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BFM TV, 24 février
Retraites: il faut “a minima” préserver l’âge de départ à 64 ans, selon Patrick Martin
Le président du Medef a obtenu le soutien de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, sur le sujet. Les syndicats, eux, y sont unanimement opposés.
Extraits:
“A minima, préservons l’âge légal de départ à 64 ans. Si l’on était réaliste, il faudrait peut-être même le pousser un peu plus loin”, a déclaré Patrick Martin dans les pages du JDD, alors que des négociations vont s’ouvrir jeudi entre patronat et syndicats pour amender la très contestée réforme des retraites de 2023, qui avait fait passer de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite. (…)
“Si l’on veut, dans la durée, assurer des pensions de retraite au même niveau qu’aujourd’hui, et donc préserver le niveau de vie des retraités, il n’y a pas 50 solutions: soit on augmente les cotisations des entreprises comme des salariés – pour nous, c’est non – (…) soit on augmente la durée de cotisation”, insiste-t-il.
Le patron du premier syndicat patronal en France dénonce une “myopie collective” et juge “incompréhensible” le choix de revenir sur la réforme des retraites de l’ancienne Première ministre, Elisabeth Borne. Elle “avait été digérée bon gré mal gré par l’opinion”, estime Patrick Martin. (…)
Dimanche, au micro de Franceinfo, la ministre chargée du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a regretté que l’idée proposée par la CPME d’introduire une part de capitalisation dans le système soit “taboue dans les discussions sociales”.
“On a 15 millions de Français aujourd’hui qui font de la capitalisation, (…) ce n’est absolument pas tabou pour les Français” et “ça doit faire partie des sujets de discussion”, a-t-elle jugé.
“Ma préférence, elle est connue (…) Je pense que dans un dans un monde où il y a une espérance de vie en bonne santé” qui augmente, “il y a la nécessité de travailler plus longtemps, notamment pour aussi augmenter le taux d’emploi de nos seniors”, a-t-elle dit.
Elle a, par ailleurs, regretté que l’idée proposée par la CPME d’introduire une part de capitalisation dans le système soit “taboue dans les discussions sociales”. Sophie Binet, à la CGT, l’a par exemple exclue par principe.
Le Point, 22 février
Retraites : « Le rapport de la Cour des comptes est trompeur »
INTERVIEW. L’ancien haut fonctionnaire Jean-Pascal Beaufret défend sa thèse : le déficit des retraites est plus élevé que ce qu’estiment les Sages de la rue Cambon.
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Article intégral : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/22-fevrier-1.pdf
Le Point, 21 février
Retraites des fonctionnaires : la poussière sous le tapis
CHRONIQUE. La Cour des comptes s’est refusée à intégrer le déficit des retraites de la fonction publique dans son calcul. Comme s’il n’existait pas !
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Extraits:
C’est le Premier ministre en personne qui l’a dit jeudi en recevant des mains de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, le résultat de la « mission flash » sur les retraites : « C’est un rapport très important pour nous […] parce que la démarche que nous avons entreprise est que l’on puisse enfin inviter la totalité des parties prenantes à se saisir de la situation des retraites à partir d’une vérité établie la plus indiscutable possible. »
C’est le Premier ministre en personne qui l’a dit jeudi en recevant des mains de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, le résultat de la « mission flash » sur les retraites : « C’est un rapport très important pour nous […] parce que la démarche que nous avons entreprise est que l’on puisse enfin inviter la totalité des parties prenantes à se saisir de la situation des retraites à partir d’une vérité établie la plus indiscutable possible. »
Nommé Premier ministre, il réitérait son calcul dans sa déclaration de politique générale : « Notre système de retraite verse chaque année quelque 380 milliards de pensions. Or les employeurs et les salariés privés et publics, sur ces 380 milliards, versent à peu près 325 milliards par an. 380 milliards moins 325 milliards… restent 55 milliards versés par le budget des collectivités publiques, et au premier chef le budget de l’État, à hauteur de quelque 40 ou 45 milliards. »
La Cour des comptes réfute ce raisonnement et donne donc raison au COR contre l’ancien haut-commissaire au Plan devenu Premier ministre. « Aujourd’hui, justifie Pierre Moscovici dans une interview au Parisien, il y a une convention qui est utilisée par la commission des comptes de la Sécurité sociale qui acte que le régime des fonctionnaires est équilibré grâce à une contribution de l’État. » Pour lui, « il n’existe aucun déficit caché du régime de retraite des fonctionnaires ».
Évidemment, les syndicats ont adoré, évoquant « les chiffres farfelus » avancés par François Bayrou. Or, farfelus, ils ne le sont nullement. La Cour des comptes ne les a pas retenus pour une raison purement comptable, donc, mais aussi en vertu d’un raisonnement que l’on pourrait résumer ainsi : quand il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. Dans la mesure où il n’est question ni d’embaucher des fonctionnaires pour augmenter le volume des cotisations ni de baisser drastiquement les pensions des agents publics partis à la retraite, n’évoquons pas l’argent public qui est ainsi dépensé !
À cela près qu’il est bel et bien dépensé et que ces 40 à 45 milliards par an (il n’y a aucun déficit caché, mais il est manifestement impossible de le chiffrer précisément) plombent les finances publiques et viennent nourrir l’endettement de la France pour une dépense récurrente de fonctionnement, et non d’investissement.
Cette omission assumée par la Cour des comptes présente au moins un avantage, celui de ne pas relativiser les besoins de financement du régime général : un déficit immédiat de 6 milliards d’euros, qui s’élèvera à 15 milliards en 2025 et à 30 milliards en 2045, tandis que la réforme de 2023 permet une économie de 10 milliards à l’horizon 2030, avant de se réduire. Le message sur ce sujet est on ne peut plus clair : il faut agir sans tarder pour, sinon restaurer l’équilibre, du moins s’en approcher. Et, pour le reste, il convient de regarder avec stoïcisme partir des caisses de l’État quelques dizaines de milliards d’argent public chaque année. Mais en silence, puisque l’on n’y peut rien…
The Economist, February 21
Bare branches : China’s alarming sex imbalance
By 2027 one in six young Chinese men won’t be able to find a partner
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Full text:
“Of course I want to get married,” says Fu, a lorry driver in Yiyang, a far-flung county in Jiangxi province. Once a migrant worker, the 36-year-old returned to the village to live with his ageing parents. They are anxious for him to tie the knot. “But there are few women,” he sighs. The eligible girls around him are all spoken for; others have left to work in cities.
Fu’s plight is not uncommon. Men like him are known as guang gun—bare branches, unable to bear fruit. Their numbers began to increase more than a decade ago. But the scale of the problem is now becoming clear. The Economist has analysed data from the un’s World Population Prospects, a biennial report, and from China’s 2020 census. The data reveal that the sex ratio—the number of men for every 100 women—among men aged 23-37 and women aged 22-36 will hit a peak of 119 by 2027. (Those are the ages between which 80% of each sex gets married—see chart 1.) It is then predicted to remain high for decades. In 2012 the ratio was just 105.
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That means that in 2027 there will be 22.5m more men than women in those cohorts, by far the largest number of “surplus” young males ever recorded anywhere. What is more, the share of unmarried men aged 25-39 shot up from 13% to 30% from 2006 to 2022. This is an issue of huge concern for China’s rulers.
It was brought about by the arrival in the 1980s of cheap ultrasound machines, which allowed parents across Asia to tell the sex of their unborn child. The widespread preference for sons opened the door to sex-selective abortions. In South Korea the sex ratio at birth hit a brief peak of 117 in 1994, before falling to 106 in 2012, where it has roughly remained. In India it was 109 as late as 2010 (in 2024 it was 107). In developed countries like America and Britain, it was around 105 in 2024.
In China the problem was made worse by demographic engineering. In 1973 the country began trying to reduce its population with the “later, longer and fewer” campaign. This was followed by the draconian one-child policy in 1979. Being given just one chance dramatically lowered couples’ chances of having a boy naturally, and further incentivised sex selection. As a result, China has suffered by far the worst imbalance in its sex ratio at birth (see chart 2).
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Now that those boys are grown up, migration is adding to their woes. The 2020 census showed the sex ratio for young adults was 106 in urban areas and 120 in rural ones. Young rural women who move to the city often marry richer urban men. But changing social mores around marriage mean many better-educated urban women do not want to get married at all, let alone to rural men, shrinking the dating pool yet further. Statistics released on February 8th showed that the number of marriages in China in 2024 fell by 20% from the previous year, to 6.1m. That is less than half the number registered in 2013, and the lowest number since the 1980s.
Some guang gun are resigned to their fate. Guo, a 38-year-old musician in Shangrao, near to Fu’s village, has been on a couple of blind dates. On one, he met an overachiever who studied in Germany and worked as a manager for a car company. It was “useless”, he says. On another date, the woman “scrutinised my family background as if it were a business deal”.
As women grow scarcer they also become more valuable. Bride prices (a payment from the groom’s family to the bride’s to seal the marriage) have soared. One survey in Liaoning, a north-eastern province, found that the bride price in rural areas jumped from 68,000 yuan ($9,000) in 2016 to 176,000 yuan in 2020, adjusting for inflation. Another, across 11 provinces, found that costs of marriage (including expenses like housing and matchmaking) for rural males were 7.6 times higher after 2010 than before 2000.
The shortage of women has had other side-effects. Between July and December of 2018 the Chinese government, working with police in Myanmar, Cambodia, Laos, Vietnam and Thailand, jointly rescued 1,130 foreign women who had been trafficked into China to be married. The Communist Party, obsessed with social stability, also worries a lot about rootless young men with no family prospects.
The ratio in young adults will remain above 115 well into the 2040s. The main hope is that, since peaking in the mid-2000s, the sex ratio at birth has declined. Cultural changes and female economic empowerment have chipped away at couples’ preference for sons. Eventually, the numbers of young men and women could equalise. But that will come as little consolation for today’s rural bachelors. ■
https://www.economist.com/china/2025/02/20/chinas-alarming-sex-imbalance
Le Figaro, 19 février
De la retraite à répartition à un système par capitalisation, le véritable casse-tête d’une explosive transition
DÉCRYPTAGE – L’idée d’un système hybride de retraite fait son retour dans le débat à quelques jours du début des négociations entre partenaires sociaux.
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Extraits:
Aucun sujet tabou. François Bayrou en avait fait la promesse en proposant aux partenaires sociaux de revenir sur la réforme des retraites. Le message est passé. La question d’un système par capitalisation, ou du moins hybride, autrefois évoqué du bout des lèvres, est aujourd’hui brandie par plusieurs partenaires sociaux comme une solution au casse-tête des retraites. En première ligne sur le sujet, le Medef veut profiter du «conclave» qui s’ouvrira vendredi pour remettre la question d’une réorganisation profonde du système sur la table. L’organisation patronale devrait cependant se heurter à quelques écueils.
L’opposition de certains syndicats d’abord. «La capitalisation est un système individualiste et risqué», martèle la CGT depuis plusieurs années. Dans un second temps, se pose également la question de la transition d’un système par répartition à un système par capitalisation. «C’est le gros problème», commente Bertrand Martinot, économiste et expert associé auprès de l’institut Montaigne. Un passage d’un système à l’autre, même incomplet, demande à certaines générations de payer à la fois pour les retraités en place et pour leurs futures retraites. Un discours difficilement entendable. Comment opérer la bascule alors?
Pour éviter des générations sacrifiées, les pouvoirs publics seront obligés de mettre la main au porte-monnaie. Un exercice périlleux quand le déficit public flirte avec les 6% de PIB. Dans les années 1990, plusieurs gouvernements nordiques contraints par une pression démographique particulièrement forte ont enclenché une transition d’un système par répartition à un système hybride, avec une part de capitalisation. Pour opérer ce changement en 1999, la Suède a pioché dans des réserves héritées de son ancien régime (qui représentaient près de 34% du PIB suédois à l’époque).
En France, un fonds de réserve existe. Créé en 1999 par Lionel Jospin, alors premier ministre de Jacques Chirac, ce fonds de réserve pour les retraites (FRR) – transformé en établissement public administratif placé sous la tutelle de l’État en 2001 – visait au départ à constituer des réserves financières, d’environ 1000 milliards de francs (150 milliards d’euros) en 2020, afin d’anticiper l’arrivée de la génération des baby-boomers à la retraite. En janvier dernier, Olivier Faure suggérait de faire appel au FRR pour «permettre de faire la liaison» vers un nouveau système. Si le patron du Parti socialiste souhaitait y piocher pour financer la suspension du report de l’âge légal de 62 à 64 ans, ce FRR pourrait-il aussi faire l’affaire pour basculer vers un système contenant une part de capitalisation ? Peu crédible. Depuis 2010, son usage a depuis été détourné pour éponger les déficits accumulés de la Sécurité sociale. Le Conseil d’orientation des retraites estime que l’actif résiduel du Fonds de réserve des retraites devrait être de… 15 milliards d’euros en 2030.
Reste à trouver des économies ailleurs. Bertrand Martinot plaide pour une désindexation des pensions de retraite pour abonder un fonds de capitalisation. «Il serait justifié économiquement et socialement que, plutôt que de taxer les retraités, on désindexe les pensions (…) dans un but économique et politique qui serait de soulager le poids qui pèse sur les actifs d’aujourd’hui pour leur permettre de constituer un embryon de capitalisation», avançait l’économiste au Figaro le 21 janvier 2025. Reste que ce que Bertrand Martinot présente comme une mesure de «solidarité intergénérationnelle» serait difficile à mettre en place. Qui, politiquement, prendrait aujourd’hui le risque d’opter pour cette décision, quitte à se couper d’une partie des retraités ? (…)
Entre-temps, l’ampleur de la tâche à accomplir devrait s’éclaircir un peu plus. À la demande expresse de François Bayrou, la Cour des comptes a établi un état des lieux des régimes de retraite français. Le document, qui doit servir de base à la négociation entre les partenaires sociaux, sera rendu public ce mercredi. De quoi «faire la vérité des chiffres », répète à l’envi Pierre Moscovici.
Neue Zürcher Zeitung, 19. Februar
Stetig steigendes Rentenalter: Darum mucken Niederländer nicht auf, während andere Europäer Autos anzünden
Die europäischen Rentensysteme unterscheiden sich fundamental. Länderübergreifende Vorsorgelösungen wie die 2022 eingeführte «Europarente» sind bislang ein Debakel.
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Extraits:
Wer gerade den 30. Geburtstag gefeiert hat, interessiert sich in der Regel mässig für die eigene Pension. Aber auch sie oder er kann auf der Website der niederländischen Sozialversicherungsanstalt ermitteln, wann der Eintritt ins Rentenalter voraussichtlich erfolgen wird: mit 69,5 Jahren, wie der Computer derzeit ausspuckt.
Ob die Prognose tatsächlich stimmt, steht noch nicht fest. Bis ins Jahr 2064 wird sich noch viel ereignen. Klar ist: Solange nicht an der Gesetzeslage geschraubt wird, ändert sich in den Niederlanden das Rentenalter automatisch gemäss der Lebenserwartung – und diese steigt mutmasslich weiter an. Derzeit liegt der Renteneintritt bei 67 Jahren, ab 2028 bei 67,3 Jahren.
Die Erhöhung des Rentenalters und die Koppelung an die Lebenserwartung wurden schon vor über zehn Jahren beschlossen und 2024 eingeführt – ohne nennenswerten politischen Widerstand. Auch als 2023 mit dem landesweiten Wechsel vom Leistungs- zum Beitragsprimat eine überaus gewichtige Reform des Pensionskassensystems verabschiedet wurde und damit das finanzielle Risiko nunmehr bei der versicherten Person und nicht mehr beim Arbeitgeber liegt, blieb der grosse Protest aus.
Schaut man sich in Europa um, ist dies alles andere als selbstverständlich: Millionen Menschen gingen 2023 in Frankreich auf die Strasse, um gegen eine vergleichsweise bescheidene Erhöhung des Rentenalters auf 64 Jahre zu protestieren. Autos wurden in Brand gesetzt, Hunderte Personen festgenommen, die Polizei war mit Riesenaufgeboten präsent. In Belgien haben letzte Woche rund 100 000 Personen gestreikt, unter anderem wegen späterer Pensionseintritte für Staatsangestellte. Auch da kam es zu Zusammenstössen mit den Ordnungskräften. (…)
Warum also geht in den Niederlanden fast problemlos, was andernorts für helle Aufregung sorgt? Die Erklärung liegt in einer Mischung aus wirtschaftlichen und kulturellen Faktoren.
Die Pensionsjahre lassen sich naturgemäss besser geniessen, wenn sie finanziell genügend abgesichert sind. In dieser Hinsicht punkten die Niederlande. Sie verfügen über eines der am besten ausgebauten Rentensysteme – gemäss einer Auswertung der Beratungsgesellschaft Mercer gar über das weltweit vorteilhafteste. Pensionäre erhalten ein Einkommen, das fast mit ihrem letzten Einkommen mithalten kann. Zusätzliche Ersparnisse sind oft nicht zwingend.
Das hohe Rentenniveau ist auf ein System zurückzuführen, das Schweizerinnen und Schweizern bestens bekannt ist: ein Drei-Säulen-Modell, bestehend aus der gesetzlichen Rentenversicherung, der beruflichen Vorsorge und der privaten Vorsorge. Die erste Säule deckt etwas mehr als die Hälfte aller Pensionsleistungen ab, die zweite immer noch rund 40 Prozent. Gemäss Daten der OECD sind die Pensionskassen im Verhältnis zur Wohnbevölkerung in keinem EU-Staat auch nur annähernd so gut dotiert wie in den Niederlanden. Selbst die auf Absicherung bedachte Schweiz liegt zurück.
Geld alleine erklärt die «Strebsamkeit» der Niederlande freilich nicht. Von allen EU-Ländern haben sie eine der geringsten Arbeitslosenquoten, die Erwerbstätigkeit von älteren Arbeitnehmern ist überdurchschnittlich hoch. Entsprechend ist die Angst geringer, in den letzten Jahren des Arbeitslebens auf dem beruflichen – und damit oftmals auch sozialen – Abstellgleis zu landen.
Auch kulturelle, calvinistisch geprägte Faktoren spielen eine Rolle: Arbeiten ist – ähnlich wie in der Schweiz – für viele Niederländer nicht nur ein «Müssen», sondern auch ein «Dürfen». Da nimmt man gerne in Kauf, noch ein, zwei Jahre anzuhängen. Nicht zuletzt haben die Gewerkschaften nicht die gleiche Macht wie in stärker industriell geprägten Volkswirtschaften. Die Sozialpartnerschaft wird kompromissbereiter gelebt.
Laut Hans van Meerten, Professor für europäisches Rentenrecht an Universitäten in Sofia und Peking, blicken die Niederlande durchaus mit Sorge auf Länder wie Frankreich, in denen Rentenerhöhungen selbst auf tiefem Niveau politisch einen schweren Stand haben. «Es ist niederländischen Bürgern verständlicherweise schwer zu erklären, warum sie möglicherweise bis über 70 Jahre arbeiten sollen, während Franzosen schon 64 Jahre als Zumutung empfinden», sagt er.
Die europäischen Rentensysteme sind zwar nicht miteinander verflochten, indirekte Verbindungen gibt es aber durchaus. Denn wenn ein Land, wie Frankreich, auch wegen exorbitanter Sozialleistungen in finanzielle Schieflage gerät, kontaminiert dies die mit ihr eng verknüpften Wirtschaftspartner – erst recht, falls der französische Haushalt mit EU-Geldern stabilisiert werden müsste. Zudem steigt der Druck, die Pensionssysteme zwischen den Mitgliedstaaten stärker zu harmonisieren. (…)
Le Figaro, 19 février
L’espérance de vie en Europe progresse moins vite depuis 2011, sauf dans une poignée de pays
La hausse de l’espérance de vie a décéléré sur le continent, et ce bien avant le Covid. Les pays ayant su lutter contre les principaux facteurs de risques cardio-vasculaires et de cancer, sont aussi ceux qui ont le mieux résisté à la pandémie.
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Extraits:
Les jeunes générations vivront-elles moins longtemps que leurs aînés ? « Les progrès de la santé publique et de la médecine au cours du XXe siècle ont permis d’améliorer l’espérance de vie en Europe année après année. Mais ce n’est plus le cas », assène le Pr Nicholas Steel, de la Norwich Medical School (University of East Anglia).
