… versus concordance des temps à la française…
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1. Quand est-ce qu’on utilise le discours indirect?
Le discours indirect est introduit en allemand après les verbes et tournures suivantes (liste non exhaustive) :
Er sagt(e), …
Sie meint(e), …
Er behauptet(e), …
Er erklärt(e), …
Sie erzählt(e), …
Er stellt(e) fest, …
Sie fragt(e), ob…
Er berichtet(e), …
Sie dachte, …
Er war der Meinung, …
2. Une seule grande différence entre le français et l’allemand:
Comment faites-vous quand vous voulez exprimer un discours indirect en allemand ? Pour la grande majorité parmi vous, même les meilleurs germanistes, vous faites simplement comme vous faites en français…
Exemple en français:
Marie m’a dit : « Je suis malade ». Cela donne au discours rapporté : Marie m’a dit qu’elle étaitmalade.
Vous le savez: le français utilise la “concordance des temps” (“m’a dit” / “était”)
Regardons à présent la situation en allemand :
Discours direct: Klaus hat mir gesagt : „Ich bin krank“.
Que faites-vous donc quand on vous demande de rendre cette phrase au discours indirect, instinctivement et systématiquement, et également pour ne pas trop vous fatiguer?
Je vous dis ce que vous faites: vous faites comme en français et vous dites ceci :
Klaus hat mir gesagt, dass er krank WAR. (“war” = “sein” / “être” à l’imparfait = concordance des temps à la française!)
Hélas, c’est FAUX ! Un Allemand comprendrait ici que Klaus a été (war) malade! Alors que, dans notre exemple il l’est encore!
La bonne solution est donc:
Klaus hat mir gesagt, dass er krank SEI.
Ou alors:
Klaus hat mir gesagt, dass er krank IST. (le subjonctif 1 de “sei” peut être remplacé par l’indicatif “ist”)
Pourquoi?
L’explication est simple: l’allemand et le français ont des manières différentes d’exprimer le discours indirect.
2. L’allemand utilise le subjonctif 1 (ou l’indicatif) pour exprimer le discours indirect:
a. Donc pas de concordance des temps en allemand !
Ce que vous ignorez donc, c’est que pour passer au discours indirect les Allemands n’utilisent pas la concordance des temps comme le font les Français (et les anglophones).
Les Allemands, probablement dans le but de compliquer la communication européenne, c’est du subjonctif 1 qu’ils se servent!
b. Comment former le subjonctif 1?
Formation du subjonctif 1 “normale”:
– haben: (racine: HAB-): Ich habe, du habest, er HABE, wir haben, ihr habet, sie haben
– machen: Ich mache, du machest, er MACHE, wir machen, ihr machet, sie machen
Exeption: la formation du subjonctif 1 de “sein”:
– sein: ich sei, du seiest, er SEI, wir seien, ihr seiet, sie seien
Règle supplémentaire (pour bons germanistes):
Il peut arriver (voir cas de conjugaison soulignés ci-dessus) que le subjonctif 1 ne se distingue pas de l’indicatif: auquel cas la règle veut qu’on utilise le subjonctif 2 (conditionnel), et cela pour s’assurer que le discours soit bien identifié comme indirect.
Exemples:
Der Kommandant der Taliban hat behauptet, dass seine Truppen ein amerikanisches Flugzeug abgeschossen haben.
Il se trouve que subjonctif 1 de l’auxiliaire à la troisième personne du pluriel “sie haben” est identique à l’indicatif.
Donc, si un journaliste veut souligner qu’il ne s’agit pas forcément d’un fait mais seulement du discours rapporté d’un commandant taliban, on utiliserait plutôt le subjonctif 2 (= conditionnel).
Ce qui donne:
Der Kommandant der Taliban hat behauptet, dass seine Truppen ein amerikanisches Flugzeug abgeschossen hätten.
3. Le discours indirect au passé :
Plus haut, nous avions utilisé des exemples de discours indirect au présent.
Klaus hat mir gesagt : „Ich bin krank“.
Nous avions dit qu’il ne fallait pas le traduire à la française: Klaus hat mir gesagt, dass er krank WAR.
On a retenu que les deux bonnes traductions étaient:
Klaus hat mir gesagt, dass er krank sei. (subjonctif 1 de “sein”) / Klaus hat mir gesagt, dass er krank ist.
Prenons à présent le même exemple au passé:
Klaus hat mir gesagt (ou: Klaus sagte mir) : „Ich war letzte Woche krank.”
