“C’est comment déjà qu’on construit une phrase allemande ?”
“Wenn die erste Liebe, wie ich allgemein behaupten höre, das Schönste ist, was ein Herz früher oder später empfinden kann, so müssen wir unsern Helden dreifach glücklich preisen, dass ihm gegönnt ward, die Wonne dieser einzigen Augenblicke in ihrem ganzen Umfange zu genießen. Nur wenig Menschen werden so vorzüglich begünstigt, indes die meisten von ihren frühern Empfindungen nur durch eine harte Schule geführt werden, in welcher sie, nach einem kümmerlichen Genuss, gezwungen sind, ihren besten Wünschen zu entsagen und das, was ihnen als höchste Glückseligkeit vorschwebte, für immer entbehren zu lernen.”
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1. Introduction:
Commençons ce chapitre inaugural par un exemple de phrase allemande fabriquée sans complexes par de nombreux étudiants de Sciences Po Grenoble:
In der Tat, der Autor den Artikel will in diese Passage zu schauen dass, die Arbeitsloser haben oft großen psychologische Problemen in ihre privates Lebe.
Oh Schreck, oh Graus !!! Quelle horreur !
Vous reconnaissez-vous dans cette phrase pitoyable? Sincèrement? Du moins un peu? J’ai bien peur que oui …
Je vous assure qu’il n’y là, dans cet exemple de prose estudiantine, aucune exagération; cet épouvantable charabia (“Kauderwelsch”) ne fait que résumer la triste réalité à laquelle sont confrontés ceux qui, parce qu’ils n’ont pas encore atteint l’âge de la retraite, continuent à exercer le métier de professeur d’allemand chez les Gaulois. Entre six et huit erreurs par phrase (ça dépend de sa longueur…), entre 40 et 50 erreurs dans une rédaction d’environ 200 mots: ce genre d’exploits n’a rien d’inhabituel chez nos étudiants, y compris chez ceux que nous mettons dans les groupes dits de « niveau avancé ». Tout est relatif, non?
Mais ne dramatisons pas, restons calmes et surtout : soyons constructifs et commençons par le commencement !
Voici le charabia présenté ci-dessus dans un allemand correct:
Tatsächlich will der Autor dieses Artikels in dieser Passage zeigen, dass die Arbeitslosen in ihrem privaten Leben oft grosse psychologische Probleme haben.
Regardez bien, entre les deux versions (rouge , plus haut, et bleu, juste ci-dessus), il y a, vous l’admettrez, de la marge. Je dirais même plus : Il y a là un gouffre abyssal.
Rien qu’à partir de cette phrase exemple, horrible dans sa banalité (sorte de “banalité du mal”), on pourrait facilement construire un cours de grammaire couvrant l’essentiel des problèmes linguistiques de nos étudiants germanistes.
2. Commençons donc par le commencement : Construire une phrase principale déclarative
a. D’abord, la phrase principale:
Il faut d’abord et avant tout (ré)apprendre à construire une solide « phrase principale déclarative ».
Vous avez oublié comment faire? Vous ne l’avez peut-être jamais appris? Allons-y, je vous promets que ce n’est pas bien complique, à condition toutefois que vous branchiez d’abord votre cerveau !
Voilà donc comment construire une phrase principale :
Elle débute par un premier groupe syntaxique de votre choix (sujet, adverbe, groupe circonstanciel, subordonnée), suivi, en 2° position (et sans virgule, pardieu!!!), de la partie conjuguée de votre verbe, la partie non conjuguée du verbe (s’il y en a une) se trouvant “rejetée” à la fin de la principale.
C’est là, limpide dans sa simplicité, la règle la plus importante de la syntaxe allemande!
Exemples:
Ich arbeite (in meinem Garten). Die Geschichte Frankreichs während der Herrschaft von Ludwig XIV ist heroisch.
Gestern habe ich (im Garten gearbeitet).
Während der Ferien habe ich (in meinem Garten) gearbeitet.
Als ich ein Kind war, träumte ich davon, Pilot zu werden.
b. Après la phrase principale viennent les autres groupes syntaxiques :
– le sujet (au nominatif), au cas où vous ne l’auriez pas mis en première position, éventuellement avec son complément de nom (où s’impose le redoutable génitif)
– l’attribut du sujet (après “sein”, également au nominatif!)
Mein Bruder ist der beste Arzt in Frankfurt / Das ist ein interessanter Artikel
– l’adverbe ou les adverbes (voir une liste complète ici)
– les compléments circonstanciels (d’abord celui de temps, ensuite celui de lieu)
– et enfin, dans l’ordre, un seul COI (au datif) et (sauf rares exceptions) un seul COD (à l’accusatif).
Arrivé là, votre phrase principale est finie!
3. Pour illustrer ce qui a été dit jusqu’ici, voici un exemple de phrase principale bien construite :
In den letzten Jahren haben die Wähler der Europäischen Union den rechtsextremen Parteien oft viele Stimmen gegeben.