Il est le premier auteur d’une étude publiée ce mercredi, qui fait un triste constat : après des décennies de progrès, la hausse de l’espérance de vie a commencé à ralentir « autour de 2011, avec des différences internationales marquées », ajoute le spécialiste de santé publique dans un communiqué. Si, historiquement, les progrès ont d’abord concerné les plus jeunes grâce à l’hygiène, aux vaccins et aux antibiotiques, à partir des années 1990 c’est une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires et des cancers qui a permis une forte baisse de la mortalité aux âges plus élevés. Mais désormais, obésité, inactivité physique et mauvaise alimentation ne cessent de faire des ravages et de gêner la progression de l’espérance de vie, et les politiques de santé publique peinent à en venir à bout.
Les auteurs, qui publient leurs résultats dans le Lancet Public Health , ont travaillé sur le Global Burden of diseases, un programme de recherche international qui regroupe des données de santé et de mortalité venues de plus de 160 pays et territoires. Ils ont comparé l’évolution de l’espérance de vie, des causes de décès, et de l’exposition à divers facteurs de risque des habitants de 20 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grèce, Irlande, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays Bas, Portugal, Royaume-Uni, et Suède), sur trois périodes : 1990 à 2011, 2011 à 2019, et 2019 à 2021. Et ils montrent que la décélération dans la hausse de l’espérance de vie a débuté bien avant l’épidémie de Covid-19. En moyenne, elle a augmenté moins vite à partir de 2011 (sauf en Norvège, où elle a continué à accélérer), et a même diminué durant les années Covid. L’espérance de vie moyenne en Europe, calculent les auteurs, a augmenté de 0,23 année, chaque année, entre 1990 et 2011 (0,22 en France), mais seulement de 0,15 année entre 2011 et 2019 (0,17 en France), et elle a diminué de 0,18 année (-0,21 an en France) entre 2019 et 2021, principalement à cause des infections respiratoires, en particulier le Covid.
La longévité humaine n’a pourtant pas encore atteint son plafond biologique, estiment les auteurs : preuve en est, « l’espérance de vie pour les plus âgés continue à s’améliorer dans bien des pays », explique le Pr Steel. (…)
C’est donc, plaident les auteurs, sur la prévention qu’il faut miser, et ce dès le plus jeune âge. Alimentation, activité physique et lutte contre l’obésité doivent devenir des priorités absolues de santé publique. D’autant, insiste Nicholas Steel, « que les politiques nationales qui améliorent la santé de la population » permettent aussi de mieux résister aux chocs sanitaires comme l’a été la pandémie de Covid-19. En effet, les cinq pays qui ont le mieux maintenu l’augmentation de l’espérance de vie après 2011 (Norvège, Islande, Belgique, Danemark et Suède) sont aussi ceux qui ont le mieux résisté au Covid-19, au point de réussir à traverser cette période sans réduction de l’espérance de vie de leurs habitants.
Le Point, 18 février
Déficit des retraites : la bataille des chiffres
Les retraites affichent-elles un déficit de 6 milliards, de 55 milliards ou de 81 milliards d’euros ? Décryptage d’un affrontement politique, à la veille d’un rapport très attendu.
Extraits:
Vous craignez de vous ennuyer un peu après la saga du budget 2025 ? Pas d’inquiétude : un dossier brûlant, de ceux qui peuvent mettre des centaines de milliers de personnes dans la rue, s’apprête à faire son grand retour ! Deux ans après la réforme Borne, la boîte de Pandore des retraites est à nouveau sur la table. Comme François Bayrou l’a promis, une négociation entre partenaires sociaux va s’ouvrir à la fin du mois de février. Mais avant de laisser les clés du camion au patronat et aux syndicats – qui ont pour seule consigne de ne pas creuser un peu plus le déficit du régime –, le Premier ministre a commandé à la Cour des comptes une « mission flash » pour faire la lumière sur la situation financière du régime des retraites. Un rapport qui sera rendu public ce mercredi 19 février.
Encore un ? Tous les ans, le Conseil d’orientation des retraites (COR) rend pourtant un rapport annuel sur les évolutions et les perspectives des retraites en France, qui analyse notamment la pérennité financière du système. Le dernier date de juin 2024. Selon les calculs de cet organisme présidé par l’économiste Gilbert Cette, et qui réunit les partenaires sociaux et des experts, le déficit des régimes de retraite devrait être d’un peu plus de 6 milliards d’euros en 2024 (et d’une dizaine de milliards en 2030). Mais ce n’est pas l’avis de tous ! Dans son discours de politique générale, le Premier ministre François Bayrou a, quant à lui, évoqué un déficit de 55 milliards d’euros. L’ancien inspecteur des finances Jean-Pascal Beaufret, qui a fait de ce sujet une croisade personnelle, évoque, pour sa part, dans une note récente pour la Fondapol, un « besoin de financement de 81 milliards ».
Un écart loin d’être négligeable ! Celui-ci s’explique en grande partie par des histoires de présentation des chiffres et des tuyauteries. (…)
Mais qui a raison alors ? Sans vouloir faire une réponse de Normand, un peu les deux. (…)
« On peut penser que ces subventions ou transferts ne sont pas justifiés, mais d’un point de vue comptable, c’est une ressource qui vient financer le système de retraites, et cela ne change rien à notre déficit public total, qui est celui que regardent nos partenaires européens ou les marchés financiers, même s’il est vrai que la présentation des chiffres est assez opaque », argue l’expert des finances publiques et président de Fipeco, François Ecalle.
Pour les partisans de la méthode Bayrou et Beaufret, cette opacité est justement le cœur du problème : le poids réel des retraites dans nos finances publiques se retrouve en effet masqué par le choix de cette convention comptable. Ce qui permet de minimiser politiquement le problème. « On peut discuter du chiffrage exact du besoin de financement des retraites, pour ma part, j’estime qu’il est plutôt de 30 à 50 milliards, mais, sur le principe, François Bayrou et Jean-Pascal Beaufret ont raison : on déshabille Pierre (l’État) pour habiller Paul (les retraites) !, explique Charles Dennery, économiste et auteur de Réformer (vraiment) les retraites (PUF). L’État s’endette donc pour donner l’impression que les retraites… ne sont pas en déficit ! »
Si la Cour des comptes semble partie pour trancher en faveur du COR (car elle doit, elle aussi, s’appuyer sur les conventions comptables officielles), le sujet ne sera pas pour autant mis sous le tapis. Pierre Moscovici a ainsi estimé sur LCP que la question posée par François Bayrou était « légitime ». Rendez-vous mercredi pour savoir jusqu’à quel point.
L’Express, 14 février
Retraites : ce qu’on ne vous a pas dit résumé en dix chiffres
Economie. Alors que la Cour des comptes s’apprête à remettre son rapport sur l’état financier du régime français, L’Express passe en revue les éléments clés du débat, largement escamotés lors de la dernière réforme de 2023.
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Larges extraits:
Pour un conclave, il fallait bien une chapelle Sixtine. C’est non loin de l’Ecole militaire, en plein coeur de Paris, dans un immeuble qui abrita autrefois le ministère des Postes et celui de la Marine marchande, que les représentants du patronat et des principaux syndicats vont plancher pendant plus de trois mois sur l’avenir des retraites. Avec un livret de messe rédigé par François Bayrou : trouver des pistes pour améliorer la réforme de 2023 sans dégrader davantage les comptes du régime. (…)
La consigne a été donnée à tous les participants : pas de ligne rouge, pas de tabou non plus. (…)
1 – Un système plus coûteux que chez nos voisins européens
C’est un montant presque rond. Astronomique : 400 milliards d’euros. Voilà l’enveloppe des prestations de retraites, tous régimes confondus, qui devrait être versée cette année. Une somme qui représente peu ou prou l’ensemble des dépenses de l’Etat – éducation, justice, santé, police, recherche… – réunies. “A ce niveau-là, cela mérite qu’on s’y penche un peu”, plaisante à moitié l’un des participants au conclave qui réunit les partenaires sociaux. En France, l’hystérie qui entoure le sujet est à la hauteur de cet Everest financier.
Les retraites pèsent, à elles seules, 13,4 % du PIB, pas loin du double de la moyenne des pays de l’OCDE, et 3 points de plus qu’en Allemagne. Seule l’Italie fait pire. Surtout, elles constituent le premier poste de dépenses publiques dans l’Hexagone. Certes, chez bon nombre de nos voisins européens, les ménages cotisent aussi à des régimes de retraite privés. “Mais même en ajoutant les pensions publiques et privées, la France reste au deuxième rang des grands pays développés qui dépense le plus pour les retraités”, observe le spécialiste des finances publiques François Ecalle, fondateur du site Fipeco.
Problème : cette singularité ne s’explique pas par la démographie. “Le poids des retraites publiques rapporté au PIB en France tient surtout à la faiblesse du taux d’emploi des personnes de 60 à 64 ans, qui se traduit par un âge de départ en retraite plus précoce qu’ailleurs”, conclut François Ecalle. L’emploi des seniors, un chantier crucial, est l’une des failles du modèle français.
2 – Un poids disproportionné dans les dépenses sociales
Il y a six ans, en pleine crise des gilets jaunes, une question hantait les ronds-points : à quoi servent nos impôts? Une interrogation d’autant plus aiguë que la pression fiscale en France est l’une des plus élevée au monde. La réponse permet de balayer certaines idées fausses – “l’éducation engloutit des sommes folles!” ou “les chômeurs coûtent trop cher!” – mais révèle aussi l’hypertrophie des dépenses publiques fléchées vers les retraites. Sur 1 000 euros d’impôts tombés dans les caisses de l’Etat en 2023, 562 euros ont servi à financer la protection sociale, d’après les calculs de la direction générale du Trésor. Parmi elles, 248 euros ont été absorbés par les retraites et 208 euros par le système de santé. Les allocations chômage n’ont aspiré que 29 euros et les aides au logement 14 euros. (…)
3 – Des prélèvements très lourds sur les salaires
C’est l’un des fondamentaux du système de retraite par répartition tel qu’il a été imaginé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : une solidarité intergénérationnelle fondée sur des cotisations qui frappent quasi exclusivement les revenus du travail. Des cotisations versées à la fois par les entreprises – ce qui alourdit le coût du travail – mais aussi par les ménages, grevant de fait leur pouvoir d’achat. Problème : compte tenu du vieillissement de la population, d’un départ à la retraite plus précoce qu’ailleurs et de la générosité du système, les prélèvements pèsent lourd.
D’après les calculs de l’OCDE, le taux de cotisation pour la retraite des salariés du privé représente un peu plus de 27 % du salaire brut en France. L’un des plus hauts niveaux des pays développés. A l’autre bout du spectre, aux Etats-Unis, ce taux de cotisation atteint 1,6 % seulement. Au fil des décennies, pour lutter contre le chômage de masse et regagner en compétitivité, les gouvernements successifs ont baissé les charges patronales sur les plus bas salaires. Une politique aux effets pervers, aujourd’hui dénoncés par de nombreux économistes. Non seulement cette stratégie a écrasé les salaires vers le bas de l’échelle, les entreprises n’étant guère incitées à relever les rémunérations au-delà d’un certain seuil, mais elle a aussi privé le régime par répartition de recettes pour financer les pensions. Un casse-tête.
4 – Moins de cotisants pour plus de retraités
Non, en France, on ne cotise pas pour sa propre retraite. Mais pour celle des retraités en place. C’est la règle de base du système par répartition : les cotisations versées par les actifs servent à payer les pensions en cours. Rien à voir, donc, avec un système d’assurance privée. Si le ratio entre le nombre d’actifs et de retraités a assuré la pérennité du système jusqu’à la fin des Trente Glorieuses, le vieillissement de la population depuis les années 1980 a structurellement plombé son financement. (…)
5 – Un régime de base structurellement déséquilibré
La prévision est un art difficile surtout quand il concerne l’avenir, ironisait Pierre Dac. Davantage encore en matière de retraite, tant les hypothèses choisies sur la croissance, le taux de chômage, la productivité ou la démographie peuvent impacter les projections. Difficile, dans ces conditions, de partager un diagnostic. C’est le péché originel du Conseil d’orientation des retraites, le COR. Pendant des années, ce cénacle a voulu trop bien faire en multipliant les scénarios – plus d’une dizaine! – sur l’évolution du solde du système jusqu’en 2070, noyant au passage les messages puisque tout le monde pouvait trouver un chiffre à son goût.
L’an passé, pour la première fois depuis 2007, le COR a simplifié sa copie. Mais la polémique sur la viabilité de ses projections a laissé des traces. Il a néanmoins délivré un message fort, que reprendra sans doute la Cour des comptes : en 2024, et malgré la réforme des retraites de 2023, le déficit de l’ensemble des systèmes – régime de base et complémentaires – s’est hissé à un peu plus de 6 milliards d’euros, soit 0,2 % du PIB. Surtout, il devrait rester structurellement dans le rouge à moyen terme, pour atteindre 0,8 % du PIB d’ici cinquante ans. Avec un point noir : le régime de base des salariés du privé resterait largement déficitaire. Et une polémique : l’équilibre supposé de celui des fonctionnaires n’est dû qu’à des subventions de l’Etat. Un débat rouvert par le Premier ministre mais dont les organisations syndicales ne veulent pas entendre parler.
6 – Les Français partent plus tard… mais plus tôt qu’ailleurs en Europe
Un totem plus qu’une boussole, voilà ce qu’est l’âge de la retraite en France. En témoigne l’opposition féroce des syndicats et d’une bonne partie de l’opinion publique contre le report de 62 à 64 ans de l’âge légal décidé en 2023. Pourtant, à la suite des multiples réformes augmentant le nombre d’annuités nécessaires pour bénéficier d’une pension à taux plein, les Français “liquident” aujourd’hui leurs droits de plus en plus tard. L’âge effectif de départ en retraite est même supérieur aux fameux 62 ans. En moyenne, il était de 62,3 ans pour les hommes et de 63 ans pour les femmes en 2022, d’après le dernier rapport de la Drees.
Concrètement, les Français travaillent quasiment deux ans de plus qu’au début des années 2010. Mais ils partent aussi deux ans plus tôt que les Allemands et les Italiens. (…)
7 – Des pensions plutôt généreuses
Le tableau est nuancé. Certes, le taux de remplacement, c’est-à-dire le montant de la pension relativement au dernier salaire, est plus élevé en France que dans la plupart des grands pays développés. Il s’élève à près de 72 % dans l’Hexagone, soit 10 points de plus que la moyenne des pays de l’OCDE. A titre de comparaison, en Allemagne, le montant de la retraite au moment du départ atteint tout juste 55 % du dernier bulletin de paie. Un ratio qui tombe même à 44 % au Canada et à 33 % seulement en Australie, dont les régimes complémentaires facultatifs permettent de compenser la perte de revenu. Le modèle français apparaît donc plus généreux. Pour autant, ce fameux taux de remplacement s’est érodé au cours des dernières décennies en France. Quant au montant moyen de la pension des nouveaux retraités, il s’établissait à 1 542 euros par mois en 2022. Une baisse de 10 % en termes réels depuis 2016.
8 – Le niveau de vie moyen des retraités est appréciable
Sujet radioactif : les retraités sont-ils les privilégiés du modèle français? C’est en France, et en Italie, que le niveau de vie moyen des retraités rapporté au reste de la population est le plus élevé. Quant à leur taux de pauvreté, il atteint 10,1 %, contre 14 % pour l’ensemble des Français. “Toutes les réformes visant à combler le déficit du régime des retraites depuis 1993 ont touché principalement les actifs, jamais les retraités. Les arbitrages récents vont dans le même sens : les pensions de base ont été revalorisées à quatre reprises à hauteur de l’inflation depuis 2022, sans aucune condition de revenus et malgré un contexte budgétaire très contraint”, pointe Joceran Gouy-Waz, de la Fondation Jean-Jaurès. (…)
9 – Une retraite plus longue en France
Evidemment, il faut s’en réjouir : l’espérance de vie en bonne santé a nettement augmenté au cours des dernières décennies, même si elle a tendance à stagner depuis peu. Mécaniquement, le nombre d’années passées à la retraite a progressé également. L’espérance de vie à la retraite atteint désormais un peu plus de 23 ans pour un homme en France, contre 18,4 ans en moyenne dans le reste des pays développés. (…)
10 – L’Agirc-Arrco, un système bien géré
Et si les partenaires sociaux avaient la solution? Alors que François Bayrou leur a redonné la main pour amender la réforme de 2023, tous brandissent le bilan plutôt flatteur du régime de retraite complémentaire qu’ils pilotent. L’Agirc-Arrco est le deuxième pilier du système de retraite des salariés du privé, avec des versements qui atteignent en moyenne près du tiers du total des pensions versées. Un régime dont les comptes sont dans le vert, avec un excédent de près de 6 milliards d’euros en 2023, d’après les derniers résultats publiés par l’organisme.
Si, au niveau national, les représentants du patronat et des syndicats sont souvent pris dans la tourmente des batailles politiciennes, à l’Agirc-Arrco, ils sont parvenus à s’entendre quand le régime a flanché, au début des années 2010. Après la grande crise des dettes souveraines en Europe, le chômage bondit et les comptes virent au rouge. En 2013, le déficit du régime complémentaire tutoie les 6 milliards d’euros. En l’absence de réformes, les gestionnaires anticipent même une quasi-disparition des réserves d’ici la fin de la décennie. Les discussions entre partenaires sociaux sont rudes mais ils s’entendent finalement sur un plan drastique pour redresser les comptes. Un cocktail de mesures mêlant hausse des cotisations, désindexation des pensions et baisse de la valeur du point. Cinq ans après, le régime Agirc-Arrco redevient excédentaire.
Le conclave voulu par François Bayrou accouchera-t-il d’un nouveau consensus? Ironie de l’histoire, Jean-Jacques Marette, l’envoyé spécial de Matignon, a justement dirigé l’Agirc-Arrco entre 1997 et 2015. Un signe du destin?
Neue Zürcher Zeitung, 11. Februar
«Sono una donna», rief Giorgia Meloni im Wahlkampf, der sie an die Spitze Italiens brachte. Die anderen Frauen im Land bleiben aber weiterhin hinter dem Herd
In keinem Land der EU arbeiten so wenig Frauen wie in Italien. Die erste Regierungschefin des Landes wird daran kaum etwas ändern wollen. Sie weiss ja, wie die Italiener ticken.
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Extraits:
Giorgia Meloni schreitet dynamisch über einen roten Teppich, ihr dunkelblauer Samtanzug glänzt im Licht, ihr Blick entschlossen. Das Bild, das kürzlich auf dem Instagram-Kanal der italienischen Ministerpräsidentin gepostet wird, sagt vor allem eins: Es geht vorwärts! «Ich bin stolz auf unsere Wirtschaftsdaten», schreibt Meloni im Text darunter. Besonders stolz sei sie, dass Italien unter der ersten von einer Frau geführten Regierung die höchste Quote an arbeitenden Frauen erreicht habe, die es je gegeben habe.
Tatsächlich wurde zum ersten Mal die Marke von zehn Millionen erwerbstätigen Frauen überschritten. Doch was Meloni nicht sagt, ist, dass der beste Wert für Italien weiterhin der schlechteste der Europäischen Union ist. Die Frauenerwerbsquote liegt in Italien bei 53,4 Prozent. Zum Vergleich: Der Durchschnittswert in der EU liegt bei 66,3 Prozent, in Deutschland arbeiten 73,9 Prozent der Frauen. Auch ist die Differenz zwischen den Geschlechtern nirgends so gross wie in Italien.
Noch immer ist die Betreuung von Kindern und Alten vorrangig Aufgabe der Frau – vor allem im Süden des Landes. Wird die erste Frau an der Spitze Italiens daran etwas ändern können oder wollen?
Seit Melonis Amtsantritt im Oktober 2022 wurden durchaus Massnahmen ergriffen, die die Lage von Frauen auf dem italienischen Arbeitsmarkt verbessern. So sieht der Haushalt von 2025 vor, das Elterngeld während drei von insgesamt neun Monaten deutlich zu erhöhen. Auch Väter haben die Möglichkeit einer Auszeit. Und durch den «Bonus Mamma» müssen Mütter mit mehr als einem Kind keine Sozialabgaben zahlen, sollte ihr Einkommen unter 40 000 Euro im Jahr liegen.
So weit, so förderlich. Doch Meloni, die bekanntlich als Präsident angesprochen werden will und eine Verfechterin eines traditionellen Familienbildes ist, verkauft die beschriebenen Massnahmen weder als Investitionen in die wirtschaftliche Entwicklung des noch immer hochverschuldeten Landes noch als Massnahmen für eine geschlechtergerechtere Arbeitsmarktpolitik. Sie werden von Meloni und ihrer rechtsnationalen Fratelli d’Italia als «Unterstützung für Familien» und zur «Ankurbelung der Geburtenrate» propagiert.
