V.1. Immigration, asile & intégration

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Atlantico, 2 juin

Immigration : ces 7 chiffres à retenir pour vraiment comprendre ce à quoi la France fait face aujourd’hui

Alors que la natalité française poursuit sa chute, l’INSEE publie une étude inédite qui met en lumière l’ampleur et l’évolution de l’immigration en France entre 2006 et 2023. Avec 347.000 immigrés arrivés sur le territoire en 2023 – soit une hausse de près de 50 % depuis 2006 – et un recul préoccupant du nombre de naissances, les dynamiques démographiques du pays changent profondément. L’Afrique devient le premier continent d’origine des nouveaux arrivants, le niveau de diplôme des immigrés progresse, mais les capacités d’intégration du pays, logement, emploi, services publics, peinent à suivre.

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Atlantico : L’Insee vient de publier une étude qui permet d’avoir une nouvelle perspective sur les dynamiques en matière d’immigration. Sur la période 2006 – 2023, au regard du rapport de l’INSEE, combien y’ a-t-il eu de naissances en France et combien y’a-t-il eu d’arrivées d’étrangers sur le territoire en parallèle ? Quels sont les principaux enseignements de ces données et de la comparaison entre ces deux périodes ?

* En 2023, 347.000 personnes immigrées sont arrivées en France, contre 234.000 en 2006.

Atlantico : L’Insee vient de publier une étude qui permet d’avoir une nouvelle perspective sur les dynamiques en matière d’immigration. Sur la période 2006 – 2023, au regard du rapport de l’INSEE, combien y’ a-t-il eu de naissances en France et combien y’a-t-il eu d’arrivées d’étrangers sur le territoire en parallèle ? Quels sont les principaux enseignements de ces données et de la comparaison entre ces deux périodes ?

* En 2023, 347.000 personnes immigrées sont arrivées en France, contre 234.000 en 2006.

* En 2023, 678.000 bébés sont nés en France, marquant une baisse de 6,6 % par rapport à 2022 et le niveau le plus bas depuis 1946.

Patrick Stefanini : Traditionnellement en France, il y a une opposition entre les statistiques de délivrance de titres de séjour par le ministère de l’Intérieur et les statistiques de l’INSEE. Certains analystes accordent davantage de crédit aux données de l’INSEE. Cette nouvelle étude de l’INSEE confirme des constats déjà issus de l’analyse des statistiques de titres de séjour délivrés chaque année par le ministère de l’Intérieur. Il faut donc en finir avec cette querelle franco-française et affirmer avec force que, désormais, toutes les données statistiques convergent. Il y a eu, entre 2006 et 2023, une forte poussée de l’immigration vers la France. Parallèlement, les caractéristiques de cette immigration ont évolué.

Premièrement, l’augmentation de l’immigration n’est plus contestée, y compris par l’INSEE. La situation est passée de 234.000 arrivées nouvelles en 2006 à 347.000 en 2023. Cette progression s’est poursuivie pour l’année 2024, pas de manière spectaculaire, mais les chiffres sont bien en hausse. Ce constat est majeur. Il est important de rapprocher ce constat avec le déclin de la démographie française, même s’il faut souligner que ce déclin est plus récent.

Il y a deux manières de mesurer le dynamisme démographique de la France : les chiffres du nombre de naissances chaque année en valeur absolue, et l’évolution du taux de fécondité, autrement dit, le nombre moyen d’enfants par femme en âge d’en avoir. Ce taux est resté proche de 2 en France pendant de nombreuses années, soit un niveau proche du seuil de renouvellement des générations. Mais depuis une dizaine d’années, il diminue. Cette diminution s’est accélérée depuis deux ou trois ans et devient préoccupante. La France avait encore, il y a deux ou trois ans, un taux de fécondité de l’ordre de 1,85. L’an dernier, nous sommes descendus à 1,66. Cela reste meilleur que l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la plupart des pays d’Europe centrale. Mais il faut se rappeler que le seuil de renouvellement des générations est de 2,1. Il y a donc un affaissement de la fécondité en France.

L’année dernière, le nombre de naissances est resté supérieur au nombre de décès, mais de très peu. La plupart des analystes pensent que cette année, en 2025, les courbes devraient se croiser, et qu’il risque d’y avoir en France un solde naturel – la différence entre les décès et les naissances – qui deviendrait négatif, avec plus de décès que de naissances.

Cela signifie aussi que, si le solde naturel se rapproche de zéro – et a fortiori s’il devient négatif – la totalité de l’augmentation de la population résidant en France sera alors imputable à l’immigration.

347 000 personnes immigrées sont arrivées en France en 2023, contre 234 000 en 2006, selon l’Insee. Comment expliquer cette hausse ?

Nicolas Pouvreau-Monti : Ces chiffres traduisent une augmentation de 48 % du nombre d’immigrés. Plusieurs facteurs permettent de comprendre cette tendance. D’abord, certains types de flux ont connu une forte dynamique. Je pense notamment à la question de l’asile : le nombre de demandes a été, l’an dernier, supérieur de 215 % à celui de la fin des années 2000. C’est d’ailleurs l’un des canaux d’immigration qui a le plus progressé.

On observe aussi une hausse significative des titres de séjour, qui constituent la voie classique de l’immigration légale. Une part de ces titres concerne l’asile – ce sont les titres délivrés pour motifs humanitaires – mais les autres recouvrent l’immigration familiale, l’immigration économique, ainsi que l’immigration étudiante. Cette dernière a également fortement augmenté depuis les années 2000, même si elle recouvre des réalités très diverses en termes de niveaux de qualification ou de profils.

Mais au-delà de cette progression quantitative globale, ce qui est particulièrement intéressant dans les données de l’Insee, c’est la diversité des dynamiques selon l’origine des flux. Depuis 2006, le nombre annuel d’entrées d’immigrés originaires du continent africain a plus que doublé : il a progressé de 115 % entre 2006 et 2023. À l’inverse, le nombre d’entrées d’immigrés venus d’Europe a légèrement diminué, d’environ 8 % sur la même période.

La dynamique globale de l’immigration est donc entièrement portée par des flux extra-européens, en particulier en provenance du continent africain, et plus spécifiquement d’Afrique subsaharienne. Depuis le milieu des années 2000, la population immigrée originaire d’Afrique sahélienne, guinéenne et centrale a doublé en France. Aujourd’hui, environ la moitié des immigrés vivant en France sont originaires d’Afrique. Parmi eux, six sur dix viennent du Maghreb, les autres d’Afrique subsaharienne – et c’est dans cette dernière zone que la progression a été la plus marquée depuis les années 2000.

Ce phénomène vient conforter une réalité déjà existante, mais qui s’est nettement renforcée : la France accueille, de loin, l’immigration la plus africaine de tout le continent européen. La part des immigrés originaires d’Afrique dans la population immigrée totale, telle que mesurée par l’OCDE, est trois fois supérieure à la moyenne de l’Union européenne.

Que peut-on dire du nombre de naissances sur la même période ?

Nicolas Pouvreau-Monti : Entre 2006 et 2023, on observe une rupture nette autour de l’année 2010, qui marque un véritable décrochage de la natalité en France, en particulier une baisse de l’indice de fécondité. En 2010, on comptait en moyenne deux enfants par femme ; l’an dernier, cet indice est tombé à 1,62. En 2023, 677 803 bébés sont nés en France, dont 639 533 en France métropolitaine. En comparaison, on recensait 796 896 naissances en France métropolitaine en 2006.

Cette baisse globale des naissances masque toutefois des évolutions contrastées. Ainsi, entre 2000 et 2023, le nombre annuel de naissances issues de deux parents nés hors de l’Union européenne a augmenté de 73 %. Dans le même temps, le nombre de naissances issues de deux parents nés en France a diminué de 28 %.

En 2023, pour la première fois, plus de 30 % des naissances enregistrées en France concernaient des enfants dont au moins un parent est né en dehors de l’Union européenne. Ce phénomène reflète d’abord la dynamique des flux migratoires évoquée précédemment. C’est le facteur principal. L’autre facteur, c’est ce qu’on peut appeler une natalité différenciée selon les populations immigrées.

Les données les plus récentes à ce sujet ont été publiées par l’Insee pour l’année 2021. Elles montrent que, cette année-là, les femmes nées au Maghreb avaient en France un indice de fécondité supérieur de moitié à celui des femmes nées en France : 2,5 enfants par femme, contre 1,7. Pour les femmes nées en Afrique hors Maghreb – essentiellement en Afrique subsaharienne – cet indice était deux fois plus élevé, atteignant 3,3 enfants par femme, contre 1,7 pour les femmes nées en France.

Les données du rapport de l’INSEE permettent-elle d’avoir une idée précise de l’évolution du premier continent d’origine des immigrés récemment arrivés en France entre 2006 et 2023 ? Qu’est-ce que cela traduit sur l’évolution de l’immigration en France ?

* « Le premier continent d’origine des immigrés récemment arrivés était l’Europe en 2006, l’Afrique en 2023 ».

Patrick Stefanini : Cette évolution traduit le fait que la pression démographique exercée par le Sud sur l’Europe, et en particulier sur la France, se fait de plus en plus sentir. La France a conservé des liens forts avec des pays qui faisaient autrefois partie de son empire colonial. Ces liens sont économiques, parfois militaires, mais aussi juridiques, en matière d’immigration.

Un certain nombre de pays ayant appartenu à l’empire colonial français sont aujourd’hui liés à la France par des accords bilatéraux relatifs à l’immigration. L’exemple le plus connu est l’accord franco-algérien de 1968. Mais cela concerne également d’autres pays, comme la Tunisie, le Sénégal ou la plupart des pays d’Afrique subsaharienne.

Ces accords sont en général favorables aux pays d’origine. La poussée de l’immigration en provenance d’Afrique – qui est désormais, en proportion relative, le principal continent d’origine des immigrés arrivant en France – s’explique à la fois par le maintien d’une démographie très dynamique dans les pays africains et par l’existence de ces accords bilatéraux, dont certaines clauses sont favorables à l’immigration.

Les chiffres de l’INSEE témoignent-ils d’une évolution du niveau de diplôme des immigrés entrés en France entre 2006 et 2023 par rapport au nombre d’entrées ? Les personnes venant en France sont-elles plus diplômées et plus qualifiées ? Les immigrés parviennent-ils à trouver un travail plus facilement au regard des chiffres de l’INSEE en 2023 ?

* Les nouveaux arrivants sont de plus en plus qualifiés : 52 % des personnes immigrées entrées sur le territoire en 2023 et âgées de 25 ans ou plus étaient diplômées du supérieur, contre 41 % en 2006.

* La part de nouveaux immigrés en emploi l’année qui suit leur arrivée est globalement stable entre 2006 et 2023 : en moyenne, un nouvel immigré sur trois âgé d’au moins 15 ans est en emploi au début de l’année qui suit son arrivée en France.

Patrick Stefanini : À partir de 2005, lors de son retour au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a lancé une nouvelle politique migratoire, dite politique d’« immigration choisie ». Elle visait deux objectifs : favoriser l’immigration étudiante et l’immigration de travailleurs, tout en cherchant à contenir, voire à réduire, la part de l’immigration familiale.

L’étude de l’INSEE montre que cette politique a porté ses fruits. Cette politique n’a d’ailleurs jamais été remise en cause par les gouvernements successifs. Les textes législatifs adoptés entre 2005 et 2008, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur puis président de la République, sont aujourd’hui encore, pour l’essentiel, en vigueur.

Cette politique a donc atteint ses objectifs. L’étude de l’INSEE confirme ce que l’on pouvait déjà deviner à partir des données du ministère de l’Intérieur. Jusqu’à il y a trois ou quatre ans, le premier motif d’immigration en France était familial. Aujourd’hui, le premier motif est celui des études. Plus de 100.000 titres de séjour sont délivrés chaque année à des étudiants, alors que les titres de séjour délivrés pour regroupement familial ne dépassent plus, en moyenne, les 90.000 par an.

Il n’est donc pas surprenant que l’INSEE constate une hausse du niveau de diplôme des immigrés. À partir du moment où la part des étudiants dans les nouveaux arrivants progresse, il est logique que le niveau de qualification globale augmente. D’une certaine manière, l’étude de l’INSEE consacre le succès de la politique d’immigration choisie, conceptualisée par Nicolas Sarkozy à partir de 2005.

Au regard de cette étude de l’INSEE, concernant les liens entre le nombre de logements créés en France et le nombre d’arrivées, et alors même que le pays est confronté à une pénurie, la situation ne s’aggrave-t-elle pas si l’on met ces deux éléments en perspective ? Combien y a-t-il eu de créations de logements et combien y a-t-il eu en perspective de créations d’emplois sur la même période entre 2006 et 2023 ? La France est-elle en capacité de mieux accueillir les personnes issues de l’immigration ?

* En 2023, 173.000 logements collectifs ont été mis en chantier, et 125.100 logements individuels, soit un total de 298.100 logements.

* En 2023, la France a enregistré 262.000 créations nettes d’emplois, dont 172.000 emplois salariés dans le secteur privé et 90.000 emplois non salariés

Patrick Stefanini : Je fais partie de ceux – et je l’ai écrit dans mon livre “Immigration Ces réalités qu’on nous cache”, publié en 2020 – qui considèrent que la France a atteint les limites de ses capacités d’intégration. A son arrivée en France, l’intégration d’un immigré dépend de plusieurs facteurs, dont les deux principaux sont l’emploi et le logement.

Le nombre de logements neufs construits en France a fortement diminué depuis deux ou trois ans. Or, la plupart des experts estiment qu’il faudrait mettre sur le marché environ 500.000 logements nouveaux chaque année pour répondre aux besoins liés à l’évolution de la population. Force est de constater que, l’an dernier par exemple, on se situait aux alentours de 250.000 à 300.000, soit environ la moitié.

Cette situation est préoccupante. Il faut aussi mettre en parallèle le nombre de logements neufs mis sur le marché avec l’évolution de la natalité en France. Si la natalité s’était maintenue au niveau relativement élevé qui était le sien il y a encore dix ou quinze ans, l’effondrement du nombre de logements mis sur le marché, combiné avec la progression de l’immigration, poserait un problème particulièrement grave. Mais dans la mesure où notre démographie s’affaisse – avec une baisse de la natalité et du taux de fécondité -, la diminution du nombre de logements mis en chantier ou du nombre de permis de construire (les deux principaux indicateurs en la matière, qui évoluent parallèlement), devient un peu moins préoccupante.

Mais la natalité n’est pas le seul facteur à prendre en compte. Le phénomène de décohabitation, le fait que de plus en plus de couples se séparent après quelques années de mariage, entraîne une hausse du nombre de familles monoparentales. Ces deux phénomènes accroissent le besoin global en logements.

Face à une immigration en progression et à des dynamiques sociologiques qui augmentent la demande en logements, les capacités d’intégration de notre pays, en matière de logement, sont aujourd’hui saturées.

La France est-elle en capacité de mieux accueillir les personnes issues de l’immigration ?

Nicolas Pouvreau-Monti : Ce qui ressort nettement, notamment en comparaison européenne, c’est que l’immigration reçue en France est en moyenne moins intégrée au marché du travail et plus pauvre qu’ailleurs en Europe. Elle contribue moins aux systèmes de solidarité collective, donc aux services publics en général, tout en étant plus consommatrice.

Pour illustrer, deux données d’Eurostat et une récente étude de l’Insee sont éclairantes. L’an dernier, le taux d’emploi des étrangers extra-européens en France – c’est-à-dire la part des personnes en âge actif occupant un emploi – était à peine de 55 %. C’est 14 points de moins que chez les Français. Pour les immigrés extra-européens arrivés dans les cinq dernières années, ce taux descend même à 43 %. Cela montre clairement la difficulté d’intégration sur le marché du travail.

D’après le recensement Insee de 2021, 1,74 million d’immigrés ne sont ni en emploi, ni en études, ni à la retraite. Ce groupe regroupe chômeurs, bénéficiaires de minima sociaux, et personnes au foyer – une situation plus fréquente chez certaines populations immigrées. Ce taux est deux fois supérieur à celui des personnes non immigrées.

L’étude Insee publiée récemment offre également une vision précise de la situation dans l’année qui suit l’arrivée. Par exemple, parmi les immigrés arrivés en 2023, un tiers seulement avait un emploi début 2024. On observe aussi de fortes disparités selon l’origine : un immigré sur quatre seulement était employé s’il venait d’Afrique hors Maghreb (principalement Afrique subsaharienne), un sur trois pour les immigrés originaires du Maghreb, et un sur deux pour ceux venus d’Europe.

Il est donc clair que le marché du travail français n’absorbe pas efficacement l’immigration reçue. Pourquoi ? La nature des motifs d’entrée joue un rôle majeur. Entre 2005 et 2020, selon l’OCDE, la France a accueilli la part la plus importante d’immigration familiale parmi les pays d’Europe de l’Ouest, avec 41 % des entrées permanentes pour ce motif. Lorsque l’emploi n’est pas la première motivation, des délais et des difficultés sont inévitables.

Cette situation s’explique aussi par un niveau de qualification globalement plus faible chez les immigrés. En France, 35 % des immigrés n’ont aucun diplôme ou seulement un niveau brevet ou certificat d’études primaires, contre 16 % pour la population générale, avec des écarts importants selon l’origine géographique.

Sur la question du logement, la France possède à elle seule un quart du parc de logement social de l’Union européenne. Ce type de logement s’est de plus en plus spécialisé, depuis trente ans, dans l’accueil des populations immigrées. Ainsi, 35 % des immigrés vivent en logement social, contre 11 % des personnes sans antécédent migratoire, avec des taux encore plus élevés selon certaines origines. Cela pose des enjeux financiers importants : la politique du logement représente environ 38 milliards d’euros par an, dont une part destinée au logement social. Il s’agit aussi d’une question d’équité, car le logement social est financé à la fois par les contributions fiscales et par l’épargne, via notamment le livret A, détenu par des Français comme par des étrangers résidant de longue date.

Ces chiffres permettent de nuancer un mythe assez répandu en France, qui consiste à penser que l’immigration de travail est majoritaire. En réalité, elle reste minoritaire : l’an dernier, parmi les nouveaux titres de séjour délivrés, à peine un sur six était attribué pour motif économique. Dans le total des titres de séjour en vigueur au 31 décembre, un sur dix seulement relevait de ce motif.

Parmi toutes les personnes issues de l’immigration venues de l’extérieur de l’Europe et arrivées en Grande-Bretagne l’année dernière, 14 % sont venues principalement pour travailler. Ces chiffres sont-ils assez comparables à la réalité en France ? Les immigrés ont-ils plus de difficultés à trouver un emploi au Royaume-Uni qu’en France ?

Jérémy Stubbs : La vaste majorité des immigrés venant travailler au Royaume Uni doivent avoir déjà un visa, ce qui veut dire aussi un employeur. Comme je l’ai dit ci-dessous, beaucoup d’entreprises dépendent de la main-d’œuvre étrangère. C’est particulièrement problématique outre-Manche, comparé à la situation française, parce que le taux d’emploi a mis du temps à se remettre de la coupure représentée par les confinements. Depuis longtemps, l’ambition des gouvernements britanniques successifs, est de sevrer les employeurs de la « drogue » de la main-d’œuvre étrangère bon marché, mais jusqu’à présent le succès est limité.

L’année dernière, la migration nette était de 431 000 au Royaume-Uni. La même année, 218 000 logements ont été construits en Angleterre. La situation est-elle plus difficile qu’en France pour assurer l’accueil des populations immigrées au regard de ces chiffres ? Ces tensions sur le logement au Royaume-Uni peuvent-elles déboucher sur une crise sociale ?

Jérémy Stubbs : Il y a une crise aiguë du logement au Royaume Uni, qui s’aggrave depuis longtemps. Durant leurs 14 années au pouvoir, les Conservateurs étaient parfaitement conscients du problème, mais pouvaient peu faire pour le résoudre car leurs électeurs habitent souvent des régions ou des quartiers où on rechigne à voir la construction de nouveaux immeubles ou maisons. Cette attitude est exprimée par l’abréviation, « NIMBY », pour « Not in my backyard » (littéralement, « pas dans mon arrière-cours ») – c’est-à-dire : « Construisez tout ce que vous voulez, mais pas près de chez moi ». Il y a aussi une opposition écologiste à des constructions sur des terrains vierges vertes. Aux dernières élections générales, qui les ont portés au pouvoir, les travaillistes ont fait campagne – et efficacement – sur cette crise du logement. Une fois élu, le Premier ministre, Sir Keir Starmer, a confié à sa vice-première ministre, Angela Raynor, la tâche de – en quelque sorte – « Build, baby, build ! » Or, il s’avère que le rythme de construction de nouveaux logements prévus sera inadéquat comparé aux besoins. Il faut aussi des investissements gouvernementaux, et la collègue de Raynor au ministère des Finances, Rachel Reeves, répugne à sortir son chéquier. Dans ce contexte, les Britanniques autochtones se trouvent en concurrence pour les logements disponibles avec les immigrés, ce qui crée beaucoup de tensions et un fort ressentiment contre l’immigration – d’où l’empressement de Starmer de réclamer la paternité de la baisse des chiffres. Comme c’est souvent le cas, les migrants illégaux constituent un cas très visible et facile à médiatiser, bien calculé pour augmenter le ressentiment des classes ouvrières ou pauvres du royaume. Le gouvernement paie une fortune à des hôtels pour loger seulement 35% de ces clandestins. La facture sur la période 2019-2029 devait s’élever à 5,4 milliards d’euros. On vient d’apprendre que le total pourrait monter jusqu’à plus de 18 milliards ! Nous savons que, parmi les cibles des émeutes violentes de l’été dernier, il y avait des hôtels de migrants situés dans des quartiers défavorisés. Verrons-nous des scènes similaires dans un avenir proche ? Les peines très sévères prononcées contre certains des émeutiers de 2024 pourraient bien décourager une répétition. En tout cas, ce qui est certain, c’est que les électeurs sont déjà en train de punir les travaillistes dans les urnes (élections locales de mai) et les sondages d’opinion.

Il y a aussi beaucoup de débats autour du système de santé. Notre système hospitalier est parfois en difficulté. On sait que la création de lits d’hôpitaux est un dossier très sensible en France, et les chiffres indiquent une tendance au recul. Est-ce que les chiffres sur les fermetures de lits fragilisent d’autant plus notre modèle d’intégration, en rendant notre système de santé moins résilient face aux arrivées sur le territoire liées à l’immigration ?

Patrick Stefanini : Les deux facteurs clés de l’intégration sont le logement et le travail. Avant d’aborder la question de la santé, il est important de rappeler certaines réalités concernant le travail. Notre pays se caractérise par un taux de chômage supérieur à la moyenne de la zone euro. Nous avons un taux d’environ 7,5 %, ce qui représente plus de 2,5 millions de chômeurs. Par ailleurs, environ 250.000 étrangers, des ressortissants de nationalité étrangère et non l’ensemble des immigrés, sont aujourd’hui au chômage en France. Cela montre, là encore, que notre capacité d’intégration est arrivée à ses limites.

Je ne partage pas les conclusions de l’étude publiée récemment par Terra Nova, qui estimait, sur la base de projections purement démographiques, que la France aurait besoin de plus de 300.000 nouveaux travailleurs chaque année. Pour ma part, je considère qu’avant d’augmenter le recours à l’immigration de travail, il faut se poser la question de savoir comment remettre au travail les personnes aujourd’hui au chômage – qu’il s’agisse d’étrangers ou de ressortissants français – dans un pays qui compte plus de 2,5 millions de demandeurs d’emploi.

Il faut également se demander comment attirer ces personnes vers les métiers identifiés depuis une quinzaine d’années comme étant en tension. Ces métiers concernent aujourd’hui l’ensemble du territoire national, alors qu’ils étaient autrefois concentrés dans quelques grandes métropoles. De même, ils touchent désormais tous les secteurs de l’économie : cela ne concerne plus seulement le bâtiment, la restauration ou le nettoyage. Les secteurs en tension sont désormais très variés.

La priorité des responsables politiques, comme celle des acteurs socio-professionnels, devrait être de réfléchir aux moyens de diriger vers ces métiers les personnes actuellement sans emploi ou en recherche de formation. Cela suppose bien sûr des actions de formation, mais l’enjeu est d’orienter vers ces secteurs les publics éloignés de l’emploi.

Le travail me semble être, avec le logement, le facteur le plus déterminant pour réussir l’intégration des personnes immigrées.

Concernant la question de la santé et de la réduction du nombre de lits dans les hôpitaux, il faut mettre en parallèle cette réduction avec la poussée migratoire, la baisse du solde naturel et la diminution de la natalité.

Dans un pays où le nombre de naissances a diminué depuis dix ans – avec une accélération de ce phénomène depuis trois ans -, il n’est pas raisonnable d’affirmer qu’il faudrait davantage de lits en maternité. Une telle affirmation n’est ni concevable ni défendable au regard des chiffres du nombre de naissances.

Concernant nos capacités hospitalières, la France a mené dans ce domaine des politiques à visée essentiellement budgétaire, souvent qualifiées de “malthusiennes”, avec pour objectif principal le rééquilibrage des comptes de l’Assurance maladie et, plus largement, de la Sécurité sociale.

Cette politique interroge, d’autant plus que la population continue de croître. Le fait que cette croissance soit désormais exclusivement, ou quasi exclusivement, liée à l’immigration ne change rien au raisonnement. Contrairement à d’autres pays européens, comme l’Italie ou plusieurs pays d’Europe centrale, la France n’est pas confrontée à une diminution de sa population.

Concernant la situation migratoire en Europe et à la lumière des chiffres de la France publiés par l’INSEE, certaines données britanniques indiquent qu’un habitant sur 25 au Royaume-Uni est arrivé au cours des quatre dernières années. Les chiffres de l’INSEE témoignent-ils d’une réalité très éloignée de ces données en France ? Les proportions françaises sont-elles moins importantes qu’au Royaume-Uni ?

Jérémy Stubbs : Les comparaisons entre les statistiques britanniques et françaises concernant l’immigration ne sont pas si faciles à faire parce que les autorités des deux pays ne les calculent pas exactement de la même manière. Au Royaume Uni, l’État publie « le solde migratoire net » pour chaque année, c’est-à-dire le nombre de personnes qui sont arrivées moins le nombre de celles qui ont quitté le pays. Et il le fait deux fois par un : d’abord, pour l’année de juillet (de l’année passée) à juin (de l’année en cours), et ensuite de janvier à décembre. De plus, le total du solde peut être révisé rétrospectivement plusieurs fois.

La raison de cette méthode comptable, est que les chiffres enregistrent pour la plupart le nombre de visas donnés (à part, bien sûr, les visas pour de courtes visites). Comme les visas de travail, par exemple, viennent à expiration, ceux qui les ont reçus repartent, la plupart du temps. Il s’agit, donc, pour les autorités, de mesurer le roulement des travailleurs étrangers. Souvent, les spécialistes disent que, quand il y a des années d’augmentation dans le nombre de visas, il y aura environ trois ans plus tard, une baisse du solde migratoire net quand les personnes détenant ces visas repartent.

Le solde migratoire net pour 2024 est, selon l’estimation actuelle, de 431.000, ce qui semble bien supérieur aux 347.000 enregistrés par la France en 2023. Mais les chiffres britanniques sont surtout constitués par des visas de travail, qui sont concentrés dans le secteur des soins (« care workers »), et des visas d’études. Car le secteur des soins a beaucoup de mal à recruter sa main-d’œuvre parmi les Britanniques autochtones Après le Covid, ce secteur avait de très grands besoins de main-d’œuvre. Et les universités britanniques dépendent énormément de l’argent apporté par les étudiants étrangers.

Patrick Stefanini : Le Royaume-Uni a effectivement connu, depuis une quinzaine d’années, des flux migratoires très importants, en raison de la combinaison de deux types d’immigration : une immigration en provenance de son ancien empire colonial – sur ce point, la situation du Royaume-Uni n’est pas très différente de celle de la France -, mais aussi une immigration massive en provenance des pays d’Europe de l’Est qui venaient d’adhérer à l’Union européenne. Je pense notamment à la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, puis, un peu plus tard, à la Roumanie et à la Bulgarie.

Contrairement à la France, qui n’a pas ouvert immédiatement son marché du travail aux ressortissants de ces nouveaux États membres, préférant instaurer une période transitoire, le Royaume-Uni a ouvert sans délai son marché du travail à ces ressortissants. Cela a conduit un très grand nombre de Polonais, de Tchèques, de Slovaques, de Slovènes, puis de Roumains et de Bulgares à s’installer au Royaume-Uni.

Cela explique que les flux migratoires vers le Royaume-Uni, et en particulier le nombre d’entrées d’immigrés, aient fortement augmenté. En 2023, plus de 800.000 immigrés nouveaux sont entrés au Royaume-Uni. Ce nombre a fortement diminué en 2024, le gouvernement britannique ayant commencé à adopter des mesures de restriction pour maîtriser cette immigration de masse.

La France n’est donc pas dans une situation comparable, car elle a été beaucoup plus prudente dans l’ouverture de son marché du travail aux ressortissants des nouveaux États membres de l’Union européenne.

Dans le cadre de cette comparaison avec la Grande-Bretagne, et en lien avec la question de l’emploi, parmi les personnes issues de l’immigration extra-européenne arrivées au Royaume-Uni l’année dernière, 14 % étaient venues principalement pour travailler. Les proportions sont-elles similaires en France, ou observe-t-on des chiffres plus élevés ? Les immigrés ont-ils plus de difficultés à trouver un emploi au Royaume-Uni qu’en France ?

Patrick Stefanini : La France accueille désormais, depuis deux ou trois ans, en moyenne entre 320.000 et 340.000 immigrés nouveaux par an. Elle délivre chaque année environ 320.000 à 340.000 premiers titres de séjour, ce qui correspond à cette notion d'”immigrés nouveaux”.

Parmi ces entrées, l’immigration de travail a fortement progressé depuis 2005. On est passé d’environ 10.000 titres de séjour délivrés pour motif professionnel à environ 50.000 aujourd’hui. Cette augmentation significative reflète le succès de la politique d'”immigration choisie”, mise en place par Nicolas Sarkozy et jamais remise en cause depuis.

Le pourcentage de l’immigration de travail en France est donc relativement proche de celui de la Grande-Bretagne.

Les données migratoires provisoires de l’ONS pour 2024 indiquent une migration nette en baisse à 431 000 au Royaume-Uni. Cette baisse est-elle en grande partie liée aux modifications apportées aux règles d’immigration sous l’action du gouvernement conservateur au Royaume-Uni ? Les chiffres du recul de l’immigration ces dernières années au Royaume-Uni sont-ils plus importants que les chiffres français ?

Jérémy Stubbs : Le chiffre que nous avons pour 2024 est donc de 431.000, qui est le résultat de 948.000 arrivées – total quand même élevé ! – moins 517.000 départs (dont beaucoup de ceux qui étaient arrivés sur un visa juste avant ou après le Covid). C’est une réduction de presque 50% par rapport à 2023. Nous savons aussi que le nombre des visas de travail pour les non-Européens a chuté de 49% et le nombre des visas d’étude pour les non-Européens a baissé de 17% – ce qui met les universités anglaises en difficulté financière.

Inévitablement, le gouvernement travailliste, au pouvoir depuis juillet 2024, a prétendu être à l’origine de cette réduction, ce qui relève de la mauvaise foi la plus pure. Derrière la baisse se trouvent des mesures prises par le dernier gouvernement conservateur, qui a augmenté le salaire minimum permettant de se faire délivrer un visa de travail, ainsi que celui – plus élevé – permettant de venir travailler accompagné des personnes à sa charge. Parmi les étudiants, les étudiants en licence n’avaient plus le droit de venir accompagnés des personnes à leur charge.

Quels sont les enseignements de l’étude de l’INSEE, de l’évolution des chiffres et des dynamiques constatées pour la question migratoire en France ? Que peut-on retenir des évolutions en termes d’ordres de grandeur et de tendances migratoires en France entre 2006 et 2023 ?

Patrick Stefanini : Le constat est désormais définitivement établi. La France, qui a connu dans son histoire plusieurs vagues migratoires – ce fut le cas dans les années 1880 sous la Troisième République, puis à nouveau après la Première Guerre mondiale, afin de compenser les pertes humaines, notamment dans la population en âge de travailler -, a encore connu une importante vague migratoire après la Seconde Guerre mondiale pour permettre la reconstruction du pays. Il s’agissait alors de soutenir un rythme de croissance économique très élevé, de l’ordre de 4 à 5 % par an, soit un niveau bien supérieur à celui que connaît notre économie aujourd’hui.

Or, la France connaît actuellement – et les statistiques de l’INSEE le confirment – une nouvelle vague migratoire, installée depuis maintenant une vingtaine d’années. Pour ma part, je situe le début de ce phénomène dans les années 2000, et non uniquement à partir de 2006, même si l’enquête de l’INSEE porte sur la période 2006-2023. Cette enquête confirme clairement que la France fait face à une vague migratoire d’une ampleur considérable, plus importante encore que celle qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale.

Dans les années 1960-1970, jamais la France n’avait enregistré un nombre aussi élevé de nouveaux travailleurs immigrés arrivant chaque année. Cette vague migratoire est donc bien réelle, elle est puissante, et notre pays – à travers cette étude de l’INSEE – commence à en prendre pleinement la mesure.

Il est nécessaire de la contenir, de la réduire. C’est tout le sens de la politique conduite par Bruno Retailleau, qui vise à la fois à lutter contre l’immigration illégale, mais aussi à réduire les flux d’immigration légale. Car nos capacités d’intégration – comme nous venons de le souligner à travers plusieurs indicateurs – sont aujourd’hui saturées.

https://atlantico.fr/article/decryptage/immigration-ces-7-chiffres-a-retenir-pour-vraiment-comprendre-ce-a-quoi-la-france-fait-face-aujourdhui


L’Express, 27 mai

Immigration : pourquoi la gauche française n’est pas près d’imiter Keir Starmer

Idées. Sociaux-démocrates danois, allemands, suédois, travaillistes britanniques… En Europe, la gauche durcit le ton sur la question de l’immigration; en France, elle s’y refuse. Enquête sur ce tabou qui paralyse les socialistes.

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Peut-on seulement imaginer en France un responsable politique de gauche de premier plan parler comme Keir Starmer? Lunettes posées sur l’arête du nez, le Premier ministre britannique a, début mai, mis en garde contre la menace d’un royaume en passe de “devenir une île d’étrangers, et non une nation qui avance ensemble”. Aspiré par un ton solennel, le leader travailliste a promis, pour conjurer ce spectre, un plan “radical” destiné à “reprendre enfin le contrôle des frontières”. Et devant l’oeil des caméras, dégainé son arsenal pour juguler l’immigration.

Les dispositions égrainées par le patron de la gauche britannique étonnent. Certaines semblent se confondre avec les propositions de partis de droite, voire d’extrême droite : durcissement des conditions de délivrance des visas – qu’ils soient de travail, d’études ou de regroupement familial -, allongement de cinq à dix ans du délai pour obtenir le statut de résident permanent, réduction de la période post-diplôme autorisée de vingt-quatre à dix-huit mois, limitation drastique du recrutement de travailleurs étrangers peu qualifiés, arrêt du recours massif aux soignants importés, ou encore renforcement de l’arsenal juridique pour que la CEDH ne puisse plus servir de recours contre les expulsions… Autant de mesures qui comptent parmi “les plus radicales depuis le Brexit”, confirme dès le lendemain le quotidien Times . Pressé par la montée en puissance du parti anti-immigration Reform UK, Keir Starmer n’est cependant pas le premier responsable politique de gauche sur le Vieux Continent à montrer les muscles sur cette question.

Depuis 2019, la sociale-démocrate Mette Frederiksen, Première ministre du Danemark, revendique l’objectif “zéro réfugié”, démantèle les “ghettos” à forte population non-occidentale et a voté le transfert des demandeurs d’asile vers des pays tiers – projet finalement abandonné. En Suède, les sociaux-démocrates ont fermé le pont de l’Öresund – principal point d’entrée des réfugiés -, remplacé les permis de séjour permanents par des titres temporaires et subordonné le regroupement familial à la maîtrise du suédois. En Allemagne, l’ancien chancelier et patron du SPD Olaf Scholz a réinstauré les contrôles Schengen, prorogé de six mois avant son départ de la chancellerie, accéléré les expulsions et s’est vanté de 47 000 refoulements en un an. Même l’Espagnol Pedro Sánchez, pourtant favorable aux régularisations massives de sans-papiers, a défendu les “push-back” – ces expulsions rapides de migrants arrivant illégalement dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla – permis grâce au concours des forces marocaines, à qui l’Espagne continue de verser chaque année plusieurs millions d’euros dans le cadre d’une coopération destinée à freiner l’immigration irrégulière. 2,5 millions d’euros ont été versés pour l’année 2025.

L’ouverture des insoumis, le silence des socialistes

Mais alors, quid de la gauche tricolore? Chez les insoumis, on plaide pour une régularisation large des personnes en situation irrégulière, ainsi qu’un changement de cap en matière de politique migratoire. Une orientation qui se traduit entre autres, dans le programme de La France insoumise (édition 2022), par la fermeture des centres de rétention administrative et la dépénalisation du séjour irrégulier. Du côté du Parti socialiste, l’enjeu est peu abordé. Dans les motions soumises au congrès socialiste de juin, l’immigration figure à peine. Seul Boris Vallaud promet “de ne pas esquiver le débat”. Olivier Faure se borne à défendre “l’intégration par le travail et la langue”. Quant à Nicolas Mayer-Rossignol, il invoque une “politique migratoire équilibrée, humaine et juste, fondée sur la solidarité entre États membres”, renvoyant au Parlement le soin de fixer critères d’entrée et conditions de travail des étrangers. Autant de formules laconiques et prudentes, qui contrastent avec la fermeté affichée par leurs homologues européens.

Auteur de l’étude La gauche et l’immigration publiée par la Fondation Jean Jaurès et premier adjoint à la mairie de Nantes, Bassem Asseh regrette qu’il soit “impossible de discuter de ces questions avec les leaders de premiers rangs au sein du PS”. D’autant que l’immigration est loin de désintéresser les électeurs français. Si les chiffres varient selon les enquêtes d’opinion, la plupart placent l’immigration sur le podium des priorités nationales. Un sondage Elabe publié en octobre dernier révèle que 60 % des Français “ont le sentiment qu’il y a aujourd’hui trop d’immigrés en France”. Un constat qui ne s’arrête pas à la porte des sympathisants de gauche puisque 43 % des électeurs du Nouveau Front populaire (NFP) “considèrent que la politique migratoire de la France est trop laxiste” et une majorité d’entre eux (55 %) se disent favorables à la mesure souhaitée par Bruno Retailleau d’allonger la durée de rétention des étrangers en situation irrégulière “jugés dangereux”. Plus manifeste encore, 65 % des électeurs du NFP approuvent la déchéance de nationalité, 57 % et 56 % le délit de séjour irrégulier et l’exclusion des OQTF de l’hébergement d’urgence. Comment expliquer dès lors que la gauche française se borne aux discours timorés sur l’immigration?

Le “surmoi mitterrandien” toujours à l’oeuvre?

Pour comprendre ce hiatus entre la gauche française et ses homologues du Vieux Continent, plusieurs pistes. La première étant, sans surprise, le complexe post-colonial. “Contrairement à la France, le Danemark, la Suède, et Allemagne n’ont pas de grand passé colonial, la sensibilité sur ces questions n’est donc pas exactement la même”, note Marc Lazar, politologue et professeur à l’université Luiss de Rome. Et Bassem Asseh d’abonder : “Tout se passe comme si la gauche avait quelque chose sur la conscience datant de l’époque de la colonisation sous la IIIe République ou de la décolonisation à la fin de la IVe. Dès qu’elle parle d’immigration, ce passé ressurgit”. Mais la volte-face des travaillistes britanniques confirme que ce malaise au sein de la gauche française ne saurait être réduit au seul héritage colonial.

Le rapport singulier qu’elle entretient avec le concept de “République”, l’un de ses marqueurs identitaires les plus profonds, expliquerait ce décalage. Et pour cause, tous à gauche ne s’entendent pas sur la notion de républicanisme. Ou plus exactement, sur les principes qui prédominent en son sein. Marc Lazar décrypte : “La gauche française est divisée entre d’un côté, ceux qui défendent une régulation de l’immigration entre autres, au nom du principe de laïcité et de refus des communautarismes, et de l’autre, ceux qui au nom de l’internationalisme prônent l’ouverture des frontières et la régularisation des sans papiers; ils en font un cas de bonne conscience”. Selon Aquilino Morelle, auteur de La Parabole des aveugles (Grasset), c’est bien cette seconde grille de lecture qui s’est imposée à gauche. “En créant SOS Racisme, en 1984, dont le mot d’ordre était ‘ce n’est pas l’immigration qui est un problème, c’est le racisme’, François Mitterrand a expulsé la question migratoire hors du champ politique et l’a transformée en une question morale”, poursuit l’ancien conseiller de Lionel Jospin et François Hollande.

Contrairement à la gauche actuelle, celle du début du XXe siècle, dominée par les communistes, faisait de l’immigration un sujet central, qui était alors principalement appréhendé sous l’angle socio-économique – concurrence salariale, conditions de travail, protection de la main-d’oeuvre nationale. Aux côtés de la CGT, elle militait pour une régulation des entrées d’étrangers dans l’Hexagone. Dans sa note co-écrite avec Daniel Szeftel pour la Fondation Jaurès, Bassem Asseh renvoie au discours de Jean Jaurès à la Chambre de 1895, passé à la postérité, lors duquel il déclare : “nous protestons contre l’invasion des ouvriers étrangers qui viennent travailler au rabais […] Nous voulons protéger la main-d’oeuvre française contre la main-d’oeuvre étrangère”. Une position qui tranche avec celle portée par ceux qui se désignent comme ses héritiers.

C’est au début des années 1980 – au moment du fameux tournant de la rigueur – que la question migratoire a glissé d’un registre socio-économique vers une lecture morale, analyse Aquilino Morelle : “Le tournant de mars 1983 avait laissé la gauche orpheline. François Mitterrand lui a donc fourni une idéologie de substitution : l’européisme et l’immigrationnisme, qui présentaient le double avantage de redonner un projet politique à la gauche et de diaboliser le Front national”. Ainsi, comme le souligne Bassem Asseh, la terminologie “prolétariat” disparaît dans les années 1980 : “le PS élargit son électorat en attirant une gauche plus aisée, sensible au registre moral plutôt qu’à l’usine”. S’impose alors, ce qu’Aquilino Morelle appelle le “surmoi mitterrandien”, qui prévaut encore aujourd’hui, résumé en une formule : “Qui veut maîtriser l’immigration est raciste.”

La stratégie de diabolisation

Depuis, plusieurs à gauche ont essayé de se défaire – à leurs dépens – du carcan mitterandien : Jean-Pierre Chevènement, Malek Boutih, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, ou encore l’insoumis excommunié François Ruffin. Pour avoir montré son opposition ferme au port du burkini et déclaré sur France Inter en 2016 : “Prenez le métro pour aller par exemple à Saint-Denis ou à Sarcelles, regardez ce qui se passe […] Le processus de l’intégration n’est plus possible, puisqu’il y a à Saint-Denis par exemple, 135 nationalités, mais il y en a une qui a quasiment disparu”, Chevènement, ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin, a été accusé de verser dans la théorie du grand remplacement. Lorsqu’en 2021, Arnaud Montebourg suggère de bloquer tous les transferts d’argent privé vers les pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), la gauche s’étrangle. “Arnaud, reviens avec nous! À gauche, en sortant du studio”, raille Sandrine Rousseau. Jean-Luc Mélenchon, chef de LFI, dénonce aussitôt une proposition “cruelle, injuste et stupide”, pointant “une mesure commune avec Éric Zemmour”. La stratégie de diabolisation est manifeste : quiconque, à gauche, réclame un tour de vis migratoire est aussitôt renvoyé dans le camp de l’extrême droite.

Bassem Asseh évoque un “rayon paralysant” brandi par le leader insoumis et ses troupes : “Dès que vous évoquez l’immigration sous l’angle du contrôle, LFI vous colle l’étiquette de crypto-fasciste.” Un mode opératoire qui rappelle celui de François Mitterrand. À l’époque, l’objectif du président de la République socialiste n’était pas le même : “Il s’agissait pour François Mitterrand d’affaiblir la droite en faisant monter le Front national, qu’il a diabolisé sur cette question”, souligne encore Aquilino Morelle. Trente-cinq ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon, lui, veut cimenter un électorat. Pour ce faire, l’ancien du PS aurait bâti – selon plusieurs observateurs, parmi lesquels son ancien compagnon de route, François Ruffin dans son livre Itinéraire, ma France en entier, pas à moitié – sa stratégie à partir des conclusions du célèbre rapport produit par Terra Nova en 2011, qui recommandaient à la gauche d’abandonner les ouvriers pour se tourner vers une nouvelle majorité électorale urbaine. “Jean-Luc Mélenchon a compris qu’en récupérant la jeunesse urbaine, les quartiers populaires et les franges militantes les plus radicales, il pouvait bâtir un bloc électoral solide”, confirme Bassem Asseh. C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon aurait réactivité et allongé l’espérance de vie du dogme mitterrandien sur l’immigration. Résultat : plutôt que de risquer l’anathème, les responsables politiques de gauche, en France, se taisent. Le vieux “surmoi mitterrandien” serait-il en train de se réincarner dans un “surmoi mélenchoniste”?

https://www.lexpress.fr/politique/immigration-pourquoi-la-gauche-francaise-nest-pas-pres-dimiter-keir-starmer-BUF6677K3VAIDLHZQ53H7RJ3ZM/


Neue Zürcher Zeitung, 27 mai

Die Menschenrechte werden von Richtern zu streng ausgelegt. So ist eine geordnete Asylpolitik nicht möglich

Neun EU-Länder wollen wieder mehr Spielraum in der Migrationspolitik – und Alain Berset, der Generalsekretär des Europarats, ist pikiert. Doch die Kritik am Europäischen Gerichtshof für Menschenrechte ist berechtigt.

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Wie kann der Vormarsch von Nationalisten und Rechtsradikalen in Europa gestoppt werden? Die Frage beschäftigt die liberale Öffentlichkeit zu Recht, seit die Rechtsaussenparteien immer lauter und immer erfolgreicher an die Pforten zur Macht klopfen.

Die beste Antwort lautet: Der Vormarsch wird gestoppt, wenn die politische Mitte zeigt, dass sie den Willen hat, um die drängenden Probleme zu lösen. Dazu gehören natürlich die Migration und ihr Management.

In vielen Ländern ist das Migrationsproblem von Rechtsaussenparteien zu einem Popanz aufgebauscht worden. Das kommt bei vielen Wählerinnen und Wählern an. Nicht weil sie Rassisten sind, sondern weil sie ein berechtigtes Unbehagen haben. Liberale sollten den Popanz wieder zurückverwandeln in lösbare Sachfragen.

Ein grosses Problem sind die Rückführungen von Asylbewerbern, deren Gesuch abgelehnt wurde. Das geschieht nur in knapp zwanzig Prozent der Fälle. Aus vielen Gründen: Die Umsetzung scheitert, weil die Personen abtauchen, in ein anderes Land weiterziehen oder ihre Herkunftsländer die Rücknahme verweigern.

Das Rückführrecht wurde letztmals 2008 angepasst. Damals gab es in der EU etwa 225 000 Asylgesuche pro Jahr. Heute sind es eine Million. Die Rückkehr wird aber auch deshalb schwieriger, weil der Europäische Gerichtshof für Menschenrechte (EGMR) seit gut zwei Jahrzehnten seine Rechtsprechung zugunsten der Asylbewerber und zulasten der Staaten verändert.

Damit schränkt er den Handlungsspielraum der Behörden teilweise ungebührlich ein. Wohlgemerkt, nicht die Menschenrechte haben sich verändert, sondern die Art und Weise, wie die Richter sie auslegen. Das führt zum Beispiel dazu, dass junge afghanische Männer nicht in die Heimat zurück müssen. Begründung: Sie seien dort zwar nicht politisch verfolgt, aber es könnte ihnen grosse Armut drohen.

Während es vor zwanzig Jahren menschenrechtskonform war, Asylbewerber während des Verfahrens einige Monaten in einem Transitbereich festzuhalten, gilt das heute nicht mehr. Die Richter haben stattdessen eine strenge Prüfung des Einzelfalls angeordnet. Das verlängert die Verfahren.

Darüber möchten nun neun EU-Staaten diskutieren. Nämlich Dänemark, Italien, Österreich, Belgien, Tschechien, Estland, Lettland, Litauen und Polen. Sie wollen eine politische Debatte und haben eine Absicht: mehr «Manövrierraum», wie es die dänische Regierungschefin Mette Frederiksen ausdrückt, damit sie «selber entscheiden können, wer in unseren Ländern bleiben kann und wer nicht».

In einem offenen Brief kritisieren die neun Regierungen, der EGMR «habe in einigen Fällen den Geltungsbereich der Konvention zu weit ausgedehnt und damit das Gleichgewicht zwischen den zu schützenden Interessen verschoben» – eben zugunsten der Bewerber und auf Kosten der Aufnahmestaaten.

Diese Diskussion zu führen, ist legitim und auch notwendig. Sie wird nicht bloss von den politisch bedrängten Exekutiven gefordert, sondern auch aus der Wissenschaft. Eher befremdlich ist dagegen die Reaktion aus dem Europarat, dem Schirmherrn des EGMR.

Sein Generalsekretär, Alain Berset, scheint pikiert, als ob die Autorität des Gerichtshof infrage gestellt worden sei. Das Gericht, so der Alt-Bundesrat, dürfe sich nicht den «politischen Zyklen» beugen, sprich, sich von flüchtigen Stimmungslagen beeinflussen lassen. Das ist unbestritten.

Aber die Richter sollten ihre Rechtsauslegung nicht ohne Sinn und Verstand für die migrationspolitische Realität machen. Daran dürfen die Mitgliedstaaten des Europarats ohne weiteres erinnern. Und noch etwas. Wem die Menschenrechte teuer sind, der sollte nicht vergessen: Wenn der staatliche Umgang mit Migration nicht bald effizienter wird, könnte der individuelle Anspruch auf Asyl bald Rechtsgeschichte sein.

https://www.nzz.ch/meinung/reformen-in-der-migrationspolitik-streit-um-egmr-rechtsprechung-ld.1886219


Le Point, 23 mai

Expulsions vers des « pays tiers sûrs » : la question qui fâche au Parlement européen

Sous pression de 17 États membres, la Commission propose de faciliter les expulsions des demandeurs d’asile vers des États tiers « sûrs ». Le PPE en rôle d’arbitre au Parlement européen.

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La Commission européenne vient de proposer de faciliter drastiquement l’expulsion des demandeurs d’asile vers des pays tiers dits « sûrs ». Fini l’obligation de lien entre le migrant et le pays de destination, fini l’effet suspensif automatique des recours : Bruxelles révolutionne le droit d’asile européen. Au Parlement, les réactions ne se font pas attendre et dessinent les contours d’un vote qui s’annonce serré.

Au RN, on ne boude pas son plaisir. Fabrice Leggeri, l’ancien directeur de Frontex, désormais eurodéputé RN du groupe Patriotes pour l’Europe, admet un « optimisme prudent ». « La Commission vient sur notre terrain », apprécie-t-il, tout en faisant remarquer qu’elle n’épouse pas totalement les positions du groupe Les Patriotes qui ne soutient pas le Pacte asile migration adopté l’an passé.

« Cette logique, nous la repoussons »

« On avait adopté en décembre à Budapest un manifeste avec notamment la création de centres de migrants dans des pays tiers européens pour examiner là-bas les demandes d’asile, rappelle-t-il. La Commission demeure dans la logique du Pacte : faire entrer les migrants, traiter les demandes et les répartir entre les pays européens. Cette logique, nous la repoussons. »

L’homme revendique une influence directe sur le commissaire Magnus Brunner, le commissaire européen chargé de la Migration. « Dès le début de son mandat, je lui ai dit : si vous voulez faire une vraie politique d’affermissement contre l’immigration illégale, on sera des interlocuteurs sérieux. Et vous aurez besoin de nous, parce que les socialistes et la gauche n’aiment pas trop (ce que vous proposez, NDLR). »

Le centre libéral sous le choc

Chez les centristes de Renew, l’eurodéputée Fabienne Keller n’y va pas par quatre chemins. Elle conteste « vivement » la proposition de Magnus Brunner, bien qu’elle se dise favorable à « une meilleure application de nos règles européennes pour réduire la pression migratoire ». Ses critiques visent la suppression du lien de connexion entre le demandeur d’asile et le pays tiers.

« Un migrant pourrait être envoyé dans un pays avec lequel il n’a aucun lien », s’alarme-t-elle. Elle pointe du doigt cette externalisation problématique du traitement de l’asile qui « fait craindre un non-respect des valeurs de l’UE ». La suppression de l’effet suspensif des recours est, à ses yeux, une brèche dans les droits des individus qui pourraient être renvoyés alors qu’ils auraient pu prétendre à une protection en Europe.

Fabienne Keller revendique une « position équilibrée entre fermeté et humanité », réclamant « la pleine application du Pacte » plutôt que cette révision prématurée. Un positionnement qui trahit l’embarras du centre face à un durcissement qu’il ne peut plus ignorer.

