VII.2. Sciences humaines

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L’Express, 1 mai

La sincérité contre la vérité : comment les démocraties se fissurent, par Gérald Bronner

Idées. Des études montrent que dans la vie politique, les discours fondés sur des éléments factuels ont laissé la place à ceux mettant en avant un supposé “parler vrai”.

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Alors qu’il y a lieu de s’inquiéter de la colonisation de la parole politique par la communication, le doute s’insinue, et depuis longtemps, concernant la sincérité des femmes et des hommes qui nous dirigent. Chacune de leurs déclarations donne lieu, sur les plateaux de télévision ou au tribunal des réseaux sociaux, à des interprétations qui suspectent mécaniquement une forme d’insincérité du verbe politique. Le paradoxe est que chacun sait bien que s’il leur venait l’idée folle de parler “en toute vérité”, ils réduiraient probablement leur avenir électoral. Nous attendons d’eux quelque chose que nous ne manquerions pas de sanctionner si cela advenait. Bien conscients de ce dilemme, nos dirigeants se sont peu à peu fait encadrer par des stratèges de la communication qui aggravent les choses plutôt qu’ils ne les arrangent. Le plus souvent, les tactiques qui leur sont chuchotées à l’oreille sont grotesques parce que leur pseudo-habileté est facilement éventée par nos concitoyens, très habitués à les décrypter. Bref, plus nos politiques cherchent à paraître sincères, moins cela fonctionne.

Le plus inquiétant ne se situe pas vraiment dans cet échec patent, même s’il n’est sans doute pas sans rapport avec la méfiance généralisée à l’endroit de nos leaders. En effet, plusieurs articles scientifiques se penchant sur les rapports entre la sincérité exprimée dans les discours (approximée par des termes comme “ressentir”, “deviner”, “sembler”) et leur factualité (approximée par des expressions comme : “déterminer”, “preuve”, “examiner”) montre que ces deux paramètres sont corrélés négativement. Pour le dire autrement : plus le langage politique est empesé d’expressions revendiquant une forme de sincérité, plus il s’éloigne de la vérité factuelle.

C’est notamment ce que souligne un article publié dans Nature Human Behavior en 2023, après l’examen de l’ensemble des tweets postés par les membres du Congrès américain depuis 2011. Dans une seconde publication, parue en 2025 dans Nature Communications cette fois, les auteurs montrent que la façon dont les politiciens lancent une conversation sur les réseaux sociaux influence la nature des réponses de leurs soutiens. Ainsi, un discours fondé sur la factualité inspirera de façon significative des réponses également factuelles… et l’on observe la même chose pour les déclarations affichant une sincérité factice, qui créent des réponses de même nature. Il y aurait donc une contagion de la factualité comme de la pseudo-sincérité.

Montée de la conflictualité

L’étude la plus récente (elle vient de paraître dans Nature Human Behavior) et menée par la même équipe de chercheurs me paraît la plus inquiétante du lot. C’est une perspective historique qui a été conduite cette fois, puisque les auteurs proposent une analyse des 8 millions de discours prononcés au Congrès américain entre 1879 et 2022! Ils distinguent, de la même façon, les propos s’appuyant sur la factualité de ceux revendiquant l’authenticité. Leur conclusion devrait nous faire réfléchir : à l’évidence, le langage fondé sur les preuves s’effondre à partir du milieu des années 1970. Cet affaissement est associé, montrent-ils, à une baisse de la productivité du Congrès et à la polarisation entre les partis. En d’autres termes, plus les politiciens ont fait appel aux preuves dans leurs discours, plus la session du Congrès était productive et moins la conflictualité était vive. Inversement donc, le papier suggère que la chute des discours de vérité, en laissant place à ceux de la sincérité, a permis aux idéologies privilégiant l’intuition et les sentiments d’envahir l’espace public.

Nous sommes en train de vivre un moment important dans le mouvement historique des opinions au sein de nos démocraties. Nos concitoyens paraissent fatigués des approches technocratiques et factuelles qui les tiennent à distance. Certains d’entre eux deviennent alors sensibles au miel des sentiments bruts et du “parler vrai”. Ce type de langage leur donne sans doute le sentiment d’être moins méprisés. Pourtant, les résultats de certaines recherches contemporaines suggèrent qu’ils devraient rester vigilants face aux leaders qui prétendent les avoir compris et parler leur langage.

Gérald Bronner est sociologue et professeur à La Sorbonne Université.

https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/la-sincerite-contre-la-verite-comment-les-democraties-se-fissurent-par-gerald-bronner-LE5FOU2XKVEVXMAXKLM4X7YPZU/


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 30 avril

Bourdieus Zeitschrift: Die Wörter und die Bilder

Pierre Bourdieu prägte die Sozialwissenschaften mit kollektiver Energie. Die Zeitschrift ARSS wird jetzt an der Zeppelin Universität in Friedrichshafen erforscht.

Full text: 

Pierre Bourdieu zählt zu den einflussreichsten Sozialwissenschaftlern des zwanzigsten Jahr­hunderts. Seine Theorien zu Herrschaft, sozialer Ungleichheit und kulturellem Kapital prägen bis heute die Forschung und finden auch in politischen und kulturellen Debatten Widerhall. Begriffe wie „Habitus“, „Kapital“ oder „Feld“ sind feste Bestandteile des akademischen Vokabulars. Oft übersehen wird dabei die kollektive Energie hinter der herausragenden Figur Bourdieu. Er arbeitete stets eng mit einem Team zusammen, doch die Rezeption reduzierte sein Werk meist auf die Signatur eines singulären Intellektuellen – insbesondere in Deutschland, wo, wie Bourdieu selbst anmerkte, seine Texte häufig losgelöst von ihren Entstehungskontexten rezipiert werden.

Ein Blick auf die von ihm vor fünfzig Jahren gegründete Zeitschrift „Actes de la Recherche en Sciences Sociales“ (ARSS) zeigt jedoch: Bourdieus Theoriebildung war auch das Resultat intensiver kollektiver wissenschaftlicher Praxis. Unkonventionell waren nicht nur die Forschungsfragen und -gegenstände, sondern auch die Arbeitsweise der Zeitschrift selbst. Ohne anonymes Peer-Review und klassische Herausgeberstrukturen, dafür mit engem Austausch zwischen Redaktion und Autorenschaft, verstand sie Wissenschaft als durch und durch kollektiven Prozess. Texte wurden nicht nur redigiert, sondern oft schon im Rahmen laufender Forschungsprojekte gemeinsam entwickelt.

Auch in der Gestaltung brach ARSS mit akademischen Konventionen: Fotografien, Zeichnungen, Collagen, Comics, Interviewauszüge, „encadrés“ (gerahmte Einschübe) oder Kopien aus nichtwissenschaftlichen Zeitschriften wie Modemagazinen waren hier keine bloßen Illustrationen, sondern integraler Bestandteil der Argumentation. Diese radikale Abkehr von der gängigen sozialwissenschaftlichen Publikationspraxis zeigte sich auch darin, dass keine der Ausgaben ein Literaturverzeichnis enthielt. Bourdieu selbst betreute alle 140 Ausgaben, die zu seinen Lebzeiten erschienen, und entschied als rechtlicher Eigentümer der Revue über jede Veröffentlichung – kein Beitrag erschien ohne seine ausdrückliche Freigabe.

Die redaktionellen Strukturen von ARSS standen ebenfalls im Widerspruch zur etablierten Praxis: Erst Ende der Achtzigerjahre setzte Bourdieu ein offizielles Redaktionskomitee und einen wissenschaftlichen Beirat ein. Die zahlreichen Autorinnen und Autoren, die über die Jahre zu ARSS beitrugen, wurden bewusst ohne akademische Titel oder institutionelle Zugehörigkeit aufgeführt. Dies war ein bewusster Bruch mit den Hierarchien des Wissenschaftsbetriebs. In den Worten von Michel Villette, einem Doktoranden Bourdieus, bot ARSS vor allem jungen, weniger etablierten Forschenden eine Plattform für „Arbeiten von Grünschnäbeln, die noch nicht einmal ihren Doktor gemacht hatten“.

Von Beginn an prägte Bourdieu gemeinsam mit seinem Forscherteam das einzigartige Profil der Zeitschrift. Die unverwechselbare Handschrift von ARSS liegt im Dialog zwischen Text und Bild – eine Verbindung, die bereits in Bourdieus frühen Algerien-Forschungen eine zen­trale Rolle spielte und stilprägend für die Zeitschrift wurde. Diese einzigartige Praxis der Wissenschaftskommunikation wird derzeit in einem von der Deutschen Forschungsgemeinschaft geförderten Pro­jekt zur Visualisierung soziologischer Praxis an der Zeppelin Universität in Friedrichshafen untersucht. Die nebenstehenden Auszüge aus dieser laufenden Forschung bieten einen ersten Einblick in die visuelle „Werkzeugkiste“ von ARSS.

Die Jahrgänge bis 2003 von ARSS sind offenzugänglich bei persee.fr.

Homo academicus Freiburgensis

Der aufwendige Einsatz von Bildmaterial in ARSS wäre ohne das unorthodoxe Großformat – inspiriert von französischen bandes dessinées (Comics) – und das zweispaltige, an Tageszeitungen erinnernde Layout kaum denkbar gewesen. Beides ließ die Revue aus dem Rahmen akademischer Zeitschriften fallen und war ein programmatisches Statement gegen etablierte Publikationsformen sowie ein Ausdruck von Bourdieus kritischer Haltung gegenüber gängigen Denktraditionen. Das provokante Erscheinungsbild von Bourdieus ARSS-Aufsatz „L’ontologie politique de Martin Heidegger“ von 1975 (Jahrgang 1, Heft 5/6) entsprach seiner kritischen Auseinandersetzung mit Heideggers Affinitäten zum NS-Regime, die bis dahin hinter dem wirkmächtigen Heidegger-Kult verborgen geblieben waren. Dreizehn Jahre später analysierte Bourdieu dieses Phänomen ausführlich in seinem Buch mit demselben Titel (deutsch bei Suhrkamp).

Charakteristisch für ARSS war nicht nur die außergewöhnliche Form, sondern auch der gezielte Einsatz „objektiver Ironie“: Bilder, die so für sich sprachen, dass sie keiner Erklärung bedurften. Luc Boltanski erwähnt in seinem Buch „Rendre la réalité inacceptable“ (2008) die Doppelseite mit dem Titel „Erinnerungen eines ordentlichen Professors“, „die uns viel Spaß gemacht hatte“. Das Redaktionsteam sammelte private Heidegger-Fotos – etwa im Familienkreis oder in schwäbischer Tracht – und versah sie mit bewusst kokettierenden Bildunterschriften. „Wir hatten sie nach dem Vorbild der Familienalben, die mein Bruder Christian Boltanski in seiner künstlerischen Arbeit verwendete, zusammengestellt und sie so zu Kunstwerken gemacht.“

Die feinen Unterschriften

Fotografien und andere visuelle Dokumente schaffen eine dichte Repräsentation von Forschungspraxis und machen den Arbeitsprozess nachvollziehbar, hier in einem Artikel von Jean Bollack über „Odysseus bei den Philologen“ (Jahrgang 1, Heft 5/6, 1975).

Die Verschränkung von Bild und Text in ARSS will kritische Reflexivität und partizipative Forschung wecken, indem sie das Visuelle mit dem Konzeptuellen vereint. Durch diese materiale Visualität der Zeitschrift wurde Soziologie somit als „materiale Praxis“ begreifbar. In den frühen Jahren war die Bebilderung ein zentraler Bestandteil dieses Ansatzes und entstand in kollektiver Arbeit. Die Druckvorlagen wurden buchstäblich mit Schere und Klebstoff erstellt, wobei Text und Bild zu einem kohärenten Ganzen komponiert wurden. Dieser kreative Prozess vermittelte soziologische Ideen visuell und war mehr als eine technische Notwendigkeit.

Jean-Pierre Jauneau, langjähriger Setzer von ARSS, beschreibt, wie der Magazin-Charakter auch in der typographischen Gestaltung der Titel sichtbar wurde. Weitere visuelle Elemente wie die „encadrés“ hoben zentrale Argumente hervor und erinnerten an Infoboxen in Zeitungen. Dieser innovative Umgang mit visuellen und textuellen Elementen unterstützt das Verständnis von Soziologie als konstruktivistischer und experimenteller Praxis. Das Layout wurde als „Komposition“ verstanden, bei der nichts dem Zufall überlassen blieb. Jede Seite wurde intensiv diskutiert, um eine optimale Wechselwirkung zwischen den Informationsträgern zu erzielen.

Layoutvorlagen einer Praxis der symbolischen Gewalt

Eigenwillige Titel-Text-Bild-Kompositionen, bei denen der Gegenstand dem Lesenden ins Auge springt, spiegeln Bour­dieus Anspruch wider, zentrale wissenschaftliche Konzepte – wie „Habitus“ – zu verbildlichen.

Die in Heft 80 aus dem Jahr 1989 für einen Aufsatz des Soziologen Loïc Wacquant gewählte Kombination des Titels „Leib und Seele“ mit dem martialischen Bild eines Boxers, eine Praxis, die auch als Text-Bild-Schere bezeichnet wird, wirkt auf den ersten Blick konsternierend – und soll das auch sein. Der langjährige Setzer der Revue hat beschrieben, wie das Bild, das dem Lesenden sofort aggressiv ins Auge springt, im Zusammenspiel mit dem ebenso imposant auftretenden Titel eine erste Orientierung bietet. Diese Bild-Text-Dyade, ergänzt durch einen präzisierenden Untertitel (2001 erschien Wacquants Buch mit fast identischem Titel: „Corps et âme. Carnets ethnographiques d’un apprenti boxeur“), führt das Auge des Lesers und erleichtert die Einordnung. Die experimentelle Anordnung von Text und Bild war nicht nur eine ästhetische Entscheidung, sondern auch ein strategisches Mittel, um wissenschaftliche Konzepte einem breiteren Publikum zugänglich zu machen. Das Bild fungiert als „eyecatcher“, weckt spontan kritisch-reflexive Neugierde und zieht den Lesenden direkt in den Artikel hinein. Schon der junge Bourdieu hatte mit diesen Techniken der Bild-Text-Montage während seiner ethnologisch-soziologischen Feldforschungen in Algerien experimentiert, etwa wenn es darum ging, Geschlechterdifferenzen in der täglichen Arbeit der Kabylen zu erkennen oder aber die „Hexis“ – Haltung und Gang – des kabylischen „Ehrenmanns“ basierend auf den dichten Beschreibungen seiner Beobachtungen den Lesenden direkt sinnlich erfahrbar vor Augen zu führen.

Die Regellosigkeiten der Kunst

Die Collage-Technik dient in dem Artikel „La célébration des œuvres d’art“ des Semiotikers Louis Marin im ersten Jahrgang (Heft 5/6) der Visualisierung eines Diskursfeldes – hier der Kunstwelt und ihrer Tendenz zur Verdiskursivierung von Kunst, die in einer Kakophonie aus Etikettierungen zur Darstellung kommt.

Um dem rituellen Formalismus akademischer Revuen entgegenzuwirken, die typischerweise eine Standardisierung von Forschungsbefunden betreiben, setzte ARSS auf visuelle Überfrachtung, hier die händische Assemblage von Zeitungsschnipseln, die schon vor Drucklegung mit Unterstreichungen und Einkringelungen versehen wurden, wie sie sonst erst der Leser anbringt. Dieses Kompositionsprinzip prägte vor allem die frühen Ausgaben der Zeitschrift, die noch in Handarbeit gefertigt wurden. Das Interesse an der Collage-Technik knüpfte an künstlerische Vorbilder in der Avantgarde an. Zu dieser Zeit beschäftigte sich Bourdieu intensiv mit ästhetischen Revolutionen im Kunstfeld und plädierte für eine Annäherung soziologischer Erzählweisen an literarische Modelle – von Flaubert bis zum nouveau roman.

Neben „vollendeten“ Texten, wie sie in wissenschaftlichen Zeitschriften üblich sind, fanden sich in ARSS vor allem Entwürfe und Zwischenberichte von Forschungsprojekten, welche die jeweiligen theoretischen Absichten, empirischen Prüfverfahren und zugrunde liegenden Daten nachvollziehbar machten. Der Wunsch, Zugang zur soziologischen „Werkstatt“ zu bieten, ging einher mit der Absicht, keine starren Regeln wie eine Standardlänge der Artikel vorzugeben.

Bourdieu verfolgte zeitlebens die Realutopie eines „Forscherkollektivs“, wie es die Enzyklopädisten des achtzehnten Jahrhunderts für ihn verkörperten, in dem die Früchte wissenschaftlicher Arbeit nicht einem Einzelnen allein zugeschrieben werden. Der aus der Praxis von ARSS resultierende, kollektiv geteilte wissenschaftliche Habitus ging über ästhetische und inhaltliche Gemeinsamkeiten hinaus und fand seinen Ausdruck in der Wahrnehmung der Zeitschrift als Sprachrohr einer „Bourdieu-Schule“, was durch das ironische Etikett „les bourdivins“ (die Göttlichen) für die Mitarbeitenden symbolisiert wurde. ARSS entwickelte sich rasch zu einem autonomen „Produktionsmittel“ wissenschaftlicher Güter und trug zur Institutionalisierung einer kohärenten wissenschaftlichen Gemeinschaft bei, die noch immer die Bourdieu-Forschung beeinflusst.

https://www.faz.net/aktuell/wissen/geist-soziales/pierre-bourdieu-und-das-revolutionaere-erbe-von-arss-110406053.html


Neue Zürcher Zeitung, 30 avril

Fort aus Deutschland, um das Leben zu retten: Die Emigration aus dem «Dritten Reich» war eine der grössten Fluchtbewegungen des 20. Jahrhunderts

Thomas Mann, Ernst Toller und Sigmund Freud mussten fliehen, als die Nazis die Macht übernahmen. Zusammen mit Hunderttausenden von Juden und Regimegegnern. Wolfgang Benz will ein Gesamtbild der Emigration aus Hitlerdeutschland geben.

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In seinem neuesten Buch zum Thema Exil bietet Wolfgang Benz eine Gesamtdarstellung. Er will drei Themen in einem Gesamtbild zusammenführen: die Flucht der Juden, die Deutschland verliessen, um ihr Leben zu retten, die Emigration der politischen Opponenten des NS-Regimes und den Exodus führender Vertreter von Kultur und Wissenschaft. Das ist kein einfaches Unterfangen. Benz bekennt denn auch schon im Vorwort, dass dies bedeute, «auf jeden Anschein von Vollständigkeit zu verzichten».

Beim Verzicht auf Vollständigkeit geht der Autor sehr beherzt vor. So wird die grosse Emigrationswelle meist jüdischer Filmschaffender, die entscheidend zum Aufstieg der Filmmetropole Hollywood beigetragen hat, mit keinem Wort erwähnt. Bei der Literatur konzentriert Benz sich auf den Moskauer Schriftstellerkongress 1934, zweifellos ein interessantes Ereignis. Auch das Exilland Mexiko wird gewürdigt. Aber die USA, die für Schriftsteller der wichtigste Fluchtort waren, werden vergleichsweise stiefmütterlich behandelt.

Auf Ernst Toller und Thomas Mann, zentrale Figuren der literarischen Emigrantenszene in New York, geht der Autor eher beiläufig ein. Wenig Licht fällt auch auf die Emigration von Wissenschaftern, etwa Ernst Fraenkel und anderen, die nach dem Krieg nach Deutschland zurückkehrten und dort das Fach Politikwissenschaft etablierten. Das Institut für Sozialforschung, das an der Columbia University eine Heimat fand, wird nur gerade einmal erwähnt.

Hetzkampagnen

Das Buch folgt einem anderen Strukturprinzip. Nach einem längeren Rückblick auf die Emigration im Ersten Weltkrieg, dessen Notwendigkeit sich nicht unbedingt erschliesst, folgt ein Kapitel über die Flucht vor den siegreichen Nationalsozialisten. Hier finden sich sehr überraschende Thesen. Benz schreibt beispielsweise: «Der Nobelpreisträger Thomas Mann floh nicht aus Deutschland, wurde auch nicht vertrieben.» Weiter heisst es, die Nationalsozialisten hätten ihn «gerne als Aushängeschild deutscher Kultur im ‹Dritten Reich› behalten».

Das Gegenteil ist richtig. Nach seinem Vortrag zum 50. Todestag von Richard Wagner am 13. Februar 1933 gab es eine intensive Hetzkampagne gegen den wegen seiner «kosmopolitisch-demokratischen Auffassung» ohnehin unbeliebten Schriftsteller. Die Bayerische Politische Polizei erliess einen Haftbefehl gegen Thomas Mann, dem er nur entging, weil er aus dem Ausland, wo er auf Vortragsreise war, nicht zurückkehrte. Im Übrigen stammte seine Frau Katia aus einer berühmten jüdischen Familie, die von den Nationalsozialisten verfolgt wurde. Schon deshalb gab es zur Emigration keine Alternative.

Ähnlich merkwürdig sind die Ausführungen zu Sigmund Freud und Ernst Toller, die ihre Heimat nicht verliessen, um anderswo in Ruhe weiterzuarbeiten oder aus «Überdruss am Vaterland», wie Benz schreibt. Sondern um als Juden ihr Leben zu retten. Den vier Schwestern Freuds gelang die Ausreise nicht, sie alle wurden 1942/43 von den Nationalsozialisten ermordet. Das Gleiche gilt für die Geschwister von Ernst Toller. Der Autor erwähnt das nicht – warum auch immer.

Ausgrenzung

Es folgt ein Überblick über nationalsozialistische «Judenpolitik» 1933 bis 1938, also von der «Machtergreifung» bis zur «Reichskristallnacht». Die Minderheit der jüdischen Deutschen wurde immer brutaler ausgegrenzt. Die NS-Regierung förderte einerseits die Auswanderung nach Palästina und schröpfte andererseits die Ausreisewilligen durch die «Reichsfluchtsteuer». Dazu kamen andere Abgaben und der Zwang, Häuser, Geschäfte und Wertsachen weit unter ihrem realen Wert zu veräussern. Untersagt wurde die Auswanderung erst im Oktober 1941. Bis dahin war es mehr als 350 000 Menschen, fast zwei Dritteln der jüdischen Deutschen, gelungen, Deutschland zu verlassen.

Ein Kernstück des Buches sind die «Orte des Exils», eine Topografie der Emigration. Hier wird deutlich, dass viele Emigranten immer wieder von neuem die Koffer packen mussten, denn die Schergen der Nationalsozialisten waren ihnen stets auf den Fersen. Nicht wenige Emigranten waren ins Saargebiet ausgereist, das nach dem Ende des Ersten Weltkriegs unter internationaler Verwaltung stand, nach einer Volksabstimmung am 1. März 1935 allerdings wieder zum Deutschen Reich gehörte.

Österreich bot nur bis zum Einmarsch der deutschen Wehrmacht im März 1938 eine sichere Zuflucht. Die demokratische Tschechoslowakei war eine sehr wichtige Station für viele Emigranten, doch der Staat wurde 1938/39 zerschlagen. Auch viele andere Länder, wie Frankreich, die Niederlande, Dänemark oder Norwegen, boten nach Kriegsausbruch und der Besetzung durch die Deutschen keinen Schutz mehr. Viele Flüchtlinge, die sich schon in Sicherheit geglaubt hatten, fielen der Gestapo in die Hände. Andere erkämpften sich unter unendlichen Mühen Schiffspassagen in ferne Länder.

Lager auf Zypern

Ibibobo und Buenos Aires, Sydney und Melbourne sind Orte, die Benz in seiner reizvollen Topografie vorstellt. Auffallend ist allerdings, dass mit Stockholm der neben London wichtigste Ort des politischen Exils auf seiner Landkarte fehlt. Hier versammelten sich Sozialisten verschiedener Couleur und machten Pläne für eine Neuordnung Europas nach dem Krieg. Die bedeutendsten Vertreter dieser Kreise waren Willy Brandt und Bruno Kreisky, die nach ihrer Rückkehr aus dem Exil international geachtete Regierungschefs in Deutschland beziehungsweise Österreich wurden.

Ein eigenes Kapitel ist den Kindertransporten 1938/39 gewidmet, die zumeist nach Grossbritannien führten und durch die etwa 10 000 jüdische Kinder gerettet wurden. Ein anderes Kapitel gilt der sogenannten Alijah Bet, der illegalen Einwanderung in das von den Briten rigoros abgeschirmte Palästina. Diese Einwanderungsversuche scheiterten sehr oft. Viele jüdische Flüchtlinge fanden sich in britischen Konzentrationslagern auf Zypern wieder oder wurden nach Europa zurückgeschickt, was nicht selten ihre Ermordung zur Folge hatte.

Wolfgang Benz schildert zahlreiche Einzelschicksale anschaulich und illustriert so die verschiedenen Facetten der Emigration auf eindrückliche Art. Man liest das Buch deshalb mit Gewinn, auch wenn das Gesamtbild die eine oder andere Leerstelle aufweist.

Wolfgang Benz: Exil. Geschichte einer Vertreibung 1933–1945. C.-H.-Beck-Verlag, München 2025. 416 S., Fr. 49.90.

https://www.nzz.ch/feuilleton/emigration-aus-hitlers-deutschland-ld.1881482


Le Figaro, 30  avril

Bertrand de Saint-Vincent : «L’intelligence humaine est en déclin (et la France y prend toute sa part)»

CHRONIQUE – Cette modification du cerveau humain coïncide avec un changement fondamental de la manière dont les peuples s’informent.

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La nouvelle est passée relativement inaperçue, mais il semble en effet que l’être humain soit sur la voie de la régression intellectuelle. Depuis dix ans, environ, ses capacités de compréhension décroissent. On pourrait attribuer ce phénomène à l’évolution du monde : même les hommes politiques les plus brillants – on ne citera pas de nom – paraissent démunis. Mais ce constat dépasse les aléas de la conjoncture internationale. Des études menées dans les pays riches apportent la preuve formelle que l’intelligence humaine est en déclin (il est à noter à ce propos que la France figure dans cet échantillon flatteur, ce qui tend à démontrer que l’on peut cumuler 3305 milliards d’euros de dettes et continuer à passer pour un État aisé).

Les tests effectués par divers organismes dans les pays de l’OCDE révèlent que la capacité des personnes moyennes à raisonner et à résoudre de nouveaux problèmes a atteint son apogée au début des années 2010 ; en 2012 exactement. Depuis, elle est en chute continue.

Une extinction progressive

Les jeunes, âgés de 15 à 18 ans, sont les premiers concernés. Des évaluations comparatives font apparaître une difficulté croissante de leur part à penser, se concentrer ou acquérir de nouvelles connaissances ; et ce aussi bien en lecture qu’en mathématiques ou dans le domaine scientifique. La proportion des élèves ayant signalé des difficultés de compréhension est en hausse sensible depuis le milieu des années 2010.

Cette problématique ne concerne pas que les ados boudeurs. Lors de la mise à jour de leurs compétences, les adultes de tous les pays dits développés présentent un schéma similaire, et ce dans tous les groupes d’âges.

la part des adolescents américains ayant déclaré ne lire que très rarement un livre lors de leur temps libre a atteint la barre des 50 %

Cette extinction progressive de certaines capacités intellectuelles intervient dans un contexte de repli accéléré de la lecture. Un chiffre illustre assez bien cette donnée : en 2022, la part des adolescents américains ayant déclaré ne lire que très rarement un livre lors de leur temps libre a atteint la barre des 50 % ; vingt ans auparavant, elle tutoyait les 20 %. Le même mouvement est constaté en France. Une autre statistique révélatrice montre que la proportion d’adultes s’avouant incapables d’utiliser un raisonnement mathématique pour valider une analyse a atteint 25 % en moyenne dans les pays à revenu élevé et 35 % aux États-Unis ; on ne pourra pas accuser Donald Trump d’en être responsable.

Cette modification du cerveau humain coïncide avec un changement fondamental de la manière dont les peuples s’informent. Ils sont passés, notent les chercheurs, d’une recherche livresque et raisonnée à une pratique brouillonne dans laquelle les écrans sont devenus la source quasi unique d’un savoir universel. Dans cette société post-alphabétisée ou l’on surfe à l’horizontale, « la consultation d’un nombre limité de pages a été remplacée par un flux continu » relève le Financial Times qui commente cette étude. Cette dernière souligne que cette consommation frénétique, passive et orientée affecte clairement la capacité d’analyse, d’attention, de mémorisation et d’autocontrôle de toutes les générations.

Nous en sommes là. Comme le chantent volontiers les révolutionnaires – car c’est bien d’une révolution qu’il s’agit –, ce n’est qu’un début. Le combat continue. Selon toute logique, la prochaine étape, marquée par un recours massif à l’intelligence artificielle, devrait voir l’individu se reposer de plus en plus sur cet exosquelette de la pensée. Abandonnant ses ultimes capacités d’analyse, de mémoire ou de concentration, il lui suffira de faire appel à cet outil pour répondre à toutes ses interrogations.

À cet instant, l’homme sera enfin en vacances ; du moins de lui-même. Ce sera le début d’une autre histoire.

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/bertrand-de-saint-vincent-l-intelligence-humaine-est-en-declin-et-la-france-y-prend-toute-sa-part-20250426


The Wall Street Journal, Book Review, 28 avril

‘Beyond Stoicism’ Review: Part-Time Philosophy

Can a selective approach to ancient thinkers like Epicurus, Aristotle or Plato yield fruitful insights about 21st-century life?

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The worst readers, Nietzsche claimed, are like “plundering troops” who loot the few ideas they can use and trash the rest. But what if the texts in question are a hodgepodge of good sense and nonsense? Isn’t selective pillage the best, not worst, way to read them?

How you answer that question will shape how you judge “Beyond Stoicism,” written by three self-proclaimed modern stoics: Massimo Pigliucci, a professor of philosophy at the City College of New York; Gregory Lopez, the founder of New York City Stoics; and Meredith Alexander Kunz, the creator of the Stoic Mom blog. Despite its title, the book is not limited to Stoicism but seeks wisdom from thinkers of other philosophical schools as well. 

The authors frame their book as a voyage calling at three ports, each offering a different conception of the good life: pleasure, character and doubt. The journey features 10 philosophers who reside in these intellectual harbors, from whom our guides extract ideas that might work for us today. They also add a bonus excursion to meet three more sages—Pythagoras, Stilpo and Hypatia—whose ideas “offer less opportunity for modern practice” but are historically important. The authors try a little too hard to make the trip fun, liberally using exclamation marks to underscore their lightness of tone.

More like cruise-ship lecturers than the plundering pirates that irritated Nietzsche, the authors show their passengers an overview of each philosopher. Take how they deal with Epicurus, who advocated a form of hedonism so austere that most would think it hardly a life of pleasure at all. His goal was to live calmly, not intensely, so he taught that we should withdraw from society, avoid sex and eat mostly bread and cheese.

Little wonder then that when we’re given advice on how to “live like an Epicurean,” the difficult stuff is swept aside. Instead we’re encouraged to think about whether the pleasures we seek are, in Epicurus’ terms, necessary or unnecessary, natural or unnatural. Like all the authors’ suggestions, this is a valuable form of self-examination, but hardly an experiment in being an Epicurean. It’s a bit like saying that by spending a day in silence you’re living like a Trappist, as though all a monk’s other beliefs and practices are inessential to his life.

Or consider the Cynics, who rejected possessions; ate, slept, had sex and masturbated in public; and generally avoided marriage or having children. When we are invited to “live like a Cynic” for a week, no such extremities are advised. Instead we are instructed to think about social conventions and decide which are helpful and which are harmful or unnecessary. And when it comes to Plato, the authors set aside his ideas about politics as irrelevant to lead us through an examination of what we think is just or unjust in our societies today. 

The authors’ treatment of Aristotle is better. The doctrine of the mean provides a brilliantly useful way of thinking about goodness that anyone can borrow and apply. It sees virtues not as the opposite of vices, but as lying somewhere between excess and deficiency. “Strike the right balance with Aristotle,” the authors suggest, giving the example of temperance, which avoids the excess of gluttony and the deficiency of life-denying asceticism. “The wise person,” the authors explain, “achieves an equilibrium that is stable and effortless.”

There is similar merit in their focusing on Socrates’ philosophical method while setting aside his conclusions. Socrates began his dialogues by ”acknowledging his own ignorance” and spent as much energy refuting his own beliefs as he did those of his interlocutors. If more of us were prepared to subject our beliefs to rigorous self-questioning, we might live in a less polarized and fractious polis.

The authors occasionally acknowledge and defend their selectivity. “Many of the philosophies the Greeks and Romans practiced were full-time endeavors that required constant attention and effort,” they rightly say, pointing out that such teachings aren’t “simple life hacks.” The authors are merely offering “a taste of what these philosophies would be like if you were to live them.” But a serving that carefully leaves out any flavors that might be bitter or challenging is no tasting at all.

Deliberate infidelity to source materials arguably has merit when the originals have features that have aged poorly. So the authors of “Beyond Stoicism” could have dropped the pretense that readers were experimenting with living like the ancients without losing the essence of the book, which is a brief history of some philosophical schools and a set of exercises loosely inspired by their more enduring ideas.

These modern stoics happily concede that stoicism isn’t “the only philosophy that fits human nature” and that “different philosophies are suitable for different people.” That’s perfectly reasonable, but it makes the book’s promise of “new ideas for practicing Stoics” far too narrow. The result is a volume of old ideas for people who are willing to take inspiration from whomever they can without becoming disciples of anyone. Thus, and despite its flaws, the book is a refreshing example of a too-rare form of self-help, in which the goal isn’t success or happiness but becoming a better human being.