Auch bei der Geburtenrate belegt Italien mit 1,2 Kindern pro Frau einen der letzten Plätze im EU-Ranking. Laut Experten ist die Fruchtbarkeitsrate von Frauen dort höher, wo mehr Frauen arbeiten. Es braucht aber zusätzlich zur Arbeit Dienstleistungen, die die Vereinbarkeit von Beruf und Familie fördern.
Und genau hier liegt das Hauptproblem. Die EU fordert, dass die Quote der betreuten Kinder bei einem Drittel liegt. Italien erreicht national 28 Prozent. Die Folge: Wenn sie keinen Krippenplatz finden oder die Kosten zu hoch sind, bleiben die Frauen zu Hause. Anstatt in den Ausbau einer flächendeckenden Kinderbetreuung zu investieren, belohnt der Staat die Entscheidung, nicht zu arbeiten. Angestellte Mütter, die im ersten Lebensjahr des Kindes ihre Arbeitsstelle freiwillig kündigen, haben Anspruch auf zwei volle Jahre Arbeitslosengeld – länger, als die Elternzeit wäre. Das vermittelt den Müttern: Es ist besser, zu Hause zu bleiben, als zu arbeiten.
Diesen Fehlanreiz will Meloni nicht angehen. (…)
Das Problem der italienischen Frauen ist aber nicht nur die Betreuung der Kinder, sondern auch jene der Eltern oder der Schwiegereltern. Ein Viertel der Bevölkerung Italiens ist älter als 65, rund drei Millionen Senioren sind auf Betreuung angewiesen. Viele Familien haben Hemmungen, ihre Angehörigen im Alter in Heime unterzubringen. Zudem können sich viele keine Pflegeheime leisten.
Auch hierfür hat der Staat eine Lösung – die erneut auf das Konto der Frauen geht. Seit 2004, eingeführt von der Regierung Berlusconi, gibt es die «Opzione Donna». Weibliche Angestellte können nach 35 Beitragsjahren mit geringen Abschlägen in Rente gehen. Was nicht im Gesetz steht: Oft tun sie das, um die Pflege der Alten zu übernehmen. (…)
Schon vor ihrer Wahl zur Regierungschefin hatte Meloni auf ihr Frausein gesetzt. «Io sono Giorgia, sono una donna», rief sie 2019 von der Bühne der politischen Rechten auf den Vorplatz der Lateranbasilika in Rom. Ein DJ hatte daraus sogar einen Elektro-Song gebastelt. Melonis konservative Wähler dürfen aufatmen: Auch mit Meloni scheint das Patriarchat in Italien nicht zu enden.
The Economist, February 6, pay wall
Baby boom : From cribs to carriers, high-end baby products are in vogue
Demographic and technological changes are making infancy more expensive
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Full article: https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/6-fevrier-2.pdf
Le Point, 31 janvier, article payant
Pourquoi il faut enclencher la transition vers la retraite par capitalisation
TRIBUNE. Pour le président de l’Iref, c’est la seule issue pour sauver nos retraites, alors que la crise démographique menace un peu plus notre système par répartition.
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Extraits:
François Bayrou a remis la réforme des retraites en chantier sans aucun tabou, « pas même l’âge de la retraite », en laissant les partenaires sociaux s’entendre dans le respect des équilibres financiers. Au risque peut-être d’épuiser l’épargne de sécurité (20 milliards d’euros) du Fonds de réserve pour les retraites. Le Premier ministre a par ailleurs rappelé avoir été un « militant » de la retraite à points que défend la CFDT. Mais un système à points n’améliorerait pas l’équilibre des retraites et resterait dépendant de notre démographie déclinante.
En 2024, 663 000 bébés ont vu le jour en France, soit 2,2 % de moins que l’année précédente, qui avait déjà connu une baisse de 6,6 % par rapport à 2022. Cette réduction de la natalité semble structurelle et durable tant elle relève d’une évolution des mentalités et des modes de vie. Les perspectives démographiques remettent donc en cause gravement et sans doute durablement les perspectives des retraites par répartition, dans lesquelles les pensions servies aux retraités proviennent chaque année des cotisations des actifs.
Certes, l’État prend déjà en charge une partie significative des pensions. En 2023, les cotisations des actifs en ont financé moins des deux tiers. Le dernier tiers a été pris en charge par les contribuables
(…) la réforme de 2023 et ces apports considérables de l’État au système de retraite, celui-ci reste déficitaire et, selon Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites, ce déficit est appelé à s’accroître significativement, jusqu’à 0,8 % du PIB (25 milliards d’euros) au-delà de 2030.
Les retraites françaises par répartition coûtent très cher pour un rapport faible. Les cotisations en sont très élevées, près de 28 % du salaire brut (contre 18,2 % en moyenne dans l’OCDE en 2022), pour des prestations qui représentaient en moyenne 71,90 % du dernier salaire en taux de remplacement net (après impôts et cotisations supportés par rapport au dernier salaire) contre un taux de remplacement de 93,20 % aux Pays-Bas ou de 77,30 % au Danemark.
Pourtant, les dépenses publiques et privées des systèmes de retraite représentent en France près de 14 % du PIB, soit 3,5 points de plus qu’aux Pays-Bas ou au Danemark. Parce que ces deux derniers pays ont adopté très largement la capitalisation. En taux de remplacement brut, avant impôts et charges sociales, les systèmes par capitalisation danois et néerlandais permettent d’offrir aux retraités des pensions de plus de 30 % supérieures à celle des Français, alors que l’effort financier demandé aux cotisants et aux contribuables français est de 30 % supérieur à celui demandé aux leurs par les Pays-Bas et le Danemark.
Il est donc urgent de passer de la répartition à la capitalisation. D’autant plus urgent que la transition sera nécessairement progressive et ne pourra se faire que sur une période longue. Dans une étude réalisée pour l’Institut de recherches économiques et fiscales (Iref), que je préside, je démontre que la transition vers la capitalisation est possible sans surcoût des cotisations et avec un gain significatif à long terme. Le secret de la capitalisation, sa magie, tient au fort rendement des intérêts capitalisés, dont Albert Einstein aurait dit qu’ils sont « la plus grande force dans tout l’univers ».
Si la France avait adopté la capitalisation, il aurait suffi à un salarié de cotiser deux fois moins, soit 14 %, pour obtenir la même retraite qu’aujourd’hui. C’est d’ailleurs ce qui peut permettre la transition vers la capitalisation en affectant pendant quelques dizaines d’années la moitié des cotisations à de la capitalisation tout en continuant à assurer les engagements pris à l’égard de ceux qui ont cotisé jusqu’à maintenant en « répartition ». À long terme, il suffira d’une cotisation de 14 ou 15 % pour assurer aux retraités un niveau de vie décent, au lieu des 28 % de cotisation actuelle. Ce sera autant de pouvoir d’achat en plus pour les salariés.
La capitalisation est proposée en France aux fonctionnaires et aux élus, qui peuvent déduire de leurs revenus imposables leurs cotisations de retraite par capitalisation. Ils y sont d’ailleurs très attachés, au point que les quatre organisations syndicales (SNABF Solidaires, CGT, FO, CFE-CGC) de la Banque de France avaient appelé à la grève contre la réforme des retraites pour préserver leur régime par capitalisation, créé il y a deux siècles par Napoléon. Il serait temps que tous les Français puissent bénéficier de ce système de retraite par capitalisation, sans la mise en place duquel il ne restera peut-être aux futurs retraités du système de répartition que les yeux pour pleurer.
*Jean-Philippe Delsol est essayiste et président de l’Institut de recherches économiques et fiscales (Iref).
L’Express, 29 janvier, article payant
L’espérance de vie progresse, mais à quel prix ? Par le Pr Alain Fischer
Chronique. Les Français vivent toujours plus longtemps en bonne santé. Le signe que nos dépenses de santé, très élevées, portent leurs fruits. Mais leur poids pose la question de leur nécessaire régulation.
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Extraits:
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié fin 2024, comme elle le fait chaque année, des données très intéressantes sur l’espérance de vie des Français, ainsi que sur leur espérance de vie sans incapacité. Les nouvelles sont globalement bonnes! L’espérance de vie à la naissance des femmes est de 85,7 ans et celle des hommes atteint 80 ans, soit un niveau supérieur à 2019. L’effet de la pandémie de Covid se trouve ainsi effacé. En quinze ans, les femmes ont gagné 1,4 an d’espérance de vie à la naissance et les hommes, 2,4 ans. Mieux encore, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans, c’est-à-dire sans problème de santé limitant les activités quotidiennes, est aujourd’hui de 12 ans pour les femmes et de 10,5 ans pour les hommes soit un gain de près de 2 ans en 15 ans!
A 65 ans, l’espérance de vie sans incapacité forte progresse aussi : 18,5 ans pour les femmes et 15,8 ans pour les hommes. Globalement, cette dernière progresse plus vite que l’espérance de vie. (…)
Comment interpréter ces données? La progression de l’espérance de vie sans incapacité après 65 ans suggère un recul de l’âge d’apparition des maladies chroniques liées au vieillissement (maladies dégénératives neurosensorielles, maladies cardiovasculaires, cancers) ainsi qu’une meilleure prise en charge des pathologies notamment aiguës. Dans le premier cas, on peut prendre en compte une progression de l’application des mesures de prévention médicamenteuses et non médicamenteuses (exercice physique, meilleure nutrition, réduction de l’usage de l’alcool et du tabac); dans le second, un effet des progrès de la médecine.
Peut-on se satisfaire pleinement de ces résultats? Certainement pas, si l’on considère la persistance d’importantes inégalités sociales dans l’espérance de vie (jusqu’à 8 ans d’écart entre les Français les plus défavorisés et les plus aisés) et l’inégalité d’accès aux soins liée au profil de répartition de l’offre de soins sur le territoire. Par défaut, cette inégalité indique que l’on devrait pouvoir, en la corrigeant, aboutir à de meilleurs résultats, analogues à ceux obtenus en Scandinavie.
Par ailleurs, l’augmentation de l’espérance de vie entraîne mécaniquement un accroissement du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques liées au vieillissement. Cela concourt, avec l’évolution des prix de l’innovation médicale, à l’augmentation des dépenses de santé : 325 milliards d’euros en 2023 en France, soit 11, 8 % du PIB, en croissance régulière depuis des années. Il est réconfortant d’observer que ces dépenses corrèlent avec une progression des indicateurs de santé, mais la question se pose du financement de ces dépenses dont on sait qu’elles vont croître.
Il y a certainement des marges de progression : on s’aperçoit ainsi que les dépenses de prévention ne représentent que 7,5 milliards, soit 2,3 % du total des dépenses de santé. Il est sûrement possible de mieux faire, et ce dans de nombreuses directions. Il est admis qu’il persiste une proportion non négligeable de prescriptions non justifiées tant d’examens que de traitements. (…)
Enfin, au sein des dépenses de santé la part liée à l’achat des médicaments poursuit son augmentation (au moins 33 milliards), due au prix des médicaments innovants. On aimerait voir se mettre en place une meilleure régulation des prix, idéalement à l’échelle de l’Union européenne comme ce fut les cas pour l’achat des vaccins contre le Covid. Notre santé coûte cher, elle coûtera sans doute encore plus cher demain, mais les statistiques de la Drees sont porteuses d’espoir sur le fait que ces dépenses sont utiles – à condition d’en améliorer l’efficience.
Alain Fischer est professeur émérite au Collège de France et cofondateur de l’Institut des maladies génétiques
Le Figaro, 28 janvier, article payant
Nicolas Baverez: «La fin de l’exception démographique française»
CHRONIQUE – Loin du « réarmement démographique » promis par Emmanuel Macron, l’effondrement des naissances constitue aujourd’hui un puissant facteur d’accélération de la crise française.
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Extraits:
(…) Au total, le krach de la démographie est synonyme de décroissance, de paupérisation, de désintégration de la protection sociale et de crise de la dette publique, comme le montre la spirale régressive dans laquelle se trouvent enfermés le Japon et l’Italie, dont la population a diminué de 60,8 millions à 58,8 millions depuis 2014 et pourrait tomber à 47 millions en 2070. À l’inverse, le dynamisme démographique des États-Unis (soldes naturel et migratoire de 2 et 1,3 millions de personnes par an) joue un rôle clé dans la vigueur de la croissance à long terme (2,5 % par an) et dans le renouveau de leur leadership économique et technologique.
Il n’existe pas plus de fatalité pour le déclin démographique que pour la désindustrialisation, la paupérisation ou la crise de la démocratie. Comme pour le réchauffement climatique, il est possible de l’enrayer tout en s’adaptant à ses effets. Trois leviers sont disponibles : l’immigration, à la condition d’être orientée vers le travail comme aux États-Unis et accompagnée d’une politique efficace d’intégration comme en Europe du Nord ; la robotisation et le déploiement de l’IA, qui demandent des investissements massifs – à l’image du plan de 500 milliards annoncé par Donald Trump ; la mise en place d’une politique de soutien de la natalité.
Rentes du passé
Les paris sur la seule immigration ou sur la seule technologie sont perdus par avance, comme le montrent l’Allemagne ou le Japon, en raison des difficultés de l’intégration et des limites du remplacement des hommes par les machines. Ils ne peuvent réussir que s’ils sont adossés à un puissant effort de relance de la démographie. La hausse de la natalité constitue donc, comme en 1945, une condition déterminante du redressement de la France. Celle-ci reste possible car, contrairement à la Corée, où les femmes ne veulent plus vivre en couple ni avoir d’enfants, les mariages et les pacs sont en hausse dans notre pays, et les familles désireraient 2,27 enfants.
Il est donc grand temps de rééquilibrer financièrement mais aussi politiquement et moralement l’effort de la nation entre les retraites et les naissances, les pensions et les berceaux. En lançant un plan de lutte contre le scandale de la mortalité infantile (4,1 pour mille naissances vivantes contre 1,4 en Norvège 1,7 en Finlande 1,8, en Suède, 3,1 en Allemagne). En garantissant l’égalité professionnelle et en facilitant la conciliation entre travail et vie de famille pour les femmes. En accroissant et diversifiant les modes de garde, notamment par la restauration des emplois familiaux. En démantelant le carcan fiscal et réglementaire qui a étouffé le marché immobilier. En réformant drastiquement le système éducatif. En rééquilibrant l’État-providence, qui affecte 15 % du PIB aux retraites et 2,2 % au soutien des familles. En recentrant la politique familiale sur le soutien de la natalité et en rétablissant l’universalité des allocations.
La démographie structure les nations. Elle prend toujours sa revanche sur les peuples qui prétendent l’ignorer, comme la France en a fait la terrible expérience en 1940. Il est grand temps que notre pays rompe avec le malthusianisme, qu’il cesse de se ruiner en sanctuarisant les rentes du passé pour réinvestir dans sa jeunesse et son avenir.
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 25. Januar, nur für Abonnenten
Debatte über Lebensarbeitszeit: Langes Leben, späte Rente? Italiens Automatik stockt
Italien schreibt per Gesetz vor, was viele sich für Deutschland wünschen. Doch die Regierung zögert, denn die Erhöhung des Rentenalters ist unpopulär. Es stellen sich tiefe Gerechtigkeitsfragen.
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Extraits:
Bundesbankpräsident Joachim Nagel hat es gefordert, die CDU ebenfalls und auch die Wirtschaftsweise Veronika Grimm: das Renteneintrittsalter automatisch an Veränderungen der Lebenserwartung anzupassen. Weil es immer schwieriger wird, wegen der zunehmenden Alterung die Pensionen der Menschen zu finanzieren, erscheint es sinnvoll, länger zu arbeiten. Härtefälle nach Jahren schwerer körperlicher Arbeit könnten gesondert betrachtet werden. Die Automatik hätte ihren Reiz, sie minderte spaltende Debatten – im Idealfall.
Italien macht derzeit gemischte Erfahrung mit dieser Automatik. Schon 2009 war unter dem damaligen Ministerpräsidenten Silvio Berlusconi ein Gesetz eingeführt worden, das die Erhöhung des Renteneintrittsalters vorsah, wenn das nationale Statistikamt Istat und Eurostat eine gestiegene Lebenserwartung feststellten. Allerdings musste die Heraufsetzung jedes Mal von der Regierung bestätigt werden. Zwischen 2013 und 2019 wurde das Mindestalter für den Pensionsbezug dreimal um jeweils drei bis fünf Monate erhöht.
Doch in der Pandemie setzte die damalige Regierung die Erhöhungen aus, zumal sich die Lebenserwartung zeitweise verringerte. Eine Senkung des Renteneintrittsalters ist in diesem Fall nicht vorgesehen. Derzeit liegt das gesetzliche Renteneintrittsalter in Italien bei 67 Jahren. Der tatsächliche durchschnittliche Rentenbeginn kommt allerdings deutlich früher, denn die Möglichkeiten für einen vorzeitigen Ruhestand sind zahlreich.
In diesem oder im nächsten Jahr soll eine neue Entscheidung über die Lebensarbeitszeit fallen. Die aus dem rechtspopulistischen Spektrum stammende Regierung zögert, denn eine weitere Erhöhung des Rentenalters wäre naturgemäß unpopulär. (…)
Italien hat in der EU nicht nur die zweithöchste Staatsverschuldung nach Griechenland, sondern auch die höchsten Rentenausgaben gemessen am Bruttoinlandsprodukt sowie eine der höchsten Lebenserwartungen mit durchschnittlich 83,8 Jahren. Nach Eurostat-Angaben vom vergangenen Jahr leben nur die Spanier etwas länger. Auf der anderen Seite schlägt in Italien eine niedrige Geburtenrate negativ zu Buche.
Die Behörde INPS hatte ihre Rechnung für ein erhöhtes Rentenalter freilich ohne die Politik gemacht. (…)
Die Lega fordert unter der Führung des Vizepremierministers Salvini schon länger nicht nur ein stabiles Rentenalter, sondern sogar einen früheren Eintritt in den Ruhestand – ungeachtet der unbeantworteten Frage der Finanzierbarkeit, womit über den Staatshaushalt nur der Druck für eine höhere Verschuldung steigt. (…)
Wie die Regierung nun handeln wird, um das System auf solide Pfeiler zu stellen, ist unklar. „Sie hat sich in einen ziemlichen Schlamassel manövriert“, sagte die Rentenfachfrau Elsa Fornero der F.A.Z. Die Ministerpräsidentin Giorgia Meloni und ihre Mitstreiter liefen Gefahr, aus populistischem Antrieb der erforderlichen Anhebung des Rentenalters aus dem Weg zu gehen. Die Ökonomieprofessorin hat 2011 als zuständige Ministerin unter dem damaligen Ministerpräsidenten Mario Monti die weitreichendste italienische Rentenreform der vergangenen Jahrzehnte eingeführt. (…)
Doch in den vergangenen Jahren wurden immer wieder kostspielige Ausnahmen durchgesetzt. So rechnen Fachleute des Finanzministeriums bis ungefähr 2040 mit einer Steigerung der Rentenausgaben von rund 16 auf 17 Prozent des BIP. Erst danach sollen sie wegen des Verschwindens der Boomer-Generation bis 2065 auf rund 14 Prozent fallen.
Die Regierung diskutiert derzeit mit den Gewerkschaften über das weitere Vorgehen. Doch die Diskussionen hätten „bisher keine Schlussfolgerungen gebracht“, berichtet Fornero. Zu viele Beteiligte sprächen immer noch von einer „Reform aus dem Phantasiereich“, nach der man allein nach 41 Beitragsjahren ohne sonstige Voraussetzungen in Rente gehen könne. „Unsere Demographie spricht dagegen. Und unser Bruttoinlandsprodukt, unsere Beschäftigungsquote sowie vor allem unsere Löhne und Gehälter sind nicht so brillant, dass sich das realisieren ließe.“
Le Figaro, 24 janvier, article payant
Alain Bauer : «Si la chute de la natalité se poursuit en Occident, il risque de n’y avoir plus grand monde à “remplacer”»
ENTRETIEN – Dans son dernier livre, La Conquête de l’Ouest (Fayard), le professeur en criminologie se penche sur les différentes crises qui frappent l’Occident, comme les migrations climatiques ou la dénatalité. Selon lui, nous assistons aujourd’hui à la revanche de l’histoire et de la géographie.