La Commission sous la pression de 17 États membres

En fait, la Commission européenne a agi sous la pression d’une demande forte de 17 États membres, dont l’Italie de Giorgia Meloni, la Pologne de Donald Tusk, le Danemark de Mette Frederiksen (une dirigeante sociale-démocrate), mais aussi la Grèce (qui pratique déjà le renvoi vers la Turquie), la Finlande, la Bulgarie, la République tchèque, l’EstonieChypre, la Lettonie, la Lituanie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, et la Roumanie. Quinze d’entre eux avaient réclamé par écrit, en mai 2024, de « nouvelles solutions » pour mieux contrôler l’immigration et notamment le transfert des demandeurs d’asile vers des pays tiers.

Chez les socialistes, l’eurodéputée Murielle Laurent, monte au créneau avec une véhémence particulière dans une vidéo postée sur Facebook. À ses yeux, cette proposition est « inhumaine, inadmissible et inefficace ». Pour illustrer son propos, elle développe un exemple : une femme afghane fuyant les persécutions pourrait être renvoyée « vers l’Inde ou vers n’importe quel autre pays tiers sûr, en Tunisie, en Égypte, en Albanie, sans même que le fond de sa demande ait été examiné ». L’élue socialiste promet que son groupe « combattra cette proposition ». Ce sera évidemment le cas des écologistes et de l’extrême gauche (The Left).

Le PPE à l’heure du choix

Reste la grande inconnue : comment votera le Parti populaire européen ? Fabrice Leggeri n’a pas de doute : « Le PPE devra basculer avec nous, sinon ça ne passera pas. » Une prédiction qui met le doigt sur le dilemme du premier groupe du Parlement européen. Nous avons contacté François-Xavier Bellamy, figure des Républicains français au PPE. Il n’a pas encore réagi.

Le PPE, sur ces questions régaliennes, s’est rapproché des souverainistes d’ECR et les nationalistes du groupe Patriotes. Fabrice Leggeri observe avec gourmandise les signes avant-coureurs : Manfred Weber, le président du PPE, l’a félicité publiquement pour un rappel au règlement contre une ONG allemande pro-migrants. « Très bonne initiative », lui aurait lancé le dirigeant allemand dans l’hémicycle à Bruxelles. « Si le PPE se met avec nous sur l’immigration, les socialistes sont grillés », calcule Leggeri. La réponse viendra au moment du vote.

https://www.lepoint.fr/monde/expulsions-vers-des-pays-tiers-surs-la-question-qui-fache-au-parlement-europeen-23-05-2025-2590308_24.php


The Economist, 23 mai

Taking back control : Does Britain need migrant workers?

Employers think so

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Since 2020 Britain’s non-EU foreign workforce has grown to 3.2m—more than double its pre-pandemic size. That has fuelled anti-immigrant sentiment. The upside is a more productive and richer economy. More than one in five working-age Britons are neither employed nor seeking work; foreigners have filled the gaps. In 2022 the average migrant on a skilled-worker visa contributed a net £16,300 ($20,150) to the public purse, compared with £800 for the average Brit. The Centre for Economics and Business Research, a consultancy, reckons zero net migration that year would have resulted in a 0.94% drop in GDP in 2025.

More than half of all skilled-worker visas issued since 2021 have gone to medical professionals, nurses and care staff. It follows the introduction by the Conservative government in 2020 of a fast-track visa for health and social-care workers. Around 9% of visas went to those in scientific and technical jobs; financial services and IT professionals accounted for 6% each; for hospitality workers it was 4%.

Now the experiment is over. The government is, in the words of Sir Keir Starmer, “shutting down the lab”. The prime minister has announced plans to tighten access to work visas; care workers will no longer be eligible. The duration of graduate visas will be reduced from two years to 18 months. Rather than “importing cheap labour”, employers will be required to prioritise training home-grown workers. With a few exceptions migrants will face a longer wait—ten years instead of five—for permanent settlement and citizenship.

Employers are sounding the alarm. Scientific groups such as the Institute of Physics, the Royal Society and Cancer Research UK (CRUK) fear the changes will undermine Britain’s global competitiveness. The sector has relied heavily on international talent. Just under two-thirds of the scientific staff at the Francis Crick Institute, one of Europe’s biggest biomedical labs, are from overseas.

Tech firms are apprehensive, too. Some occupations that were previously eligible for a skilled-worker visa—particularly those in data centres—will now fall below the threshold. One large tech firm plans to close its graduate scheme to international applicants as a result of proposals to shorten graduate visas, according to Nimmi Patel of techUK, a trade body. The firm says recruits will struggle to meet higher salary thresholds within the reduced time frame.

Businesses also face higher visa fees. The charge employers pay to sponsor skilled workers will rise by a third to £1,320 for the largest employers. Britain’s immigration system was already one of the priciest globally. CRUK says its institutes spent nearly £690,000 on recruiting international researchers last year, over two-thirds of what it spent on cervical-cancer research.

Skills gaps won’t be plugged overnight. The Construction Industry Training Board estimates it will need more than 250,000 new workers by 2028 to build homes, fix the grid or construct roads and bridges. “We simply do not have enough UK workers to achieve that,” says Richard Beresford, chief executive of the National Federation of Builders.

The effects of tighter immigration rules are already evident in hospitality, where more than half of all visas go to chefs. Higher salary thresholds for skilled-worker visas introduced by the previous government in April 2024 have put pressure on employers. Overseas workers now make up less than 15% of the hospitality workforce, down from 25% before covid. But vacancies have soared to 84,000. In manufacturing, where companies were already struggling to fill more than 50,000 vacancies for welders, toolmakers and other trades, higher thresholds will make it “practically impossible” to recruit overseas, says Jamie Cater of Make UK, a trade body.

Rather than training workers, many firms are turning to automation. From robot-run warehouses to AI store monitors, retailers such as Next and Primark have been investing in automation in anticipation of rising labour costs. But in the state-funded health and social-care sectors, where foreigners make up around a third of doctors and care workers in England, robots will have limited use. Unison, Britain’s largest union, is calling for higher wages to attract domestic workers, a cost that would be passed on to taxpayers. Taking back control may bring nasty shocks. ■

https://www.economist.com/britain/2025/05/22/does-britain-need-migrant-workers


The Wall Street Journal, 21 mai

Why Keir Starmer Became an Immigration Hawk

He saw where the voters were going and got out ahead to lead them. U.S. Democrats, take note.

Full text :  

The French socialist Alexandre Auguste Ledru-Rollin (1807-74) is supposed to have seen a protest and said, “I’d better follow them, seeing as I’m their leader.” The story illustrates a truth about democracy that has only become truer with time: Our leaders are creations and creatures of public opinion. They are made and unmade by popular votes—sometimes even polls. They are always chasing the mood, hurrying to the front of the march to claim it as their own.

British Prime Minister Keir Starmer is the latest exponent of Ledru-Rollin’s principle. It helps to have no principles. Mr. Starmer opposed the Brexit campaign to “take back control” over British immigration policy but now promises to “take back control” over the borders. He opposed deporting foreign-born criminals when he was in opposition, and his Labour government is against placing a cap on immigration numbers. But he says what worries him now is immigration.

Mr. Starmer’s Damascene conversion developed the night of May 1, when the results of that day’s local elections confirmed that, although the Conservatives are the parliamentary opposition, Nigel Farage’s anti-immigration Reform UK party is gaining significant ground. Mr. Starmer went to bed a cheerleader of woke platitudes and an avowed multiculturalist—the man who once said he’d rather be in Davos than Westminster. He arose possessed by the spirits of Enoch Powell and Pat Buchanan.

Mass immigration, Mr. Starmer said on May 12, is turning Britain into an “island of strangers.” An experiment in “open borders” has left British industry “addicted to importing cheap labor.” The immigration system is “designed to permit abuse,” and everyone is breaking the rules. A “squalid chapter for our politics, our economy and our country” has seen the rise of “forces that are slowly pulling our country apart.” From now on, the borders are tighter. Immigration terms are more stringent. Net immigration, estimated at an unsustainable 728,000 in 2024, will come down.

Rather than blame “globalists” and “elites,” Mr. Starmer is performatively enraged at people like himself—the left-wing human-rights lawyers who made it impossible to deport illegal immigrants and foreign-born criminals. Less than a year after taking office, Labour is campaigning against itself to keep up with people on the march.

No one quite knows where this march is going. It is moving so quickly that the leaders of major parties are competing to outbid each other with ever more heretical statements about immigration and deportation. The rise of Reform UK, which consistently tops the polls, shows that Britain is in a pre-revolutionary ferment. We are witnessing a bottom-up repudiation of the post-1990s state. The people no longer trust the judiciary, the police, other institutions or the Labour-Conservative duopoly.

Anglophone liberal polities usually manage this kind of breakdown through a drastic but managed transition. Sometimes there is a violent collapse, as in England in 1642, the American colonies in 1776 and the U.S. in 1861. The schism in English society has already split Labour’s voter base. Labour has lost the provincial English working class to Reform UK and is losing its Muslim clients to sectarian candidates. Mr. Starmer’s drastic measures are Labour’s only alternative to electoral irrelevance and unmanageable disorder. The depth of public anger and the shallowness of Mr. Starmer’s sincerity mean that the British will, like most Western voters, likely swing right in the 2029 elections. But other pols are already using Mr. Starmer’s strategy to great success elsewhere. That should be instructive for America’s Democrats as they struggle through their post-woke identity crisis.

In 2019, when everything was rotten in the state of Denmark, the Social Democratic Party won the elections by promising to protect the Danish way. Prime Minister Mette Frederiksen’s center-left government has cracked down on crime, banned Muslim face coverings, conditioned immigrant welfare payments on learning Danish, and deported foreign-born criminals. Aiming at “zero” migration, Denmark places negative advertising abroad to dissuade potential migrants, confiscates valuables from migrants to offset the costs of their stay, and it uses “No Ghetto” policies to prevent the growth of immigrant enclaves. Danish asylum applications are down nearly 90% from their 2015 peak of 21,316. While in 2024 U.K. asylum applications reached 108,131 among the highest levels since 2002, Denmark had only 2,333 applications.

Conservatives have no natural monopoly on immigration reform. In March, Ms. Frederiksen endorsed Vice President JD Vance’s opinion that mass migration was Europe’s most urgent problem and called it “a threat” to daily life. Center-left leaders such as Mr. Starmer and Ms. Fredriksen aren’t only the heirs to multiculturalism and mass immigration. They can also claim to be the heirs of the economic interventionism and cultural protectionism that built the welfare state—and remain compatible with stricter border controls.

Western Europeans are voting to revive the cohesion and protections of post-1945 social democracy. That doesn’t sound so different from the second Trump administration’s program of industrial policy, hard borders and civic restoration. As Joe Biden’s “Build Back Better” was MAGA for Democrat clients and class-conscious professionals, so the post-2024 Democrats can regain public trust with new leaders who acknowledge past errors and recognize new realities by embracing elements of Donald Trump’s agenda and cultivating his voter coalition. Ledru-Rollin would advise that when the vibe shift is already on the move, it’s time to start running.

Mr. Green is a Journal contributor and a fellow of the Royal Historical Society.

https://www.wsj.com/opinion/why-keir-starmer-became-an-immigration-hawk-4fab0364?mod=opinion_lead_pos7


Le Point, 19 mai

De Londres à Bruxelles, l’Europe durcit le ton sur l’immigration

Sous la pression des partis d’extrême droite, plusieurs gouvernements européens lancent des offensives sur l’immigration. La Commission européenne voudrait les coordonner.

Full text :  

Le tournant pris par Keir Starmer, lundi dernier, sur la question migratoire constitue un signe des temps extraordinairement révélateur. Le Premier ministre travailliste britannique ne s’est pas contenté d’accuser les gouvernements conservateurs de laxisme. Il a rappelé que, sous leurs mandats, le nombre de migrants qui se situait entre 200 000 et 300 000 par an en moyenne durant les années 2010 avait bondi au cours des trois dernières années, atteignant des niveaux sans précédent : 634 000, 906 000 et 728 000.

Cette immigration « a causé des dommages incalculables à notre pays », selon Starmer. Il a, en outre, mis en cause « une expérience d’ouverture des frontières dans une seule nation » qui, selon de nombreux médias, visait l’un de ses prédécesseurs travaillistes : Tony Blair.

Keir Starmer sous la pression du mouvement d’extrême droite Reform UK

En réalité, Starmer répond à une forte pression politique : Reform UK est désormais en tête des sondages. Aux récentes élections locales, cette formation souverainiste d’extrême droite a remporté 677 des 1 600 sièges à pourvoir. Et le Premier ministre britannique lui emprunte désormais jusqu’à son vocabulaire : les partisans du Brexit prétendaient « reprendre le contrôle » en quittant l’UE. Lui-même déclare : « l’expérience est terminée, nous allons reprendre le contrôle de nos frontières ». Car « nous risquons de devenir une île d’étrangers, et non une nation qui avance ensemble ».

Le gouvernement est déterminé à faire baisser le nombre d’entrées au Royaume-Uni. Pour ce faire, il va exercer des pressions sur tous les types d’immigration. L’éligibilité aux visas de travail va être restreinte. Un nouvel organisme, le Labour Market Evidence Group, vérifiera que des travailleurs locaux ne pourraient pas faire le job pour lequel une entreprise désire embaucher un étranger. Les étudiants qui viennent acquérir un diplôme en Grande-Bretagne (et qui constituent l’une sources d’enrichissement du pays) recevront un visa de travail de dix-huit mois seulement. La possibilité d’obtenir la nationalité britannique est soumise à une présence de dix ans dans le pays. Cette installation sera conditionnée par la vérification d’un niveau d’anglais acceptable.

Certains observateurs font remarquer que les prédécesseurs conservateurs de Keir Starmer avaient, eux aussi, promis à leurs électeurs une décrue sensible des vagues migratoires : David Cameron avait bien imprudemment fixé le nombre d’immigrés légaux souhaitables à « plusieurs dizaines de milliers par an ». Starmer, lui, évite les promesses chiffrées.

La question migratoire est devenue centrale dans la plupart des pays européens. Dans beaucoup d’entre eux, son absence de traitement alimente le vote pour les partis d’extrême droite et celui-ci ne cesse de progresser. « Si nous, les partis du centre démocratique, nous ne nous attaquons pas à ce problème, nous perdrons complètement la confiance des citoyens », a déclaré Magnus Brunner, le Commissaire européen aux Affaires intérieures et à la Migration, en présentant, au Parlement européen en mars dernier, un certain nombre de mesures destinées à améliorer les expulsions d’immigrés illégaux.

À l’heure actuelle, seulement une personne sur cinq ayant reçu un avis de quitter l’UE y est effectivement contrainte, déplore Brunner. « Nos sociétés ne le tolèrent pas et ne le toléreront pas. »

Un Système européen de retour en discussions à Bruxelles

D’où la proposition, faite par la Commission, d’un Système européen de retour, comportant notamment l’idée, très débattue, d’une création de « centres de retour », situés dans des pays hors UE. Le nouvel European Return Order devrait s’appliquer dans tous les États membres. Brunner souhaite aussi qu’un migrant condamné à quitter le pays par un la justice d’un État membre ne puisse pas s’établir dans un autre… Les gens qui « ne coopèrent pas » (par exemple en détruisant leurs papiers d’identité) ou qui « représentent une menace » pourront être détenus en attendant leur « retour » (euphémisme que la Commission préfère à « expulsion »).

Les gouvernements du Danemark et de l’Italie tentent en ce moment de convaincre les autres États de l’Union européenne d’organiser en commun un contournement de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme en matière migratoire. Dans une lettre cosignée, Mette Frederiksen (sociale-démocrate) et Giorgia Meloni (droite radicale) estiment que « cette Cour empêche les États de mener une politique d’immigration et d’asile raisonnable et adaptée ». Les interprétations qu’elle fait du droit européen « limitent abusivement la capacité de nos démocraties à prendre des décisions », estiment les deux cheffes de gouvernement.

Selon le ministre de l’Immigration et de l’Intégration danoise, Kaare Dybvad (sociale-démocrate), interrogé par le quotidien Politiken, « le gouvernement s’efforce, certes, de renforcer la communauté nationale fondée sur des règles et de maintenir l’adhésion du Danemark aux conventions internationales. Mais en même temps, le gouvernement estime qu’il existe des insuffisances dans certaines parties de ces conventions et dans leur interprétation – notamment dans le domaine des étrangers. Par exemple, les possibilités d’expulser les criminels étrangers sont limitées ». Et il ajoute : « Nous doutons qu’il soit du ressort d’un juge de Strasbourg de décider qu’un étranger ayant commis un crime soit autorisé à demeurer au Danemark, alors que notre Parlement a décidé de son départ. »

Le Danemark, qui n’accorde plus qu’au compte-gouttes le droit d’asile, plaide depuis un certain temps pour que les demandes en ce sens soient traitées hors d’Europe.

https://www.lepoint.fr/debats/de-londres-a-bruxelles-l-europe-durcit-le-ton-sur-l-immigration-17-05-2025-2589765_2.php


The Economist, 16 mai

Raising the drawbridge: Britain’s experiment with liberal immigration policies is over

It was unpopular, but it worked

Full text :  

In april britain’s prime minister gave a forceful speech about immigration. Migrants should be celebrated, he said, for they make a “huge contribution”. Far from being a burden on public services, they are often the very people delivering those services. Almost all migrants follow the rules. Those who claim that migration is out of control are “simply wrong”.

That was Sir Tony Blair, in April 2004. The current occupant of 10 Downing Street, Sir Keir Starmer, speaks differently. Britain has conducted “a one-nation experiment in open borders”, he argued while unveiling a new immigration policy on May 12th. Unrestrained immigration has caused “incalculable” damage to the country. His government will “close the book on a squalid chapter for our politics, and our economy, and our country.”

Although Sir Keir denies it, politics is spurring him. Reform uk, an anti-immigration party, tops many polls. In local elections on May 1st it humiliated both Labour and the Conservative Party—which has also turned in a nativist direction. Polling by Ipsos in April shows that immigration is seen as the second-most-important issue in Britain, after the economy.

Chart: The Economist

Britain has certainly seen a lot of movement. For much of the 2010s net migration (immigration minus emigration) was between 200,000 and 300,000 a year. Covid-19 cut it to almost nothing. Then it surged, reaching 900,000 in the year to June 2023. Whereas most immigrants in the 2010s were Europeans, most these days are from farther afield (see chart 1).

After leaving the eu in 2020 Britain created an immigration system that treated people from every country the same. The bar to entry was low. Salary thresholds for work visas were set at modest levels; health and care workers were welcomed; foreign students were invited to work after graduating. Combined with generosity to Hong Kongers and Ukrainians, the changes pushed up migration numbers.

On May 22nd the Office for National Statistics will release new estimates of net migration to 2024. They will almost certainly show a dramatic fall from the extraordinary heights reached after Brexit. But the government is determined to push the figure lower. To do that it will press down on almost every kind of immigration.

Eligibility for work visas will be restricted, and care workers will no longer receive them. Companies that want to hire foreigners will have to convince a new outfit, the Labour Market Evidence Group, that they are straining to train natives—and pay a higher levy. Most graduates will be given work visas for 18 months, not two years as at present. People who want to join their spouses will have to speak basic English.

Most striking, though for now most vague, are the government’s plans to make migrants wait longer for settlement and citizenship. Currently many can apply for settlement after five years. That will rise to ten years, although exceptions will be made. The change is likely to retard migrants’ integration, says Madeleine Sumption of the Migration Observatory, a think-tank at Oxford University. But it will be a boon to the government, since migrants will keep paying fees while in limbo.

To misquote P.G. Wodehouse, it is not difficult to distinguish between the government’s plan and a ray of sunshine. The worst is assumed of everyone. Immigrants are said to be undercutting native workers. Businesses are hooked on them, and have grown lazy about training. Student visas are misused, as is the asylum system. Community cohesion is eroded. But has Britain’s brief experiment in liberal immigration policy really been such a disaster?

Chart: The Economist

In economic terms, it has not. Foreign students have shored up universities’ finances, allowing them to get by even as domestic tuition fees have fallen in real terms. Those who work in Britain after graduating, and go on to receive skilled-worker visas, earn almost exactly as much as recent British university graduates.

Migrants from outside Europe start by earning less than Britons, but soon catch up. Indeed, recent arrivals are overhauling the natives even more quickly than earlier ones did (see chart 2). Jonathan Portes, an economist at King’s College London, points out that many migrants do not arrive on work visas; others might be family members, students or asylum-seekers. The decision to lower the bar for economic migrants could have made them a bigger share of the immigration population, making it more dynamic overall.

An honest reckoning of Britain’s experiment in liberal immigration policy would admit that it has been an economic success but a political failure. That is the trade-off Sir Keir must grapple with. His government could succeed in pushing immigration down. If Britons feel a little more pinched and a little poorer as a result, they might not thank him. ■

https://www.economist.com/britain/2025/05/12/britains-experiment-with-liberal-immigration-policies-is-over


The Economist, 16 mai

Outrage on the Oder : Germany’s border controls are annoying the neighbours

Especially the Poles

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“WHAT CAN you do?” shrugs Ryszard Noryskiewicz, zipping along the A12 motorway in his old Chrysler on a bright spring morning. “The Germans are going to do what they do.” Mr Noryskiewicz, a Berliner originally from Warsaw, has been driving back and forth between his two countries since the early 1980s. In 2007 Poland’s accession to the eu’s Schengen passport-free zone changed everything. What had been a fraught border crossing marked by intrusive inspections and suspicious guards became as simple as slipping from Berlin into Brandenburg.

Not any more. German angst over irregular migration—which peaked in 2015 but remained high for years—has seen the steady expansion of controls on the country’s land borders. Checks have been in place between Slubice in Poland and Frankfurt an der Oder on the German side since 2023. They are hardly onerous; the bored policemen manning the post on the Oder river wave Mr Noryskiewicz through, along with most other vehicles. (The police’s criteria for inspection are unknown, but not hard to guess. Either way, few seem likely to be deterred.) But on the A12 traffic is compressed into a single lane to enable them, creating long tailbacks. On bad days the crossing can take hours, says Mr Noryskiewicz. And for what? “It’s just populist nonsense.”

Friedrich Merz, who took office as Germany’s chancellor on May 6th, campaigned promising both a day-one clampdown on illegal migration, and better relations with Germany’s neighbours, Poland (and France) chief among them. These pledges sit in tension. On May 7th Alexander Dobrindt, Mr Merz’s interior minister, rescinded an order dating from Angela Merkel’s time that obliged border police to let asylum-seekers into Germany. Now they may turn all but the “vulnerable” away. Locals have not noticed big changes. But the groundwork has been laid.

That has turned Polish grumpiness to anxiety. Standing with Mr Merz in Warsaw last week, Donald Tusk, his Polish counterpart, said he would “not accept anyone—including Germany—sending groups of migrants to Poland.” (The Swiss, Czechs and Luxembourgers are also annoyed.) For years Belarus, a client state of Russia’s to Poland’s east, has been shipping hapless migrants from the Middle East and Asia into Poland, many of whom move on to Germany. Efforts should be focused on the external border to avoid checks at Schengen ones, says Maciej Duszczyk, Poland’s deputy interior minister. Poland has reportedly already refused to accept two Afghans turned back by Germany under the new rules.

The concern is not hard to fathom. Commuting from Poland to Germany has surged in recent years (see chart). And for companies juggling just-in-time delivery obligations with regulations like mandated breaks for drivers, border delays can be more than an irritant. Damian Golunski of Dago Express, a courier company, explains that the Polish drivers he contracts must often endure three-hour traffic jams and then checks that can take an hour or more. So far his firm has absorbed the costs, but tighter controls might make that impossible. “Political decision-makers are seriously underestimating the consequences of border controls,” says Norma Gross at the East Brandenburg Chamber of Commerce. Officials in the self-proclaimed Doppelstädte (twin cities) of Frankfurt and Slubice gripe that the controls hamper the joint city planning they had got used to.

Mr Merz’s policy has also sparked dismay at home. He wants to get asylum claims below 100,000 a year, and to arrest the rise of the hard-right Alternative for Germany (afd). The government says its new proposals rely on a clause in the eu treaty that allows for border turnbacks to protect internal security. That supersedes the Dublin regulation, which obliges authorities to take in claimants while they work out which country should adjudicate their claim. But Constantin Hruschka at the Protestant University of Freiburg says that even the pre-existing controls are illegal, let alone Mr Dobrindt’s new directive. The opposition Greens are crying foul. Courts will surely have their say.

The current controls may be largely symbolic. But not all of Germany’s eu partners mind it tightening its borders; they may wish to do the same. Meanwhile, luck may ride to Mr Merz’s rescue. Asylum claims have tumbled in the past year, the result less of policy tweaks in Germany than changes elsewhere, and a relative decline in mayhem outside the eu’s borders. Should that decline continue, it may provide Mr Merz with an excuse to take the credit and magnanimously ease his controls. Whether that will be enough to stop the afd is another question. ■

https://www.economist.com/europe/2025/05/15/germanys-border-controls-are-annoying-the-neighbours


Le Figaro, 15 mai

Nicolas Pouvreau-Monti : « Contrairement à ce qu’avance la note de Terra Nova, la France

TRIBUNE – Le think-tank a publié une note affirmant la nécessité de « recevoir 310.000 nouveaux immigrés par an à l’horizon 2040-2050 ». Le directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie répond point par point, chiffres à l’appui.

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« On ne change pas une recette qui rate. » Tel semble être le leitmotiv de la nouvelle étude publiée par le think-tank Terra Nova ce lundi 12 mai, signée par l’essayiste Hakim El Karoui et l’économiste Juba Ihaddaden, intitulée « Les travailleurs immigrés : avec ou sans eux ? ». Son propos central est connu et souvent répété : « dans un contexte de vieillissement démographique » et avec les enjeux de renouvellement de la population active qui lui sont associés, « le recours à la main-d’œuvre étrangère sera décisif dans les années et qui viennent ». Ses auteurs avancent, en particulier, la nécessité de « recevoir 310.000 nouveaux immigrés par an à l’horizon 2040-2050 ».

Cette étude soulève plusieurs interrogations – d’abord par ses approximations méthodologiques qui laissent songeur, tant elles semblent parfois dévier l’ensemble de la démonstration. Pour arriver au nombre des installations nécessaires d’immigrés, la note procède « en considérant que le taux d’activité de la population immigrée est le même que celui de la population française des 15-64 ans ». Sauf que… ce n’est absolument pas le cas. Le taux d’activité des étrangers extérieurs à l’Union européenne – ceux concernés par la politique d’immigration que l’étude entend aiguiller – est, en France, inférieur de quasiment 10 points à celui des Français. Il est même l’un des plus faibles parmi l’ensemble des pays de l’UE : seules la Bulgarie, la Belgique et la Hongrie connaissent de plus mauvais résultats pour les ressortissants extracommunautaires sur leur sol.

Ce qui compte pour la santé d’une économie et d’un système social est moins la part des actifs que celle des actifs occupés, c’est-à-dire les personnes qui sont en emploi (les chômeurs étant aussi décomptés comme des actifs). Or, à peine la moitié (55 %) des étrangers extra-européens en âge de travailler occupent effectivement un emploi en France – soit 14 points de moins que les Français. Rien de tout cela ne semble pris en compte dans les estimations chiffrées de l’étude, si ce n’est par de vagues appels à « flécher davantage l’immigration vers l’activité économique ». Comment y parvenir, alors que sur dix titres de séjour actuellement valides, un seul relève d’un motif économique ? Alors que l’immigration de travail génère nécessairement d’autres flux décorrélés des besoins économiques, par l’intermédiaire du regroupement familial (que Terra Nova n’entend pas remettre en cause) ?

Bricolage statistique

L’étude de Terra Nova cherche à faire feu de tout bois – même mal coupé – pour étayer sa thèse de départ. Plusieurs parties de l’étude semblent relever de ce qu’il faut bien appeler un bricolage statistique. Il en va ainsi du chapitre intitulé « Quand les immigrés financent la protection sociale, le cas de la Seine-Saint-Denis ». Comment le 93 se retrouverait-il sur-contributeur social ? « Parce que la Seine-Saint-Denis est dynamique sur le plan économique, qu’elle reçoit beaucoup d’investissements, que beaucoup de salariés viennent y travailler le jour, même s’ils n’y vivent pas (par exemple à Roissy-Charles de Gaulle) ou dans les sièges sociaux de la Plaine Saint-Denis ». Le fait que des personnes, qui n’y habitent pas, viennent travailler physiquement pour des entreprises situées dans un territoire dont 70 % de la population n’est pas immigrée ferait donc la démonstration que… « les immigrés financent la protection sociale ».

Si l’on quitte cette déformation géographique pour l’échelle des individus, en mettant de côté les prestations de retraite – corrélées à l’âge – et les allocations chômage – qui concernent plus fortement les immigrés mais résultent d’une cotisation préalable –, les constats sont sans appel : le montant annuel moyen des prestations sociales perçues par les immigrés est le double de celui perçu par les personnes sans ascendance migratoire (Insee 2019). Le taux de pauvreté des immigrés est près de trois fois plus élevé que celui des non-immigrés (Insee 2021) ; leur taux d’emploi est nettement inférieur (Insee 2023) ; leur état de santé est aussi nettement moins bon. Dans un tel contexte et une fois gommé l’effet conjoncturel de l’âge – car les immigrés vieillissent comme les autres –, il n’existe pas de scénario réaliste d’une contribution positive de l’immigration aux finances publiques.

L’objectif affiché par Terra Nova apparaît louable de prime abord : « maintenir le ratio de soutien entre actifs et inactifs à un niveau raisonnable (…) qui permette de pérenniser notre modèle social ». Or, même dans un scénario hypothétique où l’immigration reçue présenterait des niveaux d’activité et d’emploi satisfaisants (ce qui ne correspond nullement à la situation de la France), il s’agirait d’une course sans fin, vouée à reprendre dès que les actifs importés atteindraient l’âge de la retraite. Le chercheur néerlandais Jan Van de Beek parle même, à ce sujet, d’une véritable « pyramide de Ponzi démographique ». Les Nations unies, dans leur exercice de projection de la population mondiale mené en 2000, ont estimé les flux migratoires qui seraient nécessaires pour stabiliser le rapport entre population d’âge actif et de plus de 65 ans dans les pays développés. En France, un tel objectif aurait nécessité une immigration nette de… 90 millions de personnes sur la première moitié du XXIe siècle.

Enfin, et même dans la projection abstraite d’une immigration largement au travail, une économie moderne devrait se garder des effets corrosifs d’une dépendance trop marquée à la « main-d’œuvre étrangère » – pour reprendre les termes quelque peu surannés de Terra Nova, qui attestent d’une certaine persistance rétinienne des Trente Glorieuses. Cette situation dissuade les investissements en capital, qui permettent d’améliorer la productivité (et d’économiser de la main-d’œuvre).

Certains secteurs globalement protégés de la concurrence internationale – la restauration, les services à la personne, le gardiennage et la sécurité… – peuvent s’en satisfaire à titre transitoire. Mais pour les autres, jetées dans le bain de la mondialisation, qui doivent préserver ou faire croître leur productivité et leur capacité d’innovation, l’enjeu est tout autre. Il s’agit de repenser en profondeur les modes de production, voués à devenir moins intensifs en main-d’œuvre, portés par la révolution de l’intelligence artificielle et les capacités d’automatisation qui en découlent. L’avenir de l’économie française est là, plutôt que dans les faux-semblants de Terra Nova.

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/nicolas-pouvreau-monti-contrairement-a-ce-qu-avance-la-note-de-terra-nova-la-france-n-a-pas-besoin-de-plus-d-immigration-20250514


Atlantico, 14 mai

L’immigration, bonne ou mauvaise chose pour l’économie ? Il serait temps que les économistes en dressent un tableau complet

Alors que la question est régulièrement débattue, le think tank de gauche Terra Nova vient de publier une note indiquant que l’économie aurait besoin de 250 000 à 310 000 travailleurs immigrés chaque année jusqu’à au moins 2040.

Full text :  https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/05/14-mai-1.pdf

Link: https://atlantico.fr/article/decryptage/limmigration-bonne-ou-mauvaise-chose-pour-leconomie-il-serait-temps-que-les-economistes-en-dressent-un-tableau-complet-terra-nova-don-diego-de-la-vega-jean-paul-gourevitch


Neue Zürcher Zeitung, 14 mai

«Mohamed wird eher angezeigt als Moritz» – wirklich? Frank Urbaniok entlarvt die Mythen, mit denen Medien und Experten Kriminalität von Migranten verschleiern

Warum tauchen Einwanderer aus Syrien, Afghanistan und Nordafrika häufiger in Kriminalitätsstatistiken auf? In seinem Buch «Schattenseiten der Migration» gibt der Psychiater beunruhigende Antworten.

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Über mangelnde Aufmerksamkeit kann sich Frank Urbaniok nicht beklagen. Er gibt Interviews, debattiert im Fernsehen mit dem grünen Nationalrat Balthasar Glättli und versucht dem Radiopionier Roger Schawinski zu erklären, warum er kein Populist sei. Die linke «Wochenzeitung» attackiert ihn als «profilneurotischsten Psychiater der Schweiz» – und wirft ihm Rassismus vor.

Schon als langjähriger Chefarzt des Psychiatrisch-Psychologischen Dienstes des Zürcher Justizvollzugs war Urbaniok ein gefragter Gast in den Medien, unter anderem als Experte für Gewalttäter, von denen er nach eigenen Angaben Hunderte kennengelernt hat. «Gutachter des Bösen» nannte man ihn, «Wegsperrer der Nation». Grund für die gegenwärtige Aufregung ist Urbanioks Buch «Schattenseiten der Migration», in dem er Zusammenhänge zwischen Migration und Kriminalität untersucht.

Radikale religiöse Überzeugungen, höhere Akzeptanz für Gewalt

Seine Befunde stützen sich auf Zahlen aus Deutschland, Österreich und der Schweiz. Sie sind beunruhigend: Männer aus Ländern wie Algerien, Afghanistan, Syrien, Marokko, Tunesien, dem Irak, Somalia oder Rumänien begehen im Vergleich mit Inländern und anderen Migrantengruppen deutlich mehr Delikte wie Raub, Körperverletzung, Mord oder Sexualstraftaten.

Bei schweren Körperverletzungen waren Algerier laut Urbaniok 35 Mal so häufig tatverdächtig wie Deutsche; bei Sexualdelikten waren sie es 19 Mal so häufig. Auch in der Schweiz stellt der Psychiater eine massive Übervertretung der erwähnten Herkunftsländer fest.

Bei seinen Berechnungen stützt er sich nicht nur auf polizeiliche Statistiken über Tatverdächtige, sondern auch auf Zahlen über verurteilte Straftäter und Insassen von Gefängnissen. Da in allen drei deutschsprachigen Ländern dieselben Herkunftsregionen überrepräsentiert sind – vor allem Nordafrika sowie der Nahe und der Mittlere Osten –, kommt er zum Schluss, Gewalt habe viel mit «kulturspezifischen Prägungen» zu tun. Etwa mit einer höheren Akzeptanz, Konflikte mit Gewalt zu lösen, oder einer verbreiteten Affinität für radikale religiöse Überzeugungen.

Als Konsequenz fordert der Psychiater eine Abschaffung des individuellen Asylrechts für Migranten aus Herkunftsländern mit hoher Kriminalitätsquote. Stattdessen plädiert er für Kontingente. Urbaniok geht so weit, Einwanderungsländer wie die Schweiz mit einem Haus zu vergleichen, in das man auch nicht jede Familie einladen würde, wenn sie dauernd für Ärger sorgt. Dass er sich damit dem Vorwurf aussetzt, er wolle Kollektivstrafen aufgrund ethnischer Merkmale, ist nachvollziehbar.

Hitze ist schuld an Schlägereien im Schwimmbad

Trotzdem ist Urbanioks Analyse aufschlussreich. Dies auch, weil sie verbreitete Erklärungsmuster für hohe Kriminalitätsquoten hinterfragt. Medien, Experten und Politiker versuchen kulturelle Ursachen von Gewalt oft zu verdrängen, indem sie auf Umstände verweisen, für die die Täter nichts können. Als in Zürich ein Syrer Homosexuelle mit einem Messer attackierte, behauptete die grüne Sicherheitsvorsteherin Karin Rykart reflexartig, diese Gewalt habe mit Armut zu tun, nicht mit Homophobie.

Die Wissenschaftssendung «Planet Wissen» der ARD erklärte die zunehmenden Schlägereien und sexuellen Übergriffe von jungen Männern in deutschen Schwimmbädern vor zwei Jahren mit dem Klimawandel. Denn dieser sorge für mehr Hitze und damit mehr Aggressionen. Dabei räumte selbst die damalige SPD-Innenministerin Nancy Faeser ein, man habe es mit offensichtlicher «Gewalt aus migrantischen Milieus» zu tun.

Die bequemste Erklärung: Wer als Fremder gilt, wird angezeigt

Frank Urbaniok spricht in diesem Zusammenhang etwas martialisch von einer «Propaganda-Truppe», die mit dem immer gleichen «Standard-Argumentarium» die Realität verschleiere. Zum Inhalt dieser «Beruhigungspillen» gehört laut Urbaniok der Hinweis, Kriminalität habe nichts mit kultureller Prägung zu tun, sondern mit sozialen Ursachen wie Armut und Diskriminierung. Beliebt sei auch die Behauptung, als fremd eingestufte Personen würden eben viel schneller bei der Polizei gemeldet, nach dem Motto: «Mohamed wird eher angezeigt als Moritz.»

Diese Argumente zerlegt Urbaniok anhand von vielen Zahlen. Tatsächlich ist Armut keine Erklärung dafür, dass Attacken auf Juden und Homosexuelle in Deutschland, Österreich, der Schweiz, den Niederlanden oder Frankreich oft von Männern aus muslimischen Ländern ausgehen, aber kaum von Vietnamesen, Chinesen oder Thailändern, die sozial nicht bessergestellt sein dürften.

Die Legende «Mohamed wird eher angezeigt als Moritz» entlarvt Frank Urbaniok mit einem einfachen Hinweis: Bei Gewalt- und Sexualdelikten braucht es oft keine Anzeige, weil die Staatsanwaltschaft in solchen Fällen von sich aus ermitteln muss. Auch Spitäler sind verpflichtet, bei Verdacht auf Gewalt die Ermittlungsbehörden einzuschalten.

Diese Mechanismen, so stellt Urbaniok fest, seien in den Medien offensichtlich nur wenigen bewusst. «So viel zum kritischen Reflexionspotenzial vieler Journalisten.» Wie unbeirrbar gewisse Medien an scheinbar beruhigenden Erklärungen festhalten, zeigen Beispiele aus den letzten Tagen. Die «WoZ», die Frank Urbaniok Rassismus unterstellt, erklärt den hohen Ausländeranteil in Gefängnissen ganz einfach damit, dass «die Ausländer:innen» eher beobachtet, kontrolliert und angezeigt würden – weshalb man sie auch eher verurteile und einsperre.

Jung, männlich, sozial benachteiligt?

In der ARD-Sendung «Monitor» versuchte der Moderator Georg Restle kürzlich, die Aussagekraft der deutschen Kriminalstatistik zu zerreden, indem er sich mit Wollmütze und Windjacke bekleidet an Bahnhöfe und andere Hotspots von Kriminellen begab. Sein Befund: Ausländer würden in der Statistik nur deshalb herausstechen, weil es unter ihnen mehr junge Männer und «sozial Benachteiligte» gebe. Auch wenn es um Sexualdelikte gehe, dominiere «das Bild vom gefährlichen Ausländer».

Zu Unrecht, wie Restle anhand der Statistik über Gruppenvergewaltigungen zu beweisen versucht: Da seien die Täter mehrheitlich Deutsche. Dem Publikum verschweigt er allerdings, dass der Ausländeranteil unter den Tatverdächtigen 2022 bei rund 50 Prozent lag. Bei 789 registrierten Fällen stammten 210 Verdächtige aus Syrien, Afghanistan, dem Irak und der Türkei – womit all diese Länder deutlich übervertreten waren.

Wenn Frank Urbaniok fordert, «die Zahlen auf den Tisch zu legen» und eine faktenbasierte Diskussion zu führen, ist ihm beizupflichten. Sein Befund, wonach Probleme mit Migranten in den meisten westlichen Demokratien «weitgehend bagatellisiert und tabuisiert» werden, mag angesichts seiner Medienpräsenz überzogen sein. Aber dass offenbar kein bekannter Verlag sein Buch verlegen wollte, ist auch bezeichnend.

Frank Urbaniok: Schattenseiten der Migration. Zahlen, Fakten, Lösungen. Voima-Verlag, Horgen 2025. 282 S., Fr. 23.–.

https://www.nzz.ch/feuilleton/frank-urbaniok-schattenseiten-der-migration-medien-kriminalitaet-ld.1883000


The Economist, 13 mai

Clamping down : Britain has had it with mass immigration

But immigrants might not have had it with Britain

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In april britain’s prime minister delivered a forceful speech on immigration. Migrants should be celebrated, he said, for they make a “huge contribution” to the country. Far from being a burden on public services, they are often the very people delivering those services. Almost all follow the rules. Those who claim that migration is out of control are “simply wrong”.

That was Sir Tony Blair, in April 2004. The current occupant of 10 Downing Street, Sir Keir Starmer, speaks rather differently. Britain has become “a one-nation experiment in open borders”, he argued while unveiling a new immigration policy on May 12th. Unrestrained immigration has caused “incalculable” damage to the country, straining public services. His government will “close the book on a squalid chapter for our politics, our economy and our country.”

Sir Keir insists that his anti-immigration stance is not motivated by low political considerations. He is cracking down on migration because it is the right thing to do; nobody should be under the impression that he is “targeting these voters” or “responding to that party”. Most of Britain will be under exactly that impression.

Reform UK, a searingly anti-immigration party, now comes top in many polls of voting intention. In local elections on May 1st it humiliated both Labour and the Conservative Party—which has also turned in a nativist direction. Polling by Ipsos in April shows that immigration is seen as the second-most-important issue in Britain, after the economy. For Conservative and Reform supporters, it is the most important issue.

Britain has certainly seen a lot of movement in the past few years. For much of the 2010s net migration (immigration minus emigration) was between 200,000 and 300,000 people a year. Covid-19 cut it to almost nothing. Then it surged, reaching 900,000 in the year to June 2023. Whereas most immigrants in the 2010s were Europeans, the great majority now are from farther afield.

But Sir Keir is wrong to say that Britain has conducted an experiment in open borders. The country’s borders were open before the country left the EU, although only to Europeans. Since 2021 Britain has controlled immigration from all countries. It has chosen to place the bar low. Salary thresholds for skilled workers were initially set at modest levels; health and social-care workers have been welcomed; foreign students have been able to work in Britain after graduating. The low bar for workers, and generous policies towards persecuted Hong Kongers and Ukrainians, have pushed up migration numbers.

Next week the Office for National Statistics will release new estimates of net migration over the past year. They will almost certainly show a dramatic fall. The bar for work visas was raised in April last year (under the Tories), and few Hong Kongers or Ukrainians are arriving these days. But the government is determined to push the figure lower still. “Net migration must come down so the system is properly managed and controlled,” argues Yvette Cooper, the home secretary.

To do that, the government will press down on almost every kind of immigration. Eligibility for work visas will be restricted, and care workers will no longer receive them. Companies that want to hire foreigners will have to convince a new outfit, the Labour Market Evidence Group, that they are straining to train natives. Graduates will be given work visas for 18 months, not two years as at present. People who want to join their spouses in Britain will have to speak basic English.

Most striking—though at present most vague—are the government’s plans to make some migrants wait longer for settlement and citizenship. At present many can apply for settlement after five years. In future migrants will have to wait ten years, unless they can show that they have contributed to British society and the economy. Further details are promised.

To misquote P.G. Wodehouse, it is not at all difficult to distinguish between the government’s plan and a ray of sunshine. The worst is assumed of everyone. Immigrants are assumed to be undercutting native workers. Businesses are said to be hooked on them. Student visas are being misused, as is the asylum system. Community cohesion is being eroded. The fact that Britain is rather good at integrating immigrants and their offspring, which struck Sir Tony in 2004 and is even truer today than it was then, is not mentioned.

Two dangers lurk in this. The first is that only some people will notice that Britain is sticking two fingers up to the world, and they will not be the ones that the government wishes to deter. Asylum-seekers, who numbered a record 108,000 in 2024, are often ignorant of policy changes. An American software engineer with a phd is likely to be better informed, perhaps as a result of reading this article. A survey of foreign workers by the Home Office, released the same day as the immigration plan, revealed (unsurprisingly) that people with more qualifications, who came from Europe, Australia and the Americas, were more likely to have mulled other options before moving to Britain.

The second danger is that the plan fails on its own terms. Immigration and net migration are very hard to forecast. The surge in work migration after 2020 was unexpected, as was the full-scale invasion of Ukraine that caused so many people to flee. A mass migration of eastern Europeans, which began soon after Sir Tony’s speech in 2004, surprised many, too.

Ms Cooper sees control over immigration and lower numbers as the same thing, but they are not. Britain can impose restrictions on more people and end up with more migrants, as recent history has shown. If the closely watched net-migration figure creeps up in a few years’ time, ministers will doubtless argue that the circumstances are highly unusual, and that everything is under control. Nobody will believe them. Nor should they. ■

https://www.economist.com/britain/2025/05/12/britain-has-had-it-with-mass-immigration


Le Figaro, 12 mai

Les premiers réfugiés blancs d’Afrique du Sud arrivent dans l’Amérique de Donald Trump

Fuyant une économie en berne et des persécutions qu’ils dénoncent depuis longtemps, ces Sud-Africains ont bénéficié d’un traitement hors-norme grâce à un décret signé en février dernier par le président Trump qui s’intéresse à eux depuis 2018.

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Dimanche soir, à l’aéroport de Johannesburg, une cinquantaine d’Afrikaners sud-africains ont quitté leur pays. Direction Washington, où ces descendants des colons néerlandais, français ou anglais atterriront aujourd’hui en tant que premiers réfugiés officiels dans le cadre du décret 14204 signé par le président Donald Trump le 7 février 2025. Le texte, qui fait partie des 141 « executive orders » validés par le locataire de la Maison-Blanche depuis son retour au pouvoir, était quelque peu passé inaperçu.

Au milieu des textes préparant la guerre commerciale avec les alliés et voisins des États-Unis, de ceux visant à crever l’abcès des programmes de diversité et d’inclusion dans les entreprises et les universités, ou encore de celui prévoyant d’absoudre les participants à l’invasion du Capitole du 6 janvier 2021, ce petit arrêt prévoit de s’occuper « des actions scandaleuses de la République d’Afrique du Sud ». Le gouvernement sud-africain a fait savoir son inquiétude quant à cette politique américaine mais n’a pas cherché à s’opposer au départ de ces familles. Leur passage et leur traitement à l’aéroport ont même été facilités, selon des journalistes sur place.

Ainsi, le 45e et 47e président réputé pour n’avoir que faire du continent noir entend ainsi s’occuper de la situation des Blancs en Afrique du Sud. L’arrivée de ces premiers réfugiés confirme des informations relayées par de nombreux médias américains citant des sources officielles au sein de l’administration ces derniers jours. Le processus d’obtention du statut de réfugié, qui d’habitude peut prendre entre un an et demi et deux ans, aura donc été expédié en trois mois à peine pour ceux auxquels Donald Trump s’intéresse depuis son premier mandat.

Un projet qui date de 2018

C’était en 2018. Ses avocats et associés, Michael Cohen et Paul Manafort, étaient empêtrés dans des affaires judiciaires. Alors, pour faire diversion, comme à son habitude, Trump avait annoncé avoir demandé au secrétaire d’État d’alors, Mike Pompeo, « d’étudier de près les saisies et expropriations de terres et de fermes en Afrique du Sud, ainsi que les massacres à grande échelle d’agriculteurs ». Et de répondre ainsi de manière positive à l’épineuse question : « y a-t-il un racisme anti-Blanc en Afrique du Sud ? » Scandale, déjà à l’époque : la situation de cette partie de la population dans le pays a toujours eu mauvaise presse.

Qu’importe les discours belliqueux et racistes d’hommes politiques comme Julius Malema (tête de gondole de l’EFF, un parti d’extrême gauche), qui, dans les années 2010, faisait chanter « tuez les Boers, tuez les fermiers » à ses partisans : pour beaucoup d’observateurs, encore aujourd’hui, les Blancs ne peuvent pas être des victimes en Afrique du Sud puisqu’ils sont coupables de l’apartheid. En réalité, l’histoire de la persécution présumée des Blancs par les Noirs en Afrique du Sud est surtout celle du démantèlement économique du pays par la classe politique au pouvoir depuis le départ de Nelson Mandela.

L’épineuse question des terres

L’ANC, qui règne de manière hégémonique sur le pays depuis trois décennies, a échoué à poursuivre le rêve d’unité nationale de son ancien patron ; a échoué aussi à s’occuper des Blancs comme des Noirs ou des autres communautés « coloured » de sa population ; et a précipité le pays dans le gouffre, notamment sous la présidence catastrophique et corrompue de Jacob Zuma (neuf ans de mandat). Sans être allé jusqu’à imiter le Zimbabwe voisin et les réformes sanglantes de Robert Mugabe dans les années 2000, les gouvernements successifs ont tenté de combler leur échec économique en organisant des programmes similaires d’expropriations des fermiers blancs au profit des Noirs. Pour l’Afrique du Sud, l’une des données principales circulant est celle démontrant que les Blancs possèdent encore plus de terres que les Noirs.

Sauf qu’au Zimbabwe, l’échec de ces politiques d’expropriation et de redistribution fut total. Pour tout le monde : l’économie du pays, l’agriculture (dans un pays où deux tiers des habitants sont menacés par la famine), pour les Blancs… et pour les populations noires qui étaient censées être indemnisées par ces sanglantes réformes agraires. En 2022, le gouvernement zimbabwéen avait d’ailleurs rétropédalé en commençant à redistribuer des terres inexploitées octroyées aux agriculteurs noirs.

Des revendications communautaires

Les populations blanches d’Afrique du Sud n’ont pas attendu Donald Trump pour prendre leur situation en main. Beaucoup se résignent à la situation actuelle du pays et tentent, comme tout le monde là-bas, de survivre au désastre économique. Les indices pour commenter la chute sont nombreux : à commencer par le taux de chômage, qui a augmenté d’environ un demi-point par an depuis 1994, pour atteindre 30 % – l’un des plus élevés au monde.

Mais d’autres ont pris les devants du président américain. En témoigne la ville d’Orania, dans le Karoo, ou le mouvement des Suidlanders. La première est la manifestation physique du projet avorté des républiques boers du Transvaal et d’Orange Free State, qui ne cesse de grandir depuis sa création en 1991. Ses 3000 habitants, tous blancs, revendiquent l’article 14 de la Constitution prévoyant « la reconnaissance du droit à l’autodétermination de toute communauté partageant un héritage linguistique et culturel commun, au sein d’une entité territoriale ou de toute autre manière reconnue par la législation nationale ».

Plus politisés et plus catastrophistes, les Suidlanders, eux, anticipent un effondrement de la société sud-africaine. Fondés en 2006, ils se définissent comme : « une initiative pour préparer la minorité chrétienne protestante sud-africaine à une révolution violente imminente. » Le profil des réfugiés blancs accueillis dans le cadre du décret de Donald Trump n’est pas encore connu. Leur démarche, cependant, n’est pas forcément représentative de la majorité blanche sud-africaine. Beaucoup, à l’instar d’Orania, considèrent que les terres qu’ils occupent sont celles de leurs ancêtres et que, par conséquent, ils ne doivent jamais les quitter. « C’est triste de les voir partir», nous dit-on depuis Orania sur Whatsapp. «De ce que nous savons, ils n’ont aucun lien avec nous. Notre message à l’administration Trump a toujours été le même : de nous aider. Mais notre projet n’est pas d’être des réfugiés dans un pays étranger.»

https://www.lefigaro.fr/international/les-premiers-refugies-blancs-d-afrique-du-sud-arrivent-dans-l-amerique-de-donald-trump-20250512


Neue Zürcher Zeitung, 10 mai

Ist Deutschland in der Asyl-Notlage? Friedrich Merz dementiert. Dennoch lässt er Asylmigranten an der Grenze zurückweisen

Deutschlands Kanzler wollte ursprünglich eine Notlage ausrufen lassen, um Zurückweisungen an der Grenze zu ermöglichen. Jetzt möchte er davon nichts mehr wissen. Das hat auch mit seinem Koalitionspartner zu tun.

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Der deutsche Kanzler Friedrich Merz versprach im Wahlkampf die asylpolitische Wende. Der Christlichdemokrat kündigte an, eine Regierung unter seiner Führung werde auch Asylsuchende an der Grenze zurückweisen lassen. Innenminister Alexander Dobrindt liess dem Taten folgen: Die Bundespolizei könne alle illegal eingereisten Migranten an den nationalen Grenzen zurückweisen, sagte er kurz nach Amtsantritt an diesem Mittwoch – auch solche, die Asyl begehren. Doch einen Tag darauf setzte Verwirrung ein.