Mr. Baggini is the author of “How the World Eats: A Global Food Philosophy.”

https://www.wsj.com/arts-culture/books/beyond-stoicism-review-part-time-philosophy-da04dd5b?mod=arts-culture_lead_pos5


L’Express, 27 avril

Jean-Paul Sartre, Raymond Aron et la violence légitime, par Abnousse Shalmani

Chronique. Sartre exaltait le sang versé au nom du combat contre l’oppression. Pour s’être opposé à cette idée, Aron aura essuyé des années d’insultes et de mauvaise foi intellectuelle.

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“Car, en le premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre.” Cette formule est obsédante. Depuis 1961 et sa publication en préface au livre de Frantz Fanon, Les Damnés de la terre , elle a été répétée par tous les lycéens et étudiants en posture de révolté, elle a été notée dans les agendas, dorénavant sur les profils des réseaux sociaux, lancée en guise d’argument définitif, justification poétique à la violence, romantisme sanglant, apologie de la terreur. Peut-être qu’elle résume ce qu’Aron appelle chez Sartre son génie littéraire, la virtuosité du style, la puissance imaginative, “l’extraordinaire fertilité de son esprit” et “sa puissance de construction dans l’abstrait”. Le romantisme de la violence de cette formule est si grand qu’elle efface le cadavre. Ne demeure plus que le geste révolutionnaire contre l’oppression qui excuse le sang. C’est contre ce Sartre que s’élève Aron, des années après leur rupture, des années durant lesquels Aron aura essuyé les insultes et la mauvaise foi intellectuelle de son ancien camarade d’avant-guerre.

A l’occasion de la réédition du livre de Raymond Aron, Histoire et dialectique de la violence (dans un recueil de textes, Aron critique de Sartre , chez Calmann-Lévy) où, treize ans après la publication en 1960 du dernier texte philosophique de Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique , il lui consacre un an de séminaire, disséquant le texte pour donner à comprendre l’échec du chantre de l’existentialisme, il est temps de faire le procès de la violence qui n’est jamais légitime. Ce qu’Aron reproche à Sartre, c’est de n’être pas parvenu à dépasser la violence, pire d’en faire l’éloge en défendant l’idée de la “fraternité-terreur”, de ne pas prendre en compte la pluralité des hommes, de sacrifier finalement la liberté des hommes – qui sont sous la plume sartrienne des êtres certes libres mais interchangeables à un hypothétique horizon qui serait la victoire du collectif prolétaire -, de piétiner ce faisant la singularité des hommes, d’abandonner lâchement l’homme en rase de campagne de l’Histoire. Peut-être que le pire dans le texte indigeste de Sartre est le passage douloureux de la philosophie à l’idéologie qui tue la possibilité du débat contradictoire et nous fait prendre conscience de la fragilité de l’espace public, espace commun où tous peuvent dire sans condamner, sans juger, sans tuer. Aron, lui, n’aura jamais cessé le dialogue avec Sartre, indirectement, intellectuellement, ne cessant jamais d’interroger la dimension philosophique de la violence.

La philosophe Perrine Simon-Nahum, à l’origine de cette réédition, signe une préface lumineuse et d’une surprenante actualité. Tout a été reproché à Aron par la bande de Sartre, son colonialisme (alors qu’il fut l’un des premiers à se prononcer pour la “nécessaire indépendance” dès 1957) comme son anticommunisme qui connut une bataille rangée en 1949 lors du procès Kravchenko (ancien ingénieur soviétique réfugié aux Etats-Unis et auteur du livre J’ai choisi la liberté! ) pour diffamation contre l’hebdomadaire communiste Les Lettres françaises qui l’accusait de mensonge et d’être un agent américain. Kravchenko gagna son procès et malgré la reconnaissance publique de la réalité des camps soviétiques, l’affaire n’entraîna pas un basculement de l’opinion : le communisme conserva sa forte légitimité dans la gauche française, et la dénonciation des crimes du stalinisme restera minoritaire ne cessant encore aujourd’hui de me hanter comme le procès inique de Victor Serge (de son vrai nom Viktor Kibaltchich, anti-stalinien) avant-guerre m’obsède encore. Il y a certains crimes de la pensée qui sont impardonnables, et le défilé des soutiens staliniens des Lettres françaises (Frédéric Joliot-Curie, Louis Aragon, Jean Cassou, Paul Eluard, Roger Garaudy, Elsa Triolet, Tristan Tzara, Vercors, etc.) résonne comme le refus idéologique de regarder les cadavres qui s’amoncelaient pourtant en marchant dessus sans aucune pitié.

Et Perrine Simon-Nahum de rappeler pourquoi il faut lire encore Histoire et dialectique de la violence “comme la réponse humaniste et toujours actuelle à la tentation d’un nihilisme contemporain et à l’acceptation défaitiste de notre inhumanité”.

https://www.lexpress.fr/societe/jean-paul-sartre-raymon-aron-et-la-violence-legitime-par-abnousse-shalmani-ZUUZFL7OLREIXJ3QENCKKVADRQ/


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 26 avril

Die Neuerfindung des Faschismus

Lange haben sich Historiker gewehrt, Donald Trump und andere Rechtspopulisten mit den Faschisten der 1930er Jahre zu vergleichen. Doch in Trumps zweiter Amtszeit gibt es viele Parallelen.

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Aus Protest gegen die amerikanische Regierung, die die Universitäten mit Antisemitismusvorwürfen gängelt und mit finanziellen Druckmitteln erpressen will, wird der Philosoph Jason Stanley die Eliteuniversität Yale in Richtung der Universität Toronto verlassen. Auf die Frage, ob er gegenwärtig von „faschistischen Zuständen“ in den USA sprechen würde, antwortete Stanley: „Ja, natürlich.“ Er sieht keine anderen, treffenderen Begriffe: „Trump ist ein Faschist, seine Bewegung ist faschistisch.“

Liegen die Dinge so eindeutig? Robert Paxton von der Columbia University, eine Koryphäe der vergleichenden Faschismusforschung, hat darauf hingewiesen, dass Trump im Gegensatz zum historischen Faschismus keinen starken Staat will und keine uniformierten Paramilitärs befehligt. Darin ist er sich mit den meisten deutschen Historikern einig. Für viele ist der Begriff des Faschismus durch seine polemische Übernutzung diffus und ausgeleiert.

Dass Trump oder Giorgia Meloni sich in keiner Feier des Krieges oder der Anwendung paramilitärischer Gewalt ergehen, ist in der Tat ein triftiges Argument gegen die Begriffswahl. Und so klar Robert Paxton die Unterschiede benannt hat – schon unter der ersten Regierung Trump erkannte er zahlreiche Elemente faschistischer Rhetorik in Sprache und Inszenierung des Präsidenten. Die Aggressivität, die Verherrlichung des Rechts des Stärkeren, der Ultranationalismus, die rassistischen Attacken gegen Migranten, die obsessiven Untergangsphantasien – all dies stamme aus dem Arsenal des klassischen Faschismus. Daran erinnerten auch die personalistische Ausrichtung seiner Politik und die Hartnäckigkeit, mit der Trump sein erratisches Programm verfolge.

Auch die Auftritte vor seinen Anhängern folgen einer aus dem Faschismus bekannten Liturgie: Trump schwört seine Bewegung auf unbedingte Gefolgschaft ein und präsentiert sich als charismatischer Führer.

Auch in Frankreich stimmt man spätestens seit der zweiten Trump-Regierung den amerikanischen Faschismusprognosen zunehmend zu. Intellektuelle wie Olivier Mannoni vergleichen Trumps und Hitlers Propaganda: „Inkohärenz als Rhetorik, extreme Vereinfachung als Argumentation, Anhäufung von Lügen als Beweisführung“. Und der argentinische Faschismusforscher Federico Finchelstein bezeichnet Trump als „Wannabe“-Faschisten in Stil und Verhalten – auch wenn er keine vergleichbare Gewalt anwende und die Gewaltenteilung in den USA noch nicht so stark aufgeweicht sei wie im historischen Faschismus.

Bei einer Tagung führender Faschismusforscher im Januar 2025 in Rom hielt der italienische Historiker Enzo Traverso einen aufsehenerregenden Vortrag: Die Faschismusforschung sei nicht länger ein historisches Phänomen im Zeichen stabiler Demokratien, sagte er. Um die Neuartigkeit der Situation zu charakterisieren, plädierte er für das Konzept des „Postfaschismus“. Staatsterrorismus sei eher die Ausnahme als die Regel, anders als nach dem Ersten Weltkrieg hätten die Gesellschaften einen anderen Bezug zur Gewalt. Heute sei die Arbeiterklasse in Marine Le Pens, Matteo Salvinis, Victor Orbáns oder Trumps Bewegung voll integriert.

Statt der Juden gelten jetzt Einwanderer, Muslime und Schwarze als Feinde, aber auch liberale Gruppen von Umweltaktivisten bis zu Vertretern von LGBTQI-Rechten, die eine den Kommunisten vergleichbare Rolle einnehmen. Als Nationalisten, Rassisten und Antifeministen kämpften auch die Postfaschisten gegen „parasitäre Elemente“ und präsentierten sich als Verteidiger der arbeitenden Bevölkerung. Ihr Autoritarismus werde von einer Verkultung der Marktwirtschaft begleitet – radikaler Wirtschaftsliberalismus und Postfaschismus seien „gefährliche Verbündete“.

Die gesellschaftliche Fragmentierung ist vergleichbar

Sind darüber hinaus die gesellschaftlichen Konstellationen, die den Aufstieg des historischen Faschismus begünstigten, auch heute gegeben? Die gesellschaftliche Fragmentierung hat ein vergleichbares Ausmaß erreicht. Drei gesellschaftliche Entwicklungen sind entscheidend: die ökonomische Krise, der Wandel der Geschlechterordnung und der radikale Umbau des Mediensystems.

Das sind die Gelegenheitsfenster des Postfaschismus. Und die Bankenkrise, die Corona-Pandemie und der Krieg in der Ukraine haben sich in ihrem Zusammenwirken zu einer im Kern ökonomischen Polykrise ausgeweitet. Massive Aufrüstung und Störungen der globalen Handelsströme haben zu hoher Staatsverschuldung und Inflation geführt. Schuldenlast, Defizitfinanzierung, Banken- und Währungskrise – diese Faktoren führten auch in den Zwanzigerjahren zu einer Vertrauenskrise des Staates. Die halsbrecherische Zollpolitik Donald Trumps hat diese Entwicklung noch einmal beschleunigt. Die Entstehung autoritärer Dynamiken des Präsidialstaats, die Zersplitterung der Politik in unversöhnliche Lager, Abstiegsängste und Globalisierungsfurcht lassen sich durchaus vergleichen.

Jürgen Falter beschrieb die NSDAP aufgrund von Wahlanalysen als „Volkspartei mit Mittelstandsbauch“. Auch heute scheint sich eine Panik im Mittelstand auszubreiten. Während Deklassierungsängste von Handwerkern und Kleinhändlern der NS-Bewegung in die Hände spielten, sind es heute weiße Männer aus dem „Rust Belt“ und dem Mittleren Westen der USA, die Trump überproportional unterstützt haben.

Ähnlich sieht es in Europa und Deutschland in den entindustrialisierten Zonen aus. Bei den Europawahlen im Juni 2024 erreichte der Rassemblement National (RN) 53 Prozent in der Arbeiterschaft. Der RN hat seine Basis vor allem in den ärmeren Bevölkerungsschichten mit niedrigem Bildungsgrad, kann aber auch auf Teile des Bürgertums zählen. Ähnlich wie bei den AfD-Wählern in Ostdeutschland nimmt der Anteil der RN-Wähler umso mehr zu, je weiter man sich in dünner besiedelte und ethnisch homogenere Gegenden begibt, in denen die Bindung an lokale Traditionen stärker ausgeprägt ist.

Auch Untersuchungen in primär weißen Armutsgebieten in und um London haben gezeigt, dass sich Arbeiter vom britischen Wohlfahrtsstaat im Stich gelassen fühlen und sich als Opfer der Globalisierung wahrnehmen. Die politische Einstellung der Anhänger von Nigel Farage, ihr Rassismus und ihr populistisch-faschistischer Autoritarismus basieren auf realen sozioökonomischen Problemen.

Verlustängste, Unsicherheiten und Abwehrreflexe

In Deutschland sind es die Facharbeiter aus dem Ruhrgebiet und aus Ostdeutschland, die sich seit 2017 durch die AfD Gehör verschaffen und ihrer Angst vor Migranten Ausdruck verleihen. Die gegenwärtigen Verlustängste, Unsicherheiten und Abwehrreflexe der Arbeiter und Mittelschichten im Zuge des Sozialabbaus, ihr Aufstand gegen die Globalisierung, wirtschaftliche Transformation und Kulturwandel erinnern fatal an den Aufstand des Mittelstandes in den Dreißigerjahren.

In den USA haben die typischen Trump-Wähler ein leicht überdurchschnittliches Einkommen und sind zu einem geringeren Anteil arbeitslos als Wähler der Demokraten. Trumps Kernwählerschaft besteht aus den Selbständigen und den Mittelschichtsmilieus. Diesen geht es nicht schlecht, aber sie fürchten sich vor dem Abstieg, leben sie doch zu einem Großteil in abgehängten Gebieten mit schlechter ärztlicher Versorgung.

Es gelang Trump bereits 2016, die ehemals demokratisch dominierten Gebiete des „Rust Belt“ durch Wahlerfolge in den Staaten Pennsylvania, Michigan und Wisconsin zu durchbrechen. Der wirtschaftsliberale Traum von Eigenverantwortung und Freiheit ist für viele Amerikaner ausgeträumt. Die Ungleichheit hat zugenommen, immer mehr Menschen in den vergangenen drei Jahrzehnten wurden wirtschaftlich und sozial abgehängt.

Die Realeinkommen der unteren 40 Prozent sind über die vergangenen 30 Jahre geschrumpft. Knappheitsbedingungen und die ungerechte Verteilung von Ressourcen erklären auch, warum sich Industriearbeiter in Europa von der Sozialdemokratie abgewendet haben. Im Mittleren Westen der USA, in den bäuerlichen Schichten Osteuropas, in Zentren der Schwerindustrie und des Bergbaus in ganz Europa – der Protest gegen die globale Konkurrenz und Lohndrückerei verhallte bei den etablierten Parteien. Während sich die Sozialdemokratie stärker den neuen Mittelschichten zuwandte, sind ihre alten Trägerschichten zur AfD oder den Trumpisten abgewandert.

„Echte Männer sind rechts“

Zweitens befeuert der Wandel der Geschlechterordnung den Aufstieg rechtsradikaler Bewegungen. Deren nostalgische Männlichkeitsorientierung ruft eine hegemoniale Geschlechterordnung auf, die auch die historischen Faschisten angesichts der Geschlechteremanzipation nach dem Ersten Weltkrieg auszeichnete. Die weibliche Konkurrenz auf dem Arbeitsmarkt verunsicherte vor allem jene Männer, deren kriegerische Heldenideale im maschinisierten Schlachthaus des Ersten Weltkriegs zerschossen worden waren.

Neue queere Lebensformen in den Metropolen und selbstbewusste Feministinnen wurden in den Zwanziger- und Dreißigerjahren durch die Faschisten mit Repression und einer rückwärtsgewandten Familienpolitik beantwortet. Heute ruft der AfD-Politiker Maximilian Krah auf Tiktok jungen Männern zu: „Echte Männer sind rechts – dann klappt’s auch mit der Freundin.“

In den USA und Großbritannien ist zu beobachten, dass der Anteil junger Männer steigt, die ungewollt Single sind und sich einsam fühlen. Die Rechtsradikalen adressieren auch hier ein reales Problem. Dazu passt die Rückkehr zur fossilen Wirtschaft, die Trump mit der Rückkehr zum Fracking und dem Schlagwort „Drill, baby, drill“ propagiert. Die Politikwissenschaftlerin Cara Daggett nennt das „pe­tromaskulin“. Der Verweigerung der Anerkennung queerer Lebensweisen entspricht die Ideologie eines industrie­gesellschaftlich-autoritären Patriarchats, welches Kohle, Stahl und Öl mit traditionell maskulinem Sex und heteronormativer Geschlechterordnung assoziiert.

Gender Studies und Queer Studies sollen von den Universitäten verbannt werden. Eine pronatalistische Politik soll höhere Geburtenraten in der weißen, christlichen Bevölkerung erreichen und traditionelle Männlichkeit zu neuem Ansehen bringen. Nicht nur in den USA, sondern auch in Ungarn oder Russland zeigen sich feminismusfeindliche Einstellungen und eine Verschärfung der Abtreibungsgesetze. Die lateinamerikanischen Postfaschisten rücken den Antifeminismus sogar ins Zentrum ihrer Politik.

Wer den Aufstieg der Rechtsradikalen verstehen will, muss drittens von den Veränderungen des Mediensystems sprechen. Der Umbruch von der kontrollierten Medienöffentlichkeit zu den Internetmedien öffnet ebenfalls ein Gelegenheitsfenster für postfaschistische Politikformen. Populisten wie Trump stellen sich ostentativ als plump, ungehobelt und unkultiviert dar, um Volksnähe zu simulieren. Sie pflegen einen medialen Politikstil der Dramatisierung, Konfrontation, Emotionalisierung und Personalisierung, der mit den schnellen und leicht zugänglichen elektronischen Medien unserer Zeit korrespondiert. Ähnliche Kommunikationsmuster prägten die Zwischenkriegszeit.

Vor allem nach dem Ersten Weltkrieg entwickelte sich mit der Sensationspresse und dem Illustriertenmarkt ein Formwandel der politischen Repräsentation: „An die Stelle des Ideals vom räsonierenden Publikum war die massenmediale Vermarktung politisch diversifizierter und marktgängig stratifizierter Meinungssegmente getreten“, schreibt der Historiker Bernd Weisbrod.

Das Internet bietet dem Postfaschismus ein Gelegenheitsfenster

Heute entbindet die beschleunigte Entwicklung neuer Kommunikationstechniken Politiker von herkömmlichen politischen Institutionen und etablierten Medien. Digitale Medien bieten beste Bedingungen für die Verbreitung von Hass und völkischer Abwertung. Ihre Algorithmen verbreiten negative Nachrichten schneller als die alten Medien.

Der digitale Faschismus formiert sich in Gestalt informeller Schwärme, die sich in rechtsstaatlich gefestigten Demokratien leichter einnisten als uniformierte Schlägertrupps. Natürlich führen die neuen Medien nicht zwangsläufig in postfaschistische Politik – aber sie können von solchen Politikern besser instrumentalisiert werden als unabhängiger Qualitätsjournalismus. Segmentierte Teilöffentlichkeiten, die sowohl zur Dramatisierung als auch zur Dämonisierung des Gegners genutzt werden, boten dem historischen Faschismus und bieten heute dem Postfaschismus ein Gelegenheitsfenster. Faschisten und Rechts­radikale waren und sind technikaffine, eifrige Nutzer von Massenpresse, Film, Radio und sozialen Medien.

So erschreckend viele Parallelen auch sind: Was den Faschisten der Gegenwart fehlt, sind der ausufernde Paramilitarismus, der aus dem Ersten Weltkrieg gespeiste Gewalt- und Totenkult, ausufernde Repression und Willkürherrschaft und der kriegslüsterne Imperialismus. Mit der Ausnahme Putins, der sich jedoch weniger auf die populistische Mobilisierung seiner Gesellschaft versteht, hat kein postfaschistisches Regime einen Krieg begonnen.

Der radikale Wirtschaftsliberalismus der Neunzigerjahre hat die Möglichkeit starker Staatlichkeit unterhöhlt, was in den gemeinschaftsorientierten Dreißigerjahren so nicht denkbar war. Wenn Trump jetzt die Bürokratie gegen eine digitale Verwaltung austauscht, so bedeutet dies die Entfesselung der freien Marktwirtschaft im Staatsinneren. Anstelle der Bolschewisten werden heute Universitäten und Medien aufgrund ihrer angeblichen linksradikalen „Wokeness“ attackiert. Und zu den klassischen „starken Männern“ des Faschismus haben sich längst Frauen wie Marine Le Pen, ­Giorgia Meloni und Alice Weidel gesellt, die sich als stark und unabhängig inszenieren.

Der Schriftsteller und Holocaustüberlebende Primo Levi konstatierte 1974, dass „jedes Zeitalter seinen eigenen Faschismus“ hat. Das gilt bis heute. Der Postfaschismus unterhält nicht nur keine organisierten Schlägertrupps, er alimentiert seine völkisch erwünschten Untertanen auch nicht durch einen Wohlfahrtsstaat, er agiert kommerzieller als seine Vorgänger.

Die postfaschistischen Bewegungen ähneln einem Wurzelgeflecht – sie agieren dezentral und sind zugleich transnational vernetzt. Seine vielfältigen Varianten verbinden aber Rassismus und Nationalismus mit einer Sprache und Symbolik, die auf den Mythos nationaler Wiederauferstehung zielt. Ob wir uns heute in der Gründungsphase neuer Diktaturen befinden und ob diese dann ähnliche Schritte wie der historische Faschismus gehen werden, ist offen. Unmöglich ist es nicht.

Der Autor ist Professor für Zeitgeschichte an der Universität Konstanz.

https://www.faz.net/aktuell/politik/usa-unter-trump/trump-und-afd-jede-zeit-hat-ihren-eigenen-faschismus-110425807.html


The Economist, 25 avril

Well informed : How to form good habits, and break bad ones: trick your brain

Small rewards and a change of scenery can help

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Did you make any resolutions this new year? If you did, are you keeping to them? Well done if you are. Polling in America suggests half of new-year resolvers give up by the end of March. More rigorous scientific studies confirm that it takes months for a new behaviour to stick, regardless of when you start.

Habitual behaviour emerges in response to dopamine, a chemical associated with pleasure, being produced as a consequence of a certain action. Two brain systems are involved. One, in the basal ganglia (a set of structures deep in the brain’s interior), responds automatically and predictably to certain stimuli. For example, your morning alarm is a stimulus that activates your “getting up” habit. This will include sub-habits such as “shower”, “make coffee”, “get dressed”, “drive to office” and so on, each with their own triggering stimuli and dopamine reward.

The other brain system, which is goal-directed, is located in the cortex, that organ’s outer layer. Its dopamine reward comes from a deliberate action being successfully performed. This goal-directed system can, if necessary, override the stimulus-response one. For example, if the radio tells you of a traffic problem, the “drive to office” sub-routine will need conscious modification.

For one-off modifications of habits, this arrangement of routine and override works well. But permanent changes, such as either breaking an old habit or making a new one, are thought to require weakening the stimulus-driven system to reduce the pertinence of old stimuli and strengthening the goal-directed one to increase that of new ones.

In a paper published in January, Eike Buabang and his colleagues at Trinity College, Dublin, review the evidence behind various ways in which this can be done. In practice, most proven approaches seem to operate on the stimulus-response side of the equation. Deliberate repetition, that stalwart of hopeful resolution-makers, trains the brain so that what was once goal-directed becomes automatic. In the case of driving to work, the incentive to do this is strong (you won’t get paid otherwise). For things more easily abandoned, reinforcement with small rewards (whether the kick of having lost another kilo at your weekly weigh-in or the praise generated by language-learning or fitness apps) works similarly. To break an unwanted habit, on the other hand, consider removing familiar stimuli. Moving house is known to help—though calling in the removal vans is a drastic approach to resolution-keeping.

Why people learn bad habits in the first place remains mysterious. Most habits form precisely because they are helpful. Automatic behaviours, such as those involved in a morning routine, reduce cognitive load and free mental resources for other tasks, such as working out what to say in the ten-o’clock meeting. But these mechanisms can be subverted. The nicotine inhaled by smoking tobacco—a type of habit so powerful that it has a special name, “addiction”—stimulates dopamine production directly. This is something natural selection could not have foreseen. Non-addictive habits like procrastination are harder to explain.

In the end, though, all this science continues to support the idea that, when it comes to habit-formation, good old-fashioned willpower is the way forward. As the old joke has it: “How many psychoanalysts does it take to change a light bulb? Only one, but the light bulb has to really want to change.” ■

https://www.economist.com/science-and-technology/2025/04/17/how-to-form-good-habits-and-break-bad-ones-trick-your-brain


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 25 avril

Preußische Aufklärung: : Eine bessere Zeit hat Berlin nie wieder erlebt

Um 1800 blühte in Preußen das kulturelle Leben. Künstler und Architekten brachten den Klassizismus nach Deutschland, in den Berliner Salons trafen sich Dichter und Philosophen. Davon erzählt eine sehenswerte Ausstellung in Neuhardenberg.

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Das Humboldt-Forum, das bislang größte und teuerste Projekt der deutschen Kulturpolitik, ist der preußischen Aufklärung gewidmet. Aber was war die preußische Aufklärung? Hinter den Schlossfassaden bekommt man davon nicht mehr zu sehen als ein paar Schautafeln zu den Aktivitäten der Brüder Humboldt und eine Handvoll Fensterbilder zu Stichworten wie „Kolonialwaren“, „Rebellion“ und „Négritude“. Die Epoche, in der das Weltwissen der Humboldts entstand und auf die Gesellschaft Preußens und Deutschlands zurückwirkte, bleibt ausgeblendet.

Man muss die Hauptstadt hinter sich lassen und nach Neuhardenberg fahren, um über den historischen Kontext des Humboldt-Forums aufgeklärt zu werden. Dort, in dem Schloss am Rand des Oderbruchs, das der preußische Staatskanzler und Reformer Karl August von Hardenberg von seinem Architekten Karl Friedrich Schinkel in klassizistischen Formen umgestalten ließ, ist seit Ende März eine Ausstellung über die Berliner Kulturblüte zur Zeit der Französischen Revolution und der Herrschaft Napoleons geöffnet.

Der Tod des Königs beflügelte die Kultur

Es sind die ­„trente­ glorieuses“ von Preußen, die hier gefeiert werden, die drei Jahrzehnte zwischen dem Tod Friedrichs des Großen und dem Ende der Befreiungskriege, und auch wenn es schon einige Versuche gegeben hat, diese Epoche museal aufzufächern, hat die Präsentation in Neuhardenberg doch einen besonderen Zauber, der sich nicht nur dem Genius des Ortes, sondern auch der Inspiration ihres Kurators Simon Häuser verdankt.

Die Ausstellung beginnt mit Bernhard Rodes Bild vom Sterbezimmer des „Alten Fritz“. Der Tod des Königs löste die Verknöcherung, die das Berliner Kulturleben in den letzten Jahren von Friedrichs Regierungszeit befallen hatte, und beflügelte den geistigen und künstlerischen Aufbruch in den hauptstädtischen Eliten. Dessen erster sichtbarer Ausdruck war das Brandenburger Tor. Vom Carl Gotthard Langhans nach dem Vorbild der Athener Propyläen entworfen, verband es die Formensprache des Klassizismus mit der Siegessymbolik des preußischen Staates.

Karl Friedrich Schinkel: Schloss Neuhardenberg, Zeichnung von 1822
Karl Friedrich Schinkel: Schloss Neuhardenberg, Zeichnung von 1822SMB, Kupferstichkabinett / Dietmar Katz

Aber der Eichenkranz, den Johann Gottfried Schadows Göttin Viktoria auf ihrem Triumphwagen in die Höhe reckt, war bei der Einweihung des Tores im Jahr 1793 noch leer. Erst nach der Rückkehr der Quadriga aus ihrem Pariser Exil im Juni 1814 wurde das inzwischen als Kriegsorden gestiftete Eiserne Kreuz in den Kranz eingefügt. Deshalb ist es nur folgerichtig, dass der Rundgang in Neuhardenberg mit dem Gipsmodell eines Quadriga-Pferdekopfes aus Schadows Werkstatt beginnt und endet. Der Gipskopf bildet den Rahmen eines Zeitalters, das mit großen Hoffnungen anfing und in Pulverdampf und Gebrüll erlosch.

Der Kunsthistoriker Häuser hat die Exponate nicht chronologisch, sondern klug nach Sparten und Personen gegliedert. Immer zwei von ihnen bilden ein Paar: Nach Langhans und Schadow folgen Chamisso und Moritz, Gilly und Schinkel, Mencke und Mieth, Zelter und Fasch, Rahel Varnhagen und Henriette Herz. Das interessanteste und auch unbekannteste Duo bilden dabei zweifellos die Fabrikanten Gottfried Mieth und August Mencke, weil sie die kommerzielle Seite des preußischen Kulturwunders bezeichnen, das eben auch ein wirtschaftliches war. Beide, Mencke und Mieth, waren Zöglinge der vom großen Friedrich gegründeten Porzellanmanufaktur.

Doch während sich Mieth auf die Herstellung von Preziosen wie Kronleuchter und Vasen verlegte, tüftelte Mencke jahrelang an ei­ner Masse aus Mahagonispänen, Ton und Gips, die er Holzbronze nannte. Die Mischung war ebenso glänzend und beständig wie echte Bronze, aber viel billiger. In Neuhardenberg wird ein Säulenpodest gezeigt, das keinen Skulpturenschmuck mehr braucht, weil es selbst ein Kunstwerk ist. Erst der industrielle Aufschwung ab 1840 fegte Menckes Holzbronze vom Markt; mit ihm begann die große Zeit der preußischen Eisenkunst.

Aber natürlich war die Aufklärung in Preußen, wie anderswo auch, ein Produkt der Salons. Bei Rahel Varnhagen, die damals noch Rahel Levin hieß, kamen Schlegel, Tieck, die Humboldts und Jean Paul zusammen, bei Henriette Herz zusätzlich noch Schadow, Schleiermacher, Börne und Sophie Brentano. Ein Panoramagemälde dieser Abendgesellschaften, wie es Engländer und Franzosen malen ließen, gibt es leider nicht, deshalb muss sich die Ausstellung mit einem Ersatzbild von 1816 behelfen.

In Carl Friedrich Zimmermanns „Interieur am Abend“ hat sich eine Tischgesellschaft aus vier Damen und fünf Herren im Klavierzimmer versammelt; eine der Frauen unterbricht ihr Spiel, während ein Mann vorliest, ein anderer raucht Pfeife, die übrigen hören sitzend oder an die Wände gelehnt zu. Frappierend an der Szene ist ihr Mangel an Licht: Eine einzige Öllampe breitet einen matten Schein über die Körper der Anwesenden. Das Berliner Geistesleben um 1800 fand zu wesentlichen Teilen im Halbdunkel statt.

Das Zentrum der Ausstellungshalle in Neuhardenberg bildet ein Pavillon, der zwei preußischen Dichtern gewidmet ist: Adelbert von Chamisso und Karl Philipp Moritz. Ein Emigrant und ein Zugewanderter. Katharina Thalbach liest Auszüge aus „Peter Schlemihl“, der Erzählung, die Chamisso im Sommer 1813 im nahe gelegenen Kunersdorf schrieb, und aus „Anton Reiser“, dem Roman des 1793 gestorbenen Berliner Akademieprofessors Mo­ritz.

Man hätte sich auch andere Schrift­steller­paare vorstellen können, etwa die Romantiker E.T.A. Hoffmann und Friedrich de la Motte Fouqué, aber gerade in ihrer Unverbundenheit sind Moritz und Chamisso die perfekten Repräsentanten ihrer Epoche. Berlin war schon damals ein Mosaik der Einsamkeiten. In den Salons fügten sich die verstreuten Schicksale für einen Moment zum Gruppenbild, dann fielen sie wieder auseinander.

Über Carl Friedrich Fasch und Carl Friedrich Zelter, den Erfinder und den ei­gent­lichen Begründer der Berliner Singakademie, führt der Rundgang zu Schinkel und seinem Lehrer Friedrich Gilly. Darin steckt ein Gedanke, der über den zeitlichen Rahmen der Ausstellung hin­aus­weist, denn Gilly knüpfte an den ar­chi­tekto­nischen Rationalismus des Franzosen Boullée an, während Schinkel den preußischen Klassizismus ins Industriezeitalter übertrug. Noch heute kann man den Entwurf eines Denkmals für Friedrich den Großen, den Gilly 1796 als Aquarell ausarbeitete, nicht ohne schauderndes Staunen betrachten: Auf einem Sockel aus römischen und orientalischen Bauelementen thront eine Kopie des Parthenons. Der Leipziger Platz, wo das Ge­bil­de stehen sollte, wäre zu einer deut­schen Weihestätte geworden. Stattdessen wurde es das Brandenburger Tor.

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Schinkels größtes Geschenk an Neuhardenberg bleibt die Kirche vor dem Schloss. In ihrem Baukörper mit dem wuchtigen Turm, dem eleganten Langhaus und dem Mausoleum der Familie Hardenberg ist alles vereint, was die preußische Aufklärung ausmacht, Philhellenentum und protestantische Strenge, Königstreue und Weltoffenheit. Unter dem Altar ruht das Herz des Kanzlers, durch dessen Reformen – Bauernbefreiung, Gewerbefreiheit, Emanzipation der Juden – das alte Preußen zum modernsten Staat in Deutschland wurde. Hardenberg war ein Adliger alten Schlags, an der Kultur der Berliner Salons hatte er kein Interesse. Aber er gab der Stadt, die sie hervorbrachte, ein neues Gewicht in der Welt.

Aufbruch 1800. Kunst und Gesellschaft der Berliner Klassik. Schloss Neuhardenberg, bis zum 10. August. Leider kein Katalog.

https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/kunst-und-architektur/ausstellung/ausstellung-aufbruch-1800-in-neuhardenberg-110434591.html


Le Point, 23 avril

EXCLUSIF. « Glamping », « asexuel », « cécifoot »… Voici tous les nouveaux mots du Larousse

150 mots font leur entrée dans le fameux dictionnaire. Extraits de leurs définitions fraîchement établies.