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Extraits:
LE FIGARO. – Dans La Conquête de l’Ouest , vous revenez aux origines de l’humanité et vous expliquez que les migrations sont une permanence dans l’histoire de l’humanité. Est-ce à dire qu’il est illusoire de vouloir les réguler ?
Alain BAUER. – Il est sans doute illusoire de vouloir les arrêter. Mais la régulation, par l’imposition de la frontière et des gardes-frontières, reste une option tout à fait réaliste. Encore faut-il savoir ce que l’on veut. Car depuis cinquante ans, avec l’arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d’Estaing entouré d’une génération de libéraux, dérégulateurs et globalisateurs heureux, voire béats, la poussée générale à la suppression des contrôles, des règles, des protections étatiques, a produit un effondrement des dispositifs existant au nom du libre-échange des biens comme des individus. Curieusement, en dehors de crises migratoires nées de drames militaires ou de tragédies climatiques, l’Occident a su le plus souvent inciter à la venue de populations diverses, pour ses armées ou ses productions. Il est surtout submergé lorsqu’il est victime de ses incohérences, ballotté entre « morale » et « realpolitik ».
Vous insistez sur la permanence du paradigme impérial. Sommes-nous face à un retour en force des empires ? Avec quelles conséquences sur le plan migratoire ?
Les empires reviennent. La Turquie redevient ottomane, l’Iran s’affirme Perse, la Chine retrouve ses ambitions, la Russie veut retrouver son espace, plus orthodoxe que durant les tsars, les États-Unis veulent associer leurs contours économiques avec une expansion au nord (Canada, sujet envisagé dès 1781) et à l’est (Groenland, en partie occupé dès 1867). (…) La dernière saison, prémonitoire, de la série Borgen souligne l’ampleur des tentations des grandes puissances (Chine, Russie, États-Unis) pour cette immense réserve de terres rares. Seule l’Union européenne, comme souvent, reste à la traîne dans la gestion d’un territoire immense qui a décidé en 1985 de s’en retirer… Nous assistons à la revanche, la vengeance aussi parfois, de l’histoire et de la géographie. Nous avons cru à la disparition des peuples, de la foi, des frontières. Le roman national supplante le récit national. Et qui tient les frontières tient les flux.
Vous concluez votre livre sur un chapitre intitulé : « la nature a horreur du vide démographique ». « Le vide démographique », est-ce la grande faiblesse des pays occidentaux aujourd’hui ? L’immigration est-elle le seul moyen d’y remédier ?
En tout cas, au rythme de la dénatalité, occidentale ou russe, mais qui commence aussi à toucher la Chine, il n’y aura plus grand monde à « remplacer ». La France avait tenu en fécondité et en natalité avant de baisser de manière continue depuis 2011 (sauf exception en 2021). Le solde naturel devient infime et le taux de fécondité est passé en quinze ans de plus de 2,03 à 1,62… avec une mortalité qui reste à un niveau très élevé. Le « réarmement » démographique voulu par l’État s’est limité à sa proclamation sans action. Et encore, une partie importante des effets positifs (en natalité, en fécondité comme en solde) est portée par des populations issues de l’immigration. C’est tout le paradoxe du débat qui devrait avoir lieu sur la réalité des enjeux de prise en charge des coûts sociaux entre une population qui vit plus longtemps, travaille moins, et ne peut plus supporter, sans apports extérieurs, les charges de Sécurité sociale et de retraite. L’immigration n’est pas la solution, en tout cas pas la seule. Mais faute de s’engager véritablement dans une politique claire et cohérente liant les problèmes, rien ne saurait les résoudre.
Vous revenez sur les différents concepts d’« intégration », d’« assimilation » et de « communautarisation ». Que signifient ces différents termes ? Et quel modèle la France a-t-elle choisi ?
Aucun. (…)
Dans un État qui a créé la nation, à la différence de la plupart des autres, la succession des rabotages, réductions, minorations, a entamé une puissance devenue résiduelle. Ne voulant plus, à juste titre, d’une assimilation forcée qui n’avait pas fait que des heureux chez les Basques, les Bretons, les Alsaciens, etc., le remords colonial national a poussé à la communautarisation en ratant l’épisode intégration, qui permettait de trouver un bien commun, la nation. Le « vivre-ensemble », formule magique et incantatoire n’a permis que de se retrouver à côté les uns des autres, au risque du face-à-face.
Figaro Madame, 23 janvier, article payant
Ces Françaises qui ne veulent pas avoir d’enfants : «On se sent plus libre sans»
TÉMOIGNAGES – 663.000 naissances en 2024, soit 2,2% de moins que l’an dernier : ces nouveaux chiffres publiés par l’Insee alarment le corps politique. En face, celles qui préfèrent renoncer à la parentalité ne manquent pourtant pas d’arguments.
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Extraits:
«J’ai choisi de renoncer aux cris, aux couches, aux rentrées scolaires et aux samedis soir sans mes amies», énumère Élise, la quarantaine, d’une voix presque rieuse. Cette Parisienne, en couple depuis plusieurs années, a depuis longtemps décidé de tirer un trait sur la maternité. Sans enfants, donc, et à jamais : «C’est peut-être égoïste, mais c’est mon choix. Quand je vois toutes ces mères autour de moi, je me dis que la vie est suffisamment courte pour que je m’épargne cette vie-là.»
Et selon les derniers chiffres de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), de nombreuses Françaises auraient, comme elle, choisi cette voie. Tant pis pour la question des retraites ou de la pénurie de main-d’œuvre aux graves conséquences sur le long terme. Avec seulement 663.000 naissances recensées l’an dernier, soit encore 2,2 % de moins qu’en 2023, les citoyennes font la sourde oreille. (…)
«J’ai pu moi-même vouloir des enfants, par mimétisme, lorsque j’avais 15-20 ans. Mais l’évolution de la société m’a définitivement convaincue que je n’en voulais pas dans ce monde-là. L’avenir semble chaotique : les loyers sont de plus en plus élevés, les conditions de travail se dégradent, et la planète brûle. Tout cela a renforcé mes certitudes.» Un comble, sourit-elle, pour une femme travaillant au service de BeMum, une start-up qui commercialise un programme de coaching «pro-fertilité» pour celles qui souhaitent tomber enceintes.
Ces préoccupations politiques et environnementales, Juliette les partage aussi. «On entend de plus en plus parler d’éco-anxiété, par exemple, et la situation géopolitique est simplement désastreuse. Ce n’est pas très encourageant pour construire une famille.» Les aspirations professionnelles et le quotidien très actif de cette jeune rédactrice de 29 ans à Paris freineraient aussi son désir d’avoir des enfants.
Pour Catherine Scornet, maîtresse de conférences en sociologie-démographie à Aix-Marseille Université et chercheuse au LPED (Laboratoire population-environnement-développement), ces différents facteurs jouent en effet un rôle très important dans «les non-projets d’enfantement». «Pour se projeter dans la parentalité, il faut être habité par l’espoir. Or, le monde est dans un climat général d’incertitude qui modifie notre rapport à l’avenir. Si beaucoup de Français font encore des enfants, cela repousse nettement l’âge de procréation», contextualise-t-elle.
En exemple, elle cite pour l’heure la pression économique et l’angoisse climatique, la difficulté d’avoir des emplois et des logements stables, les guerres en Ukraine et en Proche-Orient, mais aussi la crise du Covid et ses différents confinements successifs en 2020. (…)
Ainsi intervient un deuxième facteur, peut-être le plus important. «S’il subsiste des injonctions à avoir des enfants en France, la femme s’est particulièrement autonomisée ces dernières années», reprend la sociologue Catherine Scornet. Les grandes avancées en termes de droits des femmes, telles que la légalisation de la contraception et le droit à l’avortement, ont opéré chez elle un changement profond : la notion de choix. Cela enclenchant les premiers rouages de son émancipation et de sa «légitimité».
«Cela s’inscrit également dans la montée, plus générale, de l’individualisme, un terme à prendre ici dans le bon sens, soit dans la promotion de l’individu et non plus du collectif. Cela est davantage accepté qu’auparavant. Ainsi, et surtout pour la femme, il est devenu possible de se réaliser sans avoir d’enfants, tout en ayant l’impression d’avoir une vie réussie», continue la spécialiste. Un facteur tout à fait «fondamental», appuie-t-elle, puisque «ne pas donner la vie» n’est plus perçu comme un choix désespéré de la part de la femme. (…)
«J’aime faire ce dont j’ai envie quand j’en ai envie, renchérit ainsi Alexandra, 37 ans. J’adore ma liberté, pouvoir voyager, avoir du temps pour moi, me prioriser.» En couple depuis six ans et belle-mère d’une petite fille, cette diététicienne et nutritionniste refuse le quotidien fait de privations que s’imposent certaines femmes de son entourage. «Avoir un enfant demande beaucoup d’abnégation, poursuit-elle. Quand je vois des copines qui ont mis leur carrière entre parenthèses, qui s’empêchent d’aller travailler parce que leur fille est malade, cela ne me donne pas envie.»
Elle ne jette la pierre à personne pour autant et dénonce une forme de «fatalité». (…)
Malgré le bilan de l’INSEE, il est important de rappeler que les femmes font toujours des enfants et que l’injonction à trouver un homme pour fonder une famille presse – peut-être moins mais encore – ces dernières comme des citrons. «On m’a fait beaucoup de remarques. Le plus énervant, c’est lorsqu’elles ne sont pas franchement assumées, du genre : tu verras, tu finiras par changer d’avis. Et bien non. Ma pensée est très construite, j’ai 40 ans et je n’en veux pas. Mes parents ont fait eux aussi le deuil de leur vie de grands-parents, et finalement ma mère est très heureuse comme ça. Au lieu de garder ma fille ou mon fils, elle va à l’aquagym.» Son seul regret, peut-être, résiderait dans l’extinction de sa lignée. «Je sais que mon nom de famille va s’éteindre avec moi. C’est une question que je trouve très légitime de se poser et c’est un deuil à faire aussi.»
Neue Zürcher Zeitung, 22. Januar, nur für Abonnenten
Das Zeitalter der Entvölkerung ist da. Es bringt gigantische Herausforderungen – auf die sich niemand vorbereitet
Die Geburtenraten sind global auf Rekordtiefe, und sie sinken weiter. Das hat seine Vorteile, doch über die immensen Folgen wird noch kaum nachgedacht.
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Extraits:
Bis jetzt verstehen nur wenige, dass für die Menschheit gerade ein neues Zeitalter anbricht. Zum ersten Mal seit der Pest wird die Weltbevölkerung schrumpfen. Damals war eine von Flöhen übertragene Seuche schuld, diesmal liegt es an den Menschen selbst: Sie wünschen sich weniger Kinder.
Diesem Trend versuchen Staaten mit verschiedenen Massnahmen entgegenzuwirken, doch diese zeigen bis anhin kaum Wirkung. Der globale Bevölkerungsrückgang scheint ausgemachte Sache. Gesellschaften werden mit weniger Arbeitnehmern, weniger Erfindern, weniger Unternehmern auskommen – und sich um mehr Hilfs- und Pflegebedürftige kümmern – müssen.
Die Probleme dieser Dynamik sind nicht unbedingt verheerend. Depopulation ist kein Todesurteil. Es handelt sich um eine schwierige, neue Konstellation – in der Länder immer noch prosperieren können. Allerdings sind Regierungen, Führungskräfte und Analysten bis jetzt kaum auf die veränderte demografische Situation vorbereitet. Vielfach hat man sie gar nicht auf dem Radar, oder man unterschätzt ihre Tragweite für ganze Gesellschaften, Wirtschaftsräume und die Geopolitik.
Seit über zwei Generationen sinkt die globale Geburtenrate unaufhaltsam; eine Nation nach der anderen hat sich dem Abwärtstrend angeschlossen. Laut der Uno waren im Jahr 2015 noch halb so viele Geburten pro Frau zu verzeichnen wie 1965. In jedem Land der Welt ist die Fertilität seit Mitte des 20. Jahrhunderts gesunken – und der Rückgang setzt sich weiter fort. (…)
Der grösste Ausreisser bei den Industrienationen sind weiterhin die Vereinigten Staaten. Mit einer für eine wohlhabende Nation relativ hohen Geburtenrate (zuletzt knapp über 1,6) und einem stetigen Zustrom von Einwanderern bildet das Land so etwas wie die demografische Ausnahme. Doch auch das amerikanische Census Bureau prognostiziert einen Rückgang der Bevölkerung ab 2080. (…)
Die einzige echte Bastion gegen die globale Welle des Geburtenrückgangs ist Subsahara-Afrika. Mit ihren rund 1,2 Milliarden Menschen und ungefähr 4,3 Geburten pro Frau weist die Region eine Fertilität auf, die im 20. Jahrhundert für Länder mit niedrigem Einkommen charakteristisch war. Doch selbst hier sinken die Raten. (…)
Der globale Trend gibt in vielerlei Hinsicht Rätsel auf. Da seine Anfänge im Westen zu verorten sind, halten viele Beobachter die niedrigeren Geburtenraten einfach für die direkte Folge von Wohlstand und Fortschritt. Heutzutage fallen jedoch selbst Länder unter die Linie, die ein schlechtes Einkommen, einen tiefen Bildungsgrad und eine geringe Urbanisierung aufweisen. (…)
1994 entdeckte der amerikanische Ökonom Lant Pritchett den bisher aussagekräftigsten Indikator für die Geburtenrate. Er lässt sich ganz einfach auf den Punkt bringen: Der entscheidende Faktor ist, was Frauen wollen. Pritchett stellte fest, dass weltweit die von Frauen gewünschte Zahl Kinder praktisch eins zu eins den nationalen Statistiken entsprach.
Präferenzen sind entscheidend für die Bevölkerungsentwicklung. Menschen auf der ganzen Welt haben begriffen, dass sie ein ganz anderes Leben führen können als ihre Eltern. Einzelne legen zunehmend Wert auf Autonomie, Selbstverwirklichung und Komfort. Und Kinder sind nun einmal, neben all den Freuden, anstrengend. (…)
Ohne umfassende Eingriffe in ihre sozioökonomischen Systeme sind Industrieländer zu ausufernden Sozialausgaben und Haushaltsdefiziten verdammt. Auch viele ärmere Länder werden mit den Anforderungen einer alternden Gesellschaft zu kämpfen haben, obwohl ihre Wirtschaft weitaus weniger produktiv ist.
Der anfängliche Übergang zur Depopulation wird zweifellos schmerzhafte, einschneidende Veränderungen mit sich bringen. In alternden und entvölkerten Ländern wird es schwierig sein, die nötigen Ersparnisse für Investitionen in Wachstum oder auch nur für den Ersatz alter Infrastruktur aufzubringen. Die derzeitigen Anreize sind für die beginnende Entvölkerung völlig falsch ausgerichtet. Um sich erfolgreich auf eine leerere Welt einzustellen, müssen Staaten, Unternehmen und Einzelpersonen grossen Wert auf Verantwortung und Spardisziplin legen. Bei Investitionsprojekten wird es weniger Spielraum für Fehlgriffe geben.
Einwanderung wird unter diesen Vorzeichen noch wichtiger sein als heute. Allerdings dürfte es nicht allen alternden Gesellschaften gleich gut gelingen, junge Einwanderer schnell zu assimilieren oder sie zu loyalen und produktiven Bürgern zu machen. Und nicht alle Migranten sind befähigt, ihren Aufnahmeländern etwas zurückzugeben. (…)
Nichts garantiert, dass Gesellschaften die durch Entvölkerung verursachten Turbulenzen erfolgreich bewältigen werden. (…)
Trotz allen bevorstehenden Veränderungen können die Menschen auf einige beruhigende Kontinuitäten zählen. Wie man Wohlstand schafft und die materielle Knappheit besiegt, ist längst bekannt. Diese Formel kann unabhängig davon funktionieren, ob die Bevölkerung wächst oder schrumpft. Das marktbasierte System wird auch in der nächsten Ära bestehen und sich weiterentwickeln. Und der menschliche Wille – die Ursache hinter dem weltweiten Rückgang der Geburtenzahlen – wird nicht weniger stark sein als heute.
Nicholas Eberstadt ist amerikanischer Politökonom. Der vorliegende, gekürzte Text erschien zuerst im Magazin «Foreign Affairs». – Aus dem Englischen von mml.
Le Monde, 20 janvier, article payant
Éditorial: Le modèle social au défi de la baisse de la natalité
L’exception française en matière démographique n’a plus cours : le taux de fécondité est en baisse aussi dans l’Hexagone. Tenter d’y remédier implique un rééquilibrage des politiques publiques en faveur des jeunes actifs.
Extraits:
La France est entrée à son tour dans un hiver démographique. Pendant des décennies, le pays a fait figure d’exception dans un monde développé qui faisait de moins en moins de bébés. Le bilan démographique annuel de l’Insee présenté mardi 14 janvier confirme que ce n’est plus le cas. Année après année, la France se normalise, avec une baisse régulière du taux de fécondité. Celui-ci n’est plus capable d’assurer le renouvellement des générations, et accentue la déformation de notre pyramide des âges avec un vieillissement de plus en plus marqué.
La chute des naissances s’est amorcée en 2011. En quinze ans, le nombre de nouveau-nés a baissé de plus de 21 %, à 663 000 en 2024. Pour retrouver un tel niveau, il faut remonter à 1945. La raison tient au recul du taux de fécondité, qui est tombé à 1,62 enfant par femme. Du jamais-vu depuis la fin de la première guerre mondiale.
Même si la France reste le pays où la fécondité est la plus élevée au sein de l’Union européenne, même si la population française continue à augmenter grâce à un nombre de décès inférieur à celui des naissances, la situation doit alerter, car une démographie déclinante et vieillissante – l’espérance de vie a encore progressé d’un an depuis 2010 – menace la stabilité socio-économique du pays.
Un cercle vicieux est à l’œuvre : la baisse du nombre des actifs fait que les efforts qu’ils fournissent pour financer la protection sociale (retraites et santé) sont de plus en plus importants. Cette pression grandissante dissuade de faire des enfants, aggravant encore le vieillissement. Celui-ci amenuise la prise de risque ; le rythme de la croissance et de la productivité ralentit, et le financement du modèle social devient insoutenable. (…)
Relancer la natalité est un mécanisme complexe. Les régimes autocratiques (Chine ou Russie), illibéraux (Hongrie) ou démocratiques (Japon, Italie ou Allemagne) y ont tous échoué. On a beau sensibiliser, inciter ou contraindre, le désir d’enfant reste une décision éminemment individuelle, qui a surtout besoin d’un environnement propice pour se concrétiser.
Allocations et exonérations sont nécessaires, mais pas suffisantes. La corrélation entre argent public et natalité n’a rien de mécanique. Les flux migratoires sont utiles pour combler les pénuries de main-d’œuvre mais sensibles politiquement ; ils ne rééquilibrent qu’imparfaitement la structure de la pyramide des âges.
La baisse de la natalité a des causes multifactorielles qu’il est indispensable de prendre en compte de façon globale et cohérente. Fonder une famille nécessite de pouvoir accéder à un logement adapté, là où il y a du travail, d’avoir à disposition des modes de garde permettant de concilier activité professionnelle et parentalité, et enfin, de disposer d’un pouvoir d’achat suffisant, alors qu’en France le travail paye de moins en moins bien.
Tant que ces obstacles ne seront pas surmontés, il est illusoire d’espérer relancer la natalité. Cela suppose de rééquilibrer les politiques publiques en direction des actifs et de la jeunesse, grâce à une remise à plat de la fiscalité et du financement de notre modèle social.
Le Figaro, 18 janvier, article payant
Pr Samir Hamamah : «Nous sommes en plein hiver démographique et si on ne fait rien, on va vers la disparition de l’être humain»
ENTRETIEN – Ce spécialiste international de l’assistance médicale à la procréation (AMP) et co-auteur du rapport sur les causes de l’infertilité remis au ministère de la Santé en 2022, n’a de cesse d’alerter la population et les pouvoirs publics sur la hausse de l’infertilité et la baisse de la natalité.
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Extraits:
En France, l’infertilité touche 3,3 millions de personnes, plus de 6 millions si l’on intègre le ou la partenaire. Dans le monde, on compte autant de personnes infertiles que de diabétiques (40 millions) et on sait que les taux de fertilité vont continuer à chuter dans presque tous les pays jusqu’en 2100. Ces chiffres, le Pr Samir Hamamah, gynécologue responsable du service de biologie de la reproduction au CHU de Montpellier et spécialiste international de l’assistance médicale à la procréation (AMP) n’a de cesse de les marteler pour faire comprendre à la population et aux pouvoirs publics que la hausse de l’infertilité et plus globalement la baisse de la natalité sont deux enjeux de santé publique majeurs. Selon le dernier bilan de l’Insee, la chute des naissances s’est poursuivie en 2024 (663.000 bébés sont nés, soit 2,2% de moins qu’en 2023). L’indicateur conjoncturel de fécondité a lui aussi continué de reculer pour atteindre 1,62 enfant par femme. Il n’a jamais été aussi bas depuis la fin de la Première Guerre mondiale.
