz commander. After the war, Commandant Höss recalled how the successful experimental gassing of Russian prisoners in 1941 “set my mind at rest, for the mass extermination of the Jews was to start soon.”
He was hanged in 1947 at a gallows placed between his former home and a Nazi crematory.
On a table in a downstairs corner room that Commandant Höss used as a home office lies a heap of torn and crumpled Nazi-era newspapers and other wartime artifacts found after the house was sold. There is also a coffee mug, embossed with the seal of the SS, and German beer bottles.
The Auschwitz-Birkenau State Museum, a Polish institution in Oswiecim committed to the remembrance of Nazi victims, will be hosting dozens of world leaders on Jan. 27. (…)
“This house has been closed for 80 years. It was out of reach to the victims and their families. Finally, we can open it to honor survivors and show that this place of incredible evil is now open to all,” Mr. Wallace said.
The plan, Mr. Wallace said, is to turn the house, along with the adjacent property, into the Auschwitz Research Center on Hate, Extremism and Radicalization, a new organization that will work to expand the pledge of “Never Again” from historical memory to current action.
Piotr Cywinski, a Polish historian and director of the Auschwitz-Birkanau Museum since 2006, said his state-run institution wanted to preserve its core mission of remembrance but saw value in supporting a project focused on the present and future, as well as the past. (…)
The new center will encompass the entire territory of Commandant Höss’s wartime property, including a long sealed-off garden area where he met with Hitler’s security chief, Heinrich Himmler, Josef Mengele, the “angel of death” doctor, and other Nazi dignitaries tasked with exterminating Jews. Daniel Libeskind, an American architect, has been commissioned to redesign the property.
Mr. Libeskind said he had drawn up preliminary plans that envisage turning the interior of the house into “a void, an abyss” — the external walls are protected by a UNESCO preservation order — and the construction of a new partly buried structure in a garden area with meeting rooms, a library and a data center. (…)
While awaiting execution in a Polish jail after the war, Mr. Höss, the former commandant, wrote an autobiography that Primo Levi, the Italian writer and Auschwitz survivor, described as the work of a “drab functionary” who “evolved step by step into one of the greatest criminals in history.” (…)
Mr. Cywinski, the Auschwitz-Birkanau museum director, said he was eager to work with the Counter Extremism Project, in its efforts to combat extremism.
Extremism, he said, “is unfortunately not a mental illness; it is a method” that exploits widespread feelings of frustration.
Ordinary people with ordinary ambitions, he added, can turn into monsters.
Mr. Höss, he said, “was a wonderful father to his kids and, at the same time, the main organizer of the most brutal killings in the history of the world.”
https://www.nytimes.com/2025/01/15/world/europe/auschwitz-zone-of-interest-house.html