Stein des Anstosses war ein Bericht des «Welt»-Vizechefredaktors Robin Alexander, wonach Deutschland eine «nationale Notlage» nach Artikel 72 des Vertrags über die Arbeitsweise der Europäischen Union ausgerufen habe. Das Innenministerium habe die Botschafter der Nachbarländer darüber unterrichtet. Nach einer gängigen Rechtsauffassung ist eine solche Notlage notwendig, damit Deutschland Asylsuchende zurückweisen kann.

Dann dementierte der Regierungssprecher Stefan Kornelius: Er teilte der «Bild»-Zeitung mit, Merz wolle «keinen nationalen Notstand in Kraft setzen». Am Freitag äusserte sich schliesslich Merz persönlich. Er sagte an einem Termin in Brüssel, niemand habe die Notlage ausgerufen: «Es gibt keinen deutschen Alleingang». Auf der Plattform X schrieb er, Deutschland gehe «im Einklang mit dem europäischen Recht» vor.

Zumindest terminologisch hat damit der Christlichdemokrat eine Kehrtwende vollzogen. Denn noch im vergangenen Jahr sah Merz die Sache anders.

Ein taktisches Zugeständnis an die SPD und die Nachbarn

Deutschland müsse eine Notlage nach Artikel 72 des Vertrags über die Arbeitsweise der Europäischen Union ausrufen, um die Dublin-III-Vereinbarung temporär auszusetzen, sagte der damalige Oppositionsführer kurz nach dem Terroranschlag eines abgelehnten Asylbewerbers in Solingen. Laut der Vereinbarung muss jeder EU-Mitgliedsstaat Asylanträge von Migranten zunächst auf seinem eigenen Territorium prüfen, bevor er sie gegebenenfalls in einen anderen Mitgliedsstaat überstellt. Die SPD lehnte allerdings den Vorstoss ab.

Zwei Faktoren dürften für die derzeitige Kehrtwende des Kanzlers und seines Innenministers ausschlaggebend gewesen sein: die Kritik mehrerer Nachbarstaaten an den verschärften Grenzkontrollen und der Unmut des sozialdemokratischen Koalitionspartners.

Aus dem Eidgenössischen Polizei- und Justizdepartement hiess es am Mittwoch, Deutschland habe mit seinen Zurückweisungen begonnen, ohne sich zuvor mit der Schweiz abgestimmt zu haben. «Systematische Zurückweisungen an der Grenze verstossen aus Sicht der Schweiz gegen geltendes Recht», teilte Justizminister Beat Jans auf X mit. Österreich und Polen kündigten an, keine an der deutschen Grenze zurückgewiesenen Asylmigranten zurücknehmen zu wollen. Am Donnerstag soll auch der Vizekanzler und SPD-Fraktionschef Lars Klingbeil irritiert reagiert haben.

Klingbeil habe Merz nach dem Erscheinen des «Welt»-Berichts telefonisch darauf hingewiesen, dass das Ausrufen einer Notlage nicht mit der SPD abgesprochen gewesen sei, berichtete «Table Media». Tatsächlich ist im Koalitionsvertrag von keiner Notlage die Rede. Darin heisst es nur, Deutschland werde Asylsuchende «in Abstimmung» mit seinen europäischen Nachbarn an den gemeinsamen Grenzen zurückweisen.

Der endgültige Bruch mit der Willkommenskultur

Zur Rechtsgrundlage der neuen Asylpolitik äusserte sich Dobrindt bislang nur auf Nachfrage. Am Mittwoch nannte er Paragraf 18 des deutschen Asylgesetzes, laut dem Ausländern aus sicheren Drittstaaten die Einreise verweigert werden kann – und zwar «in Verbindung mit bilateralen Verträgen und Artikel 72» des Vertrags über die Arbeitsweise der Europäischen Union. Von einer nationalen Notlage sprach er nicht. Auch in der ZDF-Talkshow «Maybrit Illner» mied er dieses Begriffspaar.

Dabei hat dieser Vorgang eine juristische Pointe, wenn es nach dem Rechtswissenschafter Daniel Thym von der Universität Konstanz geht. Gemäss Thym muss Deutschland offiziell gar keine Notlage ausrufen, damit Artikel 72 des Vertrags über die Arbeitsweise der Europäischen Union greift. Seiner Auffassung nach lag die europarechtlich definierte Ausnahmesituation ab dem Moment vor, als Dobrindt die neuen Zurückweisungen anordnete.

Es sei nicht entscheidend, ob die Regierung öffentlich von einer Notlage spreche oder nicht, sagte Thym im Podcast des «Bild»-Journalisten Paul Ronzheimer. Letztlich werde der Europäische Gerichtshof in Luxemburg zu klären haben, ob die neue deutsche Asylpolitik mit dem Europarecht vereinbar sei.

Ob mit offiziell erklärter Notlage oder ohne: Das Vorgehen des deutschen Innenministers markiert den endgültigen Bruch mit der Willkommenskultur, die die frühere Kanzlerin Angela Merkel während der Flüchtlingskrise 2015 ausgerufen hat. Der damalige Innenminister Thomas de Maizière wies damals die Bundespolizisten an, auch illegal eingereiste Migranten aus EU-Mitgliedsstaaten einreisen zu lassen, sofern sie nur Asyl begehrten.

Dobrindt hat diese mündliche Weisung nun offiziell zurückgenommen. Damit ist es den Bundespolizisten wieder möglich, Asylsuchende an den nationalen Grenzen zurückzuweisen.

https://www.nzz.ch/international/zurueckweisungen-ohne-offizielle-notlage-merz-hat-seinen-asyl-kurs-geaendert-ld.1883596


The Economist, 7 mai

Baby rights Why does America have birthright citizenship?

It aids assimilation and is more widespread than the administration admits

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DONALD TRUMP’s order “boggles the mind”, a district judge remarked during the president’s first week back in the White House. He was referring to an executive order of January 20th directing that only children of citizens and permanent residents could be granted birthright citizenship. By excluding both undocumented immigrants and people temporarily working or studying in America, his directive was “blatantly unconstitutional”, said John Coughenour, who then blocked the order temporarily.

It is easy to understand his incredulity. The 14th Amendment says all those “born or naturalised in the United States, and subject to the jurisdiction thereof, are citizens”. This had long been understood to mean that any child born on American soil instantly became a citizen, no matter what the status of their parents was. Mr Trump and his allies have taken another look at the 14th Amendment’s language, however, hoping to persuade courts that it has been misinterpreted. A case touching on Mr Trump’s executive order will come before the Supreme Court in May, but that matter concerns a separate (and important) question about which judges have the power to issue nationwide injunctions while lawsuits are decided. Whenever the merits of Mr Trump’s birthright order reach the high court, the president is unlikely to be successful, legal scholars say.

Perhaps Mr Trump knows that, but relishes the fight as part of his wider political and deterrence campaign to keep out unwanted foreigners by all means possible. In any event, the struggle over his order raises questions many Americans had not previously had reason to consider: why does America have birthright citizenship, and what would happen if it were abolished?

Mr Trump is fond of saying that the United States is the only country that has such a thing. This is untrue. European countries have restrictions on birthright citizenship, but the policy is common across the Americas (see map). This Atlantic divide dates back to settler societies using birthright citizenship as “an engine of assimilation”, says Peter Spiro, a professor at Temple University’s law school. This possibility ended for many with the notorious 1857 Dred Scott Supreme Court decision, which held that black people were not and could never be Americans. The sweeping language of the 14th Amendment, passed in the wake of the civil war, sought in part to pre-empt another such ignoble ruling. Since then, universal birthright citizenship for everyone has been supported by “long-standing judicial precedent, executive branch practice, congressional practice”, says Amanda Frost, a law professor at the University of Virginia.

Born in the USA

Mr Trump’s gambit relies on work by conservative scholars who point to the sometimes overlooked “jurisdiction” language of the 14th Amendment. Whereas these words had previously been interpreted to create carve-outs for children of diplomats or Native Americans, some now see in them a requirement for parental “allegiance” to America. That is a question that deserves to be litigated, says Andrew Arthur, a former immigration judge, now at the Centre for Immigration Studies, a think-tank that favours reduced immigration. Even if Mr Trump’s defence of his executive order fails, he says, it will at least resolve a constitutional niggle that has been around for over a century.

If the president succeeds, the change would require a reinvention of America’s ramshackle, decentralised system for keeping birth records. Unlike most other countries, America has no central birth registry—instead states, counties and municipalities issue birth certificates. There are currently 14,000 different kinds in circulation. Despite this, certificates alone have been enough to prove citizenship. In a difference from European countries, just half of Americans have passports.

Consider the melodrama surrounding Real ID, a programme that has attempted to set federal standards for identification but has turned into a long-running fiasco. After a series of delays, it is set to come into force this month, a full 20 years after being passed. Remaking citizenship documentation would be even messier.

Birthright citizenship is so embedded that even estimating how many births Mr Trump’s order would affect is difficult. According to data from the Urban Institute, there are over a million American children under three with only non-citizen parents. Granting citizenship so bountifully risks incentivising young people coming to America to have families, and there is particular opposition to birth tourism, when an expectant mother comes to America exclusively to get citizenship for her child. But there are probably just a few thousand of these births a year, according to the Niskanen Centre, a think-tank.

Researchers have found that birthright citizenship does indeed increase assimilation into a country, as it did in early America. In Germany in 2000 citizenship rules changed, becoming closer to the American system and providing a kind of natural experiment. Economists found that after the reform, immigrant parents spent more time with native Germans, were able to speak more German and began enrolling their children in early education at similar rates to non-immigrant families. “It seems that assimilation outcomes in the United States are better than assimilation outcomes in Europe have been,” says Gil Guerra, of the Niskanen Centre, citing birthright citizenship as one of the causes. If Mr Trump’s order survives at the Supreme Court, then part of the ideal of America’s melting pot will survive with it. ■

https://www.economist.com/united-states/2025/05/01/why-does-america-have-birthright-citizenship


Le Figaro, 1 mai

Alexandre Devecchio : «Titres de séjour pour soin, notre modèle social sacrifié sur l’autel de l’immigration»

LA BATAILLE DES IDÉES – Une note du Laboratoire de la République alerte sur la dérive du titre de séjour pour soin, un dispositif permettant aux étrangers de venir se faire soigner gratuitement en France.

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Les Français connaissaient l’aide médicale de l’État (AME), qui permet aux étrangers entrés illégalement sur le territoire d’être pris en charge gratuitement. En lisant la note du Laboratoire de la République, dirigé par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, révélée par l’hebdomadaire Marianne, ils découvriront abasourdis l’existence d’un autre dispositif encore plus contestable : le titre de séjour pour soin !

Ce dispositif unique au monde, créé il y a vingt-cinq ans par le gouvernement Jospin, reste méconnu du grand public. Il permet à un étranger sans papiers malade d’obtenir une régularisation afin de bénéficier gratuitement de soins en France. Au départ pensé pour répondre au cas particulier des Subsahariens atteints du sida, le dispositif demeure restrictif. Mais la jurisprudence administrative n’a cessé d’élargir son champ d’application.

Un coût difficilement soutenable pour nos finances publiques

Au point qu’une mère de famille de cinq enfants venant de Djibouti a pu obtenir un titre de séjour pour… une PMA ! Son sixième enfant né en France devrait à terme lui permettre d’accéder à la nationalité française et à tous les droits qui en découlent. En vérité, le système est tellement dévoyé qu’il s’apparente à une nouvelle filière d’immigration : dans certains hôpitaux, les médecins refusant d’accepter certains malades car ils constatent qu’ils peuvent être soignés dans leur pays d’origine, se voient ainsi menacés par les passeurs.

Si le coût du dispositif n’a jamais été quantifié ou publié par l’assurance-maladie, le Laboratoire de la République, qui appelle à davantage de transparence, estime que les éléments chiffrés dont nous disposons montrent que celui-ci est difficilement soutenable pour nos finances publiques. En outre, le dispositif a un impact sur la qualité des soins offerts aux patients, la prise en charge gratuite d’étrangers malades contribuant à saturer et fragiliser encore un peu plus un hôpital public déjà au bord du gouffre

N’est-on pas en train de déshabiller les uns pour habiller les autres, d’affaiblir notre système de santé et de protection sociale pour appliquer une forme de préférence étrangère ?

Le sujet des titres de séjour pour soin est loin d’être anecdotique car il fait apparaître nombre de questions plus structurelles pour l’État français. Des problèmes que peu de responsables politiques osent aborder frontalement par souci de politiquement correct. D’abord, encore et toujours, celui de l’État de droit : appartient-il aux juges administratifs d’interpréter et de réécrire la loi au nom de leur vision dévoyée des droits de l’homme ? Deuxièmement, cela conduit à s’interroger sur le coût de l’immigration pour nos finances publiques et l’impact de celle-ci sur nos services publics.

Alors que l’on envisage de dérembourser des médicaments pour les Français et les immigrés qui cotisent, est-il logique de financer les soins d’illégaux non contributeurs ? N’est-on pas en train de déshabiller les uns pour habiller les autres, d’affaiblir notre système de santé et de protection sociale pour appliquer une forme de préférence étrangère ? In fine, si nous souhaitons conserver notre État providence, il nous faudra choisir entre ce dernier et l’ouverture de nos frontières.

C’est le choix qu’a fait la gauche danoise en réduisant drastiquement les flux migratoires. Engluée dans son idéologie diversitaire et ses postures morales, la gauche française est en train de sacrifier sur l’autel de l’immigration de masse son principal héritage historique : notre modèle social.

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/alexandre-devecchio-titres-de-sejour-pour-soin-l-immigration-contre-notre-modele-social-20250430


Atlantico, 30 avril

Vincent Tournier : La France, un enfer raciste et hostile aux musulmans ? Radioscopie d’un mythe très politique

Full text: 

Le meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée de La Grand-Combe (Gard) par Olivier H. un homme de nationalité française issu d’une famille de onze enfants originaire de la communauté des gens du voyage de Bosnie-Herzégovine, a entrainé des réactions à la hauteur de l’émotion suscitée par le geste. Une partie de la gauche s’est emparée du sujet pour avancer son agenda politique, sans attendre le début du commencement de l’enquête. Pour en parler, Vincent Tournier.

La France Insoumise a voulu faire de l’assassinat d’Aboubakar Cissé, le symptôme d’un accroissement de « l’islamophobie ». Mathilde Panot a par exemple apostrophé sur X la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet : « La minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé aura bien lieu malgré le premier refus de la Présidente de l’Assemblée et de Le Pen. Nous n’avons rien lâché. C’est notre honneur que la représentation nationale n’accepte pas de banaliser un crime islamophobe aussi grave. Il en va des principes de notre République ! » Pourquoi LFI qui hurle souvent à la récupération, ce fut le cas pour le meurtre de Philippine par un migrant, n’attend pas les avancées de l’enquête ? Quel intérêt trouve la formation de Jean-Luc Mélenchon dans l’exploitation de ce drame ?

Vincent Tournier : LFI a sorti d’artillerie lourde dans cette affaire, jusqu’aux larmes de Jean-Luc Mélenchon, lui qui n’a guère habitué à tant d’émotion. Cette stratégie de récupération n’est pas sans risque tant elle révèle au grand jour que LFI n’accorde pas la même valeur à toutes les victimes de violence. De plus, s’il se confirme que l’auteur du crime est issu de la communauté des gens du voyage, LFI va se retrouver face à une redoutable contradiction par rapport à son idéal diversitaire, d’autant que, malgré les apparences, les motivations du tueur ne sont pas encore clairement établies : même le Collectif contre l’islamophobie en Europe (ex-CCIF), pourtant prompt à voir de l’islamophobie partout, n’a publié aucun communiqué sur le drame de La Grand-Combe.

L’attitude démonstrative de LFI s’explique par deux facteurs. Il y a d’abord un évident objectif de conquête électorale. L’analyse de LFI n’est pas très éloignée de celle que faisait jadis Marx à propos de la paysannerie française, à savoir que la population musulmane, apathique et divisée, n’a pas pris conscience de son rôle en tant que force historique. L’idée est alors que seul un acteur extérieur est en mesure de lui donner une voix, et cet acteur ne peut être que La France insoumise. Cette stratégie est judicieuse mais elle n’est pas assurée d’être gagnante à terme car les électeurs musulmans risquent d’avoir du mal à se reconnaître dans le programme de LFI, notamment son volet sociétal (le féminisme, le mariage gay, le transgenrisme). C’est d’ailleurs pour cela que LFI porte l’essentiel de ses efforts sur la cause palestinienne, seule cause qui semble réellement interpeler l’électorat musulman.

Il y a ensuite un enjeu interne à la gauche. Il se trouve en effet que la Grand-Combe est une mairie communiste depuis de nombreuses décennies. Si le PCF est très affaibli sur le plan électoral, il représente encore une force conséquente au niveau local. Or, celui-ci a opté pour une stratégie opposée à celle de LFI, comme on l’a vu pendant la dernière élection présidentielle où Fabien Roussel s’est fait le défenseur de la gastronomie française. Autrement dit, le PCF joue une carte de nature plus nationaliste que communautariste dans le but de conserver ou conquérir un électorat populaire attiré par l’abstention ou le vote RN. Cette divergence de stratégie crée des tensions très fortes au sein de la gauche. Cette tension existe notamment à La Grand-Combe, où la maire Laurence Balbit a subi de nombreuses menaces et attaques depuis son élection. En décembre dernier, elle a notamment été l’objet d’une rumeur malveillante disant qu’elle s’était opposée aux repas halal lors d’une foire locale. Manifestement, il s’agit d’une tentative de déstabilisation qui passe par des visées sur l’électorat musulman.

Dans ce contexte, LFI a donc tout intérêt à utiliser le drame de La Grand-Combe pour tenter de fragiliser le PCF en montrant aux musulmans que seule la France insoumise est de leur côté. La marche blanche avait d’ailleurs cet objectif, et c’est pourquoi elle a été organisée précipitamment, avant même de connaître les résultats de l’enquête de police. Remarquons au passage que cette marche blanche partait de la mosquée pour finir à la mairie : tout un symbole. En refusant d’y participer, Laurence Baldit a fait preuve de courage mais elle risque de le payer cher sur le plan électoral.

Vincent Tournier : La polémique actuelle n’a rien de nouveau. Elle ne fait que confirmer que le terme d’islamophobie est devenu un marqueur politique, au centre d’un antagonisme politique majeur. D’un côté, il est revendiqué par ceux qui pensent que les musulmans sont des victimes et qui rejettent les critiques envers la religion musulmane au nom du fait que toutes les critiques portent préjudice aux croyants. D’un autre côté, il est récusé par ceux qui estiment que, non seulement aucune religion ne doit échapper à la critique, mais de plus que la critique doit être d’autant plus forte dans le cas de l’islam que cette religion est traversée par des courants fondamentalistes qui ont tendance à prendre le dessus.

La première attitude se veut généreuse mais elle n’est pas dénuée d’arrière-pensées politiques. Surtout, elle paraît très éloignée d’une analyse objective de la situation actuelle du monde musulman.

Mais au-delà des clivages politiques, la question est de savoir quelle est la meilleure stratégie pour assurer l’intégration des musulmans en France. L’Etat doit-il laisser la plus grande liberté aux musulmans, avec le risque de voir les courants fondamentalistes contrôler encore plus étroitement la communauté musulmane, ou bien doit-il intervenir afin de préserver les musulmans républicains et créer ainsi un courant libéral équivalent à celui que l’on rencontre dans le christianisme ou le judaïsme ?

Le problème est que, jusqu’à présent, ces deux stratégies semblent coexister. En écoutant les principaux médias, on a même le sentiment que ceux-ci privilégient la première stratégie. C’est le sentiment qui prévaut lorsqu’on écoute les médias sur service public, lesquels ont largement donné la parole ces jours-ci à des personnalités qui tiennent un discours terrible contre l’Etat, refusant toute approche nuancée et compréhensive.

Qui, en France, porte un discours ethniciste dans le champ politique français ?

Vincent Tournier : Il semble bien que toute la société soit désormais incitée à porter un discours ethniciste. C’est la conséquence logique de la recomposition des clivages politiques sous l’effet de la mondialisation et de l’immigration. Les antagonismes socio-économiques ont laissé la place à des antagonismes de type identitaire. Le traditionnel clivage gauche-droite n’a pas disparu, mais il n’est plus aussi structurant qu’autrefois. Deux des trois principaux pôles électoraux actuels, disons la droite radicale et la gauche radicale, se constituent autour de questions identitaires, que ce soit l’identité de la population majoritaire pour le premier, les identités des populations nouvellement arrivées pour le second. On ne réalise pas à quel point cette situation est inédite dans l’histoire de France. Les identités ethnoreligieuses travaillent désormais en profondeur la société. Nous sommes en train de vivre une transformation majeure qui peut s’avérer lourde de menaces pour la cohésion du pays.

L’instrumentalisation du meurtre d’Aboubakar Cissé par LFI entre-t-elle dans une volonté politique assumée de fracturer le corps social, de le diviser en faisant de ce « mythe de la France raciste » le cœur d’un nouveau récit historique justifiant une insurrection ?

Vincent Tournier : La fin de la Guerre froide (1989-1991) a privé la gauche révolutionnaire de son récit émancipateur traditionnel qui était fondé sur la destruction du capitalisme pour faire advenir un paradis terrestre. Le coup a été très rude pour elle. Il lui a fallu du temps pour élaborer un nouveau récit. Celui-ci est désormais bien rodé. Il reprend les codes de l’ancien récit tout en les actualisant : le coupable n’est plus le capitalisme mais la société postcoloniale et patriarcale, et la victime n’est plus le prolétariat mais les femmes et les minorités. On ne parle plus de lutte des classes mais de patriarcat, de racisme systémique et de phobies en tout genre.

Si les éléments du récit ont changé, la fonction reste la même : il s’agit toujours de dénoncer le monde présent et de promettre un avenir meilleur. On exploite ainsi les ressentiments et les insatisfactions que génèrent inéluctablement les sociétés démocratiques modernes, lesquelles créent fatalement un décalage entre les grands principes et leur réalisation. Or, il est très facile de pointer les dysfonctionnements, les insuffisances, les imperfections. On oublie que la pureté et la perfection sont des quêtes impossibles, et même profondément dangereuses. De surcroît, l’objectif du nouveau récit reste opaque. Autant le récit communiste avait le mérite de fixer comme objectif la réalisation des grands principes démocratiques, autant le récit actuel laisse dans le flou car il s’attaque aux grands principes eux-mêmes. L’égalité, la laïcité, la liberté, le progrès, la raison, la science sont dénoncés comme autant de mystifications et de mensonges. Or, si on envoie tous ces principes à la poubelle, par quoi va-t-on les remplacer ?

La question des discriminations est-elle désormais assujettie à des biais cognitifs communautaires, et donc, subjectivée par les acteurs politiques, intellectuels ou médiatiques qui se livrent à une « guerre culturelle » comme les Etats-Unis l’ont connue et la connaissent encore ?

Vincent Tournier : Ce qui est le plus curieux, c’est que la question des discriminations a été érigée en cause sacrée depuis les années 1970, sans que l’on s’interroge vraiment sur la nature même des discriminations, sur leurs raisons d’être. C’est tout le paradoxe : en créant une forme de religion, on a fermé la porte au débat. Résultat : les discriminations sont omniprésentes dans les cercles savants et médiatiques, comme dans les politiques publiques, mais il n’y a plus de réel questionnement. Il ne subsiste qu’une injonction morale : il faut lutter contre les discriminations. On part du principe que les discriminations sont une aberration. Il est donc possible de s’en débarrasser et de créer un monde idéal, comme jadis on pensait pouvoir se débarrasser de la lutte des classes et faire advenir un monde de paix et d’égalité. Tout ceci reste très religieux. On ne sort pas d’une promesse messianique et eschatologique. Du coup, les questions élémentaires ne sont plus posées. Personne ne se risque par exemple à faire remarquer qu’une société qui se diversifie sur le plan ethnique et religieux produit mécaniquement plus de discriminations dans la mesure où les individus préfèrent toujours se regrouper entre eux. De plus, on ne réalise pas que la lutte contre les discriminations envoie un message très méprisant car cela revient à lancer une terrible accusation conte la population majoritaire, laquelle se voit accusée de ne pas être à la hauteur des élites et d’être responsable de tous les malheurs du pays.

https://atlantico.fr/article/decryptage/la-france-un-enfer-raciste-et-hostile-aux-musulmans-radioscopie-dun-mythe-tres-politique-tournier


The Guardian, 27 avril

‘One mistake and their Germanness is gone’: how idea of stripping citizenship for crimes spread across Europe

Recent proposals put forward in countries such as Sweden, Finland and Germany reflect wider shift, say analysts

Full text: 

The plans, hatched by Sweden’s rightwing government with support of its far-right backers, made waves around the world. Politicians said they were working to strip citizenship from dual nationals who had been convicted of some crimes.

It was a hint of a broader conversation taking place in capitals around the world. As far-right and nationalist parties steadily gain political ground, analysts say that citizenship is increasingly being linked to crime, giving rise to a shift that risks creating two classes of citizens and marginalising specific communities.

The roots of these changes can be traced back partly to the early 2000s when the UK government – led at the time by Tony Blair – began casting citizenship as a privilege rather than a right, said Christian Joppke, a sociology professor at the University of Bern.

The UK government posited citizenship as something to be “earned”, making it harder to obtain and easier to lose. “This idea of earned citizenship is that if you do wrong, you should also be able to lose it,” said Joppke. Recent proposals put forward in countries such as Sweden, Finland and Germany seemingly take this one step further, he added. “The new proposals now suggest that if you do any kind of serious crime, that should also allow for the possibility to withdraw citizenship – that is quite new.”

Days after Sweden announced plans to eventually change the constitution so that people convicted of crimes like espionage or treason could be stripped of their Swedish passports, a handful of politicians in Iceland began calling for similar changes for those convicted of serious crimes. Months earlier, the Dutch government said it was exploring the possibility of revoking citizenship for serious crimes that have “an antisemitic aspect”.

The concept also made a cameo in Germany’s February election after Friedrich Merz – whose centre-right CDU/CSU bloc emerged victorious in the ballot – told the newspaper Welt it should be possible to revoke German citizenship in the case of dual nationals who commit criminal offences.

The proposal was swiftly criticised, with one political commentator pointing out that it would result in some being “Germans on probation” for their entire lives. “They can never truly be German. One mistake, one crime – and their Germanness is gone,” the journalist and political commentator Gilda Sahebi wrote on social media. “It doesn’t matter if they were born here or if their family has lived in Germany for generations.”

Merz’s idea, she added, had laid bare the normalisation of “racist discrimination” in that, “in other words,” he was calling for remigration – the concept long-peddled by far-right, anti-immigrant parties and which, in Germany, calls for the mass deportation of migrants, including those with German citizenship.

For Joppke, it was little coincidence that citizenship was being reframed just as the far-right was tightening its grip on power across the continent. Instead, he described it as one of the few options for politicians on the right of the spectrum. “What can states promise? The golden age of democracy once promised two cars per family, a house, a stable job. Now all this is gone,” he said.

Instead governments had homed in on the most basic type of security: physical security. “This is the toolbox which is intimately connected to the agenda of the radical right,” he said. “And mainstream parties are just very anxious not to be outvoted by them.”

For years, governments across Europe have sought to strip citizenship from those convicted of terrorism, offering a window on to how the expanded link between nationality and crime could play out.

Because international law limits governments from rendering people stateless, the proposals linking citizenship to terrorism have been largely applied to dual nationals, said Tanya Mehra, a senior research fellow at the International Centre for Counter-Terrorism at The Hague. “But then the question is, aren’t you making a distinction on the basis of whether someone has one or two nationalities, and thus creating different classes of citizens?”

The law leaves dual nationals vulnerable to being punished twice for the same crime, if they serve prison time and then also face having their citizenship revoked, she said. “It’s great media optics to say that you’re taking a strong stance against crime by depriving them of their nationality,” said Mehra. “But you have to really look more carefully at whether or not you’re violating their human rights.”

Her research had delved into cases of people’s citizenship being revoked over terrorism convictions, finding a small number who were then left stranded in the country that had stripped them of citizenship after the country of their other nationality refused to take them in. “That means they basically become illegal,” she said, losing their right to stay and work in the country.

The situation pushes them underground, making it easier for terrorist or criminal groups to potentially exploit them but also harder for officials to track them. “They disappear into the illegality,” she said. “You’re creating a situation that is counterproductive.”

In Denmark, where, after years of revoking citizenship for terrorism, treason and threats to the state, the law was expanded in 2021 to include gang-related crime, it was difficult to say whether the changes had pushed down crime levels, said Somdeep Sen, an associate professor at Denmark’s Roskilde University.

“There isn’t much out there in terms of qualitative or quantitative data that shows that individuals – otherwise keen to commit crime – have somehow been deterred by these changes,” he said.

But what was clear was that the policy had provided “legal framing” for the longstanding, xenophobic public discourse that had falsely sought to link immigration to crime. “The issue with these changes is that it perpetuates the problematic perception that ancestry and ethnicity play a role in determining criminality,” he said.

What emerged was an overly simplistic view of crime, one that overlooks the myriad of research that has found no significant link between immigration levels and crime rates across Europe.

Years after Denmark had been among the first to tie citizenship to serious crimes, the impact had been sharply felt by many, said Sen.

“Already, the years of anti-immigration discourse has heightened this feeling of unwanted-ness in Denmark,” he added. “And such laws remind many of how tenuous their inclusion in Danish society is and how easily these ties to Denmark can be severed.”

https://www.theguardian.com/world/2025/apr/26/how-idea-of-stripping-citizenship-for-crimes-spread-across-europe


The Economist, 26 avril

Tomorrow’s workers  : Emigration from Africa will change the world

As other countries age, they will need African youth

Full text: 

After John Uwagboe moved to Scotland in 2008 he did not see another black man for several weeks. When at last he did, on the other side of a street in Edinburgh, he crossed over to meet him. Soon the strangers were hugging like long-lost friends. They went for lunch. “The guy wasn’t even another Nigerian,” recalls Mr Uwagboe. “He was from Ghana!”

In 2001 there were just 5,000 Africans in Scotland, or 0.1% of the overwhelmingly pasty-faced population. By the time of the most recent census, in 2022, that population had increased more than 11-fold, and will very probably have grown faster since. Mr Uwagboe, who came to study, then worked his way up the ranks of a bank and later became a restaurateur, says there are more than 3,000 members of a WhatsApp group for Nigerians in Edinburgh. There are ten branches of his Pentecostal church. “One thing for sure is that Africans will keep coming,” he says.

That may seem improbable when Donald Trump is booting out migrants, European politicians are embracing nativism and media coverage of migration from Africa focuses on the illegal sort, in leaking dinghies. But the vast majority of Africans leave the continent in prosaic, legal ways. This form of migration has continued to increase despite the rise of anti-immigrant sentiment. It will in all likelihood continue to grow in the coming decades, expanding African diasporas around the world. The trend will have profound effects in recipient countries and in Africa itself.

The growth stems from the extraordinary demographic divergence between Africa, the world’s youngest continent with the fastest-growing population, and everywhere else. Labour is becoming more abundant in Africa and scarcer in many other places. As a result, argue Kathryn Foster and Matthew Hall, demographers at Cornell University, “The future of migration will be African in origin.”

Earlier this year McKinsey, a consultancy, published a report on the “new demographic reality”. It notes that a “first wave” of countries including America, China, Japan, South Korea and all of Europe will see their working-age population (15- to 64-year-olds) shrink by about 340m by 2050. Longer lives and, especially, falling fertility rates, mean the “support ratio” of working-age people to those over 65 in these places has dropped from 7:1 in 1997 to 4:1 today. By 2050 it will be just 2:1.

Jobs but few workers

A shift is also under way in emerging economies. By 2060, according to UN forecasts, the support ratio will fall from 6.2:1 to 2.3:1 in Brazil and from 7.5:1 to 2.4:1 in Vietnam, notes Michael Clemens of George Mason University. “Nothing like this shockingly rapid disappearance of workers has happened in world history,” he says.

The exception is sub-Saharan Africa. Though fertility rates are falling there as well, they are doing so more slowly, from a higher starting-point. The region is decades behind in its “demographic transition”. Its working-age population will rise by around 700m by 2050, roughly doubling. By 2030 roughly half of new workers entering the global labour force will be from sub-Saharan Africa (see chart 1).

They will struggle to find work at home. Sub-Saharan Africa sees around 15m people enter the labour market every year but just 3m formal jobs created. A survey last year by Afrobarometer, a pollster, found that 47% of Africans in 24 countries had considered migrating and 27% had given it “a lot of thought”—increases of nine and ten percentage points respectively since the previous round of surveys in 2016-18. “Better work opportunities” was by far the most cited reason.

The tendency to migrate from a given country follows a pattern that, when drawn on a chart against GDP per person (adjusted for the cost of living), forms a bell curve. Emigration rises as countries approach around $5,000 in income per person, peaks at around $10,000 and declines thereafter. In poor countries people lack the resources to leave. In rich ones they lack the need. In middling places they have both the will and the wherewithal.

Countries long associated with emigration, such as Mexico and the Philippines, are now rich enough to have passed their migratory peak. Meanwhile 94% of sub-Saharan Africans—1.1bn people—live in countries with a GDP per person of less than $10,000. African migration is “an unstoppable force”, says Mr Clemens.

A need but little enthusiasm

The politics of recipient countries, however, may seem an immovable object. Mr Trump has suspended America’s “diversity visa”, which is popular among African migrants. The European Union is spending billions of euros trying to reduce illegal migration, much of it from Africa. The previous British government appeared keener to deport migrants to Rwanda than to admit migrants from Rwanda.

Nativism may lead to more curbs on African migration. But restricting it will have political costs. In Britain it would make it harder to find nurses and doctors for its National Health Service. Everywhere it would mean resorting to unpopular alternatives to fill labour shortages and fund welfare states, such as cutting benefits or raising retirement ages. Before Giorgia Meloni became Italy’s prime minister, she pledged to cut immigration. Since she has been in government the number of non-EU work visas issued by Italy has increased. Net migration also surged in post-Brexit Britain. So long as rich countries need labour from abroad, it makes sense to assume Africans will supply more of it.

Indeed, they are already doing so. In 2024 there were more than 45m African migrants living outside their country of origin, according to the UN’s Department of Economic and Social Affairs (DESA), which released its latest estimates of international migration in January. Africans comprised 15% of the world’s émigrés, up from 13% in 1990.

Back then, 35% of migrants from Africa lived outside the continent, rather than in another African country. Today the share is 45%. That amounts to 20.7m people, triple the figure in 1990 and more than the number of Indians living outside India (18.5m) or of Chinese outside China (11.7m).

Between 1990 and 2024, according to the UN, Africans living in Europe increased from 4m to 10.6m—about half of all African migrants living outside the continent. Over 4m live in France and 1m in Britain. The latest arrivals have swollen diasporas that date to the post-colonial period or earlier. Prior generations of migrants, often from professional elites, have seen their descendants thrive. Children of African migrants perform above the average in exams in England. British-Nigerians, in particular, are increasingly prominent in public life, whether in sport (Maro Itoje, England’s rugby captain, has Nigerian parents), business or politics (Kemi Badenoch, the leader of the Conservative Party, grew up in Lagos).

Though migrants from Africa continue to come to Britain to be doctors or members of other professions, they are increasingly joined by Africans seeking more menial jobs previously dominated by migrants from Asia or eastern Europe. Nigerians were the most common foreign nationals working in British care homes in 2023. Tens of thousands of Zimbabweans and Ghanaians have also been recruited for such positions.

In the past decade America has overtaken France as the country with the largest population of migrants from sub-Saharan Africa. Africans’ share of immigration to America has risen from less than 1% in 1960 to 11% in 2020. Net migration from the Caribbean and Africa in the 2010s was twice as high as from Latin America. Four times more Africans arrived in America between 1990 and 2020 than during the slave trade, estimates Neeraj Kaushal of Columbia University.

In a forthcoming book she argues that “the future of the United States is in Black Africa”, since it will be the fastest-growing source of migrants. She notes that the Nigerian, Ethiopian, Ghanaian and Kenyan diasporas are roughly the size the Indian diaspora was in 1980. Since then the Indian-born population has risen 13-fold. A similar increase among those four African diasporas would equate to 10m more migrants by around 2060.

Ms Kaushal accepts that some of the Trump administration’s policies, such as the suspension of the diversity visa, will limit African migration. But over the long term, she believes, “if America is to remain a nation of immigrants, then Africa will be the primary source of immigration.”

At a recent Africa Diaspora Day in Atlanta, Congolese, Ethiopians, Rwandans, Nigerians and others mingled at Georgia’s state capitol. Ethiopian Airlines, the African carrier with the most extensive network, sent representatives to advertise direct flights to Addis Ababa. “Africa has long been associated with the export of natural resources,” noted Carl Kananda of the Atlanta Congo Coalition, “but one of our most valuable exports today is intellectual capital, the resources of the mind.” Yvonne Horsley McCowin, Ghana’s consul-general in Atlanta, says that hers is one of four Ghanaian consulates opened in America last year. Moving to America can be a difficult adjustment for affluent Ghanaians, she says. “We had folks who took care of us, we had a cook and all that. So imagine growing up and then moving over here to the US, and all of a sudden … it’s like, well, where’s the driver?”

Ms Kaushal thinks that Africans will replace Asians as America’s “new model minority”. Some 42% of immigrants from sub-Saharan Africa (and 64% of Nigerian-Americans) aged 25 or above have a degree, versus 33% of the rest of the population. Africans have a higher labour-force participation rate than the American average. A big majority of Nigerian-Americans say they believe in the American dream and think that America is “a land of opportunity and freedom”.

African migrants are so successful that some black scholars on Ivy League campuses have questioned whether their children should have been allowed to benefit from affirmative action. The newcomers are changing what it means to be “African-American”. Mr Kananda says, “I’m African. I had to learn that I was black when I came to the US.” It is wrong to assume, as some scholars have, that “race would overwhelm ethnicity” in shaping migrants’ identity, argues Onoso Imoagene of NYU Abu Dhabi. Ms McCowin says, “Most African-Americans will probably think the African thinks they’re better, and the Africans would think the African-American, with all the opportunities afforded to them, are not taking advantage”.

It is not just the West that is home to more Africans. In 2024 there were almost 4.7m migrants from Africa in the countries of the Gulf Co-operation Council (GCC) according to DESA, more than tripling since 1990. Saudi Arabia is the second-largest source of remittances to Kenya, after America, but ahead of Britain and the EU.

Many Africans in the Gulf are abused. Fully 99% of Kenyans working there claim to have been mistreated by their bosses, according to one survey. Marie Mwiza, a Ugandan activist, says that women from her country who work as maids in the Middle East have no protection. “Employers treat them like commodities,” she says. “Like bags of tomatoes.” She has organised the return of coffins to Uganda after women died in suspicious circumstances.

Yet Ethiopians, Kenyans and Ugandans still pour into the Gulf, with some knowledge of what may await. “This is all about unemployment,” says Ms Mwiza. “People here just don’t have jobs.”

Steven Nuwuguba was in his early 20s when he went to Qatar. He toiled seven days a week at the main airport and was hectored by racist bosses. He does not want his children to go there. But he made twice as much in a month as Uganda’s GDP per person. That enabled him to start a business when he came back. “$2,000 in our country, it’s a lot of money,” he says. Maids make much less but can return with enough to start a business or begin building a house.

In China there are more Nigerians than there are Indonesians and almost as many South Africans as there are Thais. Cities such as Yiwu, Zhongshan and Guangzhou are home to thousands of Africans who buy goods to send home. Peter Sosthenes, who moved from Tanzania in 2023, observes: “Chinese people work so hard. It is not like in my country.” He wants to use Chinese e-commerce software in Tanzania to help farmers find markets. If Africans are not trading they are probably studying. In 2018, the last year for which there are data, there were 80,000 African students in China, more than in America or any other country save France.

How will emigration from Africa affect Africa? One perennial concern is “brain drain”, as educated Africans leave in disproportionate numbers. But the truth is more nuanced, argues Narcisse Cha’Ngom, a Cameroonian economist. His research weighs the pros and cons of outward migration on the sending countries.

On one side of the ledger is the immediate loss of human capital, spending power in local shops and to the country’s tax base. More positive effects include remittances, which last year exceeded both foreign direct investment in Africa and overseas aid (see chart 2). The prospect of emigration can also actually increase levels of education at home, by creating an incentive for locals to get more qualifications, which they may or may not end up using abroad. A paper from 2023 co-written by Mr Cha’Ngom that looked at emigration from 174 countries concluded that, in most cases, including for most African countries, the benefits outweigh the costs, as measured by the overall impact on GDP per person in source countries.

Beneficial but under-exploited

Yet he is at pains to add: “The potential to maximise benefits and to minimise costs depends on policy.” African countries could learn from the Philippines, which linked the emigration of its nurses to funding for health-care training back home, or from India, which encourages emigrants to return with skills and capital. Several African governments, including Ethiopia’s and Nigeria’s, have issued “diaspora bonds” to raise money from émigrés for infrastructure projects.

Last year Kenya struck a tentative migration deal with Germany, under which Kenyans would fill job shortages, with Germany paying for vocational courses and language training. Kenya has a dedicated cabinet ministry for diaspora affairs which holds jobs fairs across the country. William Ruto, Kenya’s president, has argued: “Kenya’s workforce is our greatest resource.” His government wants to export 1m Kenyans a year for the next three years, which is roughly equivalent to the number of new entrants to the Kenyan workforce.

Other countries are mulling similar initiatives to promote “emigration as an export”. Earlier this year Ethiopia wrote to Norway and other European countries offering to export nurses. Tanzania is planning migration deals with eight countries, including the United Arab Emirates, according to Reuters.

Many Africans are sceptical that states that have squandered their natural resources can do better with their human ones. Some young Kenyans see Mr Ruto’s deal with Germany as a distraction from his failure to create enough jobs at home. Kenyans and Ugandans know that members of the political elite own some of the employment firms that send them to the Gulf. But that does not stop them seeking their fortunes abroad.

Africans need jobs; the rest of the world needs workers. That confluence of interests is a massive opportunity, if only both sides have the good sense to seize it. ■

https://www.economist.com/briefing/2025/04/24/emigration-from-africa-will-change-the-world


The Economist, 25 avril

On the move : Africans need jobs. The rest of the world needs workers

Migration from Africa is a mega-trend that transcends today’s populist surge

Full text: 

Africa is on the move. At least 20m emigrants live outside the continent, a three-fold increase since 1990. That is higher than the number of Indian migrants outside India or Chinese migrants outside China—two big diasporas from countries with populations of similar size to the African continent. Europe accounts for about half of African migrants outside Africa, but its share has steadily declined since 1990. America, China, Saudi Arabia and Turkey have all seen surges in their African-born populations.

It may seem otherworldly to predict that this will continue, given the fierce backlash against immigration across the West. But as we explain, African migration is an unstoppable force that will long outlast today’s populists and help define the 21st century. Ignore it at your peril—and at your loss.

Demography is one cause. It is well known that in the developed world the number of people of working age (roughly defined as those between 15 and 64) will decline, exacerbating labour shortages. What is less widely appreciated is that emerging countries that are associated with exporting people, such as Mexico and the Philippines, are also getting older and richer—meaning that smaller shares of their populations will leave in future. In Africa, by contrast, the working-age population is forecast to increase by around 700m people by 2050.

Another cause is economics. Many African countries are entering a phase in their development in which people are still poor enough to want to leave but, for the first time, have enough money to travel long distances. And African countries create only around a fifth of the number of formal jobs required to absorb their expanding workforces.

This raises two big and controversial questions, one about the consequences for Africa and the other about the attitude of the rest of the world. It is obvious that emigration is often in the interests of those who leave. Their lives can be transformed by earning several times more in richer countries than they would at home. Leaving is often the surest route out of poverty.

But African economists have a perennial concern about a brain drain. Some scholars also worry about the political effects of migration. If the best and the brightest leave, does that mean the worst are left in charge? At some point, the exodus of skilled workers is large and fast enough to do harm, especially in small countries with a shallow educated class. And in autocratic countries like Zimbabwe, such regimes endure in part because the middle class they immiserate chooses to leave rather than protest.

In general, though, the problems with emigration are soluble. African graduates are underemployed at home. The remittances they and others send back are worth more than foreign direct investment and overseas aid. One study suggests that a typical African-trained doctor sends back almost twice as much in remittances as the cost of their initial training. And emigration can also lead to a “brain gain”. The prospect of higher wages abroad prompts more people to acquire marketable skills. Some stay at home, others leave and some eventually return with their skills enhanced. Diasporas can also help undermine autocratic regimes by spreading democratic values absorbed abroad, by sending cash home that weakens citizens’ dependence on crony states and by funding the opposition.

African governments should embrace the idea of emigration as an export and seek to maximise the benefits and minimise the costs. A deal struck last year between Kenya and Germany could be a model. Kenya agreed to speed up the removal of illegal migrants in Germany and to help recruit workers at home; Germany pledged support for language skills and vocational training. Africa can also learn from India, which encourages professionals trained abroad to return home, and the Philippines, which has used the emigration of nurses to reap remittances and expand the number of nurses it trains.

The second controversial question is whether the rest of the world will welcome more Africans. President Donald Trump was including the continent when he spoke of “shithole countries” in his first term. Stephen Miller, his adviser, has said that “If you import the third world, you become the third world.” For its part, the European Union’s Africa policy is dominated by efforts to reduce illegal immigration.

Yet in the long run, the demographic pressures and economic incentives will prove too strong. Migration from Africa will continue apace, even if it falls elsewhere, because the rich world will need workers, even if the current hostility towards migrants does not fade. In any case, attitudes to legal migration are influenced by the jobs migrants do: African doctors in Britain’s health service are popular. In America, Africans could become the “new model minority”, according to a forthcoming book. They are better educated and more likely to work than people born locally, and they support American values such as freedom and opportunity.

Today’s politicians mostly want to block migration. As demographic reality bites, tomorrow’s will be forced to turn to the task of how to manage it better and make the most of it. ■

https://www.economist.com/leaders/2025/04/24/africans-need-jobs-the-rest-of-the-world-needs-workers


L’Express, 25 avril

En Suède, la fin d’une utopie : comment la crise des migrants a brisé le modèle scandinave

Reportage. Ouverts, généreux, altruistes : en 2015, les Suédois se voulaient exemplaires. Aujourd’hui, la criminalité a explosé et… ils se mordent les doigts.

Full text: 

Après vingt-quatre minutes de métro au départ du centre-ville de Stockholm, on a quasiment la sensation de changer de pays lorsqu’on débarque dans le quartier de Rinkeby, près de la capitale. Ici, dans la commune de Järva, l’une des nombreuses banlieues HLM suédoises, pas une tête blonde à l’horizon. Contrairement à l’image qu’on se fait d’une ville scandinave, c’est une tour de Babel où l’on parle une centaine de langues : somali, turc, tigrinya, kurde, persan, serbo-croate, espagnol et bien d’autres encore.

Juste en face de la sortie du métro, sur l’unique place commerçante, un supermarché Lidl, dont le rayon épices est richement doté, côtoie une salle de prière, un restaurant halal ou un magasin marocain qui vend des abayas. Il y a aussi un café où l’on avale un robusta goûteux en admirant une fresque représentant Istanbul. En cette matinée d’avril, dans cette cité-dortoir plutôt paisible où les barres d’immeuble ne dépassent pas cinq étages, la clientèle du café, entièrement masculine, provient à 100 % de la Corne de l’Afrique : de Somalie, d’Erythrée, d’Ethiopie, du Soudan. Et dans les rues alentour, on croise des Latinos, des Arabes, quelques Asiatiques aussi.

“Je n’ai pas un seul voisin suédois”

En Suède (10,5 millions d’âmes), la ghettoïsation a atteint des proportions phénoménales. Au point que le pays ressemble à un archipel dont les principaux ghettos se trouvent à la périphérie des métropoles : Stockholm, Göteborg, Malmö. “Je n’ai pas un seul voisin suédois, mais des Turcs et des Arabes, oui”, reconnaît Fatouma Mohamed, une Suédo-Somalienne arrivée en 2000 au pays d’Abba. “Lorsqu’ils jouent ensemble, les enfants de mon quartier apprennent plus naturellement l’espagnol ou le turc que le suédois”, ajoute à regret cette formatrice en santé publique, qui “adore la Suède” malgré “certains regards” où elle décèle “de l’hostilité en raison de sa couleur de peau”. N’ayant pas fréquenté de “vrais” Suédois, les banlieusards parlent inévitablement la langue de Strindberg avec un accent à couper au couteau. Facteur de discrimination sur le marché du travail, ce handicap accentue le phénomène d’exclusion. Le cercle est vicieux.

En banlieue, rares sont les Suédois “vikings” encore investis auprès de ces néo-Suédois. Kerstin Gustafsson, une personnalité de Rinkeby, fait donc exception. Femme de caractère, elle en a “franchement assez” des reporters qui débarquent ici avec des préjugés. Il y a sept ans, cette journaliste chevronnée a donc lancé un média local en ligne, le Nyhetsbyrån Järva, avec l’objectif louable de changer l’image du quartier. Et cela, en mettant l’accent sur l’optimisme des habitants, leur énergie, leur courage mais aussi sur leurs difficultés et – impossible d’ignorer le sujet – la criminalité. Un de ses premiers articles était consacré à une machine à laver en panne depuis deux ans dans la buanderie collective d’un immeuble. Deux semaines plus tard, le lave-linge était réparé. “Nous croyons en la force de la presse locale, dit-elle. C’est là que se trouvent les vraies histoires de vie.”

La série Snabba Cash, sur Netflix, raconte la banlieue suédoise

L’acte militant de Gustafsson ne manque pas de noblesse car, dans ce pays qui accueille des réfugiés depuis les années 1970, la diversité a, ces jours-ci, mauvaise presse. Il faut dire qu’après l’arrivée en masse d’étrangers lors de la “crise des migrants” de 2015, l’échec de la politique d’intégration est devenu patent. Depuis dix ans, la criminalité et le trafic de drogue ont explosé, tandis que l’extrême droite a engrangé les succès électoraux. Surtout, une guerre entre gangs, avec des bases arrière au Moyen-Orient, fait rage. Des criminels ultra-violents règlent leurs comptes quotidiennement à coups de fusillades, de grenades et d’explosifs, comme la narre la série Snabba Cash,sur Netflix. Le problème s’est encore accru avec la scission de la bande Foxtrot, dont les anciens alliés, Rawa Majid, alias “le Renard kurde”, et Ismaïl Abdo, alias “la Fraise”, se livrent une guerre à mort pour le narcotrafic.

Chaque matin ou presque, les Suédois se réveillent avec des alertes sur leurs portables relatant l’ahurissante vendetta en cours. De nation traditionnellement paisible, le royaume scandinave est devenu celui qui affiche le taux de mortalité par armes à feu le plus élevé de l’Union européenne! “Mais où est passée la Suède que nous connaissions?” s’est lamentée la reine Silvia après la première tuerie de masse dans l’histoire du pays (sans lien avec la guerre des gangs) qui a fait 10 morts en février à Örebro. C’est la ville où le maréchal français Bernadotte fut désigné héritier de la couronne suédoise en 1810; le roi actuel est son descendant direct.

Les chiffres de la criminalité sont vertigineux : pas moins de 300 fusillades et 100 attentats à l’explosif – par grenade, dynamite ou bombinette artisanale – sont recensés chaque année depuis 2015. Seule bonne nouvelle : pour la première fois depuis dix ans, le nombre de morts violentes est descendu sous la barre des 100 homicides en 2024. Décennie horribilis, la période 2015-2025 est aussi celle du premier attentat terroriste commis en Suède (au camion bélier conduit par un Ouzbek : quatre morts en 2017), du départ de 300 djihadistes en Irak et en Syrie, des premières émeutes de banlieues. A cela s’ajoute la montée de l’antisémitisme, surtout depuis le massacre d’Israéliens perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 : plusieurs tentatives ou projets d’attentats contre l’ambassade d’Israël qui a été visée par un jet de grenade et des tirs à l’arme automatique.

Parallèlement, le visage de la Suède a évolué : aujourd’hui, 1 habitant sur 5 est d’origine étrangère, une proportion comparable à la France. De la Scanie jusqu’au cercle polaire, on compte 300 mosquées. Le hijab (voile islamique) s’est quant à lui généralisé dans l’espace public. Parfois, le dimanche, on assiste à des scènes étonnantes, comme ce match de foot entre une équipe de la capitale de onze gamins blonds contre un club de banlieue entièrement “somalien” (plus exactement : de Suédois d’origine somalienne). Tout cela dans un pays sans passé colonial, largement sécularisé et où l’égalité homme-femme fait depuis longtemps partie des moeurs – la majorité des pasteurs de l’Eglise luthérienne sont des femmes. “C’est vrai que c’est compliqué pour les Suédois, reprend, magnanime, Fatouma Mohamed, la Suédo-somalienne qui porte le foulard, attablée à la cafétéria de la Maison de culture de Stockholm. Tout cela est nouveau pour eux. Ce n’est pas comme pour les Français ou les Anglais qui sont au contact de population étrangère depuis des siècles.”