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150 nouveaux mots, sens, locutions et expressions font leur entrée dans l’édition 2026 du Petit Larousse illustré. Abordant des thématiques aussi d’actualité que l’inclusion, les préoccupations environnementales ou le vocabulaire de la nouvelle gastronomie, ils témoignent de la vitalité et de la diversité de la langue française.

Pour entrer dans le dictionnaire, chacun de ces termes doit satisfaire un double critère : il doit être partagé (par plusieurs générations, plusieurs professions…), et doit être suffisamment employé (on doit le croiser extrêmement régulièrement dans l’usage commun). Petit tour d’horizon de quelques-uns de ces nouveaux venus.

Une langue pour tous

AESH n. (sigle de accompagnant d’élève en situation de handicap). Personne dont le métier est d’aider un enfant atteint d’un handicap, dans sa vie à l’école ou lors des sorties de classe, afin de favoriser son insertion scolaire.

BOCCIA n.f. (mot ital. « boule »). Sport apparenté à la pétanque et pratiqué en salle (en individuel ou en équipe) par des personnes en fauteuil roulant, qui doivent envoyer, avec la main, le pied ou à l’aide d’un appareil (la rampe), des boules en cuir au plus près d’une boule blanche de même taille, dite jack. C’est une discipline paralympique dans laquelle la stratégie et la précision tiennent une grande place. Elle n’a pas d’équivalent chez les joueurs valide.

CÉCIFOOT n.m. (de cécité et foot). Sport inspiré du football, opposant deux équipes composées de quatre joueurs déficients visuels (malvoyants ou non voyants) masqués, qui se repèrent dans l’espace notamment grâce au son du ballon à grelots, et d’un gardien de but voyant. (On l’appelle aussi football à cinq déficients visuels ou football à cinq DV.) Cette discipline paralympique ne doit pas être confondue avec le goal-ball ni le foot fauteuil.

PARASPORT n.m. 1. Discipline sportive pratiquée par des personnes en situation de handicap (physique, sensoriel, mental ou psychique). Il existe plus d’une vingtaine de parasports. 2. Par extension. Ensemble des disciplines sportives pratiquées par ces personnes. Il englobe le handisport et le sport adapté.

Personne à MOBILITÉ réduite (PMR). Personne ayant des difficultés à se mouvoir et/ou à se déplacer, de manière permanente ou provisoire, en raison d’un handicap, de sa taille, de son âge, de son état de santé (grossesse, maladie, surpoids), des enfants ou des objets qu’elle transporte, etc. (Cette appellation désigne surtout les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant.)

Risques et enjeux environnementaux

BIOPESTICIDE adj. et n.m. Se dit de tout moyen d’origine naturelle (par opposition aux pesticides chimiques ou de synthèse) utilisé dans la lutte contre les ravageurs des cultures : substances issues du vivant (phéromones, stimulateurs des mécanismes de défense des plantes, produits phytosanitaires tirés de bactéries ou de végétaux), prédateurs naturels des parasites, virus, bactéries, etc. (On dit aussi pesticide biologique.) De par leur action généralement restreinte, les biopesticides perturbent rarement les nombreux organismes avoisinant le ravageur ciblé.

ENSEMENCEMENT des nuages. Technique de modification des conditions météorologiques qui consiste à envoyer dans les nuages des particules (d’iodure d’argent, par exemple) favorisant la formation de gouttelettes d’eau, à l’aide de générateurs au sol ou d’avions, de manière à provoquer des précipitations (pluie ou, parfois, neige), soit pour éviter les épisodes de grêle, soit, plus généralement, pour lutter contre la sécheresse. Bien que répandue, cette pratique est controversée (toxicité des produits chimiques employés, risques de tensions diplomatiques, etc.).

LARMES de sirène ou de mer. Petites billes de plastique, aussi appelées granulés plastiques industriels (GPI), qui entrent dans la fabrication de la plupart des objets en plastique et qui, rejetées accidentellement dans les océans (lors d’une chute de conteneur, généralement), polluent durablement les écosystèmes marins.

MICROMOBILITÉ n.f. 1. Ensemble des moyens de déplacement individuels respectueux de l’environnement, légers, compacts et facilement transportables, fonctionnant généralement avec une motorisation électrique (trottinettes et vélos pliables, monoroues, par exemple). La plupart sont complémentaires d’autres moyens de transport (transports en commun, notamment). 2. Ensemble des déplacements réalisés avec ces moyens.

Nouveaux mots et sens des sports, arts et loisirs

COORDINATEUR d’intimité. Personne chargée, durant la préparation et le tournage d’une œuvre audiovisuelle, du bien-être et du respect du consentement des actrices et des acteurs durant les scènes dites de proximité corporelle (scène de nu, de sexe, particulièrement).

DRAMÉDIE n.f. Film, série mêlant les genres du drame et de la comédie.

GLAMPING n.m. (mot angl., de glamour et camping). Type de camping haut de gamme alliant confort, originalité et respect de l’environnement. Il propose des hébergements atypiques (mobile homes design, yourtes, cabanes, roulottes, etc.) dans un cadre naturel préservé.

K-DRAMA n.m. (pl. K-dramas) [abrév. de l’angl. Korean drama, drame coréen]. Ensemble des séries télévisées produites en Corée du Sud, dont le succès dépasse largement les frontières de ce pays. Réalisés à partir de scénarios généralement écrits par des femmes, les K-dramas abordent des genres et des thématiques multiples : romance, thriller, etc.

PADEL n.m. (esp. pádel, de l’angl. paddle, raquette). Sport apparenté au tennis qui consiste, pour quatre joueurs munis de raquettes, à envoyer une balle au-dessus d’un filet dans les limites d’un court de 20 m sur 10 m encadré de vitres et de grillages. En Espagne, c’est le deuxième sport national après le football.

Lecteur SENSIBLE (calque de l’angl. sensitivity reader). Personne chargée par un éditeur de repérer dans un texte, avant sa publication, tout contenu susceptible d’être perçu comme offensant, inapproprié ou inexact. Recommandation officielle démineur éditorial. (On dit aussi lecteur de sensibilité.)

URBEX n.m. ou n.f. (abrév. de l’angl. urban exploration). Activité qui consiste à s’introduire dans des lieux abandonnés, généralement interdits d’accès, afin d’explorer et de photographier ces espaces à l’esthétique inhabituelle. Le terme a été inventé et la pratique conceptualisée dans les années 1990. Illégal en France, l’urbex s’avère souvent dangereux.

Nouvelles tendances de la gastronomie

BANH BAO n.m. inv. (mot vietnamien « pain farci »). Petit pain rond légèrement sucré cuit à la vapeur et garni d’œufs durs, de viande et/ou de légumes, généralement servi au début du repas. Cuisine vietnamienne. Il existe de nombreuses variétés de bao en Asie, comme le baozi chinois.

FOOD TRUCK n.m. (pl. food trucks) [mot angl.]. Camion de petite taille aménagé en cuisine mobile, servant généralement un type de plat précis à emporter. Recommandation officielle camion restaurant.À LIRE

UMAMI n.m. (mot jap. « goût savoureux »). Saveur produite par un acide aminé appelé glutamate de sodium, qui est l’un des éléments constitutifs des protéines (viande, poisson) et de la sauce soja, et que l’on trouve également dans certaines algues, les champignons, les tomates, le parmesan, etc. Identifié en 1908 par un chimiste japonais, Kikunae Ikeda, l’umami est particulièrement apprécié dans la cuisine asiatique. Il est considéré comme la cinquième saveur fondamentale, les quatre autres étant le sucré, le salé, l’acide et l’amer.

Innovations numériques et technologiques

PROMPT n.m. (mot angl.). Instruction envoyée à un algorithme d’intelligence artificielle spécialisé dans la génération de contenu (textes, images, sons, etc.) [exemple : Écris un poème de huit vers sur l’amour]. Recommandation officielle : invite.

Évolutions de notre société

APLAVENTRISME n.m. (de à plat ventre). Attitude de soumission devant quelqu’un, un groupe, un pays, etc., pour en tirer profit ou éviter un conflit : Les excuses faites à cet État dictatorial relèvent de l’aplaventrisme. (Ce sens, courant au Québec, tend à se répandre dans toute la francophonie.)

ASEXUEL, ELLE adj. et n. Se dit de quelqu’un qui n’éprouve du désir ou de l’attirance sexuelle pour personne et n’a ni fantasme ni libido. En France, l’asexualité est considérée comme une orientation sexuelle.

PAIR-AIDANCE n.f. sing. (de pair et aider). Mode d’accompagnement d’un patient dans son chemin vers la guérison, qui repose sur le partage d’expérience de personnes, les pairs-aidants, ayant eu le même parcours de vie (troubles somatiques ou psychiques, maladies, problèmes psychosociaux liés à une addiction, par exemple). Cette pratique, qui permet d’apporter un soutien émotionnel et des informations aux patients, peut être instituée dans un groupe de parole, une association ou un centre médical. Elle est de plus en plus recommandée dans le cadre de l’autonomisation des patients (en santé mentale, notamment) et tend même à se professionnaliser en Amérique du Nord.

TÉLÉPRÉSENTIEL, ELLE adj. et n.m. (de télétravail et présentiel). Se dit d’une formation, d’un enseignement à distance permettant de suivre en direct les cours dispensés sur Internet, dans les conditions d’apprentissage du présentiel.

Expression du quotidien

BADER v.i. (de l’angl. bad, mauvais). Familier. 1. Être démoralisé, triste, abattu ; déprimer : Ce film me fait bader. 2. Être inquiet, angoissé, stressé ; s’inquiéter ; s’angoisser : Il a badé pour ses examens.

CAPÉ, E adj. (angl. capped, sélectionné, de cap, casquette [remise aux sportifs recevant leur sélection]).

(Généralement précédé d’un adverbe). Se dit d’un professionnel expérimenté : C’est un présentateur très capé ; se dit d’un poste qualifié : Il n’a pas hésité à postuler à un poste trop capé pour lui.

GROS n.m. (origine incertaine). Familier. Camarade (de classe, particulièrement) ; ami : Salut, gros ! Ça va ?

Évolutions du monde médical et scientifique

PÉRIMÉNOPAUSE n.f. Période de deux à quatre ans qui précède la ménopause et se caractérise notamment par des cycles irréguliers et un certain nombre de troubles (irritabilité, bouffées de chaleur, troubles du sommeil et de la libido, etc.).

Mots des régions

OMBRÉE n.f. (mot occitan). Régional (Sud-Ouest). Versant d’une vallée de montagne exposé à l’ombre ; ubac (CONTR. soulane).

Actualités politiques et juridiques

SURACCIDENT n.m. Dans les transports terrestres particulièrement, accident (de voiture, par exemple) survenant à la suite d’un premier accident qu’il aggrave : Sur l’autoroute, la sécurisation rapide d’un accident est essentielle pour éviter un suraccident.

TAPISSAGE n.m. Procédure policière qui consiste à présenter le suspect d’un crime ou d’un délit, parmi plusieurs personnes qui lui ressemblent, à une victime (ou un témoin) protégée par un miroir sans tain, pour lui permettre de l’identifier. (Dans les textes officiels, on parle plutôt de parade [ou séance] d’identification.) Le tapissage peut aussi s’effectuer au moyen de photographies présentées à la victime.

Violences VICARIANTES. Violences intrafamiliales (meurtre, notamment) exercées sur les enfants d’une personne par son conjoint ou ex-conjoint, à défaut de pouvoir l’atteindre elle-même. Décrites en France comme des violences « dans le cadre d’un conflit de couple sans qu’aucun membre

du couple soit victime », les violences vicariantes (ou violences par procuration) sont généralement perpétrées lors d’une séparation conflictuelle.

Mots de la francophonie

ASTRUQUER v.i. ou s’ASTRUQUER v.pr. Belgique. Avaler de travers ; s’étouffer en mangeant : Ne mange pas si vite, tu vas (t’)astruquer !

DIALOGUEUR, EUSE n. Suisse. Personne employée par une ONG ou une association caritative, qui est chargée d’engager la conversation avec les passants, afin de leur expliquer les causes défendues par celle-ci et de récolter des fonds.

PROCÉDURIER n.m. Québec. Document qui présente de façon détaillée l’ensemble des procédures, des instructions et des étapes relatives à l’exécution d’une tâche ; guide de procédures.À LIRE AUSSI Connaissez-vous le terme « brat », désigné mot de l’année 2024 par le dictionnaire Collins ?

RÉGIONALISME n.m. Maghreb, Afrique. Préférence fondée sur l’appartenance régionale (favoritisme politique pour des candidats de sa région, par exemple) indépendamment des critères de compétence et de mérite.

HONORABLE n. et adj. (angl. honourable). Afrique centrale. Titre honorifique donné aux personnes occupant ou, parfois, ayant occupé certaines fonctions officielles (ministres, lieutenants-gouverneurs, députés, juges, etc.) : L’honorable juge D. X. assistera à la conférence. (Au Québec, ce titre est aujourd’hui réservé au lieutenant-gouverneur.)

https://www.lepoint.fr/societe/exclusif-glamping-asexuel-cecifoot-voici-tous-les-nouveaux-mots-du-petit-larousse-illustre-2026–22-04-2025-2587987_23.php


The Wall Street Journal, 22 avril

The Economics of Polarization

People tend to interpret ambiguous information as confirming whatever they believed to begin with.

Full text: 

Nothing throws America’s divisions into stark relief quite like having Donald Trump in the White House. But Mr. Trump is an effect of polarization as much as a cause. We’ve been growing apart politically for decades.

Data from Gallup show wide and growing divergence across numerous issues between 2003 and 2023. Nowadays, 85% of Democrats but only 30% of Republicans think the government should ensure that everyone has healthcare, a gap that grew 24 points during those two decades. The notion that the federal government has too much power now gains support from 73% of Republicans and 31% of Democrats, a 51-point shift—yes, the partisan split was slightly in the other direction during the George W. Bush administration. The split on whether abortion should always be legal has widened 30 points, on whether human activity is the main cause of global warming by 33 points.

Lawmakers have become more polarized over the past half-century too, and there’s polarization over why this happened. Some data suggest that Republican politicians pulled to the right, but conservatives note that the government has moved sharply to the left. In a 2021 Quinnipiac University poll, 52% of Americans said the Democrats had moved too far left, while 35% said the Republicans had moved too far right.

Even seemingly nonpartisan measures such as the consumer sentiment index reveal partisan polarization: Republicans had more-positive views than Democrats about their economic situation during the first Trump term, and this abruptly flipped in early 2021.

How can two people who observe the same information come away with starkly different conclusions? And why do views on factual questions, such as the cause of global warming or the strength of the economy, break down so neatly on ideological lines?

A key insight came to me in a roundabout way. My wife is a great driver, but she blows the horn too much for my taste. Any slight—perceived or real—and you get a loud honk if she is behind the wheel. One morning as we were commuting, a car pulled past her on the highway and veered just slightly our way, so that its tires drifted into our lane. She honked. I tried to reason with her—his driving was within the usual margin of error. Her response: “I have kept myself from many, many accidents by being a proactive honker.”

We observed the same incident, drew opposite conclusions, and each became more convinced we’d been right all along. Is this consistent with rational thought? And could it explain why Americans have become so polarized?

As soon as she dropped me off on campus, I ran to my office to tell a fellow economist this anomaly I had observed. Was my wife irrational? Was I? Or did we need to think about inference and decision-making a bit differently? I confided first in Matthew Jackson, who specializes in social networks. He seemed as perplexed as I was and, because he knows my wife, offered up several interpretations that would make her seem more rational. Finally, he relented, and it became one of the guiding examples for us to think differently about how humans process information when there is uncertainty.

In the simplest version of the model we developed, imagine that the truth is either A or B. Climate change either is or isn’t caused by human activity. The death penalty either deters crime or it doesn’t. No one really knows the truth—but we start with a prior belief about how plausible A and B seem. Each person observes a series of signals, information that suggests the truth might be A or B. Some signals are ambiguous and come as AB rather than A or B.

If you were fully rational and able to set aside prior beliefs, you’d store the information in a sequence—A, B, AB, AB, A, AB, A, B, B—and add it up at the end: three points for A, three for B and three ambiguous signals.

But if you tend to align unclear evidence with your previous expectations, you would come away thinking your original instincts were right. If you construe all the “AB” signals as A (or B), you now think the evidence falls on your side by a 2-to-1 margin. Further observations of the world entrench that view rather than correcting it, because future ambiguous signals will have the same skew.

Our main mathematical result demonstrates that if a large enough share of experiences are open to interpretation—maybe the guy who drifts into your lane until you honk is an example of the horn’s saving lives, or maybe he’s an average driver who never posed a threat—then two agents who have differing prior beliefs and who see exactly the same sequence of evidence can often end up polarized, with one person being absolutely sure of A and the other of B.

We explored the model’s implications in an online experiment with more than 600 subjects, modeled on a pioneering 1979 paper by Charles G. Lord and colleagues. First, participants were presented with questions about their beliefs on climate change and the death penalty. Then they read a series of summaries of research about each topic. After each summary, we asked participants if they thought the summary provided evidence for or against the topic on a 16-point scale. After all of the summaries were presented, we repeated the initial questions about their beliefs about the topic.

There was a very significant correlation between a subject’s prior belief and his interpretation of the evidence. More than half of our sample exited our experiment with more extreme beliefs than at the start, even though the evidence presented to them was neutral.

The discouraging implication is that in a world where information is plentiful, people will become more divided, not less. That’s true even if they all see the same information—which they don’t when they can choose between Fox News and MSNBC. And it’s true even if our widening divisions prove deeply unhealthy for our country.

Mr. Fryer, a Journal contributor, is a professor of economics at Harvard, a founder of Equal Opportunity Ventures and a senior fellow at the Manhattan Institute.

https://www.wsj.com/opinion/the-economics-of-polarization-prior-beliefs-bias-information-b7b0e99f?mod=e2tw


Neue Zürcher Zeitung, Buchbesprechung, 19 avril

Pankaj Mishra versucht die Israeli zu den neuen Nazis und die Tragödie in Gaza zum neuen Holocaust zu machen. Dabei überhebt er sich gründlich

Eine kritische Analyse des Kriegs in Nahost verspricht Pankaj Mishra in seinem neuen Buch. Doch der Blick durch die postkoloniale Brille lässt den indischen Schriftsteller förmlich erblinden.

Pankaj Mishra: Die Welt nach Gaza. Aus dem Englischen von Laura Su Bischoff. S.-Fischer-Verlag, Frankfurt am Main 2025. 304 S., Fr. 38.90.

Full text: 

Schlechte Bücher können informativ, spannend und sogar lehrreich sein, Pankaj Mishras «Die Welt nach Gaza» ist so eins. Für Leser, die wissen möchten, wie radikale Postkolonialisten denken, ist der Versuch des indischen Historikers, die Tötung Abertausender von Menschen in Gaza intellektuell zu verorten, fast schon eine Offenbarung. Mishra präsentiert das ganze Kompendium postkolonialer Weltwahrnehmung mit all seinen verqueren Grundannahmen, Folgerungen, Tabus und blinden Flecken, und das in flüssiger, eleganter Sprache, versehen mit einer Fülle von Zitaten.

Davon abgesehen aber ist «Die Welt nach Gaza» eines der groteskesten publizistischen Elaborate der letzten Jahre. Dies ist Mishras Trick: Einerseits macht er deutlich, dass er die Juden mag, dass er viele von ihnen seit frühester Jugend bewundert, ja verehrt und dass er somit niemals des Antisemitismus bezichtigt werden darf.

Mit Genuss, man spürt es, zitiert er Heerscharen jüdischer Intellektueller von Hannah Arendt und Saul Bellow über Primo Levi bis Stefan Zweig als Zeugen seiner Hauptanklage, die da lautet: Wie kann es sein, dass sich das Volk, das Opfer des grauenvollsten Verbrechens des 20. Jahrhunderts wurde, eine Regierung zugelegt hat, die allem Anschein nach ohne Hemmung, schlechtes Gewissen oder Reue Zehntausende unschuldiger Menschen dahinschlachtet, wohlwissend, dass sie damit auch Sympathisanten in aller Welt verstört? Die Juden sind hier Seher und Mahner.

Anderseits lässt der Blick durch die postkoloniale Brille Mishra förmlich erblinden. Das Massaker der Hamas vom 7. Oktober 2023 wird anfangs kurz erwähnt als Fakt, als eine Art Naturereignis, dann taucht es kaum noch auf. Die Frage, ob es sich hier möglicherweise um Terror, um einen Zivilisationsbruch, also um Unentschuldbares, Böses gehandelt haben könnte, interessiert Mishra nicht.

Der Kolonialismus soll alles erklären

Er geht nicht so weit, Lobeshymnen auf die Hamas anzustimmen. Aber für ihn ist der 7. Oktober, ähnlich wie für die feministische Philosophin Judith Butler, offensichtlich ein legitimer Akt des Widerstandes gegen eine rassistische Kolonialmacht, die Araber vernichten will. Hier sind die Juden die Verbrecher. Über die Beweggründe der Araber aber, ihre Pläne, ihre Zwiste, ihre Hoffnungen, sonderbarerweise auch ihr Leid, erfahren wir bei Mishra nichts.

Dies sind die zentralen Thesen. Der Kolonialismus der Westmächte ist das alles erklärende Paradigma, ähnlich wie bei Marx der Klassenkampf. Ergo liegen die Wurzeln des Nazismus, der die Shoah zu verantworten hat, im Kolonialismus – und nicht etwa in den inhärenten Widersprüchen des Kapitalismus oder der Natur des Menschen.

Die Shoah war schlimm, das würde auch Mishra so sagen, aber sie war ein Verbrechen von vielen, und verhängnisvollerweise hat sich aus ihr ein philosemitischer Kult entwickelt, eine Art Holocaust-Fetischismus, der dafür gesorgt hat, dass breite Teile des Westens es nicht mehr wagen, Israel zu kritisieren. Die Juden sind zum «auserwählten Volk des Westens» geworden, die Erinnerungskultur ist ein reines Konstrukt mit der Zielsetzung, israelische Untaten des Bereichs des Kritisierbaren zu entheben. Oder wie die propalästinensischen Aktivisten in Berlin jeweils schreien: «Free Palestine from German guilt.»

All das ist weder neu noch aufsehenerregend, und einiges ist ansatzweise sogar richtig. Israel ist ein grossartiger demokratischer Staat geworden – aber gleichzeitig eben auch zum Hort ultranationalistischer, rassistischer Juden, die die Araber verachten, die expandieren wollen und, ohne mit der Wimper zu zucken, Gesetze brechen, auch israelische. Natürlich hat Israel in den Dezennien seit der Gründung einen betont maskulinen Kult der Stärke entwickelt, in dem der Tzabar, der starke, mutige, in Israel geborene Jude, die prägende Rolle spielt. Und natürlich hat das westliche Ausland, Amerika an erster Stelle, diese Entwicklung stets begrüsst.

Die Nazis der Gegenwart

Doch wenn sich offenbart, dass Mishra den «Genozid» in Gaza als neue Shoah, als universales Symbol moralischer Verkommenheit schlechthin, zu etablieren sucht, wird es widerwärtig. Kritik am eiskalten Vorgehen Israels in Gaza genügt ihm nicht. Die Juden sollen nicht nur die Bösen sein, sondern die Nazis der Gegenwart, Träger also jener ganz besonderen Dämonie, die die Welt anderen, profaneren Schurken stets vorenthalten hat.

Das entbehrt, erstens, jeder Verhältnismässigkeit und übergeht, zweitens, alle Indizien, die diesen Befund widerlegen könnten, mit fast schon gruseliger Konsequenz. Dass Israels Vorgehen die konsequente Antwort ist auf das fürchterlichste Pogrom seit dem Zweiten Weltkrieg? Egal. Dass es andere Kriege gibt – im Sudan, in Äthiopien und Myanmar – mit höheren Opferzahlen, aber ganz bestimmt nicht weniger ethnisch motiviertem Vernichtungswillen? Kein Wort darüber.

Dass sich eine Figur wie Saddam Hussein, der erst Iran angriff und dann mit genozidalem Furor über die Schiiten und die Kurden in seinem Land herfiel, als Fürst des absoluten Bösen möglicherweise besser eignete als die Juden, die sich gegen Länder und Völker wehren, die sie seit Jahrzehnten angreifen – was soll’s? Was nicht ins postkoloniale Schema passt, hat in diesem Buch keine Chance.

Trotz der kühnen Grundthese: Die kantige Positionierung ist Mishras Sache nicht. Er insinuiert, fragt, stellt zur Debatte oder denkt die Dinge an. Das wäre halbwegs erträglich, wenn es bei ihm nicht so unerhört postkolonial einseitig zuginge. So aber wirkt es lavierend bis feige. «Der Streit über die Frage, wie man die von Israel ausgeübte Gewalt bezeichnen soll – als legitime Selbstverteidigung, als gerechten Krieg in schwieriger städtischer Umgebung, als ethnische Säuberung und Verbrechen gegen die Menschlichkeit –, wird niemals beigelegt werden», schreibt er. In der Tat. Man hat den Eindruck, Mishra habe derartige Passagen auf Anraten seiner Londoner Verleger nachträglich ins Vorwort geschrieben. Zum Credo seines Buches stehen sie in krassem Widerspruch.

Unsinnige Analogien

Vielleicht am betrüblichsten aber ist, dass auch Mishra, wie so viele andere Kritiker des Westens vor ihm, die Menschen, denen seine Sympathie gehört, letztlich entmündigt. Wie schon erwähnt: Die Araber, die Palästinenser und letztlich sogar die Hamas werden kalt übergangen. Das Thema ist zu heikel, Mishra müsste eingestehen, dass seine Analogien unsinnig sind.

Das Buch beginnt mit einem Text des polnischen Dichters Czesław Miłosz, der beschreibt, wie während des Zweiten Weltkriegs die Todesschreie der Juden aus dem Ghetto in den friedlichen Warschauer Abend drangen und wie die Menschen darauf reagierten: «Wir sahen einander nicht in die Augen.»

Unmittelbar danach spricht Mishra von der «Vernichtung Gazas durch Israel», von der Ermordung Hunderter Menschen und Kinder, vom fatalen Komplizentum des Westens und von der grausamen Perversion eines Kriegs, in dem quasi live vor den Kameras der Welt gestorben wird. Die Suggestion ist klar. Die Israeli sind die Nazis, die geplagten Menschen von Gaza sind die jüdischen Opfer von damals, und Widerstand gegen die Nazi-Juden ist legitim.

Das Offensichtliche aber sieht Mishra nicht. Die Juden in Warschau waren so hilflos, wie man nur sein kann. Sie wehrten sich, weil sie wussten, dass sie getötet werden sollten, alle. Aber sie haben nicht jahrelang Raketen auf die Deutschen geschossen. Sie haben Deutschland nicht überfallen. Sie haben keine Frauen vergewaltigt, keine Kinder ermordet, sie haben Deutschland nicht zum Paria-Staat erklärt, der vernichtet werden müsse. Die aufständischen Juden in Warschau waren keine Terroristen. Der Versuch, die Hamas im Licht ihres Heldentums erstrahlen zu lassen, ist abscheulich und jämmerlich.

Mishra war anscheinend nie in Gaza. Er war im Westjordanland, 2008. Hätte er den Streifen besucht, er hätte feststellen können, dass die Politiker der Hamas keine ferngesteuerten Trottel sind, die nur auf den kolonialen Faschismus der Israeli reagieren, sondern Menschen aus Fleisch und Blut, die denken, planen und Böses aushecken können, ganz allein. Doch das passt nicht in die Zwangsjacke der postkolonialen Ideologie, und so kommen denn die Schlächter der Hamas in diesem Buch daher wie Marionetten an den Fäden höherer Mächte, ohne eigenen Willen und vor allem ohne das Privileg, Schuld auf sich zu laden. Die Macher in dieser Erzählung sind immer nur die Israeli und die Westler. Sie allein hält Mishra für intellektuell satisfaktionsfähig.

Schade. Mit einer etwas bescheideneren Analyse, mit harter Kritik an Israel und vernünftigeren Vergleichen hätte Mishra mehr erreicht. So aber, mit seinem absurden, jede Komplexität vernichtenden postkolonialen Zugriff und seinem vermessenen Anspruch, dem Bösen in der Welt eine neue politische Heimat zu geben, scheitert der Autor krachend.

https://www.nzz.ch/feuilleton/pankaj-mishra-versucht-die-israeli-zu-den-neuen-nazis-und-die-tragoedie-in-gaza-zum-neuen-holocaust-zu-machen-dabei-ueberhebt-er-sich-gruendlich-ld.1880123


Neue Zürcher Zeitung, 14 avril

Die Erinnerung an den Holocaust wird zunehmend zur Interpretationssache

Auschwitz und Buchenwald werden missbraucht, um über Tagespolitik zu diskutieren. So banalisiert man die Vergangenheit und setzt den Horror der industriellen Morde in verharmlosende, falsche Kontexte.

Full text: 

Das Gelände eines ehemaligen Konzentrationslagers zu betreten, ist im Leben eines fühlenden und denkenden Menschen eine einschneidende, oft lebenslang prägende Erfahrung. «O die Schornsteine / Auf den sinnreich erdachten Wohnungen des Todes» (Nelly Sachs) zu sehen, bedeutet, sich dem Begreifen dessen ansatzweise anzunähern, was Menschen durch andere auf diesen Quadratmetern, in diesen Räumen, Kammern, verständig geplanten und funktional erbauten Mordgebäuden, erlitten haben.

Die Erinnerung an den Holocaust ist in Deutschland eine grundsätzliche Aufgabe, die glücklicherweise Orte, Zeiträume und Institutionen durchdringt: in den Gedenkstätten natürlich, aber auch in den Medien, den Schulen, in der Erwachsenenbildung, in öffentlichen Gebäuden und vor allem in den Reden an Gedenktagen. Der Umgang mit der Erinnerung ist zugleich ein Gradmesser für den gesellschaftlichen Anstand – so wie wachsender Antisemitismus ein zuverlässiges Anzeichen für eine zunehmend kranke Gesellschaft ist.

Bald kann kein Überlebender mehr berichten

Das noch junge Jahr 2025 markiert dabei eine Zäsur. Es fällt in eine Zeit, in der die Berichte derjenigen, die den Holocaust erlebt haben, endgültig abreissen. Intellektuellen wie Jean Améry oder Paul Celan war es einst möglich, ihr eigenes Erleben mit der ihnen eigenen Geistesschärfe zu kombinieren und so die Frage nach der möglichen, richtigen Erinnerung zu beantworten oder zumindest zu diskutieren. Sie konnten auch Vereinnahmungen des Erinnerns entschieden und glaubwürdig entgegentreten. Aber sie sind nicht mehr unter uns.

Gleichzeitig hat sich die Gesellschaft durch die Verschiebung von traditionellen zu sozialen Netzwerken in einen Zustand begeben, in dem sekündlich unglaubliche Dinge – von der Alltagslüge bis zur Holocaustleugnung – veröffentlicht werden, ohne dass die Aussagen auch nur milde Empörung auslösen. Und das Wissen über den Holocaust ist immer weniger präsent. Bei einer repräsentativen Befragung im Herbst 2023 gaben etwa 40 Prozent der 18- bis 29-Jährigen in Deutschland an, nicht zu wissen, dass etwa sechs Millionen Juden unter deutscher Herrschaft ermordet wurden.

Es wäre deshalb notwendiger denn je, an das zu erinnern, was war. Stattdessen aber wird die Erinnerung zunehmend zur Interpretationssache. Zufall? Nicht, wenn man sich anschaut, wer eingeladen wird, Reden zu halten und Gedenktexte zu schreiben.

Ein erster Tiefpunkt des Jahres war es, als der «Spiegel» am Jahrestag der Befreiung von Auschwitz im Januar titelte: «Der Holocaust dient Israel als Lehre der Unmenschlichkeit». An dem Tag also, an dem der Ermordeten gedacht wurde, zog ein deutsches Medium eine Parallele zwischen dem Land, in das sich Überlebende mit letzter Kraft geflüchtet hatten, und dem mörderischen Regime, das Juden systematisch in die Vernichtung getrieben hatte.

Die Opfer von damals sollen die Täter von heute sein

Nach der Interpretation, die der «Spiegel» mindestens in der Überschrift transportierte, haben die Opfer aus den Lagern, die dem an ihnen geplanten Mord entrinnen konnten und es oft nur schwer traumatisiert in den sicheren Hafen Israel geschafft haben, aus ihrem Erlebten «die Unmenschlichkeit» gelernt. Die Opfer von damals (oder ihre Nachfahren) sind demnach die Täter von heute. Es ist eine Aussage über den Holocaust, die noch vor wenigen Jahren nur in extremistischen Kreisen existierte. Heute steht sie prominent auf der Homepage des «Spiegels».

Dass das dazugehörige Interview mit einem israelisch-amerikanischen, jüdischen Holocaust-Forscher geführt wurde, Omer Bartov, kann ein guter Grund sein, es abzudrucken; auch scharfe Kritik an der israelischen Regierung, wie Bartov sie übt, ist ein wichtiges Thema, dem sich Redaktionen widmen können.

Dass aber eine Redaktion, zumal eine deutsche, den Satz «Der Holocaust dient Israel als Lehre der Unmenschlichkeit» mit der Dachzeile «80. Jahrestag der Auschwitz-Befreiung» kombiniert und zum Gedenktag für die richtige Wahl als wichtigsten Text auf der Homepage hält, bleibt schwer fassbar. Wer denkt sich so etwas aus? Wer kommt auf eine solche Zeile – die übrigens im Interview wörtlich gar nicht vorkommt?