Expliquons les différentes parties de cette proposition:
In den letzten Jahren (premier groupe, ici groupe circonstanciel de temps) haben (partie conjuguée du verbe, en 2° place, sans virgule avant lui!!!) die Wähler (sujet ici au pluriel, au nominatif) der Europäischen Union (complément de nom, au génitif) den rechtsextremen Parteien (COI, au datif) oft (adverbe) viele Stimmen (COD, à l’accusatif) gegeben (partie non conjuguée du verbe, en position finale).
Vous avez bien compris cette construction?
“That’s the basics !” “Le b.e.-ba!” “Das Alpha und das Omega!”
Même après avoir passé une année académique entière avec moi et ma collègue, tout cela n’empêche certains de nos étudiants de débuter leur dernière rédaction de l’année ainsi:
In dieser Szene des Films “Der Überläufer”, Walter sagt seinem Freund, dass er ist ein Verräter .
Vous ne trouvez pas que c’est abusé? A-bu-sé ??? (en allemand: “echt krass!”)
4. Aller au-delà de la phrase principale: virgule, subordonnée, coordonnée, groupe infinitif :
Le germaniste ambitionné, lui, ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il voudra aller au-delà d’une simple phrase principale.
a. La virgule:
Pour aller plus loin, il va falloir d’abord mettre, au bout de la proposition principale (et non pas avant!)…
… une virgule, dont la fonction – largement sous-estimée – est justement de séparer la phrase principale du reste de la phrase.
Après la virgule, pour continuer votre phrase, vous avez, en gros, trois possibilités:
– une proposition subordonnée (c)
– une proposition coordonnée (d)
– un groupe infinitif (e)
b. Règle importante :
Vous devez toujours finir une proposition avant de vous lancer dans une nouvelle proposition!
Exemples:
Faux: Ich denke, dass es Lösungen, um während der Coronakrise glücklich zu sein, gibt.
Correct: Ich denke, dass es Lösungen gibt, um während der Coronakrise glücklich zu sein.
Faux: Ich habe die Entscheidung, nächstes Jahr in Deutschland zu studieren, getroffen.
Correct: Ich habe die Entscheidung getroffen, nächstes Jahr in Deutschland zu studieren.
c. …une proposition subordonnée :
Celle-ci est introduite soit par l’une des conjonctions de subordination (dass, weil, da, damit, obwohl, seit, nachdem, während (une liste complète ici), soit par un pronom relatif (voir chap. 11)
Mais attention : dans la phrase subordonnée, la partie conjuguée du verbe se trouve toujours en position finale ! (la partie non conjugué se situe juste avant)!
Exemples:
Ich bleibe heute zu Hause, weil es stark regnet. Ich bin heute zu Hause geblieben, weil es stark geregnet hat.
Notez que vous avez parfaitement le droit d’ ‘inverser’ l’ordre de votre phrase et de commencer par la subordonnée !
Autres exemples:
Weil es heute stark regnet (le verbe est à la fin, suivi d’une virgule), bleibe (verbe en 2° position) ich zu Hause.
Weil es heute stark geregnet hat, bin (verbe en 2° position) ich zu Hause geblieben. (partie non conjuguée du verbe à la fin)
d. …une proposition coordonnée :
Celle-ci est introduite par l’une des conjonctions de coordination (und, aber, doch, denn, sondern, oder…, voir une liste complète ici).
Attention : après les conjonctions de coordination, votre proposition coordonnée est construite comme une phrase principale (c’est-à-dire la partie conjuguée du verbe se trouve en 2° position – et non pas à la fin, comme c’est le cas dans la subordonnée) !
En gros: Les conjonctions de coordination permettent d’enchaîner deux propositions principales!
Exemple :
Er studiert Jura, denn er will (verbe en 2° position) Richter werden. (il fait des études de droit, car il veut être juge)
Remarque: si on supprime la conjonction de coordination, on obtient deux phrases principales autonomes:
Er studiert Jura. Er will Richter werden. Or, on perdrait alors l’idée de la causalité. (voir chap. 14)
e. …un groupe infinitif avec « zu »:
Très souvent, vous êtes amenés à continuer votre proposition principale par un groupe infinitif.
Règle importante:
Il faut toujours finir la proposition principale avant de vous lancer dans la proposition infinitive!
Exemple:
Ich habe meinen Bruder gebeten, mir bei meiner Hausarbeit zu helfen.
… et non pas: Ich habe meinen Bruder mir bei meiner Hausarbeit zu helfen gebeten!
Dans le groupe infinitif, le verbe se trouve, comme l’indique son nom, à l’infinitif, mais il est précédé de « zu » (qui, en gros, souvent mais pas toujours, correspond au français « de »).
Un autre exemple de groupe infinitif :
Es war für mich sehr interessant, diesen Artikel (COD) zu lesen (verbe ‚normal‘ avec „zu“)
Regardez bien, je traduis cette phrase en français par: Il était intéressant pour moi de lire cet article.
Comme vous le voyez:
– en français, vous n’avez pas de virgule, alors qu’en allemand il y en a une;
– ensuite, en français le groupe infinitif “de lire” vient avant “cet article”. En allemand, c’est l’inverse: l’infinitif précédé de “zu” se trouve à la fin de la proposition infinitive (comme c’est le cas du verbe dans la subordonnée).