Depuis la vague de migrants qui a déferlé sur l’Europe – notamment sur l’Allemagne et la Suède – durant la guerre en Syrie, le “modèle scandinave” est mis à rude l’épreuve. Fidèle à sa tradition d’accueil qui remonte aux années 1970 (avec l’arrivée successive de Chiliens et des Argentins fuyant la dictature, puis de Kurdes, d’Iraniens, d’Irakiens, de Yougoslaves, de Somaliens ou d’Erythréens, tous réfugiés politiques ou déplacés de guerre), le gouvernement suédois décide de se montrer encore plus généreux qu’à l’accoutumée. A la manière d’Angela Merkel affirmant “Wir Schaffen Das” (on y arrivera), le Premier ministre de centre droit Fredrik Reinfeldt, qui est en campagne électorale à l’été 2014, implore ses compatriotes “d’ouvrir leurs coeurs” pour accueillir les réfugiés.

Battu en septembre, il est remplacé par le social-démocrate Stefan Löfven – un ancien dirigeant syndical – qui fait à nouveau la morale aux Suédois : “Dans mon Europe, on ne construit pas de mur!” assène-t-il en 2015. Mais trois mois plus tard, son gouvernement passe en mode panique. Le pays est débordé par les demandeurs d’asile qui affluent dans des proportions jamais vues, nettement supérieures à la capacité d’accueil suédoise. Les maires des 290 communes du pays doivent réquisitionner des gymnases, des écoles et même des tentes de camping pour loger tout le monde. Avec 163 000 réfugiés en 2015, la Suède devient le pays européen qui, proportionnellement à sa population (alors de 10 millions d’habitants), reçoit le plus grand nombre de demandeurs d’asile, devant l’Allemagne. Les contrôles sur le pont entre Suède et Danemark, d’où proviennent les migrants, sont rapidement rétablis et la frontière, fermée.

“J’ai juste décrit la situation telle qu’elle était…”

A Ekerö, une municipalité rurale de 29 000 âmes baignée par un immense lac, le maire conservateur Adam Reuterskiöld est l’un des premiers à tirer le signal d’alarme, tout en faisant son maximum pour intégrer les nouveaux arrivants (la responsabilité incombe aux communes, qui ont des pouvoirs plus étendus qu’en France). A la télévision, il décrit la situation sur le terrain. “J’ai simplement expliqué que notre système social ne parviendrait pas à absorber un volume de migrants aussi important”, raconte l’édile au look de gentleman-farmer, aujourd’hui député du parti Les Modérés (équivalent des Républicains), au pouvoir. Mal lui en prend! Il est aussitôt suspecté de pencher du côté des Démocrates de Suède (Sverigedemokraterna), le parti d’extrême droite.

Prisonnier de ce que l’on appelle alors le “politiquement correct”, le débat sur l’intégration des étrangers est impossible. “On pouvait parler des différences culturelles, mais uniquement pour dire que les cultures étrangères étaient supérieures à la suédoise”, décrypte Katarina Barrling, politologue à l’université d’Uppsala et auteure de Le Manque : à la recherche de notre pays intérieur, une réflexion sur le droit à la nostalgie d’une Suède disparue. “Dans le contexte de la montée de l’extrême droite [passée de 3 % à 20 % en quinze ans] il s’agissait avant tout de signaler que l’on n’était pas xénophobe.”

Pour les étrangers, s’intégrer n’est pas facile

Polémiste, essayiste et infirmière, Hanne Kjöller abonde. “C’était une période frustrante car l’on risquait d’être estampillé raciste au moindre mot. Critiquer des imams qui prêchaient la haine dans certaines mosquées, parler des mariages forcés ou évoquer le problème des crimes d’honneur faisait déjà de vous un suspect. Et cela, au moment même où le gouvernement se présentait un défenseur exemplaire du féminisme”, explique l’auteure du Manuel des tricheurs , qui parle des arnaques à l’Etat providence – estimées annuellement à 2 milliards d’euros. Même les dirigeants de la grande centrale syndicale LO, qui est lié au parti social-démocrate, ne parvenait pas à faire passer le message selon lequel “les très nombreux migrants sous-diplômés auraient du mal à s’intégrer dans un marché du travail où le niveau requis pour un travailleur manuel est au minimum celui du baccalauréat.” “C’est pourtant ce qui s’est passé”, explique l’économiste en chef de LO Torbjorn Hållö, lui aussi soupçonné à l’époque d’avoir des idées peu convenables sous prétexte qu’il était simplement lucide.

Si la grande majorité des étrangers finissent bon an mal an par s’intégrer, à force d’abnégation, ce n’est pas chose facile. Car au-delà de la barrière de la langue, la société suédoise a ses propres codes, parfois aussi impénétrables qu’un film d’Ingmar Bergman, et un fonctionnement spécifique dont l’origine remonte au discours “La Maison du Peuple” (Folkhemmetstal) de 1928, prononcé par le Premier ministre social-démocrate d’alors. “Il y a posé les bases du modernisme national fondé sur la création d’une sorte d”homme nouveau’, un peu dans la lignée du soviétisme, mais sans le goulag!” sourit la romancière et débatrice libérale Lena Andersson, qui a consacré une trilogie à la psyché nationale.

“Cet ‘homme nouveau’, poursuit-elle, devait être rationnel, fraternel, doté d’une conscience sociale et surtout égalitariste, au point qu’aujourd’hui encore, le roi de Suède est fondé à toucher des allocations familiales.” Ayant choisi de ne pas quitter Tensta – la banlieue ghetto de son enfance qu’elle a vu changer sous ses yeux -, elle détaille une importante règle non écrite mais consensuelle, et pas toujours comprise des étrangers : “Les Suédois chérissent leur Etat-providence mais ils savent aussi que, pour le préserver, chacun doit y recourir avec parcimonie, et surtout pas en abuser. Nous apprenons cela dès l’enfance à l’école. Mais les nouveaux arrivants voient les choses différemment.”

Dans les années 1970, l’idéalisme suédois se manifeste à travers la personnalité d’Olof Palme qui entend redonner à la Suède son statut de “grande puissance” qu’elle a perdu trois siècles auparavant, lors des guerres contre le tsar de Russie Pierre le Grand. Comment? En devenant une “grande puissance morale”, notion parfaitement adaptée à la culture luthérienne. Un temps proche de Cuba, le Premier ministre social-démocrate prône la “troisième voie” à équidistance des Etats-Unis et de l’URSS et s’impose comme un champion du tiers-mondisme en accueillant d’innombrables réfugiés politiques latino-américains. A la suite des Turcs après le coup d’Etat de 1971 et des Chiliens après celui de Pinochet en 1973, bien d’autres damnés de la Terre prendront le chemin de la Suède… jusqu’à la vague de migrants syriens de 2015, lesquels s’inscrivent donc dans un continuum historique.

Un brin arrogants et profondément universalistes, les Suédois ressemblent terriblement aux Français. “Nous sommes persuadés que notre système est le meilleur, reprend la romancière Lena Andersson. Nous avons même longtemps cru qu’il suffisait que les étrangers posent le pied chez nous pour qu’ils réalisent à quel point ils ont de la chance et adoptent automatiquement nos valeurs.” Hélas, c’est un autre scénario que les Suédois voient défiler sur leurs smartphones et leurs écrans de télévision. Certains épisodes de la guerre des gangs (toujours en cours) sont particulièrement choquants. En 2019 à Malmö, une femme de 31 ans est abattue en plein jour alors qu’elle se promène avec son bébé de deux mois dans les bras. L’enquête révèle qu’il s’agit en fait d’une vengeance à l’égard de son compagnon : il était mêlé à une organisation criminelle sans que sa fiancée le sache. L’assassin n’a jamais été retrouvé et l’enquête est close. Mais personne n’a oublié ce fait divers qui a traumatisé les pays.

Police et Justice mettent le paquet

L’année dernière dans les environs de Stockholm, c’est un père de famille de 39 ans qui est abattu sous les yeux de son fils de 14 ans à la suite d’une provocation par un tueur de 17 ans. “Les tueurs sont de plus en plus jeunes et l’inquiétude des Suédois de plus en plus grande”, constate Karin Svanberg l’une des directrices de l’Agence de prévention de la criminalité. Elle-même vit dans une paisible banlieue résidentielle où un adolescent de 17 ans en a abattu un autre de 16 ans pour une simple histoire de dette de 300 couronnes (30 euros). Et chaque Suédois a une anecdote à raconter sur ce qui s’est passé près de chez lui.

Longtemps dépassés par les événements, les pouvoirs publics organisent – enfin! – la riposte. De retour aux manettes en 2022 après huit ans d’absence, la droite, minoritaire, gouverne dans le cadre d’une alliance entre conservateurs, libéraux et chrétiens-démocrates. Ces trois-là ont signé un programme de lutte contre la criminalité et l’immigration avec le parti d’extrême droite Sverigedemokraterna (Les Démocrates de Suède). Ce dernier ne participe pas au gouvernement, mais appuie la coalition au Riksdag (Parlement) qui surplombe les eaux de la Venise du Nord. Depuis deux ans et demi, les députés légifèrent à tour de bras, même si les choses ne vont pas assez vite au goût de l’extrême droite. Pour commencer, les moyens de la police ont été augmentés; les écoutes téléphoniques et la surveillance digitale augmentées; les caméras de surveillance multipliées. Dans certains quartiers, les policiers sont autorisés à procéder à des fouilles au corps sans raison particulière. De plus, les saisies de montres ou véhicules de luxe sont systématiques lorsque le propriétaire ne peut justifier de revenus correspondants.

L’extrême droite est devenue mainstream

Dans l’optique de mettre fin à l’organisation en silos des différentes administrations et accélérer les enquêtes policières, le partage d’informations est facilité entre plus de 20 entités qui coopèrent désormais de manière fluide. Parmi elles : la police, le fisc, les douanes, l’administration pénitentiaire, les mairies, mais aussi les caisses de retraite, la Sécurité sociale, les hôpitaux, et même les syndicats et le patronat, etc. Et les conditions d’immigration, de naturalisation et de regroupement familial ont été durcies. De 163 000 en 2015, le nombre des demandeurs d’asile est tombé à 12 000 en 2024. “Le gouvernement fait le maximum pour se rapprocher du système danois, l’un des plus restrictifs d’Europe en matière d’immigration”, note le politologue Bernd Parusel, du think tank Sieps. “Cet objectif est pourtant inatteignable. Au sein de l’UE, le Danemark jouit en effet d’un régime dérogatoire, notamment en matière d’immigration. Ainsi, il n’est pas obligé d’appliquer l’intégralité des règles européennes en matière d’asile.”

L’action du gouvernement, qui espère être reconduit après les élections de l’année prochaine, commence à porter ses fruits : en 2024, le nombre de fusillades et le nombre de meurtres par balles ont diminué. Il faut dire que les peines de peines de prison ont été rallongées. Naguère en sous-capacité, les pénitenciers sont aujourd’hui surpeuplés. En trois ans, le nombre de détenus est passé de moins de 8 000 à plus de 11 000. En ce n’est pas fini! “Si tous les projets de lois qui arrivent au Parlement sont votés, la population carcérale bondira à 29 000 personnes dans dix ans!” explique Fredrik Thunberg, directeur de la prison d’Österåker, sise au milieu d’une forêt, à une heure de Stockholm. Cerné de grues, son établissement de 230 places est en plein chantier : dans deux ans, sa capacité aura triplé jusqu’à 600 places. Et il n’est pas le seul : la moitié des 80 prisons et maisons d’arrêt du pays sont en cours d’agrandissement. “En trente ans dans l’administration pénitentiaire, je n’ai jamais vu une chose pareille…”, ajoute Thunberg en faisant visiter son établissement.

Au Parlement de Stockholm, Richard Jomshof avale un café, mais boit du petit-lait. Député d’extrême droite (il récuse cette appellation et affirme que son parti, Les Démocrates de Suède, est “social conservateur”), cet idéologue reproche à son ancien parti, Les Modérés (conservateur) d’avoir “trahi la démocratie”. Comment? “En ne s’opposant pas à l’immigration qui, dès les années 1990, menaçait le système suédois”. Ouvertement hostile à l’islam, il affirme que “cette religion soumet les femmes” et, pour sa part, ne voit pas d’inconvénient à ce que l’on brûle le Coran. “Ce n’est pas forcément une idée formidable, mais il en va de la liberté d’expression. Et en quoi ce livre aurait-il plus de valeur que celui-ci?”, dit-il en saisissant le premier ouvrage venu, sur la table basse.

“Je ne connais aucun pays musulman démocratique”, insiste-t-il, avant de revenir à la politique nationale. “Lorsque, en 2010, nous affirmions que l’immigration coûtait une fortune et menaçait le modèle suédois, on nous qualifiait de raciste; aujourd’hui, plus personne ne dit le contraire.” D’ailleurs, il se félicite que la politique du gouvernement est celle qu’il prône depuis toujours. C’est celle qu’applique aaujourd’hui la gauche au Danemark. Et c’est probablement aussi celle que poursuivra le très pragmatique parti social-démocrate suédois s’il emporte les élections à l’automne 2026. Attablé devant une bière dans une brasserie chic de la capitale, Carl Lundqvist, un dirigeant d’entreprise, résume, goguenard : “Dans ce pays, qui est l’un des plus gros consommateurs de crème glacée, le parti d’extrême droite est devenu aussi mainstream que la glace à la vanille…”

https://www.lexpress.fr/monde/europe/la-fin-dune-utopie-comment-la-crise-des-migrants-a-brise-le-modele-suedois-PBS2WXYE4NBNHDHOZUCAPWG44U/


The Wall Street Journal, 24 avril

Who’s Afraid of Renaud Camus?

The U.K. bans a French novelist from visiting for disputing the wisdom of mass immigration.

Full text: 

Renaud Camus may be the most important living thinker no one has heard of. He’s certainly the most misunderstood. Mr. Camus, 78, is author of “Le Grand Remplacement” (2011), which describes how decades of mass migration have altered his native France. He warns that Europe’s current trajectory will, within a couple of generations, lead to the eclipse of its native peoples, their cultures and even Christianity.

Last week Britain’s Home Office refused to allow Mr. Camus into the country because his presence wouldn’t be “conducive to the public good.” Add the Home Office to those who misunderstand Mr. Camus. Or do they understand him all too well?

We shouldn’t confuse Mr. Camus’s “Great Replacement” with the “Great Replacement Theory” publicized by Tucker Carlson and other tribunes of half-truth on the right. Mr. Camus doesn’t allude to shadowy elites in the paranoid style or claim that Europe’s left-liberal parties opened the gates to secure electoral dominance.

Mr. Camus is an erstwhile member of France’s Socialist Party. He sees mass immigration as a product of globalism and capitalism, which regard people as interchangeable cogs and ignore the salience of culture. Western Europe’s governments expected mass immigration to boost their economies. Instead, it produced welfare dependency, crime, terrorism and a sectarian power struggle that has permanently altered European life. The only conspiracy Mr. Camus sees in Europe’s tragedy is a conspiracy of silence about what he called the “disaster”—the mass immigration of Muslims, Arabs and Africans with adverse social consequences that no one wants to admit, let alone address.

Mr. Camus writes with expansive rhetoric and broad brush strokes. If he were entirely wrong, Europe’s voters wouldn’t be swinging sharply right, and Mr. Camus’s most significant translation into English would remain “Tricks,” a fictionalized account of gay tourism in the 1970s. “Le Grand Remplacement” and several other of his essays have been translated into English. Read “Enemy of the Disaster,” and it’s clear that banning him from England would be akin to the U.S. refusing entry to Roger Scruton (1944-2020), another philosophical essayist who was called a racist for being too quick to state the obvious.

Mr. Camus’s entry into England as a legal visitor is at the government’s discretion, which the Home Office uses politically—managing communal tensions by placating a restive minority and suppressing the majority’s dissent. While Islamist preachers come and go, in 2009 the Dutch politician Geert Wilders was refused entry because, the Home Office said, his presence would provoke “interfaith violence.” Mr. Camus seems to have received a similar proscription.

In February, Vice President JD Vance upbraided Prime Minister Keir Starmer for “infringements on free speech” in Britain. Mr. Starmer insisted he was “very proud” of the state of Britain’s free speech. Mr. Vance was right, and Mr. Starmer should be ashamed. The U.K. prime minister maligns critics of immigration and Islamism as “far right,” and his Labour government is committed to defining “Islamophobia” in law. Should Mr. Starmer get his way, England would effectively grant unique privileges to a minority religion and make the state the partner of antidemocratic activists seeking formal restrictions on lawful speech.

A similar, informal struggle is visible in Europe’s public spaces, where mass Muslim prayer in the streets upends a founding liberal principle, the division between private faith and the public sphere. This year, London’s Labour mayor, Sadiq Khan, lit up the city for Ramadan. A few weeks later came another novelty in the struggle for public precedence, marking Good Friday with a Passion Play in Trafalgar Square.

Meanwhile, attacks on Jews, synagogues and Jewish schools are at record levels, and even Labour no longer blames the far right. All this looks less like diversity in action than a symbolic—sometimes real—battle over public space and cultural norms. It is producing radical changes that override the values of the democratic majority.

Mr. Camus has committed the error of noticing all this. If that makes him an enemy of the British state, it is because the state created the disaster. Labour and the Conservatives discredited themselves by pursuing policies of mass immigration and multiculturalism for three decades. The Home Office managed, or rather mismanaged, the immigration system and generated chaos. While Nigel Farage’s anti-immigration, pro-law-and-order Reform UK Party now leads some polls, more-volatile nationalist impulses are rising. Mr. Camus was invited to Britain by the Homeland Party, a fringe party of neofascist origins which advocates mass deportations of illegal immigrants and foreign-born criminals.

The mood in England today is eerie. The government can’t govern. The police menace law-abiding people for speaking their minds. The borders are open. The country feels as if it is one Islamist bombing away from eruption. Mr. Camus is the least of the government’s problems, yet his presence would have exposed the greatest of them.

The British state survived Marx and Engels plotting world revolution in London for three decades. If Mr. Camus addressing a tiny party in a private room threatens the peace, then the peace, and the pact between government and people, is already broken.

Mr. Green is a Journal contributor and a fellow of the Royal Historical Society.

https://www.wsj.com/opinion/whos-afraid-of-renaud-camus-home-office-united-kingdom-free-speech-immigration-aacafc8a?mod=hp_opin_pos_2#cxrecs_s


Atlantico, 24 avril

Déculturation : Renaud Camus vs l’establishment

Wokisme, multiculturalisme, mondialisme… La lecture de Renaud Camus est un antidote à ces drogues. Pas étonnant que le gouvernement Starmer veuille l’interdire.

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Grâce au gouvernement britannique, Renaud Camus a le vent en poupe. Le gentil intellectuel français octogénaire a été interdit d’entrée au Royaume-Uni, qui prétend que sa présence en Grande-Bretagne n’est « pas considérée comme propice au bien public ». C’en est fini de la vantardise de Keir Starmer à la Maison Blanche, selon laquelle la liberté d’expression est bien vivante en Grande-Bretagne.

Camus est surtout connu comme l’auteur de la théorie du « Grand Remplacement ». Une commentatrice de GB News a soutenu son interdiction d’entrée, affirmant que le concept de Camus est une théorie du complot « raciste ». Il est facile de comprendre d’où elle tire cette idée ; les médias ont relayé cette affirmation sans relâche pendant des années. Mais ce n’est pas vrai, comme l’apprennent les personnes impartiales qui prennent la peine de lire l’œuvre de Camus. Je le sais, car j’étais l’un d’entre eux. J’ai supposé que c’était forcément vrai, car si la croyance qu’une cabale d’élites a conspiré pour substituer des étrangers noirs et bruns aux Blancs de souche n’est pas raciste, qu’est-ce que c’est ?

Grâce au gouvernement britannique, Renaud Camus a le vent en poupe. Le gentil intellectuel français octogénaire a été interdit d’entrée au Royaume-Uni, qui prétend que sa présence en Grande-Bretagne n’est « pas considérée comme propice au bien public ». C’en est fini de la vantardise de Keir Starmer à la Maison Blanche, selon laquelle la liberté d’expression est bien vivante en Grande-Bretagne.

Camus est surtout connu comme l’auteur de la théorie du « Grand Remplacement ». Une commentatrice de GB News a soutenu son interdiction d’entrée, affirmant que le concept de Camus est une théorie du complot « raciste ». Il est facile de comprendre d’où elle tire cette idée ; les médias ont relayé cette affirmation sans relâche pendant des années. Mais ce n’est pas vrai, comme l’apprennent les personnes impartiales qui prennent la peine de lire l’œuvre de Camus. Je le sais, car j’étais l’un d’entre eux. J’ai supposé que c’était forcément vrai, car si la croyance qu’une cabale d’élites a conspiré pour substituer des étrangers noirs et bruns aux Blancs de souche n’est pas raciste, qu’est-ce que c’est ?

Il y a quelques années, un ami américain, le professeur de littérature française Louis Betty, m’a demandé de lire une traduction d’essais politiques de Camus, qui devait être publiée par Vauban Books. Je sais que Betty n’est pas raciste et, malgré mes réticences, j’ai lu le livre Enemy Of The Disaster.

Ce que j’ai découvert, c’est que Camus n’est pas un raciste, mais plutôt un analyste lucide d’une tendance culturelle et sociale choquante, voire catastrophique : le suicide de la civilisation occidentale, orchestré par les élites dans de nombreux domaines – la politique, les affaires, l’université, les médias et l’église.

Selon Camus, dans l’après-guerre, les élites européennes ont entrepris une mission de « déculturation », c’est-à-dire qu’elles ont appris aux peuples européens à mépriser et à oublier leur propre histoire et leurs réalisations civilisationnelles. Les progressistes de la politique, de l’université et des médias pensent que la civilisation européenne est plus ou moins mauvaise (raciste, classiste, les catégories habituelles). Les capitalistes en concluent qu’un peuple attaché à ses histoires et à ses vertus nationales est plus difficile à convaincre d’autoriser l’immigration de masse, qu’ils jugent nécessaire à la mise en œuvre d’un commerce mondial et d’un développement économique sans friction. Les ecclésiastiques sentimentaux concluent que la conscience nationale contredit l’universalisme du christianisme.

Lorsque Camus qualifie l’antiracisme de « communisme du XXIe siècle », il ne défend pas le racisme, mais analyse avec justesse une idéologie totalitaire.

Ils sont aidés dans cette tâche par ce que Camus appelle « la seconde carrière d’Adolf Hitler ». Les antiracistes et autres progressistes invoquent l’odieux exemple du dictateur nazi pour diaboliser tous ceux qui s’opposent à leur projet idéologique.

Camus a écrit :

…Hitler a servi à condamner ou à faire taire une fois pour toutes tout ce qu’une personne pourrait dire, ou croire qu’elle pourrait dire, ou penser qu’elle pourrait au moins insinuer s’il y avait un lien, même minime, avec Hitler, avec tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a écrit, tout ce qu’il a pensé. Dans ce domaine, cependant, l’accusation équivaut à la condamnation. Le soupçon est synonyme de culpabilité. L’arme hitlérienne est une bombe atomique rhétorique déployée par les guerriers culturels de la gauche pour stigmatiser la dissidence et rompre la continuité avec le passé. Un peuple qui connaît et chérit son histoire, sa littérature et sa culture ne se laissera pas remplacer par ceux qui ne partagent pas cet héritage culturel ou qui le méprisent.

Camus souligne que le terrain idéologique n’a pas été préparé par les migrants, mais par les élites qui cherchaient à remplacer ce qu’elles considéraient comme une culture corrompue et en faillite par une culture supérieure – et elles y seraient parvenues même si elles n’avaient pas permis à un seul migrant d’entrer en Europe.

Cependant, ces élites, tant de gauche que de droite, ont jeté les bases conceptuelles et politiques de l’importation de millions d’étrangers qui ne partagent pas les croyances déracinées de ces Européens, mais qui sont porteurs d’une religion et d’une culture fortes, dont la supériorité ne fait aucun doute pour ces étrangers.

Dans son discours de 2010 intitulé « Le Grand Remplacement », reproduit dans le volume des Livres Vauban, Camus observe que la France est en pleine « transformation radicale et irréversible » par les migrations de masse. Les migrations de masse ne sont pas le Grand Remplacement, mais seulement une partie de celui-ci.

En fait, Camus pense qu’il est possible pour les migrants de devenir de bons Français, grâce à une assimilation active et à l’acceptation du « grand récit » de la France. Camus souligne qu’il n’aime pas la culture française parce qu’il la considère infailliblement comme supérieure aux autres cultures ; il l’aime parce qu’elle est la sienne.

« Les individus qui le souhaitent peuvent toujours rejoindre un peuple par amour de sa langue, de sa littérature, de son art de vivre ou de ses paysages », écrit-il. « Mais les peuples qui restent des peuples ne peuvent pas rejoindre d’autres peuples. Ils ne peuvent que les conquérir, les submerger, les remplacer ».

Ce que les critiques ignorants de Camus n’ont pas compris, c’est qu’il ne croit pas qu’un peuple soit ainsi fait en raison de son profil génétique. Il définit plutôt un peuple par sa culture distincte.

Pourquoi les politiciens et les journalistes sont-ils si désireux de diaboliser et de réduire Camus au silence ? Il est malheureusement vrai que certains radicaux de droite citent le Grand Remplacement dans leurs grotesques élucubrations racistes et antisémites. Mais Camus n’est pas un homme de droite. En fait, c’est un homosexuel athée, pacifiste et ennemi déclaré des Le Pen, la famille française dont le défunt patriarche, Jean-Marie, a fondé le Front national et dont la fille, Marine, dirige le parti qui lui a succédé.

Il met également en garde contre le fait que l’idéologie multiculturaliste est souvent promue par des personnes qui risquent elles-mêmes d’en subir les conséquences.

La vision du monde de Camus fait écho à la pilule « Murti-Bing » de la dystopie polonaise Insatiabilité (1932), métaphore de la sédation idéologique avant la conquête.

Wokisme, multiculturalisme, antiracisme, mondialisme sont autant de pilules Murti-Bing destinées à ouvrir la voie au Grand Remplacement. La lecture de Renaud Camus est un antidote aux effets enivrants de ces drogues. Il n’est pas étonnant que le gouvernement Starmer veuille interdire Camus, qui comprend exactement ce qui a été fait au peuple britannique

À propos de la diffamation de Camus dans sa France natale, le professeur Betty écrit : « Une réaction instinctive à la menace d’un incendie de benne à ordures est d’éviter de mentionner la benne, dans l’espoir que des mécréants en quête de carnage n’y jetteront pas d’étincelle. » C’est exactement la raison pour laquelle le Royaume-Uni interdit à Camus de poser le pied sur le sol britannique, alors même qu’il autorise l’entrée de dizaines de migrants, légaux et illégaux, qui professent des croyances tout à fait contraires à la démocratie libérale britannique. Comme le savent les Britanniques qui ont récemment senti le bras fort de la police pour avoir dit, tweeté ou même pensé des choses qui contredisent l’idéologie officielle, il est dangereux de remarquer la réalité au Royaume-Uni.

La bonne nouvelle, c’est que l’Union britannique pour la liberté d’expression a annoncé son intention de lutter contre cette interdiction. De plus, les Britanniques sont, pour l’instant du moins, libres de lire les écrits de Renaud Camus. Vauban Books a publié plusieurs de ses ouvrages traduits. Dans son introduction à Enemy Of The Disaster, le professeur Betty écrit que l’un des objectifs de la publication des essais de Camus est de priver les « mauvais acteurs idéologiques » de la possibilité d’utiliser la pensée de Camus comme un « gourdin raciste » dans le débat.

Camus est important car, comme l’a écrit le jeune chercheur américain Nathan Pinkoski :

Pour Camus, le Grand Remplacement – l’immigration de masse – est peut-être la question politique de notre époque, mais ce n’est pas la question. Le problème, c’est la révolution managériale, mécanique et technologique qui nous remplace par des machines. Nous avons appris que notre humanité est remplaçable.

Renaud Camus ne veut pas seulement sauver les cultures européennes de la submersion par les vagues de migrations massives. Il veut sauver les peuples européens de la transformation en machines.

Si l’hostilité illibérale de Starmer à l’égard de Camus pousse des Britanniques curieux à lire l’œuvre de cet homme, il pourrait s’agir d’un cas classique d’« effet Streisand ». En essayant de le faire taire, Starmer n’a peut-être fait qu’amplifier le message.

La version originale de cet article a été publiée sur The European Conservative

https://atlantico.fr/article/decryptage/renaud-camus-vs-lestablishment-grand-remplacement-wokisme-multiculturalisme


L’Express, 23 avril

“Lors des émeutes de 2023, on n’était pas loin du point de bascule” : l’analyse de Luc Bronner sur les banlieues

Société. Dans son livre “Le miroir. Retour dans les banlieues françaises”, Luc Bronner, grand reporter au “Monde”, évoque les grands défis auxquels sont confrontés les quartiers aujourd’hui.

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Pendant six années, de 2005 à 2011, Luc Bronner a “couvert” les banlieues pour Le Monde. Dans son livre Le Miroir. Retour dans les banlieues françaises (Seuil, 2025), le grand reporter dresse un état des lieux des changements opérés depuis : explosion du narcotrafic, violence des affrontements entre policiers et émeutiers, rôle désormais central des réseaux sociaux, effacement des services publics, durcissement des lois… Et Luc Bronner d’évoquer une métaphore de Claude Dilain, l’ancien maire de Clichy-sous-Bois aujourd’hui décédé : “L’élu disait que la République s’est retirée comme la mer à marée basse, laissant apparaître ce qu’on ne voit pas quand elle est là.” Et cédant la place aux tentations communautaires, aux colères voire aux passages à l’acte. Entretien.

L’Express : En 2023, la mort de Nahel , tué par un policier à Nanterre, a provoqué des émeutes que vous qualifiez d’inédites. En quoi diffèrent-elles de celles que vous avez pu couvrir en 2005?

Luc Bronner : Mes premières nuits passées à Nanterre, fin juin 2023, furent effrayantes de violence. En l’espace de quelques jours, ce mouvement s’est propagé à plusieurs centaines de communes. En plus d’un grand nombre de véhicules incendiés, beaucoup d’attaques directes ont été recensées contre des commissariats, des gendarmeries, des hôtels de ville et même une prison. Le fait que ces quelque 50 000 émeutiers ne prennent plus uniquement pour cibles des biens privés mais aussi des lieux républicains m’a sidéré. Le deuxième basculement majeur fut le pillage d’au moins 1 500 commerces de proximité, dont certains situés dans des centres-villes. Une inflexion inédite par rapport à ce qu’on avait pu connaître jusque-là.

Des écoles ont également été visées. Or vous soulignez dans votre livre que 26 % des jeunes en zone politique de la ville terminent leur parcours scolaire sans le moindre diplôme. Soit deux fois plus que la moyenne française. Faut-il y voir un symbole?

Le fait que ces édifices publics deviennent des cibles s’explique en partie par un effet de proximité. En France, les écoles primaires, les collèges et les lycées couvrent tout le territoire, y compris les quartiers défavorisés. Ils sont donc plus exposés aux attaques. Par ailleurs, une partie de ces émeutiers ont probablement éprouvé le désir de s’en prendre à une institution et pas seulement à un bâtiment au sens physique du terme. Les établissements scolaires, s’ils sont perçus par certains comme des lieux d’émancipation et de progrès social, peuvent aussi être vus comme des lieux de relégation par d’autres. Les chiffres relatifs au nombre de jeunes qui en sortent sans diplôme ni qualification sont catastrophiques dans une partie de ces quartiers. Deux facteurs ressortent fortement quand on regarde le profil de ces émeutiers : leur niveau de scolarité très faible et le fait qu’il s’agisse quasiment exclusivement de garçons.

Une particularité dont on ne parle que rarement…

La question de la responsabilité des hommes dans les violences sexuelles est aujourd’hui très présente dans le débat public. On peut se réjouir de cette avancée mais, curieusement, celle-ci s’arrête là. Or, si on regarde l’ensemble des faits de délinquance et de criminalité, on trouve des résultats similaires : les auteurs sont très majoritairement des hommes. Cela devrait nous interroger sur la façon dont on élève nos garçons, sur les rapports de force entre pairs, sur l’expression d’une certaine forme de virilité qui peut déboucher sur des faits de violence… D’un point de vue scientifique, éducatif et surtout politique, ce sujet est trop peu traité. Lors des émeutes, on a beaucoup insisté sur le fait que certains adolescents mis en cause étaient issus de familles monoparentales. Une fois de plus, on s’est focalisé sur la question de la responsabilité des femmes, en l’occurrence des mères isolées, plutôt que de s’interroger sur le caractère masculin des auteurs. C’est très révélateur.

Ces dernières années, les violences à l’égard des policiers ont explosé. Des dérapages sont aussi à déplorer du côté des forces de l’ordre. Cette polarisation ne risque-t-elle pas de s’aggraver à l’avenir?

Nous sommes sur une ligne de crête permanente. Au moment de la crise des gilets jaunes ou lors des récentes émeutes, on s’est retrouvés avec des blessés sérieux de part et d’autre. Dans mon livre, je ne cherche pas à choisir un camp. Ce qui m’alarme c’est cette forme d’accoutumance aux violences collectives qui peuvent parfois donner lieu à des ripostes policières complètement déraisonnables. La succession de seuils franchis pourrait un jour déboucher sur des scènes de chaos plus graves encore. On a vu lors des émeutes de 2023 qu’on n’était pas loin du point de bascule.

Vous expliquez que ce n’est pas en se montrant plus sévère et en misant sur le tout sécuritaire que la situation s’améliorera. Certains vous taxeront d’angélisme…

Oui, sans doute, mais j’ai tendance à inverser l’accusation. Faire preuve d’angélisme, c’est probablement croire qu’en mettant un uniforme, en ajoutant des lignes au Code pénal et en envoyant plus de monde en prison, on règle durablement les problèmes. Pour avoir rencontré beaucoup d’éducateurs, de professeurs, d’élus, je trouve que le vrai courage serait plutôt de tout faire pour régler la question de l’échec scolaire dont on vient de parler. L’explosion des violences, il y a deux ans, montre bien que cette politique portée par les partisans de l’ordre ces dernières années n’a rien résolu.

Le narcotrafic a également prospéré. Ce “système mafieux” que vous décrivez peut-il encore être endigué?

On peut dire qu’en quinze ans la situation s’est enkystée. Le trafic est puissant, la demande de drogue est extrêmement forte en France, ce qui veut dire que la question sanitaire n’a pas du tout été résolue. Là-dessus se sont effectivement greffés des réseaux mafieux ou quasi-mafieux, qui ont des ressources et qui n’ont pas peur d’utiliser la violence. Ils disposent également d’une main-d’oeuvre quasiment infinie que sont ces jeunes hommes désoeuvrés. Des magistrats de Bobigny, que j’ai rencontrés, comparent ce système à une hydre, cet animal mythologique : lorsqu’on lui coupe la tête – c’est-à-dire qu’on démantèle le réseau -, celle-ci repousse quasiment instantanément au même endroit ou ailleurs.

Faites-vous partie de ceux pour qui la politique de la ville est responsable de tous les maux dont souffrent les banlieues?

Depuis les années 1990, une vingtaine de ministres se sont succédé à ce poste. Certains se sont plus attachés à laisser une trace politique qu’à réformer comme le démontre un certain activisme administratif. Mais on ne peut pas dire que rien n’a été fait. Derrière le grand terme “politique de la ville” se cache une série de petites actions. En matière de rénovation urbaine, notamment, des efforts ont été réalisés. Les financements viennent essentiellement des villes concernées, des offices HLM et du 1 % logement. Toutefois, si la solidarité nationale a permis de financer des opérations majeures, ces sommes restent assez réduites à l’échelle des budgets de l’Etat.

Vous expliquez que la République, en créant les conditions de la ghettoïsation, a offert un boulevard à l’extrême droite. La gauche n’est-elle pas également fautive d’avoir abandonné certains thèmes comme la sécurité, la laïcité ou le narcotrafic au RN?

Oui, globalement la gauche a du mal à tenir un discours clair sur ces sujets-là. En ce qui concerne les mouvements de ghettoïsation, certaines réalités mériteraient d’être dites, même si elles sont difficilement entendables par une partie de l’opinion. Comme le fait que l’immigration se poursuit et que des dizaines de milliers de familles continuent d’arriver tous les ans en France. Notre pays a les ressources pour les accueillir, cela n’est pas tellement le sujet. Simplement, la désorganisation de notre système fait qu’une grande partie d’entre elles se retrouve dans les quartiers les plus précarisés. Ce qui ne fait qu’aggraver le phénomène de ségrégation ethnique. Il faudra avoir le courage de regarder cette réalité en face si l’on veut un jour enrayer cette mécanique de ghettoïsation.

https://www.lexpress.fr/societe/education/lors-des-emeutes-de-2023-on-netait-pas-loin-du-point-de-bascule-lanalyse-de-luc-bronner-sur-les-OP7J4VC5HFFUDMOYD2ZSS7FM6A/


Le Figaro, 1­7 avril

Immigration et asile : Bruxelles dévoile une liste de sept pays «sûrs»

Le concept de cette liste est toutefois vivement critiqué par les ONG de protection des migrants notant que certains pays y figurant, comme la Tunisie, l’Égypte ou le Maroc, ont été vivement critiqués pour leur gestion des droits humains.

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L’Union européenne a établi ce mercredi 16 avril une liste de sept pays d’immigration dit «sûrs», limitant significativement les possibilités d’asile pour leurs ressortissants, une décision saluée par Rome mais vivement critiquée par les défenseurs de migrants.

Selon Bruxelles, le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Égypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie sont considérés comme «sûrs». Cela signifie que leurs ressortissants n’ont a priori pas le profil de réfugiés. L’idée est donc d’accélérer le traitement de leurs demandes d’asile et de hâter leur rapatriement.

Une liste «dynamique»

Plusieurs États appliquent déjà ce concept à l’échelle nationale. La France, par exemple, a une liste d’une dizaine de pays qu’elle considère comme sûrs, qui inclut la Mongolie, la Serbie ou le Cap-Vert. Mais il n’existe pas encore de liste commune et harmonisée à l’échelle européenne. Selon des responsables européens, cela encourage actuellement les demandeurs d’asile à viser le pays d’accueil avec les critères les plus flexibles. L’exécutif européen veut remédier à cela avec cette proposition de sept pays, dévoilée mercredi. Cette liste est «dynamique» et peut-être élargie ou restreinte en fonction de l’évolution de la situation des droits humains dans les pays qui y figurent, a précisé un de ses responsables. La Commission considère aussi que la plupart des pays candidats à une adhésion à l’UE remplissent, en principe, «les critères pour être désignés comme pays d’origine sûrs».

Le concept de cette liste est toutefois vivement critiqué par les ONG de protection des migrants notant que certains pays y figurant, comme la Tunisie, l’Égypte ou le Maroc, ont été vivement critiqués pour leur gestion des droits humains. «Ces pays sont connus pour leurs violations des droits humains», a dénoncé EuroMed Rights. «Les qualifier de sûrs est trompeur et dangereux», a critiqué l’ONG dans une publication sur X.

Autant de critiques balayées par la Commission, qui assure que la liste «ne supprimera pas les garanties offertes aux demandeurs d’asile», selon un porte-parole, Markus Lammert. Pour entrer en vigueur, cette proposition devra être approuvée par le Parlement européen et les États membres. Elle s’appliquerait alors à tous les pays de l’UE. Mais le sujet est hautement sensible sur le plan politique et risque de provoquer des désaccords parmi les Vingt-Sept.

Le dossier poussé par Rome

Le dossier était notamment poussé par Rome, qui a salué mercredi «un succès du gouvernement italien». La France est elle plutôt restée en retrait des tractations, préférant juger la proposition de l’exécutif européen sur pièce.

La Commission avait déjà présenté une liste du même type en 2015. Mais ce projet avait finalement été abandonné, en raison de vifs débats sur l’idée d’inclure, ou non, la Turquie, avec son bilan mitigé en matière d’indépendance de la justice, de droits des minorités et de liberté de la presse. Bruxelles est sous pression pour durcir sa politique migratoire, face à la poussée de la droite et de l’extrême droite à travers le continent. Mi-mars, l’exécutif européen avait déjà dévoilé des mesures pour accélérer les expulsions d’étrangers en situation irrégulière. La Commission avait notamment proposé un cadre légal à la création de centres pour migrants en dehors de ses frontières, les fameux «hubs de retour».

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/immigration-et-asile-bruxelles-devoile-une-liste-de-sept-pays-surs-20250416


Neue Zürcher Zeitung, 15 avril

«Sei nicht traurig, Mama, meine Zukunft liegt jenseits des Meeres» – wie maghrebinische Influencer die irreguläre Migration anheizen

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Tiktok und andere Social Media sind der wichtigste Marktplatz für Schleuser: Junge Männer aus Nordafrika werden zur Ausreise nach Europa motiviert – dem Kontinent, wo angeblich Träume in Erfüllung gehen. Auch Yassine mischt in diesem Geschäft mit.

Auf einem Foto, das «Le Prince de la Ville» im Januar 2025 auf seinem Facebook-Account postet, steht ein junger Typ im Talahon-Look mitten in Paris. Es ist Nacht. Der Mann – Sonnenbrille, Kapuze tief ins Gesicht gezogen – posiert vor einem schwarzen Tesla mit offener Flügeltür, weissen Ledersitzen und violetter Innenbeleuchtung.

Im Hintergrund befindet sich der in gelbes Licht getauchte Eiffelturm. Partynacht-Stimmung. Über dem Bild schreibt «Le Prince de la Ville» in arabischer Sprache: «Sei nicht traurig, Mama, meine Zukunft liegt jenseits des Meeres.» – «Inschallah», kommentiert jemand – so Gott will. Und «Le Prince» antwortet: «Er will.»

Jedes Jahr kommen Zehntausende junger Männer aus Marokko, Algerien, Tunesien, Libyen oder Ägypten übers Meer nach Europa. In der Schweiz stammten 2024 mehr als ein Siebtel aller Asylgesuche aus diesen Ländern. Zahlenmässig liegt Afghanistan als Herkunftsland zwar deutlich vorne, doch es gibt einen grossen Unterschied: Während Asylsuchende aus Afghanistan in der Schweiz in 80 Prozent der Fälle Schutz erhalten, sind es bei den Menschen aus den Maghrebstaaten weniger als 2 Prozent.

Die jungen Männer aus Marokko, Algerien und Tunesien fliehen weder vor dem Krieg noch vor Verfolgung, sondern sie sind in den allermeisten Fällen auf der Suche nach einem besseren Leben. Zu Hause haben sie nicht viel zu verlieren: Viele von ihnen leben in prekären Verhältnissen, ohne Aussicht darauf, dass es jemals besser wird.

Europa, jener Kontinent, mit dem der Maghreb in einer langen Geschichte kulturell und ökonomisch verbunden ist, ist für die Ausreisewilligen ein Sehnsuchtsort. Influencer mit Kontakten ins Schleusermilieu wie «Le Prince de la Ville» mit seinen beinahe 40 000 Followern nehmen dieses Gefühl auf. Sie verstärken es und tragen mit ihrer Reichweite auf Facebook, Tiktok und Co. dazu bei, dass die Nachfrage nach der Ausreise nach Europa nie abreisst. «Harraga» nennen sich die jungen, ausreisewilligen Männer.

Diejenigen, die brennen

«Harraga» leitet sich von «verbrennen» ab und spielt auf die Praxis der Migranten an, ihre Ausweispapiere und persönlichen Dokumente zu verbrennen, um die Identifizierung durch Behörden in Europa zu verhindern. «Harga» meint die irreguläre Ausreise – das sind sozusagen diejenigen, die brennen und bereit sind, Hindernisse zu überwinden, um ihr Glück in Europa zu suchen. Auf Tiktok ist zu sehen, wie junge Männer euphorisch ihre Ausweise zerstören oder wegwerfen. Zehntausende von Views und Likes verzeichnen solche Videos.

Auf Facebook ist «Le Prince de la Ville», laut Profil wohl Mitte 40 und in Paris lebend, schon seit August 2021 aktiv. Wie gezielt er wirbt, zeigt einer seiner ersten Posts. Auf einem Bild sind vier junge Männer auf einem Schlauchboot zu sehen. Dazu der Text in arabischer Sprache: «Bist du aus Afrika? Wirst du unterdrückt? Bist du arm? Hasst du den Staat und die Regierung? Denkst du daran, deine Nationalität zu wechseln? Bist du krank und möchtest behandelt werden? Dann bist du wie wir – und dein natürlicher Platz ist bei uns.» Offen gibt er auf seiner Seite seine marokkanische Handynummer und seine E-Mail-Adresse an.

Es gibt Hunderte oder gar Tausende von solchen Profilen auf allen Plattformen, vor allem auf Tiktok, aber auch auf Facebook oder Instagram. Meist sind es Männer, nur selten Frauen. Sie informieren via Messenger über Reiserouten, Schlepper, Asylgesetze, Unterkünfte, Schwarzarbeitjobs und die Schönheit Europas, oder sie geben Argumentationshilfen für die Gespräche mit den europäischen Migrationsbehörden. Manche sind nur kurz aktiv und verschwinden nach wenigen Wochen oder Monaten wieder. Andere haben Zehntausende von Followern und fluten die Kanäle jeden Tag mit neuen Bildern von glücklichen Männern auf der Überfahrt und vom luxuriösen Leben in Europas Städten. Gerne lassen sich die Männer auch umringt von jungen, attraktiven Frauen abbilden.

In einem Film spaziert der vermutlich algerische Tiktoker «Tiifa2006», der 55 000 Follower hat, mit seinem Smartphone durch die Augustinergasse in Zürich und schwärmt von der Sauberkeit der Schweizer Stadt. «Schau mit deinen Augen und betrachte die Schönheit, die Pracht und die Ordnung», so kommentiert er die Bilder.

Dabei setzt er sich auch gegen die Vorwürfe von Landsleuten in den Kommentaren zu einem früheren Film zur Wehr, er sei unpatriotisch und verrate sein eigenes Land. Er rechtfertigt seine Ausreise: «Meine Landsleute, ich weiss, dass ihr unter Druck lebt, unterdrückt werdet und psychisch krank seid. Diejenigen, die es sich nicht leisten können, leben in Algerien nicht anständig.» Versehen ist der Video-Post mit Hashtags wie #immigration und #switzerland.

Er verdiente damit einen grossen Teil des Lebensunterhalts

Auch Yassine* aus Tunesien hatte einst auf Tiktok weit über 10 000 Follower und einen soliden Ruf. Worum es auf seinem Account geht, macht schon sein Profilname deutlich: Gezielt verwendet er den Begriff «tagti3a» – ein tunesisch-arabischer Dialektausdruck für «Flucht». Wer sich von Yassine für eine irreguläre Ausreise nach Italien beraten liess, erhielt eine Reisegarantie, so lautete sein Motto. Das brachte ihm gutes Geld ein: In den besten Zeiten finanzierte Yassine damit laut eigenen Angaben einen grossen Teil seines Lebensunterhalts.

Mit dem Aufkommen des Smartphones, das für die meisten Migranten aus dem Maghreb zur Standardausrüstung gehört, hat Social Media schon vor Jahren stark an Bedeutung gewonnen. Sämtliche Informationen werden über digitale Kanäle ausgetauscht.

Bis vor einigen Jahren geschah dies vor allem in geschlossenen Gruppen auf Facebook. Inzwischen sind Tiktok und Instagram wichtiger geworden, und an die Stelle von geschlossenen Gruppen sind mehr und mehr Influencer und Vermittler getreten. Vor allem in Tunesien hat ihnen die Repression zusätzlichen Auftrieb verschafft: Schleuser, die noch vor wenigen Jahren im Internet ihre Handynummer angeben und leicht kontaktiert werden konnten, müssen sich nun verstecken.

Influencer, die oft anonym unterwegs sind oder aus dem Ausland agieren, sind für sie deshalb zu wichtigen Werbebotschaftern geworden. Bezeichnungen wie «Harrag» oder «Harga» werden dabei durchaus mit Stolz verwendet, viele der Influencer benutzen sie prominent in ihrem Profilnamen. Sie wissen: So werden sie von ihren Kunden leicht gefunden.

Nicht alle Influencer arbeiten nach denselben Prinzipien: Viele verbergen ihre kommerziellen Interessen kaum. Sie werben damit, dass sie mit Schleusern oder Kontaktpersonen vernetzt sind und ihre Kunden von der Abreise bis zur Ankunft im Zielland gegen Bezahlung integral betreuen können. Andere berichten aus Solidarität und Überzeugung kostenlos über ihre eigenen Erfahrungen oder engagieren sich im Rahmen einer NGO für die Rechte von Flüchtlingen und Migranten. Der Übergang zwischen politischen Aktivisten, Lifestyle-Influencern und Online-Chronisten ist fliessend. Die Botschaft aber ist stets die gleiche: Du kannst es schaffen – und wir helfen dir dabei.

So erzählt es auch Yassine. Über einen Vertrauensmann in Tunis gelingt es der NZZ, mehr über den Mann hinter dem «tagti3a»-Tiktok-Profil und über seine Tätigkeit zu erfahren. Ein junger Mann Mitte zwanzig, der selbstbewusst und energisch auftritt, Markenjeans und modische Turnschuhe trägt: So wird Yassine beschrieben, der erst nach einiger Zeit bereit ist, darüber zu erzählen, wie er Hunderten von jungen Tunesiern – fast immer Männern – zu einer Reise über die zentrale Mittelmeerroute nach Italien verholfen hat.

Er habe in den letzten Jahren ein grosses Beziehungsnetz zu Leuten aufgebaut, die für das Geschäft wichtig seien: Polizisten, Hafenverantwortliche, lokale Behörden. So bringt er beispielsweise Einsatzpläne von Polizei oder Küstenwache in Erfahrung, die er nutzt, um seinen Followern eine sichere Ausreise zu ermöglichen. Yassines Aussagen lassen sich im Detail nicht nachprüfen. Einiges ist widersprüchlich, doch vieles stimmt mit weiteren Recherchen überein und ergänzt so das Bild, das die Auswertung von anderen Social-Media-Profilen ergibt.

«Ich habe einen Freund, der mit einem 150er rausfahren wird»

Über verschiedene Kanäle versucht die NZZ, auch andere Tiktoker zu kontaktieren. Wir erstellen ein Profil, mit welchem wir uns als jungen Algerier aus der französischen Banlieue ausgeben, der eine Mitfahrgelegenheit für einen Freund von Oran (Algerien) nach Spanien sucht. Viele reagieren nicht oder brechen den Kontakt ab, sobald wir gezielt nachfragen. Doch dann erhalten wir eine Nachricht von einem Mann, der sich Ahmed nennt. Er wohnt laut seinem Profil offenbar in der Nähe von Paris und scheint im letzten Herbst selbst als Harrag nach Frankreich gekommen zu sein. «Träume sind nicht dazu bestimmt, unerfüllbar zu bleiben», steht unter seinem Profilnamen.

Er könne eine Fahrt von Algier nach Ibiza organisieren, bietet Ahmed in holprigem Französisch mit Banlieue-Einschlag an. Die Distanz beträgt gut 500 Kilometer, relativ viel für eine Mittelmeerroute. Die Strecke gilt als nicht ungefährlich und wird fast einen Tag in Anspruch nehmen. «Ich habe einen Freund, der mit einem 150er rausfahren wird», textet Ahmed. Gemeint ist ein Boot mit 150-PS-Motor. «Wie viel verlangt dein Freund?», fragen wir. «140 mellion DA», schätzt Achmed – 140 000 algerische Dinar. Umgerechnet sind das knapp 1000 Euro.

Ob Ahmed für seine Vermittlerdienste ebenfalls Geld kassieren würde, ist nicht klar. Als wir wegen Unstimmigkeiten beim Preis nachbohren, meldet sich Ahmed vorerst nicht mehr. Dann, kurz vor dem Abschluss der Recherchen, will er die Sache offenbar konkret machen: Er schickt seine Handynummer mit einer algerischen Vorwahl.

Yassine, der Mann mit dem «tagti3a»-Tiktok-Profil, behauptet, für solche Beratungen und Vermittlungsdienste von seinen Kunden nie etwas verlangt zu haben. Wie er sein Geld verdient hat, will er zunächst nicht genau offenlegen. Doch er deutet an, dass er von einem Kontaktmann eines Schleppernetzwerks in Italien angegangen wurde und seit 2021 mit der Organisation zusammenarbeitet. Für seine Vermittlerdienste habe er Provisionen erhalten. Seine Aufgabe sei dabei angeblich gewesen, Vertrauen zu potenziellen Kunden auf Tiktok aufzubauen und mit attraktiven Bildern und Videos für die irreguläre Ausreise zu werben.

Angst vor dem tunesischen Machtapparat

Wie die Zusammenarbeit genau funktioniert hat, lässt Yassine im Dunkeln. Als wir nachhaken, wird auch er nervös und wehrt ab. Nicht erstaunlich: Die Angst vor dem tunesischen Machtapparat ist gross. Seitdem die Regierung in Tunis rigide gegen die irreguläre Migration vorgeht, ist Yassine auf Tiktok nicht mehr aktiv. Tunesien hat mit der EU und mit Italien Abkommen geschlossen, die das Land gegen finanzielle Unterstützung zur Eindämmung der Migration über das Mittelmeer verpflichten.