Hielten es wirklich mehrere Journalisten für einen angemessenen Umgang mit dem Jahrestag der Befreiung von Auschwitz – jenem Ort, an dem 1,1 Millionen Menschen ermordet wurden, darunter 960 000 Juden? Eigentlich hätte zumindest die Schlagzeile in Verbindung mit dem Tag der Publikation für breite Kritik quer durch die Gesellschaft sorgen müssen. Auch deshalb, weil der Beitrag der wichtigste Text des Magazins zum Gedenktag war. Aber es blieb ruhig.

Ein neuer, kurzer Weg zur Kritik an Israel

Der Weg von Auschwitz zur Kritik an Israel ist kurz geworden in diesem Jahr. Es ist ein Weg, den nur beschreiten kann, wer bereit ist, nahezu alles, was über Auschwitz bekannt ist, zu vergessen: den systematischen Mord, die Folter, die Perversion der sogenannten «Experimente» an Menschen, die Verankerung all dessen in einer zunehmend kranken, gestörten deutschen Volksseele, die sich im Verrat und der Auslieferung von Nachbarn und Freunden spiegelte und im Ausleben niederster, verdammenswerter Instinkte. Vergessen ist damit auch die Heldenhaftigkeit der Eingesperrten, von denen viele übermenschliche Kraft und Menschlichkeit bewiesen.

Anfang April feierte man dann im ehemaligen Konzentrationslager Buchenwald die Befreiung desselben; sie jährt sich an diesem Freitag zum 80. Mal. Eingeladen als Redner war der israelische Philosoph Omri Boehm. Wegen Protests der israelischen Botschaft, die sich derzeit offenbar als letzte Instanz um würdevolles Gedenken kümmern muss, wurde er wieder ausgeladen. Boehms Überzeugungen liegen denen des Interviewpartners des «Spiegels», Bartov, nicht fern.

Die nicht gehaltene Rede wurde bekannt, indem sie am Tag des Gedenkens von der «Süddeutschen Zeitung» veröffentlicht wurde. Der Titel der Redaktion lautete: «Das ist die Rede, die Omri Boehm nicht halten durfte». Illustriert wurde der Text mit einem Schwarz-Weiss-Foto, das Hunger leidende, eingepferchte Inhaftierte zum Zeitpunkt ihrer Befreiung im April 1945 zeigte. Den Horror der Buchenwald-Baracken mit einer Abverkaufs-Schlagzeile zu kombinieren, passte zum Text, dessen genaue Lektüre sich lohnt.

Kein Wort über den Horror

Denn Boehm hatte vor, in Buchenwald kaum über Buchenwald zu sprechen. Da ist kein Wort über die Öfen zur Verbrennung der Leichen, über die Todesmärsche, die Zwangsbordelle, den ganzen Horror. Gewiss, Erinnerung kann sich nicht in einer blossen Aneinanderreihung dessen erschöpfen, was geschehen ist. Aber es hilft, sich an die Debatte über Theodor Adornos These zu erinnern, wonach es barbarisch sei, nach Auschwitz ein Gedicht zu schreiben. Der Philosoph formulierte Jahre später: «Die authentischen Künstler der Gegenwart sind die, in deren Werken das äusserste Grauen nachzittert.»

Stattdessen findet die Erinnerung an das konkret Vorgefallene in diesem Jahr so wenig statt wie selten zuvor. Auch Boehm entschied sich für die Interpretation, die zweite, dritte Ableitung. In seinem Fall, dem «Spiegel»-Text nicht unähnlich, lautet diese unter anderem: Gaza.

Boehm schreibt: «Wenn in diesen Tagen vom brutalen Massaker des 7. Oktobers gesprochen wird, heisst es auch manchmal «Nie wieder!». Andere blicken auf die Zerstörung und den Hunger in Gaza und sagen dasselbe. Sofern beides ein Vergleich mit dem Holocaust sein soll, ist das eine so irreführend wie das andere. In beiden Aussagen steckt allerdings auch ein Körnchen Wahrheit.»

Monströse Sätze, die keine Debatte auslösen

Der Philosoph lässt hier in unklaren Formulierungen Interpretationsspielraum. Offensichtlich bleibt aber, dass er «ein Körnchen Wahrheit» in der Behauptung sieht, wonach die auf den Holocaust gemünzte Aussage «Nie wieder» auch auf Gaza zu münzen sei. Womöglich, dies lässt sich anhand des Textes nicht abschliessend klären, hält er ein «Körnchen Wahrheit» auch im Vergleich der Situation in Gaza mit dem Holocaust für möglich. Obendrein setzt Boehm in diesen Zeilen das einzige Geschehen, dessen Intention vielleicht dem Holocaust verwandte Züge trug – nämlich den barbarischen und nur mit einer vollständigen Auslöschung eigener Ethik erklärbaren Anschlag auf Israel am 7. Oktober 2023 – mit dem Verteidigungseinsatz der israelischen Armee in Gaza gleich.

Letzteren kann man kritisieren. Aber Ursache und Wirkung, Angriff und Verteidigung, Terroristen und Soldaten, gleichzusetzen, ist schlicht falsch.

Boehms Sätze hätten noch vor zehn Jahren eine ernsthafte Debatte in den Feuilletons ausgelöst: darüber, was Erinnerung bedeutet, und auch darüber, ob man auf diesem Weg nicht Gefahr läuft, den Holocaust zur historischen Anekdote zu machen, zum passenden Aufhänger für jede eigene These.

Die Banalisierung des Holocaust und die AfD

In diese Debatte wäre vorsichtig mit einbezogen worden, dass Bartov und Boehm jüdische und israelische Stimmen sind, denen das Interesse an einem aufrichtigen Gedenken nicht abgesprochen werden darf. Allerdings zielt die Kritik hier vor allem auf die Platzierung der Texte, den Zeitpunkt der Veröffentlichung, den Kontext und die von deutschen Redaktionen produzierten Schlagzeilen.

Richtig ist auch, dass beide Philosophen, Boehm und Bartov, aus einer politisch scharf linken Denkrichtung kommen. Kritik am Vorgehen der israelischen Regierung in Gaza erscheint ihnen so dringlich, dass sie bereit sind, viel moralisches Argument aufzubringen. Beide haben dazu womöglich eher das Recht als deutsche, nichtjüdische Kritiker. Aber der Weg, den Boehm und Bartov einschlagen, prägt nicht zuletzt durch ihre Auftritte in Deutschland einen neuen, fragwürdigen Umgang mit dem Gedenken.

Man sieht das zum Beispiel daran, dass die Angst vor einem Erstarken der AfD zunehmend in einen Zusammenhang mit dem Holocaust gesetzt wird. Die Sorge kann man nachvollziehen, ihre Ausformulierung mag sogar in historischen Kontexten angebracht sein. Aber das Erstarken der heutigen Rechtsaussenpartei in Buchenwald zu thematisieren, besonders am Tag der Befreiung, banalisiert, was dort geschehen ist.

Die Gedenktage des Holocaust werden zunehmend genutzt, um eigene politische Argumente anzubringen, und die Feierlichkeit der Atmosphäre wird umfunktioniert von der Ehrung derjenigen, die den Horror durchlitten haben, zur Erhebung der heutigen Redner.

So ist man, 90 Jahre nach dem organisierten Massenmord, der von deutschem Boden ausging, in Deutschland in der Erinnerungskultur bei der Tagespolitik angekommen.

Wie ginge es anders?

Bärbel Bas von der SPD hat sich im Januar als Bundestagspräsidentin darauf beschränkt, sachlich zu beschreiben, was in Auschwitz geschehen ist. Sie hielt sich an die Zitate von Befreiern: «Auf den dreistöckigen Pritschen liegen halbtote Menschen wie Skelette» und erwähnte glaubwürdig ihre eigenen Gefühle bei einem Besuch der Gedenkstätte, ehe sie mit Margot Friedländer eine Überlebende im Parlament begrüsste. Es war keine grosse, rhetorisch brillante Rede, aber es war eine, die unbedingt bei den Fakten blieb und Interpretationen vermied.

Erinnerung ist bestenfalls ein Akt der geistigen Rettung der Opfer: Ihr Leiden sichtbar zu machen und sichtbar zu halten, sie nicht im Rauschen der Geschichte verschwinden zu lassen, ist die Aufgabe der lebenden Generationen. Sie wird zunehmend schwerer, weil die Zeitzeugen sterben. Gelingt diese Leistung, schafft man – nebenbei – ein starkes Argument gegen Unmenschlichkeit, Terror und Diktatur. Aber die Ableitung darf die Erinnerung nie ersetzen.

https://www.nzz.ch/feuilleton/die-erinnerung-an-den-holocaust-wird-zunehmend-zur-interpretationssache-ld.1879527


Le Point, 10 avril

Pourquoi les intellectuels ne paient jamais le prix de leurs erreurs ?

INTERVIEW. Fascination pour le totalitarisme, aveuglement face aux crimes de masse… Dans un essai, Samuel Fitoussi se demande comment des esprits brillants peuvent se fourvoyer à ce point. Une réflexion très actuelle.

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Le titre est provocateur, mais Samuel Fitoussi ne cherche pas simplement à jouer les trublions. Dans son dernier livre, Pourquoi les intellectuels se trompent (L’Observatoire), il débarque, études scientifiques sous le bras et penseurs de génie en renfort, pour s’attaquer à l’une des plus grandes énigmes de la seconde moitié du XXe siècle : comment des esprits aussi brillants que Sartre ou Foucault – pour ne citer qu’eux, la liste pourrait remplir un bottin – ont-ils pu rester sourds et aveugles aux massacres de l’URSS, de Pol Pot ou de Mao ?

L’essayiste, dont la plume amusée fait régulièrement sourire les lecteurs du Figaro, prend ici la question au sérieux. Pas question de sombrer dans l’anti-élitisme de comptoir : il ne prétend pas que les intellectuels se trompent tout le temps, mais s’interroge : pourquoi, lorsqu’ils se trompent, le font-ils avec une telle maestria ? Pour résoudre cette énigme, il convoque des outils (trop) peu utilisés sous nos latitudes : psychologie évolutionniste, biais cognitifs, et les éclairs de génie de Dan Sperber, Steven Pinker et Jonathan Haidt. L’occasion pour l’auteur, et le lecteur, d’interroger ses propres biais cognitifs.

Le Point : Tout au long de votre livre, vous parlez « des intellectuels ». Qui sont-ils ?

Samuel Fitoussi : Il y a une définition, proposée par le philosophe Étienne Barilier, que j’aime beaucoup : un intellectuel, c’est ce qui reste de Sartre et d’Aron quand on a tout oublié de leurs différences. Sinon, je me range à la définition du penseur libéral conservateur américain Thomas Sowell : un intellectuel est une personne dont le travail commence et finit dans la sphère des idées. L’intellectuel est donc celui qui ne subit pas les conséquences directes de ses erreurs. Contrairement à l’entrepreneur dont l’entreprise peut faire faillite ou au boulanger qui perd ses clients si son pain est mauvais, l’intellectuel peut se tromper sans être sanctionné. C’est lorsque le prix de l’erreur est faible que l’irrationalité trouve un terrain favorable.

Vous critiquez surtout les intellectuels de gauche. Pourquoi ?

Il y a deux raisons. D’abord, sur la période que je couvre, qui va de 1945 à aujourd’hui, la majorité des intellectuels français étaient de gauche. Ensuite, au cours de ces années, la gauche s’est beaucoup plus trompée que la droite. Les exemples ne manquent pas : la fascination pour l’URSS, par exemple. Comme le rappelle François Furet, il était quasiment impensable dans les années 1970 d’être à la fois de gauche et anticommuniste en France. Ou encore la glorification de Mao : Simone de Beauvoir a écrit un livre de 400 pages à sa gloire, appelant la France à suivre ses politiques, tandis que Le Monde traitait de menteurs ceux qui, comme Simon Leys, faisaient état d’un bilan humanitaire peu reluisant en Chine. Il y a aussi l’aveuglement face à Pol Pot : Libération a salué l’arrivée des Khmers rouges au pouvoir avant de nier longtemps le génocide. Sans oublier la fascination pour Fidel Castro, qui a reçu une visite admirative de Sartre, ou encore le soutien enthousiaste à la révolution iranienne, acclamée par Foucault et Sartre. La liste est longue.

Samuel Fitoussi est essayiste, entrepreneur et chroniqueur au Figaro. Il est également l’auteur de Woke Fiction (Le Cherche midi, 2023).  © Hannah Assouline

Beaucoup de ces intellectuels ont été, selon vous, « tyranophiles ». C’est-à-dire ?

J’emprunte le terme « tyranophilie » à Mark Lilla, historien américain, qui s’interrogeait sur la fascination des intellectuels pour des régimes totalitaires meurtriers. Comment expliquer cette fascination ? J’émets plusieurs hypothèses dans mon ouvrage, mais on peut évoquer la propension des intellectuels au désamour à l’égard des démocraties libérales qui les font vivre. Orwell dénonçait déjà « l’anglophobie » de l’intelligentsia britannique. L’intellectuel de gauche, écrivait-il, préfère être aperçu en train de voler dans une boîte à dons pour les pauvres qu’en train de chanter l’hymne national la main sur le cœur.

Plus récemment, Roger Scruton déplorait « l’oikophobie » des intellectuels occidentaux. Si la xénophobie est le rejet instinctif de tout ce qui vient d’ailleurs, l’oikophobie désigne le sentiment inverse, tout aussi irrationnel : le rejet de sa propre maison. Ainsi vu, ce ne serait pas tant que les intellectuels aimaient le communisme pour ce qu’il était, mais pour ce qu’il incarnait : un contre-modèle à la démocratie libérale, une promesse d’utopie qui leur permettait de condamner ce qui existait chez eux.

Comme l’adolescent qui se construit en opposition à ses parents, l’oikophobie serait-elle une manière pour les intellectuels d’exister ?

Steven Pinker, psychologue cognitiviste et professeur à Harvard, propose d’imaginer les intellectuels en compétition avec d’autres catégories de la population dans une lutte pour le prestige moral. En dénonçant la société dans laquelle ils habitent, ils affirment que les politiciens sont incompétents, que les entrepreneurs sont mus par des intérêts égoïstes, que les journalistes sont irresponsables, que les artistes véhiculent des messages pernicieux, que les générations passées ont échoué. Or dévaloriser les autres, c’est, par contraste, se valoriser soi-même.

Ajoutons que, dans les démocraties libérales, les évolutions sociales sont le fruit d’un ordre spontané. L’ordre n’est pas construit par le haut. Les prérogatives de l’intellectuel sont limitées. Dans des sociétés plus autoritaires, c’est souvent l’inverse : l’intellectuel théorise sur sa feuille de papier la société parfaite, et le politicien l’applique. Cela pourrait expliquer non seulement la tyranophilie des intellectuels mais aussi leur rejet du libéralisme. Pourquoi valait-il mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ? Réponse d’Aron : « L’intelligentsia n’est pas prête à me pardonner de ne pas ouvrir la voie de la société bonne et de ne pas tenter d’enseigner la méthode pour y accéder. »

Vous doutez du fait que les intellectuels comme Sartre ou Foucault étaient uniquement animés par la recherche de la vérité…

Le psychologue Jonathan Haidt nous demande d’imaginer deux hommes : l’un défend la vérité en toutes circonstances, même quand celle-ci est impopulaire ; l’autre parvient à conserver toujours une bonne image, quitte à adhérer à tort au consensus de son groupe social. À travers l’histoire, lequel a davantage survécu, s’est davantage reproduit ? La réponse est évidente : le second. C’est de cet homme dont nous sommes les descendants. Autrement dit, l’évolution a programmé nos cerveaux pour nous orienter non pas vers la vérité, mais vers la rationalisation de ce qui fait consensus dans notre milieu, vers les croyances qui nous confèrent un statut social.

Les intellectuels sont-ils plus vulnérables face à ce biais ?

Oui, car, davantage que les boulangers ou les ingénieurs, ils ne sont pas jugés sur la validité de leurs croyances via un critère de vérification empirique (le pain a-t-il bon goût, le pont s’effondre-t-il ?), mais en fonction du référentiel social : l’opinion des autres sur leurs propres opinions. Les intellectuels de gauche au XXe siècle ont peut-être créé un monde autoréférentiel, où des idées catastrophiques (Mao est un philanthrope duquel nous devrions nous inspirer), mais jugées justes ou vertueuses dans leur univers social, rebondissaient et s’entretenaient, sans pouvoir être disqualifiées au contact du monde réel. On pense à la formule de Jean-François Revel : « Une majorité d’intellectuels persistent avant tout à se demander non pas ce qu’ils doivent penser, mais ce que l’on va penser d’eux. »

Comment expliquez-vous l’indulgence de la société envers ces penseurs qui ont commis de si graves erreurs ?

Ces intellectuels étaient de gauche. Or, collectivement, nous semblons imaginer que les égarements de la gauche sont moins graves que ceux de la droite. Lorsque la gauche se trompe, fraye avec l’antisémitisme ou fait l’éloge de dictateurs dangereux, on considère qu’il s’agit d’une dérive, d’un dévoiement de sa nature profonde (bonne par essence). À l’inverse, lorsque la droite ne se trompe pas, on considère que c’est une dissimulation de sa nature profonde (mauvaise par essence). On pardonne plus facilement les choses à la gauche.

Quelles sont, selon vous, les plus grandes erreurs des intellectuels contemporains ?

Pour n’en évoquer qu’une, certains semblent succomber à l’illusion qu’il ne tiendrait qu’à nous de ne pas avoir d’ennemis. Si nous caressions ceux qui nous haïssent dans le sens du poil, pensent-ils, nous gagnerions leur sympathie. C’est pourquoi, à droite, certains s’imaginent que l’Occident est coupable de n’avoir pas su apaiser la Russie, et en viennent, par exemple, à accuser l’Otan (pourtant une alliance défensive) d’avoir été agressive. À gauche, certains semblent croire que l’hostilité de l’Algérie vis-à-vis de la France appelle à davantage se repentir pour la colonisation. Pourtant, comme l’écrivait le philosophe français Julien Freund, c’est souvent l’ennemi qui nous désigne : on a beau lui faire les plus belles protestations d’amitié, s’il veut que nous soyons son ennemi, nous le sommes. Et, souvent, la seule stratégie pertinente est d’infléchir le rapport de force en notre faveur.

Les intellectuels trumpistes ne commettent-ils pas, eux aussi, de graves erreurs de raisonnement ?

Oui. Ce qui marque aujourd’hui, c’est l’incapacité qu’ont certains intellectuels soutiens de Donald Trump à changer d’avis alors que son administration agit de plus en plus étrangement, que ce soit en humiliant publiquement Zelensky, en agressant verbalement des pays alliés, en projetant d’annexer le Groenland ou en sabotant l’économie américaine et mondiale par des taxes douanières gigantesques. Malheureusement, le changement d’avis est compliqué pour les intellectuels, car, plus que quiconque, ils fondent leur identité sociale sur leurs prises de position publiques. Ils sont donc enclins à préférer l’irrationalité dans le présent plutôt que la reconnaissance d’une erreur passée, de la même manière qu’un investisseur s’accroche déraisonnablement à un placement inconséquent plutôt que de revendre à perte ou qu’un roi orgueilleux refuse de capituler pour que ses soldats ne soient pas morts « en vain ».

Ne donnez-vous pas trop d’importance aux intellectuels ? Influencent-ils vraiment la société aujourd’hui ?

La classe intellectuelle que j’évoque ne touche pas nécessairement le grand public, mais elle parle à des conducteurs d’opinion, elle dicte les passions idéologiques au sein d’une sociologie urbaine et diplômée qui exerce une influence culturelle et politique très disproportionnée par rapport à son poids dans la population.

Votre essai ne sombre-t-il pas dans l’anti-intellectualisme, proche du « tous pourris » ?

Non. Tout au long de mon livre, je fais l’éloge d’intellectuels et de chercheurs brillants, qu’il faut lire et relire : George Orwell, Raymond Aron, Jean-François Revel, Raymond Boudon et beaucoup d’autres. Par ailleurs, il est amusant de constater que, selon certains, critiquer la sociologie universitaire reviendrait à attaquer « la science ». Pourtant, aux États-Unis, certains parlent de « blanchiment d’idées » pour décrire ce qui se passe dans les départements de sciences sociales : des universitaires militants créent des revues académiques, publient leurs propres articles, et se valident entre eux. Cela ressemble à de la science, mais ce n’est pas de la science. Critiquer les sciences humaines, ce n’est pas attaquer la science, c’est vouloir qu’elles s’astreignent à des standards de rigueur, qu’elles se rapprochent de la méthode scientifique.

https://www.lepoint.fr/debats/pourquoi-les-intellectuels-ne-paient-jamais-le-prix-de-leurs-erreurs-09-04-2025-2586897_2.php?at_variante=Community%20Management&at_creation=Twitter&at_campaign=Page%20Twitter%20Le%20Point&at_medium=Social%20Management


Le Figaro, 9 avril

Répression franquiste durant la guerre d’Espagne : un travail historique inédit met à mal la version officielle

CHRONIQUE – Une étude de 2023, désormais traduite en français, explore les dossiers des condamnés à mort sous Franco. Et donne de sa répression un visage bien différent de sa légende.

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« Vae victis. » Cette réplique du chef gaulois Brennus, en 390 av. J.-C., lors de sa prise de Rome, est passée à la postérité comme un des principes universels de la guerre. Deux mots pour résumer les innombrables maux endurés par ceux qui se retrouvent, après leur défaite, dans le camp des perdants. « Malheur aux vaincus » dont le sort n’est plus que d’endurer les représailles du vainqueur, sa justice expéditive et parfois ostentatoire, et de payer souvent de leur vie leur engagement « du mauvais côté ».

Les victimes du franquisme font à ce titre figure d’emblèmes. En avril 1939, après la victoire militaire des « rebelles » nationalistes sur les combattants républicains, ces derniers furent massivement arrêtés, emprisonnés dans des conditions très dures, voire « franchement inhumaines », selon le cardinal Vicente Enrique y Tarancón, jugés de façon hâtive par un tribunal militaire ignorant du droit, et exécutés dans des proportions spectaculaires : jusqu’à une date assez récente, les victimes de la répression officielle franquiste étaient estimées entre 150 000 et 200 000 personnes.

En 2023, paraissait toutefois en Espagne une étude qui remettait absolument en cause non seulement ces chiffres, mais la façon dont fut menée la procédure : La represión de la posguerra. Penas de muerte por hechos cometidos durante la Guerra Civil (Ed. Actas). La traduction française vient d’en être publiée aux éditions de l’Artilleur : La Répression dans l’Espagne de Franco, 1939-1975.

Son auteur, le journaliste Miguel Platón, est le premier et le seul à ce jour à avoir dépouillé dans leur intégralité, aux archives militaires d’Avila, des documents découverts en 2010 : les dossiers des condamnations à mort constitués à partir du 1er octobre 1939. Ils mettaient en cause quelque 20.000 personnes pour leur comportement pendant la guerre civile. Les conclusions qu’il en tire pulvérisent la version officielle qui qualifie la justice franquiste d’aveugle et d’impitoyable.

«Crimes de sang»

Numériquement, d’abord : l’étude de Platón établit que les 200.000 victimes présumées exécutées sur ordre de Franco furent en réalité 14.000 à 15.000 sur la totalité des 30.000 condamnations à mort prononcées, depuis le 1er avril 1939, à une écrasante majorité pour des crimes de sang commis en dehors du front militaire.

Il attire l’attention de son lecteur, plus encore, sur la notion même de victime, employée aujourd’hui dans un sens unilatéral qu’il conteste : « D’une manière générale, il est absurde de considérer tous les exécutés de l’après-guerre comme des “victimes du franquisme” ». Car « les vraies victimes étaient celles que les condamnés avaient tuées, torturées, violées ou volées. Il s’agissait de victimes, au sens politique, de la gauche révolutionnaire qui régnait dans la zone républicaine ».

Le viol, le vol et l’assassinat sous le prétexte du fascisme étaient notre pain quotidien

Enrique García Torres, lieutenant procureur à Valence en 1936

La répression à l’arrière, durant la guerre, avait été lourde des deux côtés. On estime les victimes civiles des républicains entre 45.000 et 50.000 personnes sur un territoire de plus en plus petit, exécutées du fait de leurs opinions droitières, de leur foi chrétienne ou de leur position sociale. Le témoignage de l’avocat Enrique García Torres, alors lieutenant procureur à Valence, laisse imaginer ce que furent ces « crimes de sang » et le chaos de ces années de guerre.

À propos de la mi-août 1936, un mois après son déclenchement, il écrivait : « La fonction des juges s’est vue réduite à recevoir les photographies et les rapports de centaines de cadavres trouvés à la périphérie de la ville (…). Le viol, le vol et l’assassinat sous le prétexte du fascisme étaient notre pain quotidien (…) ; personne n’était tranquille dans son usine, son atelier, son magasin ou sa ferme (…). On n’était même pas tranquille dans les centres officiels (…) ; personne ne commandait ». Pas même les tribunaux révolutionnaires n’arrivaient à empêcher les exactions des escadrons d’assassins qui hantaient villes et campagnes.

Couverture légale

La réciproque était-elle vraie dans le camp d’en face ? Oui, précise Platón, le camp nationaliste, et la Phalange notamment, se rendit lui aussi responsable de crimes sur des gens de gauche, tués ou condamnés sans avoir commis de crime grave. Les cours martiales pratiquèrent des meurtres sous une prétendue couverture légale. On estime les victimes des nationaux entre 50 000 et 55 000, sur un territoire de plus en plus grand.

Mais de tous ces cas d’assassinats politiques, tous bords confondus, le degré de cruauté entre « rebelles » de la zone dite nationale et révolutionnaires de la zone républicaine était sans commune mesure, avec des viols par centaines, des manifestations de sauvagerie et de cruauté indescriptibles de la part de ces derniers, n’épargnant pas même les enfants, et prenant pour cibles de leurs plus grandes horreurs les religieux et religieuses (6733 d’entre eux furent assassinés, leurs corps souvent atrocement mutilés – coupés en morceaux, yeux arrachés, crâne défoncé au marteau – et également profanés).

Après la guerre, la répression des crimes suivit une procédure qui n’était, en principe du moins, ni aveugle ni expéditive. La principale critique qu’on puisse lui adresser est que cette « justice des vainqueurs » avait amnistié, par la loi du 23 septembre 1939, tous les délits commis par « des personnes attachées aux “idéaux du Mouvement national” ». Qui échappaient donc à toute forme de justice, alors que les « rouges » devaient répondre de leurs actes.

Pour les instances franquistes, une personne du camp républicain convaincue d’avoir perpétré un meurtre, de l’avoir encouragé ou matériellement rendu possible encourait la peine de mort. Son cas était examiné par une cour martiale, puis révisé par des auditeurs successifs de la région militaire concernée, puis du service Conseil et justice du ministère des Armées. Leur rapport était transmis à Franco, auquel revenait le choix de gracier le condamné ou de confirmer son exécution, avec la mention de l’« Enterado » (informé).

Enquêtes approfondies

Quels éléments pouvaient éviter à un condamné la peine de mort ? Un doute sérieux sur son implication réelle dans le crime de sang dont il était accusé, une attitude bienveillante envers des personnes de droite ou des religieux, l’avis favorable de gens de son village ou de son quartier sur son comportement social, la détresse dans laquelle se trouvait sa famille…

Les auditeurs devaient mener une enquête approfondie, pouvant durer des mois, à la recherche de témoignages et de preuves. Il y eut hélas des exceptions, quelques centaines de cas d’aveux extorqués sous la torture, de procédures bâclées. Mais dans la majorité des cas cités, les auditeurs faisaient preuve de rigueur dans la recherche de la justice, demandant des témoignages supplémentaires en faveur de l’accusé, et dans la perspective de pardon et de réconciliation nationale énoncée par Franco.

Une anecdote citée par Platón illustre la difficulté de la position des juges : apprenant de la bouche d’un auditeur que l’assassin présumé de son fils avait été gracié faute de preuves, un vieil homme s’était mis à hurler sur la place de son village qu’il allait se faire vengeance lui-même, qu’il allait tuer l’intéressé et que personne ne pourrait l’arrêter.

Cas complexes

À lire les dizaines de cas instruits dans les dossiers, on est frappé par la complexité des cas jugés, des histoires dramatiques, des choix guidés quoi qu’il en soit par la nécessité (tel le recours en grâce de ce paysan de 40 ans reconnaissant avoir été trompé « par la lecture d’une presse infâme et les discours de faux apôtres, dans l’atmosphère de faim et de pauvreté à laquelle [l]’avaient réduit des salaires dérisoires »).

Le brouillard de certaines situations saute aux yeux, et il n’avait pas échappé aux auditeurs de justice qui, soupçonnant dans telle ou telle dénonciation un contentieux et un règlement de compte, se montraient précautionneux dans le crédit qu’ils leur accordaient. Ils appliquaient généralement le bénéfice du doute en faveur de l’accusé, préconisant la grâce quand la culpabilité était incertaine.

Le statut d’ennemi politique, si opérant à gauche, y compris dans ses propres rangs (André Marty, chef des Brigades internationales, se vantait d’avoir fusillé des centaines de brigadistes au motif qu’ils n’étaient pas de vrais communistes…), cette divergence idéologique n’avait pas, aux yeux des juges franquistes, le même poids : avoir été un homme politique engagé contre la cause nationale, comme ce fut le cas de l’écrivain et consul général Cipriano Rivas Cherif, beau-frère du leader de la gauche, Manuel Azaña, ou un caricaturiste virulent et anticlérical ou bien encore un franc-maçon, ne vous désignait pas comme condamné à mort.

La comparaison avec les tribunaux révolutionnaires de la France de 1793, de la Russie de 1917 ou de la Chine maoïste laisse songeur… Et les marques d’humanité et de solidarité qui, à tous les niveaux de la société, poussèrent des Espagnols du camp national à témoigner en faveur d’autres Espagnols du camp républicain pour demander leur grâce montrent que toute grandeur n’avait pas déserté l’âme humaine, en ces sombres années.

Ainsi la sœur de José Antonio Primo de Rivera écrivit-elle aux auditeurs pour demander la grâce du directeur de la prison où son frère avait été assassiné, et qui l’avait traité avec humanité. Elle lui fut accordée. La veuve d’un officier abattu par un de ses hommes écrivit à la femme d’un de ceux qui en étaient accusés, lui manifestant sa compassion et s’engageant à prier pour elle et sa famille. Miguel Platón commente sobrement ces marques de pardon, si opposées aux mesquineries et aux malveillances de cette guerre fratricide, pour souligner que la réconciliation entre les frères ennemis avait commencé bien plus tôt qu’on ne le dit.

Dans 51,4 % des cas, le chef de l’État espagnol commua les peines de mort en années de prison, dont les condamnés purgèrent en réalité moins du quart : le 25 janvier 1940, Franco avait en effet publié une ordonnance qui réduisait considérablement les peines prononcées depuis juillet 1936. Un condamné à trente ans de prison était libéré au bout de six ans. À partir de 1939, les prisonniers purent racheter leur peine en travaillant, et percevoir un salaire au profit de leur famille. On peine à trouver pareils exemples au paradis soviétique que le clan républicain, PSOE en tête, avait tenté d’installer en Espagne, prônant, dès 1934, « la plus grande violence pour remplacer le capitalisme », le « chaos social », et la guerre.

La Répression dans l’Espagne de Franco, 1939-1975, de Miguel Platón, L’Artilleur, 432 pages 23 € L’Artilleur

https://www.lefigaro.fr/histoire/repression-franquiste-a-la-fin-de-la-guerre-d-espagne-la-justice-des-vainqueurs-20250408


Madame Figaro, 7 avril

Étienne Klein : «Je défends l’idée que ce qui en nous pense, c’est le corps tout entier»

FEUILLE DE ROUTE 2/4 – À l’heure où l’IA envahit les esprits, le physicien-philosophe-montagnard défend, dans un nouvel essai, la mobilisation du corps.

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Madame Figaro.– Accéder à une exoplanète, alléger notre corps grâce à l’IA… En quoi dépasser nos limites est une quête contemporaine ?
Étienne Klein. – Nous voudrions franchir les bornes de la condition humaine, persuadés d’être historiquement programmés pour la marche en avant perpétuelle et l’émancipation tous azimuts. Par exemple, en allant nous faire voir ailleurs, loin dans l’espace, sur Mars… ou bien en dopant notre intelligence grâce aux services que nous rend celle dite «artificielle.» La question est : est-ce vraiment notre émancipation qui se joue là ? Ou, au contraire, une déshumanisation larvée qui se dissimulerait ici sous les habits d’un management algorithmique généralisé ?

Que cherchez-vous à défendre dans cette alliance troublée entre corps et esprit ?
Que Spinoza avait raison : nous ne savons toujours pas dire précisément ce que peut ou non un corps humain. Bien sûr, il a ses limites : nul corps ne peut voler ni bondir jusqu’au sommet du mont Blanc. Mais le corps peut faire ce qu’a priori il n’est pas censé pouvoir faire. Autrement dit, il peut plus qu’il n’est. Ainsi se montre-t-il capable de davantage d’inventions et d’innovations, notamment gestuelles, que nos amies les bêtes : «On n’a jamais observé dans les prés une vache se mettant sur les deux pattes arrière pour valser avec son taureau préféré», disait Michel Serres. L’alliance entre le corps et l’esprit peut produire des résultats proprement étonnants, ainsi que l’ont magnifiquement donné à voir les Jeux paralympiques de Paris 2024.