Le Pr Hamamah a co-écrit avec Salomé Berlioux le premier rapport sur les causes de l’infertilité remis en 2022 à l’ancien ministre de la Santé Olivier Véran. Deux ans plus tard, le spécialiste se réjouit que la prise de conscience ait commencé, en témoigne l’annonce d’Emmanuel Macron en janvier dernier d’un grand plan de lutte contre l’infertilité ; mais le professeur l’assure : il faut faire bien davantage. À commencer par informer le plus grand nombre d’hommes et de femmes. Dans l’ouvrage Idées reçues sur l’infertilité (1), publié en octobre et dirigé par le gynécologue, trente spécialistes en leur domaine démêlent le vrai du faux d’un sujet encore mal connu. L’objectif ? Prévenir et non guérir.
Madame Figaro.-Sommes-nous encore si ignorants à propos de l’infertilité ?
Pr Samir Hamamah.- Oui, c’est un sujet tabou qui touche à l’intime, à la famille, à Dieu, à la politique et qui est donc très peu débattu. De nombreuses idées reçues circulent encore et ont un préjudice énorme. Je pense notamment à celle disant que l’infertilité est “une affaire de femmes” et qui découle selon moi de notre culture judéo-chrétienne et machiste qui considère que le mâle et sa testostérone sont infaillibles. En consultation, quand vous annoncez à un homme à côté de sa partenaire que ses spermes sont altérés et que cela complique la conception d’un enfant, il regarde ses chaussures, il est dans le déni. On sait pourtant aujourd’hui que 30% des infertilités sont attribués à des causes purement masculines, 30% à des causes féminines, 30% aux deux et 10% sont inexpliqués. Heureusement, cela tend à changer et nous savons de plus en plus que nous sommes tous concernés.
Y a-t-il un déni de la baisse de la fertilité avec l’âge ?
Certainement, surtout chez les hommes. Pourtant leur santé reproductive est altérée. Le nombre de cancers des testicules ne cesse de grimper. Deux méta-analyses publiées en 2017 et 2023 (2) révèlent également que la concentration de spermatozoïdes a diminué de 56% en moins de quarante ans chez les hommes d’Amérique de Nord, d’Europe et d’Australie. Du côté de la fertilité féminine, il faut avoir en tête qu’elle est optimale à 25 ans et qu’elle décline ensuite. Ainsi, à 30 ans, une femme a 1 chance sur 4 de s’exposer à l’infertilité, à 35 ans, 1 chance sur 3 et à 40 ans, 1 chance sur 2. (…)
Vous dénoncez une confiance absolue et totale dans la PMA. Pourquoi ?
Certains se disent “si j’ai un souci pour avoir un enfant, je ferai une FIV”, ils la considèrent comme un remède miracle. Mais ce raisonnement est faux ; les résultats de l’AMP chutent eux aussi avec l’âge féminin. Le taux de succès d’une FIV est de l’ordre de 20 à 25% et pour 40% des couples, quoi que l’on fasse, ça ne fonctionnera pas. (…)
Comment explique-t-on la hausse de l’infertilité ?
D’abord par le recul de l’âge à la maternité qui ne cesse d’augmenter (6 ans en 40 ans), plus encore dans les grandes villes et chez les femmes les plus diplômées. Comme la fertilité décline progressivement à partir de 30 ans, les maternités dites “tardives” augmentent mécaniquement le risque d’infertilité. Par ailleurs, des causes médicales et environnementales expliquent cette hausse. Nos modes de vie occidentaux, la consommation de tabac, les troubles alimentaires, le manque de sommeil, ou encore l’obésité ont un impact négatif sur la fertilité masculine et féminine, et ce même avant la conception, ce qui peut entraîner des répercussions sur la santé reproductive des générations futures. (…)
Au vu de la chute des taux de fertilité dans le monde, vous estimez que l’Humanité est menacée. D’aucuns pourraient vous reprocher d’être alarmiste…
Je persiste : nous sommes en plein hiver démographique et si nous ne faisons rien, nous allons vers la disparition de l’être humain. Les chiffres sont là : il y a 40 millions d’infertiles dans le monde, les taux de fertilité ont chuté de façon spectaculaire partout depuis 1950 et continueront à décliner dans presque tous les pays jusqu’en 2100. Prenons l’exemple de la Corée du Sud (le pays a le plus faible taux de naissance au monde, NDLR) : dans les années 1980, elle comptait 1 million de naissances, comme la France. En 2023, le pays en a dénombré 232.000. Un ministère de la natalité a été créé et le gouvernement a augmenté ces dernières années les allocations accordées aux parents d’enfants de moins d’1 an pour booster la natalité. En France, le nombre d’enfants par femme est de 1,64, bien en dessous du seuil de renouvellement générationnel de 2,1. Il faut remettre la santé du couple en âge de procréer au cœur de nos débats, il en va de la préservation de la société française. (…)
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Le Point, 18 janvier, libre accès
Natalité en berne, risque de déclin… Tout savoir du bilan démographique de l’Insee
DÉCRYPTAGE. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, l’indicateur conjoncturel de fécondité, soit le nombre d’enfants qu’a une femme dans sa vie, n’a jamais été aussi bas en France.
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Extraits:
Jamais le nombre de naissances n’a été aussi bas dans notre pays depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2024, 663 000 bébés sont nés en France, apprend-on ce jour dans le nouveau bilan démographique de l’Insee. Ce chiffre est en baisse (- 2,2 %) par rapport à 2023, tandis que 646 000 personnes sont décédées en France en 2024, soit + 1,1 % par rapport à 2023. Ainsi, le solde naturel de la France – la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès – est « particulièrement bas cette année » estime Sylvie Le Minez, cheffe de l’unité des études démographiques et sociales de l’Insee, qui s’établit à seulement + 17 000. Une situation préoccupante, les courbes de la natalité et de la mortalité se rapprochant encore plus.
Au global, en 2024, la France compte 68,6 millions d’habitants, soit 0,25 % de plus qu’en 2023, ce qui en fait le deuxième pays le plus peuplé de l’Union européenne, derrière l’Allemagne.
Selon l’Insee, le nombre de naissances est inférieur de 21,5 % à 2010, année du dernier pic des naissances. Certes, la baisse de 2,2 % est inférieure à celle de 2023 (- 6,6 %), « mais elle reste plus forte que celle observée en moyenne chaque année entre 2010 et 2022 (‑ 1,3 %) », selon l’Insee. Comment expliquer cette baisse ? L’Insee est formel : le nombre de femmes en âge de procréer étant stable depuis 2016, « cette baisse des naissances est due au recul de la fécondité », déclare Sylvie Le Minez lors d’un point presse ce 14 janvier. Les raisons de la baisse de la fécondité sont quant à elles multifactorielles : nouvelles aspirations personnelles, professionnelles, manque d’espoir en l’avenir… (…)
Ainsi, selon les projections de l’Insee, dans un futur proche, le nombre de décès devrait dépasser la barre des 800 000 morts par an. « Si le niveau de naissance continue à se situer en dessous de 700 000, à un moment donné, le solde naturel de la France va devenir négatif. Selon nos projections, avec l’hypothèse d’une fécondité de 1,8 enfant par femme et avec le prolongement des tendances observées en matière de mortalité, l’Insee table sur un solde naturel négatif au milieu des années 2030. Et avec un indicateur conjoncturel de fécondité à 1,6 enfant par femme, ce serait en 2027 », détaille Sylvie Le Minez. (…)
Les Français faisant moins d’enfants, la population vieillit : en France, 21,8 % des habitants ont au moins 65 ans, contre 16,3 % en 2005. C’est légèrement au-dessus de la moyenne européenne (21,3 %). « Cette part augmente depuis plus de trente ans », pointe l’Insee, avec une accélération depuis le milieu des années 2010, de fait de l’arrivée à ces âges des générations du baby-boom. De surcroît, « les personnes âgées d’au moins 75 ans représentent désormais 10,7 % de la population, contre 8,0 % en 2005 ». À l’inverse, au 1er janvier 2025, 16,7 % de la population en France est âgée de moins de 15 ans.
En 2024, comme l’écrit l’Insee, l’espérance de vie à la naissance s’élève à 85,6 ans pour les femmes et à 80 ans pour les hommes. « Elle se stabilise donc à un niveau historiquement élevé », commente l’Insee. Ainsi, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les deux sexes diminue encore : il est de 5,6 ans en 2024, contre 7,1 ans en 2004. Ce phénomène de réduction de l’écart entre les sexes date du milieu des années 1990.
Le Figaro, 18 janvier, article payant
«Est-ce que vous avez eu vos règles?»: en Chine, le «forcing» nataliste des autorités face à la crise démographique
Le régime communiste presse les femmes d’enfanter, mais rencontre des résistances parmi les nouvelles générations.
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Extraits:
« Êtes-vous enceinte ? » À l’autre bout du fil, la voix inconnue ne s’embarrasse guère de préliminaires. « Non, et je ne suis même pas mariée ! », répond la jeune femme du Yunnan, qui vient de décrocher cet appel du centre communautaire de santé de Kunming. Le fonctionnaire de la métropole du sud-ouest de la Chine vérifie ses dires et ne lâche pas l’affaire. « Quand est-ce que vous avez eu vos règles la dernière fois ? » Stupéfaite, la jeune femme a posté cet échange aigre-doux sur la plateforme Xiaohongshu, l’Instagram chinois. « C’est quoi ça ? ! Vous avez reçu des appels pareils vous ? », lance-t-elle, outrée, aux internautes, le 21 octobre dernier.
La réponse est oui. À travers différentes provinces, des témoignages similaires bourgeonnent depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux. Elles témoignent du forcing nataliste des autorités, qui pressent les femmes d’enfanter alors que la Chine est confrontée à une crise démographique aiguë. « J’ai reçu deux fois ce genre d’appel. La vieille femme au bout du fil m’a exhortée de tomber enceinte dès que possible ! Six mois plus tard, elle m’a rappelée. J’étais en colère, et j’ai affirmé que j’avais eu un enfant hors mariage et avais avorté. Elle a raccroché en disant que j’étais malade », raconte en écho cette femme du Guangdong. Certains officiels encouragent à rappeler toutes les deux semaines pour suivre le cycle menstruel de leurs administrées, selon ces témoignages difficiles à authentifier sous la pression des censeurs. (…)
Mais, les oukases décrétés au sommet déclenchent souvent les réticences, voire la colère des milléniaux attachés à une autonomie individuelle tranchant avec leurs aînés, signalant un fossé générationnel grandissant dans la Chine du XXIe siècle. « Ils ont les yeux fixés sur mon ventre ! », enrage une jeune femme de Wuxi, prospère cité du Jiangsu, près de Shanghaï, harcelée par les appels des officiels.
Ce travail de sape, mené avec plus ou moins d’énergie selon les localités, cible en priorité les jeunes mariées et les mères d’un premier enfant encouragées à en avoir un deuxième, voire un troisième, comme l’autorise désormais la loi. Les comités de quartier, ces « volontaires » du Parti qui quadrillent chaque pâté de maisons des villes chinoises, sont mobilisés pour la grande cause démographique, faisant du porte-à-porte.
Réactivées depuis le Covid, ces escouades aux brassards rouges s’immiscent sans ménagement dans l’intimité des Chinoises, les pressants d’accomplir leur nouveau devoir patriotique : procréer. « Je venais d’accoucher de mon premier enfant quand le comité de quartier a frappé à ma porte pour me demander quand j’allais en avoir un deuxième ! J’étais épuisée. Ils m’ont demandé mes papiers et ceux de mes proches, quel était l’état de nos relations. Je l’ai vécu comme une violation de ma vie privée », explique au Figaro, He Qin (pseudonyme), ingénieur à Hefei, capitale de la province de l’Anhui. (…)
Il s’agit d’un virage à 180 degrés pour le régime qui a mis fin à sa draconienne « politique de l’enfant unique » en 2016, après avoir fait la chasse aux naissances avec succès pendant plus de trois décennies pour prévenir la « bombe démographique ». Entre 1979 et 2015, il était interdit d’avoir plus d’un enfant pour la plupart des Chinois, sous peine de lourdes amendes. Confronté à la chute brutale de la natalité au XXIe siècle, Pékin fait marche arrière toute, mais use des mêmes méthodes stakhanovistes pour tenter d’influencer les choix familiaux du pays longtemps le plus peuplé de la terre, désormais dépassé par l’Inde. Le taux de natalité est de 1,18 enfant par femme, en dessous de celui du Japon.
Les mêmes cadres en charge d’imposer les avortements et la contraception sont dépêchés auprès des femmes pour les encourager à enfanter, avec parfois un zèle stakhanoviste. Une stratégie jugée contre-productive dans la Chine du XXIe siècle, où les nouvelles générations sont hyperconnectées. « Les officiels en charge de la politique pro-nataliste sont les mêmes qui ont imposé la politique de l’enfant unique. Ils ont l’habitude de s’immiscer dans la vie privée des gens. Cette approche fut très efficace pour réduire le taux de fécondité mais sera contre-productive pour la stimuler. C’est aussi comique que de transformer un boucher en sage-femme ! », juge Yu Fuxian. (…)
Avant même d’être « riche », la Chine grisonne et voit sa population se rétrécir vertigineusement, semant l’inquiétude chez les stratèges rouges. En 2023, le pays toujours en voie de développement a perdu 2 millions d’habitants, avec un taux de natalité en repli continu depuis 2016 selon les statistiques officielles. Le recul démographique serait en réalité d’une ampleur bien plus sérieuse, jugent certains experts, estimant les chiffres de Pékin biaisés. L’empire du Milieu perd des habitants depuis plus d’une décennie, affirme le démographe Yu Fuxian, de l’Université de Wisconsin-Madison, et accouche d’une « société vieillissante » avant l’heure. Le Japon ou la Corée du Sud ont connu une trajectoire similaire, mais après avoir atteint un niveau de vie de pays développé, alors que la Chine bascule déjà quand son PIB par habitant est près de quatre fois plus bas que celui de la France. (…)
Pékin enregistré 520 000 naissances en plus en 2024, par rapport à l’année precedente, selon les statistiques dévoilées le 17 janvier par le bureau national des statistiques. Une embellie entrevue dans plusieurs provinces durant l’année du Dragon, jugée propice selon la tradition astrologique chinoise. ont enregistré une nouvelle chute d’1,3 million d’habitants. Ce regain s’explique également par le report de nombreux mariages durant la pandémie au profit de l’année 2023, mais elle devrait être de courte durée alors que le nombre d’unions a de nouveau plongé l’an dernier, selon Yu Fuxian. Et ne suffit pas à inverser le déclin démographique du pays qui perdu encore 1,3 millions d’habitants en 2024 selon les chiffres officiels, comptant plus de décés que de naissances. (…)
L’Express, 17 janvier, libre accès
Réforme des retraites : une monnaie d’échange qui pourrait coûter cher, par Sébastien Martin
Tribune. D’éventuels ajustements de la réforme votée en 2023 sont au coeur des discussions entre le gouvernement de François Bayrou, les partis et les partenaires sociaux. Ne bradons pas l’avenir de la France pour des arrangements à courte vue.
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Article intégral :
Notre système de retraites est au cœur d’un pacte social fragile. Fragile, car il repose sur un équilibre financier qui, au fil des années, a été grignoté par les mutations démographiques, les défis économiques et les attentes croissantes de justice sociale. Face à cette réalité, le nouveau gouvernement de François Bayrou engage des discussions portant sur une éventuelle remise en question des acquis de la réforme des retraites de 2023. Une proposition qui pénaliserait sans aucun doute l’avenir économique du pays.
Car envisager un retour en arrière ou une suspension de cette réforme reviendrait à accroître la pression sur un système déjà mis à mal par le vieillissement de la population et le ralentissement économique. C’est, à terme, alourdir la charge des actifs et remettre plus en cause encore la soutenabilité financière de notre modèle social. Loin d’être un ajustement technique, ce choix représenterait une menace directe pour notre capacité collective à garantir un marché de l’emploi attractif du fait de salaires lésés par des cotisations.
Pire encore, un tel retour en arrière apparaîtrait avant tout comme une monnaie d’échange pour obtenir l’adhésion à un projet de gouvernement plus qu’à un projet de société. Cette logique court-termiste fait fi de la réflexion profonde que mérite une question aussi fondamentale. Une réforme des retraites ne saurait être un outil de négociation politicienne ; elle doit être conduite avec rigueur, lucidité, en se basant sur des objectifs clairs et partagés : équilibre, pérennité, équité.
Alors que l’Etat subventionne plus de 75 milliards d’euros d’allègement de charges pour tenter de rendre notre marché de l’emploi attractif, notre système de protection sociale doit être réformé dans un esprit de responsabilité. Alléger le poids du financement des retraites implique d’allonger la durée de cotisation pour tenir compte de l’allongement de la durée de vie, de réfléchir à la pertinence des allègements de charges qui n’atteignent pas leurs objectifs initiaux, de promouvoir l’emploi des seniors pour renforcer la contribution des actifs et d’anticiper l’impact de la pénibilité des métiers pour rendre possible une seconde carrière.
Il est temps de réconcilier politique et intérêt général. Cela passe par un refus clair de toute réforme qui, en réalité, ne ferait qu’alourdir la dette sociale que nous laisserons à nos enfants. Notre engagement doit être d’œuvrer pour un système de retraites juste et soutenable. Cela exige une vision de long terme, libérée des arrangements à courte vue.
* Sébastien Martin est président de l’agglomération du Grand Chalon
Le Figaro, 16 janvier, article payant
Luc Ferry : «L’hostilité française au travail n’est pas comprise !»
CHRONIQUE – Les écarts entre les chiffres du départ à la retraite dans les pays d’Europe et en France sont saisissants. Or l’hostilité au travail dont témoignent ces différences n’est toujours pas comprise, ni par la droite ni par la gauche.
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Extraits :
Les écarts entre les chiffres du départ à la retraite dans les pays d’Europe et en France sont saisissants. Pour n’en donner que quatre exemples proches de nous, il est de 67 ans en Allemagne, au Danemark, en Italie et aux Pays-Bas, quand notre gauche, toujours bien inspirée, veut à tout prix revenir de 64 à 62 ans ! Or l’hostilité au travail dont témoignent ces écarts n’est toujours pas comprise, ni par la droite ni par la gauche. Pourtant, il faudra bien y répondre, car nous ne rétablirons ni les comptes publics ni nous ne relancerons l’économie sans travailler plus tant dans la semaine (il faudra passer aux 37 heures) qu’au cours de la vie (il faudra augmenter la durée de cotisation pour tous ceux qui le peuvent). Or les fausses explications pullulent.
Les écarts entre les chiffres du départ à la retraite dans les pays d’Europe et en France sont saisissants. Pour n’en donner que quatre exemples proches de nous, il est de 67 ans en Allemagne, au Danemark, en Italie et aux Pays-Bas, quand notre gauche, toujours bien inspirée, veut à tout prix revenir de 64 à 62 ans ! Or l’hostilité au travail dont témoignent ces écarts n’est toujours pas comprise, ni par la droite ni par la gauche. Pourtant, il faudra bien y répondre, car nous ne rétablirons ni les comptes publics ni nous ne relancerons l’économie sans travailler plus tant dans la semaine (il faudra passer aux 37 heures) qu’au cours de la vie (il faudra augmenter la durée de cotisation pour tous ceux qui le peuvent). Or les fausses explications pullulent.
(…) Ces deux explications, qui se rejoignent pour faire du marxisme le principe explicatif de l’hostilité au travail, à droite pour le critiquer, à gauche pour le réhabiliter, sont totalement à côté de la plaque.
À la limite nous vivons l’inverse de ce qu’elles prétendent, à savoir que c’est d’abord et avant tout la fin du communisme et l’essor victorieux du libéralisme qui ont fait en France le lit de l’hostilité au travail ! (…) D’abord, j’y reviens, ce ne sont évidemment pas les résidus du marxisme, mais au contraire l’essor du capitalisme et avec lui d’une société d’hyperconsommation et de quête permanente du plaisir qui ont rongé l’envie de travailler au profit de celle de consommer.