Vor drei Jahren hat der tunesische Präsident Kais Saied ausserdem ein Dekret erlassen, gemäss dem bei der Verbreitung von falschen Informationen und Gerüchten im Internet Geldstrafen und Gefängnis bis zu fünf Jahren drohen. Seither sind viele Journalisten und Influencer inhaftiert worden. Ende 2024 hat Yassine sein Geschäft aus Angst vor Repressionen vorerst eingestellt.

Aufgewachsen ist er in einem armen Vorstadtquartier von Tunis. Lange dachte Yassine selber daran, nach Europa auszureisen. Der Vater sei ein einfacher Angestellter bei einer halbstaatlichen Firma, die Mutter Hausfrau und Mutter von vier Söhnen, so erzählt es Yassine. Eine Familie des unteren Mittelstandes. Doch dann frass die Wirtschaftskrise das kleine Einkommen der Familie auf, bald lebte Yassine am Rande der Armut, ohne Aussicht auf einen sozialen Aufstieg.

Wie Hunderttausende anderer junger Männer nahm sich Yassine vor, nach Europa zu gehen, um sich aus der Perspektivlosigkeit zu befreien und seiner Familie zu helfen. Ausser «dieser verdammten Identitätskarte» («cette putain de carte d’identité») verbinde ihn nichts mehr mit seinem Land, schimpft er. Yassine, der Migranten bei der scheinbaren Verwirklichung ihrer Träume berät, weist selbst alle Merkmale eines Harrag auf. Doch bis heute ist er in Tunesien hängen geblieben, auch dank seiner Einnahmequelle, die er sich mithilfe seines Tiktok-Accounts erschlossen hat.

Rapper macht Werbung für Schlepper

Andere Influencer haben den Absprung längst geschafft und posten nun aus Europa, um Landsleute zur Emigration nach Europa zu animieren. Auch «Talal Rabah Tati G13» gehört zu ihnen, einer der bekanntesten tunesischen Rapper. Er ist legal ausgewandert und lebt heute in Frankreich. In einem seiner beliebtesten Songs erzählt er die Geschichte eines jungen Mannes, der seine Heimat verlässt, um im Ausland ein besseres Leben zu suchen. Über 13 Millionen Mal wurde der Clip auf Youtube aufgerufen. Millionen weitere kommen auf anderen Plattformen wie Spotify hinzu. Tati G13 hat auf Tiktok 250 000 Follower und singt ausschliesslich auf Arabisch. «El Kazaoui» heisst dieser Song.

Der Rapper Tati G13: «Wir müssen uns nur in die Cafés setzen. Jetzt bereiten wir uns auf die Flucht vor.»

El Kazaoui oder Al Casaoui ist das Pseudonym eines sehr bekannten marokkanischen Schleppers. Er stammt aus Casablanca, deshalb der Name: derjenige aus Casa. Laut marokkanischen und osteuropäischen Medien sind Kazaoui und seine Bande nicht nur im eigenen Land aktiv. Sie haben das Schleppergeschäft auch entlang der Balkanroute in Europa während Jahren kontrolliert, möglicherweise auch heute noch. Genauer: in der Grenzregion zwischen Ungarn und Serbien. Wie Kazaoui aussieht, ist unbekannt.

Auch den Aufenthaltsort des Schleppers kennt man nicht. Vieles deutet darauf hin, dass er zwischen Marokko und der Türkei hin- und herpendelt. Kazaoui bleibt für die Öffentlichkeit ein Phantom, was sein Ansehen bei vielen Jugendlichen sogar noch erhöht. Ob der Rapper Tati G13 von Kazaoui für sein Werbevideo Geld erhalten hat, weiss niemand, doch Migrationsfachleute vermuten es.

In einer der Szenen im Video steht Tati G13 auf einer Aussichtsplattform in der knapp hundert Kilometer von Paris entfernten Provinzstadt Château-Thierry. Umgeben ist Tati G13 von jungen Männern in modischer Freizeitkleidung und Marken-Insignien, alle mit maghrebinischem Aussehen, alle mit cooler Ausstrahlung, alle maximal entspannt. Malerische Aussicht auf das Städtchen in goldenem Abendlicht. «Ich habe mein Geld an El Kazaoui geschickt», singt Tati G13: «Wir müssen uns nur in die Cafés setzen. Jetzt bereiten wir uns auf die Flucht vor.»

Tatsächlich dauert die Überfahrt auf der westlichen Route von Marokko nach Spanien oder von Tunesien nach Italien je nach Ort, Witterung und Bootstyp nur wenige Stunden. Moderne Schnellboote mit mehreren starken Aussenbordmotoren und teilweise über weit hundert PS bewältigen bis zu 50 oder mehr Kilometer pro Stunde. Mit den Bildern von verrosteten Kähnen mit Hunderten von verzweifelten Menschen, die im Mittelmeer von der Küstenwache oder von Seenot-Rettungsorganisationen an Land geschleppt werden müssen, haben diese Europa-Trips nichts zu tun. Hochgefährlich sind die Überfahrten allerdings dennoch.

Bilder von angeblich superschnellen Schiffen, kräftigen Motoren und fröhlichen Männern sind auf vielen Profilen massenweise zu finden. Motoren sind ein Verkaufsargument. Es gilt: je stärker die Leistung, desto höher der Preis. Auch auf mehreren kurzen Videosequenzen auf dem Tiktok-Account von Yassine wird das Un-Boxing von Yamaha-Motoren gezeigt, ähnlich wie es Tech-Nerds tun, wenn sie auf Youtube neue Handys auspacken. Die Filme sind mit arabischer Musik unterlegt und von aufmunternden Parolen und italienischen Flaggen begleitet.

Manchmal wird die Botschaft sogar ganz offen mitgeliefert: «Hallo, es gibt ein Programm für eine Reise nach Lampedusa vor Ende des Jahres. Eine Reise mit zwanzig Passagieren. Schnellboot (Zodiac), die Motorleistung beträgt 60 PS. Der Preis für die Reise beträgt 4000 tunesische Dinar.» Das entspricht umgerechnet rund 1200 Euro. Kurz nachdem das Angebot gepostet worden ist, verschwindet der Account wieder.

In den Community-Richtlinien äussert sich Tiktok eher kryptisch dazu, wo sie die Grenze zwischen erlaubten und verbotenen Inhalten zieht. «Wir erlauben keinen Menschenhandel und -schmuggel», heisst es dort zwar. Besonders restriktiv scheint die Plattform die Regeln jedoch nicht zu interpretieren: Tiktok verstehe, wie wichtig es für Überlebende von Menschenhandel und -schmuggel sei, ihre Geschichten zu teilen, beziehungsweise für Migranten, ihre Reisen dokumentieren zu können, so die Richtlinien: «Aus diesem Grund bieten wir einen Raum dafür.»

In den Kommentarspalten gratulieren Freunde

Auf zahlreichen Tiktok-Videos sind Boote in voller Fahrt zu sehen, romantisiert mit der am Horizont aufgehenden Sonne, die sich im Meer spiegelt. Dazu lebensfrohe Männer in orangen Schwimmwesten, die unbeschwert in die Kamera lachen. Manche zeigen das Victory-Zeichen: Wir haben es geschafft. In den Kommentarspalten gratulieren Freunde und andere User. Von Motorschäden und schweren Unfällen mit Toten und Vermissten, die ebenfalls regelmässig vorkommen, wird kaum je berichtet.

Welche Anziehungskraft solche Szenen haben, zeigen nicht nur die Migrationszahlen in den europäischen Ländern. In den Maghrebstaaten selber spielen sich als Folge von Social-Media-Inhalten immer wieder dramatische Szenen ab. Im September vor sechs Jahren verbreitete sich im Norden von Marokko ein Gerücht, das ein cleverer Influencer gezielt in Umlauf gebracht hatte: Ein Schnellboot bringe junge Ausreisewillige kostenlos nach Spanien. Auf Facebook tauchten Videos mit triumphierenden Männern auf Booten auf, die «Viva España» riefen.

Am 22. September warteten Hunderte von Harraga am Strand von Martil in der Nähe von Tétouan. Tatsächlich tauchte ein Boot auf, und obwohl bald klar wurde, dass die Reise nicht gratis war, wiederholte sich die Szene an den folgenden Abenden: Junge Harraga strömten an den Strand von Martil. Am 25. September eskalierte die Lage: Die Küstenwache eröffnete das Feuer, es gab zahlreiche Verletzte, eine Studentin starb.

Bis heute kommt es in Marokko zu solchen Massenphänomenen. So im letzten Herbst, als Tiktok-Influencer Auswanderungsversuche bei Fnideq, einer Stadt im Norden Marokkos an der Grenze zur spanischen Exklave Ceuta, aggressiv anheizten. Die marokkanischen Behörden reagierten mit einem Grossaufgebot, schlossen Strände, errichteten Barrikaden und Kontrollpunkte. Zahlreiche Personen, unter ihnen Influencer, wurden wegen der Verbreitung von Falschinformationen und der Anstachelung zur illegalen Auswanderung festgenommen.

Markt zieht immer mehr Influencer an

Wie gross der Anteil von Social Media und von Influencern am wachsenden Migrationsdruck ist, lässt sich kaum quantifizieren. Auf diese explosive Dynamik hatte der marokkanische Migrationsexperte Khalid Mouna in einem Interview allerdings schon vor zwei Jahren aufmerksam gemacht. Es bilde sich ein riesiger Markt heraus, der immer mehr Influencer anziehe, beobachtete Mouna, der an der Fakultät für Humanwissenschaften in Meknes, Marokko, lehrt. Die Influencer verkauften Illusionen über illegale Migrationsrouten und unterschätzten dabei die damit einhergehenden katastrophalen Folgen. Tausende Menschen werden bei der Fahrt über das Mittelmeer jedes Jahr als tot oder vermisst gemeldet, und dennoch bleibt die Nachfrage riesig.

So ist Social Media zum grössten Marktplatz für Schleuser geworden, die auf die weitverbreitete Frustration und Verzweiflung ihrer Landsleute setzen, wie Polizeibehörden in Europa feststellen. Im letzten Oktober haben die Innenminister der G-7-Staaten eine verstärkte Zusammenarbeit mit den Plattformen beschlossen, um Online-Aktivitäten von kriminellen Schlepperbanden zu unterbinden.

Inzwischen macht sich Europas härter werdender Kurs in der Asylpolitik auch im Maghreb bemerkbar. Die nordafrikanischen Regierungen sind im Dilemma: Einerseits haben sie selbst ein Interesse an der Ausreise von schlecht gebildeten und schlecht integrierten jungen Männern. Gleichzeitig erhöhen die europäischen Regierungen den Druck. In Tunesien, das für die Sicherung der Grenze entlang des Mittelmeeres von Italien und der EU bezahlt wird, versucht die Regierung nun, die Migranten aus dem südlichen Afrika ins Visier zu nehmen. Sie sollen innenpolitisch für den unpopulären Ausreisestopp verantwortlich gemacht werden. Das führt zu einer brutalen Dynamik.

Mehrfach haben in den vergangenen Wochen selbsternannte Bürgerwehren Flüchtlinge und Migranten aus der Subsahara angegriffen. Es kommt zu Razzien und Vertreibungen durch staatliche Sicherheitskräfte und durch dem Regime nahestehende Milizen. Die Stimmung ist aufgeheizt wie selten in den letzten Jahren. Auch Yassine hatte monatelang Angst, festgenommen zu werden. Doch Repression und Unsicherheit bedeuten, dass der Frust weiter wächst und die Schlepper mit neuen Kunden rechnen können. Neue Zahlen deuten darauf hin, dass die irregulären Überfahrten bald wieder zunehmen könnten. Und je schwieriger die Bedingungen für eine Ausreise nach Europa werden, desto stärker steigen die Preise.

Noch in diesem Monat will Yassine seinen Account wieder aktivieren.

* Name geändert.

Bildquellen:
Bild 1 (Paris): Facebook
Bild 2 (Schlauchboot): Facebook
Bild 3 (Zürich, Altstadt): Tiktok
Bild 4 (Ausrüstung): Tiktok

https://www.nzz.ch/schweiz/sei-nicht-traurig-mama-meine-zukunft-liegt-jenseits-des-meeres-wie-maghrebinische-influencer-die-irregulaere-migration-anheizen-ld.1870772


Neue Zürcher Zeitung, 14 avril

Freiwillige Remigration – konservative Muslime flüchten vor «küssenden Frauen» und dem gottlosen Westen

Freizügiger Lebensstil, Homosexualität, Schwimmunterricht für Mädchen: All das ist radikalen Muslimen ein Greuel. Sie haben damit viel mit Rechtsextremen gemeinsam.

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«Remigration» ist ein Begriff, der in den letzten Monaten für hitzige Debatten gesorgt hat. Politik und Medien lamentieren vor allem über Phantasien von Rechtsextremen, die Migranten zur Rückkehr zwingen wollen, selbst wenn diese gut integriert sind oder bereits in zweiter Generation in Europa leben.

Dabei gibt es im Zusammenhang mit «Remigration» einen Trend, den Progressive lieber ignorieren, weil er nicht in ihr Weltbild passt: Muslimische Migranten kehren zurück in islamische Länder. Dies nicht etwa, weil sie in Europa jener Islamfeindlichkeit ausgesetzt wären, die von Linken oft beschworen wird. Sondern weil sie vor dem liberalen Lebensstil im Westen flüchten.

«Der Westen ist das Paradies des Teufels»

Ein Beleg für diese Entwicklung findet sich auf dem populären arabischsprachigen Youtube-Kanal «Muslim Affairs». Der Betreiber dieses Kanals, der über 1,6 Millionen Abonnenten zählt, hat es sich zur Aufgabe gemacht, die Stimmen der Rückkehrer zu dokumentieren. In Dutzenden von Videos nimmt er Anrufe von muslimischen Remigranten entgegen, die ihre oft emotionalen Berichte über die Flucht aus dem Westen teilen.

Was es in den Kommentarspalten zu diesen Videos zu sehen gibt, ist ebenso aufschlussreich: Hunderte weitere Migranten schildern ihre eigenen Erfahrungen oder äussern den Wunsch, dem Beispiel der Rückkehrer zu folgen. Es entsteht der Eindruck einer Bewegung, die sich abseits medialer Aufmerksamkeit formiert.

Die Testimonials dieser muslimischen Remigranten strotzen vor Hass auf die offene Gesellschaft, der sie ihr Aufenthaltsrecht verdanken. «Der Westen ist das Paradies des Teufels», erklärt ein Mann, der Finnland für den Irak verliess. Seine Sprache ist von religiöser Inbrunst durchdrungen, musste er doch mit ansehen, wie «zwei Frauen sich in der Öffentlichkeit vor den Augen der Kinder geküsst haben». Blasphemie!

Die Angst vor dem «intellektuellen Kidnapping»

Eine Frau berichtet, sie habe den Westen «aus Angst vor der intellektuellen Entführung meiner Kinder» verlassen. Sie schreibt: «Die Frau im Westen hat keinen Wert. Und die Menschen haben keine Moral, Männer heiraten Männer, Frauen heiraten Frauen.» Ihr Appell richtet sich an alle muslimischen Eltern: Verlasst den Westen, bevor eure Kinder geistig entführt werden.

Ein Familienvater, der nach dreissig Jahren in Europa nach Mauretanien zurückkehrte, erinnert sich mit Grauen an das deutsche Bildungssystem, in dem sich neunzig Prozent des Unterrichts um Homosexualität drehe. Seine Abscheu gipfelt in der Vorstellung, seine Kinder könnten westliche Werte verinnerlichen. «Bei Allah, ich habe keinen einzigen Tag ruhig geschlafen, nachdem ich erfahren hatte, dass meine Kinder in der Schule zur Homosexualität erzogen werden.»

Eine Frau, die von Schweden nach Algerien ausgewandert ist, sieht in westlichen Schulen Brutstätten des «Atheismus, der Homosexualität, des Sex». Sie warnt vor der Indoktrination. Es sei ein Irrtum zu glauben, Kinder würden gehorchen. Denn wenn sie herangewachsen seien, hätten sie viele Ideen und «seltsame Vorstellungen» aufgesogen. Sie fragten ihre Eltern plötzlich, warum etwas «haram» sei und etwas anderes «halal». Kurz, sie stellten «existenzielle Fragen, atheistische Fragen – Gott bewahre uns!».

Ein bezeichnender Fall ist der einer syrischen Familie, die 2016 nach Deutschland kam. Als die Schule von der Tochter verlangte, am Schwimmunterricht teilzunehmen und einen Badeanzug zu tragen, geriet der Vater in einen moralischen Konflikt. Was ihn besonders entsetzte: Seine eigene Tochter wollte teilnehmen. «Es war ein Albtraum», berichtet er. Die Erfahrung motivierte die Familie schliesslich zur Auswanderung in die Türkei.

Auch in den USA entkommt man der Indoktrination nicht. Eine marokkanische Frau berichtet, wie eine «christliche Lehrerin in einer islamischen Schule ihren Kindern ein Video über ein homosexuelles Kind» gezeigt habe. Es war einer von mehreren Vorfällen, der sie zur Rückkehr nach Marokko bewog.

«Regenbogen nur am Himmel» – Rechtsradikale empfehlen Strandferien in Polen

Die Abscheu vor westlicher Lebensart hat eine lange intellektuelle Tradition. Als der ägyptische Islamist Sayyid Qutb 1949 in Colorado studierte, reichte ein einziger Tanzabend in einer Kirche, um seinen lebenslangen Hass auf die westliche Dekadenz zu entfachen. Was für amerikanische Studenten ein harmloser geselliger Abend war – junge Männer und Frauen, die zu dem damals populären Lied «Baby, It’s Cold Outside» im gedämpften Licht tanzten –, erschien ihm als Inbegriff moralischer Verkommenheit. In seinen Schriften liess er sich angewidert über die «animalische» Atmosphäre aus, die er wahrnahm, als die Lichter gedimmt wurden und die Paare sich näherten.

Die Äusserungen der heutigen Remigranten zeigen: Wer wie viele progressive Ideologen glaubt, konservative Muslime seien Verbündete im Kampf für «Diversity» und gegen rechte Identitätspolitik, irrt. Die Errungenschaften liberaler Politik – LGBTQ-Rechte, Religionsfreiheit, individuelle Selbstbestimmung – sind genau jene Werte, die traditionelle Muslime radikal ablehnen.

Während linke Aktivisten islamkritische Positionen reflexhaft als islamophob und rassistisch brandmarken, teilen viele traditionelle Muslime genau jene Kritik an westlicher «Dekadenz», die auch Neue Rechte und Rechtsextreme umtreibt.

Die Flucht vor westlicher Liberalität ist denn auch nicht auf muslimische Remigranten beschränkt. Rechte Ideologen idealisieren Länder wie Polen als Zufluchtsorte, an denen man ohne «woken Wahnsinn» leben dürfe. Das AfD-Medium «Deutschland-Kurier» bewarb kürzlich Ferien an polnischen Stränden. Dort, so die Botschaft, gebe es «Regenbogen nur am Himmel».

AfD-Mann Maximilian Krah warnt vor Islamkritik

Vor diesem Hintergrund gewinnt Frederic Höfers Essay «Feindbild Islam als Sackgasse: Plädoyer für einen rechten Kurswechsel» eine unheimliche Bedeutung. Höfer, ein Rechtsradikaler, vertritt die These, dass «traditionsbewusste» Europäer und Muslime sich vereint dem «zersetzenden Antitraditionalismus des Westens» entgegenstellen müssten.

Doch was geschähe, wenn traditionelle Muslime und rechtsradikale Europäer gemeinsame Sache machten, wie Höfer es vorschlägt? Würden dann progressive Kräfte, die heute jeden Hauch von Islamkritik als «Islamophobie» anprangern, zu erbitterten Islamgegnern mutieren? Und würden konservative Kreise, denen heute Islamfeindlichkeit vorgeworfen wird, plötzlich gegen «Islamophobie» wettern?

Diese Entwicklung zeichnet sich mancherorts bereits ab. Der AfD-Politiker Maximilian Krah warnt mittlerweile vor Islamkritik und wirbt für ein Bündnis mit konservativen Muslimen gegen die «linksliberale Elite». Die freiwillige Remigration antiliberaler Muslime dürfte ihm Sorgen bereiten. Und so bleiben Muslime in Europa ein Spielball für linke und rechte Ideologen: mal als Ersatz des Proletariats, mal als Verbündete gegen die Aufklärung.

https://www.nzz.ch/feuilleton/freiwillige-remigration-konservative-muslime-fluechten-vor-kuessenden-frauen-und-dem-gottlosen-westen-rechtsextreme-krah-afd-polen-ld.1877993


Le Figaro, 4 avril

Les vérités de Nicolas Pouvreau-Monti sur les chiffres de l’immigration

PORTRAIT – L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), que cet ancien de Sciences Po a cofondé en 2020 avec des amis comme lui en fin d’études, est devenu une référence en matière de données statistiques dans un domaine où l’opacité était entretenue à dessein.

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La réalité de la « submersion » migratoire ne fait plus débat parmi les Français et c’est un peu grâce à Nicolas Pouvreau-Monti et aux études de l’OID, dont il est le directeur général. Quand François Bayrou a utilisé ce terme à l’Assemblée nationale pour décrire la situation à Mayotte, en janvier, la gauche de l’hémicycle a vociféré son indignation. Certains amis centristes du premier ministre ont eux-mêmes été choqués, mais l’opinion publique, elle, a approuvé massivement. 67 % des personnes interrogées par l’institut Elabe dans la foulée de cette séance mémorable ont estimé que la France, et pas seulement à Mayotte, subissait bien une « submersion migratoire ». Soit presque sept Français sur dix, parmi lesquels, forcément, des électeurs de gauche, dont 43 % du Parti socialiste et 24 % de La France insoumise.

Un sentiment en total décalage avec le discours promigrant commun aux dirigeants du Nouveau Front populaire. Pourtant, ils ne dédaignent pas s’abreuver aux mêmes sources statistiques que leurs homologues de droite. « Je ne vais pas vous donner de noms, s’amuse Nicolas Pouvreau-Monti, mais la lettre d’information que nous envoyons par mail est en moyenne ouverte par un député sur quatre et un sénateur sur deux. » Intéresser les élus à l’immigration bien au-delà du Rassemblement national et des Républicains est l’une des fiertés du cofondateur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, même si ses contempteurs préfèrent fuir le débat en le qualifiant d’« extrême droite »Pierre-Édouard Stérin, homme d’affaires catholique, libéral et conservateur, ne figure-t-il pas parmi les donateurs qui font vivre le think tank ?

Le déclic

L’OID est né en 2020 des discussions de Nicolas Pouvreau-Monti avec cinq amis à l’époque tout juste diplômés de Sciences Po, comme lui, de Polytechnique, de l’Essec ou de l’Inet (Institut national des études territoriales). Le déclic de départ a été une conférence donnée par le préfet Michel Aubouin, qui a notamment occupé le poste de directeur de l’Intégration au ministère de l’Immigration sous Nicolas Sarkozy et François Hollande. « Quand je suis arrivé en 2009 au ministère et que j’ai demandé les chiffres disponibles sur les processus d’immigration, on m’a répondu qu’ils n’étaient pas collectés », raconte aujourd’hui le préfet.

Il a tout de suite accepté d’apporter son expertise aux jeunes pleins d’enthousiasme qui étaient venus le voir pour constituer une base de données fiable et accessible à tous sur les flux migratoires. « Ils avaient découvert que quand on veut et qu’on est un peu malin, on peut trouver des chiffres. Le travail statistique qu’ils abattent est gigantesque, à tel point que même le ministère de l’Intérieur fait appel à eux », salue Michel Aubouin, membre du conseil scientifique de l’OID au côté d’autres éminents spécialistes de l’immigration comme Pierre Brochand, ancien patron de la DGSE.

«Décrire le réel»

Quand l’OID publie une étude sur « les chiffres chocs des naissances issues de l’immigration récente », sur le poids de l’immigration sur notre système de santé ou propose de réduire de 7 milliards d’euros par an le coût net de l’immigration, il respecte à la lettre sa mission, telle que Nicolas Pouvreau-Monti la définit : « Nourrir le débat grâce à des données vérifiables mais, aussi, proposer des solutions pour reprendre le contrôle de notre politique migratoire ».

Bruno Retailleau ne tarit pas d’éloges sur l’OID « Tout ce qui peut contribuer à décrire le réel est bienvenu, estime l’actuel locataire de la Place Beauvau. Dans notre pays, plus que chez la plupart de nos voisins européens, le débat sur l’immigration est tellement passionné et idéologique qu’il est difficile de l’aborder sereinement. Le travail scientifique de Nicolas Pouvreau-Monti et de l’Observatoire est de ce point de vue absolument essentiel. »

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-verites-de-nicolas-pouvreau-monti-sur-les-chiffres-de-l-immigration-20250404


The Economist, 3 avril

The small-boat business

Britain’s plan to smash people-smuggling gangs has a big problem. There are no gangs

Full text:  https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/04/3-avril-1.pdf

Link: https://www.economist.com/britain/2025/04/01/britains-plan-to-smash-people-smuggling-gangs-has-a-big-problem


Le Figaro, 2 avril

Suède : le gouvernement veut imposer un critère de «conduite honnête» aux migrants, sous peine d’expulsion

Soutenu au Parlement par les Démocrates de Suède (le parti d’extrême droite anti-immigration) le gouvernement actuel a introduit des restrictions de plus en plus sévères depuis son arrivée au pouvoir en 2022.

Full text:

Ce mardi, le gouvernement suédois a annoncé son intention d’introduire des normes de comportement aux migrants sous peine d’expulsion, s’appuyant sur les conclusions d’un rapport sur une possible évolution de la législation suédoise en la matière. «La grande majorité des personnes qui viennent en Suède sont parfaitement honnêtes, elles veulent simplement une vie meilleure, pour elles-mêmes, pour leur famille, elles veulent travailler, faire ce qu’il faut, apprendre la langue suédoise, faire partie de notre pays», a déclaré le ministre des Migrations Johan Forssell.

«Mais nous vivons également à une époque où la confiance des citoyens dans la politique d’immigration repose sur un principe très fondamental, à savoir que ceux qui viennent en Suède et commettent des crimes (ou qui se comportent mal d’une autre manière) ne devraient pas être ici», a-t-il ajouté. Après l’afflux massif de demandeurs d’asile en Suède lors de la crise migratoire de 2015, les gouvernements successifs de gauche et de droite ont renforcé les règles en matière d’asile.

«La législation sera plus stricte pour ces personnes qui ne sont pas des citoyens suédois»

Soutenu au Parlement par les Démocrates de Suède, parti d’extrême droite anti-immigration, le gouvernement actuel a introduit des restrictions de plus en plus sévères depuis son arrivée au pouvoir en 2022. Robert Schött, un ancien juge en charge de l’examen de cette mesure, propose d‘introduire dans la législation suédoise un critère de «conduite honorable» destiné aux migrants (principalement les étudiants, ceux ayant un permis de travail, et leur famille). Cela permettrait d’invoquer ce motif pour révoquer ou leur refuser un permis de séjour.

Ces «manquements dans le mode de vie» pourraient être, outre commettre un crime ou un délit, la fraude aux prestations sociales, l’endettement, les perturbations à l’ordre public induites par la toxicomanie, ou encore l’apologie du terrorisme ou d’autres agissements qui «menacent la sécurité» de la Suède, a énuméré le ministre des Migrations. «Je suis convaincu que la grande majorité des gens comprennent exactement ce que nous voulons dire dans ce contexte», a affirmé Johan Forssell. «La législation sera plus stricte pour ce groupe de personnes qui ne sont pas des citoyens suédois».

L’ONG Civil Rights Defenders critique ce futur projet de loi. «Cela créerait un système dans lequel certaines personnes pourraient être punies pour avoir exprimé des opinions qui restent tout à fait légales pour d’autres (…). Cela porterait atteinte au principe de l’égalité de traitement devant la loi et constituerait une évolution extrêmement regrettable pour la Suède», a déploré John Stauffer, responsable des questions juridiques au sein de l’ONG.

https://www.lefigaro.fr/suede-le-gouvernement-veut-imposer-un-critere-de-conduite-honnete-aux-migrants-sous-peine-d-expulsion-20250401


The Economist, March 28

The longer they stay : Ukrainian refugees may be in Europe for good

The war may end on terms too dangerous to lure them home

Full text:

Three years into the war in Ukraine, the information centre for refugees in Krakow, in southern Poland, is doing brisk business. But things have changed. At the start of the war Ukrainians asked for help finding housing and work. These days, says Ludmila Dimitrow, the centre’s co-ordinator, they mostly seek advice on acquiring permanent residency or Polish citizenship. Polish classes are booming. “Whenever we open up a new course for 25 people, 400 apply,” says Ms Dimitrow.

The European Union’s “temporary protection” scheme, which offers the bloc’s 4.3m Ukrainian refugees access to housing, employment and benefits, is due to expire next March. Europe will probably not imitate Donald Trump, who is considering revoking the status of Ukrainian refugees in America. But whether or not the EU’s programme is extended (for a second time), Ukrainians in exile are increasingly giving up on the idea of going home.

According to a recent study by the Centre for Economic Strategy (CES), a Ukrainian research group, only 43% of the refugees worldwide plan on returning, versus 74% two years earlier. For many, what matters is not only when the war ends, but how. The growing prospect of a ceasefire without Ukrainian membership in NATO or the EU, along with continued Russian occupation of a fifth of the country, does not inspire much confidence. Many Ukrainians fear Russia would attack again soon.

Ukrainian women, who form the bulk of the war refugees, were once widely expected to go home after the war. Today it is more plausible that an end to martial law would lead even more Ukrainians, especially men of military age who are currently barred from travel, to exit the country. The CES study says that over 500,000 men could leave. Because that would be catastrophic for Ukraine’s labour market, and for its capacity to defend itself, the country will hesitate to ease restrictions. “This might take a long time,” says Oleksandr Merezhko, a Ukrainian MP.

Ukrainians in Europe are putting down roots. In Poland the share of refugees, most of them women, working or actively seeking work has topped 67%. The government plans to let refugees exchange temporary protection for a residence permit valid for three years. The number that apply “might be a few hundred thousand, or it could be all of them,” says Maciej Duszczyk, the deputy minister of the interior.

Ukrainians contribute much more to Poland’s economy as workers and taxpayers than they cost in humanitarian assistance. In 2023, they added as much as 1.1% to GDP, according to Deloitte, a consultancy. Even a fresh exodus from Ukraine would not pose a problem. Poland’s unemployment rate is just 2.6%, tied for lowest in the EU. Without immigration, the country’s workforce would shrink by up to 2.1m people in the next decade due to ageing, says Andrzej Kubisiak of the Polish Economic Institute, a think-tank. Refugees from Ukraine help plug the gap.

In most of the EU, though, the picture is bleaker. In Germany, the employment rate among Ukrainian refugees was just 43% at the end of 2024. The share is even lower in Italy and Spain, though it is rising almost everywhere. In Germany refugees view the lack of child care as the biggest obstacle. Others, however, blame generous state benefits. Of the nearly 1.2m Ukrainian refugees in Germany, over 700,000 receive a welfare payment of €563 ($607) per month. Christian Democratic politicians have suggested cutting payments to nudge refugees into work.

Poland may do so as well, as popular attitudes towards Ukrainians harden. The country’s ruling Civic Coalition has already restricted its “Family 800+” programme, which pays families a monthly 800 zlotys ($206) per child, to refugees whose children attend Polish schools. The government is now considering limiting it to those who work and pay taxes in Poland.

In theory the job market in Europe is fully open to Ukrainians covered by temporary protection. In practice refugees struggle to find white-collar jobs. In Poland 48% of foreigners, mostly Ukrainians, are employed in positions below their qualifications. In Germany 72% of adult Ukrainian refugees have university degrees, but most are working in low-skilled jobs or are unemployed. Language can be an obstacle, and recognition of professional degrees and certificates is slow or impossible. Employers are also reluctant to hire Ukrainians because countries might revoke their protected status, analysts say.

Those are surmountable problems. Others are less so. Anzhelika, a music teacher from Vinnytsia, in central Ukraine, cleans homes and packs clothes at a warehouse in Krakow. Like millions of Ukrainians in Europe, she faces an unenviable choice. To stay in Poland would mean more time away from her husband, who cannot leave Ukraine. To go back would be to gamble with her two children’s future. “Even if the war ends now, it will start again,” she says. “Under these circumstances, what kind of mother would want to take her son back to Ukraine?”■

https://www.economist.com/europe/2025/03/27/ukrainian-refugees-may-be-in-europe-for-good


Neue Zürcher Zeitung, 28. März

Die Europäer sind im Kriegsfieber und vergessen die Innenpolitik: Die Probleme mit der Migration gehen nicht von alleine weg

Die Polen verschärfen ihre Asylpolitik. In Europa aber fehlt eine ernsthafte Initiative, um das dysfunktionale Asylsystem zu beheben. Im Eifer der Aufrüstung geht das unliebsame Thema unter. Das könnte sich rächen.

Full text : 

Der polnische Ministerpräsident Donald Tusk hat am Mittwoch einen Erlass unterschrieben, um das Asylrecht an der Grenze zu Weissrussland ab sofort einzuschränken. Die Regelung gilt für 60 Tage, kann aber verlängert werden. Seit einigen Jahren sieht sich Polen mit dem Problem konfrontiert, dass die autokratischen Nachbarn – Weissrussland und Russland – Flüchtlinge benutzen, um das Land zu destabilisieren.

Menschenrechtsorganisationen verurteilen die polnische Härte und listen verschiedene Rechtsverstösse auf. Die Europäische Union hingegen ist erstaunlich konstruktiv. Im vergangenen Jahr hielt man fest, dass Mitgliedstaaten «alles Notwendige» tun dürften, um sich gegen «hybride Angriffe Russlands und Weissrusslands zu verteidigen».

Das heisst, wenn Asylsuchende als Waffen feindlicher Staaten eingestuft werden können, gibt es einen grossen Spielraum, diese Form der Migration zu unterbinden. Das ist wichtig, andernfalls würden sich die Europäer moralisch erpressbar machen. Gleichzeitig ist auch klar, wer die Verlierer dieser Politik sind: Asylsuchende, die, als Kriegsinstrumente missbraucht, entlang von Zäunen festsitzen.

So wird an der 400 Kilometer langen polnisch-weissrussischen Grenze offenbar, wie eine humanitäre Politik mit dem Schutz der nationalen Souveränität kaum in Einklang zu bringen ist. Die Situation in Polen mag ein Extremfall sein, da hier die Russen die Flüchtlinge in destruktiver Weise orchestrieren. Das Dilemma aber, einem humanitären Anspruch und den eigenen Interessen gerecht zu werden, ist die asylpolitische Normalität.

Der Schlaf der Gerechten

Das Jahr 2015 steht für die asylpolitische Grosszügigkeit Europas. Seither sind Illusionen geplatzt: Nicht nur zeigte sich die Überforderung vieler europäischer Staaten, Asylsuchende aufzunehmen und zu integrieren. Es wurde auch die Dysfunktionalität des Dublin-Systems offenbar. Die Regelungen sehen vor, dass für die Abwicklung eines Asylverfahrens der europäische Staat zuständig ist, den ein Asylsuchender als ersten betritt. Mit den offenen Binnengrenzen in Europa ist Dublin aber weitgehend untauglich. Migrationskritische, rechte Parteien haben in den vergangenen Jahren auch wegen des asylpolitischen Chaos stark zugelegt. Die EU versucht den Problemen und dem Unbehagen in der Bevölkerung mit einer Asylreform entgegenzuwirken, doch schon jetzt sind die Zweifel berechtigt, dass sich etwas grundlegend ändert.

Die Migrationsfrage scheint zurzeit ohnehin nachrangig zu sein. Die Europäer sind vielmehr im Kriegsfieber. Lange schliefen sie den Schlaf der Gerechten, nun sind sie plötzlich aufgeschreckt: von den Russen, von der Möglichkeit, die Amerikaner könnten sie verlassen. Nun will Europa 800 Milliarden Euro mobilisieren, um sich bis 2030 selbst verteidigen zu können. Das ist vernünftig und klingt frivol zugleich, wenn man etwa an die Aussagen des wahrscheinlichen künftigen deutschen Kanzlers denkt. Russland führe einen Krieg gegen Europa, gegen Deutschland, und zwar jeden Tag, sagt Friedrich Merz. In fünf Jahren also will man dann wehrbereit sein.

Deutsche Kraftanstrengungen

Immerhin gibt es in der Verteidigungspolitik ein klares, europäisches Ziel. In der Asylpolitik hingegen bleibt vieles vage. Innenpolitisch wird dieses Thema in den kommenden Jahren aber ganz entscheidend sein, vor allem in Deutschland. Die damalige Kanzlerin Angela Merkel hat 2017 eine «nationale Kraftanstrengung» bei den Ausschaffungen angekündigt, ihr Nachfolger Olaf Scholz sagte: «Wir müssen endlich im grossen Stil abschieben.»

Friedrich Merz wiederum verspricht eine asylpolitische Wende. Unter dem Eindruck eines brutalen Messerangriffs in Aschaffenburg im Januar sagte er sogar: «Kompromisse sind zu diesem Thema nicht mehr möglich.» Bisher hat Merz in den Verhandlungen mit den Sozialdemokraten über eine neue Regierung grosse Kompromisse gemacht, es würde erstaunen, wenn er hier nicht auch weich würde.

Angegriffene Ideale

Der Asylrechtsexperte Daniel Thym sagte kürzlich im «Spiegel», es brauche nun einen Systemwechsel, sonst verlöre die Bevölkerung den Glauben an das Asylrecht. Konkret: «Wir müssen die Menschenrechte weniger streng handhaben. Notfalls, indem die EU-Verträge und die Europäische Menschenrechtskonvention verändert werden.» Nach Terroranschlägen, Messerattacken und einer Häufung von Sexualdelikten kommt die Geduld der Bevölkerung an ein Ende. Viele Menschen sind nicht mehr bereit, asylpolitische Ideale bis zur Selbstgefährdung mitzutragen.

Die Europäer haben sich daran gewöhnt, dass Staaten wie die Türkei oder Libyen für sie die Drecksarbeit machen. Die Skrupel halten sich in Grenzen. Sie haben sich auch daran gewöhnt, dass Ausschaffungen nicht vollzogen werden. Wie bei der Verteidigung werden sie aber auch hier lernen müssen, sich selbst darum zu kümmern. Wenn es gilt, die europäischen Interessen wahrzunehmen, können sie sich im Zweifel auch nicht hinter angeblich unabänderlichen Rechten verbarrikadieren.

Schaffen sie es nicht, übernehmen rechtspopulistische Parteien ihren Job. Und es werden dann auch ihre oft russophilen Politiker sein, die die Zukunft der europäischen Verteidigungspolitik gestalten.

https://www.nzz.ch/meinung/im-kriegsfieber-vergessen-die-europaeer-die-innenpolitik-die-probleme-mit-der-migration-gehen-nicht-von-alleine-weg-ld.1877524


Le Figaro, 26 mars

L’Autriche suspend le regroupement familial, une première dans l’Union européenne

«Nous avons atteint les limites de nos capacités d’accueil», a affirmé la ministre de l’Intégration Claudia Plakolm, le gouvernement disant vouloir «protéger les systèmes» de santé, d’emploi et d’éducation.

Full text : 

Le nouveau gouvernement autrichien a annoncé mercredi 26 mars 2025 son intention de mettre fin au regroupement familial des réfugiés, pour «protéger» le pays alpin face à l’afflux de ces dernières années, une première dans l’UE. Un décret va désormais être publié et «d’ici mai, dans quelques semaines à peine, cet arrêt deviendra réalité», a déclaré la ministre de l’Intégration Claudia Plakolm, à l’occasion du Conseil des ministres à Vienne.

«Nous avons atteint les limites de nos capacités d’accueil», a-t-elle affirmé, le gouvernement disant vouloir «protéger les systèmes» de santé, d’emploi et d’éducation. Selon l’élue conservatrice, «la probabilité d’une intégration réussie diminue à chaque nouvelle arrivée». La tâche est «titanesque» alors que de nombreux réfugiés ont du mal à apprendre l’allemand, à trouver un travail et une place dans les écoles.

«Une nette hausse» des arrivées

Cette mesure, en vigueur pour six mois dans un premier temps, pourra être prolongée jusqu’en mai 2027. Elle intervient dans un contexte de durcissement des politiques migratoires de plusieurs États membres de l’UE, sur fond d’ascension de l’extrême droite. En Autriche, le parti nationaliste FPÖ a signé fin septembre une victoire historique aux législatives. Et s’il a échoué à former une coalition, il reste de très loin le premier parti du pays dans les sondages.

Le chancelier conservateur Christian Stocker, au pouvoir depuis début mars avec les sociaux-démocrates et les libéraux, est donc sous pression pour maintenir une ligne dure. L’Autriche, qui a vu affluer les réfugiés sur son sol lors de la crise migratoire de 2015, dit avoir observé «une nette hausse» des arrivées de membres de la famille de ceux ayant obtenu l’asile ou ayant droit à une protection subsidiaire parce que leur pays d’origine est considéré comme dangereux.

En 2023, ils étaient près de 9300 et l’an dernier 7800 dans un pays de 9,2 millions d’habitants. L’écrasante majorité vient de Syrie et est déjà concernée par une telle restriction de ses droits, annoncée après la chute du président Bachar al-Assad en décembre 2024. Plusieurs associations de défense des droits humains ont critiqué la décision du gouvernement.

«Il faut justifier d’une situation d’urgence» pour pouvoir stopper le regroupement familial, «ce qui n’est pas le cas en Autriche», a réagi auprès de l’AFP Lukas Gahleitner, porte-parole de l’ONG Asylkoordination Österreich, qui compte déposer un recours en justice.

https://www.lefigaro.fr/international/l-autriche-suspend-le-regroupement-familial-une-premiere-dans-l-union-europeenne-20250326


Le Figaro, 25 mars

Stéphane Manigold : «La restauration n’a pas besoin d’immigration !»

TRIBUNE – La crise du secteur ne découle pas d’une pénurie de main-d’œuvre étrangère, mais d’un chômage volontaire et d’un coût du travail trop élevé, limitant les marges et l’attractivité, estime le fondateur du groupe de restauration Eclore*.

*Le groupe Ecolre compte huit restaurants gastronomiques et 6 étoiles Michelin. 

Full text :  

Disons-le clairement : la restauration française traverse une crise profonde, mais certainement pas à cause d’un manque de bras venus d’ailleurs comme certains voudraient nous le faire croire. Avant de réclamer plus d’immigration, effectuons un diagnostic réaliste et honnête des causes profondes qui fragilisent notre secteur.

Regardons objectivement les données officielles : selon France Travail (anciennement Pôle emploi), notre pays dispose immédiatement de 45.241 serveurs et de près de 57.000 cuisiniers. À Paris même, ce sont 7655 cuisiniers et 5399 serveurs prêts officiellement à travailler immédiatement. À Marseille, on dénombre plus de 4000 professionnels du secteur en attente d’une embauche, tandis qu’à Agen, ce sont 638 cuisiniers et 631 serveurs immédiatement disponibles. Où est donc cette pénurie chronique ?

Posons clairement la question : pourquoi une telle ressource humaine reste-t-elle inutilisée ? En réalité, nous faisons face à une nouvelle forme de chômage volontaire, justifié par un discours dangereux : « J’ai cotisé, donc j’ai le droit de me reposer. » Si nous appliquions cette logique à l’assurance-automobile, les assurés provoqueraient un accident simplement parce qu’ils ont payé l’assurance ? La comparaison est brutale, mais elle est révélatrice.

Le cœur du problème est ailleurs : le coût exorbitant du travail en France. Un restaurant bien géré, respectueux des normes et du fait maison, atteint péniblement une marge de 10 %. Ce chiffre très faible ne permet pas d’augmenter significativement les salaires, limitant ainsi l’attractivité du secteur. De plus, l’augmentation incontrôlée du coût de l’énergie réduit encore ces marges déjà limitées. Le cercle vicieux est renforcé par les allégements Fillon qui poussent à embaucher des salariés à bas salaire (jusqu’à 1,6 fois le smic). Il est urgent de repenser notre modèle économique pour revaloriser les métiers, sans pénaliser l’équilibre fragile de nos régimes sociaux.

Ajoutons un autre enjeu de taille : des salariés sont actuellement en poste sous de fausses identités. Pour clarifier cette situation confuse, je propose d’instaurer une pause de six mois sur l’immigration dans le secteur. Pendant cette période exceptionnelle, les restaurateurs et les préfectures pourraient coopérer activement pour identifier ces travailleurs déjà intégrés mais mal enregistrés, afin de leur offrir enfin une régularisation officielle et transparente. Ce serait là une mesure juste, responsable et nécessaire pour la clarté de notre marché du travail.

Regardons autour de nous : l’Allemagne ou l’Europe du Nord ont su faire face à ces défis sans immigration massive, grâce à des politiques ciblées, comme l’apprentissage en alternance, des incitations fiscales précises ou encore des mécanismes efficaces d’insertion professionnelle. Ces exemples démontrent que l’appel systématique à l’immigration n’est ni incontournable ni souhaitable.

La restauration française n’a donc pas besoin d’un afflux massif de travailleurs étrangers. Ce qu’elle réclame, c’est du courage politique pour réformer enfin les coûts du travail et de l’énergie, une transparence administrative sans faille et une vraie réelle politique d’emploi valorisante pour les talents déjà présents en France. 

Voilà la recette d’un renouveau économique durable. Faisons-la maintenant, faisons-la ensemble.

https://www.lefigaro.fr/vox/economie/stephane-manigold-la-restauration-n-a-pas-besoin-d-immigration-20250324


Le Figaro, 24 mars

Nicolas Pouvreau-Monti: «Naissances issues de l’immigration récente, les chiffres choc»

TRIBUNE – Le ministère de l’Intérieur a publié la semaine dernière de nouvelles données sur les naissances issues des femmes immigrées installées récemment sur le territoire français. Des chiffres qui illustrent l’impact puissant des flux migratoires sur la démographie en France, analyse le directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie.

Full text :  

Dans le domaine réputé « sensible » de l’immigration, la collecte et le partage public de données par les institutions compétentes sont suffisamment rares pour que leur mise en œuvre soit saluée lorsqu’elle a lieu. Il s’agit d’un effort auquel le ministère de l’Intérieur s’astreint de manière accrue depuis plusieurs années, à travers un programme d’étude dénommé « Enquête longitudinale sur l’intégration des primo-arrivants », mieux connu sous l’acronyme Elipa.

Cette enquête, menée sous la supervision de la Direction générale des étrangers en France (DGEF), se donne pour objectif d’« appréhender le parcours d’intégration en France des immigrés durant les quatre années qui suivent l’obtention de leur premier titre de séjour  ». Elle s’intéresse pour cela à un panel représentatif d’étrangers majeurs, ressortissants de pays extérieurs à l’Union européenne, auxquels a été délivré un premier titre de séjour en 2018 et qui résident dans les dix départements les plus peuplés par les primo-arrivants de cette année-là.

Jeudi 13 mars dernier, le ministère a mis en ligne de nouvelles données obtenues par l’intermédiaire d’Elipa, portant sur « la fécondité des femmes primo-arrivantes » – c’est-à-dire les naissances issues des femmes immigrées installées récemment sur le territoire français. L’analyse de ces chiffres conduit à établir des constats saisissants, qui illustrent de manière factuelle l’impact puissant des flux migratoires sur la transformation rapide du paysage démographique de la France.

Une immigration «familiale»

Une première observation saute aux yeux : le pic des naissances issues des femmes immigrées se situe dès la première année après leur arrivée sur le territoire. La part de ces naissances qui ont lieu un an après leur installation est trois fois plus élevée que celle enregistrée un an avant la migration. Cette plus forte fécondité se maintient nettement, quoique de façon décroissante, dans les trois années qui s’ensuivent. L’immigration en France apparaît donc comme un puissant déclencheur de fécondité parmi les femmes extra-européennes qui s’établissent dans notre pays.

Plusieurs raisons peuvent être avancées pour éclairer un tel diagnostic. Il est probable qu’un certain nombre de femmes décalent des naissances qu’elles envisagent, jusqu’au moment de leur installation en France – synonyme d’une stabilité recherchée et d’un plus grand confort. En effet, les dispositifs d’accompagnement familial et social proposés dans notre pays sont sans commune mesure avec la situation dans les pays de départ, où ils sont bien souvent inexistants. Le délai minimal de résidence sur le territoire français requis pour bénéficier des principales prestations familiales (les allocations familiales, la prime à la naissance, l’allocation de rentrée scolaire…) est de neuf mois seulement, sans aucune limitation selon la nationalité.

Pour la première fois en 2023, plus de 30 % des naissances enregistrées en France ont été issues d’au moins un parent né en dehors de l’UE.

Par ailleurs, comme le souligne justement l’étude ministérielle, « les primo-arrivantes migrent souvent pour rejoindre de la famille, conjoint ou enfants, permettant plus favorablement une nouvelle naissance ». En effet, la France reçoit l’immigration la plus « familiale » de toute l’Europe de l’Ouest : la part des entrées d’immigrés permanents effectuées sur le fondement d’un motif « famille » a représenté 41 % du total des entrées sur la période 2005-2020 (un taux 3 fois supérieur à celui constaté en Allemagne), contre 10,5 % pour le motif « travail ». Or l’analyse de cette publication ministérielle permet de constater que le pic de naissances est particulièrement marqué chez les immigrées qui sont inactives à leur arrivée : toutes choses égales par ailleurs, les femmes au foyer ont environ 30 % de chances en plus d’avoir un nouvel enfant dans les quatre ans suivant leur migration en France que les immigrées occupant un emploi.

« L’immigration ne rend pas stérile»

Un autre constat marquant porte sur le fort écart de ces trajectoires selon les pays d’origine des immigrées. Ainsi, 57 % des immigrées algériennes ont au moins une naissance dans les quatre années suivant leur arrivée en France. C’est aussi le cas de 56 % des Maliennes, 54 % des Comoriennes ou 48 % des Ivoiriennes, contre seulement 15 % des immigrées philippines et 18 % des Chinoises.

Plusieurs facteurs sont à l’œuvre derrière de telles différences, ayant notamment trait aux habitudes sociales à l’œuvre dans les États de départ : les femmes originaires de pays où la fécondité est déjà élevée ont une probabilité significativement plus forte de connaître une naissance dans les années suivant la migration. Cette corrélation se vérifie par exemple avec les immigrées originaires du Mali – pays dont l’indice de fécondité s’élève à 5,5 enfants par femme.

La France présente, en effet, la singularité d’accueillir l’immigration la plus africaine d’Europe (3 fois la moyenne de l’UE pour la part des immigrés originaires d’Afrique dans le total de la population immigrée). Or, cinq des six États du monde qui connaissent le plus fort indice de fécondité sont des pays d’Afrique francophone. Il apparaît ainsi clairement que « l’immigration ne rend pas stérile », comme l’a formulé le démographe Gérard-François Dumont.

Des écarts inexpliqués

Cependant, des écarts inexpliqués se font jour pour certains pays d’origine. Prenons l’exemple des immigrées tunisiennes : 57 % d’entre elles ont un enfant dans les quatre ans suivant leur arrivée en France – record partagé avec les Algériennes. L’indice de fécondité en Tunisie est pourtant descendu à 1,8 enfant par femme l’an dernier, soit un niveau inférieur au seuil de renouvellement des générations. Un tel paradoxe peut aussi être soulevé dans le cas de l’Algérie (dont la fécondité locale est néanmoins supérieure de moitié à celle de la Tunisie). Comme le résume la note ministérielle : à fécondité égale dans le pays d’origine, « les primo-arrivantes maghrébines ont entre 20 % et 50 % plus de chances de faire un enfant dans les 4 années après leur installation ».

Les effets cumulés de l’accélération des flux migratoires et de leur impact sur la natalité emportent des mutations rapides de la société française

De tels faits établis soulèvent évidemment d’importantes questions quant aux enjeux d’intégration qui leur sont associés. L’analyse des données issues de l’OCDE avait déjà permis de constater que l’indice de fécondité des femmes nées hors de l’Union européenne était, en France, le plus élevé parmi l’ensemble des pays d’Europe occidentale. Pour la première fois en 2023, plus de 30 % des naissances enregistrées en France ont été issues d’au moins un parent né en dehors de l’UE.

Les effets cumulés de l’accélération des flux migratoires et de leur impact sur la natalité emportent des mutations rapides de la société française, qu’aucune politique publique n’apparaît avoir anticipées à leur juste ampleur. Pour reprendre l’expression fameuse de Michèle Tribalat : la stratégie des « yeux grands fermés » ne pourra certainement pas tenir lieu de réponse durable à un tel bouleversement.

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/nicolas-pouvreau-monti-naissances-issues-de-l-immigration-recente-les-chiffres-choc-20250323


The Economist, March 14

Nativism : The new economics of immigration

A fresh critique of migration is gaining ground. Liberals must take it seriously

Full text :   https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/03/14-mars-5.pdf

Link: https://www.economist.com/leaders/2025/03/13/the-new-economics-of-immigration


The Wall Street Journal, March 13

If You Hate America, Why Come Here?

Mahmoud Khalil is an extreme example, but many immigrants seem to revile the U.S.