Comment la physique caractérise-t-elle cette interaction ?
Le mot «physique» a ceci de rare qu’il existe à la fois au masculin et au féminin : il y a le physique et la physique. D’où deux sortes de «culture physique», aux contenus fort différents, séparées bien comme il faut dans le système éducatif. Il arrive toutefois que ces deux cultures entrent en collision frontale, notamment lorsqu’on découvre l’aisance avec laquelle notre corps et ses sens limités parviennent à fausser notre lecture du monde. Heureusement, au fil de l’histoire, différents stratagèmes furent inventés qui permirent à l’esprit humain de s’émanciper de nos enveloppes charnelles. C’est grâce à de tels «transports» qu’a pu naître la physique moderne, devenue spectaculairement efficace. Je défends l’idée, comme le philosophe Wittgenstein, que ce qui en nous pense, c’est le corps tout entier, le corps complet, le corps organisé, qui perçoit et ressent, et ainsi participe, à sa façon, à la vie de notre esprit.

Vous vous étonnez de l’attribution du prix Nobel de physique en octobre 2024 non pas à des physiciens «pur jus», mais à deux pionniers de l’iA…
L’intelligence artificielle est un outil précieux pour les physiciens. Par exemple, elle permet d’améliorer la qualité des images obtenues par les télescopes, notamment celles de trous noirs. Mais de là à en conclure que l’intelligence humaine serait une sorte de programme informatique et le cerveau l’équivalent d’un logiciel, il y a un pas que je ne franchirai pas. En outre, je ne pense pas que l’IA pourra bientôt faire de la physique mieux que les physiciens, encore moins qu’elle pourrait en faire sans eux.

Mieux vaut-il courir que coder à point ?
Absolument ! Mais on peut coder de temps à autre… Il me semble clair que l’activité physique stimule la pensée, la décale, la transporte. Marcher, courir, escalader, ce n’est pas seulement se déplacer par ses propres moyens, c’est aussi et surtout se désinstaller de soi-même en tournant le dos à une forme d’enlisement dans le monde : quelque chose se modifie alors en soi, jusque dans l’activité physico-chimique du cerveau. Tous les alpinistes vous le diront : leur esprit ne redescend jamais comme il était parti.

https://madame.lefigaro.fr/bien-etre/etienne-klein-le-corps-tout-entier-percoit-ressent-20250406


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 5 avril

Warum wird die DDR immer schöner?

Der Historiker Stefan Wolle hat fast zwanzig Jahre das DDR-Museum in Berlin geleitet. Der untergegangene Staat werde in der Erinnerung vieler mit jedem Tag schöner, an dem es ihn nicht mehr gibt, sagt er.

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Wenn etwas schon weit weg ist, kann es wieder sehr nah kommen. So nah, dass es ganz anders aussieht als zuvor. Diese Erfahrung hat Stefan Wolle gemacht. Der Historiker hat zahlreiche Bücher und Artikel über die DDR geschrieben und fast zwei Jahrzehnte das DDR-Museum in Berlin geleitet. Heute staunt er darüber, welche eigenartige Renaissance der untergegangene ostdeutsche Staat erlebt. „Wir erleben gegenwärtig eine große Welle positiver Erinnerung an die DDR“, sagt der 74 Jahre alte Wolle bei einem Treffen im DDR-Museum in Berlin. Das vermeintlich Schöne an der DDR werde immer mehr betont und habe inzwischen eine kulturelle Dominanz erlangt. „Mit jedem Jahr, in dem wir uns von ihr entfernen, wird die DDR schöner.“

Mittlerweile existierten zwei gegensätzliche Versionen der DDR. Zum einen die böse Diktatur mit Stasi, Selbstschussanlagen an der Grenze und Toten an der Mauer. Zum anderen die DDR-Version, die in der Erinnerung entstanden sei. In ihr sind die Menschen netter und freundlicher gewesen, es ging weniger um Besitz, dafür spielten Familie und Freunde eine größere Rolle – eine verlorene, gemütlichere Welt. „Einem empirischen Befund hält dieses Bild in keinem Punkt stand“, findet Wolle. Doch gehe es um ein Gefühl. Mit Fakten über Tote an der Mauer, Insassen der DDR-Gefängnisse oder die Wirtschaftszahlen des Arbeiter-und-Bauern-Staates könne man dem nicht beikommen.

Erstmal an positive Gefühle anknüpfen

Das private DDR-Museum am Spreeufer am Dom in Berlins Mitte befindet sich in einer ähnlich widersprüchlichen Situation. Denn das Museum lebt von Erinnerung und Wiederbegegnung. Dort gibt es Räume wie in einer DDR-Plattenbauwohnung mit den typischen Möbeln, Küchengeräten oder den Figuren aus dem DDR-Kinderfernsehen. Wolles Herangehensweise ist es, an positive Gefühle anzuknüpfen und erst im zweiten Schritt das Problematische des Systems zu thematisieren. Grafiken und Texte in der DDR-Wohnung versuchen das zu leisten. Die meisten hat Wolle selbst geschrieben, oft mit einem ironischen Unterton, der nicht allen Besuchern gefällt.

Der Ansatz hatte zunächst die ehemaligen Bewohner der DDR im Auge. Doch die Besucher des Museums, mehr als eine halbe Million im Jahr, haben sich gewandelt. Es kommen nicht nur viele, die in der alten Bundesrepublik aufgewachsen sind, sondern auch immer mehr Nachgeborene, die von der deutschen Teilung wenig wissen. Zudem ist das DDR-Museum ein Touristenmagnet. „Die ausländischen Touristen sind meist unvoreingenommen, interessieren sich für einen Staat, der untergegangen ist, und wie es dort so war“, sagt Wolle. Heute geht es auch darum, Grundwissen zu vermitteln, angefangen von den vier Besatzungszonen über den Aufbau der Mauer bis hin zur Rolle von SED und Stasi. Selbst die deutschen Schüler wissen meist wenig über die DDR. „Für manche war Walter Ulbricht der erste Bundeskanzler, und Hitler hat die Mauer gebaut“, sagt Wolle und muss dann selbst über sich lachen. Das Klagen der Älteren über die unwissende Jugend sei eben ein Klassiker.

Wolles Eltern waren überzeugte Kommunisten, doch er selbst verlor früh den Glauben an die sozialistische Sache. Wie viele Kinder von Funktionären und Intellektuellen des DDR-Staates hatte er Schwierigkeiten, sich einzufügen, da er die Desillusionierung der Eltern und Großeltern erlebte, die eigentlich den besseren deutschen Staat aufbauen wollten. Weil ihn zwei Kommilitoninnen denunzierten, musste er sich 1972 ein Jahr lang als Hilfsarbeiter in der Produktion bewähren, bevor er sein Geschichtsstudium an der Berliner Humboldt-Universität fortsetzen konnte.

Der persönliche Wendepunkt lag für ihn schon davor: der Prager Frühling 1968, als die Sowjetunion und ihre Bruderstaaten, darunter die DDR, in die Tschechoslowakei einmarschierten und die Demokratiebewegung niederschlugen. „Da brach für mich alles zusammen, sehr schnell und radikal. Das hat sich auch nie wieder kitten lassen.“ Als die Mauer fiel, hatte Wolle sich von der Idee, dass es durch Reformen eine eigenständige, demokratische DDR geben könnte, schon längst getrennt. „Allerdings ohne Triumphgefühl, eher mit einer leichten Wehmut im Herzen.“

„Frag Dr. Wolle“

Der Historiker wurde nach der Wiedervereinigung zum Aufklärer in Sachen DDR. Seine Videos auf Youtube mit dem Titel „Frag Dr. Wolle“ haben zehn Millionen Klicks erreicht. In etwa drei Minuten langen unspektakulären Clips spricht Wolle, stets im gleichen hellbeigen Sakko und blauen Hemd gekleidet, über Jeans in der DDR, die Freuden des Westpakets, die DDR-Küche („viel und fettig“) oder das Leben in der Platte, aber auch über ernste Themen wie rechtsextreme Skins in der DDR, Selbsttötungen oder die Auflösung der Stasi. Auch in seinem Ruhestand will Wolle weiter Filme drehen.

Eine seiner liebsten „Frag Dr. Wolle“-Folgen dreht sich um die Kinderbücher der DDR. Davon gab es viele schöne, oft waren es Märchenbücher, wie in allen sozialistischen Staaten. Als Kinderbuchautoren konnten Schriftsteller den Anforderungen entkommen, im Kanon des sozialistischen Realismus zu schreiben.

Der Antifaschismus der DDR sei echt gewesen, sagt Wolle – und zugleich instrumentalisiert worden. Dabei sei manches entstanden, was gut gemacht gewesen sei. Kürzlich hat sich Wolle noch einmal den Film „Nackt unter Wölfen“ von Frank Beyer aus dem Jahr 1963 angeschaut, der vom Widerstand im Konzentrationslager Buchenwald zwischen Februar und April 1945 handelt. Die Rolle der Kommunisten wird dabei einseitig heroisiert. „Ich weiß natürlich heute sehr genau, wo die Geschichte verfälscht wurde. Aber ich muss gestehen, ich konnte mich dem Sog dieses Filmes nicht entziehen.“

Aus einer verordneten Freundschaft wird eine Mentalität

In der heutigen politischen Landschaft im Osten sieht Wolle solche Prägungen durch die DDR weiter am Wirken. Etwa bei den Ost-Wählern des BSW, das seien oft ältere Frauen, „Omas für den Frieden“. „Die kämpfen sehr oft auch um ihre eigene Biographie“, seien etwa als Lehrerin oder Pionierleiterin ins System involviert gewesen. Manches sei vielleicht auch in ihren Augen in der DDR nicht in Ordnung gewesen. „Aber jetzt sagen sie: Wir waren trotzdem ein Friedenstaat und haben den Frieden gesichert, auch am 13. August 1961 mit dem Mauerbau.“ Auch die Liebe zu Russland und der Sowjetunion spiele eine besondere Rolle im Osten. Neben der romantisierenden Russlandverklärung, die älter und auch in Westdeutschland weit verbreitet sei, komme die verordnete Freundschaft der DDR mit der Sowjetunion im Osten hinzu. „Man staunt, wie tief solche Mentalitäten prägen.“ Der Antiamerikanismus sei die Kehrseite der Medaille.

Wolle tut sich schwer, den großen Erfolg der AfD im Osten zu erklären. Er sieht ein „mentalitätsgeschichtliches Kontinuum“, wenn es um die Frage der Migration geht. In der abgeschotteten DDR habe es kaum Ausländer gegeben. Als dann die Vertragsarbeiter aus Angola, Mosambik oder Kuba gekommen seien, seien sie in den Provinzstädten der DDR oft angepöbelt worden. Man habe sie nicht in die Kneipe oder Disco gelassen, es habe viele schwere Schlägereien gegeben, weil man fürchtete, sie könnten sich an deutsche Frauen heranmachen. Die SED-Führung habe von diesen Ausschreitungen nur wenig mitbekommen.

Noch wichtiger für den Erfolg der AfD im Osten ist in Wolles Augen etwas anderes: Trotz. Fernsehen und Rundfunk, aber auch viele Internet-Medien würden von vielen in Ostdeutschland als Sprachrohre des Westens begriffen. „Was da abends in der Tagesschau kommt, das ist immer noch der Westsender.“ Und die mediale Ablehnung der AfD führe dann bei vielen zu einer Trotzreaktion. „Die sagen: Wir lassen uns von Berlin, vom Westen nichts vorschreiben und wählen die jetzt gerade“, sagt der Historiker, der sich als treues SPD-Mitglied bezeichnet.

Wolle selbst kann dem Ost-Trotz nichts abgewinnen. Er ist begeistert, wenn er heute in seine Heimatstadt Halle an der Saale kommt. „Das war 1989 ein Ort im Verfall, alles war dreckig und kaputt. Nach vierzig Jahren Sozialismus sah es aus wie nach einem Krieg.“ Heute sei Halle eine schöne, liebenswerte Stadt. Das Gleiche empfindet er, wenn er in kleine Städte in Thüringen, Sachsen oder Sachsen-Anhalt fährt, überall seien die Fassaden renoviert, gebe es Läden, Cafés und Restaurants. Das Land sei nicht mehr wiederzuerkennen nach 35 Jahren, weil viele Millionen aus dem Westen geflossen seien. Viele ältere Ostdeutsche bezögen hohe Renten, führen dreimal im Jahr in den Auslandsurlaub und hätten zwei große Autos vor der Tür des renovierten Hauses stehen. „Und gleichzeitig lamentieren sie herum, sie lebten in einer abgehängten Region.“ Das Gejammere geht Wolle auf die Nerven.

Und deshalb würde er, wenn er einen Wunsch frei hätte, gern einen sozialistischen Erlebnispark errichten für alle, die der DDR noch nachtrauern. „Da kann man dann eine Woche so leben, wie es in der DDR wirklich gewesen ist.“ An Mauer und Stacheldraht würde natürlich niemand erschossen. „Aber man müsste sich morgens beim Bäcker anstellen, dann beim Fleischer, und Obst und Gemüse gibt es nicht. Außerdem würde ein IM-Bericht für die Stasi geschrieben über das eigene Fehlverhalten“, sagt Stefan Wolle – und stutzt. Wahrscheinlich, so überlegt er, gäbe es viele Freiwillige, die das ausprobieren würden, weil sie ja wüssten, dass nach einer Woche alles vorbei ist. Das sei eben der Unterschied: „Wir wussten damals nicht, wann es endet. Und wie es endet.“

https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/historiker-stefan-wolle-ueber-das-ddr-museum-in-berlin-110397725.html


Le Figaro, 4 avril

Eugénie Bastié: «Dany Cohn-Bendit, l’homme qui s’est trompé sur tout (et qui la ramène encore)»

CHRONIQUE – À 80 ans, le trublion révolutionnaire devenu centriste revient sur ses combats dans un livre de souvenirs : des barricades de Mai 68 à son coup de foudre pour Emmanuel Macron en passant par les Verts allemands et ses propos troubles sur la sexualité infantile.

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Hegel disait de Napoléon sur son cheval à Iéna qu’il était l’âme du monde. Lorsqu’on regarde le cliché le plus célèbre de Dany Cohn-Bendit, celui d’un rouquin moqueur faisant face à un CRS casqué pendant Mai 68, on se dit que l’agitateur incarnait à ce moment précis l’âme d’une génération. L’étudiant gouailleur et insolent, qui avait répondu « Heil Hitler ! » au ministre de la Jeunesse et des Sports François Missoffe, a porté toute sa vie ce statut d’icône qui excédait largement son véritable rôle politique.

Dany le Rouge a 80 ans. Le provocateur anarchiste est devenu un notable ayant son rond de serviette sur LCI. Dans son livre de souvenirs écrit avec la journaliste Marion Van Renterghem Souvenirs d’un apatride, il revient sur son parcours et le fil rouge-vert d’une vie marquée par l’engagement gauchiste, puis écologiste et européen.

Né en avril 1945, d’un couple de Juifs allemands qui s’étaient réfugiés en France pour fuir le nazisme, Dany resta apatride jusqu’à l’adolescence. Il en gardera une « détestation profonde pour les revendications nationales ou identitaires » et une obsession pour la réconciliation franco-allemande. Comme beaucoup de sa génération, il fut en guerre contre la génération précédente, accusée de s’être commise dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Enfant turbulent et provocateur, il se rappelle non sans fierté avoir perdu tous ses bons points à l’école primaire : à un prof qui demandait à un élève « Pour qui tu te prends ? » , il répondit : « Il vous prend pour un con ».

À l’adolescence, il décide de devenir allemand, non par attachement, mais parce que cela lui permettait d’échapper au service militaire, les enfants de victimes du nazisme en étant exemptés. Ce qui ne l’empêchera pas, comme beaucoup d’antimilitaristes de son temps, de militer pour une intervention militaire en Bosnie ou pour une aide militaire à l’Ukraine. Au fil des pages, il raconte ses engagements : dans le milieu « spontex » (extrême gauche libertarienne) allemand des années 1960, marqué par la repentance à l’égard du régime nazi, au bureau des affaires multiculturelles de la mairie de Francfort, jusqu’à sa carrière de vingt ans aux côtés des Verts allemands et français au Parlement européen. Son parcours, du militantisme autogestionnaire vers l’écologie puis vers le fédéralisme européen est emblématique des évolutions du gauchisme culturel.

Propos troubles sur la sexualité infantile

Il revient sur quelques pages sur un élément sombre de sa biographie : l’aveu dans son livre Le Grand Bazar, publié en 1975, d’une forme de proximité sexuelle avec les enfants dont il s’occupait alors dans un jardin d’enfants autogéré, un lieu alternatif typique de cette époque de gauchisme délirant. Voici comment Cohn-Bendit se justifie : « En quelques pages, j’essaie de résumer l’idée qu’un enfant de 4-5 ans a déjà une imagination et des désirs sexuels (…) je parle de la composante érotique de leurs jeux »« Ça s’est arrêté là », assure-t-il. « J’ai cru malin de laisser planer le doute. » Marion Van Renterghem manque à son devoir journalistique en ne citant pas les passages qui ont fait polémique.

Au nom de la révolution des mœurs et de la libération sexuelle, on en est arrivé à tolérer une domination abjecte, celle qui s’exerce sur les enfants

Daniel Cohn-Bendit

Nous les reproduisons donc ici : « Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : “Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi vous m’avez choisi, moi, et pas les autres gosses ?” Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même. » Nos lecteurs s’apercevront qu’il écrit noir sur blanc qu’il y a eu des actes. Cohn-Bendit parle lui d’un « numéro de provocation »« Je trouvais drôle de choquer le bourgeois. » Il va jusqu’à condamner les dérives de la libération sexuelle : « Au nom de la révolution des mœurs et de la libération sexuelle, on en est arrivé à tolérer une domination abjecte, celle qui s’exerce sur les enfants. » Ce mea-culpa un peu léger ne s’interroge pas sur les causes profondes qui ont rendu possible cet esprit de provocation délétère. On se demande si un homme politique de droite ayant commis de tels écrits eût bénéficié d’une telle amnistie.

Il n’y a pas que sur la sexualité des enfants que Dany Cohn-Bendit s’est trompé. On peut lui donner crédit de n’avoir pas versé dans la violence et d’avoir toujours été antitotalitaire et anticommuniste. On peut lui reconnaître un certain talent de tribun et trouver sympathique son goût du football. Pour le reste, il a passé sa vie à se tromper. Après avoir été le héraut de la déconstruction « woke avant l’heure » comme il s’en vante, il est devenu un militant farouchement antinucléaire après la catastrophe de Tchernobyl. L’homme qui voulait « jouir sans entraves » a été convaincu par le rapport Meadows sur les limites de la croissance. On ne trouvera pas dans ces pages de regrets sur cette position antinucléaire dont on sait pourtant aujourd’hui l’absurdité.

«Coup de foudre» pour Emmanuel Macron

Dans un chapitre intitulé « Emmanuel Macron ou pourquoi je me suis enflammé», il raconte son « coup de foudre » pour le candidat à la présidentielle de 2017 avec qui il était « exactement sur la même longueur d’onde ». Il raconte sa déception d’amoureux éconduit par le virage droitier du président de la République sur la question de l’immigration.

Cohn-Bendit l’apatride et le déraciné admet, sous le coup de la douleur, avoir renoué avec son identité juive après le 7 Octobre. On le comprend. Mais il n’étend pas ce besoin de racines et d’appartenance à l’identité française. Les « gilets jaunes » lui apparaissent comme « des révoltés franchouillards, souvent blessés socialement, mais enfermés dans une pensée hexagonale ». Il incarne cette gauche Terra Nova, qui a troqué le peuple pour les minorités, le social pour le sociétal, le « changer la vie » pour le fédéralisme européen. Il reste un immigrationniste aveugle aux désastres de la société multiculturelle.

Aujourd’hui, le progressiste contemple avec amertume le retour de balancier conservateur qui se déploie aux quatre coins du monde. Il dit son horreur du « trumpisme-muskinisme, fier héritier du marxisme-léninisme (sic) ». Que pense le libertaire du fait que la défense de la liberté soit devenue aujourd’hui le credo des populistes ? « Il est interdit d’interdire » signifiait aussi « il est interdit d’interdire d’interdire », tente-t-il laborieusement de nous expliquer. Au crépuscule qui tombe sur sa vie répond le déclin de ses idées dans le débat public. La roue tourne, Dany. Les révolutionnaires d’hier sont devenus les sentinelles d’un logiciel progressiste dépassé. Ce n’est plus Charles de Gaulle qui dit « sois jeune et tais-toi », mais les boomers soixante-huitards qui voudraient bâillonner ceux qui cherchent à retrouver leurs attachements.

Cours, camarade, le vieux monde est de retour.

https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/eugenie-bastie-dany-cohn-bendit-l-homme-qui-s-est-trompe-sur-tout-et-qui-la-ramene-encore-20250402


Neue Zürcher Zeitung, 3 avril

Giuseppe Gracia : Eine Bedrohung für die Demokratie ist der angepasste, normale Bürger

Das links-grüne Milieu gibt sich gerne moralisch überlegen. Politische Gegner werden mit gutem Gewissen gehasst, wie die Demos gegen rechts zeigen. Doch es ist diese selbstgerechte Verachtung, die den Boden der Tyrannei bereitet.

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Liberale Gesellschaften brauchen ein gesundes Immunsystem, um autoritäre, antidemokratische Gefahren zu erkennen und entsprechende Antikörper zu entwickeln. Das geschieht oft zu spät. Dabei lautet eine verbreitete Fehleinschätzung, dass die Gefahr für Demokratie und Freiheit von den Rändern der Gesellschaft ausgehe, etwa von Gruppen aus dem extremen linken oder rechten Spektrum.

Zwar stimmt es, dass radikale Ideologien meist von Randgruppen ausgebrütet werden, doch zugleich zeigt die Geschichte totalitärer Regime, dass solche Bewegungen erst dann massenwirksam werden, wenn die Mitte der Gesellschaft dies zulässt. Ein selbstkritischer Blick auf die Geschichte des Nationalsozialismus oder des Kommunismus zeigt: Der lebenswichtige Träger des totalitären Virus ist der normale, angepasste Alltagsmensch, der sich für gesund hält. Es sind die Millionen von Mitmachern, Wegschauern und Schönrednern, die das Hassen und Morden in der Geschichte immer wieder möglich machen, indem sie nicht dagegen aufstehen und den Widerstand einer kleinen Minderheit überlassen, die am Ende wenig ausrichten kann.

In diesem wiederkehrenden Drama der Unmenschlichkeit sind die Namen der Despoten relativ austauschbar, auch wenn sich die bürgerliche Welt im Nachhinein gern auf sie kapriziert. Im Geschichtsunterricht oder in Dokumentationen zeigt man, um dem Terror ein Gesicht zu geben, mit dem Finger auf Hitler, Stalin, Mao oder Pinochet. Tyrannen, die es gewiss verdienen, so betrachtet zu werden, die es aber auch möglich machen, dass man von sich selber ablenkt, von den Millionen, die den Horror zugelassen haben.

Aus Bequemlichkeit opportunistisch

Ein gutes, liberales Immunsystem entsteht also nicht allein mit einem Blick auf Tyrannen und extreme Randgruppen, sondern dazu gehört die Erkenntnis, dass der ganz normale Bürger eine grundsätzliche Gefahr darstellen kann. Denn dieser bildet jene Mehrheit, ohne die sich keine grossen Verbrechen realisieren liessen. Jene Mehrheit, die nicht deswegen bedrohlich ist, weil sie besonders anfällig für das Böse wäre, sondern vor allem deswegen, weil ein angepasstes Leben oft lauwarm und teilnahmslos gegen das Leid anderer macht, weil Charakterschwäche und Ängstlichkeit viel mit Opportunismus zu tun haben.

Die unheimliche Tendenz der Mehrheitsgesellschaft zu Herdenverhalten und Feigheit ist allerdings nicht die einzige Quelle, aus der sich die Despotie nährt. Sondern dazu gehört auch die «Projektion», wie die Psychoanalyse sie versteht. Damit gemeint ist ein psychischer Vorgang, bei dem Menschen ihre eigenen Abgründe, die sie nicht ertragen, auf einen äusseren Feind projizieren.

Jeder Mensch neigt zu Hass, Intoleranz und Machtmissbrauch. Es ist schmerzhaft, mit dieser Realität umzugehen, also werden diese Neigungen auf den Lebenspartner oder auf Arbeitskollegen und Nachbarn übertragen. Besonders bequem ist die Opfer-Position, die es erlaubt, moralisch sauber dazustehen und das ganze Übel beim Täter zu sehen.

Dieser Mechanismus lässt sich auch in öffentlichen Debatten beobachten, wenn die eine Partei oder Gruppe die jeweils andere für den Hass und den schlechten Zustand der Gesellschaft verantwortlich macht. Das erinnert an die Sündenbock-Rituale vormoderner Zeiten. Ging es einem Dorf schlecht, durch eine lange Dürre oder Krankheit, suchte man sich einen Sündenbock. Wichtig war der Glaube daran, dass dieser Ursache des Übels sei und man das Problem lösen könne, indem man den Sündenbock opferte.

Die Geltungssucht der Gruppe

Die Scheiterhaufen von heute sind digital, die Hinrichtungen erfolgen nicht mehr körperlich, dafür wird der Charakter des Sündenbocks hingerichtet. Man bezeichnet ihn als Rassisten, Faschisten, Transfeind oder Demokratiefeind, damit es kein schlechtes Gewissen gibt, wenn man ihn aus der Gemeinschaft der Menschlichkeit exkommuniziert.

Dass man seinen politischen Gegenspieler mit gutem Gewissen hassen darf, ist entscheidend. Und genau das, ein Hass mit gutem Gewissen, ist die Essenz des Totalitarismus. Erst ein solcher Hass bereitet den Boden der Tyrannei, und es ist unheimlich, wie oft die Mitte der Gesellschaft das zulässt.

Zur Mehrheitsfähigkeit eines solchen Hasses gehört ein weiteres Phänomen, nämlich die Geltungssucht. Der US-amerikanische Philosoph John Rawls sieht in der Geltungssucht sogar die entscheidende Gefahr, insofern sie sich in Gruppen organisiert («Über Sünde, Glaube und Religion», Suhrkamp 2021). Je überlegener sich eine bestimmte Gruppe gegenüber einer anderen fühlt, desto massloser wird gemäss Rawls die Geltungssucht ihrer Mitglieder.

Als Beispiel skizziert Rawls den Marxismus als System, das Menschen nach ihrem ökonomischen Status bewertet hat: Die Gruppe der Arbeiterklasse stand moralisch höher als die Klasse der Besitzenden, die man mit gutem Gewissen hassen durfte. Im Vergleich dazu hatte der Nazismus die Menschen nach ihrem biologischen Status bewertet. Die Gruppe der Arier durfte sich als Herrenrasse fühlen und ebenfalls mit gutem Gewissen hassen. In beiden Fällen diente die Gruppe als Mittel zur geltungssüchtigen Befriedigung und des Anspruchs auf Überlegenheit.

Geltungssucht im Namen des Guten

Auch heute erheben viele Gruppen den Anspruch auf Überlegenheit. In Zeiten der politischen Korrektheit werden Menschen nicht mehr nach Klasse oder Rasse beurteilt, sondern nach dem moralischen Status der Diskursteilnehmer. Dazu passt das sogenannte Virtue Signalling: das öffentliche Zurschaustellen der eigenen Tugenden, um als guter Mensch dazustehen.

Mit der Regenbogenfahne, dem Ruf nach offenen Grenzen oder beim Marsch «gegen rechts» fühlt man sich auf der richtigen Seite. Aber es ist nicht mutig, für die Programme der Regierung einzustehen, wenn diese auch von den grossen Massenmedien mehrheitlich unterstützt werden. Wer derzeit «gegen rechts» oder für offene Grenzen protestiert, muss keine Restriktionen befürchten, sondern gilt als guter, staatstragender Bürger. Echter Widerstand richtet sich nicht gegen die Regierungsopposition, sondern gegen die Mächte der Zeit. Ein solcher Widerstand kostet Karriere, Ansehen und nicht selten den sozialen Tod. Das ist nichts, wofür die Massen auf die Strasse gehen. Abgesehen davon, dass gerade auch im links-grünen Lager gilt, dass man den politischen Gegner mit gutem Gewissen hassen darf.

Dabei ist der Kampf «gegen rechts», wie er sich zurzeit etwa in Deutschland zeigt, nichts Neues. Schon Mao hatte 1957 die «Anti-rechts-Bewegung» ins Leben gerufen, eine landesweite Säuberung der angeblichen Rechten. Dabei wurden bis zu zwei Millionen Menschen willkürlich als rechts eingestuft, verhaftet und hingerichtet. Die meisten Opfer waren Intellektuelle und Mitglieder der Opposition. Gewiss war es auch im damaligen China so, dass sich die Mao-treue Gruppe moralisch überlegen fühlte in einem erlaubten Hass auf die «Feinde des Fortschritts».

Sich als Gemeinschaft von Fehlbaren sehen

Was wäre eine liberale, menschenfreundliche Antwort auf die Geltungssucht und den Hass im Namen des Guten? John Rawls macht einen bedenkenswerten Vorschlag. «Es gibt keinen besseren Weg, die Geltungssucht und den Überlegenheitsanspruch einer Gruppe zu zerstören, als jeden aufzunehmen.»

Als Beispiel nennt Rawls das Christentum, das sich, richtig verstanden, als Gemeinschaft der Sünder versteht, die der Erlösung durch Gott bedürfen und zur Feindesliebe gerufen sind. Das gibt dem moralischen Hochmut wenig Nahrung, auch wenn die Geschichte zeigt, dass christliche Gruppen regelmässig versagen. Gleichwohl dürfte es stimmen, dass eine Gruppe, die jeden aufnehmen muss, auch den Dummkopf von nebenan, den Reaktionären und den Verbrecher, wenig Raum bietet, um mit gutem Gewissen zu hassen.

Die beste Voraussetzung für einen weltoffenen Liberalismus wäre demnach eine Gesellschaft, die sich als Gemeinschaft der Fehlbaren und Ergänzungsbedürftigen versteht. Eine Gesellschaft, die jeder moralischen Überlegenheit mit Misstrauen begegnet und gerade dadurch eine Hochkultur bildet. Dann könnte aus der unheimlichen Mitte der Gesellschaft eine heimatliche Mitte werden. Eine Mitte, in der jeder seinen Platz findet, aber niemand einen guten Grund, sich über andere zu erheben.

Giuseppe Gracia ist Schriftsteller und Kommunikationsberater.

https://www.nzz.ch/feuilleton/die-unheimliche-mitte-der-gesellschaft-gefahr-fuer-demokratie-ld.1876857


Frankfurter Allgemeine Zeitung, Buchbesprechung, 2 avril

Militärgeschichte: Stell Dir vor, es ist Krieg, und keiner verteidigt das Land

Der Krieg war immer schon ein Mittel der Politik, und deutsche Generäle verstanden wenig von Ökonomie: Stig Förster zeichnet die Militärgeschichte Deutschlands vom sechzehnten Jahrhundert bis zur Gegenwart nach.

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Im März 1992 äußerte sich der ehemalige amerikanische Präsident Richard Nixon in einem Interview zur Lage Russlands. Der Westen, heiße es, habe den Kalten Krieg gewonnen, sagte Nixon, aber das sei nur halb wahr. Denn jetzt stünden die Ideen der Freiheit in Russland auf der Probe, und wenn sie sie nicht bestünden, werde es einen Rückfall geben – „nicht in den Kommunismus, sondern in einen neuen Despotismus, der eine tödliche Bedrohung für den Rest der Welt darstellen würde, denn er wäre mit dem Virus des russischen Imperialismus infiziert“. Zudem würden sich auch die Hardliner in China daran ein Beispiel nehmen und die weitere Demokratisierung ihres Landes stoppen.

Elf Jahre später, im Mai 2003, erließ der damalige Bundesverteidigungsminister Peter Struck eine Reihe von Richtlinien für die Bundeswehr, die Konsequenzen aus den Erfahrungen der NATO- und UNO-Einsätze auf dem Balkan und in Afghanistan ziehen sollten. Sie sahen die Neuaufteilung der Streitkräfte in eine zentrale „Eingreif-“ und eine zusätzliche „Stabi­li­sie­rungs­trup­pe“ vor, denen „Un­ter­stüt­zungs­kräfte“ zur Seite gestellt werden sollten. Von Landesverteidigung war in dem Papier keine Rede mehr. Im Jahr darauf endete Wladimir Putins erste Amtszeit als russischer Präsident.

Weitere zehn Jahre später besetzten Putins Truppen die Krim, und in der Ostukraine begann der militärische Aufstand der prorussischen Separatisten. Anschließend dauerte es nur noch acht Jahre, bis die russische Armee zum Vernichtungsschlag gegen die Ukraine ausholte. In dem seither stattfindenden Eroberungskrieg werden Putins Truppen von China logistisch unterstützt. Nixons Prophezeiung ist Wirklichkeit geworden.

Einordnung den politischen Rahmen

Der Historiker Stig Förster zitiert die Aussagen des amerikanischen Ex-Präsidenten und die folgenden Ereignisse in seiner Studie zur deutschen Militärgeschichte als Beleg dafür, wie stark militärische und politische Geschichtsschreibung ineinander verflochten sind. Und er hat recht: Militärgeschichte lässt sich nicht sinnvoll betreiben, ohne den politischen Kontext zu berücksichtigen, in dem bewaffnete Konflikte stattfinden; und die Historiographie der Staaten und Gesellschaften ist, zumindest in der Darstellung von Krisenzeiten, auf militärisches Fachwissen dringend angewiesen.