Ou:
„Ich bin letzte Woche krank gewesen.“
Comment faire, comment exprimer ce discours indirect avec son subjonctif 1 en allemand?
Voici la bonne traduction:
Klaus hat mir gesagt (Klaus sagte mir), dass er letzte Woche krank gewesen sei .
Ou, dans une variante un chouia plus élégante et sans “dass” (donc sans subordination):
Klaus hat mir gesagt, er sei letzte Woche krank gewesen.
Comment avons-nous fait?
Le discours indirect au passé se construit toujours à partir du passé composé (jamais du prétérit), et ce sont les auxiliaires sein et haben que l’on met au subjonctif 1 !
Exemple :
Mein Freund sagte mir : “Mein Zug hatte Verspätung“. (mon train a été en retard)
Avant de rendre au discours indirect cette phrase allemande écrite au prétérit, il faut d’abord passer le verbe au passé composé :
Au lieu de se dire: “Mein Zug hatte Verspätung“, il faut se dire:
“Mein Zug hat Verspätung gehabt.”
Maintenant (et seulement maintenant) il est facile de “bricoler” le subjonctif I du passé !
Ce qui donne:
Mein Freund sagte mir, dass sein Zug Verspätung gehabt habe.
… ou sans “dass”:
Mein Freund sagte mir, sein Zug habe Verspätung gehabt.
4. Pourquoi tout cela est-il important?
Tout cela est important parce qu’en allemand, le discours indirect est le mode préféré des journalistes.
Les journaux allemands sont donc pleins à craquer du subjonctif 1 et que vous avez de ce fait tout intérêt à du moins l’identifier comme tel si vous voulez comprendre ce que vous lisez.
Pour les journalistes, ce mode particulier du subjonctif 1 est le moyen de choix pour signifier aux lecteurs qu’ils ne font que relater ce que d’autres, par exemples des politiques, affirment ou ont dit. En tant que journalistes, leur rôle n’est que de relater ces propos des autres.
C’est très important à savoir !
La langue française, pour marquer cette distance entre ce que je dis / ce que j’affirme moi-même et ce qui m’a été relaté, dispose d’un autre moyen; il utilise:
– soit le conditionnel
– soit la préposition « selon », préposition qu’en allemand on utilise aussi beaucoup et que l’on exprime avec la ‘ postposition zufolge (+ datif).
Exemple:
Dem Bundeskanzler zufolge haben sich die deutsch-französischen Schwierigkeiten in letzter Zeit wieder verbessert.
5. Exemple d’extraits d’articles de quotidiens allemands et français, avec explications:
« Fitch : Plusieurs banques françaises seraient au bord de la faillite »
ou
« Selon l’agence de notation Fitch, plusieurs banques françaises seraient (ou: sont) au bord de la faillite »
En allemand:
„Französische Banken bald zahlungsunfähig?“ (titre de l’article)
Der Ratingagentur Fitch zufolge stehen mehrere französischen Banken vor der Zahlungsunfähigkeit. (indicatif de stehen, car „zufolge“ exprime déjà qu’il y a discours rapporté; le subjonctif n’est donc pas faux mais inutile)
Die französische Großbank Crédit Agricole befinde sich(subjonctif 1) nach neuesten Zahlen in grössten Schwierigkeiten und habe (subjonctif 1) gestern Hilfe bei der Europäischen Zentralbank beantragt.
Der französische Regierungssprecher widersprach (indicatif = ceci est un fait que le journaliste relate, il n’a pas à s’en distancer) der Ratingagentur und sagte (encore un fait, donc indicatif) in einer Pressekonferenz, es handle (subjonctif 1) sich hier um reine Spekulationen, die nichts mit der Wahrheit zu tun hätten. (ici, c’est un subjonctif 2 (conditionnel). Le subjonctif 1 ne se distinguant pas ici de l’indicatif, la règle mentionnée plus haut veut que l’on utilise le subjonctif 2 pour bien souligner que les propos ne sont que relatés et que le journaliste ne les prend à son compte…)
Avouez que c’est quand même beau, le subjonctif 1!
6. Conclusion:
Rassurez-vous, le discours indirect est plutôt rare dans la langue que vous serez amenés à utiliser, écrite ou orale. Même dans la langue écrite et journalistique, le discours indirect au subjonctif 1 est plus ou moins réservé à la 3ème personne du singulier et du pluriel (er, sie, es / sie) ainsi qu’aux formes des l’auxiliaires SEIN et HABEN!
Dans toutes les autres situations, les Allemands, par facilité, utilisent l’indicatif!