(…) Ensuite, et c’est le point crucial, ce sont les idéologies, ou pour mieux dire, les religions de la « deuxième vie », qui se sont effondrées chez nous au XXe siècle sous les coups de cette déconstruction : le communisme, religion de salut terrestre s’il en fut, est passé de 25 % de l’électorat à 2 %, tandis que le nombre de prêtres catholiques passait de 45.000 en 1950 à 4 500 aujourd’hui !
Or ces deux religions promettaient le bonheur dans une deuxième vie, après la révolution pour la religion de salut terrestre, après la mort pour la religion de salut céleste. Or si je n’ai plus de deuxième vie, s’il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Pré, c’est ici et maintenant qu’il s’agit d’être heureux, car si j’attends un après, je perds mon temps !
Ainsi, si j’ai un travail qui ne me plaît pas, un emploi pénible et peu gratifiant, je ne vais pas perdre ma vie pour la gagner ! De là le « big quit », la prolifération des arrêts de travail et le rejet de toute réforme des retraites ! (…)
Alors pourquoi en France plus qu’ailleurs ? Tout simplement parce que c’est chez nous, dans une France à la fois « fille de l’Église » et profondément marquée par l’histoire révolutionnaire, que l’effondrement des deux religions a eu un impact à nul autre pareil. CQFD !
Le Point, 15 janvier, article payant
Retraites : vers la fin des déficits occultés ?
ENTRETIEN. Le Premier ministre veut rouvrir le chantier des retraites en confiant une « mission flash » à la Cour des comptes. Nicolas Marques, de l’Institut Molinari, se félicite de cette démarche « innovante ».
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Extraits :
François Bayrou relance le débat sur les retraites. Lors de son discours de politique générale, prononcé le 14 janvier, le Premier ministre a annoncé vouloir « remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps bref et dans des conditions transparentes ». S’il salue la réforme portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne, il estime que « des voies de progrès » existent encore.
Pour éclairer les discussions, il demande à la Cour des comptes une « mission flash » visant à dresser un état précis du financement du système. Bayrou se dit prêt à explorer toutes les pistes, sans « aucun totem ni tabou », y compris l’âge légal de départ, mais pose une ligne rouge : garantir l’équilibre financier du régime.
Toutefois, il met en garde : si aucun consensus n’émerge, « la réforme actuelle continuerait à s’appliquer ». Une manière d’inciter les partenaires sociaux à s’engager pleinement dans cette concertation express. Le Point a interrogé Nicolas Marques de l’Institut Molinari (think tank libéral) et spécialiste de la question des retraites.
Le Point : Notre système de retraite est régulièrement pointé du doigt pour ses déficits et ses déséquilibres démographiques. Quelle est aujourd’hui sa situation financière et quelles sont les tendances à moyen terme ?
Nicolas Marques : Notre système de retraite a quatre problèmes. Dans le secteur privé, il repose quasi exclusivement sur la répartition, ce qui est devenu problématique depuis la fin du baby-boom. Il y a moins de jeunes et plus de retraités, il devient de plus en plus difficile de financer des retraites généreuses sans nuire à la compétitivité de l’économie et au pouvoir d’achat des actifs. Facteur aggravant, le régime général (CNAV) géré par la sécurité sociale n’a pas fait de réserves, ce qui lui aurait permis d’amortir la tendance démographique défavorable. Dans le secteur public, la situation est encore plus problématique. L’État ne s’est pas comporté en employeur responsable. Il finance directement ses retraites par le budget et n’a pas mis d’argent de côté, alors que ses effectifs ont doublé entre 1950 et aujourd’hui.
Bilan : ses dépenses de retraite explosent, ce qui creuse le déficit public. Enfin, l’État en France n’est pas un régulateur avisé. Il aurait dû inciter les caisses de retraite à se préparer au vieillissement. Il aurait dû pousser le régime général à se doter de réserves en imitant l’Agirc-Arrco car, sans réserves significatives, il n’y a pas de répartition solide. Il aurait dû inciter les caisses complémentaires à compléter leur répartition par une capitalisation, à l’image de la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens.
La réforme Borne visait notamment à repousser l’âge de départ à 64 ans pour réduire le déficit. Selon vous, ces mesures suffisaient-elles pour garantir la pérennité du système à long terme ?
La réforme Borne permet de desserrer marginalement les contraintes pesant sur les finances publiques, car travailler plus longtemps améliore les comptes de tous les régimes sociaux – de la retraite à la maladie – et de l’État. Mais elle ne résout en aucun cas les problèmes structurels. Il est impossible au XXIe siècle de financer des retraites généreuses en s’en tenant exclusivement à la répartition. D’ici à 2070, le pouvoir d’achat des retraités sera inférieur de 17 % à celui du Français moyen, en intégrant les enfants et les chômeurs.
Certains dénoncent une réforme socialement injuste, notamment pour les carrières longues et les travailleurs précaires. Pensez-vous que la méthode prônée par le gouvernement Bayrou permettra de répondre à ces critiques ?
La réforme Borne déplaît à certains car elle rappelle de dures réalités oubliées. Partir tôt à la retraite fragilise les retraites par répartition. C’est pourquoi lors de la généralisation de la répartition en 1945, l’âge de départ à la retraite a été fixé à 65 ans, alors que certains rêvaient d’un seuil plus précoce.
L’ordonnance du 19 octobre 1945 est très claire. Elle précise : « L’insuffisance de la natalité entraîne un vieillissement lent et progressif de la population. Or, les retraites sont supportées par les travailleurs en activité ; la fixation d’un âge trop bas de l’ouverture du droit à la retraite ferait peser sur la population active une charge insupportable. » Partit tôt à la retraite n’a jamais été compatible avec des retraites par répartition généreuses. (…)
Avant d’être nommé Premier ministre, François Bayrou défendait l’idée d’un gouffre financier plus profond que celui décrit par le Conseil d’orientation des retraites… Il a confirmé sa position devant le Parlement.
François Bayrou a eu raison de dire en 2021 qu’il fallait affronter les réalités.Selon nos calculs à l’Institut économique Molinari, le déficit des retraites représente en moyenne 2,1 % du PIB par an et représente depuis 20 ans 47 % du déficit des administrations publiques.
Le Conseil d’orientation des retraites a pris la regrettable habitude d’occulter l’essentiel du déficit des retraites. Dans son chiffrage annuel du déséquilibre, le COR ne tient pas compte des déséquilibres liés aux régimes spéciaux (SNCF, RATP, fonctionnaires d’État…). Le COR prétend que ces régimes sont « équilibrés » par les subventions de l’État qui effaceraient leur déficit.
Mais cet argument ne tient pas debout, car l’État n’est plus capable d’équilibrer son budget depuis 1980. En 2023, le budget de l’État était déficitaire de 28 %. Prétendre qu’en dépit de son déficit, l’État aurait « équilibré » ses régimes spéciaux n’est pas sérieux. (…)
Avant d’être nommé Premier ministre, François Bayrou défendait l’idée d’un gouffre financier plus profond que celui décrit par le Conseil d’orientation des retraites… Il a confirmé sa position devant le Parlement.
François Bayrou a eu raison de dire en 2021 qu’il fallait affronter les réalités.Selon nos calculs à l’Institut économique Molinari, le déficit des retraites représente en moyenne 2,1 % du PIB par an et représente depuis 20 ans 47 % du déficit des administrations publiques.
Le Conseil d’orientation des retraites a pris la regrettable habitude d’occulter l’essentiel du déficit des retraites. Dans son chiffrage annuel du déséquilibre, le COR ne tient pas compte des déséquilibres liés aux régimes spéciaux (SNCF, RATP, fonctionnaires d’État…). Le COR prétend que ces régimes sont « équilibrés » par les subventions de l’État qui effaceraient leur déficit.
Mais cet argument ne tient pas debout, car l’État n’est plus capable d’équilibrer son budget depuis 1980. En 2023, le budget de l’État était déficitaire de 28 %. Prétendre qu’en dépit de son déficit, l’État aurait « équilibré » ses régimes spéciaux n’est pas sérieux.
Le déficit des retraites pèse sur les finances publiques et pourrait nécessiter de nouveaux arbitrages budgétaires. Quels seraient les risques d’un non-équilibre à moyen et long terme ?
La réforme Borne est nécessaire mais insuffisante. Elle n’équilibre pas les retraites qui restent déficitaires d’une cinquantaine de milliards d’euros par an. Si l’on ne généralise pas la capitalisation collective en complément de la répartition dans le privé et si l’État ne provisionne pas les retraites de ses agents, nous ne rééquilibrerons jamais les finances publiques et surtout nous sacrifierons l’économie et le pouvoir d’achat des retraités.
C’est tout le paradoxe des réformes paramétriques visant à reculer l’âge de la retraite ou augmenter le nombre de trimestres travaillés. Elles sont nécessaires mais insuffisantes. Seule la généralisation de la capitalisation collective dans le privé et le provisionnement des retraites dans le public permettrait de redresser la barre.
Le Point, 15 janvier, article payant
Comment les Français sont devenus un peuple de paresseux
ENTRETIEN. Dans son dernier essai, Olivier Babeau, professeur des universités et économiste libéral, brosse le portrait préoccupant d’une société rongée par la paresse.
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Extraits :
La vidéo remplace la lecture ; la livraison à domicile, les sorties ; et les messages vocaux succèdent aux SMS. Dans un livre dont vous entendrez forcément parler, L’Ère de la flemme (éditions Buchet-Chastel), le professeur des universités, économiste libéral, essayiste et « producteur d’idées » Olivier Babeau s’intéresse à notre société dans laquelle il constate un mal nouveau : la paresse. (…)
Le Point : Vous écrivez que nous serions entrés dans une « ère de la flemme », c’est-à-dire ?
Olivier Babeau : J’observe une rupture de notre rapport plurimillénaire à l’effort. Qu’est-ce que l’effort ? C’est ce que notre « moi » de demain aurait voulu que notre « moi » d’aujourd’hui accomplisse. C’est l’énergie supplémentaire que nous choisissons de dépenser. C’est le plaisir immédiat que nous acceptons de différer, en investissant des ressources pour obtenir davantage à long terme. C’est le pas en plus que l’on pourrait ne pas faire.
Cela peut être un effort physique, qui améliore notre corps et notre santé, un effort intellectuel, qui enrichit nos connaissances, ou encore un effort relationnel, qui élargit ou renforce notre réseau. L’ère de la flemme, c’est la destruction de ce rapport intime à l’effort, qui était autrefois présent dans toutes les dimensions de notre vie.
Ce qui vous amène à dire que nous vivons une « rupture civilisationnelle »…
Nous connaissons tous la pyramide de Maslow. L’Homme doit satisfaire des besoins physiques, sans lesquels il meurt. Il a besoin d’appartenir à un groupe, sans quoi il ne peut se développer et être heureux. Et il a besoin de s’accomplir. Il y a encore deux générations, les satisfaire réclamait des efforts prodigieux. Aujourd’hui, ces trois verrous ont sauté : l’effort ne nous semble plus nécessaire pour les atteindre. Le plus frappant concerne celui de la survie. Massivement, en Occident, des hommes en âge de travailler choisissent de ne pas le faire et survivent quand même.
Il s’agit d’une véritable rupture, car notre civilisation est la concrétisation d’une somme inouïe d’efforts. J’observe au contraire aujourd’hui une grosse fatigue, quasiment de l’ordre de l’aboulie. Nous sommes las, blasés. Nous tenons ce que nous avons pour acquis. Comme dirait Johnny Hallyday, nous n’avons plus envie d’avoir envie. C’est une crise de l’Occident, qui n’a pas encore touché les pays en développement dont la soif de confort, pas complètement satisfaite, réclame d’eux de fournir encore une montagne d’efforts.
Quand et comment en serions-nous arrivés là ? (…)
Les événements de Mai 68, pour le cas de la France, illustrent cette évolution. Subvertir l’ordre établi, c’était refuser le travail, choisir la paresse ou rejeter ce qu’on attendait de vous. Ce refus devenait alors un acte de résistance, une manière d’être transgressif face aux normes, de refuser le productivisme. La paresse, qui était autrefois considérée comme le défaut ultime, a commencé à être investie d’une forme de légitimité dans ce contexte de contestation. Nous en vivons l’aboutissement.
Les progrès techniques et les technologies n’ont-ils pas également accéléré notre cheminement vers la paresse ?
Parfaitement. Nous disposons enfin, en ce XXIe siècle, des technologies qui nous dispensent réellement d’efforts, qu’ils soient physiques – grâce à la robotisation – ou intellectuels, avec la diffusion des intelligences artificielles. Et cela satisfait d’ailleurs notre cerveau. Les scientifiques l’ont prouvé : notre matière grise cherche à minimiser nos efforts dès qu’elle le peut. Jusqu’à présent, le monde était trop exigeant pour que nous puissions nous laisser aller. Plus maintenant. « Oh, flemme… » est devenue l’une des expressions favorites des jeunes. Je le constate avec mes enfants. (…)
L’éditorialiste économique Pascal Perri publiait, en 2023, Génération farniente (L’Archipel). On devine ce qui vous rassemble, mais qu’est-ce qui vous distingue ?
Je cite plusieurs fois le livre de Pascal Perri, qui a ausculté l’allergie des Français au travail, et rappelle qu’elle est peu compatible avec notre système social. Denis Olivennes publie cette année un essai dans lequel il appelle les Français à travailler plus. Les deux essayistes ont raison : on pense que nos privilèges vont être payés par le travail des autres, mais comme tout le monde pense cela, il n’y a pas assez de travail fourni et nous connaissons une cruelle spirale d’appauvrissement collectif.
Mais mon sentiment est que ce phénomène de flemme dépasse le simple cadre économique. Je le répète : il est civilisationnel. On ne rêve que d’une chose : transférer la charge des efforts à réaliser, quels qu’ils soient, sur les autres.
Iriez-vous jusqu’à dire que le goût de l’effort est devenu une valeur ringarde ?
Je dirais qu’il est devenu très aristocratique, donc peu répandu. Il y a ceux qui en fournissent encore, et les autres. L’effort crée des hiérarchies. Il sépare. C’est même pour cela qu’il n’est pas en odeur de sainteté : il heurte notre passion de l’égalité. (…)
👎 Le Monde, édito, 15 janvier, article payant
« Pour le PS, la jauge du compromis reste la réforme des retraites, sur laquelle il exige un geste “remarquable” »
L’adoption du budget est prioritaire, mais c’est la réforme des retraites, déjà votée, qui domine les discussions autour d’un pacte de non-censure. Avant d’avancer, la gauche a besoin d’obtenir réparation sur un sujet totémique qui symbolise le litige démocratique du second quinquennat d’Emmanuel Macron.
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Extraits :
Avant même d’avoir prononcé sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier, François Bayrou sait à quoi s’attendre. Le premier ministre sera d’abord jugé sur le prix de sa concession à la gauche, le terme qu’il utilisera pour qualifier l’avenir qu’il réserve à la réforme des retraites : gel, suspension, renégociation ? Au moment où le pays est désespérément à la recherche d’un budget, pris à la gorge par l’ampleur des déficits et la remontée des taux d’intérêt, il paraît assez iconoclaste de voir que le dernier psychodrame politique ne se joue pas autour du projet de loi de finances pour 2025 qui aurait déjà dû être voté depuis un mois et dont tout commande qu’il le soit rapidement.
Il se noue autour de la retraite à 64 ans, une loi qui a déjà plus d’un an et demi d’âge mais qui est si mal née qu’elle est devenue un objet politique à part entière, le symbole du litige démocratique qui affecte depuis son démarrage le second quinquennat d’Emmanuel Macron. Avant de faire un pas vers le compromis, la gauche a besoin d’obtenir réparation. (…)
A entendre les protagonistes, tout est sur la table ou presque : le nombre de suppressions d’emplois à l’éducation nationale, que la gauche entend voir revu à la baisse, le taux du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus de l’épargne (flat tax), qu’elle souhaite voir relever, et même la fiscalité sur les gros patrimoines, qui faisait jusqu’à présent figure de tabou.
Mais la jauge du compromis reste bel et bien la réforme des retraites, sur laquelle le PS exige un geste « remarquable » pour ne pas être accusé d’avoir trahi son camp. C’est « une question totémique »,a fait valoir Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat. (…)
La voie a beau être étroite, une petite marge de renégociation existe, car personne n’est franchement à l’aise avec la réforme qui a non seulement déclenché une vive contestation sociale, fait l’union syndicale contre elle, mais a mis en évidence, à l’aube du second quinquennat d’Emmanuel Macron, l’incapacité des forces politiques à fonctionner de façon satisfaisante en situation de majorité relative. (…)
La droite s’est reniée en refusant de voter la réforme, alors qu’elle avait défendu pendant toute la campagne présidentielle la retraite à 65 ans ; la gauche s’est radicalisée en contestant bille en tête l’existence d’un déficit et l’idée qu’il fallait travailler plus ; Emmanuel Macron s’est doublement abîmé en recourant au 49.3 pour faire adopter une réforme paramétrique qui était en rupture avec le « deal » initial conclu avec la CFDT de faire advenir, comme un projet de société émancipateur, un système de retraite par points.
Si une renégociation s’ouvre, ce sont les partenaires sociaux qui hériteront du dossier. Les faits sont têtus : en raison de l’évolution démographique, le système des retraites français reste profondément déséquilibré.
François Bayrou, qui se montre aujourd’hui ouvert à la discussion, est le même qui, à la tête du haut-commissariat au plan, avait tiré la sonnette d’alarme fin 2022. Il pointait un déficit masqué, les 30 milliards d’euros de subventions nécessaires chaque année aux caisses qui subissent les effets d’une démographie défavorable, celles de la fonction publique de l’Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux publics, des régimes spéciaux d’entreprises publiques et du régime des exploitants agricoles. Sera-t-il possible, aujourd’hui mieux qu’hier, de faire émerger un consensus autour de cette réalité ? Quelques mois suffiront à le dire.
Le Figaro, 14 janvier, article payant
Réforme des retraites : le nombre de chômeurs de plus de 62 ans inscrits à France Travail a-t-il augmenté de 50% ?
LA VÉRIFICATION – «Le nombre de chômeurs de plus de 62 ans a augmenté de plus de 50% depuis la mise en place» de la réforme de 2023, a cinglé la secrétaire générale de la CGT, ce lundi.
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Extraits :
Alerte rouge sur l’emploi des seniors ? Au micro de France Info ce lundi matin, la secrétaire générale de la CGT a tiré la sonnette d’alarme sur le taux de chômage des «plus de 62 ans». Alors que des voix s’élèvent, à gauche, pour réclamer a minima la suspension de la réforme des retraites mise en place dans la douleur en 2023, Sophie Binet a fustigé des effets pervers de ce texte qui a notamment décalé l’âge légal à 64 ans. (…)
Qu’en est-il vraiment ? (…)
En résumé, la formulation de Sophie Binet est inexacte. L’augmentation de 50% avancée ce lundi ne concerne que les personnes de 62 ans qui auraient pu prendre leur retraite cette année avant la promulgation de la réforme en septembre 2023. Pour les personnes âgées de «plus de 62 ans», cette augmentation est de 14%, selon les chiffres de la Dares. Mais ces effets statistiques ne doivent pas faire perdre de vue l’augmentation du nombre de seniors de plus de 60 ans en activité et les changements profonds du marché du travail, sur lequel les effets de la réforme de 2023 ne seront mesurables que d’ici deux à trois ans.
Le Figaro, 13 janvier, article payant
Luc Ferry : «Dénatalité, pourquoi c’est grave»
CHRONIQUE – La baisse de natalité, qui réjouit les écologistes, est en réalité une très mauvaise nouvelle pour l’Europe et en particulier pour la France. D’un point de vue aussi bien économique que militaire et civilisationnel.
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Extraits :
La natalité n’est pas à la fête, c’est le moins qu’on puisse dire. Selon les chiffres de l’Insee, 678.000 bébés sont nés en France dans l’année 2023. C’est 7 % de moins que l’année précédente et près de 20 % de moins qu’en 2010. En 2021, la France, pendant longtemps pays nataliste par excellence avec la République tchèque et la Roumanie, rejoindra bientôt le taux moyen de l’UE qui est d’environ 1,5 enfant par femme, une baisse de la natalité qui s’observe, hélas, de manière assez semblable dans tous les pays de la zone euro, ce qui signifie que toute l’Europe s’engage vers ce que les démographes n’hésitent plus à appeler la « dépopulation ».