Full text :   https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/03/13-mars-3.pdf

Link: https://www.wsj.com/opinion/if-you-hate-america-why-come-here-immigrants-khalil-deportation-add774f1?mod=hp_opin_pos_2#cxrecs_s


Le Figaro, 12 mars

«Notre système est défaillant» : la Commission européenne valide les «hubs de retour» pour migrants

RÉCIT – Sous pression, Bruxelles a présenté mardi ses dispositions pour durcir sa politique migratoire, et notamment celles sur les centres installés en dehors des frontières de l’UE.

Excerpts :  

Après de longs mois de tractations, la Commission européenne a dévoilé mardi à Strasbourg sa nouvelle proposition de règlement qui doit accélérer les expulsions des étrangers en situation irrégulière sur le sol européen. Il s’agit là d’un nouvel essai pour réformer la directive de 2008 en la matière, accusée d’être obsolète et appliquée de façon trop disparate par les Vingt-Sept. Mise sous pression par plusieurs États membres et par un débat public de plus en plus virulent sur le sujet, Bruxelles est aujourd’hui forcée de durcir sa politique migratoire, après s’être vue réclamer une loi « en urgence » à l’automne dernier, à l’occasion du sommet européen du 17 octobre.

Cible de beaucoup de critiques, particulièrement au regard de la nouvelle possibilité pour les pays de l’Union de créer des centres pour migrants en dehors de ses frontières, ce nouveau règlement vise principalement à « coordonner à l’échelle européenne » le renvoi des migrants illégaux et à durcir les obligations de coopération pour les personnes qui seraient visées par une décision de retour, avec des conséquences en cas de refus.

Dans les faits, le texte crée une décision de retour « européenne », qui « viendra compléter » les décisions des États membresCelle-ci se présentera sous « un formulaire commun qui comprendra les éléments clés de la décision de retour et sera disponible via le système d’information Schengen ». Le règlement définit aussi certaines catégories d’étrangers considérées comme des personnes présentant des risques pour la sécurité, comme les criminels avérés. « Ces ressortissants de pays tiers seront soumis à un retour forcé, à des interdictions d’entrée plus longues et à un motif de rétention distinct », affirme la Commission, qui souhaite mettre en place des contrôles de sécurité plus tôt dans le processus d’expulsion.

Sur la question, hautement sensible, des centres de retour, appelés également « hubs de retour », la Commission laisse aux pays membres la possibilité d’« innover » dans le processus de renvoi. Les modalités de ces centres seront laissées à la discrétion de chaque pays, tout en devant satisfaire à une série d’exigences : les migrants devront faire l’objet d’une décision exécutoire d’expulsion et les mineurs non accompagnés et les familles avec mineurs seront exclus de ce dispositif.

Selon la Commission, « quatre décisions d’expulsion sur cinq ne sont pas suivies d’effet ». Un « problème » pour l’Union européenne et une « injustice » pour les immigrés légalement présents en Europe, selon le commissaire chargé des Affaires intérieures et de la Migration, l’autrichien Magnus Brunner, à l’origine de la proposition. « Aujourd’hui, notre système est défaillant : les personnes visées échappent souvent aux autorités, et la mosaïque actuelle de 27 systèmes différents compromet l’efficacité des retours au niveau européen », a assuré Henna Virkkunen, la vice-présidente de la Commission chargée de la Sécurité et de la Démocratie. « Cette proposition était la pièce manquante de notre politique sur la migration, c’est une proposition ambitieuse et cruciale », a-t-elle insisté. (…)

https://www.lefigaro.fr/international/notre-systeme-est-defaillant-la-commission-europeenne-valide-les-hubs-de-retour-pour-migrants-20250311


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 8. März

Die Kontrolle der Migration ist lebenswichtig

Die Migrationsfrage ist ein zentraler Prüfstein für die neue Regierung. Wir brauchen Grenzkontrollen und müssen das Recht durchsetzen – im Sinne Deutschlands, seiner Bürger, der Flüchtlinge und ihrer Heimatländer.

Full text :  

Es war von Anfang an klar, dass die Union ihr Programm zur Eindämmung unkontrollierter Migration nicht einfach so würde durchsetzen können. Sie muss Kompromisse eingehen. Und die waren und sind mit der SPD am ehesten möglich. Dabei geht es nicht nur um wirksame Grenzkontrollen, sondern auch um Abschiebungen. Die hatte Scholz „in großem Stil“ angekündigt, was aber nicht wirklich geschah. Und auch Merz musste seinen Plan zur Abschiebehaft in großem Stil schon vor der Wahl beerdigen.

Kontrolle dient auch Herkunftsländern

Doch Union und SPD sind beide staatstragend genug, um hier zu einer Einigung zu kommen, die nicht nur beide Seiten zufriedenstellt, sondern Deutschlands Anspruch gerecht wird, das geltende Recht durchzusetzen. Und damit das Land sicherer zu machen. Zudem dient die Kontrolle der Einwanderung auch allen Herkunftsländern.

So ist nicht einzusehen, dass immer noch offenbar nicht wenige Afghanen ohne Asyl- oder sonstigen Schutzgrund offiziell nach Deutschland geflogen werden. In die Gegenrichtung herrscht eher wenig Verkehr. Das kann, auch mit Blick auf Syrien und andere Länder, auf Dauer nicht gut gehen, nicht für Deutschland und seine Bürger, nicht für die Flüchtlinge und nicht für deren Heimatländer. Die Migrationsfrage hat in der Tat nicht nur mit Souveränität und Staatlichkeit, sondern auch mit Humanität zu tun. Ein zentraler Prüfstein für die neue Regierung.

https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/afghanistan-und-abschiebungen-migration-kontrollieren-110342792.html


Neue Zürcher Zeitung, 4. März

Deutschland sollte keine Afghanen einfliegen

Die scheidende Regierung holt weiter Menschen aus dem Land am Hindukusch. Sie ignoriert damit den Willen der Mehrheit und geht möglicherweise Sicherheitsrisiken ein. Das geht so nicht.

Full text :  

Der Aufstieg von populistischen Parteien liegt immer auch darin begründet, dass sich die Bürger von den etablierten politischen Kräften nicht mehr gesehen fühlen. Friedrich Merz gelingt es in seinen besseren Momenten, diesem Gefühl etwas entgegenzusetzen. Merz dürfte mit einiger Wahrscheinlichkeit der nächste deutsche Kanzler werden. Auch deswegen, weil er manchmal unverblümt ausspricht, was seine Wähler denken.

Zur freiwilligen Aufnahme von Afghanen in Deutschland sagte er kürzlich: «Sind wir denn wahnsinnig geworden?» Das klingt drastisch, manch einer mag hier sogar Fremdenfeindlichkeit heraushören. Setzt man die Aussage in den Kontext, hat Merz allerdings recht.

In den vergangenen Jahren sind rund 350 000 Afghanen illegal nach Deutschland gereist, um dort Asyl in Anspruch zu nehmen. Bei Straftaten sind sie überrepräsentiert, im Arbeitsmarkt sind sie unterrepräsentiert.

35 000 Afghanen eingeflogen

Selbst schwer kriminelle oder terrorverdächtige Afghanen dürfen bleiben, weil Deutschland praktisch nicht in das Land am Hindukusch abschiebt. Oft finanziert der Steuerzahler deren Lebensunterhalt. Solche Absurditäten wurden den Deutschen lange als moralisches Gebot verkauft. Mittlerweile sind sie aber kaum noch gesellschaftlich vermittelbar. Eine klare Mehrheit wünscht sich laut Umfragen weniger Asylmigration.

Das ist der Hauptgrund für die Kritik an den Aufnahmeprogrammen. Zusätzlich zur ohnehin schon hohen Zahl afghanischer Asylmigranten wurden mit diesen Programmen weitere 35 000 Afghanen nach Deutschland gebracht. Teilweise handelte es sich dabei um sogenannte Ortskräfte, welche die Bundeswehr beim Einsatz in Afghanistan unterstützt hatten. In anderen Fällen waren es Menschen, die das deutsche Aussenministerium als besonders gefährdet einstufte.

An der Auswahl der Kandidaten für die Aufnahme waren in manchen Fällen Nichtregierungsorganisationen beteiligt, deren Namen grösstenteils nicht bekannt sind. Das hat einen Beigeschmack, scheint aber das kleinere Problem zu sein, wenn man sich die Recherchen diverser Medien zu dem Thema ansieht.

Diese zeigen, dass es Deutschlands Aussenministerium mit Sicherheitsfragen und der Echtheit von Passdokumenten nicht so genau nimmt, wenn es um die Visavergabe an Afghanen geht.

Die Idee hinter den Programmen ist gut

Vergangene Woche landete wieder ein Flugzeug mit Afghanen in Berlin, in Kürze soll das nächste folgen. Ein anonymer Regierungsbeamter kritisierte das in der «Bild»-Zeitung: Die Auswahl der Personen sei intransparent, die Identität in zahlreichen Fällen fraglich oder sogar völlig unklar, sagte er. Dass die scheidende deutsche Regierung trotzdem an den Flügen festhalten möchte, ist weltfremd.

Natürlich sind solche Programme grundsätzlich besser als eine ungesteuerte Asylzuwanderung. Auf den langen und gefährlichen Routen nach Mitteleuropa setzen sich die Starken durch – und nicht die Schwächsten, die am stärksten unter Krieg oder Islamisten zu leiden haben. Programme mit Kontingenten wären daher an sich leichter vermittelbar – allerdings nicht, wenn parallel dazu Hunderttausende illegal einreisen.

Seit dem Jahr 2015 wurden in Deutschland rund 2,7 Millionen Erstanträge auf Asyl gestellt. Hinzu kommen etwa 1,3 Millionen Ukrainer, die kein Asyl beantragen müssen. Die deutschen Städte und Kommunen können diesen Ansturm kaum noch verkraften, darin sind sich Bürgermeister und Kreisräte weitgehend einig. Dass Deutschland in dieser Lage Flugzeuge chartert, um Afghanen einzufliegen, ist absurd.

https://www.nzz.ch/der-andere-blick/deutschland-sollte-keine-afghanen-einfliegen-und-die-aufnahmeprogramme-stoppen-ld.1873609


The Guardian, February 26

The Chinese migrants hoping for a new life in Germany

A small but growing number of Chinese people are fleeing home, with their sights set on Germany thanks to its reputation as a safe haven for refugees

Extraits:  

Ling*, 42, arrived in Germany with his 10-year-old daughter, Feifei* in late 2024. Their journey from Jiangsu province in eastern China to the small town of Schöppenstedt on the outskirts of Hanover took more than three months and cost thousands of pounds in payments to people smugglers and plane tickets. Starting in August, it culminated with a dangerous wintry trek across the Balkan mountains from Bosnia into the European Union – first Croatia, then Slovenia, Italy and, finally, Germany.

Ling is one of the hundreds of Chinese people who claimed asylum in Germany in 2024.

After German voters unequivocally backed anti-immigrant policies in this week’s election, which saw the far-right Alternative für Deutschland (AfD) come in second place, a new cohort of immigrants are quietly hoping that their dreams of safety won’t be unmoored by the turbulence of European democracy.

Immigration is “one of the most important topics in the German context,” says Marcus Engler, a researcher at the German Centre for Integration and Migration Research, noting that so far Chinese people are “absent from the debate”.

Their numbers, although small, are rising.

In 2024, the number of asylum applications lodged in Germany was 250,945, a drop of about 30% compared with 2023. Chinese applications grew by more than 70% in the same time period, surpassing 1,000.

But despite Germany’s reputation among Chinese migrants as a safe haven for refugees, their chances of successfully claiming asylum seem slim. In 2024, nearly 50% of Chinese asylum seekers in Germany were rejected. According to the most recent data from France, traditionally a more restrictive country, only about 5% of Chinese asylum seekers were rejected.

The figures reflect the uncertainty about how to handle this new type of refugee – people who are fleeing the iron grip of the Chinese Communist party, rather than the instability and physical threats of war. Many people might wonder why a person living in a largely stable economy where the GDP per capita is roughly in line with the global average might choose to take so many risks to start a new life in a foreign country. (…)

“I learned on Telegram that Germany has the best policy for refugees in Europe,” said Yang, who had first tried to stay in Italy, but moved on when he couldn’t find anywhere that would shelter refugees.

Yang fled China after serving an eight-month prison sentence for comments he made on X criticising the Chinese government during the pandemic. Now he lives on the outskirts of Hanover, in an exhibition hall that has been transformed into a shelter for refugees. There are more than 300 bunk-beds in the room; Yang shares his with another refugee from China.

Crossing rivers and mountains for a new life in the west is known on Chinese social media as zouxian, or “walking the line”.

Wealthier Chinese are also abandoning their homeland for a new start in Europe. In February this year, Mou* and his family landed in Frankfurt for a transfer to Serbia. In the transfer hall, Mou called an emergency family meeting. We’re not going to Serbia, he told his three children, and we’re not going back to China either. Mou, his wife, their children and Mou’s parents approached Frankfurt airport staff and said they wanted to claim asylum. The plane tickets for the family of seven had cost more than 45,500 yuan.

Pre-Covid, the 42-year-old businessman enjoyed his life in China. He ran several food export companies, including a rougamo company that exported the popular Xi’an street food snack to the US. He owned several properties.

But the pandemic battered his business,and also his faith in the government. In 2022 he got into a fight with security officers because he refused to obey a lockdown order. He was detained for three days at the police station. Later, the police asked him to come back and “record some videos”. Mou refused to cooperate and was warned that his children’s future education would become “problematic”.

“My body was shaking when I got the call, full of fear and desperation … I immediately talked to my wife and said let’s leave,” Mou told the Guardian.

But despite Germany’s attractive reputation for asylum seekers, the country is full of uncertainty for newcomers. The AfD’s surging popularity in this month’s election means that harsher policies are likely.

Mou has some sympathy with those who want to tighten Germany’s borders. “If Germany completely opened up for immigrants, people from all over the world would flock to the country and mess it up,” he says. “But they can’t totally reject immigrants either. Real refugees who are being oppressed would have no chance … Like my case now, if I am rejected and deported, I don’t know where we’ll go next, or if we’ll have a chance of survival,” Mou says.

Most of all, the new migrants hope that anti-immigration sentiment doesn’t take aim at them. “Germany has taken care of me when I have no job and am making no contribution,” says Ling, who is living on a government handout of 700 euros (£581) a month as he awaits the outcome of his asylum application. “I hope to become a legal citizen, to work and to pay taxes. If the country needs me one day, I would contribute without hesitation”.

*Names have been changed

https://www.theguardian.com/world/2025/feb/26/the-chinese-migrants-hoping-for-a-new-life-in-germany


Neue Zürcher Zeitung, 21. Februar

Sarrazin wurde Opfer einer Hexenjagd. Doch Aschaffenburg und München zeigen: Er hatte recht

Der Bestseller «Deutschland schafft sich ab» von Thilo Sarrazin warf 2010 zentrale Fragen zur Migrationspolitik auf. Sie sind bis heute nicht gelöst. Die damalige Debatte um das jetzt neu aufgelegte Buch zeugt von einem Tiefpunkt politischer Kultur in Deutschland.

Volltext:

Alles Üble, was man in Deutschland, auch mit Blick auf die belastete Geschichte, über eine Person niedergehen lassen kann, das wurde über Thilo Sarrazin gesagt und geschrieben – und es macht einen noch heute fassungslos. Mit seinem Buch «Deutschland schafft sich ab – Wie wir unser Land aufs Spiel setzen» hatte der frühere SPD-Politiker, damals Vorstandsmitglied der Bundesbank, im Jahr 2010 die Probleme der Integration und der Migrationspolitik aufgezeigt. Er thematisierte unter anderem, dass muslimische Einwandererfamilien überproportional von Sozialleistungen lebten und, bildungsfern, kaum etwas zum Wohlstand beitrügen.

Sarrazin forderte hohe Hürden für die Zuwanderung und aktive Integration seitens der Migranten; er warnte vor der wachsenden Gefahr islamistischen Terrors. Das hätte er nicht tun dürfen. Sarrazin habe ein «antimuslimisches Dossier» verfasst, lautete ein noch vergleichsweise mildes Urteil der «FAZ».

Vertreter von Politik und Medien veranstalteten ein öffentliches Tribunal mit dem Ziel, den Autor auf allen Ebenen, beruflich, politisch, persönlich, zu vernichten. Man erklärte den Buchautor zum «Besessenen» («Berliner Zeitung»), der eine neue «Religionshygiene» begründe (Magazin der «Süddeutschen Zeitung»).

Das ZDF raunte, Sarrazin wolle einen «neuen Staat», nicht mehr «offen und gastfreundlich», «sondern abweisend, respektlos und fremdenfeindlich», was der «freiheitlich-demokratischen Grundordnung» widerspreche. Und während der Deutschen liebster Küchenphilosoph, Richard David Precht, in Sarrazin einen erkannte, der «mit seinen Vorurteilen ins Braune» rede, diagnostizierte der SPD-Kollege Ralf Stegner «überpointierte Überfremungsängste» und «Borderline-Rassismus».

Im deutschen Einwanderungsland

Es ist so, Deutschland stand sich aufgrund der nationalsozialistischen Vergangenheit immer selbst im Weg, wenn es um das Thema Migration ging. Das belegen alle Debatten, angefangen bei der verspäteten und zögerlichen Anerkennung der Bundesrepublik als ein Einwanderungsland über die Frage nach einer Leitkultur bis hin zu jener, ob der Islam zu Deutschland gehöre. Auch der hysterische Umgang mit Sarrazin beleuchtete, dass kein Interesse bestand an einer differenzierten Diskussion über Migrationspolitik.

Angefangen bei der damaligen Bundeskanzlerin Angela Merkel, die, seit fünf Jahren im Amt, ein Plädoyer für Zensur auf höchster Ebene abgab, indem sie das Werk als «nicht hilfreich» bezeichnete. Unvergessen ist bis heute ihr Eingeständnis, das Buch gar nicht gelesen zu haben, weil ihr für die Urteilsfindung die paar Vorabdrucke gereicht hätten. Man kann das als persönliche Borniertheit abtun. Oder man kann auf die Vorbildfunktion einer Regierungschefin hinweisen, die eine Meinung aburteilte, mit der sie sich zugegebenermassen nicht auseinandersetzen wollte.

Damit war jede Hemmschwelle für den medialen Vernichtungsfeldzug abgeräumt: Der «Ruf des Rattenfängers» wurde quer durch Politik und Medien beschworen unter der expliziten Forderung «Ja, Sarrazin muss weg» («Frankfurter Rundschau»).

Es ist heute in Anbetracht des antisemitischen Mobs auf Berlins Strassen kaum vorstellbar, aber auch der Zentralrat der Juden intervenierte bei der Bundesbank gegen Sarrazin. Angesichts des öffentlichen Kesseltreibens trat Sarrazin denn auch rasch als Bundesbank-Vorstandsmitglied zurück, um Schaden von der Institution abzuwenden.

Mit der Nazi-Keule

Der von der damaligen SPD-Führung angestrebte, von Alt-Bundeskanzler Helmut Schmidt scharf kritisierte Rauswurf aus der SPD, gegen den sich Sarrazin heftig wehrte, gelang allerdings erst im dritten Verfahren. Der Parteiausschluss von 2020 ist bis heute ein Schandfleck in der Geschichte der Sozialdemokraten. Deren damaliger Vorsitzender Sigmar Gabriel beschied dem jahrzehntelangen Parteimitglied Sarrazin ein «hoffnungsloses», mit der «Aufklärung» nicht vereinbares Menschenbild und sagte über dessen Buch, es seien genau solche Thesen gewesen, die Deutschland einst «nach Auschwitz» geführt hätten. Auschwitz!

Als Gabriel jüngst in der Talkshow von Markus Lanz im Hinblick auf Amerika die Frage in den Raum stellte, ob auch gerade in Deutschland die liberale Demokratie nicht eigentlich gefährdet sei, hätte man ihn gerne gefragt, ob ihm seine Tirade gegen Sarrazin heute leidtue.

Im Rückblick kann man sagen, dass im Fall Sarrazin ein unter Merkel erstarkendes links-grünes Milieu schon einmal ausprobierte, inwieweit sich Personen, die unliebsame Wahrheiten verbreiten, mit der Nazi-Keule mundtot machen lassen. Es war eine Lehrstunde, wie man den öffentlichen Diskurs beherrscht, indem man einem Kritiker der Verhältnisse die Etiketten von Hassrede oder Hetze anhängt. Dieser Stil mündete unter der Ampelregierung in der Aufforderung an Bürger, jene, die angeblich fehlbare Meinungen äussern, im Onlineverfahren bei Behörden («Meldestellen») zu verpetzen.

J. D. Vance liest den Deutschen in München die Leviten

Der neue Hang zur Gesinnungspolizei, mit der die deutsche Politik unter dem Vorwand, die Demokratie retten zu müssen, diese stückchenweise abschafft, hat sich weit herumgesprochen. Das machte der amerikanische Vizepräsident J. D. Vance in seiner Rede an der Münchner Sicherheitskonferenz deutlich. Er wies – mit erstaunlicher Detailkenntnis – darauf hin, dass es die deutsche Nation im Innern gefährde, wenn missliebige Meinungen hinter Brandmauern versorgt würden.

Am lautesten empört über diese Einmischung in deutsche Verhältnisse haben sich mit Bundespräsident Steinmeier und Bundeskanzler Scholz bezeichnenderweise zwei SPD-Spitzenpolitiker. Sie untermalten, wie mittlerweile Selbstherrlichkeit sehr wohl, Toleranz aber eher weniger ihr Denken bestimmt. Dabei wären die demokratischen Parteien der Mitte derzeit besonders gefordert als ein Forum für divergierende Meinungen.

Oft wurde gesagt, dass Sarrazins Buch Auslöser für die drei Jahre später erfolgte Gründung der Alternative für Deutschland gewesen sei. Diese Lesart dient einer multikulturell ausgerichteten Schicht mittlerweile als willkommene Ausrede, weil ihr die Migrationsdebatte ein Greuel ist. Es ist die «spezifisch deutsche Spielart utopischer Politik», die laut Sarrazin das Wünschbare über das Notwendige stellt.

Dieses Klima – und dazu zählt auch der damalige öffentliche, grösstenteils hysterische Umgang mit Sarrazin und seinen Thesen – ebnete den Weg für sich laut formierende Gegenpositionen. Eine «monochrome Meinungslandschaft, die vor Entrüstung bebt» (Henryk M. Broder), verlangt nach Gegenrede: Sarrazins Analyse zum Beispiel wie auch die Gründung der AfD drei Jahre später.

Was die Betreiber der Hexenjagd gegen Sarrazin nicht bedacht hatten, war, dass sich dort, wo sie seinen Aufruf für toxisch erklärten, ein Vakuum in der Migrationsdebatte bildete. Dieses besetzte die neue Rechte. Hinzu kam Merkels Flüchtlingspolitik, welche die Wähler rechts der CDU heimatlos machte. Solchen Umständen verdankt die AfD ihren anhaltenden Aufstieg.

Wie sich der Kampf um die Meinungshoheit zuspitzte, illustriert ein Einwurf der Schriftstellerin Sibylle Berg, die 2016 im «Spiegel» vorschlug, man solle doch die «biodeutschen» Vertreter von «Nationalismus» und «Leitkultur» wie Sarrazin oder Erika Steinbach «behutsam umsiedeln» an einen entlegenen Ort und dann einfach eine Mauer drumherum bauen.

Aschaffenburg war ein Weckruf

Das derzeitige Festhalten an der Brandmauer erinnert an den krampfhaften Ausschluss von Sarrazin vor fünfzehn Jahren. Kein Problem wurde dadurch gelöst, viele Probleme wurden geschaffen. Wann wird Deutschland zum demokratischen Dialog zurückkehren?

Sarrazins Buch stand nach seinem Erscheinen mehr als fünf Monate auf den Bestsellerlisten und wurde über 1,5 Millionen Mal verkauft; es ist eines der erfolgreichsten deutschsprachigen Sachbücher. Vergangene Woche erschien eine vom Autor ergänzte und kommentierte Neuauflage.

Was Sarrazin bereits 2010 schrieb: «Das westliche Abendland sieht sich durch die muslimische Immigration und den wachsenden Einfluss islamistischer Glaubensrichtungen mit autoritären, vormodernen, auch antidemokratischen Tendenzen konfrontiert, die nicht nur das eigene Selbstverständnis herausfordern, sondern auch eine direkte Bedrohung unseres Lebensstils darstellen.»

Heute gibt es keine aufgeregte Diskussion mehr über diese Problematisierung, die das Thema Zuwanderung zusammendenkt mit Begriffen wie Armut, Arbeit, Bildung oder islamistischer Bedrohung. Dass sich allerdings die Politik mit einer klaren Benennung der zentralen gesellschaftlichen Konfliktthemen weiterhin schwertut, zeigte dieser Wahlkampf. Es brauchte erst den zweifachen Weckruf der Anschläge in Aschaffenburg und München, bis das Thema in den Vordergrund gerückt ist.

Fragt man den mittlerweile achtzigjährigen Sarrazin, ob es ihn nach all den Anfeindungen mit Genugtuung erfülle, dass er in vielen Punkten recht gehabt habe, verneint er mit dem Hinweis, dass ihm die Situation in Deutschland grosse Sorge bereite. Wo er sich geirrt habe, hält Sarrazin heute nüchtern fest, da sei die Realität düsterer, als es seine Prognosen waren – nämlich in der Massenzuwanderung und im Abstieg des Bildungsstandorts Deutschland.

Gesellschaftspolitisches Versagen

Brisanter aber erscheint nun im Rückblick ohnehin die Rezeptionsgeschichte. Sarrazin widmet ihr in seiner «Bilanz» ein ganzes Kapitel, es zeugt von einem Tiefpunkt der politischen Kultur in der Bundesrepublik. Mag die Geschichte Sarrazins Thesen recht geben. Sein intellektueller Einwurf ist als ein Echoraum gesellschaftspolitischen Versagens ein Fanal.

Das islamistische Attentat 2016 auf den Berliner Weihnachtsmarkt läutete Jahre der Angst ein. Die Attentate nahmen zu, ohne dass in der Politik bis heute eine Kehrtwende zu verzeichnen war. Friedrich Merz (CDU) ist im Bundestag unterlegen mit seinem Versuch, dem Problem etwas entgegenzusetzen. Solange dieses Verdrängen im Geiste eines universalistisch-integrativen Multikulturalismus anhält, treibt man die Wähler der AfD in die Arme. Am Sonntag sind Bundestagswahlen. Thilo Sarrazin fällt diesmal aus als Sündenbock.

Die Neuauflage «Deutschland schafft sich ab. Die Bilanz nach 15 Jahren» ist erschienen im Langen-Müller-Verlag, München. 656 S., Fr. 39.90.

https://www.nzz.ch/feuilleton/sarrazin-wurde-opfer-einer-hexenjagd-doch-aschaffenburg-und-muenchen-zeigen-er-hatte-recht-ld.1871613


Le Point, 20 février

En France, le lent basculement historique du droit du sang vers le droit du sol

Aujourd’hui remis en cause, le droit du sol, loin d’être une évidence en France, est le fruit d’une construction politique longue de deux siècles.

Extraits:

En 1861, Émile Zola, âgé de 21 ans, demanda la nationalité française. Il était pourtant né à Paris en 1840 et, jusque-là, avait vécu en France. Mais, né d’un père italien et d’une mère française qui avait perdu sa nationalité en épousant un Transalpin, il était italien. La preuve qu’à cette date le droit du sang, l’héritage de la nationalité par la filiation, l’emportait en France largement sur le droit du sol. Car tel avait été le principe dominant d’un Code civil établi en 1804, qui privilégiait cette filiation.

Plus rigide que la conception de Napoléon, partisan d’un critère d’assimilation culturelle, ce Code s’était en effet élaboré en opposition à l’Ancien Régime, où le jus soli, le droit du sol, avait toujours primé puisque les sujets étaient alors liés aux seigneurs propriétaires des terres. L’État monarchique n’avait fait qu’hériter de cette tradition féodale avant de la prolonger.

Mais la Révolution s’inscrivit en faux par la mise en place d’une nation comprise comme une grande famille. Or, dans une famille, ce sont les transmissions qui prévalent, assurées par le père. La nationalité fut considérée comme telle, au même titre que les biens. Comme l’écrit l’historien Patrick Weil, c’est « la France qui inventa le droit du sang moderne ». Au XIXe siècle, son modèle fut même imité par la plupart des pays européens, notamment l’Espagne (1831), l’Italie (1865) et la Prusse (1842). Aussi surprenant que cela puisse paraître, le droit allemand, supposé à tort ethnique, est dérivé d’un principe du droit français.

À l’inverse, le jus soli fut conservé par la Grande-Bretagne, épargnée par une révolution à la française, qui exporta ce principe dans ses colonies, dont les États-Unis. Constituée comme un pays d’émigrants, l’Amérique a bâti une nation dont le droit du sol était consubstantiel, jusqu’à être inscrit, après la guerre de Sécession, dans le 14e amendement de la Constitution. Tous ceux qui naissaient sur le sol américain étaient américains, peu importent les origines de leurs parents. C’est cette tradition fondatrice du pays que Donald Trump a remise en cause, fin janvier, par son executive order.

Comme toute puissance qui se mesure à l’aune du nombre de ses soldats, la France avait pourtant, dans ce même Code civil, gardé un élément du droit du sol : l’enfant né en France de parents étrangers pouvait obtenir la qualité de Français en la demandant dans l’année qui suivait sa majorité. Ce fut la démarche de Zola. « La conscription obligatoire ayant été mise en place en 1798, il fallait pouvoir, dans un contexte d’armées citoyennes et non plus de métier, augmenter le nombre de soldats. Au-delà de cette considération, la puissance d’un pays se mesurait alors à son nombre d’habitants », explique Raphaël Doan, auteur en 2021 du Rêve de l’assimilation (Passés/Composés). (…)

Pour la France, tout a dépendu de la dose de droit du sol. Dans le Code civil, elle était très faible. Rares furent ceux qui ne refusèrent pas la nationalité française comme Zola. Car dans un pays devenu une terre d’immigration, le Code civil avait créé un paradoxe, autorisant les étrangers à ne pas devenir français. D’où les nombreux îlots d’étrangers, notamment dans les zones frontalières, que la France comptait au milieu du XIXe siècle.

En 1851, on tente donc de renforcer ce droit du sol : à 21 ans, si les enfants d’étrangers nés en France ne refusent pas cette nationalité, ils la reçoivent automatiquement. Insuffisant : de nombreux étrangers continuent à dire non pour échapper à la conscription. La nationalité française ne fait pas rêver. L’étranger n’est pas prêt à devenir français pour mourir pour la France.

Ces réticences, mais aussi le contexte d’une revanche à prendre sur l’Allemagne, la crise démographique ancienne, le besoin, dans le cadre de la révolution industrielle, d’une immigration à laquelle faire confiance en cas de conflit sont autant de raisons qui amènent la IIIe République à élaborer un Code de la nationalité plus « contraignant », qui bascule franchement vers le « droit du sol », machine à naturaliser.

En 1889, ce Code impose cette fois la nationalité française à la naissance à toute personne née en France dont un parent est également né en France. Elle ne peut plus la demander ni la refuser, elle sera française, à moins de se rétracter à un moment précis, un an avant la majorité. C’est un usage patriotique du droit du sol. Par ailleurs, l’enfant né en France d’un père étranger né à l’étranger devient aussi français à sa majorité, mais il peut aussi le devenir avant sa majorité par déclaration.

Face à ce droit du sol renforcé, la réaction du grand ennemi d’alors, l’Allemagne, terre d’émigration, est révélatrice. En 1913, alors que la guerre se profile, Berlin réplique par une loi visant à conserver dans son giron des Allemands qui auraient acquis une nationalité étrangère. On ne peut cesser d’être allemand. Cette législation, qui a fait bondir en France, a ancré l’idée que le principe du droit allemand serait ethnique. Une vision du reste obsolète. L’Allemagne, en 1998, a introduit des éléments de droit du sol : est allemand à sa naissance un enfant dont l’un des parents, étrangers, a résidé plus de huit ans légalement en Allemagne.

Face à l’hémorragie de la Grande Guerre, face au péril démographique aggravé, la France a continué de renforcer ce jus soli, malgré des débats épiques entre la droite nationaliste et la gauche qui arrive au pouvoir avec le Cartel de 1924. C’est une Assemblée nationale majoritairement à gauche qui vote la loi de 1927 assouplissant la naturalisation. La durée de résidence pour la demander est réduite à trois ans et prévoit que les enfants nés d’une mère française et d’un père étranger sont français.

Nos voisins ont aussi évolué

Cette libéralisation connaît son apogée peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, perçue comme inéluctable : un décret-loi de 1939 propose la citoyenneté française à tout étranger qui rejoindrait les rangs de l’armée. Si le régime de Pétain abolit certaines dispositions de la loi de 1927, l’après-guerre marque un retour au statu quo ante. En dehors de la parenthèse des lois Pasqua-Debré – 1993-1998 –, le droit du sol a continué à être étendu. Il concerne désormais les enfants nés en France de parents tous deux nés à l’étranger et y ayant vécu au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans.

En 2016, sous le quinquennat Hollande, il est même opérant de manière indirecte, transmis par un lien de fratrie : on peut devenir français même né à l’étranger de deux parents étrangers. Il suffit alors de résider en France depuis l’âge de 6 ans et d’avoir une sœur ou un frère ayant acquis la nationalité française.

Au gré de leur histoire migratoire, nos voisins ont aussi évolué : bastion du jus soli, l’Angleterre, devenue terre d’immigration, a introduit des éléments de droit du sang. À l’inverse, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie dans une moindre mesure, ont mâtiné le droit du sang d’un droit du sol, sans toutefois aller aussi loin que la France, qui ne l’a remis en question que sur une partie du territoire, Mayotte.

La décision de Donald Trump, déjà contestée en justice, rappelle un autre virage pris par le pays le plus peuplé de la planète, l’Inde, qui, sous influence britannique, avait adopté un droit du sol intégral. En 2004, face aux craintes d’une immigration de masse, notamment du Bangladesh, ce droit a été fortement restreint : une personne née en Inde n’est automatiquement indienne que si au moins l’un de ses parents est indien et que l’autre n’est pas un immigré clandestin. Un tel virage est-il possible en France ? Ce serait tourner le dos à deux siècles d’Histoire, au cours desquels l’immigration, qui avait été un moteur pour instaurer le droit du sol, a fini au contraire par devenir un argument pour y renoncer.

https://www.lepoint.fr/postillon/en-france-le-lent-basculement-historique-du-droit-du-sang-vers-le-droit-du-sol-19-02-2025-2582804_3961.php


Le Figaro, 18 février

L’éditorial de Laurence de Charette : «Mariage de clandestins, les maires faux coupables»

Le maire de Béziers est poursuivi pour avoir refusé de célébrer le mariage d’un Algérien en situation irrégulière, sous OQTF. Une proposition de loi sera débattue au Sénat cette semaine.

Article intégral :      

Voici un récit que n’auraient sans doute pas renié Kafka ou Kundera. Après vingt mois de procédure, le maire de Béziers s’apprête à « plaider coupable » – coupable, défend-il, d’une juste résistance… pour laquelle il n’est d’ailleurs pas prêt, a-t-il averti, à être sanctionné. Dans l’affaire de Béziers – Robert Ménard est poursuivi pour avoir refusé de célébrer le mariage d’un Algérien en situation irrégulière, sous OQTF, c’est-à-dire d’une personne qui n’était pas autorisée à être là -, l’énoncé du problème suffit à en souligner l’absurdité. Défavorablement connu des services de police, qui plus est, et finalement expulsé quelques jours plus tard, le fiancé continue, par le truchement de ses avocats et des associations, de crier son affliction.

On comprend bien la mobilisation des militants : derrière le conte de l’idylle empêchée de Mustapha, 23 ans, et d’Eva, 30 ans et mère de trois enfants d’une précédente union, se joue le sort des prochains candidats à la noce et, en réalité, d’un point clé de la jurisprudence, l’un de ces maillons faibles que les mouvements sans-frontiéristes se montrent si prompts à exploiter pour agrandir les portes d’entrée.

Le Conseil constitutionnel et la Cour européenne ont en effet, sous leurs coups de boutoir, imposé une interprétation extensive du « droit au mariage » – et, en même temps, comme la pelote vient avec le fil de laine, des autres droits auxquels ouvrent les épousailles – titre de séjour, rapprochement familial…

C’est à cette évolution de la jurisprudence, cet état du droit, dessiné non plus par les peuples mais par les juges, et présenté, à tort, comme apolitique et intangible, que les élus de droite et du centre ont décidé de s’attaquer cette semaine, soutenus – c’est une nouveauté qu’il faut célébrer – par le gouvernement.

Voilà, enfin, ceux qui, hier encore, capitulaient par avance devant les diktats d’institutions de « sages » sans mandat électif, mais non sans idéologie, repartis à la conquête de la souveraineté de l’État. Courage ! Il leur faudra, c’est certain, affronter les vents contraires des droits personnels infinis et les vociférations de leurs défenseurs. Mais la question migratoire est bien au cœur de ce « nœud démocratique », si bien exposé par Marcel Gauchet, et de l’attente désespérée d’efficacité.

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-editorial-de-laurence-de-charette-mariage-de-clandestins-les-maires-faux-coupables-20250217


Le Figaro, 18 février

Face à l’État «schizophrène», les élus réclament une loi contre le mariage des clandestins

DÉCRYPTAGE – Attendu ce mardi chez le procureur, le maire de Béziers, qui a refusé en 2023 de marier un Algérien sous le coup d’une OQTF, risque 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende. Un texte sera débattu au Sénat jeudi.

Extraits:

C’est l’histoire d’un maire qui a l’obligation de marier un homme qui a l’obligation de ne pas être là. Pour avoir refusé, en 2023, d’unir un ressortissant algérien, sous le coup d’une OQTF, à une Française, le maire de Béziers est convoqué, ce mardi, devant la justice. Il risque cinq ans de prison, 75.000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité. « Comment notre pays a-t-il pu sombrer jusqu’à ce qu’un maire soit poursuivi parce qu’il refuse de marier un individu qui n’a pas le droit d’être sur le territoire, donc dans la salle de mariage ? », s’effare le président de l’Association des maires de France, David Lisnard.

Il n’est pas le seul à dénoncer un État « schizophrène », qui « combat ses propres décisions » : deux propositions de lois ont été déposées et le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, s’est dit « favorable » à ce que la loi change. « Le mariage est un droit, pas un passe-droit ! », s’est-il exclamé mercredi dernier au Sénat.

Attendu dans le bureau du procureur de Montpellier, dans le cadre d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), Robert Ménard n’a « aucune idée » de la sanction qui lui sera proposée. (…) « Je me demande si j’accepterai une sanction, même symbolique, tellement je suis hors de moi !, se récrie l’édile divers droite. C’est inique ! Rendez-vous compte que je risque d’être condamné deux jours avant que la loi ne soit discutée au Sénat… Je n’ai jamais reçu autant de messages de soutien. » (…)

Quinze jours après ce mariage qui n’a pas eu lieu, le fiancé, Mustapha, un matelot de 23 ans, a été expulsé, le 20 juillet 2023, vers l’Algérie. Restée à Béziers, la fiancée, Eva, dénonce une « défaillance » de l’État. « On piétine mon cœur », a confié la Biterroise de 30 ans à France 3 Occitanie. « Pourquoi n’est-elle pas allée l’épouser en Algérie ?, rétorque Robert Ménard. Le matin du mariage, je l’avais reçue à sa demande : elle n’a eu qu’un discours militantEt je me suis aperçu qu’elle enregistrait la conversation à mon insu ! Ce n’était pas une jeune femme bouleversée par le mariage que je lui gâchais, mais une personne coachée par des associations d’extrême gauche. » (…)

Le cas de Béziers n’est pas isolé. En 2022, le maire de Chalon-sur-Saône avait été mis en demeure par la justice de marier un ressortissant turc de 42 ans faisant l’objet d’une OQTF – et accessoirement, connu pour violences conjugales et menaces de mort sur son ex-épouse – avec une Française de 20 ans. Le LR Gilles Platret a « résisté pendant deux ans »« Comme 95 % des OQTF, elle n’a pas été exécutée, regrette-t-il. Dans ce pays, c’est une misère de voir à quel point, lorsque l’on essaie, même à notre modeste niveau, de protéger la nation française, on est bloqué et même menacé… »

Le mariage a finalement été célébré en 2023, par une adjointe. Car le droit au mariage est un droit fondamental, et l’OQTF n’y change rien. L’article 12 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et du citoyen dispose qu’« à partir de l’âge nubile, l’homme et la femme ont le droit de se marier et de fonder une famille selon les lois nationales régissant l’exercice de ce droit ». Cet article autorise aussi le mariage entre deux personnes sans papiers. (…)

Constitutionnaliste et maître de conférences en droit public à l’université de Rouen et à Science Po, Anne-Charlène Bezzina met en garde : « On ne peut pas faire de l’irrégularité la seule condition d’invalidité du mariage ; telle est la position du Conseil constitutionnel. » Bien que la commission des lois n’ait pas adopté le texte, Gérald Darmanin se dit « sûr que (le Sénat) trouvera les moyens de (le) rendre constitutionnel ».

« Notamment en permettant que si le procureur ne répond pas, on donne raison aux maires. Alors qu’aujourd’hui c’est l’inverse : si le procureur ne répond pas, le maire est obligé de marier », a-t-il développé devant les sénateurs. Comme lui, le ministre de l’Intérieur soutient ce texte : « Quand la règle est mal faite, a martelé dimanche Bruno Retailleau, interrogé par Europe 1-Les Echos-CNews, il faut la modifier. »

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/face-a-l-etat-schizophrene-les-elus-reclament-une-loi-contre-le-mariage-des-clandestins-20250217


Le Point, 15 février

Le droit du sol, une machine à défaire la France

CHRONIQUE de Ferghane Azihari :  La gauche française a opéré un virage stratégique en misant sur une nouvelle coalition électorale. Entre fractures identitaires, influence de l’islam politique et renoncements idéologiques, retour sur une mutation profonde.

Article intégral:

En 2011, sortait la fameuse note de Terra Nova sur les nouvelles stratégies électorales à la disposition de la gauche française. Le document, qui a fait couler beaucoup d’encre, ne théorisait pas seulement l’abandon des classes populaires historiques – jugées trop conservatrices – au profit d’une nouvelle coalition composée de femmes, d’urbains, de jeunes, de diplômés, sans oublier les immigrés d’origine arabo-musulmans ainsi que leurs descendants.

Tout en soulignant que les musulmans – que le document désigne pudiquement sous l’étiquette de « France de la diversité » – constituent la composante « la plus dynamique, tant électoralement que démographiquement, de la gauche en France », la note présentait cette nouvelle coalition comme une force au service d’une nation « unifiée par ses valeurs progressistes ».

Des Français issus de l’immigration musulmane plus conservateurs

Ce mensonge – atténué uniquement par une petite note de bas de page qui concédait que les Français issus de l’immigration musulmane « seraient plutôt conservateurs sur les mœurs (notamment en ce qui concerne le rejet de l’homosexualité), mais qu’ils sont par construction très progressistes sur les questions d’immigration et d’intégration » (sic) – révèle, à lui seul, la destruction de tous les repères établis ces dernières décennies. Pour certains, le progrès consiste à se réjouir de la croissance, au sein de la population française, d’une catégorie porteuse de valeurs bien plus illibérales que le Français moyen, permettant ainsi de présenter le RN comme un club de libertins soixante-huitards, tout en stigmatisant comme réactionnaire la moindre exigence d’acculturation.

Par ailleurs, l’homosexualité n’est pas le seul sujet de divergence entre les descendants de l’immigration musulmane et l’ensemble des Français. Plusieurs sondages montreraient que ces premiers sont plus sensibles que les seconds aux préjugés antisémites, obscurantistes, xénophobes et misogynes : 56 % des musulmans estiment, par exemple, que les femmes doivent obéir à leur mari, contre 5 % dans l’ensemble de la populationcomme le rappelait Hakim el Karoui dans son ouvrage L’Islam, une religion française. De plus, ils semblent également plus enclins à tolérer les violences terroristes dirigées contre les populations civiles.

Adhésion insuffisante à la société française

Un sondage de l’Ifop, publié le 18 décembre 2023, indiquait que 45 % des musulmans qualifiaient l’enlèvement d’enfants, le meurtre et le viol de civils israéliens survenus le 7 octobre d’« acte de résistance contre la colonisation », contre 10 % de l’ensemble de la population. Enfin, parmi les différentes vagues migratoires qui ont marqué la France depuis la révolution industrielle, les descendants de l’immigration musulmane figurent parmi les plus réticents aux mariages mixtes. Or, comme le rappelait l’historien Fernand Braudel, « sans intermariage, il n’y a pas d’intégration ».

C’est donc en réaction à une adhésion insuffisante à la société française – et aux valeurs de la civilisation en général – que surgit la fameuse question du droit du sol, dont la consécration à la fin du XIXe siècle ne devait pas tant aux bons sentiments qu’à des considérations pragmatiques. Comme le rappelle l’historien Patrick Weil, cette disposition avait principalement pour objectif d’augmenter le nombre de conscrits issus de l’immigration européenne, à une époque où la nationalité française n’accordait pas autant de privilèges qu’aujourd’hui.

Or, le droit du sol est désormais devenu une véritable machine à défaire la France, en permettant à des populations, plus réticentes que la moyenne à l’esprit des Lumières, de participer à l’élaboration de la loi commune. Les effets dévastateurs de cette mutation démographique se font sentir quotidiennement sur le plan politique. Portée par une coalition électorale qui privilégie les éléments les plus réactionnaires de la population, ce que l’avocat Richard Malka a qualifié de « gauche des ténèbres » a progressivement renié des pans entiers des idéaux progressistes.

Une haine antijuive minimisée

Sous la pression de son nouvel électorat, la lutte contre l’antisémitisme est devenue une variable d’ajustement. La haine antijuive est ainsi minimisée, selon qu’elle est qualifiée de « contextuelle » ou « ontologique ». Des partisans du Hamas se présentent aux élections de manière éhontée. L’arrestation arbitraire d’un écrivain athée d’origine algérienne par une dictature est reléguée au rang d’un fait divers, tandis que d’autres montent au créneau pour défendre un humoriste employé par le service public qui diffuse du contenu salafiste, comme si la réprobation à son égard relevait d’une nouvelle affaire Dreyfus.

Ce n’est qu’en abordant l’islamisme et le projet théocratique de la secte des Frères musulmans que Manuel Bompard – appartenant à un parti qui concentre l’écrasante majorité du vote musulman – refuse de qualifier ces éléments de menace existentielle pour le pays.

On ne comprend pas cette propension à collaborer avec les ennemis des sociétés ouvertes, sans tenir compte de la montée en puissance d’un électorat qui ne semble pas pressé de contrer leurs assauts. Cela, à lui seul, parmi mille autres raisons, suffit à abolir immédiatement le droit du sol, sans craindre les foudres des partis qui ne le défendent que pour marginaliser les Français et les républicains de cœur et d’esprit, tout en sapant leur capacité à s’ouvrir aux étrangers véritablement méritants.

https://www.lepoint.fr/debats/le-droit-du-sol-une-machine-a-defaire-la-france-15-02-2025-2582458_2.php


Le Point, 14 février

Les polémiques façon « reductio ad hitlerum », un réflexe, hélas, si allemand

TRIBUNE. Le spécialiste de l’Allemagne Klaus Kinzler regrette le ramdam politico-médiatique autour des mesures anti-immigration illégale dans le pays.

Article intégral : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/2025_2-Version-publiee-par-Le-Point-le-14-fevrier.pdf

Link : https://www.lepoint.fr/debats/les-polemiques-facon-reductio-ad-hitlerum-un-reflexe-helas-si-allemand-14-02-2025-2582395_2.php#xtmc=klaus-kinzler&xtnp=1&xtcr=1


Der Spiegel, 12. Februar

Die deutsche Asyllegende

Ein Gastbeitrag von Heinrich August Winkler

Die Gegner der CDU-Vorschläge zur Migration berufen sich auf das Grundgesetz. Doch die Verfassungsschöpfer wollten nie ein individuelles Grundrecht auf Asyl.

Article intégral :  https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/12-fevrier.pdf

Link : https://www.spiegel.de/politik/deutschland/migration-grundrecht-auf-asyl-als-gegenargument-zur-cdu-aber-stimmt-das-a-a87aac1a-7f34-45db-83da-fb0d78ade06f


The Wall Street Journal, February 10

Why Trump Is Right About Birthright Citizenship

Tourists and illegal aliens aren’t subject to the ‘full and complete jurisdiction’ of the United States.

Extraits:

Two federal judges have issued injunctions against implementing President Trump’s executive order interpreting the 14th Amendment’s Citizenship Clause as denying birthright citizenship to children of illegal and nonresident aliens. Contrary to the overheated rhetoric of some commentators, this is an open question in our nation’s jurisprudence—one the Supreme Court may have to decide.

The high court held in U.S. v. Wong Kim Ark (1898) that the U.S.-born child of foreigners lawfully and permanently domiciled in the country was a natural-born citizen. It didn’t rule on the status of the children of those here temporarily or unlawfully. There are serious arguments on both sides. Our study of the question has led us to believe that the text, history and structure of the Constitution demonstrate that such persons aren’t natural-born citizens.

The text of the 14th Amendment doesn’t make all persons born in the U.S. natural-born citizens of this country. Only those persons who are both born in and “subject to the jurisdiction” of the U.S. are accorded that status. To be sure, even those here only temporarily are subject to the jurisdiction of the U.S. to a limited extent. (…)

But that ephemeral jurisdiction doesn’t equate to the jurisdiction required by the Citizenship Clause. (…)

For similar reasons, the Citizenship Clause shouldn’t be construed to cover the U.S.-born children of foreigners here only temporarily, because the ephemeral jurisdiction the U.S. has over them doesn’t equal the full and complete jurisdiction the government has over citizens and permanent residents. As a leading 19th-century international-law treatise explained, “it is considered that a fortiori the children of foreigners in transient residence are not citizens, their fathers being subject to the jurisdiction less completely than Indians.” (…)

If we are correct that the 14th Amendment doesn’t confer citizenship at birth to the children of lawful visitors, the same is obviously true of children whose parents’ presence here is illegal. The continued presence of illegal aliens is the height of ephemerality—they are subject to deportation the moment they come to the attention of the national authorities. Their continued presence in the U.S. depends on evading the law rather than submitting or showing allegiance to it. (…)

Granting natural-born citizenship to the children of those here temporarily makes a hash of this constitutional design. A person who is brought to the U.S. legally as an infant, grows up in this country, is lawfully naturalized and serves in the military can’t be president. Are we really to believe that the framers of the 14th Amendment, whose primary objective was to assure that black Americans are equal citizens, incidentally and unnecessarily opened eligibility for the presidency to the children of foreign tourists?

The courts shouldn’t inject such dissonance into our constitutional structure unless the text and history absolutely require it. Fortunately, the text and history of the Citizenship Clause show that it and the Presidential Eligibility Clause are in harmony. Only the children of those who are lawfully and permanently domiciled in the U.S. at the time of birth are entitled to citizenship by virtue of being born in the country.

Mr. Cooper is a founding member and chairman and Mr. Patterson a partner of Cooper & Kirk, a Washington law firm.

https://www.wsj.com/opinion/why-trump-is-right-about-birthright-citizenship-14th-amendment-citizenship-clause-f63df08a?mod=opinion_lead_pos11


Le Figaro, 8 février, article payant

Pierre Danon: «Si elle le veut, la France peut réduire le coût de l’immigration à hauteur de 7 milliards d’euros par an»

EXCLUSIF – Dans une note réalisée pour l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, l’entrepreneur a calculé les économies réalisables en matière d’immigration, alors que celle-ci coûte 75 milliards d’euros aux finances publiques chaque année. Entretien.

Extraits:

LE FIGARO. – Dans votre note, vous estimez le coût brut de l’immigration, régulière comme irrégulière, à 75 milliards d’euros pour les finances publiques. D’où viennent ces coûts ?

Pierre DANON. – Le coût brut total de l’immigration s’élève à 75 milliards d’euros par an. Cependant, une partie est compensée par les cotisations sociales et les impôts payés par les étrangers. Le coût net après ces contributions est de 41 milliards d’euros. En se concentrant sur les étrangers qui ne sont pas en situation d’emploi, ce coût net atteint 34,4 milliards d’euros, répartis en plusieurs postes de dépense.

L’État français dépense d’abord 12 milliards pour la santé. L’essentiel de cette dépense concerne des étrangers en situation régulière. Pour les étrangers en situation irrégulière, le coût est estimé à 1,5 milliard d’euros, dont la majeure partie provient de l’aide médicale d’État (AME). Il faut ensuite y ajouter 7 milliards pour les prestations de solidarité. Il s’agit des prestations sociales habituelles en France, accessibles aux étrangers en situation régulière : allocations familiales, aides au logement, RSA, ainsi que l’allocation pour demandeurs d’asile.

Il faut compter 6 milliards d’euros pour les éléments de sécurité et de justice et les coûts de fonctionnement généraux des administrations concourant à la politique d’immigration et 5,6 milliards pour l’accueil et la prise en charge. Cela comprend principalement les dépenses d’enseignement (primaire, secondaire et supérieur), ainsi que les coûts liés à l’accompagnement des mineurs non accompagnés. 3 milliards d’euros sont finalement dépensés pour l’hébergement et l’aide au logement. Ce montant correspond principalement aux dépenses de logement social dans les quartiers de la politique de la ville, ainsi qu’à l’hébergement des demandeurs d’asile.