Stig Förster: „Deutsche Militärgeschichte“. Von der frühen Neuzeit bis zur Gegenwart.C.H. Beck Verlag

All das war lange Zeit in Deutschland nicht selbstverständlich. Unter akademischen Historikern galt es, zumal nach 1945, als unschicklich, sich mit Kriegen, Schlachten und Taktiken zu befassen, während die Praktiker des Militärischen, Generäle, Stabsoffiziere und Frontsoldaten, mit ihren Memoiren und strategischen Szenarien lieber un­ter sich blieben. Hans Delbrücks Versuch, mit seiner ab 1900 erschienenen „Geschichte der Kriegskunst im Rahmen der politischen Geschichte“ eine Brücke zwischen den Disziplinen zu schlagen, wurde von beiden Seiten abgeblockt. 

Erst mit der Gründung des Militärgeschichtlichen Forschungsamts der Bundeswehr im Jahr 1957 kam Bewegung in die erstarrten Fronten. Seither gibt es nicht nur eine offizielle bundesrepublikanische Kriegsgeschichtsschreibung – die in dem von 1979 bis 2008 publizierten dreizehnbändigen Werk „Das Deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg“ gipfelte –, sondern auch einen festen Kreis von Historikern, die sich wie ihre Kollegen in anderen Ländern der Militärgeschichte widmen.

Schon die zweite Darstellung der deutschen Militärgeschichte

Zu ihnen gehört in vorderster Reihe der in Berlin geborene und bis zu seiner Emeritierung 2016 in Bern lehrende Stig Förster. Förster hat als Wissenschaftler und als Herausgeber der Schriftenreihe „Krieg in der Geschichte“ eine ganze Generation von Militär- und Globalhistorikern ausgebildet, und als Mitglied im Beirat des inzwischen in „Zentrum für Militärgeschichte und Sozialwissenschaften“ umbenannten Forschungsamts nimmt er nach wie vor Einfluss auf dessen Ausrichtung. Eine „Deutsche Militärgeschichte“ aus Försters Feder war deshalb, als Konsequenz einer lebenslangen Forschertätigkeit, fast unvermeidlich. 

Die Überraschung – für Förster mag es eine Enttäuschung sein – liegt darin, dass es nicht die Erste ihrer Art ist. Vor zwei Jahren hat der britische Historiker Peter Wilson eine ähnlich breit angelegte Studie zum deutschen Militär seit 1500 vorgelegt. Wilsons „Ei­sen und Blut“, so der Titel des Buches, ließ viele Fragen offen, steckte aber den zeitlichen Rahmen ab, in dem sich auch Försters Darstellung bewegt.

Siebzig Seiten für den Dreißigjährigen Krieg, nur sieben für Clausewitz

Peter Wilson hatte eine klare These: Er wollte die deutsche Geschichte vom Stigma des „Sonderwegs“ befreien, das ihr in der Forschung noch immer anhaftet, und konzentrierte sich deshalb besonders, wenn auch nicht sonderlich überzeugend, auf die Entwicklung des habsburgischen Militärs. Stig Förster verfolgt keine vergleichbare Strategie. Ihm geht es, wie zuvor Hans Delbrück, vor allem um die Einordnung kriegerischer Ereignisse in ihren politischen Rahmen. Deshalb nimmt in seinem Buch die Geschichte des deutschen Staates und seiner Vorläufer im Vergleich zu den eigentlich militärischen Aspekten den weitaus größeren Raum ein.

„Taktik, Waffen und Soldaten“ des Absolutismus werden auf nur fünf, die kriegstechnischen Innovationen des Revolutionszeitalters auf vier, die clausewitzschen Schriften zur Theorie des Krieges auf sieben Seiten abgehandelt. Der Dreißigjährige Krieg, das wichtigste militärische Ereignis der europäischen frühen Neuzeit, wird von Förster auf siebzig Seiten gewürdigt, ohne dass der durch ihn beschleunigte Wechsel von der Haufen- zur Linientaktik, der mit der Einführung des Steinschlossgewehrs möglich wurde, und das damit verbundene Aufkommen stehender Heere in ihrer zeitlichen Abfolge deutlich erkennbar würden.

Bis zuletzt wurden die meisten Armeen von Adligen geführt

Diese Unschärfe muss kein Schaden sein. Am Ende war das, was die Kabinette beschlossen, seinerzeit wichtiger als alles in den Kabinettskriegen Erkämpfte. Aber ein gewisses Manko bedeutet die allzu laxe Behandlung militärischer Detailfragen eben doch. So spricht Förster ausführlich über die Arbeit des preußischen Generalstabs, der im Kaiserreich zum „Großen Generalstab“ avancierte, doch die Entstehung dieser Strategiebehörde in der nachfriderizianischen Übergangszeit bleibt bei ihm im Dunkeln. Dabei könnte man anhand der Professionalisierung der Kriegsplanungen eine ganze Sozialgeschichte des deutschen Militärs vom Barock bis zum Zweiten Weltkrieg erzählen – auch wenn die Armeen mit Pickelhaube und Stahlhelm bis zuletzt meist von Adligen geführt wurden. Doch die Generäle Jodl und Keitel, die 1945 die bedingungslose Kapitulation des Dritten Reiches unterzeichneten und später in Nürnberg hingerichtet wurden, waren nicht zufällig bürgerlicher Herkunft.

Der Schwerpunkt von Försters Buch liegt auf dem zwanzigsten Jahrhundert. Dabei vereint seine Darstellung alle Vorzüge und Nachteile einer Gesamtschau, sie ist klar, wo sie die großen Linien nachzeichnet, und unsicher in den kleinen Strichen, etwa bei der Beschreibung des wirtschaftlichen Chaos, das die De-facto-Militärdiktatur Hindenburgs und Lu­den­dorffs ab 1916 im kriegsmüden deutschen Kaiser­reich anrichtete, oder bei der Analyse der Mangelökonomie und der bröckelnden Fronten von Hitlers Wehrmacht nach Stalingrad und El Alamein.

„Wer noch einmal ein Gewehr in die Hand nimmt, dem soll die Hand abfallen“

Hier verlässt sich Förster zu sehr auf Bernd Wegners These von der „Choreographie des Untergangs“, die dem tagtäglichen Wirrwarr des untergehenden Naziregimes einen festen Plan unterschiebt, während er in den Skizzen zum alliierten Bombenkrieg der moralisierenden Perspektive Jörg Friedrichs folgt, ohne auf die ökonomischen Aspekte der gescheiterten Reichsluftverteidigung einzugehen. Dabei gibt es genügend Studien – zuletzt Richard Overys „Weltenbrand“ –, die den Anteil rüstungspolitischer Fehlentscheidungen an Hitlers Niederlage betonen. Die uniformierten Entscheidungsträger waren unternehmerische Amateure – auch das ein deutsches Leitmotiv.

„Wer noch einmal ein Gewehr in die Hand nimmt, dem soll die Hand abfallen.“ So sprach der spätere Bundesverteidigungsminister Franz Josef Strauß im Nachkriegsjahr 1947. Wir wissen, was kam, und wir ahnen dunkel, was kommen wird. Die misslungenen oder geglückten Pläne für den Angriff im Westen, von Schlieffens Super-Cannae bis Man­steins Sichelschnitt, denen Stig Förster einen guten Teil seiner mehr als eintausend Textseiten widmet, sind Geschichte, aber die Planungen des Kalten Krieges für die Vorwärtsverteidigung an Elbe und Oder und die Rückzugslinie am Rhein könnten bald wieder auf den Tischen der zuständigen Generäle liegen.

Militärgeschichte hat Konjunktur, und Försters Buch kommt zur rechten Zeit. Nur darf man es nicht als Gebrauchsanweisung für die Gegenwart lesen. Der Autor hat sein Manuskript vor der Wahl Donald Trumps zum amerikanischen Präsidenten abgeschlossen, was der „Deutschen Militärgeschichte“ selbst ei­nen historischen Zug verleiht. Das ändert nichts daran, dass ihre großen Linien stimmen und Nixons Prophetie bestehen bleibt. Doch die feinen Striche malt die Zeitgeschichte in jedem Augenblick neu.

Stig Förster: „Deutsche Militärgeschichte“. Von der frühen Neuzeit bis zur Gegenwart. C.H. Beck Verlag, München 2025. 1294 S., Abb., geb., 49,90 €.

https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/buecher/stig-foersters-deutsche-militaergeschichte-110367120.html?premium=0x9ebbce66f401d41cb44f94c5b3d583e1a11f253fd10aeefba3fd7007b5eb1017


Le Point, 31 mars

Nietzsche est-il devenu fou à la fin de sa vie ?

La pensée décapante du philosophe serait le fruit d’un cerveau malade. Mais, en réalité, une légende circule autour de la vie de Nietzsche, qui avait toute sa tête lorsqu’il écrivait.

Full text:

En janvier 1889, à Turin, Friedrich Nietzsche s’effondre. Dans la rue, son regard se fixe sur une scène qu’il ne supporte pas : un cocher frappe violemment son cheval. Soudain, Nietzsche vacille, son corps se tend comme s’il absorbait lui-même la douleur de l’animal. Il s’approche, titube presque, puis enlace l’encolure de la pauvre bête, éclate en sanglots et interdit à quiconque d’approcher. Le philosophe, alors âgé de 45 ans, s’effondre. Il serait devenu fou. Mais ce moment, souvent présenté comme un tournant tragique dans la vie du philosophe, est pourtant une légende.

Toutefois, entre le 3 et le 7 janvier, Nietzsche reste bien barricadé dans sa chambre. La nuit, il réveille les autres locataires de la pension par des chants, des cris, des improvisations au piano, de longs monologues bruyants. Pendant ces quatre jours, il écrit une multitude de lettres adressées au roi d’Italie (« À mon fils bien-aimé Umberto »), au pape Léon XIII, à des amis et connaissances.

Il envoie sa dernière lettre à Jacob Burckhardt, à Bâle, un professeur d’histoire et ami. Dans cette lettre, il se présente comme Dieu et l’invite à le rejoindre. Dans certaines missives, Nietzsche prétend être déjà mort, dans d’autres, il signe « Dionysos », quand il ne se prend pas pour « Le Crucifié ». C’est ce que les commentateurs ont appelé les « Billets de folie ».

Avant cette crise, Nietzsche n’était pas fou

Plus tard, le philosophe Jacques Derrida écrira : « Il fut assez fou pour pleurer auprès d’un animal, sous le regard ou contre la joue d’un cheval. Parfois, je crois le voir prendre ce cheval pour témoin, et d’abord, pour le prendre à témoin de sa compassion, prendre sa tête dans ses mains. » Pour les admirateurs du philosophe, dont certains ont eu une nette tendance à romancer sa vie, on a pensé que Nietzsche avait découvert une vérité qui l’aurait rendu fou.

La question de sa folie a son importance : ses derniers ouvrages sont-ils le fruit d’un cerveau malade ? Non, tranche Patrick Wotling, historien et spécialiste du penseur allemand : « Jusqu’ici, Nietzsche n’a présenté aucun signe de démence ou de folie. Il y a bien sûr des textes de tonalité très passionnée, très exaltée si l’on veut, mais rien n’atteste de symptômes psychiatriques jusqu’à cet épisode dans la rue et ces lettres qu’il envoie début janvier », rectifie-t-il, avant d’ajouter que l’anecdote du cheval est « très probablement une légende, puisqu’aucune source ne la corrobore ».

L’automne 1888 est une période d’intense activité : Nietzsche quitte Sils-Maria (Suisse), où il avait l’habitude de passer l’été, et s’établit à Turin fin septembre. Sous le soleil italien, il rédige ses dernières œuvres, notamment Crépuscule des idolesL’Antéchrist et Ecce Homo. « Quelques jours avant la crise, ses textes sont argumentés, parfaitement cohérents et construits d’un point de vue philosophique », assure Patrick Wotling.

Un moyen de discréditer le philosophe sulfureux

Il souffre davantage d’une maladie organique que psychiatrique. Jusqu’alors, il avait encore toute sa tête. « La crise violente de janvier 1889 est très probablement due à une infection syphilitique non traitée – c’est d’ailleurs ce que mentionnent les registres médicaux de Bâle, sur la base des propres déclarations du philosophe. Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que la maladie avait une origine physique. L’expliquer uniquement par un trouble psychique n’a aucun fondement, et imaginer que sa pensée le condamnait forcément à sombrer dans la folie relève du pur fantasme », poursuit l’historien.

L’aura presque mystérieuse qui entoure Nietzsche devient, après sa mort, un terreau idéal pour les spéculations idéologiques. Certains de ses admirateurs lui dressent le portrait romantique d’un penseur fou. « Toute prétention à établir une sorte de rapport causal entre les événements de son existence et sa pensée est vouée à l’échec : on a presque l’impression que l’image de Nietzsche devient toujours plus insaisissable à mesure que de nouvelles informations émergent », écrit l’Italien Mazzino Montinari, l’un des plus grands éditeurs et interprètes de son œuvre.

De leur côté, ses détracteurs y trouvent un prétexte parfait pour discréditer ce penseur sulfureux. « Ils se débarrassent à bon compte de sa philosophie en se rassurant avec le syllogisme suivant : “Nietzsche nous a sortis de notre sommeil dogmatique, or Nietzsche est fou, donc nous pouvons à nouveau dormir” », écrit Éric Vartzbed dans La Troisième Oreille de Nietzsche (L’Harmattan, 2003).

Une mort qu’il n’aurait sans doute pas souhaitée

Après la crise de 1889, Nietzsche n’est plus apte au travail. Il n’écrit plus de livres. Un ami se rend immédiatement à Turin et ramène Nietzsche à Bâle dans les jours suivants pour le confier à l’hôpital. On lui diagnostique une « paralysie progressive » irréversible. Peu après, il est transféré à la clinique d’Iéna, où il demeure plusieurs mois, accompagné par sa mère et recevant parfois la visite de quelques amis. Puis, il quitte la clinique et vit sous le toit familial. « Durant les onze années suivant la crise de Turin jusqu’à sa disparition en 1900, Nietzsche ne connaîtra plus d’activité intellectuelle », raconte Patrick Wotling.

En 1894, Rohde, un ami, lui rend visite. Il écrit : « J’ai vu le malheureux lui-même : il est totalement éteint et ne reconnaît plus personne, hormis sa mère et sa sœur. Il n’articule guère plus d’une phrase par mois, il est complètement affaissé, rabougri, débile, mais conserve le teint frais. Bref, un spectacle à vous arracher des larmes ! »

Une triste ironie de l’histoire, car Nietzsche était attaché à ce qu’il théorisait comme la mort rationnelle. « Il est probable que si on lui avait indiqué qu’il allait subir ce qu’il a subi, il aurait opté pour une mort raisonnable. C’est-à-dire un suicide choisi, où il est encore possible de faire un bilan de sa vie, froidement, et de prendre congé de ses proches, sans être réduit à l’état d’une victime n’ayant plus aucune prise sur les événements. Il n’aurait pas voulu endurer une telle déchéance », conclut Wotling. Pourtant, c’est bien ce qu’il vivra pendant plus de dix ans, avant de s’éteindre le 25 août 1900 à Weimar, en Allemagne.

https://www.lepoint.fr/eureka/nietzsche-est-il-devenu-fou-a-la-fin-de-sa-vie-28-03-2025-2585892_4706.php


The Economist, Book Review March 31

The debt sealing : Transatlantic fights over war budgets are nothing new

An oft-forgotten negotiation between Winston Churchill and Andrew Mellon resonates

Mellon vs Churchill. By Jill Eicher. Pegasus; 368 pages; $32 and £22

Full text:

How far should America involve itself in Europe’s wars? It is the most urgent question for the transatlantic alliance, and it is well over 100 years old. Donald Trump intends to force more of the financial burden for the war in Ukraine onto Europeans. Anyone interested in his chances of success might enjoy reading about a battle America’s Department of the Treasury fought a century ago to do just that.

That battle is the subject of a new book by Jill Eicher, a former Treasury official. During and immediately after the first world war America lent European allies more than $10bn, with Britain borrowing the biggest chunk (some $4bn). In today’s dollars that $10bn is equivalent to around $180bn—roughly what America’s Department of Defence estimates it has spent on the war in Ukraine. Yet at the time it would have seemed far larger: it was the biggest liability ever recorded on America’s balance-sheet, and nearly half the national debt. Most of it had been raised by selling patriotically branded “victory” and “liberty” bonds to Americans. Whether the government could collect its dues had huge political salience.

Meanwhile, Winston Churchill, then Britain’s chancellor of the exchequer, was bellowing about “monstrous debts” from across the Atlantic. They had “been scored up by one great country against another”, he said, and yet “far exceed the means and methods of payment”. Collection in full would be self-defeating, since it would impoverish Europe, thereby hurting America’s own exports and “taking the bread out of the mouths of their own working people”. The stage was set, in other words, for an enormous tussle over how much of the debt would actually be repaid.

Churchill and his oratory are famous. Andrew Mellon, his counterpart in America, is half-forgotten. Ms Eicher’s masterstroke, therefore, is to cast the wrangling between Britain’s and America’s finance ministries as a clash of the two individuals—much as the newspapers of the day did. In one sense, you could think of Mellon as an earlier Elon Musk: a fabulously successful businessman drafted into government by a president hoping he would put the country’s finances in order. The parallels end there. Contemporaries noted that Mellon “disliked public speaking, avoided publicity, and shunned the spotlight”. Mr Musk is not generally accused of such things. Nor was Churchill.

Mellon’s shyness did not prevent him from driving a hard bargain. In 1923 Stanley Baldwin, Churchill’s predecessor as chancellor, arrived in Washington with a mandate to agree a maximum annual repayment of $166m. He returned to London urging Andrew Bonar Law, the prime minister, to instead agree to $161m a year for a decade, and $184m thereafter. “We paid in blood; they did not,” muttered Bonar Law, who had lost two sons in the war and bitterly opposed Mellon’s terms. His cabinet ratified them anyway.

Churchill then took control of Britain’s purse strings and tried to reduce the debt burden. He would “obliterate and delete all war debts” owed to Britain if Mellon acted similarly, he said; if not, he would collect only “as much and no more” from the other allies as was required to repay America. Characteristically, he detailed what has been called a “collect-if-you-will-America-but-shame-on-you” policy not in private but in Parliament. In the press, Uncle Sam became “Uncle Shylock”.

By contrast, Mellon’s public silence echoes throughout Ms Eicher’s book. His backroom dealing, though, was what prevailed. By 1927 Mellon had reached agreements with Britain and the other allies to refund 97% of the principal America had lent them, albeit at lower interest rates.

Such post-war negotiations might seem dull and technical. In fact, Ms Eicher spins them into a gripping yarn. And her story is all the more compelling for its coda. Events overtook Mellon’s deals, and they did not last long. By 1934 the Depression had hobbled Europe; Britain, France, Belgium and Italy had all defaulted on their loans. In the meantime, a German named Adolf Hitler had risen to power, with a programme revolving around the repudiation of war debts. Americans might have convinced Europe to pay for one war, but it may have ended up costing them far more in the long run. ■

https://www.economist.com/culture/2025/03/27/transatlantic-fights-over-war-budgets-are-nothing-new


Neue Zürcher Zeitung, 25. März

«Der Westen als politische Grösse ist zerfallen»: Jahrelang forderte Jürgen Habermas Europa auf, mit Putin zu verhandeln. Jetzt sieht er keine Alternative zur Aufrüstung

Die Ukraine dürfe den Krieg nicht verlieren, aber Waffen seien keine Lösung: Das sagt Jürgen Habermas seit Jahren. Nun meldet sich der Philosoph wieder zu Wort. Und es klingt ein bisschen anders.

Full text :  

Philosophen können irren. Und vielleicht besteht ihr Geschäft zu einem grossen Teil nicht daraus, Wahrheiten zu finden, sondern Irrtümer zu erkennen. Auch die eigenen. Das ist nicht einfach, vor allem, wenn Irrtümer auf Thesen aufbauen, mit denen die Philosophen das zu verstehen suchen, was in der Welt geschieht. Und sich am Ende zeigt, dass sich die Welt nicht so leicht erklären lässt, wie man sich das wünschen würde.

Schon mehrmals hat sich der Philosoph Jürgen Habermas zum Ukraine-Konflikt zu Wort gemeldet. Das erste Mal kurz nach dem Beginn der russischen Invasion. Seither blieb seine Botschaft im Kern die gleiche. Der Westen, kritisierte der 95-jährige Doyen der Sozialphilosophie, setze einseitig darauf, Waffen zu liefern. Dabei müssten sie sich eigentlich eingestehen, dass nur Verhandlungen zu einer Lösung des Konflikts führen könnten.

Da sprach der Denker, dessen Theorie des kommunikativen Handelns auf den «herrschaftsfreien Diskurs» setzt, der alle Gesprächspartner auf den «zwanglosen Zwang des besseren Arguments» verpflichtet. Habermas’ Zwischenruf blieb nicht ohne Widerspruch. Einerseits, weil die zwanglose Vernunft einen schweren Stand hat, wenn das Donnern der Kanonen alles übertönt. Wenn Städte zerstört werden und Menschen sterben. Und anderseits, weil Habermas der Politik und Öffentlichkeit vorwarf, von einer unreflektierten Kriegsbegeisterung befallen zu sein, die achtzig Jahre nach dem Zweiten Weltkrieg ebenso unverständlich wie verfehlt sei. Und die vor allem in Deutschland nicht massgeblich sein dürfe für politische Entscheidungen.

Revidiert hat Habermas seine Position nie. Er hat sie bekräftigt, doch ohne sie zu präzisieren. Selbstverständlich dürfe die Ukraine den Krieg nicht verlieren, hielt er fest. Und ja, dazu brauche sie Unterstützung. Auch mit Waffen. Aber nicht zu viel. Und nicht allein mit Waffen. Sondern mit Gesprächen. Allerdings äusserte Habermas sich nie darüber, wie Verhandlungen geführt werden sollen, wenn der entscheidende Verhandlungspartner kein Interesse an Verhandlungen hat und wenn keine Einigung darüber erzielt werden kann, was Vernunft sein könnte. Darüber gibt auch seine Theorie keine Auskunft.

Nun wird über einen Frieden in der Ukraine verhandelt. Ohne die Ukraine. Fast ohne Europäer. Und Jürgen Habermas meldet sich erneut zu Wort. Unter dem Titel «Für Europa» äusserte er sich am Wochenende in einem zweiseitigen Essay in der «Süddeutschen Zeitung» über Trump und die grosse Zäsur, die sein Amtsantritt für die Welt bedeute. Über den Westen. Und über die «unverzeihlichen Fehler», die sich Europa angesichts der Neuordnung der globalen Machtverhältnisse zuschulden kommen liess.

Abschied von der Nato

Ein Rundumschlag. Auch über die Ukraine spricht Habermas. Nicht anders, als er es seit 2022 tut. Oder nur um Nuancen anders. Er räumt ein, der militärische Beistand Europas und der USA für die Ukraine sei «gewiss geboten» gewesen. Allerdings nur, weil die amerikanische Regierung keinen Versuch unternommen habe, «dem mit aufmarschierenden Truppen angedrohten Angriff der Russen durch Verhandlungen zuvorzukommen».

Doch statt des «fahnenschwenkenden Kriegsgeschreis und des lauthals angestrebten Sieges über eine Atommacht wie Russland wäre damals ein realistisches Nachdenken über die Risiken eines längeren Kriegs am Platz gewesen», findet Habermas nach wie vor. Auch im eigenen Interesse hätte man versuchen müssen, mit dieser «seit langem absteigenden Imperialmacht Russland möglichst schnell zu Verhandlungen über ein für die Ukraine akzeptables, aber dieses Mal vom Westen gewährleistetes Arrangement zu gelangen».

«Man», das sind die europäischen Staaten. Und das eigene Interesse dieser Staaten hätte für Habermas nicht nur darin liegen müssen, mit Russland zu einer halbwegs gangbaren Lösung zu finden – anscheinend von Anfang an unter Preisgabe der von den Russen besetzten ukrainischen Gebiete. Sondern auch darin, und damit hat er recht: zu erkennen, wie wacklig das Nato-Bündnis geworden ist. Und wie wenig sich Europa langfristig noch auf Amerika verlassen kann. Vor allem mit Blick auf die mögliche Wahl Donald Trumps, die damals noch in der Zukunft lag.

Ohne Schutz der USA

Nun ist Trump Präsident, und Habermas verhehlt nicht, dass das Projekt «Westen» für ihn damit Vergangenheit ist: «Diese politische Grösse ist mit dem jüngsten Regierungsantritt von Donald Trump und dem damit in Gang gekommenen Systemwechsel der USA zerfallen.» Trumps Rede zum Regierungsantritt habe bei ihm «den Eindruck der klinischen Vorführung eines psychopathologischen Falls» hinterlassen. Politisch konstatiert Habermas einen «Epochenbruch», der Konsequenzen für die Ukraine haben werde. Und die Europäische Union vor die Aufgabe stelle, «auf die neue Situation eine rettende Antwort zu finden».

Der grosse Fehler Europas und vor allem Deutschlands sei es gewesen, auf die Einheit des Westens zu vertrauen. Deshalb sei man der Herausforderung ausgewichen, die internationale Handlungsfähigkeit der Europäischen Union zu stärken. Wenn man jetzt von Aufrüstung rede, könne es weder um das Schicksal der Ukraine gehen noch um eine «mögliche oder herbeigeredete aktuelle russische Gefahr für Nato-Länder». Das Ziel der Aufrüstung sei die «existenzielle Selbstbehauptung einer Europäischen Union, der die USA in einer unberechenbar gewordenen geopolitischen Lage möglicherweise keinen Schutz mehr leisten».

Immerhin scheint für Jürgen Habermas nun klar zu sein, dass die Aufrüstung Europas unumgänglich ist und der «zwanglose Zwang des besseren Arguments» nicht genügt, wenn man es mit Staaten wie Russland und China zu tun hat – das sagt er freilich nicht laut. Aber er stellt die berechtigte Frage, wie die EU auf globaler Ebene als selbständiger militärischer Machtfaktor wahrgenommen werden könne, «solange jeder ihrer Mitgliedstaaten über Aufbau und Einsatz seiner Streitkräfte letztlich souverän entscheiden» könne.

Krieg? Was für ein Krieg?

Nur wenn sie kollektiv handlungsfähig sei, gewinne die EU geopolitische Selbständigkeit, lautet die Schlussfolgerung des Essays. Das ist zweifellos richtig. Aus der Feder von Habermas klingt es freilich überraschend, zumal es sich auf die militärische Verteidigungsbereitschaft bezieht, der er in der Vergangenheit wenig bis keine Bedeutung beimass.

In den Überlegungen, die Jürgen Habermas in der 2011 erschienenen Essaysammlung «Zur Verfassung Europas» entwarf, spielt die Möglichkeit bewaffneter Auseinandersetzungen kaum mehr eine Rolle. Krieg scheint etwas, was der Vergangenheit angehört. Überwunden. In Europa sowieso. Genauso wie der Nationalismus, der nur noch als «langer Schatten» auf der Gegenwart liege, wie es in einem der Essays heisst.

«Weltinnenpolitik» ist das Stichwort, um das die Überlegungen zur Zukunft Europas in der Welt damals kreisten. Die grösste Gefahr schien Habermas von den «entfesselten gesellschaftlichen Naturgewalten auszugehen», die er vor allem im globalen Bankensektor sah. Ein paar Jahre später sieht die Welt anders aus. Ganz anders. Und der Philosoph muss konstatieren, dass er sich geirrt hat. Auch wenn er es nicht zugeben mag.

https://www.nzz.ch/feuilleton/europa-muesse-aufruesten-sagt-juergen-habermas-der-westen-sei-zerfallen-ld.1876842


The Wall Street Journal, March 17

The Last Decision by the World’s Leading Thinker on Decisions

Shortly before Daniel Kahneman died last March, he emailed friends a message: He was choosing to end his own life in Switzerland. Some are still struggling with his choice.

Full text :   https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/03/21-mars-3.pdf

Link: https://www.wsj.com/arts-culture/books/daniel-kahneman-assisted-suicide-9fb16124?mod=hp_lead_pos7


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14. März

Demokratie und Erinnerung: „Es gibt Begeisterung für einen neuen Faschismus!“

Der Historiker Wolfgang Benz blickt besorgt auf die Erinnerungskultur und die Demokratie, weil auch Teile des Bürgertums verrohen und die Enkel der gedemütigten DDR-Wendegeneration ihre Großeltern rächen wollen. Ein Gespräch.

Full text : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/03/14-mars-2.pdf

Link: https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/es-gibt-begeisterung-fuer-einen-neuen-faschismus-historiker-ist-besorgt-110346411.html


L’Express, 13 mars

Michel Onfray – Jean-Paul Enthoven : ces deux France qui ne se parlent plus

Idées. Anne-Sophie Beauvais revient sur l’amitié brisée entre le philosophe et son éditeur. Une cassure aussi personnelle qu’idéologique…

Full text :  

De retour à son bureau chez Grasset à la fin du mois d’août 1989, l’éditeur Jean-Paul Enthoven y découvre le manuscrit d’un jeune enseignant dans un lycée technique de Caen. L’originalité du sujet – la pensée de grands philosophes saisie à travers leur alimentation – l’enchante. Le Ventre des philosophes lance Michel Onfray en tant que philosophe hédoniste, matérialiste, obsédé par la concordance entre vie personnelle et pensée théorique. Entre le Parisien et le Normand, c’est le début d’une amitié fertile, qui, hélas, ne résistera pas aux rancoeurs personnelles et aux antagonismes politiques.

Dans L’Editeur et le Philosophe, Anne-Sophie Beauvais revient sur cette relation symbolique des fractures de notre époque. D’un côté, le fils d’un ouvrier agricole et d’une femme de ménage de l’Orne, ayant pour animal totem le sanglier. De l’autre, un dandy mondain au teint hâlé et aux pantalons blancs. Le premier n’a cessé de revenir sur ses origines modestes et son ancrage terrien, le second a pris sept décennies pour lever un peu le voile sur sa jeunesse algérienne. Michel Onfray hait la figure de Don Quichotte, Jean-Paul Enthoven a voulu faire de sa vie un roman. Pour encore pimenter cette comédie humaine, il faut introduire des personnages secondaires hauts en couleur : Bernard-Henri Lévy, meilleur ami de Jean-Paul Enthoven qui a accueilli Michel Onfray dans son écurie chez Grasset mais n’a jamais masqué son mépris pour le Normand, Raphaël Enthoven, enfant chéri de l’éditeur qui participa à l’aventure de l’université populaire de Caen initiée par le philosophe en 2002 avant de se brouiller avec lui, ou Franz-Olivier Giesbert, génie de la presse qui a su apprivoiser le rebelle tout en surfant sur son succès…

“Paranoïa” contre mythomanie

En 2010, c’est le tournant. Michel Onfray publie Le Crépuscule d’une idole, charge contre la psychanalyse et son fondateur, Sigmund Freud. Sans surprise, Elisabeth Roudinesco, gardienne du temple freudien, le traite de tous les noms. Mais BHL sort lui aussi du bois et éreinte l’essai : “Banal, réducteur, puéril, pédant, parfois à la limite du ridicule.” Jean-Paul Enthoven prend la défense de son auteur et, fait exceptionnel, s’oppose à son double BHL. Mais malgré l’immense succès du livre, Michel Onfray le quitte, blessé par ce qu’il estime être un manque de soutien de la maison. Celui qui, chez Grasset, ne voulait bénéficier que d’un petit revenu mensuel afin de ne pas dépasser le salaire que touchait son père adoré, devient un mercenaire de l’édition et multiplie les éditeurs. Sa prodigieuse capacité à écrire ne connaît plus de freins : 140 livres en trente ans. Sa haine de l’élite et de la “Babylone” parisienne vire parfois au complotisme.

Depuis, les deux hommes ont frôlé la mort, AVC pour l’un, accident cardiaque pour l’autre. Mais rien, même la proximité du néant, ne peut plus les réconcilier. Jean-Paul Enthoven ne cache pas ses regrets pour leur amitié passée tout en fustigeant la “paranoïa” de son ancien auteur. Le philosophe durcit, lui, les attaques contre son ex-éditeur, dépeint en mythomane incapable de toute sincérité.

Un fossé idéologique

Refusant de choisir un camp, Anne-Sophie Beauvais se montre empathique avec les deux, et tente de comprendre les motivations biographiques derrière la brouille. C’est aussi le fossé idéologique entre deux France qui deviendra béant sous Emmanuel Macron à travers la crise des gilets jaunes. Venu d’une gauche libertaire et girondine, Onfray endosse le populisme et le souverainisme. L’ancien chantre de l’athéisme développe des obsessions de plus en plus civilisationnelles, jusqu’à défendre la messe en latin. Elitiste impénitent, Jean-Paul Enthoven illustre, lui, le passage de la gauche caviar à un libéralisme mondialisé.

En retraçant la généalogie de cette amitié-haine entre un éditeur proustien et un philosophe passé du nietzschéisme à la décadence, Anne-Sopie Beauvais dépeint un monde intellectuel en voie de disparition. Grasset est aujourd’hui l’un des derniers éditeurs encore géographiquement situés à Saint-Germain-des-Prés. En librairies, les ventes de Michel Onfray se tassent. Mais entre une webtélé, la revue Front populaire puis la chaîne CNews, l’intellectuel a depuis longtemps trouvé d’autres supports pour ses invectives antilibérales. Avouons ici notre nostalgie d’un philosophe libertaire et pourfendeur de dogmes, que nous avons tant aimé.

L’Editeur et le Philosophe, par Anne-Sophie Beauvais. Robert Laffont, 242 p., 20 €.

https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/michel-onfray-jean-paul-enthoven-ces-deux-france-qui-ne-se-parlent-plus-FGBGI7CLXZELVAZ5UJVXJJEPMU/


Frankfurter Allgemeine Zeitung, 24. Februar

Serie „Einig Vaterland?“ (29): Fassade der Demokratie

Die Volkskammer der DDR war das oberste Verfassungsorgan – das vier Jahrzehnte nichts zu entscheiden hatte. Erst die 10. Volkskammer nahm sich ein Vorbild am Deutschen Bundestag – um nach wenigen Monaten zu verschwinden.