Le phénomène va du reste bien au-delà de la seule Europe puisqu’il touche aussi certains pays d’Asie du Sud-Est ou encore le Mexique – mais évidemment moins, voire pas du tout, l’Afrique ni le monde arabo-musulman au sein desquels certains commencent à croire volontiers en (…)
Alors pourquoi n’est-ce pas une bonne nouvelle pour un pays comme la France et, au-delà, d’elle, pour la civilisation européenne ? Pour trois raisons au moins.
D’abord parce que sur le plan économique, si on se place d’un point de vue un tant soit peu keynésien, la diminution de la demande intérieure n’est jamais une bonne nouvelle. Ensuite parce que d’un point de vue à la fois militaire et civilisationnel, la baisse démographique nous affaiblit face au reste du monde. Enfin parce que pour compenser cette baisse, la tentation naturelle des entreprises des secteurs dits « en tension » est de faire appel à l’immigration légale… ou illégale s’il le faut. (…)
S’imaginer qu’on va pouvoir « booster » la natalité en augmentant les allocations familiales est une idée d’un autre temps, celui où le petit dernier venait payer la 4CV ou la machine à laver. L’argent compte, bien sûr, mais ce sont d’abord et avant tout les conditions d’accueil dans les crèches puis dans les écoles qu’il faudra améliorer si l’on veut au moins ralentir la chute.
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/luc-ferry-denatalite-pourquoi-c-est-grave-20250103
Le Figaro, 13 janvier, libre accès
France : la natalité devrait encore baisser en 2024, vers un nouveau plus bas historique
Dans l’Hexagone, le nombre de naissances a diminué chaque année depuis 2011, à l’exception de celle de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19.
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Extraits :
Entre janvier et novembre 2024, le nombre de naissances a reculé de 2,8% en France par rapport à la même période l’année précédente et pourrait ainsi atteindre un nouveau plus bas historique sur l’ensemble de l’année, selon des statistiques de l’Insee publiées ce mardi 7 janvier.
Bas du formulaire
On compte ainsi 15.758 naissances de moins sur cette période par rapport à 2023, portant le nombre de nouveaux-nés sur les onze premiers mois 2024 à 606.591, précise l’Institut national de la statistique. Sur l’ensemble de 2024, le nombre de naissances devrait atteindre un nouveau plus bas historique, après un décrochage important en 2023.
Ce nouveau recul s’inscrit dans une tendance de plus long terme. En France, le nombre de naissances a diminué chaque année depuis 2011, à l’exception de celle de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19.
Cette tendance à la baisse des naissances s’explique en partie par la diminution du nombre de femmes de 20 à 40 ans (en âge de procréer) et surtout par la baisse du taux de fécondité (nombre d’enfants par femme) qui s’est établi à 1,68 enfant par femme en 2023, contre 1,79 en 2022.
En 2023, 678.000 bébés sont nés en France, un nombre en recul de 6,6% par rapport à 2022. Il s’agissait du nombre de naissances annuel le plus faible depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Sur le seul mois de novembre 2024, 53.369 bébés ont vu le jour, soit 5,4% de moins qu’un an plus tôt. Il s’agit du 29e mois consécutif de recul, lorsqu’on compare mois par mois à la même période de l’année précédente, précise l’Insee.
La baisse des naissances sur onze mois entre 2023 et 2024 (-2,8%) s’observe dans toutes les régions françaises. La baisse est plus marquée dans les départements d’outre-mer (?11,5%), précise l’Insee.
Le Point, 26 décembre, article payant
Boomers contre zoomers : quand le fossé générationnel menace l’avenir du monde
Tensions économiques, domination des vieux et désillusion des jeunes : le conflit entre générations redessine nos sociétés. Qui portera le poids du futur ?
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Extraits:
Tout est parfaitement en place pour un conflit générationnel. Les dirigeants vieillissants qui s’agrippent au pouvoir laisseront les jeunes générations se débrouiller avec une dette quasiment insondable de 91 000 milliards de dollars. Ce fardeau oblige les gouvernements à imposer davantage de taxes, à réduire les services et à se colleter à des taux d’intérêt qui grimpent. Les jeunes commencent à s’agiter, même sous les régimes autoritaires. En Occident, moins de 10 % des Américains de moins de 30 ans pensent que leur pays va dans la bonne direction.
Dans les pays comme les États-Unis, la Chine, le Japon et ceux de l’UE, qui occupent le devant de la scène, le fossé ne cesse de se creuser entre les cohortes démographiques en train de refaçonner les normes politiques, culturelles et sociales. Ce glissement est dû à des changements démographiques et économiques sans précédent. Si, pendant des dizaines d’années, les populations ont grossi et les richesses aussi, de nombreux pays sont aujourd’hui confrontés à une croissance démographique nulle ou négative ainsi qu’à une réduction des classes moyennes.
La génération des baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) continue d’exercer un pouvoir économique et politique disproportionné. La conséquence est que les cohortes plus jeunes éprouvent de grandes difficultés dans un monde aux opportunités de plus en plus limitées. Une population vieillissante nécessite une génération vigoureuse qui travaille pour financer les systèmes de sécurité sociale et soutenir les retraites. Or les milléniaux (nés entre 1981 et 1996) et les enfants de la génération Z sont bien moins financièrement nantis que leurs parents ne l’étaient au même âge.
Comparés aux générations précédentes, les milléniaux et ceux que l’on appelle les zoomers (nés après 1997) sont bien moins susceptibles de devenir propriétaires ou d’accumuler des actifs. (…)
L’accès à la propriété a été un facteur clé de l’enrichissement des baby-boomers. Aux États-Unis, ils possèdent la moitié des 32 000 milliards de dollars de patrimoine immobilier du pays. Malgré des taux d’intérêt élevés et une économie médiocre, les prix de l’immobilier n’ont jamais été aussi élevés et interdisent aux plus jeunes l’accès au marché. (…)
Malgré leur patrimoine, les baby-boomers manifestent peu de velléités de se sacrifier pour les générations futures. Les programmes de politique sociale, les pensions et les systèmes de retraite restent intouchables, alors même que les jeunes gens sont confrontés à une augmentation des taxes et à une réduction des prestations. Aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe, les baby-boomers forment la colonne vertébrale des mouvements politiques conservateurs. (…)
La domination des baby-boomers est renforcée par leur forte participation électorale, qui dépasse de loin celle des plus jeunes générations. (…)
Globalement, les jeunes générations croient de moins en moins à la démocratie et au capitalisme. Seuls 40 % des jeunes adultes voient le capitalisme sous un jour positif, tandis que le soutien à la démocratie parmi les milléniaux et les zoomers est en déclin. Les inégalités économiques et la défiance des institutions alimentent des demandes de changement, sans que de vraies solutions se dessinent.
Pour remédier à ces problèmes, les générations les plus âgées doivent accorder la priorité aux politiques qui donnent davantage d’opportunités aux jeunes. Cela implique de prendre le problème de l’accessibilité à la propriété à bras-le-corps, de réformer les systèmes éducatifs et de favoriser la croissance économique. Le problème est que ces efforts sont entravés par des intérêts bien ancrés. Les politiques climatiques, essentielles, donnent parfois la priorité aux objectifs à long terme aux dépens de la croissance économique immédiate, ce qui exacerbe les tensions avec les jeunes générations.
Faute de réformes d’envergure, les fossés entre les générations vont continuer à se creuser et à alimenter la colère et l’éloignement. Les cohortes les plus jeunes risquent de se tourner toujours plus vers des politiques radicales ou clivantes et ainsi contribuer à accentuer la polarisation de la société. Le nationalisme pompeux de dirigeants vieillissants ne fait guère miroiter un avenir meilleur. Le véritable progrès nécessite des sacrifices partagés et l’engagement de créer des opportunités pour les générations futures.
*Joel Kotkin est chargé de recherche en prospective urbaine à l’université Chapman et directeur exécutif de l’Urban Reform Institute, basé à Houston. Son dernier livre, « The Coming of Neo-feudalism : A Warning to the Global Middle Class », est disponible chez Encounter.
Der Spiegel, 24 décembre, article payant
Fehlanreize im RentensystemWirtschaftsweise Schnitzer plädiert für schnelle Abschaffung der Rente mit 63
Wie finanziert eine alternde Gesellschaft ihr Rentensystem? So wie es aktuell gemacht wird, jedenfalls nicht, sagt die Chefin der Wirtschaftsweisen. Und warnt ausdrücklich vor den Rentenplänen der SPD.
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Extraits:
Immer mehr Menschen beziehen Rente. Immer weniger Arbeitnehmer zahlen Beiträge. Eine Reform des deutschen Rentensystems ist unumgänglich. Nur an welchen Stellschrauben soll die Politik drehen? Rentenniveau senken? Beiträge erhöhen? Länger arbeiten?
Die Chefin der Wirtschaftsweisen, Monika Schnitzer, hat sich bei diesem heiklen Thema wiederholt mit deutlichen Aussagen zu Wort gemeldet. Nun hat sie ihre Forderung, das Rentenalter zu erhöhen und die Rente mit 63 abzuschaffen, bekräftigt. »Deutschland sollte das Rentenalter regelgebunden erhöhen – zwei Drittel der zusätzlichen Lebenszeit gehen in Arbeit und ein Drittel in Ruhestand. Die neue Regierung sollte die abschlagsfreie Rente nach 45 Beitragsjahren (Rente mit 63) abschaffen«, sagte Schnitzer der »Rheinischen Post« vom Dienstag laut Vorabbericht. Sie helfe den Falschen. »Stark belastete Arbeitnehmer wie Dachdecker oder Krankenschwestern erreichen oft gar keine 45 Beitragsjahre.«
Zudem warnte Monika Schnitzer ausdrücklich vor den Rentenplänen der SPD. »Die SPD betont immer, sie wolle die Renten stabil halten. Tatsächlich will sie aber den Rentenanstieg stabil halten. Das aber ist in einer alternden Gesellschaft nicht zu bezahlen. Der Rentenbeitrag wird dann von jetzt 18,6 Prozent auf über 21 Prozent im Jahr 2035 und auf über 26 Prozent im Jahr 2060 steigen.«
Die Münchner Ökonomin mahnt: »Schon jetzt liegen die Sozialbeiträge insgesamt bei 41 Prozent, sie müssen runter.«
Schnitzer warnt mit Blick auf die Rente vor einer Großen Koalition: Die CDU »ist in der Rentenpolitik genauso mutlos wie die SPD. Wenn es zu einer neuen Großen Koalition käme, wird bei der Rente nichts passieren. Dabei wäre eine Rentenreform so nötig.«
Die Chefin der Wirtschaftsweisen schlägt stattdessen eine Deckelung des Rentenanstiegs vor: »Eine Möglichkeit wäre, die Erhöhung der Rente an die Inflation zu binden. Dann bleiben die realen Renten stabil.«
Le Point, 23 décembre, article payant
Le Japon, ce pays où les séniors se lèvent pour aller travailler
ENQUÊTE. Bien des Japonais refusent de prendre leur retraite, une décision motivée par le vieillissement de la population, véritable bombe économique à retardement.
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Extraits:
(…) Toujours plus de personnes âgées (population, en million d’habitants/part des 65 ans et plus)
2023 : 124,35/29 % ; 2030 : 120,12/30 % ; 2035 : 116,64 / 32 %
Source : gouvernement japonais, Persol Research and Consulting.
Cet intime de l’ex-directeur de la BCE Jean-Claude Trichet est loin d’être une exception. Au pays du Soleil-Levant, personne ne pose le sac avant d’avoir les cheveux bien blancs. Pour les personnes âgées de 65 à 69 ans, le taux d’emploi est de 52 %, de 34 % pour celles de 70 à 74 ans et de 11,4 % pour les 75 ans ou plus. Un record mondial ! Chaque année, le cabinet de conseil Persol Research and Consulting sonde un échantillon de 10 000 salariés nippons.
À la question « Souhaitez-vous poursuivre au-delà de 70 ans ? », près des trois quarts ont répondu « oui » en 2024. Et, quand les sondeurs leur ont demandé d’en lister les raisons, 57,8 % d’entre eux ont d’abord rétorqué : « Pour rester en bonne santé. » Car, dans le pays où l’espérance de vie est la plus élevée de l’OCDE, on estime que le secret de la longévité est… le labeur. Question d’état d’esprit, et pas que chez les cols blancs. (…)
C’est aussi une façon de mettre du beurre dans les épinards. Dans la contrée des cerisiers en fleur, les pensions de retraite, que l’on peut toucher à taux plein à partir de 65 ans, sont souvent réduites à portion congrue. « La mienne est de seulement 120 000 yens par mois [756 euros, NDLR] », témoigne Yoshio Kono, qui, à 80 ans passés, continue de fabriquer à la main des tatamis traditionnels dans son échoppe du district résidentiel de Shinagawa, à Tokyo. (…)
L’archipel, où le pic de population a été atteint il y a vingt-sept ans, accuse un vieillissement accéléré. Étant donné que le taux de chômage, 2,5 %, est déjà au plancher, il ne reste que quatre leviers à la disposition des pouvoirs publics pour que les sites, notamment industriels, puissent continuer à tourner.
Solliciter davantage les femmes : 54,9 % d’entre elles participent au marché du travail contre 71,5 % des hommes selon la Banque mondiale. Faire appel à l’immigration. Développer la robotisation. Et convaincre les 65 ans, c’est-à-dire 29 % des 123 millions d’habitants, de lever le pied le plus tard possible. C’est cette dernière option que les autorités ont choisi d’actionner en priorité. Elles viennent d’ailleurs de fixer l’objectif que, d’ici à 2029, 40 % des entreprises japonaises embauchent des personnes de 70 ans et plus.
Chauffeurs, livreurs, concierges… Les Occidentaux de passage ne peuvent qu’être frappés par ces millions de têtes chenues qui occupent des petits boulots à Tokyo. « Quand je prends un taxi, le chauffeur a presque toujours au moins 70 ans », s’étonne Vincent Mortier, le directeur des gestions d’Amundi et président de la filiale nipponne de ce champion français de la gestion d’actifs.
« C’est d’ailleurs une incroyable performance de ce pays : il est parvenu à augmenter sa richesse par travailleur de manière importante pour compenser la baisse de richesse par habitant résultant mécaniquement de son vieillissement. (…)
Alors, les entreprises ont trouvé la parade : le réemploi. « De nombreuses sociétés limogent leurs salariés à 60 ans pour les réembaucher juste après, explique Hiroshi Ono, professeur à la Business School de l’université Hitotsubashi. Si ces derniers veulent rester, ils doivent signer un contrat plus précaire, accepter un poste inférieur et une baisse de salaire allant jusqu’à – 30 %. » Les trois quarts des DRH que ce spécialiste a interrogés pour une récente étude disent recourir à ce stratagème. La plupart des collaborateurs acceptent et restent cinq à dix ans supplémentaires. Ensuite, ils doivent partir. (…)
À Tokyo, personne ne manifeste pour travailler moins. Au contraire ! La gouverneure de la ville, Yuriko Koike, s’active pour maximiser l’emploi des aînés. (…)
L’autre levier, ce serait de recourir à l’immigration. Jusqu’à peu, le pays du Soleil-Levant, resté longtemps replié sur lui-même, ne voulait pas en entendre parler. Les choses évoluent. Au dernier pointage, il comptait environ 3 millions d’étrangers, soit 2,4 % de la population. (…)
L’ultime solution reste la robotisation. Selon McKinsey, un quart des emplois actuels au Japon pourraient être automatisés d’ici à 2030, l’un des taux les plus élevés au monde. C’est qu’il va falloir faire feu de tout bois ! « Notre archipel va passer de 124 millions à 116 millions d’habitants d’ici à 2035, pronostique Motoki Tamura, économiste chez Persol Research and Consulting. Les plus de 65 ans représenteront alors 32 % de la population. Or, comme ces derniers ne travaillent en moyenne que vingt heures par semaine au lieu de quarante heures pour les autres, le nombre d’heures effectuées chaque année par personne va chuter de 1850 à 1687. Sans appel à l’immigration et à la robotisation, il manquera 6,44 millions de travailleurs. »
Notre Hexagone devrait-il tirer des leçons de cette expérience asiatique ? « Oui ! répond sans hésiter le Pr Hiroshi Ono, de l’université Hitotsubashi. En France, vous avez des grèves à répétition avec des manifestants qui renversent des voitures dans les rues. Au Japon, ce serait inimaginable ! On dirait que les Français s’imaginent qu’ils ont un droit sacré à la retraite. Et pourtant, compte tenu du vieillissement de votre population qui sera bientôt comparable au nôtre, vous n’allez pas avoir d’autre choix que de repousser l’âge de la retraite et faire travailler davantage vos seniors, comme nous. » À bon entendeur.
Le Figaro, 23 décembre, article payant
2024, nouvelle annus horribilis pour les naissances en France
DÉCRYPTAGE – Pour la seconde année consécutive, le nombre de nouveau-nés a fortement baissé, une tendance qui risque fort de s’accentuer avec la crise politique et économique.
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Extraits:
Emmanuel Macron avait voulu décréter un «réarmement démographique»(sic) lors de sa conférence de presse du 16 janvier et l’expression en avait offusqué plus d’une, chez les féministes et à gauche en particulier. Le président de la République réagissait alors au bilan catastrophique dressé le jour même par l’Insee, constatant une chute de 6,6% des naissances l’an dernier. À peine 678.803 nouveau-nés ont vu le jour en 2023, dont 639.503 dans la «France métropolitaine» une définition territoriale stable et commode pour les comparaisons historiques, la France elle-même étant un pays à géométrie variable.
Jamais, depuis 1901, l’Hexagone n’a en tout cas connu aussi peu de nouveau-nés, selon l’Institut national de la statistique comptable de la démographie française, à l’exception de deux périodes de sinistre mémoire. Durant la Première Guerre mondiale, les naissances s’étaient brutalement effondrées de moitié, tombant à 384.676 en 1916. Et la décennie 1935-1945 fut une période de grande dénatalité, avant et pendant le second conflit mondial, où le nombre de naissance a été inférieur à 600.000 par an. (…)
Une certitude en tout cas : jusqu’à la fin de la décennie 2010 la France avait résisté à la dénatalité qui frappait la quasi-totalité de l’Union européenne, mais cette «exception française» tend à se réduire. La baisse historique du taux de fécondité – nombre d’enfants par femme en âge de procréer – qui est tombé à 1,68 en 2023, niveau sans précédent depuis la fin de la Première Guerre mondiale, selon l’Ined et cela nous rapproche progressivement de la moyenne européenne de 1,46. Le changement est radical, alors que l’Hexagone affichait encore en 2011 un «indice conjoncturel de fécondité» de 2,01, assurant le renouvellement de sa population et nous plaçant très au-dessus de la moyenne de l’Union européenne (1,54).
Si le constat statistique paraît imparable, il est plus difficile d’en démêler les causes, à l’évidence multiples. (…)
«L’ambition présidentielle du réarmement démographique restera lettre morte tant que les Français ne pourront pas se loger», dénonçait au printemps dernier dans les colonnes du Figaro David Lisnard, maire de Cannes et président de l’Association des maires de France. Plus encore que l’envolée de la dette publique à hauteur de 1000 milliards d’euros qui lui est tant reprochée, Emmanuel Macron restera-t-il dans les mémoires pour avoir vidé les berceaux ?
Neue Zürcher Zeitung, 17 décembre, article payant
Kinder-Kriegen als patriotische Pflicht – und trotzdem steckt die italienische «famiglia» tief in der Krise
Wenn es um die Demografie geht, sind sich der Papst und Giorgia Meloni einig: Der Trend muss gestoppt werden. Doch die Regierung setzt auf eine konservative Gesellschaftspolitik, in der alternative Modelle einen schweren Stand haben.
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Extraits:
(…) die Familie, deren Urbild die Heilige Familie der Weihnachtsgeschichte ist, steckt in einer tiefen Krise. Der Statistiker Roberto Volpi, Autor beachteter Bücher über die demografische Entwicklung Italiens, sagt: «Wir stehen davor, eine Gesellschaft ohne Familien zu werden.» Gemeint ist die traditionelle Familie: Vater, Mutter mit einem oder mehreren Kindern. Volpi hat errechnet, dass im Jahr 2040 in Italien nur noch 24 Prozent aller Haushalte aus Familien mit Kindern bestehen werden. 39 Prozent werden dannzumal Einpersonenhaushalte sein. Die Zahl der Haushalte mit Paaren ohne Kinder wird bei 22 Prozent liegen, während Haushalte bestehend aus einem Elternteil mit Kindern und andere Familienformen die restlichen 15 Prozent bilden.