L’essentiel de ce coût net provient donc des étrangers qui ne sont pas en emploi. Cela souligne la nécessité d’orienter nos politiques d’accueil vers des étrangers en capacité et en volonté de travailler et de s’intégrer, plutôt que d’accepter sans distinction tous ceux qui se présentent.

Ces dépenses peuvent-elles se faire, à terme, au détriment de notre modèle social ? Ce dernier est-il en danger ?

Il faut rapprocher ces 34,4 milliards d’euros du déficit total des finances publiques, qui s’élève à 170 milliards. Or, peu d’options de réduction des coûts ont été présentées par le gouvernement, et certains postes, comme la défense, ne peuvent être sacrifiés. Par conséquent, pour absorber ces 34,4 milliards, des économies devront forcément être faites sur le modèle social. C’est la question que je pose. Les Danois y ont déjà répondu : plutôt que de rogner sur leur modèle social, ils ont choisi de maîtriser l’immigration.

Ce changement de politique a été un succès au Danemark, avec une réduction spectaculaire de l’immigration non maîtrisée et un large consensus au sein de la population. À noter que cette politique a été menée par une première ministre sociale-démocrate, ce qui prouve que cette question dépasse les clivages partisans. Et l’exemple danois a depuis été suivi par la Suède, qui a également durci sa politique migratoire, avec des résultats positifs, et plus récemment, par l’Italie, sous la présidence de Giorgia Meloni, où l’on observe une réduction significative de l’immigration irrégulière non maîtrisée, compensée par une accélération de l’immigration de travail, mieux encadrée et plus cohérente avec les besoins économiques du pays.

L’estimation de 6,9 milliards d’économies sur cinq ans repose sur des hypothèses prudentes. L’objectif est d’aligner la France sur les conditions offertes aux immigrés dans d’autres pays européens, afin de ne plus être le mieux-disant social. Les mesures sont connues : elles figurent dans la loi immigration dont une partie a été retoquée par le Conseil constitutionnel, pour des raisons de forme, essentiellement. Parmi elles, on trouve la piste d’un meilleur contrôle du regroupement familial par exemple, que l’on conditionnerait à la réussite d’un test de français, à une durée minimale de résidence de vingt-quatre mois avant la demande et à la disposition de ressources au moins équivalentes au salaire médian en France.

Il serait également opportun d’instaurer une conditionnalité des prestations de solidarité, de mener une politique d’hébergement plus stricte ou encore de recentrer l’aide médicale d’État (AME) (…)

On pourrait enfin penser à un droit d’asile mieux contrôlé, sujet de nombreuses propositions visant à limiter les abus. Cela inclurait un renforcement des contrôles aux frontières mais aussi le rétablissement du délit de séjour irrégulier. Ce dernier enverrait un signal clair : un immigré entré de manière irrégulière en France ne pourra pas être régularisé. (…)

70 % des Français se déclarent favorables aux politiques que je viens d’évoquer. Ce sont des mesures qui ne pénalisent pas les Français, bien au contraire. Leur acceptabilité me semble donc totale, surtout en comparaison avec d’autres mesures d’économies qui exigeraient de réels sacrifices. D’autant que ces politiques ont déjà été mises en place dans de nombreux pays européens, prouvant qu’elles sont non seulement réalisables, mais aussi efficaces. La situation de nos finances publiques est tellement catastrophique qu’il est impératif de faire des choix.

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/pierre-danon-si-elle-le-veut-la-france-peut-reduire-le-cout-de-l-immigration-a-hauteur-de-7-milliards-d-euros-par-an-20250207


Le Point, 4 février, article payant   

Immigration en France : le poids du Maghreb

LETTRE DU MAGHREB. Les ressortissants algériens, marocains et tunisiens représentent 40 % des immigrés en France.

Extraits:

Cette semaine, l’Hexagone a confirmé haut la main son titre de champion du monde de la polémique. En expliquant que les Français ont « un sentiment de submersion » au sujet de l’immigration, le Premier ministre François Bayrou a provoqué un début d’incendie et le rouge aux joues des socialistes. Les Insoumis, eux, sont satisfaits : ces propos prouvent, selon eux, la nature profondément « raciste » du pouvoir qu’ils dénoncent depuis Mathusalem. Les remous causés par l’interview du centriste – humaniste, chrétien, proeuropéen, pas précisément un disciple de Goebbels – accordée à LCI résument fort bien l’impensé persistant, l’incapacité à nommer les choses, les folies françaises qui offrent une drôle d’image des Gaulois à l’étranger.

Dès qu’on parle d’immigration, les esprits se tournent vers l’Afrique du Nord, les trois pays phares que sont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, avec respectivement 45, 35 et 12 millions de ressortissants. C’est l’éléphant dans la pièce, le terme qu’il semble impensable de prononcer sans y ajouter son baril de fureur.

Si l’on prend les chiffres du ministère de l’Intérieur ou de l’Insee (études complètes sur l’année 2023), les immigrés les plus nombreux sur le sol français proviennent invariablement d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie : 12,2 % des immigrés sont nés en Algérie, 11,7 % au Maroc et 4,8 % en Tunisie. Au total, 47,7 % des immigrés vivant en France sont nés en Afrique.

Fin 2023, quatre millions de ressortissants de pays tiers étaient détenteurs d’un titre de séjour, quatre titres sur dix concernaient un Maghrébin (38,5 % pour être très précis) : 646 462 Algériens (en hausse de 3 %), 603 482 Marocains (+ 2,7 %) et 289 942 Tunisiens (+ 5,2 %). Pour mettre fin à l’accusation de « double standard » selon laquelle la France aiderait plus les Ukrainiens car « blancs et chrétiens », ils ne sont que 84 131 à bénéficier d’un titre valide et de documents provisoires de séjour.

Sur la délivrance de premiers titres de séjour, les trois pays du Maghreb arrivent en tête : Maroc, Algérie et Tunisie.

(…) Si l’immigration familiale est désormais devancée par l’immigration étudiante, elle représente 30,1 % de l’immigration totale avec 91 078 titres, dont 35 962 pour le trio du Maghreb : 16 084 Algériens, 12 052 Marocains, 7 826 Tunisiens. (…)

Au total, la population immigrée totalise 7,3 millions d’individus en France, soit 10,7 % de la population française. (…)

https://www.lepoint.fr/monde/immigration-en-france-le-poids-du-maghreb-02-02-2025-2581337_24.php


The Wall Street Journal, February 3, pay wall

The Economics of Integration

The academic literature largely backs up my grandmother’s views on its benefits and necessity.

Article intégral : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/3-fevrier-1.pdf

Link : https://www.wsj.com/opinion/the-economics-of-integration-segregation-civil-rights-64c9da06?mod=opinion_lead_pos6


The Economist, January 31, pay wall      

Papers please : Inside Europe, border checks are creeping back

Voters and politicians are worried about unauthorised migrants

Article intégral : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/31-janvier-3.pdf

Link : https://www.economist.com/europe/2025/01/30/inside-europe-border-checks-are-creeping-back


The Economist, January 30, pay wall      

Merz’s migration gamble : A day of drama in the Bundestag

Friedrich Merz, Germany’s probable next chancellor, takes a huge bet and triggers uproar

Article intégral :  https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/30-janvier-1.pdf

Link : https://www.economist.com/europe/2025/01/29/a-day-of-drama-in-the-bundestag


The Wall Street Journal, January 29, pay wall

The Trump Effect May Solve Germany’s Migrant Crisis

Friedrich Merz, likely the next chancellor, shocks the country by promising to control its borders.

Article intégral : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/29-janvier-3.pdf

Link : https://www.wsj.com/opinion/the-trump-effect-may-solve-ge


Le Figaro, 29 janvier, libre accès

«Submersion» migratoire : François Bayrou assume, le PS suspend les négociations sur le budget

Le premier ministre a décidé de maintenir ses propos, mardi à l’Assemblée nationale, en dépit des vives indignations exprimées par la gauche.

Extraits:

Il n’en fallait pas plus pour enflammer la gauche. Et pour braquer des socialistes plutôt constructifs jusqu’ici. Invité de LCI lundi soir, François Bayrou a soutenu qu’il y avait en France «un sentiment de submersion» migratoire. «Les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une certaine proportion», a-t-il développé, provoquant immédiatement l’ire unanime du Nouveau Front populaire.

Des propos pourtant assez similaires à ceux que le centriste avait déjà tenus dans le passé. Lors de sa déclaration de politique générale, mi-janvier, où il s’est dit vigilant à la «proportion» d’étrangers. Mais aussi en 2022, lorsqu’il défendait le «droit» des «peuples» à la «pérennité de leur identit黫Des modes de vie qui font que la France est la France, que la Suisse est la Suisse, l’Italie est l’Italie», avait-il détaillé.

Mardi, durant la traditionnelle séance de questions au gouvernement, la gauche lui a donc demandé des comptes. «Monsieur le premier ministre, la question migratoire est trop sérieuse pour s’en laisser dicter les termes par l’extrême droite», lui lance Boris Vallaud, le patron du groupe socialiste, avant de l’interroger : «Maintenez-vous ces mots de “submersion” ?» Quelques secondes plus tard, François Bayrou persiste et signe : «Quiconque est allé à Mayotte mesure que le mot de submersion est celui qui est le plus adapté. (…) Qui peut dire que ce n’est pas vrai ? Ce ne sont pas les mots qui sont choquants, ce sont les réalités», assume-t-il. Et de réexpliquer le «sentiment de submersion» que pouvaient ressentir certains Français, dans les autres départements métropolitains.

Comme certains élus Renaissance et LR, les députés du Rassemblement national applaudissent à l’unisson, grands sourires aux lèvres. Tollé sur les bancs de la gauche, qui crient au scandale. «Si vous gouvernez avec les préjugés de l’extrême droite, nous finirons gouvernés par l’extrême droite, et vous en aurez été le complice», tempête Boris Vallaud, furieux, pendant que la patronne du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, lance, très remontée : «Monsieur le premier ministre, vous nous faites honte !»

L’ambiance est chaotique. (…) Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, annonce que les élus de son camp suspendent toutes les négociations budgétaires avec le gouvernement. «Non, Monsieur le premier ministre, les “préjugés” ne sont pas “nourris par le réel”. Voltaire disait qu’ils sont la “raison des sots”. Nous sommes le pays des Lumières, votre responsabilité après le vote républicain du 7 juillet (second tour des législatives, ndlr) était de ne pas les éteindre», fustige ensuite Olivier Faure, sur X.

Sur BFMTV, un peu plus tôt dans la journée, la présidente macroniste de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, avait elle aussi exprimé ses réserves sur la formulation utilisée par François Bayrou : des propos qui la «gênent» et qu’elle n’aurait «jamais tenus». (…) Un avis loin d’être partagé par l’ensemble de son groupe. À commencer par l’ex-porte-parole du gouvernement Barnier, redevenue députée Renaissance, Maud Bregeon«Le premier ministre est lucide, il nomme les choses», défend l’élue francilienne, en pointe sur l’immigration.

https://www.lefigaro.fr/politique/submersion-migratoire-a-l-assemblee-francois-bayrou-persiste-le-ps-suspend-les-negociations-20250128


Le Figaro, 28 janvier, article payant

Maud Bregeon sur l’immigration : «Plusieurs des mesures retoquées par le Conseil constitutionnel doivent être reprises»

ENTRETIEN – Ancienne porte-parole du gouvernement, la députée Renaissance estime qu’un recul de l’exécutif sur l’AME ou le délit de séjour irrégulier « serait perçu comme du mépris, ou comme de l’impuissance ».

Ancienne porte-parole du gouvernement de Michel Barnier, Maud Bregeon est redevenue députée (Hauts-de-Seine) après la motion de censure de décembre.

Extraits:

 (…) L’immigration est une préoccupation majeure des Français. Pourtant, François Bayrou semble avoir renoncé à la grande loi promise par Michel Barnier. Le regrettez-vous ?

Pas une semaine ne se passe sans qu’on ne parle d’immigration clandestine. L’attente de fermeté est grandissante. L’ignorer serait perçu comme du mépris, ou comme de l’impuissance. Une partie du travail peut se faire par voie réglementaire, c’est par exemple le cas avec la révision de la circulaire Valls portée par Bruno Retailleau. Est-ce suffisant ? Je ne crois pas. L’état du droit doit s’adapter à mesure que les difficultés évoluent. Je déposerai dans les jours à venir une proposition de loi pour porter de 90 à 210 jours le délai maximum de rétention administrative pour les étrangers en situation irrégulière reconnus coupables de meurtre ou de viol. Je souhaite également qu’en cas de décision de libération de ces individus par le juge des libertés l’appel du préfet soit suspensif. De telles mesures auraient peut-être pu sauver la jeune Philippine. Personne ne doit oublier dans quelles circonstances elle a été assassinée. Moi, je ne veux pas oublier.

Faut-il traduire dans une loi toutes les mesures censurées par le Conseil constitutionnel en 2023 ?

Beaucoup de ces mesures ont été écartées pour des raisons de forme, nous devons en débattre à nouveau au Parlement. Plusieurs des mesures retoquées par le Conseil constitutionnel doivent être reprises, d’autres améliorées. Je pense par exemple au rétablissement du délit de séjour irrégulier, à l’instauration de délais minimum pour l’obtention des aides sociales non contributives comme le RSA et à la refonte de l’AME, pour ramener le modèle français au niveau des standards européens. Le seul critère qui doit nous guider, c’est l’efficacité dans le respect de l’État de droit. Pour le reste, il ne doit y avoir aucun tabou pour protéger les Français.

Une telle initiative ne risquerait-elle pas de fracturer le bloc central et de faire exploser l’accord de « non-censure » avec les socialistes ?

Ne cédons pas à la pression morale de La France insoumise. Le diktat de la bien-pensance, ça suffit. Qui peut dire aujourd’hui que l’immigration clandestine ne pose aucun problème de sécurité ? Qu’il faudrait régulariser sans critère ni limite quand près de 500.000 étrangers en situation régulière sont au chômage ? Que notre modèle d’assimilation fonctionne alors que certaines de nos valeurs cardinales comme la laïcité ou l’égalité entre les femmes et les hommes sont attaquées chaque jour ? La nécessité de reprendre le contrôle transcende les clivages politiques et se retrouve chez les électeurs de gauche comme de droite. Un consensus populaire très net s’est formé et le Parlement doit écouter le pays. En France comme ailleurs en Europe, il y a des élus sociaux-démocrates qui ont des discours pragmatiques et abordent ces questions avec le courage de la lucidité.

Durant ses vœux, Emmanuel Macron a ouvert la voie à des référendums. Pensez-vous, comme Bruno Retailleau, qu’il en faut un sur l’immigration ?

Solliciter nos concitoyens pour trancher des sujets décisifs est une bonne chose. Il y a un vrai besoin de démocratie directe. Beaucoup d’idées émergent et toutes les questions qui concernent directement la vie des Français sont légitimes, à partir du moment où elles s’inscrivent dans le cadre constitutionnel. (…)

https://www.lefigaro.fr/politique/maud-bregeon-sur-l-immigration-plusieurs-des-mesures-retoquees-par-le-conseil-constitutionnel-doivent-etre-reprises-20250127


Neue Zürcher Zeitung, 24. Januar, nur für Abonnenten     

Nach Aschaffenburg: Verüben Asylsuchende häufiger Messerangriffe? Das sagen die Zahlen

Nach dem Attentat in Aschaffenburg stehen Messerangriffe einmal mehr im Fokus. Statistisch betrachtet, steigt ihre Zahl tatsächlich – ebenso wie der Anteil von Straftätern mit Migrationshintergrund.

Extraits:

Das Attentat von Aschaffenburg schockiert Deutschland. Ein Kindergartenkind und ein Mann, der Zivilcourage zeigte, sind dem mutmasslichen Attentäter, einem ausreisepflichtigen 28-jährigen Afghanen, zum Opfer gefallen. Die Hintergründe werden noch ermittelt. Doch tödliche Messerangriffe wie diese kommen in der öffentlichen Wahrnehmung immer häufiger vor. Aber lässt sich das auch belegen?

Allein in den vergangenen vier Jahren kam es häufiger zu tödlichen Messerangriffen durch Tatverdächtige mit ausländischer Staatsbürgerschaft oder Migrationshintergrund. (…)

Messerangriffe werden zwar erst seit 2020 spezifischer in den Statistiken des Bundeskriminalamts (BKA) erfasst. Dennoch lassen sich Rückschlüsse ziehen.

Im Jahr 2023 wurden 8951 Messerangriffe als Taten der gefährlichen und schweren Körperverletzung erfasst, bei Raubdelikten waren es 4893 Fälle. In beiden Fällen stiegen die Zahlen im Vergleich zu 2022 deutlich. Noch im Vorjahr hatte das Bundeskriminalamt 8160 Messerangriffe als gefährliche und schwere Körperverletzung erfasst, bei Raubdelikten waren es 4195 Fälle.

Ein Sprecher des BKA sagte der NZZ auf Anfrage, die Polizeiliche Kriminalstatistik (PKS) erfasse keine Informationen zum Migrationshintergrund der Tatverdächtigen im Zusammenhang mit Messerangriffen. Diese würden bundesweit in der PKS lediglich als Zusatzinformation zu einem Fall erfasst. Aussagen zu Tatverdächtigen seien auf dieser Basis deshalb nicht möglich.

Erfasst wird aber der Anteil ausländischer Tatverdächtiger bei gefährlicher und schwerer Körperverletzung generell – der Kategorie, der Messerangriffe zugeordnet werden. Hier lag der Anteil nichtdeutscher Tatverdächtiger bei 41 Prozent aller Tatverdächtigen: Von mehr als 153 000 Tatverdächtigen waren mehr als 63 000 nicht deutsch, unter ihnen mehr als 20 000 Zuwanderer. Das entspricht einer Zunahme von 14,4 beziehungsweise 20,7 Prozent im Vergleich zum Vorjahr.

Zahlen zu 2024 liegen noch nicht vor. Die Bundespolizei hat laut Bundesregierung in der ersten Hälfte des vergangenen Jahres aber 623 Gewaltdelikte registriert, die im Zusammenhang mit mitgeführten und eingesetzten Messern stehen. Das geht aus einer Anfrage im Bundestag zu Gewalttaten mit Messern hervor. Dabei werden bei 167 Messerangriffen Nichtdeutsche der Tat verdächtigt, in 87 Fällen hatten sie bei anderen Delikten ein Messer dabei.

Deutsche Tatverdächtige begingen im gleichen Zeitraum laut den Angaben der Bundesregierung 125 Delikte unter Einsatz von Messern, in 78 Fällen hatten sie bei einer anderen Tat eines dabei. In 139 Fällen mit eingesetztem und 32 Fällen mit mitgeführtem Messer war die Staatsbürgerschaft der Tatverdächtigen unbekannt oder noch nicht geklärt.

Die Zahlen sind allerdings nur bedingt belastbar, da es sich nur um vorläufige Erhebungen handelt und Delikte nach Tatmittel mehrfach gezählt werden könnten, wie die Bundespolizei angibt. Zu den Hauptverdächtigen zählten im besagten Zeitraum Syrer und Afghane

Auch bei den Straftaten insgesamt haben Ausländer einen überproportionalen Anteil.

Das Bundesamt für Statistik erfasst zum Jahresende 2023 eine Gesamtbevölkerung von 83,5 Millionen. Davon sind knapp 13,9 Millionen Personen Ausländer, die Zahl der Asylsuchenden beläuft sich dabei auf 3,1 Millionen. Der Ausländeranteil in Deutschland liegt damit bei knapp 17 Prozent.

Laut der Polizeilichen Kriminalstatistik von 2023 waren bei «Straftaten insgesamt ohne ausländerrechtliche Verstösse» (also Taten, die nur von Ausländern begangen werden können) knapp 695 000 von mehr als 2 Millionen Tatverdächtigen nicht deutsch. Dies entspricht einem Anteil von 34 Prozent aller Tatverdächtigen – und er steigt.

So nahm die Zahl der Straftaten, die von Ausländern begangen wurden, im Vergleich zu 2022 um 13,5 Prozent zu. Ausserdem steigt der Anteil an Migranten unter den Tatverdächtigen. Er lag 2023 bei etwa 179 000 Zuwanderern, gut ein Viertel mehr als noch 2022.

https://www.nzz.ch/international/nach-aschaffenburg-verueben-asylsuchende-haeufiger-messerangriffe-das-sagen-die-zahlen-ld.1867575


Neue Zürcher Zeitung, 23. Januar, nur für Abonnenten     

Ein Afghane, ein Messer, zwei Tote: Die deutsche Migrationspolitik hat das Land verwahrlost und brutalisiert

Ein ausreisepflichtiger ehemaliger Asylbewerber ersticht im bayrischen Aschaffenburg ein Kleinkind und einen Passanten. Es ist einer von zu vielen Einzelfällen dieser Art. Deutschland braucht eine radikale Kehrtwende.

Extraits:

Stellen Sie sich vor, Sie bringen Ihr Kleinkind in die Krippe. Im Auto brabbelt es ununterbrochen und verlangt Ihre Aufmerksamkeit («Papa, ein Vogel! Ein VOGEL!»). In der Krippe besteht es dann darauf, sein Jäckchen selbst auszuziehen. Das dauert ewig. Sie wollen schon drängeln, aber dann sehen Sie, wie Ihr Kind das mit dem Reissverschluss schon wieder ein bisschen besser hinbekommt. Am Ende sind Sie beide erschöpft, aber stolz. Im Gehen hören Sie, wie Ihr Kind seine Freunde glucksend begrüsst. Es ist das Letzte, was Sie von ihm hören.

Kurz darauf ist Ihr Kind tot, erstochen.

Eine solch unfassbare, alle Grenzen des Erträglichen sprengende Erfahrung hat am Mittwoch eine Familie im bayrischen Aschaffenburg gemacht. Ihr zweijähriger Sohn wurde bei einem Ausflug seiner Krippe in einem Park getötet. Tatverdächtig ist ein ausreisepflichtiger ehemaliger Asylbewerber aus Afghanistan. Der 28-Jährige hätte womöglich noch mehr Kinder erstochen, wenn sich ihm nicht ein Passant in den Weg gestellt hätte, der seinen Mut mit dem Leben bezahlt hat. (…)

Aschaffenburg ist einer von zu vielen Einzelfällen mit den fast immer gleichen Merkmalen: perspektivloser junger Mann aus muslimisch geprägtem Kriegs- und Krisenland, Messer, Verletzte, manchmal Tote. Der Tatverdächtige sei bereits mehrmals gewalttätig und «psychisch auffällig» gewesen, heisst es nun. Auch das hört man zu oft.

Man muss den Ausgang der Ermittlungen abwarten, um den konkreten Fall bewerten zu können. Man muss aber nicht so lange warten, um wieder einmal festzuhalten, dass die massenhafte, unkontrollierte und anhaltende Migration junger Männer Deutschland massiv schadet.

Es gibt gelungene Beispiele von Integration. Aber es gibt zu viele Einzelfälle, in denen die Integration auf eine katastrophale Weise scheitert. Bald entdecken die Ermittler islamistische Motive, bald psychische Probleme, bald beides. Für die Opfer ist es einerlei. (…)

Die Familie des in Aschaffenburg erstochenen kleinen Jungen stammt aus Marokko. Migranten, die legal im Land sind und sich an die Gesetze halten, sind von den Folgen des deutschen Kontrollverlusts genauso betroffen wie die Einheimischen. Es geht darum, die Interessen der Rechtschaffenen, mit und ohne Migrationshintergrund, an die erste Stelle zu setzen – vor die Interessen ausreisepflichtiger und gewalttätiger Einwanderer.

Jeder illegal eingereiste Migrant muss an der Grenze zurückgewiesen werden. Jeder straffällige Asylbewerber muss in Gewahrsam kommen und schnellstmöglich ausgeschafft werden, auch nach Syrien und Afghanistan. Sozialstaatliche Pull-Faktoren müssen beseitigt und steuerfinanzierte Hilfen für Asylbewerber auf ein Minimum an Sachleistungen reduziert werden. Steht geltendes Recht im Weg, muss es geändert werden.

So sähe eine echte Zeitenwende in der Migration aus. Alles andere gefährdet Menschenleben.

https://www.nzz.ch/der-andere-blick/aschaffenburg-die-deutsche-migrationspolitik-hat-das-land-brutalisiert-ld.1867489


The Wall Street Journal, 19 janvier, article payant      

What Happened After Florida Cracked Down on Illegal Immigration

State’s experience is instructive as Trump prepares to overhaul U.S. immigration system

Extraits:

Florida’s 2023 law cracking down on illegal immigration has prompted some workers to leave the state and made filling jobs harder for some small businesses. 

Still, the law hasn’t resulted in huge disruptions to the state’s labor market, as some predicted. Certain provisions were watered down before the bill passed or in its implementation, and the state has done little to enforce the law.

“Initially, when the law came out, there were a lot of people that left,” said Tibor Torok, president of Bob Hilson & Co., a roofing company in Homestead. “I’ve since heard and seen that a lot of them have come back because there was no real enforcement.”

Torok said about five of his 35 employees departed suddenly after the law passed, some heading to North Carolina and Indiana. Three have since returned, seeking their old jobs, said Torok, who wasn’t able to hire them back because of concern about their paperwork.

The law, which took effect in July 2023, requires businesses and other private employers with 25 or more employees to use the federal government’s E-Verify system to check workers’ eligibility for employment, or face fines of up to $1,000 a day. It also invalidated out-of-state driver’s licenses issued to people unauthorized to be in the U.S. and toughened penalties for transporting immigrants entering the country illegally.

“Florida’s economy continues to strengthen following the implementation of Florida’s historic E-Verify law,” said a spokeswoman for FloridaCommerce, a state agency.

The state’s experience is instructive, as President-elect Donald Trump prepares to overhaul the U.S. immigration system. During his campaign, he promised the largest deportation campaign in American history and is likely to end programs focused on asylum-seeking migrants. (…)

John Horne of Oysters Rock Hospitality, which has seven restaurants and more than 420 employees in the Sarasota area, said that after the law the number of applicants for open positions fell by roughly 25% to 50%. That drop-off made it harder to hire staff for two new restaurants his company opened in the past 18 months.

“It’s a headache right now for us,” Horne said. But “it hasn’t created as big a challenge as we thought it would when the law passed.”

https://www.wsj.com/us-news/what-happened-after-florida-cracked-down-on-undocumented-workers-17b56b5c?mod=hp_lead_pos9


Le Point, 17 janvier, libre accès

580 millions de personnes dans le monde éligibles au droit d’asile en France

EXCLUSIF. L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) révèle dans une note la dérive du droit d’asile, devenue une voie majeure de l’immigration vers la France.

Extraits :

C’est un sujet jusque-là largement tabou, que vient révéler au grand jour l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID). Dans une note que publie en exclusivité Le Point, intitulée « L’asile, une voie d’immigration hors de contrôle », le think tank documente avec précision, après des mois de recherches et d’études, l’ampleur et les causes de la dérive du régime du droit d’asile en France.

Selon les chiffres du rapport d’activité 2023 de l’Ofpra, près de 600 000 personnes sont bénéficiaires directes du droit d’asile aujourd’hui, soit plus de 10 % de la population étrangère recensée dans le pays. Le produit d’une explosion des primo-demandes d’asile reçues en France, en augmentation de 245 % entre 2009 et 2023. Allant de pair avec une définition de plus en plus expansive des conditions permettant de bénéficier de l’asile, soumise à un contrôle de moins en moins à la main de la puissance publique.

« Le droit d’asile est aujourd’hui le canal d’immigration sur lequel les États ont le moins de contrôle, souligne Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l’OID. Il est régi “en amont” par de grands traités surplombants à commencer par la convention de Genève de 1951 et “en aval” par l’interprétation extensive faite de ces traités par des acteurs sans légitimité démocratique directe, en particulier les juges administratifs. » Partant de la lettre de la convention de Genève, de son protocole de New York, des traités européens, aussi et surtout, de la jurisprudence tant de la Cour de justice de l’Union (CJUE) que de l‘Ofpra ou de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), l’Observatoire est parvenu à estimer le nombre de personnes, dans le monde entier pays par pays, susceptibles de revendiquer à bon droit la protection de la France au titre de l’asile.

Selon l’OID, le nombre de bénéficiaires potentiels est 1 000 fois supérieur au nombre de bénéficiaires actuels de l’asile en France. Soit 580 millions de personnes – selon une fourchette basse – sans qu’aucun garde-fou ne puisse, en l’état du droit, leur être opposé, insiste Nicolas Pouvreau-Monti : « Le droit d’asile n’est en effet soumis à aucune limite quantitative, ni globale, ni par pays, ni en flux, ni en stock. Dès lors qu’un individu entre dans les critères de l’asile et qu’il parvient à déposer une demande – ce qui suppose généralement de parvenir sur le territoire français –, il bénéficiera de l’asile. Rien n’est prévu dans notre droit pour faire face à un afflux qui ne serait pas absorbable. »

Au départ imaginé comme un droit destiné « à un nombre limité d’intellectuels », selon les mots de l’ancien ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville, le droit d’asile a progressivement vu ses trois critères de définition faire l’objet d’une interprétation extensive. La notion de « persécution » a été progressivement étendue aux violences liées au genre et au sexe. La notion de « groupe social » a été prise dans son acceptation la plus large par la jurisprudence. Ainsi « les femmes » ou « les homosexuels » sont désormais susceptibles d’être considérés comme un groupe social persécuté en tant que tel. Enfin, la notion « d’agent de persécution » a elle aussi évolué jusqu’à recouvrir des groupes non étatiques, voire de simples personnes privées…

C’est ainsi que la Cour de justice de l’Union européenne a pu juger en juillet dernier que « la situation des femmes sous le nouveau régime des talibans justifiait, à elle seule, de leur reconnaître le statut de réfugié ». (…)

Parmi les solutions préconisées par l’Observatoire de l’immigration et de la démographie figure le retour au gouvernement de la compétence de déterminer la liste des pays tiers sûrs aujourd’hui dévolue à l’Ofpra ; le refus de toute demande d’asile émanant d’un demandeur qui a déjà essuyé un refus dans un autre État membre de l’Union européenne ; rendre le statut de demandeur d’asile moins attractif en limitant les aides financières comme en allant vers une externalisation du traitement des demandes hors du territoire métropolitain. (…)

« De manière plus structurelle, ce sont les fondements de l’actuel régime de l’asile qui méritent d’être réinterrogés, défend Nicolas Pouvreau-Monti. La convention de Genève de 1951 et son corollaire, le protocole de New York de 1967, ne sont absolument plus adaptés à l’ampleur des phénomènes migratoires contemporains. Ils doivent être dénoncés par un acte politique insusceptible de recours du président de la République. Une telle initiative impliquerait de négocier également un « opt-out » sur la politique européenne de l’asile, le droit européen ayant internalisé les dispositions de la convention de Genève. » Une démarche, si elle était initiée par la France, qui serait très vite imitée par nombre d’autres pays européens parie l’Observatoire de l’immigration et de la démographie.

https://www.lepoint.fr/societe/exclusif-580-millions-de-personnes-dans-le-monde-eligibles-au-droit-d-asile-en-france-17-01-2025-2580163_23.php


Neue Zürcher Zeitung, 16 janvier, article payant     

Ein Vergewaltiger, der jahrelang nicht abgeschoben werden kann: Ein Fall aus der Schweiz zeigt, woran Europas Asylsysteme kranken

Wenn es Migranten nach Europa geschafft haben, sind die Chancen auf einen Daueraufenthalt gross. Auch dann, wenn sie keinen Schutz benötigen oder sogar kriminell sind. Das ist gefährlich.

Extraits :

In Europa wird zurzeit das gesamte Asylsystem grundlegend umgebaut, um die irreguläre Migration einzudämmen: An den EU-Aussengrenzen sollen Asylgesuche ab kommendem Jahr in Schnellverfahren und unter faktischen Haftbedingungen entschieden werden. Gleichzeitig experimentieren immer mehr Länder mit sogenannten Drittstaatenmodellen, um Asylverfahren vollständig in andere Länder auszulagern. Der Aufwand ist gigantisch, und die rechtlichen, praktischen und politischen Probleme sind immens. Das Ziel lautet: Es sollen weniger Menschen nach Europa kommen.

Ob dies im erhofften Ausmass gelingt, ist offen. Denn der Migrationsdruck nimmt tendenziell zu. Für die Aufnahmeländer wird deshalb ein zweiter Hebel im Asylsystem immer wichtiger: Sie müssen dafür sorgen, dass jene, die kein Bleiberecht erhalten, rasch in ihre Heimat zurückkehren. Nur so können sie sicherstellen, dass die Glaubwürdigkeit des Asylsystems einigermassen erhalten bleibt und nicht neue Anreize für zusätzliche Migration geschaffen werden. (…)

Im Kleinen veranschaulicht sich dabei oft besonders gut, was im Grossen nicht funktioniert: Die NZZ hat den Fall eines marokkanischen Asylbewerbers recherchiert, dessen Asylgesuch vor 15 Jahren abgelehnt worden war. Doch obwohl der Mann 2014 wegen Vergewaltigung zu einer langen Freiheitsstrafe verurteilt wurde, lebt er immer noch in der Schweiz.

Die Rückschaffung scheitert an einer Vielzahl von Gründen: Marokko ist nicht bereit, Europas Migrationsprobleme zu lösen, und verweigert die Rückübernahme. Gleichzeitig wird das Geflecht aus nationalen und internationalen Verfahrensbestimmungen sowie aus Vorgaben der Gerichte immer undurchdringlicher. Mit der Folge, dass die europäischen Staaten selbst in Fällen faktisch machtlos bleiben, in denen der Missbrauch des Asylsystems offensichtlich ist.

Das Schweizer Beispiel weist dabei Parallelen zum Fall des Syrers auf, der im vergangenen Jahr im deutschen Solingen drei Menschen bei einer Messerattacke getötet hatte. Auch dort führte nicht zuletzt die Komplexität des Asylrechts dazu, dass sich ein Mann in Deutschland aufhielt, obwohl für sein Verfahren eigentlich Bulgarien zuständig war. Geschickt hatte der Syrer die Tücken des Asylrechts ausgenützt und die Dublin-Verordnung unterlaufen, um sich grenzüberschreitend zu bewegen. Das ist symptomatisch: Sobald es Asylsuchende nach Europa geschafft haben, steigen die Chancen auf einen Daueraufenthalt rasant an. Sogar wenn in der Heimat keinerlei Verfolgung droht.

Leider lässt sich dies nicht unter dem Stichwort Skandal einordnen. Skandale lassen sich oft einfach aufarbeiten: indem die fehlbare Behörde personell und organisatorisch erneuert und danach besser kontrolliert wird. Im Asylbereich aber muss ein System von Grund auf reformiert werden, das sich über Jahrzehnte flächendeckend bis zur teilweisen Dysfunktionalität weiterentwickelt hat. (…)

https://www.nzz.ch/meinung/ein-vergewaltiger-der-jahrelang-nicht-abgeschoben-werden-kann-der-fall-zeigt-woran-europas-asylsysteme-kranken-ld.1866273


The Wall Street Journal, 15 janvier, article payant      

The Immigrants America Needs

Limit asylum claims, reduce welfare and open the door to highly skilled foreign nationals.

Extraits :

(…) Immigration has always been a tough issue for me because my life and the life of the nation have been and continue to be enriched by immigrants.

When the Senate was debating the 1986 Immigration Reform and Control Act, I felt obligated to point out that if I were in Mexico with my two little sons and they were hungry, you would have to kill me to stop me from coming across the U.S. border. Still, I was committed to dealing with illegal immigration and the 3.2 million illegal migrants in the country at the time. The problem was that I couldn’t see how the legislation could fail to expand illegal immigration—which it did. By granting amnesty to illegal immigrants while failing to secure the border sufficiently, the legislation effectively erected a giant neon welcome sign across the southern border. By January 2007, the illegal-immigrant population had swelled to 11.8 million. The problem persists today: According to July 2024 Congressional Budget Office projections, from 2021 to 2026 the illegal-immigrant population in the U.S. will surge by 8.7 million more than it would have had pre-2020 trends continued.

The first step to ending the flood of illegal immigrants is to stop allowing people to come to the U.S. from anywhere and apply for asylum. (…)  The 1951 United Nations Convention on the Status of Refugees developed the principle of nonrefoulement, which dictated that refugees fleeing events that took place prior to 1951 may not be forced back to countries in which their lives or freedom were threatened. This agreement emerged in part out of Western nations’ collective guilt for failing to shelter Jews fleeing the Holocaust. (…)

But we live in a different world today, and the crisis on our border shows it. We must amend the Refugee Act of 1980 to require that, rather than applying for asylum at the border, refugees must apply at the American Embassy in their home country or in the country to which they have fled. This single action would stem the flood of asylum seekers who have overwhelmed our borders. It would also allow border-patrol agents to focus on protecting the border from non-asylum-seekers trying to enter illegally.

A second policy that cries out for reform is the Biden administration’s use of loopholes to grant special “legal status” to millions of illegal immigrants, undercutting the 1996 prohibition on welfare benefits for illegal aliens. According to a March 2023 report from the Federation for American Immigration Reform, the annual net costs of illegal immigration for American taxpayers exceed $150 billion.

With the average work-age household in the bottom 20% of income recipients receiving some $64,700 in government benefits annually (in 2022 dollars), the U.S. is in danger of perpetuating a welfare magnet so powerful that it will be hard to build a wall high enough to keep welfare-seekers out. We should deny all but temporary emergency welfare benefits to immigrants. We have room in the U.S. for people who come to work, but not for those who don’t want to work. (…)

A vibrant program to attract the most ambitious and talented legal immigrants must also be a key element in any rational immigration reform. Hundreds of millions of people dream about coming to the U.S. They can’t all come. We should begin by reforming the H-1B visa program for highly skilled foreign workers by expanding the cap on the total number of visas, ending lottery selection and instituting a workable merit-based selection system. The world’s best and brightest want to come here, and we should welcome them.

From 2000 to 2023, 40% of Nobel Prizes won by Americans in chemistry, medicine and physics were won by immigrants. In 2023, that share was 67%. Forty-six percent of Fortune 500 companies were founded by immigrants or their children. Jonas Salk, a son of Russian immigrants, invented the polio vaccine. George Mitchell, a son of Greek immigrants, developed hydraulic fracturing.

Denying immigrants the ability to come to the U.S. illegally and ask for asylum is the foundation on which any workable immigration system must rest. A vibrant legal immigration policy based on opening the “Golden Door” to the world’s best and brightest would enrich America’s economy and culture and raise the nation’s living standards.

Mr. Gramm, a former chairman of the Senate Banking Committee, is a nonresident senior fellow at the American Enterprise Institute.

https://www.wsj.com/opinion/the-immigrants-america-needs-policy-reform-8bf8c942?mod=opinion_lead_pos5


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 15 janvier, article payant        

Melonis Migrationspolitik zeigt Wirkung

Erstmals seit 2021 sind die irregulären Einreisen in die EU gesunken. Frontex-Direktor Hans Leijtens führt das vor allem auf die bessere Zusammenarbeit mit Nordafrika zurück.

Extraits :

Drei Jahre in Folge war die Zahl der irregulären Grenzübertritte an den Außengrenzen der Europäischen Union kontinuierlich gestiegen – bis auf 385.000 im Jahr 2023. Die Zahlen spiegelten wider, wie nach dem Ende der Pandemie und dem Ende der Einreisebeschränkungen, insbesondere im Flugverkehr, der Migrationsdruck wieder zunahm.

Umso bedeutsamer ist es, dass sich der Trend nun umgekehrt zu haben scheint. Im gesamten Jahr 2024 verzeichnete die EU-Grenzschutzbehörde Frontex rund 239.000 Grenzübertritte, das sind 38 Prozent weniger als im Vorjahr. Der Umschwung ist vor allem eine Folge der Kooperation der Europäischen Union mit den Partnerländern auf der anderen Seite des Mittelmeers.

Insbesondere auf der zentralen Mittelmeerroute – damit sind Ankünfte über See aus Tunesien und Libyen in Italien gemeint – hat sich einiges geändert. Hier sanken die Zahlen sehr stark, von 163.000 auf 67.000, das entspricht einem Rückgang von 59 Prozent. Dies sei „auf eine bessere Zusammenarbeit mit den nordafrikanischen Ländern, insbesondere Tunesien, zurückzuführen“, erläutert der Exekutivdirektor von Frontex, Hans Leijtens, der F.A.Z. „Die Zusammenarbeit mit Tunesien ist ein wichtiger Faktor für die Zerschlagung der Schleusernetze.“ In den Jahren zuvor war diese Verbindung zum wichtigsten Weg in die EU geworden. Schlepper waren nach Tunesien ausgewichen und verfrachteten dort massenhaft Menschen in kaum seetaugliche Boote, die aus Seenot gerettet werden mussten.

Mitte 2023 schloss die EU dann mit Tunesien eine strategische Partnerschaft, zu der auch eine engere Zusammenarbeit bei der Eindämmung der Migration gehört, etwa durch die Unterstützung der Küstenwache. Das ging vor allem auf die Initiative der italienischen Regierung von Giorgia Meloni zurück. Wirkung zeigte die Initiative erst im vorigen Jahr. In Brüssel ist sie umstritten, weil Menschenrechtsorganisationen dem tunesischen Präsidenten Kaïs Saïed schwere Menschenrechtsverstöße vorwerfen. Die meisten Migranten auf dieser Verbindung kamen 2024 aus Bangladesch, Syrien und Tunesien. Die Migranten nutzen aus, dass sie visumfrei in die Region kommen. Syrer gelangen so nach Libyen und setzen von dort aus über. (…)

https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/melonis-migrationspolitik-frontex-vermeldet-2024-weniger-irregulaere-einreisen-110228567.html


The Economist, 14 janvier, article payant      

Leaders | Immigration : Donald the Deporter

Could a man who makes ugly promises of mass expulsion actually fix America’s immigration system?

Extraits :

NOTHING SCRAMBLES the mind like a Trump press conference. On January 7th, at his winter palace in Florida, the president-elect mused on annexing Canada, Greenland and the Panama Canal—as well as tilting at offshore windmills for supposedly killing whales. It was a mix of free association, gleeful provocation and serious, world-changing intent.

Less noticed on January 7th, the House of Representatives passed the Laken Riley Act, which makes it easier to deport unauthorised immigrants for minor crimes such as shoplifting. Immigration is where the next administration is likely to direct its first efforts after the inauguration on January 20th. And here, too, Donald Trump promises that same mind-scrambling cocktail. Illegal immigration is a problem that lends itself to wild, crowd-pleasing and destructive policies, as well as presenting opportunities for beneficial reform. The path Mr Trump chooses will not only say something about his presidency, it could also cause ripples in the many other rich countries that have political problems over immigration.

Under President Joe Biden chaos erupted at the border, at least for a while. To their cost in the election, many Democrats responded by blaming voters for being cross about it. In the most recent numbers the Census Bureau records a net increase of 2.8m immigrants in 2023. The share of foreign-born residents in America has been higher since 1885, when Frederick Trump left Germany for New York, but it is the highest in a century. Although most Americans welcome legal migrants and the country is good at assimilating them, they resent it when immigrants claim asylum and then disappear into a shadow labour market while awaiting a court hearing.

Mr Trump takes office with a mandate to tighten controls. (…)

Mr Trump will not be able to carry through his threat to deport 15m people. Shipping out such a huge number would be extraordinarily expensive and would shock the labour market, raising the prices of goods and services that illegal immigrants help provide. Research suggests that deportations under Mr Obama slowed housebuilding by throwing out so many plasterers and bricklayers. And mass expulsions would be unpopular, because over half of all irregular migrants have been in America for more than a decade. They have jobs and families, and often live in blue states that will not co-operate. (…)

Instead Mr Trump is likely to look for a more practical policy. The temptation will be to dump the problem on Mexico. When deporting people, a big obstacle is finding governments to take them. Mr Trump might therefore simply turn back those who arrive via the southern border, threatening Mexico with tariffs unless it lets them in. (…)

Another temptation will be to focus on theatrical cruelty as a substitute for real action. Expect workplace raids with camera crews in tow, harsh internment in border states and ICE agents surging in sanctuary cities. (…)

Cruelty for its own sake is wrong. By denying migrants’ humanity, it coarsens American values. It may also prove unpopular. (…)

The first step is to beef up the border. Mr Trump is lucky, because irregular crossings have already fallen sharply from their peak in 2022, after the Biden administration made deals with Mexico and other Latin American countries to help curb the flow. Mr Trump may build on this by surging immigration officials to the border, to make quick rulings on whether claims are valid. He could also oblige asylum-seekers to remain in Mexico until their cases are decided, as he did in his first term. The second step is to focus deportations on criminals, as his chief of staff has suggested he will.

That could create consent for a third step that has long been obvious yet unattainable politically. Both as a practical matter and as an exercise in justice, America cannot deport every unlawful migrant. Doing nothing means that around 11m people will spend their whole lives in America without ever acquiring the right to live there. But unless immigration flows are under control, amnesty for those already in the United States risks attracting another wave to try to enter illegally. The only solution is a deal that combines effective border enforcement with a right to stay for law-abiding migrants.

Such a compromise is possible. No Republican politician can outflank Mr Trump on immigration, and Democratic alarm helps him appear tough. The chances are that he will want to keep immigration as a wedge issue, pick fights with Democratic governors and mayors, and leave things broadly as he found them. But the conditions are there for him to do a deal that has eluded the past five presidents—if he wants to. ■

https://www.economist.com/leaders/2025/01/09/donald-the-deporter


New York Times, 14 janvier, article payant   

Isaac Stanley-Becker: Europe Wasn’t Built to Be Like This

Dr. Stanley-Becker is a national security reporter at The Washington Post and the author of the forthcoming book “Europe Without Borders: A History.”

Extraits :

When I crossed a bridge spanning the Rhine last year, a checkpoint blocked the route between France and Germany, on the Pont de l’Europe.

Borders are closing in Europe, for reasons ranging from ongoing crises in Eastern Europe and the Middle East to increasing migratory pressures and the risk of terrorist infiltration. France cites “threats to public policy, public order.” Germany names “the global security situation.” Austria and the Netherlands point to “irregular migration” and Italy to the influx “along the Mediterranean route and the Balkan route.”

It wasn’t meant to be this way. European integration promised the abolition of borders, an ever closer union allowing the free movement of people, goods and capital in a single market. That promise was embodied in the Schengen zone, an area of open borders formed in the twilight of the Cold War — by a treaty among France, West Germany, Belgium, Luxembourg and the Netherlands — and now encompassing 29 European countries. But the fear of immigrants freely traversing Europe made Schengen a fragile project from the outset.

Schengen once symbolized liberal internationalism, a landmark of the European unity built after World War II. Today it’s a symbol of Europe’s migration crisis — a crisis driving the backlash against globalization and the ascendance of illiberalism.

Such paradoxes haunt Schengen’s history. Yet all but forgotten is a moment of deepest paradox — when the fall of the Berlin Wall in 1989 almost doomed the opening of Europe’s borders. Perversely, the sudden destruction of the continent’s most symbolic border brought progress on the Schengen treaty to a standstill, exposing the risks of free movement that today impel the return of checkpoints in Europe.

The Schengen treaty was supposed to be completed in 1989. But revolutionary events intervened. Unrest swept Eastern Europe, mass protests convulsed the German Democratic Republic, and some three million East Germans crossed into West Berlin when the wall fell on Nov. 9.

The ruptures of 1989 hastened the end of the Cold War, opening the way for a new era of globalization. But the lifting of the Iron Curtain made evident the complexities of abolishing borders — and nowhere more so than in Berlin. (…)

So it was that the peaceful revolutions of 1989 and the human movement enabled by the breach of the Berlin Wall disrupted the Schengen treaty making. “Europe without borders stumbles in Schengen,” observed Le Monde, and the obstacle was, “paradoxically, freedom to come and go reclaimed in the East.” (…)

The conflict centered on the prospect of German reunification. A reunited Germany would not only alter the balance of power in Europe; it would also extend Schengen’s frontier eastward. That would heighten the risk of irregular immigration from countries in the Soviet bloc — Poland, Hungary, Bulgaria, Romania — that were classified as security risks in secret lists prepared by the treaty makers to determine which people would be excluded from Schengen’s guarantee of free movement. (…)

As the exodus from Eastern Europe accelerated, the European Commission warned of the “fragility of the Schengen agreement.” French treaty makers spoke of the “German difficulty” created by the unexpected events in the Eastern European countries. A delegate from Luxembourg wondered whether the guarantee of free movement would survive: “The way things are going, it will be better to be a commodity or capital” than to cross borders as “a person.”

According to diplomatic papers marked “secret and personal,” the West German chancellor, Helmut Kohl, complained to the French president, François Mitterrand, that “the French were dragging their feet and must sign the agreement.” Meanwhile, Mitterrand revealed his fears of a revanchist Germany to the British prime minister, Margaret Thatcher. 

Still, Europe’s leaders saw inevitability in West Germany’s aspirations. “It would be stupid to say no to reunification,” as the Thatcher aide summarized Mitterrand’s thinking. “In reality there was no force in Europe which could stop it happening. None of us were going to declare war on Germany.”

The signing of the Schengen treaty came at last in June 1990, completing an agreement originating in 1985. Most of the treaty’s provisions set forth security measures, including rules allowing Schengen countries to reinstate internal border checks temporarily as required by “public policy or national security.” (…)

Out of this moment — as Schengen negotiators confronted the upheavals of 1989 — emerged a blueprint for free movement but also for its restriction. The treaty enshrined a Europe without internal borders. At the same time, it provided for the fortification of Schengen’s external frontiers, the construction of a multinational security apparatus and the exclusion of so-called undesirable migrants from Eastern Europe as well as Asia, Africa and the Caribbean.

This is the predicament symbolized by the fall of the Berlin Wall: the precariousness of free movement in a world where the risks of open borders appear ever more acute.

Today, Schengen’s vulnerability is reflected in the chaos of Europe’s border measures. Schengen’s frontiers continue to expand, enveloping countries that once lay behind the Iron Curtain — Romania and Bulgaria just this year. Meanwhile, Europe’s internal borders are hardening as a remedy for ills ascribed to globalization, presaging the death of Schengen by a thousand cuts.

https://www.nytimes.com/2025/01/13/opinion/schengen-migration-crisis.html


Le Figaro, 12 janvier, article payant

«Les “sale Blanche”, c’est monnaie courante» : à Vénissieux, l’exaspération et l’impuissance face aux dérives du communautarisme islamiste

REPORTAGE – Des riverains déplorent la ghettoïsation de ce bastion communiste de la banlieue lyonnaise, où l’insécurité grandit sur fond de trafic de drogue et de mutation des commerces à marche forcée.

Voir article intégral ici : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/12-janvier.pdf

Link : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-sale-blanche-c-est-monnaie-courante-a-venissieux-l-exasperation-et-l-impuissance-face-aux-derives-du-communautarisme-islamiste-20250110


New York Times, 11 janvier, article payant   

The Editorial Board : A Big Idea to Solve America’s Immigration Mess

Extraits :

The federal government’s ability to regulate immigration, a basic function of any nation, is broken. Over the past four years, some eight million people settled in the United States, and most of them did so unlawfully. Instead of an immigration policy calibrated to the needs of the country, both Americans and immigrants are being let down by a set of outdated laws inconsistently enforced by underfunded agencies. Chaos has been a predictable result.

Donald Trump won a second term as president on the promise that he would turn back the clock, restoring order by returning immigrants whence they came. The president-elect has vowed to deport all immigrants who do not have legal permission to be in the United States, and some who do. He also has described plans to curtail both illegal and legal immigration.

The United States undoubtedly needs to establish control over immigration, and we describe below the necessary changes. But mass deportations, or reductions in future immigration, are not in the national interest.

Immigrants are America’s rocket fuel, powering our nation’s unsurpassed economic and cultural achievements. The famous poem inscribed on the Statue of Liberty mischaracterizes those who leave their home countries behind. They are not the tired and the poor; they are people possessed of the determination, skill and resources to seek a better life. Nobel Prizes have been awarded to 142 immigrants to the United States. Nearly half of the companies in the Fortune 500 were founded by immigrants or their children. Blue jeans, Tesla, basketball, “God Bless America” — all the work of immigrants.

There’s a more basic imperative, too. America needs more people. Americans no longer make enough babies to maintain the country’s population. To sustain economic growth, the United States needs an infusion of a few million immigrants every year. (…)

An effective American immigration system requires three big shifts in federal policy, and all three are necessary for any to succeed.

1. The government must make every reasonable effort to prevent people from living and working illegally in the United States. Congress should allocate the resources necessary to secure the nation’s borders and to overhaul the shambolic asylum system so that decisions are made at the border. To further deter people from coming to the United States to seek work — including the significant share of undocumented workers who enter the country legally, on temporary visas, and then remain illegally — the United States also needs to hold employers accountable for the legal status of their workers.

2. Congress should legislate an orderly expansion of legal immigration, including a role for the federal government in directing people to the places that would benefit from population growth and in underwriting the transition costs.