Vollständiger Text:  https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/02/23-fevrier-2.pdf

Link: https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/serie-einig-vaterland-fassade-der-demokratie-110300342.html?premium=0x71c323329a117302fa4faaa7751d64a19ac4c7f89fe40a4ffa75dc856dd278b0


L’Express, 11 février

A la Sorbonne, Gérald Bronner lance la “contre-offensive rationaliste”

Reportage. Le sociologue Gérald Bronner, chroniqueur à L’Express, entame une série de quatre conférences sur l’esprit critique, dans l’espoir de générer un sursaut contre la désinformation.

Article intégral :  

Le “ruissellement” est un concept scientifique intéressant, bien que capricieux. Il voudrait que l’accumulation de richesse finisse par profiter au plus grand nombre. Ce n’est que rarement le cas. est bien placé pour le savoir : il est sociologue, une science qui n’a de cesse d’étudier ces questions. Ce qui ne l’empêche pas d’y croire : “Notre ruissellement à nous va se faire, pas le choix”, assure-t-il à l’estrade, ce mardi. Au-dessus de lui, on peut lire : “Pacem Summa Tenant”. “Les choses supérieures, l’élévation par le savoir, soutiennent la paix”.

L’adage, gravé sur les murs de amphithéâtre Richelieu à l’université de la Sorbonne à Paris, lui va si bien : devant 500 personnes, l’universitaire – également chroniqueur à L’Express – y lançait ce jour-là “Développer son esprit critique”, une série de conférences sur la désinformation. Gratuit et retransmis en ligne, le séminaire a pour but de provoquer une impulsion, un “sursaut” collectif. “Faire ruisseler”, en somme, “l’esprit critique”, son objet d’étude, de façon à contrer fake news, ingérences, et manipulations.

Il faut lui reconnaître un bon départ. Ses quatre séances, toutes espacées d’un mois, sont complètes. Pour sa première, il harangue, amuse, appelle à prendre les “armes” – mentales uniquement. Le scientifique, que l’on dit libéral, croit profondément dans les pouvoirs de “l’individu”, du cerveau même, face aux périls des fausses informations. En témoignent ses livres, La démocratie des crédules , ou encore le best-seller Apocalypse cognitive. Il suffirait, à l’entendre, d’éduquer les consciences pour que la rationalité regagne les débats.

Son séminaire témoigne de son engagement pour les faits. Mais ne lui dites surtout pas que sa sociologie est un “sport de combat”. L’auteur a toujours préféré Raymond Boudon à Pierre Bourdieu, le père de cette expression. Comme le premier, il s’intéresse aux choix individuels plutôt qu’aux effets de système. Il voit son domaine d’étude comme une “ingénierie” plutôt qu’un militantisme. Sa proposition, à l’estrade, a pourtant tout l’air d’un début de mouvement : “J’aimerais que vous transmettiez ce que je vais vous dire, à vos proches, votre famille, vos collègues. Sans donner des leçons, sans dire quoi penser, sans se moquer, car tout le monde peut être sensible aux contre-vérités”.

Il entonne, bon orateur : “La crédulité a de très bons VRP, mais nous ne les laisserons pas faire”. Le public est facile. Des cadres supérieurs, en grande partie. “Peut-être pas ceux qui ont le plus besoin de cela!”, reconnaît-il. Le savoir qu’il voudrait voir couler – comment le numérique “libéralise” le marché de l’information, et comment les techniques comportementales aident à résister – a déjà éclaboussé ses auditeurs. “On sait quand même faire le tri”, souffle une dame, sa doudoune sur les genoux, ancienne ingénieure de recherche. “C’est plus pour nourrir les conversations qu’on y va. Et puis c’est beau, la Sorbonne”, ajoute un ancien médecin.

“Il faut bien commencer quelque part”, rétorque Gérald Bronner. Le format qu’il a choisi rappelle les cours d’autodéfense intellectuelle qui ont essaimé depuis mai 1968. Sauf qu’ici, l’ambiance est feutrée, et la menace n’est pas la propagande d’État ou les classes “dominantes” mais les “superspreader”, ces mauvais influenceurs et les algorithmes qui les encouragent. “1 % des profils existants sur les réseaux sociaux produit 30 % de l’information qui s’y échange. Et les plus actifs sont toujours les plus radicaux”, rappelle-t-il, citant les études de référence sur la diffusion des messages en ligne, toutes parues à la fin des années 2010.

Sur scène, Gérald Bronner ne désigne ni ennemi – ce n’est pas son genre – ni de mesures politiques – c’est déjà fait. En 2021, le président Emmanuel Macron lui a confié une commission sur le sujet. Avec un cénacle d’experts, il recommandait d’engager “la responsabilité civile du diffuseur de mauvaise foi d’une fausse nouvelle préjudiciable”, de renforcer l’éducation aux médias et demandait une plus grande transparence des plateformes. Des propositions écoutées, pour la plupart, mais qui n’ont pas empêché la défiance et l’attrait pour les théories alternatives.

Ce soir, le sociologue préfère défendre un pacte. Il fait promettre à son auditoire de prendre du recul, de penser contre lui-même, dans une sorte de “déclaration d’indépendance mentale”, façon contrat social de Jean-Jacques Rousseau. Et distille les petits “trucs” pour déjouer les biais cognitifs, les reconnaître. La première séance porte sur un rappel : corrélation n’est pas causalité. Derrière lui s’affiche une photo de canard. En fond, une barrière métallique haute de plusieurs mètres, défoncée. “On se doute que ce n’est pas l’animal qui a provoqué autant de dégâts”, s’amuse-t-il.

La salle, acquise à sa cause, rit à ses blagues. Elle se tend lorsqu’il évoque le “risque civilisationnel” que pose la crise. Actualité oblige, il parle longuement du retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, et de ses mensonges. Le sociologue voudrait, à terme, lancer de véritables universités populaires, “que l’on soit plusieurs à prendre la parole, avec des associations”. Il rêve que petit à petit se démocratisent des sortes de “réunions tupperware de la rationalité”. Que tous, du moins ceux qui le veulent, soient capables de décomposer les informations, et les analyser, pour éviter les pièges.

Pourquoi ne pas commencer ailleurs que dans une des meilleures universités françaises, là où justement l’information de qualité est déjà abondante? “Je donne beaucoup de conférences vous savez”, nous rappelle-t-il. C’est vrai, Gérald Bronner écume les salles partout dans le monde, et pas que les amphithéâtres. Un jour à la SNCF, et le lendemain, à la Cour des comptes. Ce qui l’oblige même à faire de la “récup” : certaines slides de son diaporama n’ont pas changé en trois ans. Son show est filmé, pour un documentaire. A la fin, un scénariste l’approche. Il lui dit qu’il veut monter un spectacle sur le sujet de la désinformation, et demande quel ouvrage du sociologue il doit lire. Le début du ruissellement?

https://www.lexpress.fr/sciences-sante/a-la-sorbonne-gerald-bronner-lance-la-contre-offensive-rationaliste-CNMOMDHDIZF47D3HZ4P5FGLW5I/


Madame Figaro, 29 janvier, article payant

André Comte-Sponville : «N’espérez pas être heureux demain, soyez-le aujourd’hui»

ENTRETIEN – En se libérant de l’espoir, on renoue avec le réel, l’action, le goût de vivre. Ce chemin de sagesse, le philosophe l’arpente dans son nouvel essai, L’Opportunité de vivre et le partage, pour nous, avec Géraldine Mosna-Savoye *.

Extraits:

Depuis la publication du Traité du désespoir et de la béatitude (Éditions PUF), André Comte-Sponville ne déroge pas à sa ligne : accepter ce qu’il y a de précisément inflexible dans la vie, tels la maladie et le deuil, pour mieux en profiter et, pourquoi pas, l’aimer. D’articles en essais, de conférences en quelques rares plateaux télé, le philosophe s’est attaché à nous faire admettre notre condition désespérément mortelle pour, sans crainte ni illusion, être heureux ici et maintenant. (…)

Sur quoi avez-vous encore envie d’écrire ?
Si je continue à écrire, ce sera ma philosophie. La même que celle écrite avec mon premier livre, le Traité du désespoir et de la béatitude, publié quand j’avais une trentaine d’années. La même aussi que j’ai exposée dix ans plus tard avec mon Petit Traité des grandes vertus. Au fond, cette opposition entre histoire de la philosophie et philosophie subjective est factice, on ne devient philosophe qu’en étudiant la philosophie des autres… Mais, à bientôt 73 ans, je veux être au plus près du vécu, parler à la première personne, à la manière de Montaigne. J’ai commencé à le faire dans mon livre précédent, La Clé des champs, dans lequel j’ai appelé un texte «Maman.»

Aller vers ce qu’on appelle une «philosophie de l’intime» ?
C’est ce qu’ont fait les plus grands philosophes ! Qu’est-ce que les Méditations métaphysiques, de Descartes, si ce n’est une autobiographie intellectuelle ? Pour moi, philosopher, c’est penser sa vie et vivre sa pensée. Il y aura toujours, c’est vrai, un décalage entre le vécu et la pensée, mais il s’agit de penser au plus près son expérience de la vie, de la façon la plus exacte.

Comment faire ? Comment faites-vous, vous, pour être au plus près de votre vécu ?
Il ne suffit pas de raconter sa vie. Ma philosophie est matérialiste, rationaliste et humaniste, au sens d’Épicure, Spinoza et Montaigne. Mais pour être au plus près de mon vécu, je pourrais aussi me définir comme un fidèle non-dogmatique. Élevé dans la tradition judéo-chrétienne, j’ai été un chrétien très pieux, mais j’ai perdu la foi quand j’avais 17-18 ans. J’ai par là même perdu une forme d’espérance, obligé de me confronter à ce qu’il y a de désespérant dans la condition humaine. Pascal, que j’ai lu à cet âge, a raison : on ne peut pas échapper à une part de désespoir. C’est peut-être le meilleur résumé de ma philosophie, ce que j’ai appelé le «gai désespoir.» Quand on m’a appris que ma petite fille, notre premier enfant, était atteinte d’une méningite foudroyante, j’espérais follement qu’elle guérisse, je n’avais jamais été aussi malheureux de ma vie. Ma fille est morte, et j’ai compris que l’espoir n’était pas du côté du bonheur mais du malheur. Spinoza a cette formule dans l’Éthique : il n’y a pas d’espoir sans crainte ni de crainte sans espoir. Quand vous n’espérez plus rien, vous n’avez plus de crainte, vous n’êtes donc pas malheureux. C’est dans ces moments, «désespéré», que vous pouvez toucher le bonheur. Une randonnée avec son meilleur ami, un quatuor de Mozart, ces sentiments de béatitude ne laissent plus rien à espérer. L’humoriste Alphonse Allais le disait aussi à sa manière : «Ne nous prenons pas au sérieux. Il n’y aura aucun survivant.»

Mais ce constat est tragique… et semble contradictoire avec votre philosophie du bonheur. Car, pour vous, le bonheur ne se rencontre ni dans l’au-delà ni dans une révolution à venir, il est ici et maintenant. Mais comment être heureux si l’on sait déjà qu’il n’y aura aucun survivant ?
Vous avez tort de confondre le désespoir et le malheur. Nous désirons tous être heureux. Épicure le dit, Platon le dit, Pascal et Freud le disent aussi. Mais, pour reprendre Pascal, tout homme recherche d’être heureux et aucun n’y arrive. Ce qui est vrai si l’on définit le bonheur comme un état complet de pleine satisfaction, ce que j’appelle la «félicité.» Mais quand on demande aux Français : «Êtes-vous heureux ?», depuis quarante-cinq ans, ils répondent oui à 70-80 % !

Mais se dire que la joie est possible, n’est-ce pas l’espérer ?
Je pense souvent à Charles Péguy qui évoque l’homme de 40 ans : c’est à cet âge qu’il comprend que le bonheur n’existe pas, mais, père d’un fils de 15 ans, il continue pourtant à espérer qu’il soit heureux (dans Clio. Dialogue de l’histoire et de l’âme païenne, NDLR). Il est impossible de ne plus espérer, chacun d’entre nous est plein de peurs, mais c’est en essayant d’espérer un peu moins, et donc, de craindre un peu moins, que l’on peut être heureux. Ma mère a passé sa vie à espérer, elle en est morte. Elle s’est tuée de déception, car la vie, depuis des années, ne correspondait pas aux espoirs qu’elle s’en était fait. Mais je vais vous dire : la vie ne correspond jamais aux espoirs qu’on s’en fait ! (…)

Dans l’avant-propos de ce nouvel ouvrage, vous affirmez que «la proximité de la mort pousse à profiter de la vie plus qu’à travailler.» Vous opposez la vie à l’écriture ?
J’arrive à un moment où, assez souvent, la vie me suffit. Méditer, marcher, ne rien faire… être vivant me suffit. Les artistes que j’aime sont ceux qui donnent ce sentiment que l’art est au service de la vie. J’admire Mozart et Beethoven, par exemple, mais Beethoven se prend trop au sérieux, il semble croire que sa musique est plus importante que la vie. Mozart, lui, se fait moins d’illusion, il a conscience de la vanité de son art. C’est ce que j’aime dans la philosophie, comme l’écrivait Pascal, se moquer de la philosophie, c’est vraiment en faire ! (…)

Vous citez Montaigne : «Moi qui me vante d’embrasser si curieusement les commodités de la vie, et si particulièrement, n’y trouve, quand j’y regarde ainsi finement, à peu près que du vent. Mais quoi, nous sommes partout vent.»
Je fais partie des adorateurs de l’Ecclésiaste. Autant j’ai du mal avec la Bible (notamment l’Ancien Testament), autant le «vanité des vanités, tout est vanité» de l’Ecclésiaste me bouleverse. S’il n’y a rien qui reste, s’il n’y a que du vent, autant prendre le meilleur ! Mais cela ne veut pas dire «jouir sans entraves», être dans le déni de la mort et se regarder le nombril, l’ego ou l’âme à longueur de journée. Tout comme ne penser qu’à la mort est aussi absurde. C’est la vie qui compte. Nous sommes nés pour agir, c’est l’action et les relations qui comptent. «Je veux que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d’elle, et encore plus de mon jardin imparfait », dit aussi Montaigne. Ce qu’il appelle «nonchalance», c’est ce que j’appelle le «gai désespoir», accepter la vie telle qu’elle est, y compris dans ce qu’elle a de désespérant. La vie n’a jamais tort, ce sont nos espoirs qui sont illusoires et mensongers. Encore une fois : espérez un peu moins pour aimer la vie telle qu’elle est ! 

https://madame.lefigaro.fr/bien-etre/psycho/andre-comte-sponville-n-esperez-pas-etre-heureux-demain-soyez-le-aujourd-hui-20250128


Neue Zürcher Zeitung, 20 janvier, article payant     

Die Psychoanalyse versklave die Menschen, fand Gilles Deleuze – und der Wahnsinn sei eine revolutionäre Kraft

Vor knapp sechzig Jahren schrieb Gilles Deleuze «Anti-Ödipus». Zusammen mit Félix Guattari landete er damit einen Bestseller des postmodernen Denkens. Am 18. Januar wäre Deleuze hundert Jahre alt geworden.

Voir l’article intégral :  https://kinzler.org/wp-content/uploads/2025/01/20-janvier-1.pdf

Link : https://www.nzz.ch/feuilleton/in-den-abgrund-des-wahnsinns-schauen-gilles-deleuzes-revolution-des-denkens-ld.1866195


Neue Zürcher Zeitung, 17 janvier, article payant     

«Hitler war Sozialist», sagt Alice Weidel. Das ist falsch. Aber nicht ganz

Hitler sei links gewesen, der Nationalsozialismus kommunistisch: Das sagte die AfD-Kanzlerkandidatin im Talk mit Elon Musk. Alice Weidel ist nicht die Erste, die die These vertritt, Nationalsozialismus und Sozialismus hätten mehr gemeinsam als den Namen.

Extraits :

Kann man rechts und links verwechseln? Vergangene Woche sagte Alice Weidel, Hitler sei Kommunist gewesen. Im Talk mit Elon Musk sprach die AfD-Kanzlerkandidatin auch über den Nationalsozialismus. Und erklärte, dieser sei «alles andere als rechts». Der grösste Erfolg «nach dieser schrecklichen Ära» sei es gewesen, Hitler als rechts und konservativ zu bezeichnen. Aber Hitler sei das Gegenteil gewesen: «Er war nicht konservativ. Er war ein sozialistisch-kommunistischer Typ.»

In den sozialen Netzwerken erntete Weidel Kritik, aber auch viel Beifall. Auf Nachfrage hielt sie an der Behauptung fest. Sie sei Ökonomin, sagte sie in einem Interview auf RTL, und sehe das «aus der Brille der ökonomischen Dogmengeschichte». Für Ökonomen sei völlig klar, dass Hitler «ein Linker» gewesen sei. Ein «antisemitischer Sozialist».

Man müsse sich nur die Methoden ansehen, mit denen Hitler gearbeitet habe, so Weidel. Es seien die gleichen, wie die Linke sie heute anwende (…)

Die Medien von ARD und ZDF bis «Spiegel» und «Welt» brachten Historiker in Stellung und überboten sich gegenseitig in Faktenchecks. Ihr Fazit war klar. Die Behauptungen seien «grundfalsch», sagte Andreas Wirsching vom Münchner Institut für Zeitgeschichte am Deutschlandfunk. Und in Hinblick auf die Opfer des NS-Regimes seien sie «zynisch, politisch irreführend und infam». «Alles Quatsch», sagte Michael Wolffsohn in der «Bild»-Zeitung. Weidel wolle die AfD von dem Verdacht reinwaschen, nationalsozialistisch zu sein.

Das ist zweifellos richtig. Und so wie Weidel ihre Aussage begründet hat, ist sie erst recht nicht haltbar. Gerade im ökonomischen Sinn war Hitler kein Sozialist. Privateigentum stellte er nicht infrage. Mit Verstaatlichungen hielt er sich zurück. Wo er sie anordnete, tat er es nicht aus ideologischen Gründen, sondern um Deutschland möglichst rasch kriegstauglich zu machen. Mit den grossen Industriellen arrangierte er sich und liess sich zum Teil von ihnen finanzieren.

Vor allem: Die ersten Opfer der Nazi-Gewalt waren Linke. (…) Er wolle den Marxismus «mit Stumpf und Stiel» ausrotten, betonte er.

Ideologisch hat der Nationalsozialismus kaum Gemeinsamkeiten mit dem Kommunismus. Klasse war keine Kategorie in Hitlers gesellschaftlichem Denken. Er orientierte sich an der Vorstellung einer «Volksgemeinschaft», die Klassenunterschiede nicht zum Verschwinden bringen, sondern übersteigen sollte. In einer Gemeinschaft aller, die durch die «Rasse» miteinander verbunden sind.

Im Gespräch mit Musk wies Weidel darauf hin, dass die Nationalsozialisten ihre sozialistische Herkunft ja schon im Namen trügen. Tatsächlich findet sich in Hitlers nie veröffentlichtem zweitem Buch, das im Mai 1945 in einem Luftschutzbunker in München entdeckt wurde, der Satz: «Ich bin Sozialist.» Das schrieb Hitler 1928. Wie er es gemeint hat, ist allerdings unklar. (…) Denn mit allem, was sozialistisch ist, wollte er nichts zu tun haben. (…)

Damit hatte sich der Nationalsozialismus vom Sozialismus getrennt. Doch Alice Weidel ist nicht die Erste, die die These vertritt, die beiden hätten mehr gemeinsam als den Namen. 2003 fragte der Historiker und Publizist Joachim Fest, Verfasser einer brillanten Hitler-Biografie, in einem Zeitungsartikel: «War Adolf Hitler ein Linker?» Und bejahte die Frage. Wenigstens zum Teil. Es gebe gute Gründe, schrieb er, dass er «eher auf die linke Seite» gehöre. Mit dem Totalitarismus Stalins habe er jedenfalls mehr gemein als mit dem Faschismus Mussolinis.

Dass Hitler keine Produktionsmittel verstaatlicht habe, spreche nicht dagegen, sein Programm sozialistisch zu nennen, fand Fest. Tatsächlich habe Hitler einen weit klügeren Einfall gehabt und, wie er selbst sagte, «nicht die Betriebe, sondern die Menschen» sozialisiert. Ein Kapitalist sei er jedenfalls nicht gewesen. Viele der jungen Männer, die im Frühling 1933 in die SA eintraten, waren ehemalige Kommunisten. Den Wechsel zu den Nazis, sagt Fest, hätten sie nicht als Bruch empfunden.

«Im Herzen», so Fest, «blieb man Sozialist, nur dass man von nun an auch noch national sein durfte.» In der Politik hätten die unversöhnlichsten Rivalen oft etwas von feindlichen Zwillingen. Den Traum vom «neuen Menschen» hätten Kommunisten wie Nazis geträumt. Beide hätten nichts so sehr verachtet wie das Bürgertum. Ein klarer Unterschied, so Fest, liege darin, dass sich der Nationalsozialismus schon im Programm unmenschlich ausgenommen habe, während der Sozialismus in «humanitären Maskeraden» aufgetreten sei. (…)

Für Fest war dies eine Warnung, keiner Ideologie zu vertrauen. Weil sie nie hielten, was sie versprächen. Und weil sich hinter ihrer Fassade immer das «nackte Grauen» verberge. Auch der Historiker und Schriftsteller Sebastian Haffner, der Deutschland 1938 verlassen musste und dessen Analysen des braunen Terrors noch heute lesenswert sind, warnte davor, es sich mit Hitler zu einfach zu machen.

In seinem Buch «Anmerkungen zu Hitler» schrieb Haffner: «Hitler ist keineswegs so leicht als extrem rechts im politischen Spektrum einzuordnen, wie es viele Leute heute zu tun gewohnt sind.» Eine Antwort darauf, wo man ihn denn sonst einordnen soll, bleibt Haffner schuldig. Hitler als links zu bezeichnen, ist zweifellos falsch. Aber zu einfach sollte man es sich tatsächlich nicht machen.

Der Nationalsozialismus bewegte sich jenseits herkömmlicher politischer Kategorien. Im Mittelpunkt standen ein glühender Antisemitismus und die Idee eines «grossgermanischen Weltreichs». Dem mussten sich alle anderen Elemente der Nazi-Ideologie unterordnen. Hitler machte Zugeständnisse. Den Eliten bot er das Bewusstsein der Auserwähltheit, um ihnen das «Völkische» schmackhaft zu machen. Den Arbeitern ein bisschen Sozialismus, um sie für den Nationalismus zu gewinnen. Das stimmt. Aber es macht Hitler noch nicht zum Kommunisten.

https://www.nzz.ch/feuilleton/hitler-war-kein-kommunist-warum-alice-weidel-falsch-liegt-aber-nicht-ganz-ld.1866200


Neue Zürcher Zeitung, 16 janvier, article payant     

Wie verhalten wir uns, wenn wir glauben, ein Opfer zu sein?

Ein raffinierter Versuch zeigt: Wir bilden uns Diskriminierung gerne ein

Extraits :

Robert E. Kleck hat nicht erwartet, dass sein Name plötzlich auf Tiktok, Instagram und Youtube auftauchen würde. Mit 87 Jahren ist der Psychologieprofessor längst emeritiert. Doch vor 45 Jahren hat er am Dartmouth College in New Hampshire, USA, ein Experiment durchgeführt, das der Zeitgeist nun in die sozialen Netzwerke spült.

Kleck interessierte sich in den 1970er Jahren für die Auswirkungen der äusseren Erscheinung eines Menschen auf sein Sozialleben. Was geschieht, wenn wir jemandem begegnen, der sich sichtbar von uns unterscheidet?

Bald konzentrierte er sich auf entstellte Gesichter. «Damals waren Polaroidkameras der letzte Schrei», erinnerte sich Kleck, «wir entdeckten, wie einfach es war, damit Bilder von sehr überzeugenden Gesichtsnarben zu erzeugen.» Kleck und sein Forschungsassistent Angelo Strenta manipulierten die noch feuchten Fotos aus der Sofortbildkamera so, dass sie eine glaubwürdige Narbe auf dem Gesicht der fotografierten Person zeigten. Als sie den Leuten ihr so entstelltes Gesicht zeigten, waren viele überzeugt: Eine solche Narbe würde sich wohl zerstörerisch auf ihr Sozialleben auswirken.

Frühere Forschung hatte gezeigt, dass Menschen mit stigmatisierenden Körpermerkmalen – etwa mit einem fehlenden Arm – dazu neigen, Interaktionen ausschliesslich im Licht ihres abweichenden Äusseren zu deuten. Allerdings war es diesen Leuten unmöglich herauszufinden, ob man sich ihnen gegenüber wirklich anders verhielt oder ob ihre Erwartungshaltung dazu führte, dass sie neutrale Reaktionen anders bewerteten.

Kleck und Strenta gelang es, diese Schwierigkeit in ihrem Experiment mit einer kreativen Methode zu überwinden. Sie waren auf eine Firma gestossen, die Schminke für Theaterproduktionen verkaufte, darunter auch realistische Narben, die sich – und das war entscheidend – sehr leicht mit Wasser entfernen liessen.

Der Versuch lief folgendermassen ab: Studentinnen wurde auf der rechten Backe zwischen Ohr und Mundwinkel eine Narbe geschminkt. Sie überzeugten sich mit einem Handspiegel davon, dass alles echt aussah. Dann wurde die Narbe kurz aufgefrischt, bevor die so entstellte Versuchsteilnehmerin ein Gespräch mit einer anderen Frau führte. Der sechs Minuten lange Dialog war dem Thema «Wie man Freunde gewinnt» gewidmet.

Nach dem Versuch füllten die Studentinnen Fragebogen aus und wurden interviewt. Sie waren überzeugt davon, dass ihre Narbe eine Reaktion hervorgerufen hatte. Ihre Gesprächspartnerinnen seien angespannt gewesen, hätten sie angestarrt und weniger attraktiv gefunden. Das scheinen plausible Aussagen zu sein, bis man ein entscheidendes Detail erfährt: Es gab gar keine Narbe.

Beim Auffrischen – nach dem Blick in den Spiegel – wurde die Narbe unbemerkt abgewischt. Die Versuchsteilnehmerinnen meinten bloss, ihr Gesicht sei verunstaltet. Die vermeintliche Reaktion ihrer Gesprächspartnerin gab es in Wahrheit nur in ihrem Kopf.

Weil Sexismus und Rassismus zu grossen Themen unserer Zeit geworden sind, wurde das Experiment wiederentdeckt. Der russisch-britische Satiriker Konstantin Kisin deutete den Versuch so: «Wenn man den Leuten ständig sagt, sie würden diskriminiert, veranlasst es sie, nach Hinweisen dafür zu suchen.» Kleck selbst wehrt sich gegen die Interpretation, dass Diskriminierung ausschliesslich im Kopf des vermeintlichen Opfers stattfindet. «Wie viele Schwarze muss man an Bäumen hängen sehen, bevor man akzeptiert, dass einige Formen der Diskriminierung real sind?»

Klecks Versuch zeigte zwar tatsächlich, dass man sich eine Opferrolle einbilden kann. Anders als im Experiment gibt es in der Wirklichkeit aber keine sichere Methode, eine reale Diskriminierung von einer imaginären zu unterscheiden.

https://www.nzz.ch/folio/wie-verhalten-wir-uns-wenn-wir-glauben-ein-opfer-zu-sein-ld.1862936


Le Figaro, 14 janvier, article payant

«Ne pas parler français, c’est collaborer à notre disparition politique et culturelle»: un écrivain s’alarme de la montée du globish

ENTRETIEN – Pascal-Raphaël Ambrogi, écrivain et lexicologue, invite à ne pas considérer le «globish» comme davantage qu’un outil de communication appauvri. Sa propagation croissante pourrait-elle signer la mort des langues nationales?

Pascal-Raphaël Ambrogi est haut fonctionnaire chargé de la langue française et de la terminologie, écrivain et lexicographe. Il est également capitaine de vaisseau au sein de la réserve opérationnelle de la Marine nationale, et auteur de plusieurs ouvrages, dont le Dictionnaire culturel du christianisme (Honoré Champion) en 2020, et récemment le Dictionnaire culturel de la mer et de la marine (Honoré Champion) en septembre 2024.

Extraits :

LE FIGARO. – Le globish devient une «lingua franca» mondiale. Pour autant, peut-on le comparer au grec dans l’empire d’Alexandre le Grand, au latin dans l’Empire romain ou encore au français du XVIIIe siècle ?

Pascal-Raphaël AMBROGI. – À la différence du grec et du latin, le globish n’est pas une langue, mais un simple outil. Les Romains, contrairement aux entrepreneurs anglo-américains, n’ont pas considéré que l’extension de leur langue était liée à leurs désirs d’expansion. Le latin ne fut pas imposé comme langue officielle aux régions conquises. Les cités grecques vaincues ont continué d’utiliser le grec. Partout, le latin a complété les langues en usage, sans s’y substituer.  Alexandre le Grand, quant à lui, voulut étendre le grec, langue administrative de son empire. Les langues locales survécurent. Si une règle a bien prévu que les magistrats de Rome dussent répondre en latin aux ambassadeurs au Sénat ou hors de Rome, on parlait grec au Sénat, a dit Cicéron. Pour les Romains du temps de la République, la préséance du latin permettait de souligner la supériorité romaine. Le grec fut cependant utilisé dans la perspective d’un lien renforcé avec les populations. Après la conquête du monde grec, les Romains consacrèrent un système bilingue de communication efficace.

Comme il fut primordial de promouvoir une langue chrétienne universelle, il fallut consacrer une langue de la diplomatie. Cette dernière conserva le latin jusqu’au XVIIe siècle, tout comme les sciences jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Depuis le milieu du XVIIsiècle, le français était la langue la plus usitée, prenant la place de l’italien qui avait régné après la Renaissance. Le français, bénéficiant d’une extraordinaire expansion sociale et culturelle, se substitua au latin de plus en plus défaillant et corrompu comme langue de la diplomatie sous Louis XIV. Le français a joui de ce statut jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Le XVIIIe siècle fut incontestablement celui du triomphe du français, langue internationale de toute l’Europe.

Aujourd’hui en 2025, le globish est-il le seul assaut contre lequel la langue française doit résister?

On peut en citer principalement cinq. Tout d’abord, l’anglais, une langue merveilleuse, très menacée dans sa forme élaborée, issue à 63% du français. Il s’impose aujourd’hui partout, par recouvrement. (…)

Deuxièmement, le globish, forme rudimentaire de l’anglais, sabir au vocabulaire très limité et à la syntaxe élémentaire, s’étend comme langue véhiculaire. En troisième lieu, le franglais qui est une langue française anglicisée du fait de l’emprunt de termes et de tournures syntaxiques.

Enfin, deux formes nouvelles sont apparues. L’une, invasive, agit par substitution inutile d’un mot français par un mot anglais (barber, call, etc.). La grammaire est de même visée par cette tendance (l’inversion du prédicat par ex.). La substitution n’a pourtant jamais eu cours en français ; il n’a cessé d’inventer en puisant son enrichissement dans ses racines grecques et latines. Les innombrables apports étrangers ont toujours été, quant à eux, remaniés par l’esprit français. L’autre, auto-colonisatrice, agit sous l’influence de pseudo-élites qui précèdent les attentes du maître anglo-américain dans une démarche d’infériorisation de soi, en créant un anglais imité et incompris du reste du monde. Toutes ces atteintes sont nourries et encouragées par les «collabos de la pub et du fric» que stigmatisait Michel Serres ; elles amplifient les forces qui favorisent l’assimilation d’une langue par une autre. (…)

Disons d’abord que le français est d’autant plus fragile qu’il est une langue écrite qui se parle, qu’il se caractérise par une vérification constante de l’oral par l’écrit. Or l’orthographe connaît sans doute la détérioration la plus grave. En dehors de quelques curiosités, elle n’est pas plus difficile qu’une autre. Mais elle n’est plus réellement maîtrisée.

Le français parlé se dégrade. Le vocabulaire se rétracte. Avec la disparition des prépositions et des articles, on observe la généralisation de la substitution d’un ou de plusieurs mots français par de l’anglais, du neutre dans les pronoms relatifs et les accords, ou de la fin des liaisons. Toutes ces atteintes à la langue relèvent de l’imitation de l’anglo-américain, comme les solécismes («sur comment, sur pourquoi» reproduisant on about). (…)

Il en résulte une montée de la violence du fait de la relation étroite entre cette dernière et l’impuissance linguistique qui s’accroît : un vocabulaire pauvre, une syntaxe approximative ne permettent pas de partager la moindre pensée ou d’élaborer un raisonnement dans l’intelligence d’un interlocuteur, par la force du verbe. Souvenons-nous de Goebbels, qui écrivait : «Nous ne voulons pas convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire le vocabulaire de telle façon qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées.»

(…) «un pays qui mésuse sa langue est un pays en voie de décadence», écrivait Jean Paulhan dans Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres (publié en 1941). Ne pas parler français ou contribuer à sa destruction, c’est collaborer à notre disparition politique et culturelle. (…)

Le globish, ce « dialecte de transaction », disait Chateaubriand, s’érige partout en vecteur dominant, véhicule des images, des usages et un mode de pensée. Sa domination économique et culturelle est plus forte que si elle était politique. Il résulte d’une volonté imposée et d’une soumission volontaire qu’elle précède parfois. Elle est amplifiée par des techniques de communication donnant à l’impérialisme linguistique des moyens de pression et de séduction inédits. Mais c’est un langage pauvre, un « outil » dépourvu de dimension culturelle qui ne peut se substituer aux langues complètes.