Voici d’autres exemples (avec verbes à préfixes inséparable ou séparable):
Er hat versucht, mich (COD) zu überzeugen (verbe à préfixe inséparable), das Geschenk (COD) zu behalten (verbe à préfixe inséparable).
Das Kind bat seinen Vater, ihm (COI) jeden Abend (circonstancielle de temps) eine Geschichte (COD) vorzulesen. (verbe à préfixe séparable, le “zu” se trouve entre préfixe et infinitif!, voir chap. 4, partie 5.).
Avis aux amateurs de niveau avancé:
Assez souvent, le groupe infinitif est déjà ‘annoncé’ dans la phrase principale par des ‘trucs-machins’ comme « dazu », « daran », « dabei » etc:
En réalité, ces trucs-machins (nommés “adverbes prépositionnels” ou “pronoms impersonnels prépositionnels” par les savants), sont des prépositions imposées (régies) par certains verbes, précédées d’un “da”. Ils sont placés juste avant la virgule ou, quand il y a une partie non conjuguée du verbe, juste avant celle-ci :
Exemples :
Er hinderte mich daran, meine Arbeit zu machen. (jdn. hindern an+dat.)
Er hat mir dabei geholfen, meine Arbeit zu machen. (jdm. helfen, etwas zu tun)
Ich habe nicht daran gedacht, ihm sein Buch zurückzugeben. (denken an eine Sache / an + accusatif)
Voir à ce propos le chap. 8, La rection, et pour les verbes, les 20 fiches de travail pour l’acquisition systématique du vocabulaire allemand!
5. La phrase interrogative:
Pour être complet sur la syntaxe, jetons un rapide coup d’œil sur la phrase interrogative. C’est très facile, et d’habitude vous “savez faire”…
En allemand, les questions peuvent être posées sans mot interrogatif (interrogation totale) ou bien être introduites par un mot interrogatif (interrogation partielle).
a. L’interrogation totale:
L’interrogation totale est la question sans mot interrogatif. Elle porte sur toute la phrase et appelle pour réponse oui ou non. On la construit habituellement en inversant le groupe sujet-verbe. Les autres éléments de la phrase (objets, indication de temps, de lieu etc.) suivent dans le même ordre que dans une phrase simple affirmative.
Exemples:
“Hast du verstanden, wie die deutsche Syntax funktioniert?” – “Nein”.
“Hast du Lust, heute Abend mit mir ins Theater zu gehen?” – “Ja!”
b. L’interrogation partielle:
L’interrogation partielle est la question introduite par un mot interrogatif. Elle porte sur un élément de la phrase, celui que le mot interrogatif (qui, quel, où, etc…) désigne et pour lequel on demande un complément d’info. On n’y répond jamais ni par oui ni par non.
Le mot interrogatif introduit la question. Suivent immédiatement le verbe conjugué (toujours en deuxième position), le sujet et le reste de la phrase, dans le même ordre que dans une phrase affirmative simple. L’élément sur lequel porte l’interrogation disparaît, puis qu’il est remplacé par le pronom interrogatif.
Exemples:
“Wer bin ich“? (Wer est au nominatif parce que l’interrogation porte sur le sujet!)
“Wen willst du zu deinem Geburtstagsfest einladen?” (l’interrogatif wer est ici à l’accusatif (wen) parce que l’interrogation porte sur le COD!)
“Wem hast du diese Information gegeben?” (wer est au datif (wem) parce que l’interrogation porte sur le COI!)
“Wessen Auto ist das?” (Wer est au génitif (wessen) parce que l’interrogation porte sur le complément de nom!)
“Wann kommst du mich besuchen?” – “Am nächsten Wochenende, wenn es OK für dich ist.”
“Mit wem wirst du diesen Sommer nach Berlin fahren?” (Wer est ici au datif (wem) parce que la préposition “mit” régit le datif)
“Wo wohnst du“? (locatif)
“Wohin gehst du?” (directif)
Vous trouverez une liste complète des mots interrogatifs ici.
6. Conclusion:
Voici ce qu’on pouvait dire sur la syntaxe. Comme je l’ai dit et redit, sa maîtrise est l’alpha et l’oméga de apprenant de la langue de Goethe. Sans elle, vos phrases s’effondrent comme des châteaux de cartes et on ne vous comprendra pas. Ce qui, après 5 ou 8 ans de cours d’allemand, serait tout de même pathétique et lamentable.
Au cas où vous n’aimez pas mes explications, directement inspirées, j’y insiste, par les erreurs que j’observe douloureusement chez vous à chaque rentrée, je vous conseille de consulter le chapitre “La construction de la phrase. L’ordre des mots” d’une excellente grammaire allemande en ligne. Elle peut être un complément précieux à mon document, plus exhaustif, y compris pour les autres chapitres de la grammaire allemande. Même si, personnellement, je préfère largement “ma” grammaire…
Voici le lien: https://deutsch.lingolia.com/fr/grammaire/la-phrase