3. The nation also needs to deal humanely with the estimated population of 11 million illegal immigrants who already live here, including the more than three million “Dreamers” brought to this country as children. For too long, large parts of the economy have depended on the labor of immigrants neither paid nor treated as the equals of Americans, a system of exploitation that also undermines American workers and law-abiding employers. Most immigrants who have made their lives in this country should be given a path to citizenship.

Versions of this tripartite approach were once embraced by political leaders in both parties. But in recent elections Democrats increasingly cast themselves as full-throated defenders of immigrants, regardless of legal status, while Republicans increasingly portrayed even legal immigration as a negative force in American life. The influx of immigrants into the country, in record numbers in the modern era, has overwhelmed red and blue state approaches. Both parties need a reality check. (…)

Proposals to expand legal immigration often focus on identifying immigrants who are most likely to contribute, economically or otherwise, to our national life.

Minimum standards, such as barring criminals, are a matter of common sense. Governments, however, are not always equipped to determine who will make the greatest contributions.

Hugo Ortega had no obvious skills when he arrived in Houston in 1984 at the age of 19.

He decided to leave Mexico City because he was hungry and facing homelessness. He knew that one of his uncles had found work in Texas, sometimes sending home letters that included $20 bills carefully wrapped in aluminum foil.

He was caught at the border five times before he succeeded in crossing on the sixth attempt. In Houston, he took a job as a dishwasher. Four decades later, he is a Houston icon, the chef and a co-owner of a string of celebrated restaurants. “I put my life at risk to come here, and I would do it in a heartbeat again and again and again,” he said.

The amnesty provisions in the 1986 immigration law allowed Mr. Ortega to obtain a green card in 1989 and to become an American citizen in 1996. Along the way he married the restaurant owner, and together they built a culinary empire introducing Houston, long the homeland of Tex-Mex food, to more authentic varieties of Mexican cuisine.

Houston restaurants now serve faithful renditions of a wide range of homeland cuisines, as well as mash-ups that may not be found anywhere else, like beef pho kolaches and brisket tikka masala. But Mr. Ortega knows that immigrant dishwashers in Houston today cannot follow his path. They have little chance of becoming full members of the society in which they work. Indeed, they now face the possibility of being forced to leave.

What would he say to Americans skeptical of immigration?

“Give us an opportunity,” Mr. Ortega said. “You know, just give us an opportunity to cook for you. Give us an opportunity to be part of this wonderful country.”

https://www.nytimes.com/2025/01/10/opinion/american-immigration-immigrants.html


Wall Street Journal, 24 décembre, article payant      

Merit and the Case for Immigration

Most of the high-achieving U.S. students to whom we award college scholarships have foreign-born parents.

Voir « Article du Jour » !

PDF: https://kinzler.org/wp-content/uploads/2024/12/24-decembre.pdf

Link: https://www.wsj.com/opinion/merit-and-the-case-for-immigration-education-scholarships-texas-finis-welch-a1dd1c1f?mod=opinion_lead_pos5


Neue Zürcher Zeitung, 23 décembre, article payant     

Der Terror von Magdeburg: Importierte Konflikte gefährden Leib und Leben

War der Attentäter, der in die Menschenmenge auf dem Weihnachtsmarkt raste, ein Islamkritiker und AfD-Anhänger? Der Kampf um die Narrative hat längst begonnen.

Extraits:

(…) Viele Fragen sind noch offen. Kann man jemanden, der ein Attentat nach dem Vorbild des islamistischen Breitscheidplatz-Anschlags begeht, als Islamkritiker bezeichnen? Sollte man dieses Selbstverständnis des Täters übernehmen? Und steht er politisch der AfD nahe, nur weil er sie mehrfach in seinen Beiträgen auf X gelobt hatte?

Weihnachtsmärkte sind immer wieder Ziele von Anschlagsplänen. Allein in den vergangenen zwölf Monaten sind in Deutschland mindestens drei geplante Anschläge verhindert worden – alle mit islamistischem Hintergrund. Die Christkindlmärkte, wie sie in Süddeutschland genannt werden, verkörpern neben kapitalistischem Kitsch nach wie vor auch die christlichen Wurzeln Europas: Glaube, Liebe und Hoffnung. Taleb A. hingegen wählte den Weg blinder Zerstörungswut und griff zu einer Waffe des islamistischen Terrors. (…)

Der Fall Taleb A. könnte ein weiteres Beispiel dafür sein, wie das gutgläubige deutsche Asylsystem ausgenutzt wurde. Möglicherweise hätte ihm nie so lange Asyl gewährt werden dürfen – dann hätten viele Menschen dieses Weihnachten wie geplant mit ihren Liebsten feiern können.

https://www.nzz.ch/der-andere-blick/der-terror-von-magdeburg-importierte-konflikte-gefaehrden-leib-und-leben-ld.1863762


😮 Le Point, 17 décembre, article payant    

L’Allemagne peut-elle se passer des travailleurs syriens ?

L’Allemagne est le pays d’Europe qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés syriens. Ils se sont bien intégrés sur le marché du travail, au point de devenir indispensables.

Extraits:

« Si on s’en va tous, on va voir comment ils vont se débrouiller sans nous… » Ahmed affiche un grand sourire plein de défi en réplique à ceux qui, depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, demandent aux réfugiés syriens de rentrer chez eux. L’AfD à l’extrême droite et le BSW à l’extrême gauche n’ont pas perdu de temps : dès le lendemain de la prise du pouvoir par les milices islamistes, ils ont décrété que la Syrie n’était plus un pays dangereux et qu’il n’y avait donc aucune raison que les Syriens réfugiés en Allemagne ne fassent pas leurs valises.

Dans les rangs de la CDU-CSU conservatrice aussi, des voix se sont élevées. Jens Spahn, ancien ministre de la Santé du gouvernement Merkel, qui n’a jamais cessé de critiquer la politique migratoire de l’ancienne chancelière, est allé jusqu’à proposer un chèque de 1 000 euros et un voyage retour gratuit dans des charters affrétés par l’Allemagne à ceux qui se porteraient volontaires pour rentrer au pays. Une façon de profiter de la situation pour accroître ses chances aux élections anticipées du 23 février alors que la question des migrants est au centre de la campagne.

Friedrich Merz, candidat de la CDU/CSU aux législatives, s’est engagé, s’il gagne les élections, à renvoyer de nombreux Syriens chez eux : « Il faut dire clairement à ceux qui ne sont pas intégrés qu’à long terme ils n’ont pas leur place en Allemagne. » (…)

Selon l’Office fédéral des statistiques, 860 000 Syriens aptes à exercer un emploi vivent en Allemagne. 362 000 d’entre eux ont un emploi. Nombreux sont ceux qui, comme Ahmed, sont intégrés dans ce pays d’accueil où ils vivent depuis si longtemps déjà. Plus de 100 000 Syriens ont obtenu la nationalité allemande. Le nombre de naturalisations a considérablement augmenté au cours des trois dernières années. Pour avoir droit au passeport allemand, ils doivent avoir vécu plus de cinq ans dans le pays, parler très bien l’allemand et avoir un emploi soumis aux cotisations sociales. (…)

Un secteur clé serait particulièrement affecté par le départ des Syriens : la santé. D’après les statistiques fournies par la Chambre fédérale des médecins, 6 000 médecins syriens travaillent aujourd’hui en Allemagne, 5 000 d’entre eux en hôpital. Les Syriens représentent donc le plus grand groupe parmi les médecins étrangers. À noter que ceux qui ont un passeport allemand ne sont pas répertoriés dans ce calcul. Aux médecins s’ajoutent les employés des Ehpad et ceux qui travaillent dans le secteur du soin. Les syndicats sonnent l’alarme : le départ des Syriens poserait un problème important à un système déjà à la limite.

https://www.lepoint.fr/monde/l-allemagne-peut-elle-se-passer-des-travailleurs-syriens-16-12-2024-2578035_24.php


Le Point, 15 décembre, article payant    

David Coleman : « Les politiques de natalité ne sont pas vouées à l’échec »

Le professeur émérite de démographie à Oxford souligne le risque posé, à terme, par une immigration massive pour nos sociétés vieillissantes.

Extraits:

David Coleman est professeur émérite de démographie à Oxford et le cofondateur de Migration Watch, un groupe de réflexion et de campagne qui milite pour une baisse de l’immigration au Royaume-Uni. De passage à Paris, fin novembre, pour un colloque sur l’évaluation budgétaire et économique de l’immigration organisé à l’Assemblée nationale par l’Observatoire de l’immigration et de la démographie et le député (LR) des Alpes-Maritimes Éric Pauget, l’universitaire a répondu aux questions du Point.

Le Point : Le colloque auquel vous avez participé a pointé le coût budgétaire et économique de l’immigration pour les sociétés d’accueil. Face au déclin démographique des pays européens, n’est-elle pas indispensable ?

David Coleman : Cela dépend des pays. Nos sociétés vieillissent à un rythme très rapide. L’immigration est nécessaire à court terme. Elle peut empêcher le déclin démographique, mais pas résoudre le problème du vieillissement de la population, simplement l’atténuer. Ce faisant, la proportion d’habitants d’origine immigrée dans la population risque de s’accroître. Au fil du temps, si le taux de natalité est inférieur au taux de reproduction, il faudra accueillir de plus en plus d’immigrés pour maintenir le même niveau démographique.

L’immigration est-elle en soi un problème à vos yeux ? N’a-t-elle pas des vertus ?

Des flux migratoires modestes, de préférence équilibrés, sont à la fois normaux et nécessaires pour n’importe quel pays développé et en paix avec ses voisins. Mais il y a des raisons de s’opposer à une immigration massive. Celle-ci fait croître la population sans bénéfice pour la société. La croissance démographie due aux flux migratoires fait atteindre à la population britannique des niveaux inédits depuis 1870 environ. C’est absolument insoutenable. Toute croissance démographique, en particulier dans un pays riche et à l’heure du dérèglement climatique, me paraît aberrante.

Les politiques de natalité sont-elles vouées à l’échec ?

Non, elles peuvent être efficaces si elles sont à la fois de grande ampleur et durables. Les responsables politiques français doivent convaincre l’opinion que la politique familiale restera la même, quel que soit le chef de l’État ou le parti aux responsabilités. Le taux de natalité français est le plus élevé du continent européen. Les politiques qui semblent efficaces visent à la fois à améliorer le bien-être matériel des familles et à aider les femmes qui concilient leurs ambitions professionnelles et leur désir de fonder une famille. Celles qui ciblent directement le taux de natalité, elles, ne fonctionnent pas. Comme le dit un de mes collègues, « défendons les intérêts des femmes et la démographie se défendra elle-même ». (…)

Plus généralement, l’avenir de nos sociétés m’inquiète. Des évolutions démographiques de grande ampleur se produisent sans assentiment démocratique, voire sans débat. L’apathie et l’indifférence des électeurs s’ajoutent à l’indifférence ou à l’approbation des élites. Au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et en Italie, il n’y a pas de prévisions ethniques officielles. (…)

En France a circulé la théorie du « grand remplacement », défendue notamment par Éric Zemmour. Qu’en pensez-vous ?

Cette théorie me laisse perplexe. Croire qu’un groupe de personnes influentes essaie de favoriser l’immigration afin que les Blancs deviennent minoritaires, c’est absurde. Il serait impossible de manipuler ainsi les flux migratoires, et rien ne prouve que c’est le cas aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, la croyance en un tel complot n’est pas nécessaire : la tendance nous oriente, de toute façon, dans cette direction, car le taux de natalité des populations autochtones est bas et l’immigration est élevée dans la plupart des pays occidentaux. C’est arithmétique : quand un pays au taux de fertilité déficitaire accueille une immigration importante, l’intégralité de sa population finira par être d’origine étrangère.

https://www.lepoint.fr/debats/david-coleman-les-politiques-de-natalite-ne-sont-pas-vouees-a-l-echec-14-12-2024-2577974_2.php


Wall Street Journal, 14 décembre, article payant      

Bashar al-Assad’s Fall Won’t Resolve Europe’s Migration Crisis

The Continent looks to repatriate refugees, but Syria hasn’t been liberated so much as overrun.

Extraits:

That whooshing sound you heard this week was an enormous sigh of relief let loose by European leaders as Bashar al-Assad fled to Russia. The strongman’s fall from power is generally good news for the people he previously subjugated in Syria, but Europeans seem to hope this event can also solve one of their most pressing problems: immigration.

Observe how to date Europe’s most visible response to the crisis in Syria has been . . . to try to send Syrians back from Europe. As of this writing, more than a dozen governments across Europe have suspended the processing of asylum applications filed by Syrian citizens on European soil, and some politicians are talking almost giddily about the prospect that refugees whose applications already have been approved could be induced to go back.

The Syrian civil war, which started in 2011, was the trigger for the massive wave of illegal migration that has addled European politics for nearly a decade. The biggest inflow started in 2015, and it’s hard to say for sure exactly how big the influx was, because some tried to cross the border multiple times before they succeeded or have gone entirely undocumented.

The best proxy probably is the number of first-time applications for asylum, which is migrants’ preferred method for obtaining a legal ability to stay. Nearly 7.7 million people from outside the European Union filed such applications between January 2015 and August this year, around 2.4 million of those in the first two years. Of those, some 20% were Syrians—in most years, the largest national cohort.

This human flood has pushed Europe to the breaking point, institutionally and politically. (…)

Nearly a million applications had yet to receive a first decision from an EU state as of September, with another 133,000 pending in Britain. The majority of applications are approved at that stage. Those that are rejected can, and often do, appeal. While this process grinds along, taxpayers must subsidize applicants with social welfare, housing and other support.

You can see why this might annoy European voters. It gets worse. Many migrants are more or less law-abiding, but some aren’t. Terrorist infiltration of or recruitment among migrants is a constant worry. In some instances, such as the August knife attack that killed three in Solingen, Germany, Syrian refugees have been accused of terrorist acts.

Looming over all this has been the suspicion that even many of the relatively peaceable new arrivals aren’t “refugees” in the sense Europeans had in mind when they developed current laws. A common observation of photos of the migrant tide in 2015 was how few of them were women or children or the elderly and how many appeared to be working-age young men. (…)

Europe’s political class, incapable of securing its border and deterring or deporting illegal migrants over the past decade, now hopes the faraway events of the past week offer a deus ex machina. If all these Syrian “refugees” claimed to be fleeing Mr. Assad’s henchmen and prisons, the thinking goes, the collapse of that regime obviates any need for these migrants to seek shelter in Europe.

The celebration is both premature and pathetic, and for the same reason. Syria hasn’t been liberated from the Assad regime so much as it’s been overrun by competing militias that may or may not harbor sympathies for extreme Islamism. (…)

As a consequence, while Europe hopes the transition in Syria will ease the refugee crisis, leaders must fear the opposite. The nightmare scenario would be a new flow of migrants fleeing neo-Islamist rule.

The core of Europe’s political crisis of illegal migration is voters’ perception that their governments are incapable of taking decisive action to manage their foreign and domestic security, and instead are hostage to events elsewhere—namely, millions of foreigners’ individual decisions to storm Europe’s borders. The fall of the Assad regime isn’t the solution to that overarching problem.

https://www.wsj.com/opinion/assads-fall-wont-resolve-europes-migration-crisis-refugees-immigration-asylum-944cebaa?mod=opinion_recentauth_pos3&mod=WSJ_home_columnists_pos_3


Neue Zürcher Zeitung, 14 décembre, article payant     

Neue Statistik: Weniger als die Hälfte der Syrer in Deutschland hat einen Job

Auf dem deutschen Arbeitsmarkt bleiben syrische Zuwanderer weit hinter anderen Migrantengruppen zurück. Experten sehen neben Qualifikationsdefiziten auch Fehlanreize im Sozialsystem als Grund.

Extraits:

Nach dem Sturz des syrischen Regimes wird in Deutschland über den Umgang mit Flüchtlingen aus dem Land diskutiert. Neue Zahlen des Statistischen Bundesamtes zeigen nun: Die Integration in den Arbeitsmarkt kommt nur schleppend voran, nicht einmal jeder zweite Syrer im erwerbsfähigen Alter geht einer regulären Beschäftigung nach.

Von den 863 000 Menschen mit syrischer Einwanderungsgeschichte im Alter von 15 bis 64 Jahren waren im vergangenen Jahr lediglich 42 Prozent erwerbstätig. Weitere 8 Prozent waren zwar auf Arbeitssuche, aber ohne Anstellung. Zum Vergleich: Bei der Gesamtbevölkerung mit Einwanderungsgeschichte liegt die Erwerbstätigenquote bei 73 Prozent, bei Menschen ohne Migrationshintergrund sogar bei 83 Prozent.

Die Statistik zeigt auch: Die Hälfte der Syrer im erwerbsfähigen Alter – rund 435 000 Menschen – gehört zur Gruppe der sogenannten Nichterwerbspersonen. Das bedeutet: Sie stehen dem Arbeitsmarkt aus verschiedenen Gründen nicht zur Verfügung, etwa weil sie sich noch in Ausbildung befinden, keine Arbeitserlaubnis haben oder aus gesundheitlichen Gründen nicht arbeiten können.

Das Statistikamt sieht als einen wichtigen Grund für diese hohe Quote vor allem das niedrige Durchschnittsalter: 19 Prozent der 15- bis 64-Jährigen mit syrischer Einwanderungsgeschichte befinden sich noch in der Schule oder in der Ausbildung, deutlich mehr als bei der Gesamtbevölkerung mit Einwanderungsgeschichte oder ohne Einwanderungsgeschichte. Im Schnitt lebten die aus Syrien Eingewanderten 2023 seit rund 8 Jahren in Deutschland. Zum Zeitpunkt ihrer Einreise waren sie durchschnittlich rund 23 Jahre alt.

Doch auch unter Berücksichtigung dieses Faktors liegt die Quote der Nichterwerbspersonen deutlich über dem Durchschnitt: Sie ist fast dreimal so hoch wie bei Menschen ohne Migrationshintergrund (17 Prozent) und fast doppelt so hoch wie bei der Gesamtbevölkerung mit Einwanderungsgeschichte (27 Prozent).

Die Qualifikationsstruktur der syrischen Einwanderer stellt eine zusätzliche Herausforderung dar. Nur etwa jeder fünfte Syrer (22 Prozent) verfügt über einen Berufsabschluss. Zwar gibt es unter ihnen 106 000 Akademiker, doch die grosse Mehrheit – knapp 60 Prozent – hat überhaupt keinen Berufsabschluss. (…)

Die niedrige Erwerbsquote habe strukturelle Gründe, sagt der Arbeitsmarktexperte Holger Schäfer vom Institut der deutschen Wirtschaft. (…) Häufig fehlten deshalb anerkannte Ausbildungen oder ausreichende Deutschkenntnisse, und die bürokratische Anerkennung von Abschlüssen dauere oft lange. «Das macht es schwer, schnell einen passenden Job zu finden.»

Die schlechte Wirtschaftslage verschärfe die Situation. (…)

Dazu komme ein grundsätzliches Problem bei den Sozialleistungen: Das Bürgergeld-System setze «falsche Anreize». Viele Zuwanderer nähmen deshalb nur einen Mini-Job oder eine Teilzeitstelle an und stockten ihr Gehalt mit Sozialleistungen auf, statt Vollzeit zu arbeiten. (…)

Die Regierungsparteien SPD und Grüne wollten sich auf Anfrage zu den neuen Zahlen nicht äussern. (…)

https://www.nzz.ch/international/neue-statistik-weniger-als-die-haelfte-der-syrer-in-deutschland-hat-einen-job-ld.1862344


Le Point, 7 décembre, article payant    

La France a-t-elle trahi ses immigrés ?

Dans un livre autobiographique dérangeant, David Duquesne raconte le délitement d’un pays où l’assimilation se révèle de plus en plus difficile.

Extraits:

La présence musulmane en Europe n’est ni le fruit unique de l’histoire coloniale ni l’effet de l’effort de reconstruction entrepris après la Seconde Guerre mondiale, comme beaucoup le répètent sans examen. Si les Pakistanais sont nombreux à se ruer vers l’ancienne métropole britannique, tel n’est pas le cas des Singapouriens, que les Européens peineraient à engager dans des professions subalternes pour un salaire de misère. De même que l’exode rural au XIXe siècle était la réponse des miséreux en quête d’une meilleure vie, cette présence en Occident découle d’abord d’une certaine faillite du monde islamique. Beaucoup d’immigrés ont d’ailleurs fait preuve de reconnaissance envers leur pays d’adoption. Ce ne fut hélas pas le cas de tous.

C’est l’échec de cette acculturation que David Duquesne raconte dans son premier livre. Infirmier libéral originaire du Pas-de-Calais, né d’une mère d’origine algérienne et d’un père français, l’auteur narre autant sa vie que le délitement de la maison France. Il expose, sur un ton mélancolique, le souvenir d’un pays où l’assimilation des étrangers à la culture française était encore possible : « La mixité culturelle fut une aubaine, les enfants musulmans étaient très minoritaires dans le quartier et dans les écoles. Ils passaient beaucoup de temps à jouer dans la rue avec les petits “Français” et s’imprégnaient du mode de vie et de la culture de ce pays. Mes grands-parents faisaient l’effort de parler français à la maison, dans l’intérêt de leurs enfants. »

Cette acculturation aurait désormais disparu en raison de l’importance et du caractère incontrôlé des flux migratoires récents. L’émancipation de la plupart des membres de sa famille, explique-t-il, pouvait encore advenir en raison de la faiblesse de la pression (…).

Les éléments issus de l’immigration les mieux intégrés à la société française auraient été ainsi trahis par une politique migratoire trop généreuse, important en France les coutumes ancestrales que d’aucuns ont fuies. David Duquesne se souvient du moment clé : « En 1992-1993 arrivent dans notre quartier des prédicateurs barbus en qamis, en provenance d’Algérie, reçus sous le statut de réfugiés politiques. Alors que la guerre civile fait rage en Algérie, la France accueille dans sa grande mansuétude des prêcheurs de haine qui viennent contaminer les jeunes musulmans des banlieues françaises. »

Pis encore, aux pressions communautaires s’ajoutait la lâcheté du pays d’accueil, plus enclin à stigmatiser les immigrés désireux de s’intégrer qu’à les valoriser. « On attendait de moi que je sois un morceau d’Algérie ambulant. » (…)

Défigurée par le francocentrisme, le paternalisme et la culpabilité postcoloniale, la littérature spécialisée dans l’étude des flux migratoires s’est davantage préoccupée de l’étude des préjugés de la société d’accueil envers les nouveaux arrivants que l’inverse. Au risque de nous faire croire que les Français étaient aussi xénophobes que les immigrés en provenance du monde arabo-musulman étaient francophiles. Cette autobiographie, qui sonne comme une invitation à renverser la charge de la preuve, dérangera les plus candides d’entre nous. Sans doute est-ce le prix à payer pour regarder en face les défis et les périls auxquels l’archipel français est confronté.

https://www.lepoint.fr/postillon/immigration-david-duquesne-raconte-l-echec-de-l-assimilation-06-12-2024-2577306_3961.php?at_variante=Community%20Management&at_creation=Twitter&at_campaign=Page%20Twitter%20Le%20Point&at_medium=Social%20Management


Le Figaro, 6 décembre, article payant

Passeurs et migrants violent «90% des femmes et filles» traversant la Méditerranée : le rapport choc de l’ONU sur les routes migratoires

DÉCRYPTAGE – Mariages forcés, tortures, extorsions… Les migrants empruntant la «route centrale méditerranéenne» vers l’Europe subissent de très nombreuses violences, de la part des passeurs notamment, d’après un récent rapport de l’ONU.

Extraits:

(…) Tout au long de la route, les migrants subissent de multiples violences physiques, commises soit par leurs propres passeurs, soit par des gangs les repérant en amont. Un migrant somalien, prénommé Saeed et qui était accompagné de 47 compatriotes, raconte ainsi avoir été «frappé et torturé» par des passeurs, qui enfermaient les migrants qu’ils acheminaient dans des «chambres de détention»«On était confrontés à la famine, à la torture… On était enchaînés et électrocutés, et on développait des éruptions cutanées sur tout le corps. Si l’on avait soif, ils nous donnaient de l’eau mélangée à de l’essence. Ils ne nous laissaient pas dormir, ni la nuit ni le jour», témoigne-t-il. 

Les migrants font également face à des extorsions de la part de policiers locaux, notamment au Bénin, où certains agents arrêtent les bus les transportant et demandent à chacun d’entre eux de leur verser de l’argent à intervalles réguliers. Certains d’entre eux sont également victimes de gangs qui multiplient les kidnappings, «une pratique commune sur la route centrale méditerranéenne», juge l’ONU. «Tout ce qu’ils veulent, c’est de l’argent. Ils appellent votre famille pour demander une rançon. Et tant qu’ils ne l’ont pas, ils vous torturent (…) avec des bâtons, des armes. Ils font chauffer du caoutchouc pour vous brûler la peau», témoigne Jamal, un migrant érythréen ayant traversé la Méditerranée, interrogé par l’UNHCR.

Les femmes subissent de leurs côtés les pires exactions. Toujours d’après le rapport, «90% des femmes et filles se déplaçant le long de la route centrale méditerranée sont violées». Les violences sexuelles sont «un passage inévitable pour les femmes migrantes qui, en plus d’être violées ou agressées sexuellement par des bandes criminelles ou des passeurs, doivent payer des “pots-de-vin” en réalisant des “faveurs sexuelles”, parfois auprès de groupes entiers de migrants», peut-on lire. En échange de ces «faveurs sexuelles», les femmes se voient proposer une «protection» et un abri. 

L’une de ces victimes, Maria*, témoigne dans le rapport de l’ONU. «J’avais décidé de traverser la frontière en me faisant passer pour un homme, après avoir entendu d’horribles histoires sur les traversées en tant que femme. (À un moment), nous avons été entassés dans un pick-up surchargé. En m’observant, le conducteur a deviné ma véritable identité. Pendant le trajet, il ne cessait de chercher à attirer mon attention. J’évitais son regard, priant pour que personne d’autre ne découvre la vérité. Il m’a alors proposé un marché pour garder mon secret», peut-on lire. Le trajet se poursuit pendant plusieurs heures, jusqu’à ce que le véhicule marque l’arrêt près d’un entrepôt. Ses passagers doivent en sortir. Maria* décide alors de se cacher dans le bâtiment. En vain. «J’ai entendu ses pas se rapprocher. J’ai essayé désespérément de le repousser de toutes mes forces… Puis il est parti après avoir promis de ne rien dire à personne sur le fait que j’étais une femme», relate-t-elle, sous-entendant qu’elle a été violée. Certaines migrantes, victimes de kidnapping, sont elles «forcées à marier leur ravisseur et avoir des enfants avec», poursuit le rapport. D’après ce dernier, les violences sexuelles sont surtout commises en Libye, dans le désert du Sahara, au Niger, au Soudan et au Mali. (…)

https://www.lefigaro.fr/international/passeurs-et-migrants-violent-90-des-femmes-et-filles-traversant-la-mediterranee-le-rapport-choc-de-l-onu-sur-les-routes-migratoires-20241205


Le Figaro, 6 décembre, libre accès

Royaume-Uni : le prénom Muhammad devient le plus populaire en Angleterre et au Pays de Galles

Selon l’office national des statistiques britannique, Muhammad est devenu en 2023 le prénom masculin le plus donné en Angleterre et au Pays de Galles, devant Noah et Oliver.

Extraits:

Avec 4661 naissances, Muhammad est désormais le premier choix des nouveaux parents pour le prénom de leur bébé en Angleterre et au Pays de Galles confondus. L’office national des statistiques (ONS) britannique a en effet dévoilé ce jeudi un classement des prénoms les plus donnés en 2023.

Depuis 2016, Muhammad faisait partie des prénoms les plus populaires donnés aux nouveau-nés outre-Manche. En 2019, il atteint la cinquième place avant de bondir à la deuxième place en 2022 et finalement de détrôner Noah en 2023, en tête du classement depuis 2021. Derrière Muhammad et Noah, viennent les prénoms Oliver, George, Leo, Arthur ou Luca avec plus de 3000 naissances chacun. 

Il faut cependant noter que Muhammad écrase la concurrence puisque l’ONS a choisi de séparer les différentes orthographes pour tous les prénoms. Ainsi, deux autres façons d’écrire Muhammad sont présentes dans le top 100 des prénoms les plus donnés en 2023 : Mohammed arrive à la 28ème place avec 1601 nouveau-nés et Mohammad à la 68ème place avec 835 naissances. 

Le Royaume-Uni connaît ces dernières années des chiffres records d’immigration sur son territoire. (…)

Mécaniquement, les naturalisations ont également atteint un niveau record avec 246.488 personnes devenues britanniques entre juillet 2023 et juin 2024, soit dix fois plus qu’en 1962, année des premières statistiques officielles. (…) Les personnes d’origine extra-européenne naturalisées sont le plus souvent des Indiens (22.263 personnes) – où l’islam compose une importante minorité -, des Pakistanais (19.491 personnes) et des Nigérians (10.905), pays majoritairement musulmans. (…)

La France connaît un phénomène similaire avec une croissance importante des prénoms d’origine arabo-musulmane comme le soulignait déjà en 2019 dans son ouvrage l’Archipel français le sociologue Jérôme Fourquet. (…) Une tendance qu’ont encore confirmée les chiffres de l’Insee publiés cet été sur les prénoms les plus donnés en France par département. En Seine-Saint-Denis par exemple, département de métropole le plus fortement peuplé par des populations issues de l’immigration, les trois prénoms masculins les plus donnés en 2023 étaient Mohamed, Ibrahim et Adam.

https://www.lefigaro.fr/international/royaume-uni-le-prenom-muhammad-devient-le-plus-populaire-en-angleterre-et-au-pays-de-galles-20241205


IREF, 6 décembre, libre accès  

À Berlin,  le multiculturalisme ne fonctionne plus

En Allemagne, les incidents contre la communauté LGBT ont bondi de 29 % en 2023 (plus de mille cas comptabilisés). Berlin ne fait pas exception. Certains quartiers, abritant une forte communauté arabe issue de la vague d’immigration de 2015, présentent des problèmes croissants d’insécurité pour les Juifs et les homosexuels. C’est le cas notamment de Schöneberg ou de Neukölln. La communauté LGBT est régulièrement victime d’agressions. Christmas Avenue, le marché de Noël LGBT, a été récemment visé par une pierre, des carottes pourries, des œufs. Même chose pour Maneo, association de protection des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles et transexuelles, dont la façade a été dégradée.

Barbara Slowik, présidente de la police de la ville, a tiré la sonnette d’alarme sur la situation dans une interview: « Il y a des quartiers – et il faut le dire avec honnêteté – où je conseillerais aux personnes qui portent une kippa ou qui sont ouvertement gays ou lesbiennes, d’être plus attentifs ». Des propos confirmés par RIAS, un centre de recherche et d’information sur l’antisémitisme, qui a comptabilisé 1270 incidents à caractère antisémite à Berlin l’année dernière – une hausse record de 50 %. En septembre dernier, le café Bajszel, qui est proche de la communauté juive, a été victime d’une tentative d’incendie. Des musulmans sont aussi visés par ces attaques : Seyran Ates, une avocate qui a fondé une mosquée libérale à Berlin et qui s’est opposée ouvertement au Hamas, est sous protection policière. Il y a bien, selon elle, un problème d’intégration des immigrés qui ont une « pensée très patriarcale, archaïque » et qui « viennent de systèmes de domination totalitaires ». On observe exactement le même mécanisme en France : la tolérance est détournée par ceux qui ont parfaitement conscience de ses limites. Sauf qu’il ne peut y avoir de tolérance à l’égard de ceux qui sont eux-mêmes violemment intolérants envers quiconque ne pense pas comme eux. Sinon, les grands principes de la démocratie libérale se retourneront contre ceux qui pensent les défendre.

Élodie Messéant, Diplômée en droit privé et en philosophie du droit, Élodie Messéant a travaillé dans le domaine de l’investissement et des cryptomonnaies. Chargée d’études à l’IREF, elle écrit régulièrement dans la presse depuis 2017.

https://fr.irefeurope.org/publications/les-pendules-a-lheure/article/a-berlin-le-multiculturalisme-ne-fonctionne-plus/


Neue Zürcher Zeitung, 2 décembre, article payant     

Die schwierige Suche nach Herrn Kedida: Warum Angela Merkels Selfie-Flüchtling heute die Öffentlichkeit scheut

Er war vielleicht Deutschlands berühmtester Flüchtling: Shaker Kedida fotografierte sich 2015 überglücklich mit der Kanzlerin. Dann verlor sich seine Spur, die Stimmung im Land schlug um. Unsere Autorin fand ihn trotzdem.

Extraits:

Für einen kurzen Augenblick war Shaker Kedida wohl Deutschlands prominentester Flüchtling. Im September 2015 posierte die damalige Bundeskanzlerin Angela Merkel mit ihm für ein Selfie. Oder er mit ihr, je nachdem. Eng nebeneinanderstehend, fast Wange an Wange, lächeln beide in die Kamera. Um sie herum eine Menschentraube mit ebenfalls gezückten Handys. Merkel besuchte damals die Erstaufnahmeeinrichtung für Asylsuchende in Spandau, in Berlin. Sie wollte sich ein Bild der Situation machen.

Kurz vor dem berühmten Selfie, Ende August 2015, hat Merkel ihren noch viel berühmteren Satz gesagt: Wir schaffen das. Bezogen hatte sie sich damit auf die Hunderttausende Geflüchteten, die sich damals über Ungarn auf den Weg nach Deutschland machten.

Es war die Hochzeit der deutschen Willkommenskultur, und das Bild mit der Kanzlerin und dem Geflüchteten wurde zum Symbol dafür. Allerdings kam dann sehr schnell der Fall der Willkommenskultur und mit ihm auch die Debatte über Merkels Flüchtlingspolitik und die Frage, ob die Deutschen denn das wirklich schafften. Auch Merkels Selfies mit Geflüchteten wurden kritisiert. Kritiker sagen, sie habe mit solchen Fotos Menschen ermuntert, nach Deutschland zu kommen.

Shaker Kedida freute sich schlicht über das Foto mit der Bundeskanzlerin. Er war froh, es bis nach Deutschland geschafft zu haben. Kedida ist irakischer Jeside, gehört einer ethnisch-religiösen Minderheit an. Im Irak war er Kleinbauer, pflanzte Gemüse an, hatte ein paar Tiere, einen Traktor. Mit seiner Frau und den fünf Kindern lebte er in der Nähe von Mosul. Als die Terrormiliz Islamischer Staat im Sommer 2014 immer näher rückte, floh er mit seiner Familie in die kurdische Autonomieregion im Irak und von dort alleine weiter über Land bis nach Deutschland, wo bereits ein Teil seiner Verwandtschaft lebt. Frau und Kinder will er nachholen. Medien, nationale wie internationale, stürzen sich auf seine Geschichte, wollen wissen, wer der Mann ist, der da mit der Kanzlerin posiert.

Sein Selfie mit Merkel taucht auch Jahre später immer wieder in den Medien auf, wird zum Symbolbild für Deutschlands Flüchtlingsdebatte, auch jetzt, wo Angela Merkels Memoiren erschienen sind und die Altkanzlerin beharrlich ihre Entscheidung verteidigt, die Grenzen im September 2015 nicht geschlossen zu haben. Doch Shaker Kedidas Spur verliert sich. (…)

Wer heute nach ihm sucht, findet zunächst keinerlei Anhaltspunkte darüber, was aus ihm geworden ist. Lebt er noch in Deutschland? Konnte er tatsächlich Frau und Kinder nachholen? Wo fängt man an, nach einem Geflüchteten zu suchen, der vor mehr als neun Jahren einmal kurz berühmt war? (…)

Shaker Kedida lebt noch in Deutschland, und er ist zufrieden hier. Seine Familie konnte er tatsächlich nachholen, er ist weg aus Berlin in eine andere Stadt, hat einen festen Job als Landschaftsbauer, ist deutscher Staatsbürger geworden. Die Kinder gehen zur Schule, ein Teil von ihnen will studieren. «Alles läuft gut bis jetzt», sagt er. Aber er weiss auch, was im Land passiert, weiss um die Debatten zur Abschiebung, um den Aufstieg der fremdenfeindlichen AfD.

Der Veröffentlichung dieses Textes stimmt Shaker Kedida zu. Aber noch einmal gross in den Medien sein, das will er nicht. «Vielleicht gefällt manchen nicht, was ich sage», meint er. Merkels Flüchtling hat, wenn man so will, alles richtig gemacht. Und doch scheut er die Öffentlichkeit. Das zeigt, wie sehr sich die Zeiten in Deutschland geändert haben.

https://www.nzz.ch/international/die-schwierige-suche-nach-herrn-kedida-warum-angela-merkels-selfie-fluechtling-heute-die-oeffentlichkeit-scheut-ld.1859594


Wall Street Journal, 28 novembre, article payant      

More Oil for Fewer Migrants: Trump Is Urged to Make Deal With Venezuela

Lobbying efforts push for negotiations with strongman Nicolás Maduro instead of seeking regime change

Extraits :

American oil executives and bond investors are urging President-elect Donald Trump to abandon his first-term policy of maximum pressure on Venezuelan strongman Nicolás Maduro and instead strike a deal: more oil for fewer migrants.

The quiet lobbying effort comes as Maduro hardens his authoritarian grip on the country with threats to arrest more opposition activists. They still challenge the July elections, in which Maduro’s regime claimed victory without presenting evidence.

Some businessmen such as Harry Sargeant III, a billionaire GOP donor known for playing golf at Trump’s Mar-a-Lago club one day and jetting off to Caracas the next, are trying to show the incoming administration what they say are the perks of negotiating with Maduro instead of seeking to dislodge him. (…)

An agreement would also help check adversaries such as China and Russia. Those countries gained ground in Venezuela following U.S. economic sanctions which barred American companies from pumping and transporting Venezuelan crude.

The goal of restoring democracy in Venezuela, a cornerstone of Washington’s carrot-and-stick strategy in recent years, would be less of a priority for now, said people who are promoting what they call a more pragmatic approach. (…)

Maduro himself has floated a reset with Washington. “In his first government, things didn’t go well for us with President-elect Donald Trump,” he said in a recent televised address. “This is a new start, so let’s bet on a win-win.” (…)

The Venezuelans believe that by facilitating oil supply to the U.S. and accepting U.S. deportation flights that had been suspended after negotiations with the Biden administration frayed, Maduro could help fulfill Trump’s major policy objectives of deporting Venezuelan migrants, according to people familiar with the regime’s thinking. (…)

Venezuela presents one of the thorniest regional policy challenges for the incoming U.S. government. Economic mismanagement, corruption and human-rights abuses under Maduro triggered the exodus of nearly eight million migrants, some 700,000 of whom are now in the U.S. 

Some economists and former diplomats say economic sanctions meant to financially choke off the regime not only failed to topple Maduro but helped exacerbate the outflow of migrants by further devastating an economy that is largely dependent on oil exports. (…)

Polls show many more Venezuelans will leave if Maduro stays in power. The strongman is set to inaugurate himself for a third, six-year term just 10 days before Trump moves back into the White House. (…)

David Smolansky, a former Venezuelan lawmaker lobbying for pressure against Maduro from exile in Washington, warned that buddying up with Maduro wouldn’t help ease migration flows. 

“In the case of Venezuela, it’s a brutal dictatorship,” he said. “It doesn’t matter if you produce more oil. People are going to flee because of Maduro.” 

https://www.wsj.com/world/americas/trump-oil-mig


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 25 novembre, article payant        

Asylzentren in Albanien: Nicht nur ein Rückschlag für Meloni

Die italienischen Asylzentren in Albanien stehen leer. Das ist auch für die EU ein Rückschlag – und offenbart, woran es in der europäischen Migrationspolitik mangelt.

Extraits :

Es sieht so aus, als stünde ein Pilotprojekt der europäischen Migrationspolitik schon nach wenigen Wochen vor dem Scheitern, zumindest vorläufig. Die beiden italienischen Zentren für Asylbewerber in Albanien, in denen ursprünglich bis zu 3000 Migranten gleichzeitig Platz finden sollten, stehen leer. Die Regierung in Rom zieht einen Großteil des Personals ab. Das ist für Ministerpräsidentin Giorgia Meloni ein Rückschlag, aber auch für die EU.

Denn das Albanien-Modell sollte eine Drittstaatenlösung für Asylbewerber in Einklang mit dem EU-Recht verwirklichen, mithin Härte und Humanität verbinden. Die Zentren stehen leer, weil eine teils stark politisierte italienische Justiz der Regierung einen Strich durch die Rechnung machte. Die Richter beriefen sich dabei auf eine Entscheidung des Europäischen Gerichtshofs, durch deren Anwendung die Zahl sicherer Herkunftsländer – nur aus solchen dürfen Migranten nach Albanien gebracht werden – erheblich reduziert wird.

Meloni hat mit ihrer Kritik an dieser Entscheidung nicht unrecht: Es sollte in erster Linie Sache der Regierungen und Parlamente sein, „sichere Herkunftsstaaten“ zu definieren, nicht der Gerichte. Aber dafür müssten sich die EU-Staaten auf präzisere Regeln verständigen, anstatt sich hinter Gerichtsentscheidungen zu verschanzen oder darüber zu klagen, dass Richter Politik machen.

https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/leere-asylzentren-in-albanien-ein-rueckschlag-auch-fuer-die-eu-110131531.html


Le Figaro, 24 novembre, libre accès

De plus en plus de Français sont favorables à l’immigration zéro

Selon une enquête de l’Institut CSA pour le JDD, Europe 1 et CNews, 48% de la population se dit désormais favorable à stopper totalement l’immigration, soit sept points de plus qu’en 2021.

Texte entier :

Thématique majeure des dernières échéances électoralesl’immigration semble de plus en plus polariser la société française. D’après une enquête de l’institut CSA* pour le Journal du Dimanche , Europe 1 et CNews, 48% de la population se dit désormais favorable à «l’immigration zéro», c’est-à-dire à l’arrêt total des flux migratoires vers la France. Si 51% des Français restent «contre» (1% ne se prononce pas), la proportion de «pour» a augmenté de sept points par rapport à la dernière enquête de l’institut sur le sujet, en 2021. 

L’écart est faible dans toutes les catégories de population. Si les hommes se montrent plus défavorables à l’arrêt total de l’immigration (55%), les femmes en sont globalement partisanes (53%). Les moins de 35 ans plébiscitent également d’une courte tête l’endiguement complet des flux migratoires (51%), à l’inverse des plus de 50 ans (52%). Quant au critère professionnel, les CSP+ s’avèrent majoritairement contre l’idée d’une immigration zéro (54%), quand les CSP- la souhaitent dans les mêmes proportions. 

Les avis sont en revanche, et sans surprise, beaucoup plus tranchés en fonction des opinions politiques. 79% des sondés de gauche sont opposés à l’arrêt total de l’immigration, avec un pic à 88% chez les partisans de La France insoumise. Les soutiens de la majorité présidentielle y sont également majoritairement (71%) opposés. À l’inverse, les électeurs de la droite nationaliste plébiscitent très largement l’immigration zéro (83%). Ceux de la droite traditionnelle sont beaucoup plus divisés, avec 54% d’avis défavorables. 

*Cette enquête a été réalisée le 21 novembre auprès d’un échantillon représentatif de 1011 personnes âgées de 18 ans et plus.

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/de-plus-en-plus-de-francais-sont-favorables-a-l-immigration-zero-20241123


Le Figaro, 22 novembre, article payant

Kebab, barber shop, fast-food… La plongée de Jérôme Fourquet dans une France hydroponique

EXCLUSIF – Dans une étude pour la Fondation Jean-Jaurès publiée en exclusivité par Le Figaro, il dresse le portrait d’un pays où différentes couches culturelles, notamment américaines et orientales, se superposent et bouleversent en profondeur nos paysages et nos modes de vie.

Jérôme Fourquet est directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop.

Extraits :

 (…) Dans la nuit du 31 octobre dernier, deux fusillades ont eu lieu, l’une à Poitiers et l’autre à Saint-Péray, dans l’agglomération de Valence, événements au cours desquels deux jeunes ont trouvé la mort et plusieurs autres ont été blessés. Les nombreux articles et reportages consacrés à ces deux drames permettent d’effectuer une plongée dans ces fragments de France hydroponique que constituent un quartier de grands ensembles d’une part et une commune périurbaine d’autre part, soit deux paysages génériques de la France contemporaine.  

L’analyse de la toponymie est assez révélatrice du processus ayant abouti à la constitution de ce nouvel environnement et de ce nouveau référentiel. Certes, la roche mère subsiste encore à la façon d’un vieux relief érodé. Les fusillades se sont déroulées dans le quartier des Couronneries à Poitiers et dans la commune ardéchoise de Saint-Péray, toponymes se rattachant au référentiel de la France traditionnelle. (…)

Parallèlement à la multiplication des zones commerciales, la topographie de la France hydroponique se caractérise également par l’émergence de commerces communautaires ou en lien avec la présence d’une population issue des immigrations. À Poitiers, l’auteur de la fusillade a fait feu sur la terrasse d’un kebab. Ce type d’établissement, comme les bars à chicha, est régulièrement le théâtre de règlements comptes entre bandes rivales. (…)

Selon les lieux, le dépôt, sur la couche yankee, d’une couche culturelle qu’on qualifiera d’« orientale » est plus ou moins épais et visible. Dans de nombreux territoires, les kebabs, bars à chicha, barber shops ou établissements halals s’intègrent dans le tissu commercial traditionnel ou américanisé. Dans certains quartiers, ils sont omniprésents et constituent la quasi-totalité de l’offre commerciale, comme l’écrivait en octobre 2024 le député LFI de Vénissieux, Idir Boumertit, à propos de la reprise par l’enseigne halal Triangle du supermarché Casino de sa ville, qui, si « elle permet de conserver une offre commerciale de moyenne surface sur le plateau des Minguettes et de maintenir les postes des salariés », impliquerait également « des ajustements dans l’offre de produits, et notamment la suppression des boissons alcoolisées et du porc. […]. Ce changement soulève des questions légitimes sur la capacité de l’offre commerciale à répondre aux besoins variés de l’ensemble des habitants », poursuivait-il, estimant qu’« il est important que la population multiculturelle de Vénissieux puisse accéder à une diversité de produits ». D’après le député, l’arrivée de Triangle pourrait également menacer l’équilibre économique des « petits commerces indépendants du plateau des Minguettes qui proposent une offre similaire ».

Le choix de ce nom pour un restaurant de kebab renvoie sans doute au terme « otantik », traduction turque du terme français « authentique ». Mais cette variante orthographique n’est pas sans rappeler l’essor dans toute une partie de la population, via la pratique des textos et les réseaux sociaux, d’une nouvelle syntaxe basée sur une phonétique des plus rudimentaires. Ce sabir, très éloigné de l’orthographe officielle, constitue sur le plan linguistique une des manifestations de cette culture hydroponique en cours de métabolisation.

Plusieurs études statistiques ont objectivé la baisse significative de la maîtrise du français parmi les élèves. D’après les données du ministère de l’Éducation nationale, la proportion d’élèves de CM2 faisant 15 fautes ou plus à la même dictée de 67 mots a littéralement explosé depuis la fin des années 1980. Alors qu’en 1987 seul un tiers des élèves effectuaient 15 fautes ou plus, ce très faible niveau de maîtrise de l’orthographe est devenu quasiment généralisé en 2021 (90 % des élèves se trouvant dans cette situation).

Ce constat est partagé par de nombreux enseignants, comme ce professeur dans un collège privé de Pau ayant commencé à enseigner en 1992 : « Ce que je faisais il y a vingt ans pour un niveau de sixième ou de cinquième serait compliqué à faire aujourd’hui dans les mêmes classes. » 

Ces lacunes, observées initialement chez les enfants et les adolescents, se retrouvent dorénavant mécaniquement, au gré de l’avancée en âge des cohortes générationnelles, progressivement dans l’ensemble de la société. Le vocabulaire employé est moins fourni et la langue, relâchée. Des études l’ont mesuré, mais on le constate empiriquement quand on compare par exemple des micro-trottoirs réalisés auprès de Français ordinaires dans les années 1960 et ceux tournés aujourd’hui. 

Norbert Elias insistait sur l’importance de l’écrit dans les processus de civilisation. On peut dès lors se demander si l’écriture numérique a les mêmes vertus civilisatrices que l’écriture manuscrite sur papier. L’écriture cursive participe en effet de la structuration de la pensée et l’apprentissage de l’écriture passe par l’inculcation de règles formelles qui sont beaucoup moins respectées avec l’écriture numérique, sans même parler des textos ou des commentaires sur les réseaux sociaux.  (…)

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/kebab-barber-shop-et-fast-food-la-plongee-de-jerome-fourquet-dans-une-france-hydroponique-20241121


Le Figaro, 22 novembre, article payant

Immigration: pourquoi notre système de santé attire autant les étrangers

L’Observatoire de l’immigration et de la démographie publie une étude inédite sur l’attractivité des dispositifs français de prise en charge des étrangers malades.

Extraits :

La France est un eldorado pour les étrangers malades, qui contribuent à la dérive de nos dépenses de soins. C’est, en résumé, le principal enseignement de la note «Immigration et Santé» de L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) à laquelle Le Figaro Magazine a eu accès en exclusivité.

Parmi les onze dispositifs de prise en charge sanitaire des étrangers en vigueur dans notre pays, deux sont financés quasi intégralement par la solidarité nationale: l’aide médicale d’État (AME), réservée aux immigrés en situation irrégulière, dont la générosité est sans égale dans le monde, et le séjour pour soins, une procédure qui constitue elle aussi une exception française.

Le coût global de l’AME a été évalué à 1,208 milliard d’euros dans le projet de loi de Finances de 2024, pour près de 500.000 bénéficiaires, soit trois fois plus de personnes qu’il y a vingt ans. Un rapport publié en 2019 par l’Igas (Inspection générale des affaires sociales et sanitaires) met en lumière une différence notable entre la proportion d’immigrés souffrant de pathologies lourdes, requérant des soins coûteux, et celle de la population globale. (…)

«La migration pour soins […] n’est clairement pas un phénomène marginal», écrit l’Igas, selon laquelle «plus d’un quart des étrangers en situation irrégulière citeraient les soins parmi les raisons de leur migration»«Il existe une suspicion de migration pour soins pour 43 % des patients AME en dialyse et 25 % des patients AME en chimiothérapie oncologique», détaille-t-elle. (…)

«Au total, la pression exercée par l’immigration sur le système de santé français apparaît difficilement soutenable non seulement financièrement, mais aussi parce qu’elle aggrave la saturation de l’offre sanitaire», conclut l’OID.

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/immigration-pourquoi-notre-systeme-de-sante-attire-autant-les-etrangers-20241122


New York Times, 18 novembre, libre accès  

👎 On Migration, Europe Warms to Ideas Once Seen as Fringe

As in the United States, a decline in the numbers of migrants crossing borders has not stopped anti-migrant sentiments from gaining ground.

Extraits :

Europe has been struggling for years to limit the number of unauthorized migrants entering by land and sea, instituting increasingly tough policies. Those moves now appear to be working, with the numbers of migrants crossing into European Union countries decreasing dramatically from highs last year.

But despite the decline in migrant arrivals, anti-immigrant sentiment is flourishing, with leaders adopting or considering harsher policies that mainstream political parties would have balked at just a few years ago.

As in the United States, the steep drop in border crossings has done little to diminish the political potency of the issue.

In Italy, Prime Minister Giorgia Meloni is trying to send migrants rescued in the Mediterranean to Albania. Germany, one of the most welcoming countries during the wave of migration in 2015, has extended patrols to all its land borders. And Poland plans to introduce legislation to temporarily suspend the right of new arrivals to ask for asylum.

The crackdowns have been driven in part by xenophobic, anti-immigrant parties that have played on fears of uncontrolled migration and a dilution of national identity. Their arguments are gaining a more receptive audience with Europeans who worry that the influx of migrants is unmanageable and are frustrated that roughly 80 percent of failed asylum seekers never leave, according to E.U. data. (…)

“The far right is the mainstream when it comes to migration now,” said Susi Dennison, a senior fellow at the European Council on Foreign Relations in Paris. (…)

For now, Europe remains frozen in its attempts to balance the economic necessity for more workers, the concerns of its citizens over migration and the need to abide by longstanding European laws meant to protect refugees.

In Italy, Ms. Meloni has appealed the court’s ruling against her outsourcing plan, a ruling that will be closely watched by other leaders. For now, the detention centers in Albania remain empty.

One thing the European Union has been able to address is the longstanding demand for more countries to share the burden of accepting or caring for migrants, but even that plan does not come into effect until 2026. The program aims to more evenly distribute migrants and the cost of receiving them, reducing pressure on countries like Greece, Italy and Spain, where many migrants first land.

In the meantime, ideas like Ms. Meloni’s are gaining favor, with other leaders also considering paying countries to process asylum applications and possibly deport those whose claims are denied.

Raphael Bossong, a researcher at the German Institute for International and Security Affairs, said it would be an enormous challenge to find countries that are willing to take failed asylum seekers, when there is no clear way to legally deport them. “There is a lot of hot air in terms of what could be done next,” he said.

https://www.nytimes.com/2024/11/18/world/europe/europe-migration-shift.html


Articles du 12 novembre au 4 juin 2024


Articles d’avant le 4 juin 2024