Une langue est bien plus qu’un outil de communication. L’enjeu n’est donc pas seulement la substitution d’une langue à une autre, mais aussi celui de la substitution d’une civilisation à une autre. (…) Les langues, affectées dans leur lexique et leur grammaire, localisées, infériorisées, sont menacées. (…)

La promotion d’une langue juste, neutre et stable, n’est pas une obsession conservatrice. Bien au contraire, elle devrait être l’exigence légitime de tout citoyen animé du désir qui sous-entend notre pacte républicain. (…)

Lire, c’est comprendre. C’est apprendre. Un élève qui lit construit son futurEnfin, contrairement aux médias audiovisuels promouvant un outil passif, la lecture implique une co-création entre l’auteur et le lecteur. «Nous sommes tous devant le romancier, comme l’esclave devant l’empereur : d’un mot, il peut nous affranchir», écrivait Proust. L’écriture et la lecture, conquêtes récentes de l’humanité, doivent plus que jamais être transmises et enseignées. Elles permettront de lutter contre la déshumanisation de la société qui est en cours. La vie de l’esprit est en jeu.

https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/ne-pas-parler-francais-c-est-collaborer-a-notre-disparition-politique-et-culturelle-un-ecrivain-s-alarme-de-la-montee-du-globish-20250113


New York Times, 14 janvier, article payant   

Isaac Stanley-Becker: Europe Wasn’t Built to Be Like This

Dr. Stanley-Becker is a national security reporter at The Washington Post and the author of the forthcoming book “Europe Without Borders: A History.”

Extraits :

When I crossed a bridge spanning the Rhine last year, a checkpoint blocked the route between France and Germany, on the Pont de l’Europe.

Borders are closing in Europe, for reasons ranging from ongoing crises in Eastern Europe and the Middle East to increasing migratory pressures and the risk of terrorist infiltration. France cites “threats to public policy, public order.” Germany names “the global security situation.” Austria and the Netherlands point to “irregular migration” and Italy to the influx “along the Mediterranean route and the Balkan route.”

It wasn’t meant to be this way. European integration promised the abolition of borders, an ever closer union allowing the free movement of people, goods and capital in a single market. That promise was embodied in the Schengen zone, an area of open borders formed in the twilight of the Cold War — by a treaty among France, West Germany, Belgium, Luxembourg and the Netherlands — and now encompassing 29 European countries. But the fear of immigrants freely traversing Europe made Schengen a fragile project from the outset.

Schengen once symbolized liberal internationalism, a landmark of the European unity built after World War II. Today it’s a symbol of Europe’s migration crisis — a crisis driving the backlash against globalization and the ascendance of illiberalism.

Such paradoxes haunt Schengen’s history. Yet all but forgotten is a moment of deepest paradox — when the fall of the Berlin Wall in 1989 almost doomed the opening of Europe’s borders. Perversely, the sudden destruction of the continent’s most symbolic border brought progress on the Schengen treaty to a standstill, exposing the risks of free movement that today impel the return of checkpoints in Europe.

The Schengen treaty was supposed to be completed in 1989. But revolutionary events intervened. Unrest swept Eastern Europe, mass protests convulsed the German Democratic Republic, and some three million East Germans crossed into West Berlin when the wall fell on Nov. 9.

The ruptures of 1989 hastened the end of the Cold War, opening the way for a new era of globalization. But the lifting of the Iron Curtain made evident the complexities of abolishing borders — and nowhere more so than in Berlin. (…)

So it was that the peaceful revolutions of 1989 and the human movement enabled by the breach of the Berlin Wall disrupted the Schengen treaty making. “Europe without borders stumbles in Schengen,” observed Le Monde, and the obstacle was, “paradoxically, freedom to come and go reclaimed in the East.” (…)

The conflict centered on the prospect of German reunification. A reunited Germany would not only alter the balance of power in Europe; it would also extend Schengen’s frontier eastward. That would heighten the risk of irregular immigration from countries in the Soviet bloc — Poland, Hungary, Bulgaria, Romania — that were classified as security risks in secret lists prepared by the treaty makers to determine which people would be excluded from Schengen’s guarantee of free movement. (…)

As the exodus from Eastern Europe accelerated, the European Commission warned of the “fragility of the Schengen agreement.” French treaty makers spoke of the “German difficulty” created by the unexpected events in the Eastern European countries. A delegate from Luxembourg wondered whether the guarantee of free movement would survive: “The way things are going, it will be better to be a commodity or capital” than to cross borders as “a person.”

According to diplomatic papers marked “secret and personal,” the West German chancellor, Helmut Kohl, complained to the French president, François Mitterrand, that “the French were dragging their feet and must sign the agreement.” Meanwhile, Mitterrand revealed his fears of a revanchist Germany to the British prime minister, Margaret Thatcher. 

Still, Europe’s leaders saw inevitability in West Germany’s aspirations. “It would be stupid to say no to reunification,” as the Thatcher aide summarized Mitterrand’s thinking. “In reality there was no force in Europe which could stop it happening. None of us were going to declare war on Germany.”

The signing of the Schengen treaty came at last in June 1990, completing an agreement originating in 1985. Most of the treaty’s provisions set forth security measures, including rules allowing Schengen countries to reinstate internal border checks temporarily as required by “public policy or national security.” (…)

Out of this moment — as Schengen negotiators confronted the upheavals of 1989 — emerged a blueprint for free movement but also for its restriction. The treaty enshrined a Europe without internal borders. At the same time, it provided for the fortification of Schengen’s external frontiers, the construction of a multinational security apparatus and the exclusion of so-called undesirable migrants from Eastern Europe as well as Asia, Africa and the Caribbean.

This is the predicament symbolized by the fall of the Berlin Wall: the precariousness of free movement in a world where the risks of open borders appear ever more acute.

Today, Schengen’s vulnerability is reflected in the chaos of Europe’s border measures. Schengen’s frontiers continue to expand, enveloping countries that once lay behind the Iron Curtain — Romania and Bulgaria just this year. Meanwhile, Europe’s internal borders are hardening as a remedy for ills ascribed to globalization, presaging the death of Schengen by a thousand cuts.

https://www.nytimes.com/2025/01/13/opinion/schen


Neue Zürcher Zeitung, 13 janvier, article payant     

Russland ist ein Fiebertraum vieler Deutscher. Eine unerschütterliche Hassliebe verbindet die Länder

Von Rilke bis Merkel verläuft ein roter Faden: Russland ist für manche im Westen ein Raum fiebriger Projektionen.

Extraits :

(…) Russland ist nicht Europa. Das lässt sich am Beispiel der paradoxen historischen Beziehungen zwischen Russland und Deutschland verstehen. Russland ist sehr wohl bereit, von Europa die neuesten Technologien zu übernehmen, doch die Werte unterscheiden sich dermassen, dass innerhalb einer Sekunde Freundschaft in Feindschaft umschlagen kann.

Wäre nicht Krieg, brauchte man eine brutale russische Redensart aus dem 18. Jahrhundert nicht in Erinnerung zu rufen. Sie wird Suworow zugeschrieben, dem Oberbefehlshaber der russischen Armee, der für alle Zeiten konstatierte: «Was gut ist für den Russen, ist des Deutschen Tod.»

Das Sprichwort ging auf eine Anekdote zurück: Ein russischer Soldat kippte fröhlich reinen Alkohol in sich hinein, ein deutscher Veterinär, der meinte, es sei Wodka, trank das Zeug und starb. Will heissen: Der Russe besiegt den Deutschen in Sachen Draufgängertum. Genau das ist für den Russen der wichtigste Sieg.

So erstaunlich es sein mag, aber das ist bis heute aktuell: Die Heldentaten des russischen Recken, der zu allem bereit ist – das ist die Grundlage des russischen Geistes. Und solch einen Geist findet das rationale, besonnene Europa abstossend. Es vermag in jenem Obskurantismus, bei dem unter Gleichgesinnten selbst noch der Tod schön ist, keinen Fortschritt der Menschheit zu erkennen.

Und wann, wenn nicht jetzt, da die russische Welt einen gnadenlosen Krieg gegen die Ukraine und damit auch gegen den Westen führt, sollte man über das Paradoxon der russisch-deutschen Beziehungen sprechen, die historisch immer schon auf einem inneren Widerspruch beruhten? Die deutsche Welt steht für Ordnung und Multipolarität, die russische Welt dagegen für Unordnung in alternativloser Autokratie. Doch es existiert ein Raum, der dem Rationalen übergeordnet ist und in dem es Berührungspunkte zwischen Deutschen und Russen gibt. (…)

Die Russen haben für die Deutschen bekanntlich ein besonderes Wort. Sie heissen nicht Germanzy, sondern Nemzy, was so viel wie die nicht (Russisch) Sprechenden bedeutet. In der Nemezkaja Sloboda, der Deutschen Vorstadt im Nordosten Moskaus, gingen die Deutschen seit dem 15. Jahrhundert ihren Geschäften nach.

Aber das Interessanteste ist: Zwischen Russen und Deutschen waren es schon immer nur zwei Schritte von der Liebe zum Hass. Wie viele es waren, die sich gegenseitig umbrachten, lässt sich gar nicht zählen. Und nach den Kriegen findet der Deutsche immer wieder geschäftliche, kulturelle, alltägliche und romantische Beziehungen zu Russen. (…)

Ohne Goethe und Kant hätte der russischen Kultur etwas gefehlt, ohne Nietzsche wäre das russische silberne Zeitalter zu Beginn des 20. Jahrhunderts wohl kaum so aufgeblüht. Ohne Schiller hätte es den enormen Erfolg des jungen Dostojewski nicht gegeben, ohne Novalis hätte die russische Romantik vollkommen anders ausgesehen.

Ohne das Geld des Generalstabs der deutschen Armee hätte es auch Lenins russische Revolution nicht gegeben. Ohne Molotow und Ribbentrop wäre es vielleicht nicht zum Zweiten Weltkrieg gekommen. Hitler war für die Russen die Ausgeburt der Hölle schlechthin, den Deutschen assistierten die Russen beim Bau der Berliner Mauer, aber mit der tatkräftigen Hilfe Gorbatschows konnten sie diese einreissen.

Vor diesem Hintergrund klingen die Gespräche der deutschen Bundeskanzlerin Merkel mit Putin zu Fragen staatlicher Interessen banal. Zuerst gab es die Illusion, dass das beiderseitige Interesse an Nord Stream 2 eine grossartige Perspektive biete. In Wahrheit begann Putin sich nach und nach als Führer der russischen Welt zu sehen – der besten aller Welten. Seine Rede in München 2007 über die multipolare Welt war bereits Aggression, wenn auch noch eine verbale. (…)

Blickt man in die künstlerischen Sphären, dann ist ein Dialog unter Russen und Deutschen möglich. Es hat ihn in der Tat auch gegeben. Rilke ist dafür das schönste Beispiel.

Den Ursprung seiner Liebe zu Russland verdankte Rilke seiner Freundin, der russisch-deutschen Schriftstellerin Lou Andreas-Salomé. Im April 1899 machten sich beide gemeinsam auf den Weg nach Russland. Enttäuscht von den Werten der rastlosen westlichen Welt, war Rilke offen für eine begeisterte Wahrnehmung Russlands. Just zum Höhepunkt der Karwoche kam er in Moskau an.

Das russische Osterfest, der Klang der Kirchenglocken, die Massen inständig betender Pilger – all das berührte den Dichter in tiefster Seele. «Zum ersten Mal im Leben hatte ich ein unausdrückbares Gefühl, etwas wie ‹Heimgefühl›», gestand er. Er sah vor sich ein junges Land, unangefochten vom zersetzenden Einfluss der überzivilisierten westlichen Welt. «Dieses ist das Land des unvollendeten Gottes!», rief der Dichter aus. Rilke widmete Russland viele Jahre seines Lebens.

An seinem Lebensende war er ein leidenschaftlicher Verehrer der russischen Dichterin Marina Zwetajewa. «Wellen, Marina, wir Meer! Tiefen, Marina, wir Himmel. / Erde, Marina, wir Erde, wir tausendmal Frühling, wie Lerchen, / die ein ausbrechendes Lied in die Unsichtbarkeit wirft», heisst es in der Zwetajewa gewidmeten Elegie.

Natürlich war Zwetajewa von diesen Worten aufgewühlt. Sie fasste das, was sie an Rilke so bezauberte, sogleich in Worte: «Rainer Maria Rilke! Darf ich Sie so anrufen? Sie, die verkörperte Dichtung, müssen doch wissen, dass Ihr Name allein – ein Gedicht ist.»

Im Dezember 1925 wurde in ganz Europa Rilkes 50. Geburtstag gefeiert. Viele Menschen unterschiedlichsten Alters und Berufs, unzufrieden mit der moralischen Lage in der modernen Welt, fühlten sich zu Rilke hingezogen, da sie in seiner Persönlichkeit und seinen Werken die Möglichkeit sahen, der «Seelenlosigkeit» ihrer Zeit etwas entgegenzusetzen.

Für Marina Zwetajewa selbst verwandelten sich Wirklichkeit und Traumbilder bisweilen in Tragödien. In der Pariser Emigration lebte sie mit ihrem Mann Sergei Efron, einem Offizier der Weissen Garde, der schliesslich Agent des NKWD wurde. In den Jahren des Grossen Terrors kehrten sie in die Sowjetunion zurück, er wurde erschossen und Marina Zwetajewa zu Beginn des Krieges an die Wolga evakuiert, wo sie sich das Leben nahm.

Tatsächlich war Rilke unter den Deutschen beziehungsweise Österreichern nicht der einzige seiner Art. Mag sein, dass er in seiner Russlandbegeisterung einfach nur radikaler war als andere. Aber die Vorstellung von tiefen vertrauten Gesprächen, wilden Tänzen, Festen, mystischen Offenbarungen traf auf die eine oder andere Weise auf viele deutsche Reisende zu, die die Andersartigkeit Russlands als himmlische Auszeit auffassten. (…)

Die russische Nachkriegswelt könnte, falls es eine Phase liberalen Tauwetters gibt, eine Quelle neuer kreativer Offenbarungen sein. Was aber die kollektive Schuld für den Krieg gegen die Ukraine betrifft, so wird sich zunächst niemand dazu bekennen. Mit dem Wechsel der Generationen ist jedoch alles möglich. Und die neuen deutschen Russlandreisenden werden der Bevölkerung mit einem komplizierten Gefühl von Ablehnung und Neugier gegenübertreten.

Erst allmählich kann sich Neugier in den Wunsch nach Traumbildern verwandeln, ein neuer Rilke kann einer neuen Zwetajewa begegnen – und der schwierige russisch-deutsche Dialog könnte so seine Fortsetzung finden.

Der russische Schriftsteller Viktor Jerofejew lebt seit Beginn des Ukraine-Krieges im Exil in Deutschland. – Aus dem Russischen von Beate Rausch.

https://www.nzz.ch/feuilleton/merkel-und-putin-deutsche-und-russen-verbindet-eine-lang-andauernde-hassliebe-ld.1863975


Le Point, 27 décembre, article payant    

Qui est Hérode, le méchant de Noël ?

LA VÉRITABLE HISTOIRE DE NOËL. D’après l’Évangile de Matthieu, la Nativité se termine dans le sang et les larmes. La faute à un souverain paranoïaque. Vraiment ?

Extraits:

« Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : “Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.” En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : “À Bethléem, en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda […], de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël.” 

Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : “Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et, quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui” », lit-on dans l’Évangile de Matthieu.

Mais, si les mages trouvent l’enfant et l’honorent, ils s’enfuient vite sans prévenir le roi et, après leur départ, un ange avertit Joseph de conduire en urgence sa famille en Égypte et d’y vivre jusqu’à la mort du tyran. Hérode a été joué : furieux, il ordonne la mise à mort de tous les enfants de moins de 2 ans de la région de Bethléem. « Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Jérémie : Ainsi parle l’Éternel : on entend des cris à Rama, des lamentations, des larmes amères ; Rachel pleure ses enfants ; elle refuse d’être consolée sur ses enfants, car ils ne sont plus », dit encore l’Évangile de Matthieu.

‘histoire est atroce, terrible contrepoint à la joie de Noël. Dès le IIe siècle, les jeunes victimes sont honorées comme martyrs lors de la fête des Saints Innocents, qui a lieu le 28 décembre en Occident et chez les catholiques d’Orient et le 29 décembre chez les orthodoxes.

Mais ce drame a-t-il vraiment eu lieu ? Seul l’Évangile de Matthieu ( 2, 1-15) se fait l’écho de cet événement : les autres évangiles canoniques n’en parlent pas. L’historien romain d’origine judéenne Flavius Josèphe (vers 37-100), qui pourtant condamne les crimes hérodiens, n’en dit mot. Il est donc fort probable que Matthieu ait inventé cette histoire pour mieux relier la biographie du Christ aux récits de massacres de l’Ancien Testament. (…)

La mort des garçonnets de Bethléem ressemble ainsi étrangement au passage du livre de l’Exode où Pharaon ordonne aux sages-femmes de mettre à mort les nouveau-nés mâles des israélites (Ex 1, 16-22). C’est parce que toutes n’obéissent pas que Moïse, le sauveur des Hébreux, peut survivre et donc plus tard sauver son peuple, comme Jésus adulte sauvera lui aussi l’humanité.

La mauvaise réputation de la dynastie hérodienne en faisait un bouc émissaire facile. (…)

Mais Matthieu n’a cure de la vérité historique : Hérode le Grand est le grand Satan du récit de la Nativité, le côté obscur de la force qui menace la joie de Noël. La ruse, le sens de la manipulation, la cruauté du Hérode de l’Évangile correspondent à l’image que les historiens juifs, à commencer par Flavius Josèphe, livrent de ce monarque détesté. (…)

Comme, plus tard, Ponce Pilate le Romain deviendra l’archétype de la lâcheté, Hérode le Grand doit à Matthieu d’être celui de la cruauté. Ce drame qui endeuille la fête de Noël inspirera nombre d’artistes, peintres et sculpteurs, tels Giotto (vers 1266-1337) qui lui consacre une fresque dans la chapelle des Scrovegni à Padoue et Peer Brueghel l’Ancien (v. 1525-1569) dont le tableau trône aujourd’hui au château de Windsor. Tous rivalisent d’imagination pour rendre au mieux la violence des soldats et la douleur des mères.

https://www.lepoint.fr/histoire/herode-le-mechant-de-noel-24-12-2022-2502747_1615.php


The Guardian, 26 décembre, libre accès  

The birth of Jesus would probably have been forgotten – if it wasn’t for a plague

When a terrifying Ebola-like pandemic struck the Roman empire, Christianity offered solutions that the old ways didn’t

Extraits:

In our Christmas imagery, ancient symbols such as fir trees, mistletoe, holly and ivy sit alongside the baby Jesus, Virgin Mary, angels and shepherds. This mixture of pagan and Christian traditions reminds us that Christmas was superimposed on to much older midwinter festivities. Yet had it not been for a devastating pandemic that swept through the Roman empire in the third century AD, the birth of Jesus would probably not feature at all in our winter solstice celebrations.

If the New Testament is to be believed, Jesus managed to fit a great deal into his short life. But despite all his wise words, good deeds and miracles – not to mention the promise of everlasting life – Christ was nothing more than the leader of an obscure sect of Judaism when the Romans crucified him in AD33.

The Bible informs us that Jesus had 120 followers on the morning of his ascension to heaven. Peter’s preaching swelled the number to 3,000 by the end of the day – but this exponential growth did not continue.

After the Jews in Palestine failed to convert en masse, Jesus’s followers turned their attention to Gentiles. They made some headway, but the vast majority of people across the empire continued praying to the Roman gods.

There were about 150,000 Christians scattered across the empire in AD200, according to Bart D Ehrman, author of The Triumph of Christianity. This works out to 0.25% of the population – similar to the proportion of Jehovah’s Witnesses in the UK today.

Then, towards the end of the third century, something remarkable happened. The number of Christian burials in Rome’s catacombs increased rapidly. So did the frequency of Christian first names in papyrus documents preserved by arid desert conditions in Egypt. Christianity was becoming a mass phenomenon. By AD300 there were approximately 3 million Christians in the Roman empire.

In 312, Emperor Constantine converted to Christianity. Sunday became the day of rest. Public money was used to build churches, including the Church of the Resurrection in Jerusalem and the Old St Peter’s Basilica in Rome. Then, in 380, Christianity became the empire’s official faith.

At the same time, paganism suffered what Edward Gibbon called a “total extirpation”. It was as if the old gods, who had dominated Greco-Roman religious life since at least the time of Homer, simply packed up and left.

(…) To understand what caused this momentous change, we must consider why Roman society was so receptive to casting off its old belief system and adopting a new religion at that time. (…)

At its peak, the Roman empire reached from Hadrian’s Wall to the Red Sea, and the Atlantic Ocean to the Black Sea. The imperial capital had about 1 million inhabitants. Alexandria’s population was around half that, and Antioch and Carthage’s were just over 100,000.

Goods and people moved back and forth across the Mediterranean, although merchants ventured much farther afield. Size, connectedness and urbanisation made the Roman world remarkable; but it also created the perfect conditions for devastating pandemics to spread.

The Plague of Cyprian was first reported in Egypt in 249. The pandemic hit Rome in 251 and lasted for at least the next two decades. Some historians argue that it caused the period of political instability and economic disruption known as the Crisis of the Third Century, which nearly caused the empire to collapse. (…)

We cannot be sure about the pathogen’s identity. Bishop Cyprian of Carthage, who gave his name to the pandemic, described symptoms including high fever, vomiting, diarrhoea and bleeding from the ears, eyes, nose and mouth. Based on this account, a viral haemorrhagic fever similar to Ebola is the most likely candidate. According to one chronicle, at its height the pandemic killed 5,000 people a day in the capital. Alexandria’s population is estimated to have dropped from about 500,000 to 190,000. Even accounting for exaggeration, it was clearly a terrifying pandemic.

When your friends, family and neighbours are dying, and there is a very real prospect that you will die soon too, it is only natural to wonder why this is happening and what awaits you in the next life. The historian Kyle Harper and sociologist Rodney Stark argue that Christianity boomed in popularity during the Plague of Cyprian because it provided a more reassuring guide to life at this unsettling time. (…)

Paganism offered little comfort to those struck down by disease. (…)

In contrast, Jesus’s message offered meaning and hope. Suffering on Earth was a test that helped believers enter heaven after death. Everlasting life in paradise is quite the prize, but Christianity provided another more tangible benefit, too.

Christians were expected to show their love for God through acts of kindness to the sick and needy. Or as Jesus put it: whatever you do for the least of my brothers and sisters, you do for me.

Emboldened by the promise of life after death, Christians stuck around and got stuck in. (…)

As Stark and Harper point out, the fact that so many Christians survived, and that Christians managed to save pagans abandoned by their families, provided the best recruitment material any religion could wish for: “miracles”.

Without these miracles, Romans would not have adopted Jesus’s message so enthusiastically, and Christianity would probably have remained an obscure sect. In this alternative reality, it’s likely we would still decorate our homes with evergreen plants to symbolise nature’s resilience and vitality at midwinter. The nativity story, however, would be lost in the dustbin of history.

Jonathan Kennedy teaches politics and global health at Queen Mary University of London and is the author of Pathogenesis: How Germs Made History

https://www.theguardian.com/commentisfree/2024/dec/25/birth-jesus-plague-roman-empire-christianity


Neue Zürcher Zeitung, 26 décembre, article payant     

Fitzgeralds Gatsby langweilte sich in den 1920er Jahren, Betty Draper in «Mad Men» vier Jahrzehnte später –über die Kunst des Zeitverschwendens

Michaela Krützen versucht anhand filmischer und literarischer Figuren einem aussterbenden Begriff auf die Spur zu kommen.

Extraits:

Was Zeitverschwendung ist und wie sich die Definition in der Gesellschaft und über die Jahre verändert hat, fragt die Medienwissenschafterin Michaela Krützen in ihrem neuen Buch. Sieben Jahre hat sie daran geschrieben. Sie greift filmische und literarische Figuren auf, die sie als notorische Zeitverschwender diagnostiziert, und erklärt deren Verhalten mithilfe von theoretischen Texten.

So liest sie den «Dude» Jeff Lebowski aus «The Big Lebowski» durch Karl Marx’ Augen, den Serienmörder Patrick Bateman aus «American Psycho» durch die von Pierre Bourdieu und den mysteriösen Millionär Jay aus «The Great Gatsby» durch Martin HeideggersGatsby betreibt radikale Zeitverschwendung, indem er in seinem Palast auf die erwartbare Enttäuschung wartet. Krützen zieht Heideggers Werk «Die Grundbegriffe der Metaphysik» hinzu, dadurch lernt die Leserin und der Leser die Langeweile der Figuren von Fitzgeralds Roman (1925) verstehen.

Krützen betrachtet in ihrem fast tausend Seiten umfassenden Werk Betty Draper aus der Serie «Mad Men». Sie handelt an ihr die Frage ab, ob die Lebensweise, die die Ehe mit Don Draper mit sich bringt, als verschwendete Zeit verstanden werden kann. Betty Draper, die früher als Model gearbeitet hat, lebt nun vor allem als Hausfrau und Mutter in einem Vorort von New York. Glücklich ist sie dabei nicht. (…)

Es ist ein besonderes Vergnügen, Film- und Romanfiguren dabei zu beobachten, wie sie die Zeit verfliegen lassen. Das liegt daran, dass sie den Zuschauerinnen und Zuschauern ein Verweilfenster öffnen. Endlich dürfen wir einmal so vertieft bei einer Sache sein, wie es die Zeitverschwenderinnen und Zeitverschwender auch sind. All den Nikos, Gatsbys, Bettys und Dudes zuzusehen, regt an, darüber nachzudenken, wie wir selbst unsere begrenzte Lebenszeit gestalten. Drei kleine nüchterne Wörter, mit etwas Chuzpe in der Stimme vorgetragen, reichen, um sich bei den Mitmenschen abzumelden und dort anzukommen, wo man jetzt gerade ist.

Michaela Krützen: Zeitverschwendung. Gammeln, Warten, Driften in Film und Literatur. S.-Fischer-Verlag, Frankfurt am Main 2024. 960 S., Fr. 53.90.

https://www.nzz.ch/feuilleton/fitzgeralds-gatsby-langweilte-sich-in-den-1920er-jahren-betty-draper-in-mad-men-vier-jahrzehnte-spaeter-jede-epoche-hat-ihre-eigene-art-zeit-zu-verschwenden-ld.1863695


Le Monde, 24 décembre, article payant

Qui était vraiment Jésus de Nazareth ? Des Evangiles jusqu’à nos jours, une interminable quête historique

Enquête : Dieu incarné, rabbin, mystique : qui était vraiment Jésus ? Depuis le début des études critiques sur les Evangiles, des centaines de chercheurs ont tenté de lire entre les légendes pour cerner les contours historiques du fondateur du christianisme.

Texte intégral en PDF : https://kinzler.org/wp-content/uploads/2024/12/25-decembre-2.pdf

Link : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/12/20/l-interminable-quete-du-jesus-historique_6459600_3232.html


Neue Zürcher Zeitung, 24 décembre, article payant     

Bei Salzburg dichtete ein Hilfspfarrer das erfolgreichste Weihnachtslied aller Zeiten. Eine still-nächtliche Huldigung

Joseph Mohr schrieb ein Gedicht, das er mit einem befreundeten Organisten vortrug. Mehr als zweihundert Jahre später singt ein Viertel der Weltbevölkerung «Stille Nacht». Wie es dazu kam.

Extraits:

Joseph Mohr litt Hunger. Und wer weiss, wie heute Weihnachten gefeiert und besungen würde, hätte Mohr eine Kochstelle in seiner kargen Stube gehabt. Doch die Zeiten um das Jahr 1818 waren nach den Napoleonischen Kriegen hart. Mohr, ein junger Hilfspfarrer aus Salzburg, musste sich zum Essen von den Menschen seiner Gemeinde einladen lassen. Oder mit ihnen im Wirtshaus speisen, wo die einfachen Leute auch tranken und sangen. Mohrs Vorgesetzter beschwerte sich beim Dekanatsvorsteher: «Er singet mit und unter andern oft nicht erbauliche Lieder», schrieb der Pfarrer über seinen Gehilfen. Joseph Mohr liess sich nicht beeindrucken – und dichtete das erbaulichste Weihnachtslied aller Zeiten: «Stille Nacht, heilige Nacht».

Der Zusatz «aller Zeiten» ist im Zusammenhang mit diesem Lied gerechtfertigt, auch wenn er neben der Vergangenheit alle zukünftigen Zeiten einschliesst. Denn kein Weihnachtslied ist öfter übersetzt und häufiger verkauft worden, etliche Interpreten von Helene Fischer über Michael Bublé bis hin zu der politisch umstrittenen Band Frei.Wild interpretieren Mohrs Lied immer wieder aufs Neue und sorgen dafür, dass der Erfolg andauern wird.

Trotzdem erreicht «Stille Nacht» nicht das Nerv-Potenzial von «Last Christmas» oder «All I Want for Christmas Is You», Weihnachtsschnulzen, die schon durch Petitionen verboten werden sollten. «Stille Nacht» ist anders, nicht nur, weil es nicht von unerfüllter Liebe handelt. Es wird in mehr als dreihundert Sprachen und Dialekten, in Klassik-, Schlager- oder Pop-Versionen gesungen. Mehr als zwei Milliarden Menschen sollen es zur Weihnachtszeit singen, überall auf der Welt. Selig-schmachtend-besinnlich und vor allem: seit mehr als zweihundert Jahren. Woher kommt dieser Erfolg?

Aus dem 6000-Einwohner-Städtchen Oberndorf bei Salzburg – so lautet die einfache Antwort. Dort, in einer Kirche direkt an der Salzach, trug Joseph Mohr sein Lied an Weihnachten 1818 zum ersten Mal vor. Gemeinsam mit dem befreundeten Organisten Franz Xaver Gruber, der die Melodie komponiert hatte. Die beiden sangen «Stille Nacht» nach der Christmette am Heiligabend, an einem Seitenaltar mit einer Gitarre. Für die Menschen, die nicht gleich nach dem Segen heim geeilt waren. (…)

«Es trägt die Sehnsüchte der Menschen in die Welt», sagt Standl. Gerade jene, die zur Weihnachtszeit entstünden: Sehnsüchte nach Frieden und Geborgenheit. «Und das hat nur bedingt mit dem Glauben zu tun.» «Stille Nacht» funktioniere in jeder Sprache und Religion, sagt Standl. «Wer den Text nicht versteht, versteht anhand der Melodie, was das Lied emotional transportiert.» (…)

Dabei sei das Lied anfangs gar nicht publiziert worden, sagt Standl. Erst als ein Orgelmacher aus dem Zillertal die Oberndorfer Orgel reparierte, die Partitur des Organisten sah und mit nach Tirol nahm, ging das Lied auf Reisen. Tiroler Sängerfamilien verbreiteten es nach Deutschland und sollen es nach Amerika exportiert haben. «Stille Nacht» verbreitete sich so rasant und weit, dass sein Ursprung schnell in Vergessenheit geriet. Das Lied wurde zum Allgemeingut, wie ein Volkslied. Seinen Schöpfern brachte es kein Geld ein, da es bis 1841 keine Urheberrechte gab. Jeder konnte «Stille Nacht» verändern, drucken und aufführen, wie er wollte. (…)

König Friedrich Wilhelm IV. von Preussen soll das Lied besonders gemocht haben. Er liess in Salzburg nach seinem Urheber fragen und um eine Abschrift des Originals bitten, da seine Hofkapelle das Lied für eines von Michael Haydn hielt. Dieser war, wie sein berühmterer Bruder Joseph, Komponist, aber eben nicht der «Stille Nacht»-Urheber. Joseph Mohr, der es war, bekam davon nichts mit. Er starb 1848, arm und ohne Nachlass. Doch sein befreundeter Komponist Franz Xaver Gruber, der bei der Uraufführung mitgesungen hatte, erfuhr von der königlichen Anfrage. (…)

Durch seine umfassenden Aufzeichnungen und Briefwechsel, die erhalten geblieben sind, weiss man heute noch Details über die Entstehung des nun so berühmten Lieds. Und über dessen Macher. «Joseph Mohr war ein progressiver Pfarrer, er war so, wie wir es von einem heutigen Pfarrer erwarten würden», sagt Benjamin Huber. Mohr sei zwar ein Mann der Kirche gewesen, aber eben einer, der sich stets menschennah gab. Der gern musizierte, sich gern unterhielt.

«Er wollte den von Armut geplagten Menschen zur Weihnachtszeit ein Geschenk machen», sagt Huber. Das Lied sei keines für die Kirche gewesen, es hätte in der Liturgie seiner Zeit keinen Platz gehabt. Auch deswegen sei es 1818 erst nach der Weihnachtsmesse gesungen worden. Während der Krippenfeier, bei der die Figur des Jesuskinds vom Altar zur Krippe getragen wurde. (…)

Und es hat heute seinen Platz nicht nur in der kirchlichen Liturgie gefunden – sondern auch im Herzen des Papstes. Franziskus bezeichnete «Stille Nacht» zu dessen 200-Jahr-Jubiläum als sein Lieblingslied. «In seiner tiefen Schlichtheit lässt uns dieses Lied das Geschehen der Heiligen Nacht begreifen», sagte der Papst 2018.

https://www.nzz.ch/panorama/bei-salzburg-dichtete-ein-hilfspfarrer-das-erfolgreichste-weihnachtslied-aller-zeiten-eine-still-naechtliche-huldigung-ld.1861595


Articles du 23 décembre au 9 juin 2024