«Die italienische Familie versinkt in demografischen Abgründen, aus denen sie nicht wieder herauskommt», sagt Volpi. Wohl gebe es vergleichbare Entwicklungen auch in anderen westlichen Gesellschaften, aber nirgendwo sei das Problem so gravierend wie in Italien. Auch bei den Geburtenraten liegt das Land am Ende der Rangliste. «Die letzten Italiener», lautet der traurige Titel eines der erfolgreichsten Bücher von Volpi.
Für eine Gesellschaft, in welcher der Mythos Familie eine so grosse Rolle spielt wie kaum anderswo in Europa, sind das geradezu furchterregende Szenarien. Italien ist durch und durch geprägt von Familiengeschichte(n): Sie reichen von der Sippe am langen Esstisch bis zum Sitzungstisch in der familieneigenen Firma; vom Muttersöhnchen bis zu seinen ihn hysterisch liebenden Eltern, von der Nonna in der Küche, die ihrer Enkelin kulinarische Geheimnisse weitergibt, vom gefallenen Sohn bis zum Clan – Familienbande gehen über alles. (…)
«Die italienische Familie ist eine Festung in einem feindlichen Land. Innerhalb ihrer Mauern und in der Gemeinschaft findet der Einzelne Trost, Hilfe, Rat, Fürsorge, Kredite, Waffen, Verbündete und Komplizen, die ihm in seinen Unterfangen zur Seite stehen. Kein Italiener, der eine Familie hat, ist jemals allein.» Besser als der Journalist Luigi Barzini kann man es kaum formulieren. Barzini gehörte in den Nachkriegsjahren zu den aufmerksamsten Beobachtern des Landes und seiner Sitten und Gepflogenheiten und landete 1964 mit seinem Buch «The Italians» in den Vereinigten Staaten einen Bestseller. Als er seine Befunde niederschrieb, war von der Krise der Familie noch weit und breit nichts zu sehen.
Inzwischen hat sich die Situation geändert. Und die Politik, so scheint es, hat das Problem erkannt. (…)
Italien tut sich schwer, sich von traditionellen Vorstellungen des Zusammenlebens zu lösen. Nach wie vor fühlt sich ein beachtlicher Teil der Bevölkerung einem Familienbild verpflichtet, wie es in den Weihnachtskrippen dieser Tage zur Schau gestellt wird: Vater, Mutter, Kind.
L’Express, 13 décembre, libre accès
“Revenir sur la réforme des retraites serait irresponsable” : l’appel d’universitaires économistes
Tribune. Le système de retraite actuel est profondément inégalitaire, en plus de ne pas être viable. Il faut non seulement augmenter la durée d’activité, mais aussi instaurer un régime unique et mieux répartir les efforts entre générations.
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Extraits:
Comment appauvrir la population tout en exacerbant les inégalités intra et intergénérationnelles ? C’est l’exploit qu’est en passe de réaliser le système de retraite français. Derrière son apparente solidarité intergénérationnelle se cache une réalité plus sombre, où se conjuguent pauvreté et inégalités.
Le système de retraite français repose sur un modèle par répartition, dans lequel les cotisations des actifs financent directement les pensions des retraités. Chaque mois, environ un quart du salaire brut des actifs est prélevé et redistribué aux retraités. Le rendement de ce système, conditionné par son équilibre financier, dépend de la croissance démographique (ratio actifs/retraités) et économique (productivité). Selon une étude récente du Conseil d’orientation des retraites (COR), le rendement réel du système pour les générations partant actuellement à la retraite est inférieur à 1%. À titre de comparaison, une étude de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF) indique que les actions ont offert un rendement réel annuel moyen de 10,4% au cours des 40 dernières années. Ainsi, un Français investissant 500 € par mois en boursependant 40 ans aurait pu accumuler un capital de plus de 3 millions d’euros (en euros constants). Au lieu de cela, le système de retraite lui versera moins de 300 000 euros. En obligeant les travailleurs à contribuer à un système peu rentable, la France entretient donc la pauvreté.
Outre son maigre rendement, ce système est aussi un puissant générateur d’inégalités au sein d’une même génération. En effet, si les cadres ont la possibilité de compléter leur retraite en investissant une partie de leurs revenus dans des actifs plus performants, la majeure partie du revenu disponible des ouvriers est prélevée et investie dans un système peu rentable. Par ailleurs, l’existence de régimes spéciaux, souvent plus avantageux que le régime général, accentue ces disparités. Pour certains de ces régimes, les cotisations ne couvrent qu’un tiers des pensions versées ; le reste est financé par des subventions d’équilibre, c’est-à-dire par l’ensemble des contribuables. Bien que certains régimes spéciaux soient appelés à disparaître d’ici 2025, du moins pour les nouveaux entrants, le régime des fonctionnaires – auquel plusieurs auteurs de cette tribune sont affiliés – est maintenu, malgré un déficit de plus de 50 milliards d’euros en 2023, également pris en charge par les contribuables.
Enfin, ce système engendre de profondes inégalités entre générations. Selon le COR, le taux de rendement interne du système, qui dépassait 2 % pour les générations du baby-boom, tombe à moins de 0,5 % pour celles nées après 1980. Cette baisse de rendement s’explique par les nombreuses réformes mises en œuvre depuis 30 ans pour tenter de préserver l’équilibre financier du système. Le niveau de vie moyen des retraités, comparé à celui de l’ensemble de la population, a fortement augmenté entre 1970 et 2015 (+50%), mais est appelé à diminuer pour les générations futures (-20% à horizon 2050). Les baby-boomers vont donc réussir l’exploit d’avoir un niveau de vie relatif plus élevé que celui de leurs parents, mais aussi plus élevé que celui de leurs enfants et leurs petits-enfants.
Depuis 2017, la dette française a augmenté de près de 1 000 milliards d’euros, dont la moitié est imputable aux retraites. En moyenne, les cotisations perçues ne couvrent que deux tiers des prestations versées. Revenir sur la réforme des retraites de 2023, ou celle de 2014, serait irresponsable. Pour assurer la viabilité du système de retraite, rétablir l’équité intergénérationnelle et éviter de léguer une dette insoutenable à nos enfants, il est essentiel : 1) d’allonger la durée d’activité ; 2) d’encourager le développement de la retraite par capitalisation ; 3) d’instaurer un régime unique de retraite ; 4) de mieux répartir l’effort entre les générations. Cela inclut la suppression de l’abattement forfaitaire de 10 % pour frais professionnels dont bénéficient les retraités actuels et le gel des pensions au-delà des six mois actuellement envisagés.
* Julien Albertini, maître de conférences, Université Lumière Lyon 2. Guillaume Bazot, maître de conférences, Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis. Xavier Fairise, professeur d’économie, Le Mans Université. Arthur Poirier, maître de conférences, Université Paris Dauphine-PSL. Anthony Terriau, professeur d’économie, Le Mans Université.
Statista, 6 décembre, article payant
What Is the Healthy Life Expectancy After Retirement?
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Extraits:
How many years can we expect to enjoy our retirement in good health? According to calculations by Statista, Europeans could expect to have around 12 healthy years after their retirement, as of 2022 (EU-27: 11.7 years), with the average effective age of exit from the labour market 63.
Pensioners living in Norway, Slovenia and Luxembourg are estimated to have 15 to 16 healthy years after retirement, while the Maltese, Belgians, French and Swedes were also above the European average (14 to 15 years). Indicators such as the average exit age from the labor market also influence the number of expected “good years” after retirement. For example, Luxembourg and Slovenia have the lowest effective average exit age from the labour market (around 60).
Those living in the Baltic States, Portugal and Romania are at the other end of the spectrum, with a healthy life expectancy of less than 10 years. It drops to under seven years in Estonia and five years in Romania. These national averages are the result of a combination of a late average retirement age (65 or over) and poor health indicators within the population.
It is important to note that these are averages across countries, and that durations vary according to occupational categories and standards of living.
Les Echos, 4 décembre, article payant
Retraites : l’âge moyen de départ devrait être décalé de six mois avec la dernière réforme
L’âge moyen de départ à la retraite a progressé de deux ans et deux mois depuis 2010 et devrait encore progresser de six mois à la suite de la réforme des retraites de 2023, selon une étude. La pension des femmes est inférieure de 38 % à celle des hommes.
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Extraits:
Soixante-deux ans et huit mois, c’était l’âge moyen de départ à la retraite fin 2022, selon la dernière édition du panorama des retraites, publié ce mercredi par la Drees. Cet âge moyen de départ a progressé de deux ans et deux mois depuis 2010 et devrait encore progresser de six mois à la suite de la réforme des retraites de 2023 , selon la direction statistique des ministères sociaux.
Cette progression de deux ans et deux mois s’explique « principalement » par « les relèvements des âges légaux issus de la réforme de la retraite de 2010 », rappelle la Drees. Cette réforme avait repoussé à 62 ans l’âge légal de départ à la retraite, contre 60 ans jusqu’alors.
Pour l’avenir, la Drees prévoit que la réforme de 2023 – qui a repoussé de nouveau l’âge légal à 64 ans – aura un effet moins important que celle de 2010, avec un report de six mois de l’âge moyen, a-t-elle indiqué lors d’une réunion de présentation du panorama, organisée par l’Association des journalistes de l’information sociale. En effet, explique-t-elle, la réforme de 2023 a laissé inchangé l’âge de départ sans décote, à 67 ans, à la différence de la réforme de 2010 qui l’avait augmenté de 65 à 67 ans. Par ailleurs, elle n’a pas modifié l’âge de départ des bénéficiaires de pensions d’invalidité, qui reste à 62 ans. (…) https://www.lesechos.fr/economie-france/social/retraites-lage-moyen-de-depart-devrait-etre-decale-de-six-mois-avec-la-derniere-reforme-2128689#:~:text=En%20effet%2C%20explique%2Dt%2D,qui%20reste%20%C3%A0%2062%20ans
Der Spiegel, Opinion, 3 décembre, article payant
Wir werden länger arbeiten müssen – und das ist eine gute Nachricht
Das Renteneintrittsalter ist der Endgegner der Wahlkämpfer. Selbst CDU-Kandidat Friedrich Merz rückt von der Forderung seiner Partei ab, es weiter zu erhöhen. Dabei führt kein Weg daran vorbei.
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Extraits:
(…) Auch die Altersgrenze von 67 Jahren, die ab 2031 gelten wird, wird nicht ausreichen, um unser Rentensystem auf Dauer in einem finanziellen Gleichgewicht zu halten. Warum das so ist, zeigt eine Grafik eindrücklich, die die Entwicklung des sogenannten Altenquotienten von 2000 bis 2080 zeigt. Gemeint ist mit dem Altenquotienten, wie viele Menschen im Alter von 65 Jahren und darüber jeweils auf 100 Menschen im Alter von 20 bis 64 Jahren kommen.
Entscheidend ist (…), dass die demografische Entwicklung – also die Tatsache, dass die Gesellschaft zunehmend älter wird – zwei Ursachen hat:
- Wir haben seit Langem zu wenig Kinder: Wenn eine Gesellschaft eine stabile Altersstruktur erhalten will, muss die sogenannte Geburtenrate konstant bei 2,1 Kindern pro Frau liegen. In Deutschland liegt sie aber bereits seit mehr als fünf Jahrzehnten darunter, seit 1973 überschritt sie nie mehr die Marke von 1,6 und fiel zwischenzeitlich sogar unter 1,3.
- Wir werden älter: Ein Kind, das jetzt geboren wird, kann erwarten, dass es rund zehn Jahre länger leben wird als ein Kind, das Anfang der Siebzigerjahre in Westdeutschland geboren wurde.
In der Debatte über eine stabile Rente wird häufig ausschließlich der erste Faktor thematisiert, also die fehlenden Kinder: Jedes Jahr gehen Hunderttausende Ältere mehr in den Ruhestand, als Junge neu in den Arbeitsmarkt eintreten und Beiträge einzahlen. Das kann man ausgleichen, wenn man die Zahl der Beitragszahler erhöht – indem mehr Frauen und über Sechzigjährige arbeiten als früher üblich oder indem Arbeitskräfte aus dem Ausland zuwandern. Exakt diese Trends sorgten dafür, dass über die vergangenen gut 20 Jahre zwar der Altenquotient stark stieg, das Verhältnis von Beitragszahlern und Rentenbeziehern aber dennoch gleich blieb. Das meint die SPD, wenn sie argumentiert, für eine stabile Rente sei der Arbeitsmarkt entscheidend.
Vergessen wird jedoch meist, wie stark der zweite Effekt wirkt, die steigende Lebenserwartung. (…)
Wenn sich am Eintrittsalter nichts ändert, bedeutet das für die Rentnerinnen und Rentner: Die Zeitspanne, in der sie arbeiten und in das System einzahlen, bleibt gleich lang. Aber die Zeitspanne, in der sie Rente beziehen, wird immer länger. Die Gesamtsumme an Rente, die sie in ihrem Leben ausgezahlt bekommen, ist also – gemessen an der Gesamtsumme ihrer Einzahlungen – im Schnitt höher als diejenige früherer Generationen.
Noch 1973 erhielt ein westdeutscher Mann im Schnitt 10,6 Jahre lange Rente, im Jahr 2023 waren es (im vereinigten Deutschland) bereits 18,8 Jahre. Bei den Frauen stieg diese Bezugsdauer von 13,4 auf 22,1 Jahre.
Einfach mehr Beitragszahlende ins System zu holen, löst das Problem nicht. Denn auch diese Beitragszahlenden werden irgendwann Rente beziehen – und zwar zunehmend länger. (…)
Viele Rentenexperten plädieren daher dafür, das Rentenalter nicht jedes Mal durch eine politische Entscheidung neu festzusetzen. Stattdessen sollte eine automatische Anpassung in das Gesetz geschrieben werden: Verändert sich die Lebenserwartung, verändert sich auch das Eintrittsalter. Das fordert die CDU in ihrem Grundsatzprogramm, auch wenn Merz das offenbar gerade nicht so vertreten will. Bereits neun EU-Staaten haben solch eine automatische Kopplung, darunter Dänemark, Schweden und die Niederlande. (…)
Ein Gegenargument lautet, dass das gesetzliche Eintrittsalter gar nicht entscheidend sei, sondern das tatsächliche Eintrittsalter. Das stimmt. (…)
An dieser Stelle setzen Merz und die CDU nun mit einem neuen Konzept an. Bei ihren Vorschlägen geht es darum, das gesetzliche Alter erst einmal nicht zu erhöhen, dafür aber das tatsächliche. Das soll durch das Prinzip Zuckerbrot und Peitsche geschehen: Steuerboni für jene, die über die Altersgrenze hinaus arbeiten – und höhere Abschläge für die, die vor der Altersgrenze in Rente gehen.
Für höhere Abschläge gibt es gute Argumente. (…)
Es ist plausibel, dass viele Beschäftigte sich künftig bei Abschlägen in dieser Größenordnung doch gegen eine frühere Rente entscheiden würden. Das tatsächliche Renteneintrittsalter stiege dann auch ohne eine höhere gesetzliche Grenze. (…)
Das Zuckerbrot steckt in der zweiten Maßnahme: Wer nach dem gesetzlichen Eintrittsalter weiterarbeitet, dessen Einkommen soll laut CDU-Generalsekretär Carsten Linnemann »bis zum Beispiel 2000 Euro im Monat« steuerfrei bleiben, also 24.000 Euro im Jahr. (…)
Dabei stellt sich jedoch die Frage: Warum sollte der Staat ausschließlich teures Zuckerbrot verteilen, wenn er einen noch stärkeren Effekt ganz umsonst erzielen kann – durch eine höhere Altersgrenze.
Auf lange Sicht ist das Problem noch grundsätzlicher: Beide Maßnahmen werden schlicht nicht ausreichen, den Effekt der längeren Lebenserwartung auszugleichen.
Für die große Mehrheit gilt aber: Wir werden wahrscheinlicher länger und gesünder leben als die Generationen vor uns. Das ist eine gute Aussicht. Nur dann werden wir auch länger arbeiten müssen. Das Gegenteil sollten wir uns nicht wünschen.
IREF, 30 novembre, libre accès
La Cour des comptes préconise de se séparer des fonctionnaires âgés
Extraits:
(…) La proposition de la Cour des comptes est étonnante dans le contexte actuel où les gouvernements successifs cherchent à améliorer le taux d’emploi des seniors (55-64 ans) qui est de 60,8% en France, alors qu’il est de 75% en Allemagne et au Danemark, et de 78% en Suède. Rappelons que la dernière réforme des retraites prévoyait la mise en œuvre d’un « index senior » afin d’encourager les grandes entreprises à recruter des profils seniors (mesure retoquée par le Conseil constitutionnel).
La recommandation laisse aussi perplexe quand on sait que les partenaires sociaux ont signé, le 14 novembre 2024, un accord national interprofessionnel (ANI) qui vise, notamment, à rendre obligatoire une négociation dans les branches et les entreprises devant porter sur le recrutement des salariés expérimentés ; le maintien dans l’emploi et l’aménagement des fins de carrière ; la transmission des savoirs et des compétences des salariés expérimentés (ex : missions de mentorat, de tutorat, mécénat de compétences, etc.).
Pourquoi ne pas plutôt utiliser la rupture conventionnelle pour les moins âgés des agents publics, c’est-à-dire ceux qui auront le plus de chance de retrouver un emploi dans le secteur public ? Ce serait là une vraie source d’économies. A moins que la bonne solution soit celle du président argentin Javier Milei : se séparer des incompétents ?
The Economist, 29 novembre, article payant
Exercises in fertility : China’s government is badgering women to have babies
It is testing an expanded pro-natalist playbook
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Extraits:
MS MAO WAS making lunch one day at her home in the eastern city of Wuxi when she got the phone call. Rather than the courier’s delivery update she was expecting, she found herself subject to an intimate interrogation by a neighbourhood official: When was your last period? Are you pregnant? Do you plan to have a baby? “It doesn’t seem like the kind of thing that could happen in the 21st century,” says the 28-year-old.
Such intrusive calls to young, recently married women are part of an intensifying government campaign to stem China’s falling birth-rate and reverse the drag it is having on economic growth. Demographers estimate Chinese women have one child each on average, far below the 2.1 needed to keep the population stable.
In late October the State Council, China’s cabinet, unveiled a sweeping set of pro-natalist measures, including child tax credits, more maternity and paternity leave, and, importantly, easier access to housing loans, a big concern for Chinese families. Research by Tunye Qiu and Weifeng Liu of the Australian National University has found that a 10% rise in housing prices leads on average to a delay of 0.73 months in marriage and 1.8 months in first childbirth for urban residents. (…)
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Cash for kids is only part of the government’s strategy. China’s president, Xi Jinping, believes fixing the country’s baby bust requires cultural change, too. At the five-yearly National Women’s Congress in 2023, he preached the importance of telling “good stories about family traditions”. With two divorces occurring for every five marriages in the first three quarters of this year, Mr. Xi worries that young people do not share the right “marriage and child-rearing” values. The government is doing its best to instil those values. (…)
Staffing much of the pro-natalist push, including the phone campaign, are family-planning committees embedded in local communities. Known for their strict, sometimes brutal, enforcement of the country’s one-child policy between 1979 and 2015, they have a new mission: trying to ensure that more women get pregnant. (…)
After decades of making unscientific claims to deter baby-making—such as that pregnancy reduces a woman’s intelligence—the authorities are arguing the opposite. (…)
The party is also playing matchmaker, setting up dating websites and forums for young adults. A dating platform set up by the Communist Youth League in Zhejiang province had 300,000 new registrants in just three months earlier this year. (…)
After decades of successfully forcing women to have fewer children, China’s government is finding it cannot force them to have more. Take Ms Mao. She told the importunate official on the phone that she and her husband are not yet trying for a baby. The baby-booster said she would call every two weeks over the next three months to check in.
Ms Mao is indignant: “This type of private matter should be a personal decision and not reminiscent of ‘The Handmaid’s Tale’.” (…)
But as countries from Singapore to Sweden have found, a decline in fertility rates is very hard to reverse. The success of the Chinese government’s redoubled efforts—from macro-level cultural reform to micro-level menstruation-tracking—will depend on the decisions of tens of millions of women like Ms Mao. She declined the official’s offer of pre-natal vitamins and blocked her number. ■
https://www.economist.com/china/2024/11/28/chinas-government-is-badgering-women-to-have-babies
Articles du 29 novembre au 5 juin 2024